Chapitre 11
Contre toute attente, ils passèrent le week end ensemble et se donnèrent rendez-vous le vendredi soir chez Khorine. Celle-ci profita de sa semaine pour rendre visite aux elfes des Cairngorms, à son filleul, Alice et Franck. Elle passa du temps avec son père, alla voir Albus et Hagrid, et prit un verre avec Emmeline. En rougissant, elle lui confia les derniers développements avec Severus. Sa meilleure amie secoua la tête et lui promit d'étriper le bougre s'il faisait quoi que ce soit pour lui nuire. Khorine sourit, heureuse.
Lorsqu'elle retrouva Severus le vendredi soir, elle s'aperçut de la chaîne qu'il portait autour du cou et de la bague qui y pendait.
Elle lui sourit.
Ils recommencèrent à se voir, tous les vendredi soirs, dépassant souvent sur le samedi et parfois le dimanche. Se promenant dans le parc de Poudlard, lisant ensemble au coin du feu, visitant la forêt des Cairngorms, débattant sur tous les sujets qui se présentaient.
Un vendredi soir, Khorine rentra chez elle toute excitée, pour trouver Severus déjà installé devant le feu.
-Severus! Lâcha-t-elle en lui adressant un sourire resplendissant.
-Tu n'es pas souvent en retard; fit-il remarquer en haussant un sourcil.
-Severus tu n'en reviendras pas; continua-t-elle sans s'en soucier. Musora est enceinte!
Il y eut un instant de flottement. Puis un petit sourire étira les lèvres de Severus et elle fut certaine de lire une lueur d'affection au fond des yeux noirs. Son coeur se serra.
-Alors, il faut fêter cela; répondit Severus en se levant. Vieil Ogden?
Il ouvrit un placard dans le salon.
-Fais comme chez toi; souffla Khorine secouée.
Ce qu'elle venait de lire dans ses yeux. Comme elle espérait, un jour, en être la cause. Elle cacha son trouble derrière son verre et trinqua avant de le vider cul-sec. Comme elle espérait, un jour...
oOo
Un samedi après-midi, alors qu'ils étaient tous deux dans le salon du cottage occupés à lire et gribouiller des notes sur des morceaux de parchemin, un lointain grognement leur parvint. Khorine releva aussitôt la tête.
-Que se passe-t-il? Demanda Severus en la voyant se lever.
-Musora...; lâcha Khorine avant d'ouvrir la porte d'un informulé et de courir dehors.
Severus se leva et s'apprêtait à la suivre lorsqu'il la vit revenir. Musora la suivait, accompagnée de cinq louveteaux, et d'un énorme loup gris qui grondait à la porte.
-Que...
La gueule de Musora dégoulinait de sang et... il y avait une boule de fourrure entre ses crocs. Elle la lâcha délicatement sur le parquet. C'était un louveteau. Son aura d'un vert forêt était pratiquement éteinte. Il respirait à peine, roulé en boule, sa fourrure noire poisseuse de sang. Khorine s'agenouilla aussitôt auprès de l'animal. Elle posa une main sur lui, cherchant la blessure. Le loup gris gronda violemment. Khorine ne bougea pas. Severus sortit sa baguette et la pointa vers le prédateur.
-Severus, la régénération sanguine, placard du haut, l'Assanio et le filtre de paix, deuxième en partant du bas. Ne l'attaque pas. C'est le père de la portée.
Le sorcier hésita, puis rangea sa baguette et partit dans le laboratoire chercher les trois fioles de potion. Pendant ce temps Khorine identifia les blessures du petit. Il avait dû faire une chute, un rocher semblait lui avoir perforé le ventre et ses deux pattes avant étaient brisées. De sa baguette elle effleura la première patte. Un couinement s'échappa de la boule de poils.
-Episkey; murmura Khorine.
Une série de craquements retentit. Musora détourna la tête vers l'autre loup, prête à bondir. Khorine passa à l'autre patte...
-Episkey...
Un râle rauque échappa à la louve qui se campa entre Khorine et le loup argenté. Le louveteau gémit encore, plus faiblement. Severus accourut avec les fioles.
-Assanio, trois gouttes; demanda Khorine en passant son doigt entre les mâchoires du bébé.
Severus obtempéra.
-Dans une minute, cinq gouttes de régénération sanguine...; lâcha Khorine avant de se tourner vers la blessure au ventre.
Musora avança vers son compagnon, les oreilles baissées, les crocs sortis.
-Vulnera sanentur; marmonna Khorine, sa baguette décrivant un cercle délicat autour de la plaie... Vulnera sanentur, vulnera sanentur, vulnera sanentur, vulnera sanentur, vulnera sanentur, vulnera sanentur...
Les gouttes de régénération sanguine tombèrent dans la gorge du petit. Le loup argenté n'attaqua pas. Khorine écarta délicatement les poils du ventre pour vérifier que la plaie s'était bien refermée. Puis elle ferma les yeux, leva sa baguette et une main ouverte au-dessus du petit corps, puis lâcha:
-Sanguinolentiae quaeruntur...
