1.

Harry dormait, roulé en boule dans le canapé du salon. J'étais perdue dans mes pensées. Ron astiquait ses pièces d'échec et Hermione lisait. C'était silencieux… Il y avait une fenêtre ouverte dans la cuisine du Terrier et une petite brise s'y engouffrait. Il faisait bon, la chaleur de l'été entrait par là. Je pensais à la guerre. Je pensais aux moldus et aux sorciers que j'avais tués. Les os craquaient, le sang giclait, et ils étaient morts pour rien. Ils ne pouvaient même pas se défendre, certains ne savaient même pas pourquoi je les tuais. Voldemort se contentait de me jeter ma baguette et de donner des ordres. Et dès que sa voix s'élevait, je n'avais plus qu'à me laisser porter, à la suivre, à lui plaire. J'avais tué quatre femmes, six hommes et un enfant. Je les revoyais tous, distinctement. Je refaisais la liste dans le noir, leurs visages apparaissaient, je ne voulais pas oublier. Pas eux. Je ne voulais pas les oublier. J'avais chaud, mon estomac était plein du délicieux déjeuner de Mme Weasley. Parfois tout devenait sombre, même en pleine journée, et je revenais dans les cachots, et je devais transplaner au manoir de Rogue…

Hermione sursauta.

Je m'en rendis compte tout de suite et je me tournai vers elle. Ses yeux brillaient étrangement.

-L'Australie!

Elle me fixait.

-Quoi?

-L'Australie!

Je me contentai de lui rendre son regard, sans me risquer à réfléchir. Ron grogna quelque chose. Les murs se teintèrent de sang.

-On va en Australie, demain! Il nous reste une semaine avant la rentrée et nous avons déjà acheté toutes nos fournitures scolaires. Je ne vois pas ce qui nous retient. C'est parfait!

-Hey, attends une minute! Pourquoi est-ce que tu voudrais quitter la maison pour… Oh…

Ron venait de comprendre. Assurément. Pas moi. Il se tourna vers moi.

-On va réveiller ta grand-mère et les parents d'Hermione!

Je tressautai, Harry en grommela dans son sommeil et se contracta un peu plus. J'hochai la tête.

Tout fut décidé en une après-midi, Mme Weasley ne réussit pas à nous empêcher. J'envoyai une lettre à Severus grâce à Hedwige. Nous étions prêts.

A 6 heures le lendemain matin nous étions dans le hall du Ministère de la Magie. Par Portauloin, la distance Londres-Sydney fut parcourue en trois minutes.

Nous y passâmes cinq jours, le temps de retrouver la trace des parents d'Hermione puis de ma grand-mère et de réussir à restaurer leur mémoire. Ce fut extrêmement laborieux.

Nous laissâmes Hermione avec ses parents lorsqu'ils se réveillèrent. Ils me laissèrent avec ma grand-mère. Elle me gifla en premier, ensuite elle me punit de tout ce qu'elle put imaginer, elle pleura, elle me serra contre son cœur et nous balança de gauche à droite.

J'étais fatiguée et lourde. Je ne pleurai pas. Détachée. Je me sentais détachée de tout. Je lui avais déjà dit au revoir, il y avait longtemps.

Elle décida de revenir en Angleterre. Je la regardai doucement et lui dis que je retournais à Poudlard pour une autre année, que je ne serais pas là.

-Tu auras besoin de ta vieille grand-mère à un moment ou à un autre, et crois bien que je serais là!

Elle voulut savoir pour la guerre. Je lui dis qu'Harry l'avait gagné. Et je lui dis que je repartais. Elle protesta, je passai le pas de la porte. Elle m'ordonna de rester, je transplanai auprès de mes amis. Les parents d'Hermione nous invitèrent à manger le vendredi soir. Nous ne rentrâmes en Angleterre que le samedi, pour nous installer tranquillement dans le Poudlard Express le dimanche matin à 9h30. Mme Weasley nous serra tous dans ses bras avant le départ, même quand Ron protesta. M. Weasley nous serra la main et Fred se contenta d'une grande claque dans mon dos.

Le train s'ébranla et les Weasley étaient sur le quai. Ils agitèrent la main. Ron ne les quittait pas du regard, Ginny non plus. Je me renfonçai dans ma banquette et quelques minutes plus tard le paysage défilait. Severus serait là-bas, à Poudlard. Pour l'instant je me sentais juste, vide. Personne ne parlait dans le wagon…

Des rayons de soleil passaient la fenêtre. J'étais vaguement nauséeuse. J'aurais voulu être auprès de Rogue, lui parler tout de suite, lui dire ce que je ressentais, ce que je ne ressentais pas, j'aurais voulu qu'il me prenne dans ses bras. Je n'étais plus vide, j'avais mal. J'avais besoin de le voir. J'avais besoin de la broche de McGonagall chaude contre ma paume.

