Chapitre 13

Le lundi suivant elle se présenta devant la maison de Severus, Impasse du tisseur, et toqua ses trois coups habituels. Rogue vint lui ouvrir, les yeux vides, cernés de violet, un masque glacial recouvrant la moindre expression. Elle lui lança un petit sourire:

-Bonjour Severus.

-Ce n'est un bon jour pour personne.

-Moi aussi j'ai passé un excellent week end, Harry, Ron et Hermionevont bien; rétorqua-t-elle tout en entrant et déposant sa cape dans l'entrée, et mon père prépare son prochain voyage en Birmanie. As-tu lu le dernier article sur la modification de la Pimentine?

Il eut un grognement qui passait presque pour de l'assentiment. Khorine poursuivit, l'article lui avait donné une idée intéressante. Elle la testa ce jour-là et Severus était intérieurement choqué par l'insouciance de la jeune femme. Elle se tenait là, chez lui, elle lui souriait, alors qu'il l'avait agressée deux jours plus tôt. Une sourde colère bouillonnait en lui, contre lui, contre elle. Jusqu'au soir elle monta, et lorsque Khorine éteignit le feu sous son chaudron, elle entendit un sifflementsourd :

-Peux-tu m'expliquer à quoi tu joues, exactement?

-Pardon?

-Tu sais parfaitement de quoi je parle.

Sa voix était pleine de venin. Khorine était perdue.

-Ce n'est pas vraiment comme si je pouvais savoir qu'il fallait ajouter des joues de castor à la…

Elle se tut dès qu'il fit un premier pas, une aura noire menaçante vibrant autour de lui.

-Je t'ai agressée; cracha-t-il en s'approchant toujours plus près, il y a deux soirs.

Il l'agrippa par son col.

-Serais-tu dans le déni de ce que j'ai osé te faire?

Khorine posa doucement sa main sur le poing de son associé et murmura, le fixant droit dans les yeux:

-J'ai apprécié ce baiser.

Comme un électrochoc. Severus la lâcha violemment et s'éloigna de quatre pas.

-Tu mens; siffla-t-il.

-Non.

Un lourd silence écrasa le laboratoire de tout son poids. Et puis, Rogue lâcha:

-Sors d'ici.

Khorine hésita, elle aurait voulu…

-Sors d'ici! Cracha-t-il.

Cette fois-ci elle s'exécuta. Ce n'est qu'une fois dehors, le visage tourné vers le ciel, qu'elle sentit monter des larmes. Elle venait de lui avouer qu'elle avait aimé. Et lui…

Elle cacha sa souffrance à ses amis et son père et s'enferma dans sa chambre dès qu'elle le put. Toute la nuit elle resta éveillée dans son lit, allongée, fixant le plafond tandis que des milliers de larmes lui échappaient. C'était fini. Il ne la laisserait plus jamais retourner au laboratoire, et tous leurs travaux, tous ces efforts, ces espoirs, perdus. Elle avait un trou béant dans la poitrine, une douleur sans fin, se nourrissant d'elle-même, lui labourant le cœur.

Le lendemain, elle se leva à l'heure habituelle. Elle se prépara, mit une pomme dans sa sacoche, sortit et transplana dans l'impasse du tisseur. Elle toqua à la porte. Rogue lui ouvrit, plus rapidement que d'habitude.

-Bonjour; lâcha-t-elle comme d'habitude.

-Khorine; la salua Severus avant de s'écarter pour lui permettre d'entrer.

Comme d'habitude elle entra, la porte se referma et ils se dirigèrent vers le laboratoire. Bientôt elle se trouvait à sa paillasse, devant un chaudron fumant, des ingrédients à préparer méticuleusement placés devant elle, des parchemins raturés de son écriture, un encrier et quelques plumes. Rogue se tenait à la paillasse d'à côté. Il préparait une dizaine de chaudrons de Pimentine en simultané. Elle ne posa aucune question. Mécaniquement ils en vinrent à terminer leurs travaux de la matinée en même temps et montèrent dans la cuisine pour le déjeuner.

