Journal de la revieweuse
Lilinnea: J'aime beaucoup aussi ce qui les lie. Nell n'a pas fini de jouer les chaperons, que ce soit pour sa petite sœur ou pour Reis.
Concernant tes interrogations, tu me mets les fesses entre deux chaises. C'est compliqué de te répondre franchement sans spoiler. Actuellement, nous sommes en juillet 2038 et les événements majeurs de DBH se passent en novembre. Donc, on peut penser qu'il sera compliqué de joindre le tout. Maiiiiiis... oui, il y aura une incidence mais je ne peux hélas en dire plus sur le comment ;)
Est-ce que tout s'est VRAIMENT si bien passé que ça?
CHAPITRE 25 - PRISE(S) AU PIÈGE
Le lendemain matin, Nell fut la première habitante de la villa à se lever. La nuit avait été agitée pour elle. Ses songes reprenaient l'épisode de la veille avec une nuance galvaudée qui les transformait en cauchemars. Entre l'ascenseur qui s'ouvrait devant l'ensemble des employés de CyberLife, Reis qui lui hurlait sur son support « Pourquoi m'avez-vous créé ainsi ?! » et Tristan qui lui répétait en boucle qu'elle était folle et qu'elle allait les envoyer en prison, toutes ces images avaient été assez violentes pour que Nell passe une nuit qu'elle n'aurait pas souhaitée à son pire ennemi.
La voici donc qui marchait au radar, les traits bouillons et les yeux épais comme des fentes. Quand elle passa près de la chambre d'amis qu'occupait Ysée, elle s'aperçut que la porte était légèrement entrebâillée et se hasarda à un coup d'œil, craignant la panne de réveil pour sa cadette.
Ce qu'elle trouva à l'intérieur lui indiqua que ses deux colocataires du moment avaient passé une bien meilleure nuit qu'elle. Sa main toujours liée à celle de Reis, Ysée somnolait paisiblement sous la sage surveillance de son voisin. Celui-ci capta le subreptice changement de luminosité créé par le passage de Nell dans l'entrebâillement et tourna la tête vers la porte.
Il se leva vite en prenant cependant soin de ne pas réveiller sa protégée et alla retrouver sa créatrice sur le palier.
« Bonjour, Nell. Vous semblez épuisée... remarqua-t-il avec une moue désolée.
_ La fragilité humaine, répondit la femme d'un ton plaisantin. Nous avons tous été remués par ce qui s'est passé hier soir. »
Reis approuva d'un signe de tête avant de se laisser gagner par l'incertitude.
« Ce que vous venez de voir... Je vous promets que...
_ Je ne t'accuse de rien. »
L'androïde lui retourna un sourire reconnaissant sans chercher à relever par crainte de s'enfoncer. Son interlocutrice le considéra en silence, portée par les connexions qui se nouaient dans son esprit entre plusieurs images. Maintenant que la vérité autour de Reis avait été mise au clair, tout ce qui le touchait de près ou de loin revêtait une autre dimension. Surtout ses interactions avec autrui.
« Reis, je suis heureuse si Ysée et toi créez entre vous une émulation mutuellement bénéfique. Mais vous ne devez pas en oublier le réel. Tu demeures dans ta constitution un androïde. Un androïde en sursis, qui plus est. Et elle... » Elle eut un soupir et un regard vers sa cadette endormie. « Elle a une fragilité derrière son indifférence. Tu dois garder la tête froide, autant pour elle que pour toi. »
Il baissa un peu les yeux. Nell avait raison. Son destin était plus qu'incertain et en dépit de toute l'affection qu'il éprouvait pour Ysée, il devait rester lucide.
« Pourquoi me dites-vous cela? demanda-t-il doucement.
_ Parce que vous êtes tous les deux des êtres dont le bouton des émotions a été déréglé. Et ça ne fait pas bon ménage avec ta situation. Vous devez vous préserver. »
Ils se dévisagèrent, les pensées tournées vers la même personne. Reis comprenait le message sous-entendu que Nell lui glissait mais il restait perplexe. De quoi avait-elle réellement peur ? Ysée était l'incarnation de la logique et du bon sens tandis que lui était un androïde, que pouvait-il bien arriver ? Ils se soutenaient l'un l'autre, rien de plus. Que pouvait-il y avoir d'autre ?