Sa main tâchée de sang et sa baguette se déplacèrent doucement au-dessus des pattes avant, de la poitrine, du ventre et y restèrent avant de passer au dos, aux hanches, aux pattes arrière. Les mains de Khorine retombèrent, elle soupira. Elle avait fini.
-Il lui faudrait deux gouttes de filtre de paix s'il te plaît Severus.
Le maître des potions s'exécuta et puis Khorine appela Musora. La louve se détourna aussitôt et s'approcha de son petit. Il leva sa tête, dardant son museau vers sa mère qui le lui lécha gentiment, avant qu'elle ne retombe. Il ferma les yeux, et s'endormit. Sa poitrine se souleva et s'abaissa à un rythme qui devint régulier. Musora lécha le sang de son petit et les cinq louveteaux autour se rapprochèrent en couinant.
-Il lui faudra du repos, et de la viande. Il ira mieux dans quelques jours.
Khorine flatta la louve du bout des doigts avant de se lever et de revenir avec une grosse côte de porc. Musora laissa ses louveteaux la dévorer, se frotta contre les jambes de Khorine, puis prit son bébé dans sa gueule et repartit avec sa portée. Le loup gris fixa encore un moment le cottage, avant de se détourner et de disparaître dans la forêt.
Les deux sorciers soupirèrent et Khorine finit par éclater de rire. C'était nerveux. Elle fixait ses mains pleines de sang.
-Tu as fait ce qu'il fallait; tenta Severus en posant une main sur son épaule.
Elle soubresauta encore quelques instants puis Khorine se tourna vers lui et ses yeux océan étaient remplis de larmes.
-J'ai eu peur... de ne pas pouvoir le soigner...
Severus leva aussitôt une main contre sa joue, les doigts enfouis dans les cheveux noirs.
-Tu as fait ce qu'il fallait; murmura-t-il en se rapprochant.
Khorine lui sourit, ancrée au fond de ses yeux noir de nuit. La tension la quitta, ses épaules se relâchèrent.
-Je suis contente que tu aies été là.
-Tou... Oui; s'interrompit Severus.
Khorine n'y prêta pas attention et lui sourit encore avant de se détourner pour se laver les mains. Lorsqu'ils retournèrent lire auprès du feu, Khorine rejoignit Severus sur le canapé du milieu et posa sa tête sur ses genoux. Severus soupira. Ils reprirent leurs lectures respectives.
oOo
Et quelques semaines plus tard un petit louveteau au pelage noir gambada avec sa maman jusqu'au cottage. Khorine s'agenouilla, le prit dans ses mains, le caressa et enfonça son visage dans le pelage tout chaud.
-Tu es vivant; murmura-t-elle gentiment. Ne me refais plus jamais une peur pareille.
Le bébé jappa en retour et puis se roula en boule entre ses jambes. Musora se rapprocha de Khorine et donna de petits coups de tête contre son épaule.
-Qu'est-ce que...
Musora continua, insistant, ses yeux d'un bleu de nuit fixés à ceux océan.
-Il pourrait rester avec toi Mus'... Attends encore un peu...
Musora claqua des mâchoires avant et bougea la tête sans la quitter du regard.
-Ses os se solidifieront...
Elle tapa des pattes contre le sol, bougeant encore la tête. Khorine soupira en souriant:
-Tu as déjà pris ta décision, hein?
Musora jappa avant de caresser son bébé du bout du museau.
-Je le protègerai, il sera en sécurité ici; lui promit Khorine.
La louve s'allongea à ses côtés, la tête sur ses genoux, près du louveteau endormi. Elles restèrent un long moment ainsi, dans ce silence paisible, emmitouflée dans la chaleur du salon, veillant sur le petit corps assoupi. Puis Musora se leva, elle lécha le visage de la sorcière sur toute sa longueur, la faisant rire, puis quitta le cottage et fut bientôt avalée par la forêt.
Khorine soupira et son regard retomba sur le louveteau.
-Bienvenue chez toi; lui murmura-t-elle, je ne connais pas encore ton nom mais je prendrai soin de toi. Tu deviendras aussi fort que ta maman et un jour, lorsque tu le souhaiteras, tu pourras retourner dans la forêt, fonder ta propre meute et je serai là.
Elle lui sourit gentiment et se releva avec précaution pour retourner près du feu et continuer ses calculs de concentration en prenant soin de ne pas le réveiller.
oOo
Le louveteau se faisait les dents sur un gros os près du feu tandis que Severus et Khorine étaient sur le canapé. Khorine lisait, la tête sur les genoux du sorcier, celui-ci fixait les flammes en silence, perdu dans ses pensées, jusqu'à ce que:
-Khorine?
-Hmm?
-Tu as une certaine... affinité avec les loups.
Khorine fronça les sourcils et leva les yeux vers Severus.
-Musora était ton familier, n'est-ce pas?
-Oui; confirma la sorcière.
Elle ne voyait pas où il voulait en venir.
-Ce louveteau est ton nouveau familier.
