Noblesse magique – 26 ans

Le manoir Prince, dans l'arrière-pays gallois, était encore plus majestueux que du temps du précédent lord. Les sangs purs et les personnages importants du pays admiraient le paysage qui leur avait été interdit depuis la disparition de la fille de Jeremiah, Eileen, il y a vingt-sept ans. Les invitations pour la présentation du nouveau lord Prince étaient arrivées un mois plus tôt et malgré les tentatives des médias pour découvrir son identité, le mystère restait entier.

Observant les invités qui déambulaient dans les salons d'apparat, Severus repérait ses anciens camarades de classe et se remémoraient ce qu'ils étaient devenus. S'il n'était pas compliqué de trouver Lucius Malfoy et son épouse Narcissa née Black, tous les deux aussi blonds l'un que l'autre, il fut surpris que Muriel Weasley ait accepté son invitation et qu'au lieu d'Arthur, elle ait préféré se faire accompagner de la femme de son neveu, Molly. De toutes les façons, cette dernière l'avait informé que son mari avait immédiatement refusé l'invitation devant sa cheffe de famille parce qu'il avait appris que son grand maître Albus Dumbledore n'avait pas été convié. À cette information, il avait ricané car malgré sa pseudo-victoire contre Grindelwald et ses postes à la tête du Magenmagot et de Poudlard, le vieux sorcier n'avait pas réellement impressionné ses pairs qui considéraient en réalité que les faits dont il se vantait étaient troubles et qu'il avait usurpé les fonctions qu'il occupait, pour les plus sceptiques.

Severus fut étonné que les branches principales de plusieurs familles, notamment les Rowle, les Yaxley, les McNair ou encore les Warrington ou les Carrow, aient répondu présent au bal. En effet, certains membres des branches cadettes avaient pris la marque des ténèbres ce qui les avaient condamnés à Azkaban et la population sorcière étant ce qu'on avait voulu qu'elle soit, l'amalgame avait été rapide même si complètement faux. Si l'invitation du clan Prince montrait qu'il n'allait pas prendre en compte les brebis galeuses de certains clans, leur présence prouvait qu'ils n'avaient pas l'intention de laisser lesdites brebis galeuses diriger leur politique générale. À l'opposé, il pouvait noter la présence de lady Augusta Longbottom, de lady Gaëlle McKinnon ou encore, de lady Amelia Bones, qui avait entériné sa place de directrice de la justice sorcière, toutes fermement établies par les rumeurs du «bon» côté dirigé par Albus Dumbledore sans pour autant le reconnaître comme leader de leur faction politique.

Annoncé en grande pompe par le majordome, Severus descendit les escaliers d'honneur sous les regards critiques de ses invités. Il savait que beaucoup allaient s'insurger qu'il ne porte pas de robes sorcières mais n'en déplaise aux plus étroits d'esprit d'entre eux, les us et coutumes de Britannia établissaient clairement que pour ce genre d'occasion, c'était la tenue officielle du clan qui était privilégiée – et pas celle adaptée à la mode sorcière du XVe siècle – c'est-à-dire une cape ornée des armoiries du clan dans le dos et les bijoux du chef du clan. La chaîne d'or au bout de laquelle était accroché une fiole de cristal brillait de mille feux, symbole depuis des siècles du clan Prince, montra à tous que ce n'était pas un imposteur qui se présentait à eux mais le chef d'un clan qui avait l'intention de revenir aux sources de son pouvoir.

Severus prit le temps de se présenter à chacun de ses convives et d'avoir un mot aimable pour chacun d'entre eux. Les principaux faits d'armes de ses invités avaient été un casse-tête à apprendre et heureusement qu'il avait l'occlumencie pour l'aider à se remémorer qui avait fait quoi ou sinon, il aurait fait des bourdes dignes de Gryffondor. Personne n'eut l'audace de lui demander pourquoi certains personnes «importantes» de la société n'étaient pas présentes – «tousse» Dumbledore «tousse» – mais certains eurent le culot de proposer les filles de leur clan comme fiancée. Il avait eu un sourire figé devant cette pratique qu'il trouvait barbare – ces jeunes filles avaient le droit de choisir avec qui elles allaient partager leur vie! – et se garda bien d'accepter.

La soirée allait être longue …