Aussi vite qu'elles étaient apparues, mes pensées se disloquèrent, je soupirai, le vide revint. Une indifférence plate m'accapara, je continuai de regarder au dehors les arbres disparaître.

Les heures passèrent, Seamus, Dean et Neville vinrent nous saluer parce qu'ils avaient redoublé leur septième année, puis nous nous vêtîmes de nos robes de sorcier et le Poudlard Express entra dans la gare de Pré-au-Lard. J'étais fatiguée. Détendue peut-être tout de même, en voyant depuis notre carriole les tours de Poudlard à travers la trouée des arbres. Notre maison. Severus y était sûrement déjà. Il était là. C'était réconfortant…

-Vous avez vu, les aurors sont sur une nouvelle piste concernant les derniers mangemorts en fuite. Ils disent que Bellatrix Lestrange a été aperçue récemment dans le Londres moldu.

Hermione, et la Gazette du sorcier.

-Ouais, mais ils ne la captureront pas aussi facilement, il va y avoir des morts, surtout dans le monde moldu.

-Je pense aussi.

-Moi je croyais que les enquêtes piétinaient. Vous ne trouvez pas ça bizarre qu'une semaine après la réunion de l'Ordre la Gazette titre sur ces mangemorts normalement introuvables?

Ron haussa les épaules, un cahot de la route nous propulsa tous à gauche et le journal se froissa. Hermione grogna.

-Laisse tomber tu veux; répondit Ron, on arrive bientôt à Poudlard.

Et comme il disait ces mots, les arbres s'écartèrent devant nous et le château écossais apparut dans toute sa splendeur, ses pierres grises, ses statues, ses tourelles inondées du soleil de fin d'après-midi, le Lac Noir scintillant plus loin. Une vague de chaleur me traversa, je n'écoutai pas ce que put bien rétorquer Hermione. J'y étais vraiment, enfin, en sécurité.

Quelques temps plus tard nous étions tous attablés dans la Grande Salle, le soleil se couchait derrière les montagnes à l'ouest et les verrières et le plafond magique étaient illuminés d'orange et d'or. Rogue se trouvait à la table des professeurs, j'étais bercée de bien-être et ne fis attention à rien d'autre. Les premières années furent répartis au rythme des gargouillis du ventre de Ron, puis le professeur McGonagall fit son premier discours en tant que directrice, nous applaudîmes. Elle finit par présenter le nouveau professeur de Défense contre les forces du mal. Tout mon sang quitta instantanément mon visage.

-Permettez-moi de vous présenter votre nouveau professeur de Défense contre les Forces du mal, le professeur Edmund MacNair.

Son visage, son front large, les arêtes écrasées de son nez. Tout. C'était lui. Je ne respirais plus. Mes oreilles bourdonnaient. Il se leva. Sa main, il salua, sourire froid. Il était ici. Il était à Poudlard. Des murmures hostiles parcouraient la Grande Salle. Des huées. J'entendais. Je cillai.

-Jeunes gens, silence je vous prie! Bien… Je finirai en vous rappelant de ne pas confondre les erreurs d'un père avec les mérites de son fils. Ce sera tout, que le dîner commence.

Les erreurs… son fils… Des erreurs? Des erreurs?! MacNair avait fait des erreurs?! Mes yeux noircirent dangereusement. Je sentais la colère monter, j'allais tuer. J'allais le… Magnétique. Ses yeux noirs. Je détournai la tête vers Rogue alors que je bouillonnais de rage. Il pouvait lire mes pensées. Je ne les cachais pas. Je ne voulais pas. J'allais…

-Lumare! Calmez-vous c'est un ordre! Vous n'allez rien lui faire, vous n'allez pas bouger de votre banc, vous allez vous calmer et commencer à dîner avec vos amis.

-Je n'ai d'ordre à recevoir de personne!

-Assez! Calmez-vous! Je vous expliquerai tout ce soir, dans mes appartements. Il ne représente aucun danger imminent, je peux vous l'assurer.

-Vous mentez. Vous êtes avec lui.

-Khorine.

Je sentais sa peine s'écouler le long du lien.

-Vous ne m'avez pas prévenue qu'il était à Poudlard.

-Rejoignez-moi dans mes quartiers après le dîner. Je vous expliquerai tout.

Le lien fut rompu, je clignai des yeux, Hermione me tenait par l'épaule et mes plus proches amis me fixaient avec inquiétude.