-Pas exactement, c'est encore un bébé, il ne peut pas faire le choix conscient de partager ses pouvoirs avec moi.
-Mais vos magies sont en train de se lier.
Ce qu'il disait ressemblait étrangement à des assertions. Elle soupira:
-Où veux-tu en venir?
Le coin des lèvres de Severus s'étira vers le haut, et Khorine ne put s'empêcher de le trouver attirant, l'espace d'un instant, avant qu'il ne continue.
-Tu as une affinité forte avec la magie brute, tu vois les auras, excelles en duel, tu attires tes familiers. Je ne peux m'empêcher de penser que tu as dû tester toutes les formes de magie qui existent.
Khorine se tendait au fur et à mesure. Elle finit par se redresser et faire face au sorcier, le visage inexpressif.
-Et?
-Je me demandais; continua Severus de sa voix de soie, si tu avais tenté la métamorphose animagus.
Khorine se détendit subrepticement:
-Oh...
Elle détourna la tête vers les flammes.
-Oui... j'ai tenté...
-As-tu réussi?
-J'ai réussi; répondit Khorine sans chercher à mentir.
Au fond d'elle-même elle voulait lui dire la vérité. Et s'il posait les bonnes questions elle se surprenait à penser qu'elle pourrait même lui révéler tout ce qu'il souhaitait. Ce n'était ni sage ni prudent. Elle aurait dû s'éloigner.
-Et que s'est-il passé? Demanda Severus.
Et sa voix presque rauque lui caressait l'oreille et faisait frissonner sa peau.
-Un jour, je suis restée coincée; avoua-t-elle sans le regarder. C'est McGonagall qui m'a trouvée et m'a permis de revenir. Je ne l'ai plus jamais fait par la suite.
-Donc tu étais encore à Poudlard à ce moment-là. J'imagine que ce devait être au même moment que la finale du club de duel.
Elle se retourna violemment vers lui.
-Tu es au courant pour ça aussi? Siffla-t-elle.
Il lui sourit, ce qui la désarçonna:
-Pomona est très bavarde en ce qui concerne ses anciens élèves.
-Je vais lui dire deux mots à celle-là; grommela Khorine mais déjà elle ne sentait plus de colère en elle.
Elle jeta un coup d'oeil vers le sorcier. Il la fixait et son regard était presque doux.
-N'aurais-tu pas envie de... réessayer? Proposa-t-il.
-Non!
Elle aurait voulu partir, s'éloigner, mais la chaleur de sa cuisse contre la sienne était réconfortante.
-Je serais là pour te ramener si tu perdais le contrôle.
-Tu ne sais pas ce que tu me demandes; lâcha Khorine en détournant le regard.
Les doigts fins de Severus vinrent glisser contre sa peau et lui effleurer le menton pour que ses yeux reviennent rencontrer les siens. Ils étaient d'un noir abyssal. En faisant un effort pour ne pas s'y noyer, elle voyait leur douceur, l'attention qu'il lui portait.
-Je peux être là pour toi; sussura-t-il et ses mots plus que sa voix lui arrachèrent un frisson.
Oh c'était dangereux. Si elle se risquait à lui faire confiance, elle... Ses barrières n'étaient plus jamais tombées, après ce jour-là. Il ne savait pas ce qu'il lui demandait. Il ne l'aimait même pas.
Khorine inspira fortement, et puis se recula, quitta le canapé. Peu importait. Elle crispa les poings, fixant Severus, puis se concentra. Elle visualisa les oreilles en premier, longues et duveteuses, sensibles, et puis les poils noirs qui descendaient sur son visage, son museau affuté, ses crocs, les poils encore plus long descendant sur sa poitrine et ses épaules... Elle les sentait sortir de sa peau... Ses longues pattes fines et puissantes, les griffes sortant de ses orteils, son ventre, ses pattes arrière, sa longue queue touffue... Elle gronda; et rouvrit les yeux. Ses yeux océan. Ils se fixèrent sur Severus et ses babines se retroussèrent, se refermèrent, sa tête tourna en direction du louveteau. Ce dernier la fixait, un sourire extatique au museau, tambourinant des pattes avant. Elle secoua la tête vers lui et s'approcha. Il jappa et bondit sur sa patte avant gauche. Elle sauta de côté pour l'éviter. Il gambada après elle, et ils commencèrent à jouer ensemble dans le salon. Elle était envahie par les sensations, les muscles roulant sous sa peau, la douceur de sa fourrure, les couinements du petit, l'odeur du feu, l'odeur de forêt et de pluie de Severus. Elle se sentait en sécurité et comme pataugeant dans un cocon de bien-être. Elle vint s'allonger près de la cheminée, comme Musora avant elle, et laissa le petit jouer avec sa queue. Son regard revint se poser sur le sorcier. Il souriait d'un côté. Elle voyait le bout de ses molaires jaunes.
Sans commentaire.
Elle posa la tête contre ses pattes avant et ferma les yeux, se laissant envahir par la chaleur de l'âtre. Elle bougeait la queue de temps en temps. Et ce ne fut que bien après l'endormissement du louveteau qu'elle retrouva forme humaine. Facilement. Instinctivement.
