Chapitre 5

Je m'étais changée après l'accident puis avais quitté les cachots, mes manuels sous le bras, pour rejoindre mes amis dans la tour Gryffondor. Les brûlures ne me faisaient presque pas souffrir.
L'attitude studieuse d'Hermione, un peu moins des garçons, me rasséréna au-delà des mots. Je me calmai, et ouvris mes livres, m'empêchant de penser à ce qui se produirait ce soir. Ce qui pouvait trop facilement m'arriver. Les révisions jusqu'au dîner, nos bavardages inconséquents excusés par les professeurs encore présents… puis je rentrai dans mes appartements pour continuer mes révisions.
La session Sortilège du lendemain était particulièrement ardue pour moi. Je m'y replongeai donc, insistant malgré ma fatigue sur chaque ligne de ces textes scolaires qui perdaient peu à peu de leur sens. Mais je pouvais… y parvenir… il fallait seulement se concentrer… Le sortilège de vaporisation ne peut être effectif que si, ayant reconnu le liquide visé, la puissance du sort est adaptée à la température requise pour passer de l'état liquide à l'état gazeux. Il existe six grades de puissance, pour les liquides les plus familiers, séparés de seize degrés chacun. Le premier… Je ne devais pas m'avouer vaincue, c'était écrit dans ma langue, je pouvais comprendre! … adaptée à la température requise pour passer de l'état liquide à l'état gazeux. Il existe six grades de puissance, pour les liquides les plus familiers, séparés de seize degrés chacun… C'était facile, mais j'étais si fatiguée… fatiguée… Mes paupières se fermaient toutes seules, et malgré les derniers sursauts de ma résistance, je finis par m'endormir sur mon livre de cours. La porte de ma chambre qui claqua ne me réveilla même pas. Par contre… la morsure au niveau de mon cou…

-Puissance des liquides familiers par seize degrés! Baragouinai-je en revenant à moi.

-Impressionnant; murmura-t-on contre ma nuque.

Du plomb en fusion dans l'estomac. Cette sensation, soudain. Et l'horreur, l'horreur, en avisant le corps nu qui me piégeait contre le matelas.

-Non; haletai-je. S'il vous plaît…

Je tentai de fuir, mais il était en position de force et mes membres étaient engourdis de sommeil. Je n'arrivais même pas à repousser la main glacée qui descendait le long de mon pyjama.

-Je pense vous avoir laissé suffisamment de temps pour vous habituer à l'idée.

J'entendis vaguement mon livre de Sortilèges 7ème année s'écraser au sol.

-M-m'habituer à l'idée? Crachai-je. Qui pourrait s'habituer à l'idée d'être violée?!

Rogue grimaça à cela, et arrêta de déboutonner ma chemise.

-Vous avez signé volontairement le contrat.

Mes yeux s'écarquillèrent sous le choc et je fixai les siens sans y croire. Etait-il sérieux? Oui, il l'était. Ses yeux sombres ne laissaient percer aucun trouble, ni aucun remord!

-Vous vous fichez de moi! J'ai signé pour un apprentissage intensif niveau Aspics, pas pour ça!

Ce qui ne le troubla pas le moins du monde. Un murmure narquois seul me répondit tandis que ses doigts reprenaient leur chemin sur les minces couches de tissus qui me recouvraient encore:

-Il se trouve pourtant que c'est parfaitement légal. Le Ministère a validé notre contrat il y a moins d'un mois, me donnant tout pouvoir sur vous.

Les derniers boutons de ma chemise furent enlevés, ainsi que le vêtement entier sans qu'il ne cesse de me fixer, d'un regard de plus en plus effrayant. Ses longs doigts fins quittèrent les épaules qu'ils retenaient pour s'aventurer plus bas, caressant sans hésitation, s'appropriant sans gêne ma poitrine, mes flancs, mon ventre, le haut de mes hanches. Ses caresses étaient répugnantes et malgré ma prostration, je revins à moi, tentant de lui échapper.

-Pourquoi luttez contre ce que vous ne pouvez pas changer? Murmura-t-il en me contrant. Vous m'appartenez Lumare.