Une courte mélodie lointaine mit fin à l'échange et fit tiquer Nell qui réagit aussitôt. C'était une notification sur son téléphone professionnel. La femme prit congé de son interlocuteur et descendit au rez-de-chaussée pour récupérer l'appareil dans son sac et parcourut rapidement l'écran.
« Ah, une réunion sur site. Pour dans deux heures. Heureusement qu'ils savent que je n'habite pas loin, maugréa-t-elle en réprimant un bâillement.
_ J'espère que tout se passera bien pour vous.
_ Mais oui, ne t'inquiète pas. Si Tristan ne nous a pas directement vendus hier soir, je ne le vois pas le faire maintenant. Allez, petit-déjeuner. »
Reis la suivit des yeux tandis qu'elle disparaissait vers la cuisine quand il entendit la voix d'Ysée dans la chambre l'appeler. Il passa la tête dans l'entrebâillement afin de signaler sa présence et un bref sourire de soulagement éclaira les traits de la jeune femme qui se redressa sur son séant tout en s'étirant.
« La nuit n'a pas été trop dure ?
_ Tout va bien. J'aime bien te regarder quand tu dors. Ça m'a bien occupé pour ne pas ressasser. »
Ysée remua un peu d'embarras.
« Ne me dis pas que je ronfle.
_ Je ne dirai pas que tu ronfles », répondit Reis avec docilité.
Silence.
« Mais je le fais ? », insista l'humaine, gagnée par l'appréhension.
Pour toute réponse, Reis haussa les épaules et s'en alla avec un sourire en coin énigmatique tout en laissant sa conversation avec Nell tourner en fond de tâche.
« Vous devez vous préserver. »
Se préserver de quoi ? Jamais il ne lui viendrait en tête de faire du mal à Ysée. Que redoutait Nell, au juste ?
Ysée rejoignit sa sœur aînée peu après pour prendre son petit-déjeuner. Il flottait sur son visage cette vague tension indiquant qu'elle était en train de s'encombrer l'esprit avec quelque chose et la jeune femme ne consentit à verbaliser son trouble que lorsque Nell la mit au pied du mur en lui exigeant de cracher le morceau. Ainsi fut alors avoué le mensonge des faux travaux de rénovation d'électricité de son immeuble qui n'étaient qu'un prétexte éhonté afin de veiller à ce que Reis ne se fasse pas réinitialiser.
« Maintenant que tu es dans la confidence et de notre côté, je n'ai plus de raison de squatter chez toi », termina Ysée en alternant entre son aînée et Reis assis près d'elle.
En son for intérieur, Nell était impressionnée de voir à quel point sa petite sœur routinière au possible avait perturbé son petit train-train dans le seul but de protéger Reis. La voir se dépasser de la sorte faisait plaisir à voir. Elle erra dans une courte réflexion silencieuse afin de jauger l'ensemble des données. Qu'est-ce qui pesait le plus entre un trop grand risque d'attachement affectif et le peu de temps qu'il restait à Reis ?
Les coups d'œil à la dérobade que s'échangeaient les deux fraudeurs étaient furtifs mais assez éloquents pour Nell. Elle serra un peu douloureusement les paupières. Il était peut-être déjà trop tard...
« Nous en discuterons à mon retour, si ça te va, proposa-t-elle en terminant sa tasse de café. Je vais être en retard si je ne m'active pas. À plus ! »
Ysée remercia sa sœur de son indulgence et la laissa terminer de se préparer. Elle-même était un peu perdue. Une part d'elle souhaitait rester mais Reis était entre d'excellentes mains ; si ce n'était les meilleures. Peut-être était-il temps pour elle de revenir à ses ombres ?
Durant tout le trajet de voiture la séparant du building de verre de CyberLife, Nell se répéta en boucle le scénario qu'elle avait élaboré pour couvrir l'absence du précieux prototype ainsi qu'une question : devait-elle passer voir Tristan ? Vu comment elle l'avait pris en otage en plus de l'avoir jeté assez froidement, il n'était peut-être guère de bon aloi d'en rajouter.