Elle s'approcha du canapé et rejoignit Severus qui leva les yeux de son grimoire.
-Eh bien?
Elle renifla, pas d'humeur pour ses sarcasmes et lâcha:
-Il s'appelle Aldwin.
Severus hocha lentement la tête, puis revint à son grimoire, et Khorine -tout en boudant- posa de nouveau sa tête contre les genoux du sorcier. Elle n'avait fait que se retransformer, et rien de plus. Cela ne voulait rien dire, il le savait aussi bien qu'elle.
oOo
Peu de temps après, Neville fêta son cinquième anniversaire. A la fête furent invités une bonne partie des Weasley, toute la famille des Londubat, et Khorine.
Elle laissa les enfants jouer avec Al tout en gardant un oeil sur eux.
Les rires des enfants résonnaient dans le jardin ensoleillé, les jappements de son louveteau aussi, les conversations des adultes bruissaient et Franck et Alice rayonnaient de bonheur. Khorine souriait. Et parfois, du coin de l'oeil, elle apercevait une ombre et se retournait, en vain. Khorine souriait toujours. Et quelque chose grandissait dans sa poitrine. Un vide. Immense.
oOo
La neige recouvrait tout le sous-bois et les branches basses des arbres de la Forêt Interdite. Al était caché dans les replis de sa capuche sur son épaule et la réchauffait. Severus marchait à quelques pas de là à la recherche de coeurs de glace.
-Severus...; commença Khorine le coeur serré... Est-ce que tu accepterais de passer Noël avec moi et l'Ordre? Cette année ce serait chez Alice et Franck.
Il ne leva même pas les yeux vers elle.
-Non.
Cette voix basse et froide lui fit comme un coup de poignard dans le ventre.
-Pourquoi pas?
-Ne fais pas l'enfant; soupira Severus.
-En quoi, plaît-il, ferais-je l'enfant? Siffla-t-elle.
-La seule raison qui pousse les membres de l'Ordre à me tolérer est que Dumbledore se porte garant de moi. Je peux t'assurer qu'aucune sentimentalité ne me rattache à votre petit groupe et que personne ne verrait ma présence d'un bon oeil.
-Tu pourrais venir avec moi; le contra Khorine.
Severus se tourna alors vers la sorcière, son regard d'un noir de nuit. Il ne reflétait aucune émotion.
-Pourquoi voudrais-tu que je t'accompagne? Une envie de gâcher le réveillon des Londubat? Lâcha-t-il d'un ton monocorde.
-Tu pourrais venir avec moi; répéta Khorine butée sans lui répondre.
Le sorcier se redressa et quelque chose dans son aura se brouilla:
-Je ne laisserai personne nous associer plus que ce qui a déjà été fait. Dois-je te rappeler l'article de Skeeter après le dernier symposium?
-Quelle importance?
-Quelle importance? Gronda Severus. Je suis un monstre pour une bonne partie de la population, et de l'Ordre. Comment crois-tu qu'ils réagiraient en te voyant à mes côtés?
-N'importe quoi, tu es vu comme le sauveur des Londubat et comme un potionniste de génie.
Il ricana à cela, quelque chose de sourd et de sinistre, qui résonna dans toute la forêt.
-Tes "alliés" tireraient à vue en me voyant arriver et seraient horrifiés en apprenant ce que tu m'as laissé te faire.
Une tempête s'amoncelait derrière les prunelles de la sorcière.
-Qu'est-ce que je t'ai laissé me faire exactement?
Il s'avança et Al gronda soudain dans sa capuche. Khorine sursauta, et l'instant d'après était collée contre un arbre, la main de Severus autour de sa gorge.
-Ravager ton corps de mes dents et m'enfoncer entre tes cuisses, encore, et encore, jusqu'à te faire jouir en criant mon nom; sussura-t-il dans son oreille.
Al bandait ses muscles, les griffes enfoncés dans les replis de la cape de Khorine, prêt à sauter. Khorine leva sa main gauche, mais pour caresser la tête du louveteau. Elle pouvait encore respirer malgré la poigne de Severus.
-C'est comme ça que tu le vois, n'est-ce pas?
Et sa voix à elle était gelée.
-C'est comme ça qu'ils le verront, tous. Personne n'est assez fou pour me croire innocent, ou animer de bonnes intentions; lâcha-t-il un sourire amer au coin des lèvres.
-Lâche-moi; siffla-t-elle.
-Ou quoi? Se moqua-t-il en resserrant sa poigne.
Des éclairs illuminèrent les prunelles de la sorcière avant qu'elle ne siffle:
-Ou tu vas le regretter.
Les premières étincelles de magie crissèrent autour d'elle. Severus conserva sa prise.
-Ils te diront que je me suis servi de toi, que je suis un traître. Ils chercheront des traces d'Impero; finit-il en ricanant.
Ses doigts se resserraient.
-Ils t'arracheront à moi!