J'en frémis de rage alors que ses lèvres embrassaient mon sein gauche, que sa langue en agaçait le bout.

-Quel est… votre but? Demandai-je, le souffle erratique. M'aaah-asservir pour laisser s'exprimer vos pulsions de Mangemort?

Ses canines laissèrent rouler entre elles mon téton trop sensible. Trop…

-M-me briser?

-Taisez-vous; murmura-t-il tandis que ses lèvres retournaient embrasser mon sternum, passer de l'autre côté.

Ses mains ne cessaient de caresser mes hanches, mes flancs, de remonter jusqu'à mes épaules puis de se perdre dans mes cheveux. Il s'appropriait chaque parcelle de mon être, revenait plusieurs fois à mes lèvres qu'il torturait, avant de redescendre. Il n'avait même pas encore touché à mon bas de pyjama! Qu'il en finisse! Qu'il en finisse! Je ne pouvais plus le supporter! Et je… je… Désobéis à son ordre.

-Vous aurez la… satisfaction… d'avoir détruit; du sang commença à gicler hors de ma bouche,… une Gryffondor que vous a-avez toujours… détestée…

Un long filet vermeil s'écoula de mes lèvres. Mon corps était en feu, ma tête et ma gorge aussi désormais. Oh Merlin, je le haïssais! Je le haïssais! Pourquoi, pourquoi est-ce qu'il me faisait ça?

-Je vous veux; murmura-t-il en m'essuyant d'un geste presque tendre.

Je retins difficilement un sanglot.

-P-pourquoi moi?

Et cela sonnait tellement pathétique à mes propres oreilles. J'aurais dû être forte, supporter ses tortures sans rien trahir de la souffrance qu'il m'apportait. Je n'aurais pas dû trembler, pas me recroqueviller, alors qu'il retirait mon pantalon et ma culotte. Nue, et terrifiée, l'esprit embrumé par la souffrance et la peur, je dus supporter de le voir se positionner devant mon entrejambe.

-Vous… convenez mieux que personne…; finit-il par répondre.

Je ne savais même plus à quelle question il répondait. Et ne voulais plus rien savoir, plus rien voir, plus rien sentir… N-non, plus rien sentir. Alors qu'il me déchirait de l'intérieur. J'amenai un bras tremblant jusqu'à mes mâchoires et mordis, mordis si fort, pour ne pas hurler! Il était en moi! Son premier coup de hanche fut dévastateur, mais il y en eut un autre, et un autre, plus fort. Et il continua, malgré les ravages qu'il m'infligeait. Il continuait, et gémissait, et il n'y avait que son regard fou, plus que son odeur, plus que le goût du sang dans ma bouche et la déchirure dans mon ventre. Arrêtez, arrêtez, arrêtez, arrêtez, arrêtez, arrêtez, arrêtez… je vous en supplie! Arrêtez! Et il arrêta, soudain, se tendant et se déversant en moi dans un horrible râle rauque. Rogue haletait, haleta longtemps au-dessus de moi, les yeux plongés dans les miens. Pourtant il ne semblait rien voir, rien voir du sang, de la souffrance, des larmes qui allaient m'échapper… Plusieurs minutes plus tard, il se pencha, ses lèvres descendant vers les miennes. Je m'écartai e-et parvins sans savoir comment à lui échapper. Je pus même quitter mon lit, le bras lacéré, beaucoup de sang s'écoulant le long de mes jambes. J'avais… mal partout. Et vacillais, vacillais difficilement jusqu'à la salle de bain dans laquelle je m'enfermai. Là, je m'effondrai sur le sol nu et froid. Là, je laissai s'échapper les premières larmes, qui se changèrent en sanglots ininterrompus. Je ne pouvais plus m'arrêter, ne pouvais plus… J'étais trop faible, trop faible, je le laissais me détruire. Mais je ne pouvais pas… Je ne pouvais pas lutter... Pas ce soir.
Je m'écroulai, assommée par le sommeil, dans une mare de sang. Souhaitant, oh souhaitant de tout mon être que ce ne soit qu'un cauchemar.