-Je t'ai connue plus bavarde; fit remarquer Severus en préparant leurs omelettes.

Elle hachait finement les tomates et releva la tête pour le fixer. Il lui retourna son regard. Severus ne laissait rien transparaître de ses émotions. Elle décida de répondre franchement:

-Je m'attends à être renvoyée à tout instant, tu comprendras mon manque d'entrain.

Le sorcier fronça les sourcils.

-Je n'ai pas l'intention de te renvoyer.

Elle attendit autre chose, une explication, une excuse peut-être, un geste de réconfort. Les épaules de Severus se rigidifièrent et il retourna son attention aux omelettes qu'il disposa bientôt dans leurs assiettes. Ils ne dirent rien de plus à ce sujet-là et un lourd silence s'étira, s'étira, jusqu'à s'étioler. Khorine fit remarquer que l'omelette était bonne. Rogue eut un petit rictus satisfait. Elle se vanta de pouvoir en faire une bien meilleure, avec une recette indienne. Rogue la mit au défi de s'exécuter. Elle le mit au défi de trouver les épices dont elle aurait besoin. Finalement ils convinrent d'aller en acheter en même temps qu'ils refourniraient leur stock en ingrédient. Après cela la conversation revint et la tension insupportable de la matinée disparut. Ils reprirent leur travail en symbiose et rien n'avait changé. Si ce n'était, peut-être, les regards imperceptibles que Severus coulait en direction de la jeune femme, ou ces frôlements à intervalles plus réguliers, ou les quelques millimètres de moins qui séparaient leurs corps lorsqu'ils travaillaient.

Les jours passèrent. Un soir comme les autres, Khorine lisait un nouvel article dans Potion Magazine, pelotonnée dans son fauteuil attitré, épuisée par leur journée. Ses paupières étaient lourdes, elles tombaient sans cesse. L'effort qu'elle devait produire pour les garder ouvertes catalysait toute son attention. Et cette attention vacillait, s'éteignit doucement. Sa tête retomba contre le dossier de son fauteuil et elle sombra dans un lourd sommeil. Lorsque Severus sortit la tête de ses calculs, bien plus tard, il tomba sur la vision de son associée, endormie, ronronnant imperceptiblement à chaque respiration, si paisible, si confiante. Il se força à se lever.

-Khorine, réveille-toi; murmura-t-il malgré lui.

Il approcha sa main pour lui prendre l'épaule, mais se ravisa.

-Magellus, votre essai de Potion mérite un Troll.

Elle grogna et se tourna dans son fauteuil, se lovant loin de lui.

-Ne te fais pas plus bête que tu ne l'es, vas te coucher.

-Non; grogna la sorcière à moitié réveillée.

Severus soupira, lourdement. Puis il lui empoigna le bras et la souleva de force. Khorine suivait, sans comprendre ce qu'elle faisait, elle tenait debout et ses pieds avançaient dans ce qui semblait être une direction puisqu'ils avançaient. Elle fut bientôt mise en contact avec une énorme couette et des draps d'une douceur onirique. Elle se rendormit.

Rogue soupira. Il hésita. Puis sortit, refermant la porte de sa chambre et entrant dans celle qui avait appartenu à ses parents. Il enleva toute la poussière d'un coup de baguette et s'allongea en fermant son esprit. Il ne penserait à rien. Il ne ressentirait rien. Le feu mourait dans l'âtre un étage plus bas. Quelques cendres chaudes y survivaient encore lorsque le sorcier se réveilla. Il prépara du café, des toasts. La sorcière qui avait si bien dormi émergea une heure plus tard, le nez chatouillé par l'odeur de nouvelles tasses de café.

-B'jour; lança la sorcière en entrant dans la cuisine sans gêne aucune.