Les yeux de Khorine percutèrent les siens. Et puis elle sourit, d'un air sinistre, avant de lâcher:
-Oh non Severus, c'est de ton fait.
L'instant d'après une violente magie explosa entre eux et propulsa Severus en arrière. Son corps percuta un bouleau dix mètres plus loin avant de s'écraser au sol. La neige crissa. Khorine caressa le louveteau dans son cou. Elle ne bougea plus, fixant le corps du sorcier. Il se releva.
-Khorine...; lâcha-t-il.
Elle se détournait déjà et n'attendit pas plus pour transplaner loin de lui.
La sorcière apparut sur le perron de son cottage et rentra chez elle. Le louveteau lui lécha la joue avant de bondir vers la cheminée. Khorine enleva ses gants, son écharpe, sa cape. Son regard était vide, sa gorge, prise dans un étau, un acide lui dévorant le ventre, et son coeur se tordant derrière ses côtes.
Elle haleta en s'asseyant.
C'était fini.
Avant même d'avoir commencé.
Il l'avait toujours vu comme une pièce de viande, malléable, faible...
Sa tête partit en arrière, sans force. Elle haleta encore, fixant les lames de bois du plafond. Sa vue se brouillait.
Et puis soudain, Aldwin gronda, et elle sentit sa présence.
Elle releva la tête, des mèches tombant contre sa joue. Elle n'avait plus la force de parler.
-Khorine; l'appela le sorcier, pourquoi as-tu insisté pour que je t'accompagne?
-Ca n'a plus d'importance; s'entendit-elle lâcher.
Il s'approcha d'elle et n'était plus qu'à quelques pas, et elle sentait son aura nacrée d'ombres.
-Tu connaissais déjà ma réponse, pourquoi as-tu demandé?
Elle crispa les mâchoires. Quelle imbécile n'est-ce pas? Elle qui connaissait déjà la réponse.
-Je voulais quelqu'un à mes côtés; cracha-t-elle avec hargne. Quelqu'un avec qui partager les réunions de famille et les rires et la chaleur, quelqu'un avec qui les protéger. Je voulais...
Elle soupira encore, pour ne pas hurler. Elle avait l'impression qu'on lui avait arraché le coeur. Un lourd silence plana dans le salon. Et puis...
-J'étais à tes côtés, après ton retour d'Italie, dès que mes obligations à Poudlard me le permettaient.
-Tu...
-J'étais là pour protéger ta famille. J'ai... Je t'ai laissée partir avec l'enfant ce soir-là. Je t'ai aidée à créer la Révélation pour ses parents. J'étais là lorsque ton loup était blessé. Je t'ai juré de ne jamais révéler ce que je savais des elfes libres dans ton manoir. Tu ne me retireras pas ça.
Severus approcha d'un autre pas.
-Tu ne comprends pas ; lâcha Khorine en secouant la tête.
Elle crispa les mâchoires. C'était fini.
-Tu ne pourras jamais me donner ce dont j'ai besoin.
-De quoi as-tu besoin ? Demanda Severus en s'approchant encore.
-Tu ne comprendrais pas.
-Qui sait ? Murmura-t-il en arrivant devant elle et s'agenouillant lentement.
Aldwin, plus loin derrière, le fixait les oreilles baissées. Khorine détourna les yeux.
-Khorine ; reprit Severus après quelques temps, sais-tu pourquoi je peux produire un patronus?
-Lily; murmura-t-elle aussitôt.
Severus cligna des yeux, avant de marmonner ce qui ressemblait fort à: "bougre d'imbécile" avant de sortir sa baguette et de faire apparaître son patronus. La chouette effraie déploya ses grandes ailes blanches avant d'atterrir sur l'accoudoir près du bras de Khorine.
-Tends la main.
Khorine fronça les sourcils, ferma les poings. Severus lui enserra le poignet.
-Tends la main ; répéta-t-il en l'approchant du patronus.
Khorine haleta, sa peau frôla la lumière argentée et des voix éloignées résonnèrent à ses oreilles, des formes brouillèrent sa vue.
"... besoin d'avoir le titre de Maître des Potions pour en être un. Et de ce fait, tu es mon égal et sera traité en tant que tel." Elle lui souriait et posait sur lui ce regard plus profond que l'océan.
"Musora grogna une fois, très bas, et Khorine leva aussitôt le bras devant l'enfant." Son cœur avait bondi dans sa poitrine. Non à cause de la créature difforme devant eux, mais parce qu'elle s'était dressée devant lui, pour le protéger.
"Expecto Patronum! Lança-t-elle d'une voix de tonnerre et une louve argentée bondit aussitôt hors de sa baguette." La sensation de bien-être qui l'avait enveloppé, caché derrière la sorcière.
"Devant l'âtre ronflant Khorine s'enflammait en défendant le droit des elfes. Severus la fixait, le regard brûlant."
"Khorine vint se lover contre lui et ferma les yeux. Il referma ses bras autour d'elle."
Khorine retira sa main.
-C'est... moi ? Murmura-t-elle. Mais Severus... c'est...