Son interrogation se fit plus pressante encore pendant qu'elle guettait les étages défiler dans l'ascenseur. Elle s'en remit alors au hasard : si l'ascenseur venait être à être appelé avant qu'elle n'atteigne son étage, elle ferait une halte au pôle informatique pour discuter avec Tristan.
Le destin trancha et l'ascenseur se rendit directement au vingt-cinquième étage, celui qui était réservé aux salles de réunion ou de projection. La porte s'ouvrit sur une galerie de salles lumineuses fermées de murs en verre et aux rangées de tables de toutes les longueurs possibles. Simple bureau en face à face pour des entretiens, des tables en U pour les assemblées collectives, de simples sièges alignés les uns derrière les autres devant un immense mur blanc vierge pour les vidéo-projections, etc... il y en avait pour toutes les situations.
Lorsque Nell arriva à hauteur de la salle de réunion où elle avait rendez-vous, elle s'étonna d'abord de ne voir personne de l'autre côté du mur vitré. La longue table en verre fumé était vierge du moindre accessoire. La multiprise centrale pour brancher les ordinateurs ou les tablettes n'était pas sortie, pas plus qu'il n'y avait de bouteilles d'eau ou du café escorté de ses tasses pour accompagner la future réunion.
« C'est bien la bonne salle, pourtant », se dit-elle en revérifiant sa convocation.
Elle entra néanmoins et alla s'installer dans un siège qui lui permettait d'avoir vue sur le couloir pour surveiller les futurs autres arrivants. Elle était un peu en avance, les autres participants ne sauraient tarder.
Les minutes passèrent et le silence de la salle transparente semblait se resserrer autour d'elle. Quand une silhouette qui passait à proximité attira son œil, Nell se leva, les yeux écarquillés de surprise comme ceux de Tristan qui l'avait reconnue. L'homme ouvrit la porte et passa la tête à l'intérieur.
« Nell ? Tu es sur site, aujourd'hui ?
_ Eh bien... Tu n'es pas convié à la réunion qui va avoir lieu dans... » Elle consulta sa montre. « … deux minutes ? »
Tristan secoua la tête sans comprendre. Quelle réunion ? Aucun responsable de service n'était en réunion aujourd'hui. Cette information condensa davantage l'appréhension de Nell. S'il ne s'agissait pas d'une grosse réunion interservices, pourquoi avait-elle été convoquée au bureau au lieu d'une simple visioconférence ?
Les deux collègues s'épièrent avant qu'une vague de peur ne les rigidifie.
« Tristan, tu n'as pas...
_ Non. Je te promets que...
_ Désolé, désolé, j'ai été retardé. »
Ils firent volte-face vers cette voix et leur teint perdit quelques couleurs. Vêtu d'un impeccable costume gris dauphin fermé sur une cravate anthracite, un quinquagénaire à la forte prestance et aux cheveux gris rares remontait le couloir d'un pas assuré. Une tablette sous le bras, Guillaume Héret, président directeur général de CyberLife France ne faisait absolument pas son âge. Être à la tête de l'antenne française de la plus puissante entreprise du monde ne semblait avoir aucune influence sur son visage aux traits encore lisses et son regard alerte, quoiqu'intimidant.
« Tristan, le héla-t-il avec un sourire. Il ne me semblait pas vous avoir envoyé d'invitation ?
_ Je ne faisais que passer. Je vous laisse. »
Tristan eut un regard furtif pour Nell qui le fixait d'une angoisse palpable. Lui-même ne se sentait pas en paix dans cette situation. Il fit un pas de côté pour laisser entrer son patron et profita d'être dans son dos pour adresser à Nell un signe de tête d'encouragement et d'apaisement. Elle lui répondit avec difficulté tandis qu'il repartait de son côté.
« Asseyez-vous, Nell, je vous en prie », l'invita Héret avec courtoisie.
Elle s'exécuta et se laissa retomber un peu mollement dans son siège. Un tête à tête présentiel avec le grand manitou. Voilà qui ne laissait rien présager de bon.