-Ça va? Tu es devenue toute blanche d'un coup! Balança Ron.

-Tu parlais avec Rogue? Demanda Hermione.

J'acquiesçai. Puis je leur révélai quelque chose que j'aurais souhaité ne jamais leur dire:

-MacNair était là-bas.

Un silence de plomb s'abattit sur nous. Nous cinq… Ginny avait entendu aussi. Les autres mangeaient et discutaient.

-Le… Le père ou le fils? Finit par murmurer Ginny.

-… Le père…

Harry avait les yeux voilés… Hermione crispait ses doigts sur mon épaule… Je… Je revoyais des choses que je devais oublier. J'entendais les cris, les sanglots.

*Je ne suis pas une bête MacNair. Je ne touche pas les sangs-de-bourbe !*

-Hey les mecs c'est bon, vous pouvez manger!

Seamus.

-Et vous inquiétez pas pour le nouveau prof de Défense, si c'est un de ces sales mangemorts on va lui faire sa fête!

Il leva son verre de jus de citrouille vers nous. Ron l'imita et bientôt tout notre petit groupe avait le verre levé.

-Aux Gryffondor!

-Gryffondor; murmurai-je.

Et nous avalâmes nos gobelets cul-sec. Le dîner continua, Ron se goinfra, Hermione prit de la viande et des légumes, Harry mangea peu, moi aussi. Un peu de pain, juste, MacNair était dans Poudlard. Severus ne m'avait rien dîner fini les préfets de chaque maison s'occupèrent des premières années, nous attendîmes un peu avant de nous lever, je suivis, j'étais dans un état second. Les mêmes couloirs et les escaliers mouvants, nous arrivâmes devant le portrait de la Grosse Dame.

-Sapiens centauri; prononça Hermione.

Le portrait s'ouvrit. Je fis demi-tour.

-Khorine, où tu vas? M'appela Ginny.

-Il m'a demandé de le rejoindre.

Ce fut tout ce que je murmurai avant d'aller à contre-sens, de descendre les escaliers et de m'aventurer dans les cachots. Des Serpentard allaient et venaient. J'y croisai Zabini qui passa sans une remarque. Malfoy n'était pas là, il avait obtenu ses Aspics en juin d'après Ginny. Quelques réflexions fusèrent dans mon dos, j'étais déjà intéressée par les ombres du couloir, les ténèbres grandissantes… Et puis je fis face à Rogue.

-Suivez-moi; gronda-t-il.

Et j'obéis. Je fis un vague effort pour me rappeler du chemin qu'empruntait Rogue. Un buste de Salazar Serpentard au milieu d'un couloir vide. Puis une porte apparut et plusieurs sortilèges et enchantements plus tard nous étions dans un couloir qui menait à une autre porte qui menait à son salon. Il referma le tout derrière moi une fois que je fus entrée.

-Asseyez-vous.

Je ne me sentais pas bien, mais je choisis de ne pas m'asseoir, je me tins au dossier d'un fauteuil.

-Lumare, asseyez-vous; répéta Rogue.

-Non; marmonnai-je.

La colère enflait de nouveau. Je crachai:

-Comment est-ce que vous avez pu me demander de rester calme avec le fils d'un meurtrier dans la même pièce?! Le fils de celui qui m'a torturée pendant des mois, vous étiez là, vous avez tout vu!

Ma voix montait dans les aigus! Je continuais:

-Vous ne m'avez même pas prévenue, j'avais…

-Je ne l'ai appris qu'hier; me coupa Rogue de l'autre côté du salon. Minerva n'a jugé bon de m'en informer qu'hier. Je n'avais pas mon mot à dire. Aucun d'entre nous d'ailleurs. La directrice choisit les membres du corps enseignant, vous ne pouvez rien y changer.

-C'est un mangemort!

-Non, pas lui. Et laissez-moi vous rappeler Lumare que je suis un mangemort; siffla-t-il.

-Mais vous, je vous aime!

Il… se tut… J'étais essoufflée. Severus me fixait de ses prunelles sombres, emplies de ténèbres. Elles m'apaisaient. J'aimais bien ces ténèbres.

-Vous auriez pu me le dire; marmonnai-je encore sans le quitter des yeux.

-Cette information était réservée au personnel enseignant; trancha-t-il.

C'était extrêmement froid. Alors qu'il savait…

Je l'observai en silence. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. J'avais failli agresser –et tuer- un professeur parce qu'il ne m'avait pas avertie à temps, et lui n'en éprouvait aucun regret.

-J'aurais pu le tuer. J'ai tué son père.

