Chapitre 2
Rogue avait quitté le laboratoire dans un envol de cape, pour se retrouver face à deux aurors butés.
-Vous avez interdiction de quitter l'aile P4 du MinistèreMonsieur Rogue!
-Tiens donc, et sur ordre de qui exactement?
-Du directeur émérite de toutes les faction d'aurors, Monsieur Franciscus Gallius Aberswhyth.
-Appelez-moi votre directeur émérite, j'aurais quelques mots à lui dire; susurra Rogue d'une voix venimeuse.
Les deux aurors refusèrent, Rogue menaça de plus belle et finalement envoya son patronus directement vers Aberswhyth. Le sorcier au visage carré et à la barbe rouille et argent fut moins difficile à convaincre que ses hommes. Il ordonna seulement à Marcus d'accompagner l'ancien mangemort partout dans ses déplacements. Ce ne fut pas spécialement au goût de Rogue qui finit tout de même par plier. Les deux sorciers transplanèrent jusqu'à l'Impasse du Tisseur et Rogue rentra chez lui, dans cet appartement sombre et poussiéreux, puant le renfermé, au sol jonché de bouteilles et de déchets. Il prit un grimoire enfoui sous une pile conséquente d'autres ouvrages et de toiles d'araignée, quelques fioles dans des armoires de son laboratoire il lança également un sort sur quelques affaires personnelles pour qu'elles volent jusqu'à un sac rapiécé. Rogue le rapetissa et le fourra dans sa poche. Puis il sortit, l'auror silencieux sur les talons, et ils reparurent dans l'aire de transplanage d'urgence de l'aile P4.
Rogue grimaçait en se rappelant vers quoi il revenait; un laboratoire du Ministère et une ancienne gryffondore insupportable. Cette gamine le faisait sortir de ses gonds, toujours aussi arrogante, aussi fière de ses potions, de ses rédactions, de ses amis, de sa position. Bien sûr sa position la rendait plus fragile, surtout aujourd'hui qu'elle avait besoin de son expertise et qu'elle était personnellement impliquée dans la guérison du premier ministre. Il allait lui en faire baver… Il était si pris dans l'expectative de ce qui l'attendait qu'il en oubliait l'ennui et la dépression qui l'étouffaient depuis des années. D'un coup, par l'irritation que cette gamine hautaine lui procurait, il avait envie de quelque chose, envie de lui faire regretter de se retrouver coincée dans le même laboratoire que lui.
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-Severussss, fais-la pour moi.
D'un tournoiement de baguette le vieux grimoire craquelé s'était ouvert et les pages jaunies s'étaient tournées d'elles-mêmes jusqu'à la page 295. Le jeune Severus Rogue s'était alors avancé et avait lu le nom de la potion: Exitium demens, littéralement la mort du fou. Cette potion était une de celles bannies par le Ministère de la Magie des siècles avant leur ère. Il la connaissait de nom, un nom murmuré par les plus vieux potionnistes, à peine écrite dans les marges d'ouvrages de tortures magiques. La potion qui rendait fou, qui entraînait la victime à se tuer d'elle-même, et qui rendait fou son préparateur. La potion que le Seigneur des Ténèbres lui avait ordonné de préparer.
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Harry avait prévenu sa faction qu'on avait empoisonné un haut dignitaire du Ministère et qu'ils devaient trouver le ou les coupables. Il faisait confiance à Khorine dans son analyse des ingrédients et de la situation, plus qu'à Rogue ou à quiconque, quoi qu'il puisse dire. Et lorsqu'il en avait parlé à Ron celui-ci avait partagé son avis. Ainsi ses agents étaient chargés de trouver d'où venait le whisky empoisonné mais également d'interroger chaque apothicaire d'Angleterre à propos d'un sorcier ou d'une sorcière seul, s'étant procuré de la jusquiame et, ou de l'ammoniac. Harry dans un premier temps se reposait sur les douanes du Ministère. Il étendrait ensuite ses recherches à l'Ecosse, le Pays de Galles, l'Irlande. Si les résultats n'étaient pas concluants dans les prochains jours il enverrait un message à ses collègues d'Outre-Manche et aviserait.
Pour aujourd'hui Ron et lui avaient une trentaine d'apothicaires à visiter. Ils prirent seulement le temps pour un café bien serré puis quittèrent le Ministère. Ginny n'allait vraiment pas aimer ça.