Le PDG s'assit de l'autre côté de la table en face de Nell en déposant sa tablette.
« Comment allez-vous ? s'enquit-il d'un ton affable en prenant ses aises.
_ Bien, je vous remercie, répondit-elle sans savoir quel ton adopter. Je ne pensais pas être la seule convoquée.
_ J'aime discuter de temps en temps avec mes collaborateurs en face à face. Les conf-call, les visioconférences, c'est économique mais, mon dieu, que c'est déshumanisant, vous ne trouvez pas ? »
Nell répondit peu ou prou au-travers d'un faible rire poli en dodelinant un peu de la tête.
« En parlant d'humanité, comment avance notre SP700 ? » poursuivit-il, l'œil pétillant intérêt.
Une partie des entrailles de Nell disparut dans un trou noir soudainement apparu dans son estomac. Son interlocuteur lui parlait avec l'enthousiasme du patron qui visualisait la future explosion de son chiffre d'affaires et affichait un air détendu qui peina malgré tout à rasséréner le visage figé face à lui. Ne pas angoisser. Tout allait bien. Rien n'était anormal. Reis était toujours en cours de test chez elle et elle pourrait le ramener pour une mise à jour sans danger pour lui une fois que Tristan sera prêt. Elle avait confiance en lui et ses talents exceptionnels de programmeur.
Après une bonne inspiration pour accompagner son mantra, Nell se lança dans un exposé factuel de l'avancée de son travail sur le prototype ainsi que sa satisfaction face au comportement de ce dernier. Héret l'écouta avec une grande attention, ponctuant l'échange de hochements de tête réguliers. Les craintes de Nell s'allégèrent au fur et à mesure jusqu'à pourvoir enfin la laisser respirer normalement.
À la fin du récit, le PDG croisa les mains sur la table et acquiesça avec admiration.
« Voilà qui est bon à entendre. Je conçois la quantité de travail que doit vous générer la création d'une conscience au psyché si fouillé.
_ C'est un véritable plaisir, vraiment, réfuta son interlocutrice galvanisée. Ce projet est fascinant.
_ Au point de revenir ici après la fermeture ? »
Le sourire de Nell s'évapora aussi vite qu'était soufflée la flamme de la bougie. Son hôte la surveilla en silence quelques instants sans se défaire de sa placidité avant de se caler dans le fond de son siège avec aise.
« J'étais encore ici hier soir suite à une visio-conférence de dernière minute avec Detroit et en arrivant sur le parking pour rentrer chez moi, je vous ai vue repartir avec le SP700 qui venait à peine de revenir. »
Nell n'était plus qu'une statue dont la bouche était plus aride que le désert de Gobie. Héret était là et avait tout vu ? Elle serra discrètement les mains pour se donner du courage. Se reprendre. Elle avait son alibi.
« C'est de ma faute. Je me suis aperçue trop tard que j'avais renvoyé le SP700 pour mise à jour sans avoir testé certains modules secondaires. Tristan a préféré me laisser le reprendre avant de poursuivre. Le planning nous le permet, affirma-t-elle, armée de sa voix la plus sûre.
_ Hmm... Et qu'en est-il de la jeune fille qui était avec vous ? »
Héret se saisit de sa tablette et fit défiler quelques écrans avant de longer une liste des yeux avec attention.
« Je ne vois pas de mouvement dans l'attribution des badges visiteurs. Certes, il était tard. S'encombrer des formalités quand nos androïdes d'accueil sont en veille peut être contraignant mais d'un point de vue extérieur, cela pourrait ressembler à une infraction, vous ne trouvez pas ? »
La consistance de Nell ne tenait plus à grand chose. Elle était prise en étau entre l'effroi d'apprendre que la visite clandestine d'Ysée avait été découverte et la fausse bonhomie de son patron qui la glaçait. Elle était coincée. Elle était tellement sûre que personne d'autre n'était présent dans le building à part Tristan qu'elle n'avait pas envisagé de plan de secours. Aucun mensonge crédible ne lui venait pour se sortir de ce mauvais pas.