oo0oo

Le lendemain, à mon réveil, j'étais nue dans mon lit. Il n'y avait de sang nulle part, mon bras ne présentait aucune blessure e-et je n'avais mal nulle part. Rogue n'était même pas dans la chambre. Mais je savais… je savais… ce qu'il avait fait. Et je savais qu'il recommencerait.

oo0oo

Je ne sus pourquoi, par contre, il mit plus de quatre soirs avant de me refaire subir cette horreur. Ni pourquoi il me tortura plus longtemps, s'obligea à être plus lent et presque plus doux alors que son regard sombre brûlait comme l'enfer. Je dus perdre deux heures de mon temps, loin de mes amis, pour fabriquer un lot de potions contraceptives. Mes stocks seraient à renouveler chaque mois. E-et ça ne faisait que trois semaines que j'étais sous contrat, seulement quatre jours depuis la première fois qu'il m'avait…
Son regard me terrifiait parfois, ses rapprochements soudains, ses excuses pour me harceler même lorsqu'il avait épuisé ses cinq soirs par semaine, ses questions de cours à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, ses réflexions dégradantes, sarcasmes résonnant jusque dans mes cauchemars, et les nuits où il s'autorisait à me toucher, à m'avilir, à briser les dernières parcelles d'honneur qu'il pouvait me rester!
Ce cycle infernal me détruisait, mon esprit s'y tordait et mes cauchemars reprirent le dessus. Aucune potion de Nuit sans-rêve ne pouvait plus endiguer le flot de souvenirs qui m'arrachaient des hurlements chaque nuit. Et Rogue, ce bâtard, pensait qu'il pouvait me rassurer, que les mots qu'il susurrait en me prenant dans ses bras avait une quelconque chance de m'apaiser! Je m'enfonçais, continuant de travailler par habitude, réussissant peut-être même mieux qu'Hermione, mais quelle importance? J'étais apathique, tout juste capable de sourire à mes amis lorsque je les retrouvais. Et j'étais fatiguée, tellement fatiguée…

-Plus de puissance, Miss Lumare! Vos sortilèges ne traversent pas la moitié de la salle.

Je lui adressai un regard vide, tandis que la colère de Rogue semblait s'intensifier.

-Nous avons vu vingt sortilèges de diversion, vous êtes tout de même capable de m'en sortir un! Se moquait-il tout en tournant autour de moi et du mannequin ensorcelé.

J'étais censée utiliser les maléfices que j'avais appris ces derniers jours. Mais le mannequin ne m'avait rien fait. Il avait d'ailleurs l'air particulièrement inoffensif. Mais parce qu'il le fallait… Je pouvais utiliser un Tarentallegra. Ce sortilège était particulièrement distrayant et c'était Fred qui nous l'avait appris. Fred…

-T-tarentallegra; lâchai-je difficilement.

Je vis l'étincelle de magie se former au bout de ma baguette, et puis se dissoudre. Je tremblai. Cette nuit-là, au milieu des cadavres qui avaient été ramenés au château, j'avais vu Mme Weasley se griffer le cœur, la famille Weasley s'effondrer sous le chagrin et Georges, seul, pâle, perdu, agenouillé au côté du corps de son jumeau. Je n'aurais jamais cru que son cœur puisse continuer à battre tout seul. Et lui qui souriait toujours, le voir ainsi…

-Tarent… allegra.