Elle avait vécu des réveils dans un nombre d'endroits incalculable et était encore trop endormie pour remarquer l'air interdit de Severus. Khorine se laissa tomber sur sa chaise dans la cuisine, les cheveux ondulants furieusement, les joues rouges, la marque de l'oreiller et les yeux embrumés de sommeil. Le maître des potions la fixait. La main de la sorcière s'avança vers un toast au milieu de la table et le ramena vers elle pour le découper en mini bouts qu'elle mâchonna longuement.

-Thé?

Elle hocha la tête, ce qui lui demanda un effort surhumain. Oh elle n'était pas du matin. Mais elle avait bien dormi. L'odeur de Severus avait flotté partout autour d'elle, sur l'oreiller, les draps, le couvre-lit, la couette, elle s'était sentie bercée par ce parfum. Elle avala son thé Assam par petite lampée, dans un silence, lourd silence, qu'elle finit par percevoir.

-Tout va bien Severus? Finit-elle par demander.

-Il serait temps d'émerger; renifla-t-il la voix chargée de sarcasmes. Nous avons dix chaudrons de pimentine, deux de poussos, et trois de Nuit-Sans-Rêve à préparer pour le lendemain.

-Ça ira…

Rogue serra ses fines lèvres et ne répondit rien, la vision de la sorcière au saut du lit gravée sur sa rétine. Il y avait quelque chose de tellement simple, tellement évident. Comme s'il lui suffisait de tendre la main pour qu'elle accepte qu'il la touche. Il était répugnant. Un rebut de l'humanité.

Il la désirait, de toutes les façons possibles.

Elle était si proche, si naïve. Elle le rendait fou.

Khorine était rentrée chez elle se doucher rapidement avant de repartir pour le laboratoire où ils avaient préparé toutes les commandes prévues et avancé sur leurs expériences. La journée avait été épuisante. Au dîner ils avaient une grosse marmite de soupe et Khorine s'était amusée à préparer du riz au lait. Elle adorait ça. Et Severus n'avait rien dit à l'encontre de ce dessert. Elle fit bouillir le lait avec de la vanille, ajouta le riz, et tourna pendant près de vingt minutes avant de verser sa préparation dans des petits ramequins. Elle fit sa vaisselle et au moment où elle se retournait pour voir où en était Severus avec la soupe, elle sentit deux bras la piéger contre l'évier. Interdite, elle fit face à deux océans onyx sans fond.

-Qu'est-ce que…

-Fais très attention, Khorine; siffla Severus d'un ton rauque.

Khorine fronça les sourcils, sans comprendre. Elle ne devait pas s'arrêter à penser à la proximité de l'homme, à son souffle, à sa chaleur, à ses lèvres si proches. Elle devait rester calme.

-Je ne te comprends pas; lâcha-t-elle.

-Tu vis chez moi près de seize heures par jour, tu manges, travailles dans cette maison. Tu t'es endormie chez moi!

-Je ne pensais pas que ce serait un problème; murmura-t-elle, il était si proche et il avançait encore piégeant les hanches de la jeune femme contre l'évier.

-Est-ce étonnant que la célèbre Magellus ne pense à rien? Ricana-t-il dans un souffle lourd.

Il devait se retenir. Il l'avait juste vue préparer à manger, pour elle, et pour lui, et la jeune femme était si détendue, elle avait remué ses fesses en murmurant une chanson et il avait craqué. Il ne devait pas aller plus loin. Il ne pouvait se détacher de son corps. Et de ceci, Khorine se rendit compte, elle aperçut d'un seul coup la lueur fiévreuse dans les yeux de son associé, la tension dans tout son corps, ses mâchoires crispées, son souffle rauque. Est-ce que… Merlin… était-ce… Elle inspira profondément et l'odeur de Severus lui emplit les narines. C'était prodigieux. Une des mains de la jeune femme se leva et se posa sur la poitrine de l'homme, le pectoral gauche. Son cœur battait si férocement en-dessous. Sa respiration s'était bloquée.

-Severus; murmura-t-elle avec autant d'indolence qu'elle pouvait, je ne suis pas certaine de te suivre. Me reproches-tu de trop travailler?