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Après quelques minutes d'immobilité Khorine cessa de fixer la porte du laboratoire. Elle secoua la tête. Rogue avait réussi à sortir, c'était une évidence. Et elle, bête et obéissante comme elle l'était, avait toujours suivi les crispa vaguement les mâchoires puis recula cette pensée dans un coin de son esprit. Elle avait des choses à faire et entre autres prévenir Harry et Ron de ses avancées. Pour cela elle sortit de sa poche un petit gallion. Elle leva sa baguette et traça une par une sur la bordure du sou les lettres du message qu'elle envoyait. Elles se gravaient en rougeoyant et à des kilomètres de là Ron et Harry sortaient leurs gallions vibrant pour apprendre que la potion était connue par Rogue, qu'elle contenait de la jusquiame, que Rogue était allé chercher la recette de l'antidote.
C'était une bonne nouvelle. Harry et Ron lui annoncèrent qu'ils avaient commencé leur tournée des apothicaires et que c'était chou blanc pour l'instant.
Elle leur annonça que Rogue était toujours aussi infect.
Ils se souhaitèrent mutuellement bonne chance et rangèrent leurs gallions.
Elle était certaine que là où ils étaient Harry et Ron plaisantaient au sujet de sa collaboration forcée avec l'Abominable homme graisseux des cachots. Ils auraient raison de le faire, Rogue et elle se battaient dans ce laboratoire comme des gamins, à savoir qui en savait le plus, qui trouverait en premier. Il était temps qu'elle se comporte en adulte s'il ne le faisait pas. Oui, elle allait lui montrer. Elle ne chercherait plus à l'impressionner, c'était peine perdue. Elle allait seulement travailler, travailler pour sauver le premier ministre. Avec Rogue ou non, cela ne changeait rien.
En l'attendant elle nettoya leurs plans de travail, chaudrons et ustensiles. Elle était occupée à nettoyer un flacon de 5 centimètres qui avait contenu de l'essence de murlap lorsque la porte du laboratoire s'ouvrit dans un retentissement et que le maître des Potions reparut.
Elle abandonna aussitôt son nettoyage et s'avança vers lui. Rogue tenait entre ses longs doigts fins un grimoire épais, au cuir craquelé et noirci au bord, aux pages jaunies et poussiéreuses. Elle ouvrit de grands yeux pleins d'émerveillement. Quelles potions oubliées devaient se trouver tapies entre les lignes de cet ouvrage? Quel… Rogue ouvrit sans ménagement le vieux livre et en retira d'un mouvement sec une botte de six parchemins. Khorine eut un petit cri avant de se rendre compte que les parchemins étaient recouverts de l'écriture de Rogue. Celui-ci lui adressa un regard méprisant avant de repousser le grimoire et d'étaler ses feuilles devant lui. Les mains crispées contre les bords du plan de travail, il resta silencieux de longues secondes. Khorine se rapprocha encore un peu, juste assez pour pouvoir déchiffrer le nom de la potion et les premières indications.
-Lumare; grinça soudain Rogue la faisant sursauter, cessez de me tourner autour. Si vous n'avez rien de mieux à faire continuer de laver votre vaisselle.
-Je suis ici, Rogue, pour travailler sur l'antidote qui sauvera le premier ministre, pas pour faire votre vaisselle.
-Toujours aussi arrogante n'est-ce pas? Rétorqua-t-il en se tournant d'un geste brusque vers elle. Et qui vous dit que j'accepterai de vous avoir dans les pattes?
-Nous travaillerons plus vite à deux.
-Je travaillerai plus vite sans votre encombrante et incompétente personne; lâcha Rogue en la fixant méchamment.
Khorine se sentait prête à exploser sous la colère et la peine. Sauf qu'elle devait se calmer. Elle avait abandonné l'idée qu'il puisse un jour l'estimer, elle avait abandonné l'idée, elle avait abandonné l'idée. Elle relâcha lentement la tension de tous ses muscles et se redressa. Le maître des potions fronça les sourcils.
-Je répugne à vous forcer la main mais vous ne me laissez pas le choix; dit-elle. S'il faut que j'appelle Maître Lindsforth pour qu'il vous force à coopérer avec les aurors je le ferai, et s'il ne suffit pas j'en réfèrerai à Monsieur Aberswhyth qui n'appréciera pas qu'un sorcier civil se soit permis d'empêcher une aurore d'accomplir son devoir. Or Monsieur Rogue je suis une aurore, et mon devoir est, dans ce cas précis, de procurer au Premier Ministre l'antidote qui le sauvera.