Il n'y eut pas même une étincelle cette fois. Je vacillai, le teint cadavérique, le regard éteint. Et puis ma baguette m'échappa des mains, je n'entendais plus les sarcasmes de Rogue… Mon genou gauche se déroba sous moi, heurtant le sol, l'autre suivit, tandis que je fermais les yeux le visage ravagé par la souffrance. Je revoyais les sorts verts jaillissant de tant de baguettes, j'entendais les hurlements d'agonie… Au cœur de cette nuit sans fin… les mains de Rogue, son corps qui me détruisait de l'intérieur, ses ordres qui claquaient comme les chélicères de ces Acromentules. J'avais conscience d'un liquide chaud, quittant mes yeux brûlants, s'écoulant le long de mes joues. Et j'entendais des sanglots, des sanglots déchirants qui se répercutaient contre les murs des cachots. C'était atroce, et tellement douloureux! Que quelqu'un les arrête! Les arrête! Il y eut quelque chose, violemment. Et une chaleur soudain, un corps et des bras m'enserrant si fort. Je tressaillis et tentai, une fois, de me dégager, avant d'abandonner. Je dus cacher ma tête dans le creux de son cou et agripper sa cape de toutes les forces qu'il me restait, en pleurant. Je n'en pouvais plus… il y avait ce sang, et ces morts, les hurlements, mes hurlements, la douleur… Avais-je tant lutté, tant souffert p-pour finalement servir de défouloir sexuel à un Mangemort? Avais-je tant sacrifié pour qu'il me prive maintenant de ma dignité, des dernières miettes d'honneur qui pouvaient me rester…
C'était indigne, mais je ne pouvais cesser le flot de larmes qui m'échappaient. C'était indigne, de montrer tant de faiblesse devant Rogue. Lui qui caressait mes cheveux, ses doigts glacés qui tremblaient, l'étau constant et possessif qu'il refermait autour de moi… Les larmes finirent par se tarir, pourtant je mis longtemps à calmer les sanglots étouffés, les tremblements. Quand je fus trop épuisée, enfin, je m'appuyai contre l'épaule de Rogue, j'attendis… J'attendis qu'il critique… ma pathétique petite personne… l'apitoiement sur mon propre sort… ma faiblesse…
Il aurait pu…
Mais, au bout de longues minutes de silence, tout ce que mon tortionnaire se permit de murmurer fut:

-Nous allons faire une pause, Miss Lumare. Pour le reste de la journée.

Ma tête brûlait, je ne comprenais pas, ce qu'il disait n'avait aucun sens.

-… Non; soufflai-je ayant juste assez de force pour ça.

Rogue n'y prêta aucun intérêt.

-J'enverrai un message au garde-chasse; murmura-t-il. Il comprendra, à titre exceptionnel… Quant à nous, nous utiliserons ce temps à bon escient. J'ai cru comprendre que vous n'aviez pas touché à vos expériences sur la guérison de l'anosmie depuis un mois.

-Vingt-cinq jours.

Je sentis, effarée, sa main passer dans mes cheveux et entendis presque Rogue soupirer. Et puis il m'entraîna vers le laboratoire, et fit apparaître mes carnets et tous les documents qui me servaient dans mes recherches. Il me permit d'utiliser tous les chaudrons que je souhaitais, tous les ingrédients et tous les instruments que je jugeais nécessaires. Puis m'enjoignis de commencer. Lui se plaça au fond de la pièce, avec des paquets de copies d'ASPICS ou de BUSES... Je restai pétrifiée, un long moment. Puis baissai la tête vers mes feuilles de calcul. Je pouvais...
Je pouvais travailler sur ma potion... le reste de la journée? J'étais libre de le faire, vraiment? Ce qui pouvait bien pousser Rogue à m'offrir ce cadeau m'indifférait étrangement, j'étais aveuglée par la passion et la fatigue.
Je pris place sur un tabouret et repris mes dernières notes. Je m'étais arrêtée à la moitié d'un calcul sur la compatibilité du crin de licorne et des boules de pollen de mimosa, parce qu'il n'y avait aucune donnée enregistrée, qu'il fallait expérimenter en laboratoire... Ce que j'avais le droit de faire... Ici... Aujourd'hui... Je relevai la tête, et hésitai une poignée de secondes en fixant Rogue. Mais il ne paraissait pas intéressé par autres choses que ses copies. Je m'emparai de ma plume, la trempai dans l'encre et exposai les principes de mon expérience avant de me lever et d'aller chercher un chaudron en argent. Mes expériences... Je reprenais mes expériences... La flamme revenait dans mes yeux, flamme de passion, et de courage. Je reprenais courage.