Voilà donc la raison de cette fausse réunion générale. Héret voulait la cueillir sans la moindre méfiance pour la prendre au piège.
Nell resta muette, soutenant le plus dignement possible l'œillade perçante de son chef sur elle. Elle était littéralement scannée de l'intérieur.
« Qui était cette demoiselle qui vous accompagnait ? réitéra-t-il avec un calme enrobé d'autorité.
_ Ma petite sœur, Ysée. Elle vit actuellement chez moi et elle s'intéresse à mes travaux concernant le SP700. Rien de plus. »
Un dense silence s'installa entre les murs de verre et de plexiglas dont l'épaisseur ne laissait filtrer aucun son, pas même le tumulte bruyant du centre-ville en contrebas. Le vide abyssal que respirait l'étage vide ajoutait sa pesanteur à l'ensemble, créant une bulle imperméable coupée de l'espace et du temps autour des protagonistes.
Nell devinait à l'expression de son patron qu'il cherchait la véritable raison qui l'aurait poussée à inviter sa petite sœur chez CyberLife de nuit. Reis était peut-être sauf mais que le mauvais œil se tourne vers Ysée n'était pas une bonne compensation, loin de là.
« Votre petite sœur... répéta Héret en tapotant son ongle contre la table. A-t-elle été beaucoup en contact avec le prototype ? »
Cette question inattendue déconcerta Nell qui ne sut quel chemin prendre pour sa réponse. Mentir ou dire la vérité ? Quelle était la finalité de cette interrogation ? Mieux valait ne pas tenter le diable car elle se trouvait déjà dans une position délicate.
« Elle le côtoie depuis le séminaire à Detroit. Indirectement, elle m'aide à compléter l'analyse comportementale de l'androïde. Elle le voit avec des yeux moins professionnels que moi et le soutien psychologique du SP700 semble lui faire du bien.
_ Oh, une bêta-testeuse in situ ? s'ébaudit alors l'homme avec ravissement. Voilà qui est intéressant. »
Le rire bon enfant qu'il eut était encore plus perturbant que tout ce qui venait de se passer auparavant. Nell ne se défaisait pas du malaise qui lui collait à la peau et rendait ses mains moites. Qu'allait-il lui arriver, à la fin ? Elle avait été surprise par le PDG en personne à introduire un visiteur dans les locaux de façon peu réglementaire et celui-ci en faisait de l'humour ? Cette angoisse de ne pas savoir était une torture.
« Monsieur Héret... commença-t-elle d'une voix sourde.
_ Vous êtes une femme brillante, Nell. Votre dévotion pour votre travail et vos travaux sur la psychologie de l'IA font de vous un élément dont CyberLife a grand besoin. Surtout pour un projet avec des enjeux aussi importants que ceux du SP700. »
Il planta ses yeux d'un brun presque noir dans ceux de son interlocutrice. Finis les sourires et la détente. Le PDG pesant plusieurs milliards d'euros s'adressait à sa petite employée qu'il pouvait détruire en un claquement de doigts.
« Je vais donc partir du principe qu'hier soir, vous n'étiez pas en train de commettre quelque chose de très dommageable pour votre carrière mais que vous étiez en train de faire visiter nos locaux à une future collaboratrice, déclara-t-il sur une note finale onctueuse.
_ M-Monsieur... ? bredouilla Nell sans cacher sa stupeur.
_ Votre sœur continuera de vous épauler pour tester le SP700. Elle pourra rester chez vous, sa présence ne sera pas nécessaire au siège. Je veux que le prototype soit parfait pour son passage devant la commission et que tout soit prêt avant la rentrée. »
Nell fut incapable de réagir tout de suite. Ysée, employée comme testeuse de Reis ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi ?
« Mais elle...
_ Vous ne me semblez guère en position de négocier, trancha Héret en se levant pour récupérer sa tablette. Exécution ou je vous garantis que c'est vous qui aurez besoin du SP700 pour vous soutenir psychologiquement. »
Sur ces mots hérissés de menace outrancière, l'homme quitta la salle de réunion sans accorder le moindre regard à son employée tétanisée de choc.
Les choses se corsent...