-Je te reproche; répondit-il dans un halètement, d'envahir mon espace.

A ces mots, Khorine rapprocha son corps de celui du sorcier. Ils se frôlaient. Leur chaleur se mêlaient. Le regard onyx se voila un instant.

-Veux-tu que je m'écarte? Demanda Khorine dans un chuchotis.

Un grondement rauque lui répondit et enfin, Severus pressa son corps contre celui de la jeune femme. Le bas de son dos cogna contre l'évier, une bosse proéminente cogna contre son aine. Tous deux en perdirent le souffle.

-Khorine; haleta l'ancien espion… Demande-moi d'arrêter.

Les deux mains de la jeune femme se rejoignirent sur le torse de l'homme et commencèrent à déboutonner sa redingote.

-Je n'en ai pas l'intention; répondit-elle gentiment.

Severus ferma les yeux, essayant de réunir assez de contrôle pour se détacher de ce corps tentateur. Il sentait les mains graciles s'agiter contre son torse.

-Tu ne…

La redingote s'ouvrit et Khorine s'empressa de la laisser tomber avant de s'attaquer au veston noir qui ne lui résista pas longtemps. Severus haletait, les joues rougies, en chemise blanche devant elle. Elle ne l'avait jamais vue aussi dénudé. Les grandes mains de Severus lui empoignèrent alors les poignets.

-Tu ne comprends pas… ce que tu es en train de faire; lâcha-t-il dans un grondement rauque.

-Je te déshabille; fut la réponse ronronnante avant que la jeune femme ne tire ses poignets en arrière pour attirer Severus dans un baiser.

Leurs lèvres se joignirent. Arrachant un grondement rauque et un halètement au couple, avant que Severus lui lâche les poignets et la soulève pour la faire asseoir sur le plan de travail. La jeune femme entoura aussitôt la taille de l'homme de ses jambes. L'érection se logea contre le pubis de Khorine, lui arrachant un gémissement. Severus lui mordait les lèvres, malmenait sa langue, frôlait son palais pour la torturer de plaisir. Il la tenait par l'arrière de la tête, Khorine agrippait la chemise du sorcier comme une bouée de sauvetage. Il fallait… Il fallait… Severus libéra ses lèvres pour embrasser ses tempes, sa mâchoire et glisser dans le creux de son cou. Il lécha et mordilla cet endroit au-dessus de la clavicule, si sensible que Khorine peinait à étouffer ses gémissements. Un bouton de la chemise blanche se détacha sous les doigts de la sorcière, oh et un deuxième. Ses paupières papillonnèrent. Elle voulait voir. Elle aperçut, le début d'une cicatrice noirâtre. Un troisième bouton s'ouvrit, quatrième, cinquième. Des vestiges de blessures étaient recouverts par des cicatrices plus récentes, noires ou nacrées. Khorine voyait l'ampleur de ses douleurs passées inscrites sur la peau pâle. Ce n'est que lorsque la chemise tomba au pied de Severus, qu'il parut se rendre compte de ce qu'avait fait la jeune femme. Il voulut se reculer mais les jambes de Khorine étaient fermement ancrées à sa taille. Severus scruta alors le visage de la jeune femme. Elle luttait pour garder enfermées ses émotions.

-Je te dégoûte; réalisa-t-il d'une voix atone.

-Non; rétorqua-t-elle d'un ton si péremptoire qu'elle ne lui permettait pas d'en douter. Emmène-moi dans ta chambre.

Il soupira, ayant retrouvé un peu de son discernement.

-Tu ne sais pas ce que tu me demandes.

-Je te demande; répondit la femme avec tout son aplomb, de m'emmener dans ta chambre, de me déshabiller, de…

Il la fit taire. En l'embrassant violemment. Elle devait se taire. Elle… glissa ses doigts agiles près des boutons de son pantalon et défis le premier, elle effleura son érection. C'en fut trop. Dans un grondement furieux, Rogue lui saisit le poignet et l'entraîna jusqu'à sa chambre. La jeune femme se retrouva sur les draps au milieu du lit, toute habillée, tandis que lui était torse nu, le pantalon ouvert. Ils se dévoraient du regard.