-Des menaces maintenant? C'est ainsi que vous remerciez ceux qui répondent à l'appel du Ministère?
-Nous vous remercions du temps que vous nous avez accordé Monsieur Rogue, à présent que vous avez trouvé le nom du poison et la recette de son antidote vous pouvez retourner à vos occupations.
Rogue grimaça devant la petite peste qui le prenait encore de haut. N'était-il pas ancien Mangemort, espion pour l'Ordre du Phénix, survivant de deux guerres, détenteur de l'Ordre de Merlin deuxième classe, maître des potions le plus réputé de Grande-Bretagne?
-Vous… pouvez… allez chercher… les ingrédients; siffla-t-il entre ses mâchoires fermées.
Khorine hocha la tête. Elle avait gagné. Elle lui obéit sans un mot, se penchant pour lire la liste des ingrédients et se déplaçant vers la pièce du fond remplie d'ingrédients.
-Il manque un sabot de maledictus, de la poussière…
-Sur la table; la coupa-t-il.
Elle hocha la tête.
Quelques heures plus tard ils continuaient à se parler par groupe de mots ou monosyllabes. On leur avait apporté leur déjeuner au laboratoire, qu'ils n'avaient pas touché. La potion leur importait plus.
Il était 18 heures lorsque Khorine put se détendre un peu. La première partie de la potion était finie, ils devaient attendre sept heures à présent avant de reprendre leur préparation. Elle s'approcha de son plateau repas et dévora tout ce qu'il contenait.
-Allez vous coucher, nous reprendrons à une heure.
Elle acquiesça et ils sortirent du laboratoire tous les deux pour que les aurors les guident vers leurs quartiers. Ils se situaient à deux couloirs de là. Appartement P218 pour Khorine, P219 pour Rogue. Ils y entrèrent sans un mot, laissant les aurors à la porte et Khorine visita le tout. Grand salon en pierre grise, table de fer contre le mur, deux chaises, une cheminée vide, une porte à droite menant à une douche et des toilettes grises et blanches, une porte à gauche menant à une chambre tout aussi triste. Khorine sortit sa baguette, elle redécora tout le logement aux couleurs de Gryffondor. Ce ne fut qu'une fois satisfaite qu'elle prit une douche rapide et partit se pelotonner dans son lit. La jeune sorcière avait tant d'heures de sommeil à rattraper qu'elle s'endormit en quelques secondes.
A minuit cinq on toqua à sa porte. A minuit huit on l'ouvrit avec impatience, à minuit neuf on piétina le tapis rouge et or, à minuit neuf et quarante-neuf secondes on ouvrit la porte de sa chambre et à minuit dix Rogue s'arrêta à quelques pas du lit de l'aurore.
Elle dormait, paisiblement, sa poitrine se soulevant à intervalles réguliers. La lumière du couloir permettait à Rogue de voir la jeune femme endormie, un bras relevé sur l'oreiller blanc et le bout de ses phalanges caressant sa joue, ses paupières fermées. Il pouvait distinguer ses longs cheveux noirs qui ondulaient sur ses épaules et l'oreiller, la forme de son corps sous les draps.
Il sortit sa baguette et la pointa vers la sorcière. Il pouvait lancer un Aguamenti, il n'avait qu'à prononcer les neuf lettres, elle mettrait un peu de temps pour se sécher mais serait parfaitement réveillée. Elle se rappellerait ainsi qu'il ne fallait jamais tenter d'arriver en retard avec lui. Ses yeux ne quittaient pas le corps endormi. Quand il pensait que c'était une aurore qu'il surprenait dans son sommeil. Il lança un sort, mais sur la porte derrière lui, et celle-ci claqua comme une main sur la figure de la jeune femme. Elle se réveilla en sursaut, hagarde, les doigts crispés sur sa propre baguette.
-S'que c'est?
-La preuve de votre incompétence ce n'est rien; se moqua Rogue en rangeant la sienne et se détournant dans un envol de cape. Habillez-vous, prenez votre petit-déjeuner, vous avez dix minutes.