-Tu sais ce qu'il faut pour créer un patronus, n'est-ce pas ?
-Mais... tout à l'heure...
-Je voudrais te garder en sécurité. Le plus loin possible de moi. Mais je n'y parviens pas ; lâcha-t-il d'une voix rauque.
-Mais Severus...
-N'as-tu pas encore compris ? Grogna-t-il, lui agrippant les poignets, à genoux devant elle.
La chouette effraie disparut dans un halo bleuté.
-S'il te plaît… Ne dis rien; murmura Khorine en fixant son regard océan au sien.
Severus lui retourna son regard. Il y eut un long silence. Puis il murmura:
-Tu n'as pas besoin que je l'exprime pour le comprendre.
Elle se perdit dans son regard plus noir que la nuit et puis, lentement, un petit sourire apparut à ses lèvres.
-C'est vrai; murmura-t-elle.
Les pouces de Severus caressaient le dos de sa main. Il l'emprisonnait dans ses yeux noirs.
-Cependant… Je suis un espion, sous couverture. Je ne pourrais jamais t'accompagner aux fêtes de fin d'année, ou aux anniversaires, ou aux soirées avec tes amis.
-Comme c'est pratique; se moqua-t-elle gentiment.
-Sommes-nous d'accord? Insista Severus.
Khorine soupira, Aldwin jappa. Elle hocha la tête.
-Oui.
Elle retourna ses mains pour les prendre dans les siennes et caressa ses doigts caleux, parsemés de fines coupures, ses doigts de potionniste. Leurs souffles se mêlaient. Il s'approcha d'elle. Elle lui sourit. Leurs lèvres s'effleurèrent en un baiser. Et puis Aldwin sauta sur les genoux de Khorine et elle hoqueta un rire et sourit encore à Severus. Lui aussi avait un petit rictus aux coins des lèvres et son visage d'ordinaire si sévère semblait détendu, ses yeux noirs scintillaient. Elle était heureuse.
oOo
Les fêtes de fin d'année furent chaleureuses. Elle passa le réveillon de Noël avec Franck, Alice, Neville, tous les Weasley, Emmeline, Hagrid, et Rémus se joignit à eux. Une toute petite part d'elle cherchait Severus dans les ombres, mais son attention était accaparée par tous ses amis, par les enfants qui couraient après Aldwin autour du sapin. Neville et le petit Ronald menèrent une opération de commando dans la cuisine pour s'emparer d'une assiette de cookies tandis que Fred et George faisaient diversion. Avec Remus, ils les découvrirent tous les quatre se partager le butin dans le placard à balai et leur adressèrent un clin d'œil avant de refermer la porte. La chaleur des sourires et les conversations animées la bercèrent, elle quitta la fête avec Emmeline et Rémus en s'organisant une soirée au Chaudron Baveur la semaine suivante.
Elle passa Noël avec son père et Albus. Elle rit des blagues d'Albus, ils créèrent par hasard un nouveau sortilège de Métamorphoses transformant un crouton en château de pain d'épice, sous le regard réprobateur de Lux, et burent en se remémorant les meilleurs moments de l'année.
Au Nouvel An, tous les membres de l'Ordre, à l'exception de Severus, se retrouvèrent dans la maison de Cornouailles d'Albus. Il faisait tellement bon d'être entourée de tous ses amis. A plusieurs reprises une ombre passa sur ses traits en pensant à Severus. Et puis Emmeline lui souriait, Hagrid lui tapait dans le dos, Remus apportait de la biéraubeurre, Neville lui tirait la robe, Franck apportait des amuses-bouches, Alice éclatait de rire, Albus arrivait avec ses crackers, et elle revenait à l'instant présent.
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Ses pattes s'enfonçaient à peine dans la neige et elle n'avait aucun mal à suivre Aldwin parmi les chênes nus. Le petit jappait à cœur joie en gambadant. L'air était doux et froid. Severus faisait craquer la neige bien plus loin.
oOo
Plusieurs mois passèrent sans que Khorine ne s'en rende compte. La neige finit par fondre, les primevères à éclore dans toute sa forêt, et le printemps s'éveilla, les oiseaux pépièrent dans les arbres, Aldwin doubla de taille, elle eut de nouvelles idées pour ses potions. Ils se voyaient tous les vendredi soirs, à Poudlard ou dans son cottage, et finissaient souvent le reste de la semaine ensemble.
Il lui était apparu que les moments qu'elle préférait dans ses journées étaient ceux qu'elle passait avec lui et Aldwin, pelotonnée dans son canapé moelleux au coin du feu, prise dans ses lectures, le bout des doigts effleurant ceux de Severus.
Un soir, alors que le feu ronflait fort dans la cheminée et qu'Aldwin bougeait des pattes dans son sommeil, Khorine finit son grimoire de Potions et son regard se perdit dans les flammes.