-Severus, s'il te plaît; murmura-t-elle.

Et il la rejoignit, couvrant son corps du sien. Déposant ses lèvres sur ses tempes, sa joue, avant de lui ravir sa bouche. Elle en eut le souffle coupé. Et puis les mains du maître des potions s'affairèrent à lui enlever son pull, et sa chemise, son pantalon, ses chaussettes rouge et or qui furent lancées au loin, et Khorine caressait, embrassait, léchait chaque petit bout de peau passant à sa portée, s'enivrant du goût de Severus, de l'odeur de Severus, des grognements de Severus. Il lui enleva son soutien-gorge pour aussitôt prendre ses seins en main, il les vénéra de sa bouche à la rendre folle. Lorsqu'il lui retira enfin sa culotte elle était trempée et alors, qu'haletante, Khorine réussit enfin à libérer l'érection du pantalon de Severus, elle avoua:

-Severus… Je suis vierge.

Le sorcier se figea aussitôt.

-Impossible.

-Je ne te mens pas. Je voulais juste… que tu le saches…

Severus voulut s'écarter d'elle mais la jeune femme le retint par les biceps.

-S'il te plaît, ne pars pas.

-Je ne te prendrai pas ta virginité.

Khorine rougit instantanément à ses mots mais ne le laissa pas s'éloigner pour autant.

-C'est avec toi que je veux la perdre. Je veux le faire avec quelqu'un que… je désire. Et je te désire. S'il te plaît.

-Tu vaux mieux que moi.

-Je m'en fiche, c'est toi que je veux.

-Khorine, tu n'as aucune idée de ce que tu me demandes; lâcha-t-il en se détachant de sa poigne.

Il allait se lever. Il allait partir. Khorine s'assit sur le lit, face à Severus et passa ses bras sur ses épaules. Severus la fixa, sans rien laisser transparaître, son pénis encore bien dur contre le genou de la jeune femme.

-Je te demande; murmura la jeune femme en descendant une de ses mains le long de la poitrine du sorcier, de m'embrasser, de me caresser, de… me pénétrer.

Elle empoigna la hampe de l'homme.

-… de nous faire atteindre l'orgasme tous les deux.

Le pénis vibra sous ses doigts. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait. Mais c'était peut-être la bonne manière de procéder à en juger par le souffle court du maître des potions, ses joues rougies et ses yeux obscurcis par le désir.

-Es-tu certaine de ce que tu veux?

-Oui.

Severus ferma les yeux, tentant de retrouver quelque part assez de maîtrise pour s'éloigner, pour… Les doigts graciles le caressaient divinement, sans expérience, sans hésitation. Et la jeune femme se pencha, déposant ses lèvres sur les siennes. Severus ravala un grondement rauque. Ses lèvres pleines si douces… Il céda.

Il l'empoigna par les cheveux et inséra sa langue dans la bouche accueillante de son associée. Khorine geignit, enfin, oh oui! Le corps chaud de l'homme vint la recouvrir, l'érection contre sa cuisse. Elle tenta de guider le gland vers son entrejambe mais Severus lui saisit les poignets.

-Pas si vite.

-S'il te plaît; haleta la jeune femme.

-Oh je te ferai supplier Khorine; lâcha-t-il dans un grognement rauque.

Ces mots la firent haleter de désir. Severus embrassa le creux de son cou, si sensible, elle geignit, il vénéra la peau de la jeune femme, frémissant à chaque gémissement, revenant à ses lèvres pour embrasser ses soupirs. Elle était belle, ses cheveux ondulés et noirs éparpillés sur l'oreiller, ses joues rouges et ses yeux brillant de désir, sa peau d'albâtre rougie par ses attentions, ses seins, son ventre, ses jambes qui le gardaient contre elle. Les doigts talentueux du potionniste descendirent le long du corps offert et se glissèrent entre les cuisses de la jeune femme. Elle ferma les yeux, tressautant de plaisir.