oo0oo

J'étais arrivée avec une heure de retard le matin-même… parce qu'encore dans mon lit à neuf heures. C'était Rogue qui, à bout de patience, était venu me chercher dans ma chambre pour me trouver profondément endormie, alors que nous aurions déjà dû entamer la moitié de mon cours sur le chapitre 12 de Métamorphoses- étapes déterminantes de la transformation en loup-garou et sortilèges adaptés à sa défense (en parallèle du chapitre 8 de Défenses contre les forces du Mal)-. Résultat: je m'étais faite copieusement raillée et avais dû sauter petit-déjeuner et douche chaude matinale. Ce qui faisait qu'après une session de révision à la Tour Gryffondor de plus de trois heures, je retournais dans mes quartiers à minuit en ne pensant plus qu'à la douche salvatrice que je prenais le luxe de m'offrir. Je balançai sac, manuel et parchemin dans un fauteuil puis entrai dans la salle de bain.
Lentement, je me dévêtis, tressai mes cheveux, l'esprit assez comateux pour qu'il me soit même impossible de me rappeler de ce que je venais juste de réviser. J'étais… fatiguée… dans le brouillard total, c'était apaisant…
J'entrai dans la cabine aux trois murs carrelés et refermai la porte transparente, laissai enfin le jet d'eau chaude couler sur mon corps fatigué. Oh Merlin… J'en fermai les yeux et allai jusqu'à renverser ma tête contre l'un des murs blancs. Bien… J'étais… bien… Epuisée, mais j'avais rattrapé mon retard en Métamorphoses, j'avais même de l'avance sur le programme… Bien… L'eau ruisselant sur ma poitrine, mes épaules, pour s'écouler doucement. La chaleur…Mes cheveux tressés, quelques mèches ondulant et gouttant, autour de mon visage apaisé. Pourtant, dans cet apaisant brouillard, perça tout de même un vague dépit… Vague… dépit… Mes recherches sur l'anosmie… Eh bien elles n'avançaient pas. Je n'avais pas le temps de rechercher les formules et les équations qui m'aideraient… Alors, ravaler ma fierté, demander à Rogue… Il le faudrait. Demander à Rogue… Rogue… Rogue… Je soupirai, ouvris les yeux, et tressaillis aussitôt. Rogue était là! En plein milieu de la salle de bain. Et j'étais nue devant lui! Je voulus cacher mon sexe et mes seins, ce que je m'empêchai de faire presque aussitôt, le regard noir. Il avait déjà tout vu, j'étais ridicule.

-Qu'est-ce que vous voulez? Sifflai-je par-dessus la cascade d'eau.

Je ne distinguai rien de son expression, dissimulée par le peu de buée déjà sur la paroi transparente. Mais, par contre, le vis parfaitement commencer à se déshabiller. I-il n'allait tout de même pas… Si, Rogue entra dans la cabine, sans plus aucun vêtement, son excitation déjà évidente. Je reculai, d'un seul pas, avant de me cogner au mur glacé de carrelage.

-Vous ne vous êtes pas encore lavée?

Sa voix était neutre, un masque tout à fait impassible recouvrant chacun de ses traits. J'avais du mal à savoir ce qui était le plus effrayant. Surtout que, je le voyais, entièrement, sous la lumière crue de la salle de bain et non dans la pénombre de ma chambre.

-Non.

Je le détaillai malgré moi, détaillai son corps maigre mais puissant, les cicatrices nacrées ou encore d'un noir nécrosé qui maculaient sa peau, ses muscles doucement dessinés et son… sexe à demi dressé.

-Pourriez-vous me laisser faire?

Qu'il ne m'ait pas directement donné d'ordre me passa complètement au-dessus de la tête.

-Non!

Toujours le masque neutre face à moi, et il ne faisait pas mine de combler la mince distance qui nous séparait encore.

-Je ne ferai que vous laver. Je n'irai pas plus loin.

Un vague coup d'œil plus bas m'en fit sérieusement douter. Et malgré ma fatigue, je n'étais pas encore assez sotte pour accorder de la valeur à sa parole.

-Je refuse; crachai-je.

Mon bourreau soupira, se pinçant l'arête du nez et fermant des yeux qui avaient dévoilé soudain, un feu brûlant. Je n'étais pas du tout en sécurité.

-Préféreriez-vous que je vous l'ordonne? Lâcha-t-il finalement.

