Chapitre 13

Ils firent bien pire.

Cette année-là, la Chambre des Secrets fut ouverte. Des élèves furent agressés. Khorine dut travailler avec Severus, plusieurs mois d'affilés, sur une potion pour un accident de Polynectar et des filtres de dépétrification. Hagrid fut envoyé à Azkaban. Albus fut renvoyé. Et puis Severus lui annonça par cheminette qu'Hagrid allait être libéré et que les fonctions d'Albus lui avaient été restituées. Elle fonça à Poudlard. Khorine passa les grandes portes, louvoya entre les passages secrets, jusqu'à atteindre la gargouille du bureau directorial qui s'ouvrit devant elle, elle monta les escaliers, traversa le couloir et toqua enfin à la porte. La voix d'Albus s'éleva de l'autre côté:

-Entrez.

Rayonnante, Khorine ouvrit la porte:

-Albus j'ai appris la nouvelle toutes mes…

Elle fit quatre pas dans le bureau. Elle s'arrêta. Son teint verdit.

-Qu'est-ce que…

Elle s'arrêta; déglutit; ferma les yeux; vomit tout le contenu de son estomac. Albus lui fit apparaître un seau et se leva précipitamment pour la supporter et lui tenir les cheveux. Elle vomit de la bile. Des larmes lui montèrent aux yeux, elles finirent par dévaler le long de ses joues. Lorsqu'elle n'eut pu rien à vomir, elle s'affaissa, la gorge en feu, le corps secoué de tremblements.

-Pourquoi… Albus? Haleta-t-elle d'une voix rauque.

Il fit disparaître le seau. Khorine le fixa dans les yeux. Ses yeux de ciel sans nuage. Son aura était toujours aussi aveuglante.

-Il y avait… un horcruxe… dans ton bureau…

Un lourd silence suivi. Albus, qui lui tenait le bras, finit par s'écarter et revenir à son bureau. Il en sortit quelques feuilles de papier trouées en leur centre et couvertes de sang.

-Je les ai arrachées au journal d'un certain Tom Jedusor. Son souvenir a possédé Ginevra Weasley et l'a forcée à ouvrir la chambre des secrets. Le jeune Harry l'a sauvée en tuant le basilic qui pétrifiait les élèves et en détruisant le journal.

Khorine ferma les yeux. Sa nausée revenait.

-Harry Potter a affronté un basilic tout seul?

Des larmes lui échappèrent.

-Comment va-t-il?

-Il est à l'infirmerie. Fumseck s'est occupé de ses plus grosses blessures et notre chère madame Pomfresh fera le reste.

Khorine secoua la tête:

-Et le journal? Albus, je le sens encore. C'était un horcruxe.

-Je l'ai donné à Harry et je suis certain qu'il en fera bon usage. Quant à l'identité de celui qui a créé cet horcruxe… C'était Tom Jedusor. Voldemort.

Elle déglutit. Elle se sentait malade.

-Alors… S'il est resté en vie toutes ces années…

-Il a dû déchirer son âme… À plusieurs reprises.

-Il faut les trouver, Albus. Il faut tous les trouver et les détruire, c'est le seul moyen d'en finir.

Albus réfléchit et Khorine se prit la tête entre les mains. Elle pulsait. La nausée lui bloquait la gorge. Elle entendit, de très loin, Albus évoquer des recherches, le passé de Tom… Elle déglutit, se concentrant.

-Khorine, y aurait-il une potion capable de localiser ces horcruxes?

Elle releva la tête.

-Oui… Mais pour des horcruxes, il faudrait complémenter la potion. Il me faudrait quelques mois.

-Bien, préviens Severus pour qu'il t'assiste.

-Pourquoi Severus?

Albus lui adressa un regard pétillant.

-Il me semble que vous êtes proches tous les deux. Et je te préfèrerais avec un soutien, il n'est pas bon de porter seule le poids du monde sur ses épaules.

Khorine se sentit rougir et ne répondit rien. Elle quitta le bureau d'Albus peu de temps après, lui laissant le morceau d'horcruxe. Elle ne le voulait pas dans sa maison avant que cela ne soit strictement nécessaire. Le visage sombre, elle descendit jusqu'aux cachots et donna le mot de passe ouvrant la porte des quartiers de Severus. Il était assis à la table de son salon, une pile de copie bien en ordre à sa gauche, quelques feuilles raturées de rouge à sa droite.

-Bonjour Severus; murmura Khorine.

Il y avait quelque chose dans sa voix qui lui fit aussitôt relever la tête. Il posa sa plume.

-Comment vas-tu? Tenta-t-elle et son sourire se craquelait.

Severus haussa un sourcil. Ses yeux noirs étaient fixés au moindre de ses gestes. Elle avança de quelques pas, essayant encore de conserver un petit sourire. Les larmes lui montaient aux yeux. Elle ne voulait pas paraître faible mais c'était plus fort qu'elle. La douleur et la terreur lui tordaient les entrailles. Elle sentit deux larmes rouler sur ses joues. Elle resta debout comme une marionnette aux fils coupés.

-Viens ici Khorine; lui fut-il murmuré.

Elle suivit la voix, et finit sur les genoux de Severus, le visage caché dans le creux de son cou, entourée de son odeur réconfortante, ses mèches de cheveux noires lui caressant la peau et ses bras fermement ancrés autour d'elle.

-Sais-tu comment mes parents sont morts? Murmura-t-elle faiblement à son oreille.

-Tués par Voldemort.

-Oui… Mais il en fallait beaucoup… pour les tuer…

Les yeux fermés, elle s'accrochait à son cou.

-Ils avaient trouvé un moyen de déchirer leur âme… dans les carnets… pour devenir immortels. Ils ont caché les morceaux.

Severus la maintenait fort contre lui, et lui caressait les cheveux.

-Voldemort a commencé par détruire leur enveloppe corporelle. Puis il a capturé… le morceau d'âme qui s'échappait…

La nausée montait.

-Ils cognaient contre les bocaux… Ils cherchaient les autres horcruxes… Ils l'ont conduit, morceau… par morceau… à tous les fragments…

Elle tremblait violemment et Severus la berça contre lui.

-Le feudeymon… était… pour la fin…

Elle haletait. Elle mit un long moment avant de finir:

-Le dernier lambeau… de leur âme… a brûlé.

Un lourd silence s'abattit sur le salon. Severus caressait doucement ses cheveux. Elle se sentait en sécurité dans le cocon de ses bras. Il lui donna la force de murmurer:

-J'ai la preuve que Voldemort a créé ses propres horcruxes. Que c'est pour ça qu'il va revenir. On peut créer une potion, pour les trouver. On les détruira. Il ne reviendra jamais.

Severus lui prit la tête dans les mains et leurs regards se rencontrèrent. Son aura de lumière cerclée d'ombres tourbillonnait à la lisière de sa vision.

-Il ne reviendra jamais.

-Aide-moi avec la potion.

-Bien évidemment; répondit-il et un petit sourire en coin apparut à la lisière de ses lèvres.

Elle sourit en retour et des larmes revinrent se blottir au coin de ses yeux.

-Merci Severus; murmura-t-elle.

-Toujours.

Il referma son étreinte sur elle et la berça encore, dans son fauteuil face au feu. Le crépitement des flammes l'apaisait, l'odeur de Severus et sa chaleur qui l'entouraient, les battements de son cœur, ses caresses, son long nez dans ses cheveux. Elle s'endormit, apaisée, tout contre lui, en sécurité.