Il y avait beaucoup de choses que Severus ignorait encore, à son propos. Elle n'avait pas l'intention de tout lui révéler mais elle ressentait ce besoin, ce besoin de lui montrer. Elle voulait qu'il comprenne, qu'il l'accepte comme elle était ou pas du tout. Et peut-être qu'une infime part d'elle attendait le rejet, qu'elle sente encore une fois sans aucun doute quel monstre de foire elle était, combien il lui était impossible d'être aimée. Elle était prête à souffrir ce soir pour se rappeler cette vérité.
Severus lui enserra la main et elle leva les yeux vers lui. Il la fixait. Ses yeux plus noirs qu'une nuit de nouvelle lune plongés dans les siens.
-Il y a quelque chose que je veux te montrer; murmura-t-elle du bout des lèvres.
Il referma son grimoire. Aldwin geignit doucement dans son sommeil. Khorine récupéra sa main droite, puis inspira, se concentra. Elle n'avait pas effectué cet exercice depuis des années. Elle ferma les yeux. Entre ses doigts ne tardèrent pas à apparaître des filaments de magie, d'un blanc pur, flottant doucement, puis un gros bloc bleuâtre fit son apparition, relié à une étoile figée d'un rouge sang, puis apparurent un autre bloc de magie figé d'une teinte verte maladive, un nœud de fils tressautant, un long filament d'énergie vrillant comme parcouru d'un courant électrique permanent et un bloc noirâtre aux arêtes tranchantes. Severus fixait le cœur de sa magie. Un silence de plomb s'abattit sur le salon. Les mains de Khorine tremblaient.
-Mes parents; murmura-t-elle tandis que son essence magique flottait dans le creux de ses mains, tiraient beaucoup de fierté de la bibliothèque remplie des carnets d'étude de leurs ancêtres. Vois-tu, la famille des Lumare était spécialisée dans un type de magie, la Magie de partage. Le fait de prêter une part de sa magie au faiseur d'un sort de manière ponctuelle, ou de créer un lien permanent entre deux essences magiques par exemple durant un mariage sorcier ou en se liant à un familier. C'est une branche de la magie qui peut être très belle… Il y a quelques générations de cela, certains individus ont voulu aller plus loin. Vois-tu la magie de partage est, soit permanente entre deux individus vivants, soit ponctuelle, mais l'essence de la magie du donneur n'appartient pas à celui qui la reçoit. Alors… certains de leurs ancêtres… ont tenté de combiner la magie de partage à une magie plus sombre.
Le craquement des bûches dans l'âtre était le seul autre son audible dans la pièce.
-Ils voulaient… augmenter la puissance d'un sorcier, nourrir son essence magique pour l'amplifier. Des carnets remplis de calculs et d'hypothèses se trouvaient dans cette bibliothèque. Ma mère les a reçus de ses parents. Ils pensaient que les calculs étaient bons, qu'il était temps d'expérimenter. L'héritier des Lumare est né, Alphard. Ils ne pouvaient pas le sacrifier. Et puis je suis venue au monde.
Elle ne s'en était pas rendue compte mais Aldwin s'était réveillé et sa tête était levée vers l'essence difforme qui tournoyait au-dessus de sa tête.
-Ils… Ils ont attendu… mes cinq ans. Ils ont commencé avec… un elfe de maison. Ils ont arraché une part de sa magie, ils l'ont introduite en moi. La douleur…
Un halètement lui échappa, ses yeux dilatés par l'écho d'une atroce souffrance.
-Sa magie s'échappait par fils, pour retourner à Drippy. Alors ils ont compris. Ils ont arraché son essence magique entière et lui ont tranché la gorge. Ensuite, ils ont forcé sa magie en moi. J'ai passé plusieurs mois dans le coma. Mais je me suis réveillée.
Ses mains tremblaient violemment à présent. Elle chuchota:
-Ensuite… Ensuite ils ont trouvé un phénix et j'ai pris feu. Et la douleur dans ma magie était pire que sur mon corps qui brûlait. J'ai passé des mois dans le coma. Ils ont soigné ma peau. Mes cheveux ont repoussé. Ils ont testé ma magie, mais les blocs qu'ils avaient rajoutés en moi ne m'obéissaient pas. Ils ont essayé un sombral après le phénix mais le résultat n'était toujours pas satisfaisant alors…
Elle déglutit.
-Alors ils ont compris. Il fallait que les essences soient compatibles. Ils ont testé… Il… Il y avait un bébé. Je ne connaissais même pas son nom. Ils ont volé son essence, l'ont tué et sa magie s'est liée à la mienne. J'ai fait exploser les cachots ce jour-là. Mais ça n'a pas suffi. Et… quelques mois avant que j'entre à Poudlard, ils ont capturé une vieille prophétesse cachée dans un village des Cairngorms. Je me suis réveillée la veille de la rentrée. Ils n'ont pas pu tester ma magie. Et je suis partie.
Elle se tut, inspira, le regard perdu dans le lointain.