Je tressaillis, les dents serrées, sans rien trouver à répondre. Est-ce que je préférais être forcée magiquement à le laisser me toucher ou m'abandonner sous la contrainte aux mains de Rogue? Quelle importance? Le résultat serait le même. Je n'avais aucun contrôle, aucun, et n'en aurais aucun pendant encore trois mois. Trois longs mois…

-Bien; susurra-t-il finalement. Pourriez-vous vous approcher?

Pourriez-vous… Je m'exécutai, mes yeux bleu océan emplis de tempêtes. Rogue ne fit aucun commentaire, ni pour mes poings ni pour mes mâchoires serrées, se contentant de m'observer avancer. Et puis je fus face à lui, nos corps mouillés se frôlant dans l'atmosphère étouffante de la salle d'eau. Pour ne pas fixer son torse, je devais relever la tête et affronter son regard de suie, presque neutre. Il prit le gel douche aux agrumes en versa dans sa paume puis reposa la bouteille, étala le liquide sur ses deux mains, qui tremblaient.

-Tout va bien; susurra-t-il sans briser le contact visuel. Je ne vous ferai rien de plus.

Puis ses mains se posèrent sur mon dos. Je tressaillis, Rogue ne fit pas un commentaire, nouvellement muet. Il amena ma tresse sur le devant puis de ses longs doigts fins caressa la base de mon cou, l'échine, descendit trop lentement, puis remonta. C'était répugnant de se laisser toucher de la sorte. Ses mains caressaient mes omoplates, traçant de longs cercles qui se voulaient apaisants, puis effleurant la colonne vertébrale, suivant mes côtes puis mes flancs jusqu'aux hanches, remontant. Je ne pouvais pas m'échapper, pas lutter, j'étais… fatiguée… La colère reflua dans mes yeux, je les baissai, fixant son épaule, la lassitude s'imposa, le brouillard…

-J'apprécierai que vous vous tourniez.

Vague colère, puis j'obéis. Ses bras me rapprochèrent alors violemment. J-je sentis son sexe pulser entre mes fesses ce qui m'arracha un gémissement terrifié, une tentative de fuite. Il me retint plus fort, murmurant encore:

-Je ne vous ferai rien de plus.

S'il pensait que j'allais le croire. Ce traître, Mangemort, bâtard graisseux qui m'avait attirée dans ce piège monstrueux!

-Lâchez-moi! Crachai-je.

Ce que, même dans ma panique, je savais qu'il ne ferait pas. Rogue avait… tous les droits sur moi… légalement! Il ne s'en priverait pas, cela je l'avais compris, et le bref répit qu'il m'avait accordé ne signifiait absolument rien. Il était revenu, il recommençait.

-S'il vous plaît, Lumare; fit-il tout contre mon oreille. Tout va bien se passer, je ne ferai que vous laver.

-Je ne vous crois pas!

Mais je ne pouvais pas lutter contre lui.

-Tout va bien.

Ses mains quittèrent les hanches qu'il avait retenues pour explorer mon ventre plat. Sans aucune gêne, ses doigts effleuraient, caressaient, pressaient ma peau, taquinaient mon nombril. Rogue prit son temps, beaucoup de temps, j'en étais venu à abandonner de nouveau, vraiment fatiguée. Si fatiguée que mon cou, ployant, avait laissé ma tête reposer contre son épaule, que je fermais les yeux. Ensuite, ses mains remontèrent effleurer mes côtes, passèrent le sternum en m'arrachant un frisson. La pulpe de ses doigts s'attarda aux clavicules, puis au cou. Ce cou si fin qu'il pouvait enserrer d'une main. Il ne fit que le caresser, avant de s'aventurer plus bas, patiemment, s'aventurer jusqu'à ma poitrine. J'eus un vague tressaillement lorsque sa main enserra mon sein droit, mais Rogue me maintint les hanches de l'autre, continuant ses attouchements.
Attouchements… écœurants…
Je sentais son sexe pulser entre nos deux corps tandis que le pouce et l'index taquinaient un téton, le pinçaient. Un halètement m'échappa et je détournai la tête, incapable de rester sans réagir. Je devais résister, ne pas ressentir quoi que ce soit d'autre que du dégoût; m-mais une vague de chaleur se répandait en moi, chaque pincement l'amplifiait.
Je ne voulais pas.