-Severus… S'il te plaît… S'il te plaît…

-Que désires-tu? Demanda-t-il la voix grondante de désir.

Les mains de Khorine s'agrippèrent à ses hanches:

-Entre en moi. Entre en moi, s'il te plaît, Severus.

Ses yeux océan étaient vrillés sur lui et il y lisait tant de passion, tant d'envie, tant de débauche. Oh il ne put la faire supplier, il pensa juste à invoquer une capote translucide avant de perdre sa baguette et de se présenter à l'entrée de son associée.

-En es-tu sûre? Haleta-t-il une dernière fois.

-Oui; fut la seule réponse que put murmurer Khorine.

Et Severus entra en elle, tout doucement, il étira les parois vierges sur son passage et buta contre l'hymen de son amante.

-Severus; demanda-t-elle.

Il le perfora avec d'infinies précautions et Khorine ne ressentit aucune douleur, juste cette envie brûlante qu'il s'enfonce plus, plus vite, qu'il la pénètre entièrement et qu'ils ne fassent plus qu'un. Severus se retira, lui arrachant un gémissement étouffé avant de rentrer en elle, délicatement.

-Severus, tu me rends folle… Plus vite.

L'homme accéda à sa requête, à peine plus vite, concentrant toute sa retenue derrière des barrières d'occlumencie impénétrables pour ne pas la blesser. Ce fut elle qui agrippa ses hanches et imprima le rythme qu'elle voulait. Severus haletait, torturé.

-Oh je t'en prie, regarde-moi, ne te retiens pas. J'ai envie, que tu y prennes du plaisir.

-Je pourrais te faire mal.

-Severus, regarde-moi; murmura la jeune femme en guidant du bout des doigts le menton de l'homme dans sa direction.

Leurs regards se rencontrèrent, l'océan saphir contre la nuit des orbes onyx. Tous deux brûlant, brûlant, brûlant de désir.

-Je te dirai… si j'ai… mal… Alors fais-toi plaisir…

Severus s'enfonça profondément et Khorine l'amena à elle pour lui ravir son souffle en un baiser passionné. Oh ses coups de reins étaient puissants, divins, elle touchait les étoiles à chaque poussée. Et sa bouche, ses dents, ses mains sur elle, son corps chaud. Elle sentait une gigantesque vague de chaleur qui montait, montait, montait en elle.

-Oh Severus… Je vais… Je vais…

Elle déferla brutalement, brûlant tout sur son passage. Oh les parois de son vagin vibrèrent violemment. Severus haleta, et deux poussées plus tard, venait en murmurant le nom de son associée dans un grondement rauque.

Severus s'éloigna du corps de la jeune femme et s'allongea pour reprendre son souffle. Khorine soupira de satisfaction avant de se rapprocher et de se blottir contre lui. Elle n'avait pas réfléchi, c'était juste, ce qu'elle voulait, être tout contre lui, sa chaleur… Le maître des potions passa un bras possessif autour d'elle et ils restèrent un long moment ainsi. Une délicieuse torpeur entraînait peu à peu Khorine vers un sommeil profond.

-Non attends; se réveilla-t-elle en sursaut, et la soupe?

-Par Merlin; sursauta Severus dans un grognement, elle refroidira, peu importe.

-Oh; marmonna la jeune femme rassurée avant de se recoucher tout contre le sorcier.

Après cela elle ferma les yeux et s'endormit. A une vitesse surprenante, sa respiration devint lente et régulière. Severus se perdit dans l'étude de la sorcière dans ses bras. Il n'avait jamais partagé son lit avec qui que ce soit, ni prit particulièrement de plaisir à s'enfoncer dans qui que ce soit, ni permit à qui que ce soit de le déshabiller, de se blottir contre lui, de s'endormir contre lui… Il passa une nuit blanche à la serrer contre lui, ne sachant que trop bien ce qu'il se produirait le lendemain matin.