-Ce qu'ils m'ont fait… Ces morceaux d'essence qui ne m'appartiennent pas. Ils entrent en résonance parfois, quand mes émotions prennent le dessus, et je ne contrôle rien. J'ai failli tuer… plusieurs fois…
La douleur incrustée dans son visage ne laissait pas Severus indifférent. Voir la lumière dans ses yeux se voiler lui était insupportable. Les mâchoires crispées, il s'avança vers le bord de son fauteuil. Le désir de la prendre dans ses bras, de l'enserrer contre lui et d'effacer toutes ses souffrances lui broyait le cœur. Mais ce n'était pas de cela qu'elle avait besoin. Il sortit sa baguette. Khorine cilla.
-Me laisserais-tu l'étudier?
Un sourire triste parut l'espace d'un instant avant qu'elle ne recule. Son regard s'anima.
-Non, c'est trop dangereux. Il y a des éclairs de magie. Je me brûle à chaque fois que j'y touche.
Severus s'avança encore.
-Je ferai attention.
Sa voix riche et satinée lui arracha un frisson, ses yeux noirs plein de chaleur la rassuraient. Elle hésita, puis acquiesça subrepticement. Severus s'assit auprès d'elle sur le canapé, et approcha sa baguette de l'essence magique qui flottait. Arrivée à dix centimètres, la magie crissa et un éclair zébra l'espace entre les deux sorciers. Khorine se recula encore.
-Ne bouge pas; demanda Severus.
Elle se calma. Le sorcier leva de nouveaux sa baguette et la garda à quinze bons centimètres de la magie avant de commencer à fredonner une incantation de diagnostic. Les mots en latin se succédaient dans un rythme envoûtant, la baguette décrivait des arabesques qui s'enroulaient autour de son essence magique, le regard brûlant de Severus l'enveloppait et son corps si proche irradiait de chaleur.
Depuis quand était-elle si docile? Elle s'attendait à du mépris. Elle aurait dû le repousser. Mais elle se sentait si fatiguée, et sa magie ne vibrait pas, plus rien ne craquait, ni ne vrombissait. En fait, son cœur de magie semblait presque ronronner. Il fluctuait doucement.
Severus abaissa sa baguette et leurs regards se rencontrèrent. Elle se sentait flotter, comme dans un cocon de bien-être, happée par ses orbes de nuit sans lune. Sa voix chaude s'éleva dans le silence de la pièce:
-Me fais-tu confiance?
-Oui; murmura-t-elle sans hésiter.
Ses yeux l'envoûtaient. Le feu crépitait dans l'âtre faisant onduler des ombres sur son visage, son nez en étrave, ses pommettes saillantes, ses lèvres fines. Sa baguette se leva et s'approcha de sa magie.
-Respire profondément, inspire… Expire… Desserre tes mains, détends tes épaules…
Elle suivit sa voix grave et se détendit alors que sa baguette se rapprochait toujours plus de son essence. Elle inspira profondément, expira, son dos s'enfonçait contre le dossier du canapé. La baguette de Severus était à moins de six centimètres des fils de lumière. Khorine se força à ne pas y penser. Elle inspira encore une fois, restant dans ce cocon protecteur où rien n'existait hormis Severus. La baguette effleura la base du bloc étoilé rouge sang, il y eut un sursaut de sa magie et puis le sorcier l'éloigna avec lenteur. Un minuscule filament la suivit. Le cœur de Khorine battit violemment dans sa poitrine.
-Severus; haleta-t-elle.
-Concentre-toi sur ta respiration.
Elle se força à une grande inspiration. Le fil rouge s'étirait, et s'étirait, ondoyant dans l'air. Severus le relâcha d'un petit mouvement de baguette et revint à la base de l'étoile pour tirer un peu plus du filament d'énergie. Le temps passa, Khorine s'efforçait de rester calme, de ne penser à rien, et Severus filait sa magie, le front plissé sous la concentration. Un loup hurla au loin. Les flammes dans l'âtre s'épuisèrent, Severus s'arrêta de filer pour remettre des bûches, puis reprit son minutieux travail et les heures passèrent.
-Severus; murmura finalement l'ancienne Gryffondor, je crois que tu en as assez fait pour ce soir.
Les longs fils de lumière rouge qu'il avait dévidé s'étaient lentement mêlés à la partie fluide de sa magie, lui donnant des reflets rubis. Severus démêla encore un dernier fil, puis baissa sa baguette.
-Je pense pouvoir assurer qu'en étant relaxée et en restant minutieuse tu pourras dévider toute ton essence magique. Cela risque de prendre du temps, peut-être des mois; souffla-t-il en étudiant la magie cristallisée qui flottait.
Un sourire apparut au coin des lèvres de Khorine. Une larme lui échappa enfin. Puis une autre. Severus la fixa et ses mains se levèrent d'elles-mêmes vers le visage de la jeune femme. Il le prit en coupe et les larmes continuaient à couler. Il les essuyait du pouce et d'autres les remplaçaient.
-Merci; chuchota-t-elle se pelotonnant contre ses mains.
Un doux regard l'enveloppa et elle vint plus près, jusqu'à blottir son corps contre celui du sorcier qui referma enfin ses bras autour d'elle.
-Merci; chuchota-t-elle encore avant de fermer les yeux et de l'étreindre en retour.