Khorine fit une moue de rébellion et le rejoignit au laboratoire 10 minutes et 56 secondes plus tard. Rogue l'accueillit sans un regard, coupant une radicule de botruc sans effort, sans différence dans la taille des fines tranches, sans fil dépassant. La jeune femme soupira et se mit au travail près de lui. Silencieusement ils préparent les ingrédients de la deuxième partie du relinquere demens, leur antidote. A 11 heures du matin ils purent se reposer une heure, puis reprendre le travail. La journée se poursuivit, entrecoupée de courtes pauses. A 23 heures ils eurent quatre heures de repos. Khorine métamorphosa la première chaise venue en matelas et s'effondra dessus.
-B'nuit; murmura-t-elle avant de basculer dans le monde des songes.
Rogue ne dormit pas. Il était entraîné à créer des potions, n'importe quelles potions, bien plus que la jeune femme. Il fit voler à lui un des grimoires de la pièce et le feuilleta sans entrain. Sa respiration profonde près de lui le perturbait. Et la gamine n'avait même pas mis de réveil, elle comptait sur lui pour être réveillée! Il grommela et cette fois, ne se priva pas d'un aguamenti bien senti.
-Grossier personnage! grogna-t-elle après avoir bien crié et rameuté les deux nouvelles aurores de garde.
-Vous comptiez sur moi pour vous réveiller, n'est-ce pas? C'est chose faite.
-Même pas désolé; marmonna-t-elle en sortant sa baguette.
Il lui fallut un puissant Tergeo pour ne plus sentir la moindre goutte d'eau sur elle. Ensuite ils se remirent au travail. Cette manière de travailler était épuisante, elle avait l'impression d'être dans ce laboratoire depuis au moins une semaine alors que ce devait être le troisième jour seulement. Les jours s'effaçaient sans fenêtre ni lumière du dehors, la fatigue effaçait tout le reste, son esprit n'était focalisé que sur la potion. Elle touchait du doigt le bonheur d'un travail de création sans frein d'horaires, de dates, de préparations de repas, de rendez-vous ou de patrouilles. Vaguement elle se rappelait qu'ils étaient en octobre. Maintenant qu'elle s'en souvenait, elle se demandait comment allait Harry et Ginny, et Ron et Hermione…
Ils reprirent le travail sur l'antidote mais Khorine n'était plus aussi impliquée qu'avant, elle pensait à ses amis. Vers le milieu de l'après-midi alors qu'elle pensait les contacter par gallion dans les heures qui suivaient on toqua à la porte. Harry apparut dans l'embrasure de la porte.
-Khorine, Professeur Rogue; salua-t-il.
-Harry!
-Potter.
-Est-ce que je peux vous emprunter Khorine un moment? Demanda-t-il à Rogue avec beaucoup de sérieux.
Elle s'attendait à beaucoup de réactions de la part du sorcier, mais pas à ce regard orageux qu'il renvoya. Il n'eut qu'un bref hochement de tête comme réponse, pas de sarcasme ou de moqueries dégradantes. Il n'aurait rien pu dire de toute façon, elle avait pris de l'avance et il n'avait pas besoin d'elle avant au moins une heure. Khorine finit le broyage de ses fèves soporifiques, se lava les mains puis suivit son meilleur ami hors du laboratoire. A sa grande surprise les aurores ne bronchèrent pas.
-Ça va? Commença Harry incertain.
-Je vais juste mourir de sommeil, sinon ça va. On avance bien, d'après Rogue dans cinq jours à ce rythme on a fini l'antidote! Bon bien sûr c'est éprouvant, en plus travailler avec Rogue c'est extrêmement… euh éprouvant aussi. Il ne parle pas, sauf pour te critiquer, pour te donner des ordres en te traitant de cervelle d'huître ou de cornichon, il te réveille avec un aguamenti, il… Il est vraiment… C'est plus dur de travailler avec lui que de fabriquer l'antidote! Et avec le manque de sommeil j'ai peur de faire une bêtise alors je relis au moins cinq fois toutes les indications et je demande à Rogue de répéter, ce qu'il déteste. Bref… Bref… Un lit et un dîner avec vous c'est tout ce que je demande. Mais j'aime bien hein! C'est mon métier! C'est gratifiant, fascinant de voir la potion prendre forme et couleur. Hum… Comment va Ginny?
Harry la regardait avec de grands yeux. Il l'avait toujours su au fond que Rogue pouvait rendre les gens fous. Et plus sérieusement, son amie avait besoin de sûr elle était plus têtue que Ginny par moment, spécialement en ce qui concernait les potions, et refuserait de dormir, lui en voudrait même s'il le lui ordonnait. Il finit par soupirer.