-Aah-arrêtez; balbutiai-je. S'il vous plaît.

Les doigts cessèrent aussitôt; et il embrassa doucement ma nuque, comme pour me rassurer. L'eau chaude s'échappait toujours du pommeau de douche, la vapeur d'eau alourdissant l'atmosphère, je me sentais groggy… Je n'enregistrai pas vraiment les mouvements de Rogue, seulement qu'il s'était écarté, que je ne pouvais plus m'appuyer contre lui. Et puis soudain, ses mains caressant l'intérieur de mes cuisses. J'écarquillai les yeux. Encore plus en me rendant compte que Rogue était… agenouillé… devant moi. Il nettoyait avec une douceur irréelle à présent, effleurant la peau, le genou, s'y arrêtant un peu pour continuer ensuite et s'occuper de la jambe. Sa position était tellement surprenante que je ne protestai pas. En position de faiblesse… Je ne protestai pas… Juste… fatiguée…Je finis par cacher ma tête dans ma main, m'autorisai à fermer les yeux, à me déconnecter de la réalité.
Belladone, jusquiame, stramoine et mandragore, solanacées agissent sur le système nerveux végétatif… Qu'est-ce que le système nerveux végétatif, Miss Lumare?... Alphard, aussi appelée l'étoile solitaire est la plus visible de la constellation de l'hydre, elle… Plus leste le poignet, puis vous articulez correctement Extractum… Qu'obtient-on lorsque… L'écoulement d'eau tonitruant cessa soudain, je relevai la tête, tournant des yeux embrumés de fatigue vers celui qui venait de l'éteindre. Rogue s'était relevé, me surplombant de nouveau, et, sans pouvoir me contraindre à regarder plus bas que ses yeux, je distinguais une envie brûlante difficilement cachée par un masque neutre qui se craquelait, se reformait, vibrait comme un cristal sur le point d'exploser… Rogue ne dit rien pourtant, ne fit pas un geste vers moi, je pus sortir de la cabine sans qu'il ne me fasse quoi que ce soit d'autre. Vacillant un peu, j'allais chercher ma serviette, essuyai mon visage, puis fixai vaguement le bâtard graisseux. Il n'avait pas bougé, trempé, les cheveux aussi dégoulinants que les miens. Je ne sais pas vraiment ce qui me prit. J'enroulai ma serviette autour de ma poitrine, et puis allai lui en chercher une propre sous l'évier. L'expression qu'il put avoir lorsque je la lui tendis m'échappa. Quelques pas supplémentaires, je m'éloignai, me séchai puis enfilai culotte, pantalon de pyjama et chemise à l'emblème de Gryffondor. Il y avait… beaucoup… de boutons…Et mes cheveux gorgés d'eau gouttaient sur le tissu. Mais… trop… fatiguée… Juste… au lit… Et puis Rogue, de nouveau dans mon champ de vision. Il me prit la serviette des mains et sans rien me demander détacha ma tresse. Mes longs cheveux ondulés cascadèrent sur mes épaules et dans mon dos… Je réussis à accrocher deux nouveaux boutons… Un tissu posé sur ma tête et puis des mains qui frottent. Je fermai les yeux, arrêtant tout autre mouvement. Chaleur… Réconfort… Avant, peut-être… J'étais comme en sécurité sous la serviette, ces mains qui passaient et repassaient pour me sécher les cheveux … J'étouffai un bâillement. Voulus me rappeler à l'ordre un bref instant, me rappeler qui était l'homme qui me faisait endurer… J'émergeai, la tête bien ébouriffée mais ne pris garde ni au sourire narquois de Rogue ni à la possibilité de me coiffer un peu. Je peinai jusqu'à ma chambre, puis m'effondrai dans mon lit. Les draps étaient si froids. Alors que Rogue qui venait de me rejoindre…
Je me blottis contre cette source de chaleur, sans y être obligée, intérieurement horrifiée par mon acte, mais incapable de m'écarter. Je m'endormis quelques secondes plus tard.