-Comment va Ginny? Répéta Khorine en commençant à s'inquiéter.
-Viens dans mon bureau, je vais demander du thé et des brioches. Ne t'inquiète pas! Grogna-t-il en avisant la tête que faisait Khorine. Elle va bien. Beaucoup mieux que toi.
Khorine marmonna qu'elle se sentait très bien et suivit Harry dans son bureau. Là elle dévora trois brioches en un temps record, bu quatre tasses de thé, apprit que la nouvelle avait fuité et que toute la population magique savait que quelqu'un avait tenté d'assassiner le premier ministre.
-Khorine… On dirait que Voldemort est revenu. Les gens nous fixent avec de la peur dans les yeux. Les rues se vident.
-Des gens violents vont se réveiller m'est avis; commenta Khorine d'un ton détaché.
-J'en ai bien peur; soupira Harry en se passant une main dans ses cheveux ébouriffés.
Sinon les recherches avançaient ils avaient fait tous les apothicaires d'Angleterre et avaient trouvé une vieille folle qui se rappelait d'un homme.
-Angus Friedelssum et Petra Longerth sont allés la voir une première fois. Elle leur a tout de suite avoué que quelqu'un avait acheté de la jusquiame chez elle, et des fèves soporifiques. D'après elle elle est nationalement connue pour ses excellents plants et tout le monde va la voir pour lui acheter de la jusquiame, mais généralement les quantités sont énormes. Donc d'après les dires de cette sorcière un homme est entré, avec des yeux bleus, visage fin, dans les 20 à 30 ans, avec une cape noire qui recouvrait ses vêtements. Le seul problème c'est que lorsqu'ils sont revenus avec une plume portraiteuse pour dessiner le visage du suspect elle avait disparu. Cinq de mes hommes la recherchent, les autres continuent leur travail.
-La vieille sorcière dont tu parles, ce ne serait pas Vivelda Hyoscielmina? Elle ne t'a pas menti, en tout cas sur la jusquiame. J'aurais dû y penser plus tôt… et te le dire! Merlin c'était évident! Sa famille s'est spécialisée dans les ventes de jusquiames depuis 1674… ou 1476? Bref, ils sont extrêmement reconnus dans la communauté des potionnistes. J'espère qu'elle reviendra.
-Est-ce que tu l'as déjà vue? Est-ce qu'elle avait toute sa tête?
Khorine était occupée à engouffrer sa quatrième brioche quand la question tomba. Elle mâchonna aussi rapidement qu'elle le put.
-Touute sa tête! C'est certain! Et elle n'abandonnerait pas son apothicairerie pour tout l'or du monde! Si elle est partie je ne vois que deux possibilités: soit elle est partie se cacher ce que j'espère vraiment… soit l'empoisonneur l'a rejointe avant nous.
Ces derniers mots tombèrent de tout leur poids au milieu de la pièce. La jeune sorcière reposa sa cinquième brioche, elle n'avait plus faim.
-Tu penses qu'elle nous a dit la vérité?
-Oui; murmura-t-elle.
Harry hocha la tête, il faudrait agir en conséquence. Ils prirent un peu de temps pour discuter de leurs amis, des affaires d'Hermione et de son aide sur le dossier de l'empoisonneur, de Ron qui était parti dans le Lincolnshire pour trouver d'autres apothicaires. Pour terminer Harry lui remit une boîte en fer contenant de gros morceaux de pain d'épice.
-De la part de Ginny; annonça Harry dans un sourire. Elle s'inquiète pour toi.
-Merci; murmura Khorine en ouvrant la boîte et respirant l'odeur de miel, de cannelle, de gingembre, de muscade…
Peu après il la raccompagna jusqu'à son laboratoire dans l'aile P4. Deux nouveaux aurors se tenaient en faction. L'un d'eux avait les yeux bleus. Khorine le remarqua aussitôt. Mais ses traits étaient épais et il devait tirer vers les 50 ans, elle passa sans une remarque.
-Bon courage; souffla Harry avec un petit sourire moqueur.
Khorine lui sourit en retour. Ils se quittèrent à regret. Lui retournait vers la lumière, elle s'engouffrait dans son laboratoire avec la chauve-souris graisseuse des cachots.