Severus soupira, et s'avança vers moi, je n'étais plus en colère. J'étais fatiguée, et j'avais peur. Il s'approcha, il tendit la main pour attraper une de mes mèches de cheveux, je n'hésitai pas à me réfugier tout contre lui. Il m'avait manqué. Je ne me sentais bien que dans ses bras.

-Je vous connais petite Lumare; finit-il par murmurer en me serrant fermement, vous ne l'auriez pas tué.

Je me blottis un peu plus contre sa robe de sorcier. Ses longs doigts fins se glissèrent dans mes cheveux. Ils caressaient doucement, j'étais bien, j'en fermai les yeux. Tout le reste se disloquait, j'étais trop fatiguée pour penser à quoi que ce soit d'autre…

J'aurais dû… avec Lestrange en liberté, Harry qui n'allait pas bien, ce fils de mangemort à Poudlard…

-Ce n'est pas un mangemort? Chuchotai-je dans son vêtement.

-Non; ses doigts continuaient leurs caresses, sa mère l'a caché pendant la deuxième guerre en vendant des renseignements à l'Ordre. Il est aussi inoffensif que n'importe quel sorcier d'Angleterre.

Ce n'était pas très rassurant non plus… Je cessai de poser des questions. Nous finîmes assis sur le canapé, moi plutôt sur les genoux de Severus que sur le canapé en fait, blottie contre lui et me reposant tandis qu'il lisait un vieux grimoire. Le feu crépitait dans l'âtre. Je pensais à toutes les raisons qui auraient pu conduire McGonagall à choisir MacNair comme professeur de Défense… Mon ventre se tordait quand je pensais à ce sorcier. Son sourire froid après la répartition… Son visage éclairé du rouge orangé du soleil couchant.

Je devais penser à autre chose. Comment allais-je supporter les cours de DCFM? En même temps j'avais supporté les cours de Rogue pendant six ans. Ce n'était pas pareil. Mes amis seraient là. Oui, ils étaient en vie. C'était important. Je pouvais les voir, en sortant des appartements de Severus, en montant quelques escaliers et en murmurant un mot de passe je pouvais les retrouver en vie et les détailler aussi longtemps que je le souhaitais. Ils n'allaient nulle part, ils étaient en vie. Ils seraient près de moi durant les cours.

Ça sentait bon, le feu de cheminée, le cuir de vieux grimoire, l'odeur discrète de Severus. Qu'il me caresse la tête me rendait somnolente et m'apaisait. Je finis par fermer les yeux, doucement, ma respiration de plus en plus lente, de plus en plus profonde, jusqu'à m'assoupir…

Je fus réveillée brusquement, par l'horloge de la tour Nord qui sonnait le couvre-feu. Vingt-deux… heures…

-Severus; marmonnai-je en me frottant les yeux.

J'étais sur ses genoux, et il m'empêcha de me relever.

-Vous êtes très bien ici.

-Le couvre-feu… Vous… n'essayez pas de me faire transgresser le règlement? Balbutiai-je amusée.

Il grogna et me laissa échapper à sa poigne. Les jambes flageolantes, je réussis tout de même à tenir debout. Ensuite je relevai la tête pour faire face aux yeux onyx de Severus, ils étaient fixés sur moi, énigmatiques et hypnotisant. Il finit par se détourner, et à glisser la main dans la doublure de sa robe de sorcier. Il en sortit la broche de McGonagall.

-Tenez… Avant que je n'oublie.

Je m'empressai de la récupérer et de sentir sa chaleur rassurante entre mes doigts. Oh Merlin…

-Merci;prononçai-je la gorge gonflée par l'émotion.

-Oui; grinça-t-il. Bien, il est temps de rentrer dans votre tour. Je vous raccompagne.

-Ce n'est pas la peine Sev…

-J'insiste; rétorqua-t-il les yeux noirs et comme il insistait et que je n'étais pas contre passer encore un peu de temps avec lui je lui souris.

-Peur d'une possible agression dans les couloirs? Le taquinai-je.

-Tout à fait possible. Vous êtes encore pire que Potter lorsqu'il s'agit d'attirer des problèmes.

Je lui souris et lui tendis la main pour l'aider à se lever.

-Je ne vois pas ce que vous voulez dire, la plupart du temps quand je transgresse le règlement je ne me fais attraper par aucun professeur.

Severus eut un petit rictus en me prenant la main.

-Je ferai comme si je n'avais rien entendu; murmura-t-il en se relevant et en m'attirant à lui pour un baiser.

Nos lèvres se rejoignirent tendrement. Une vague de bien-être me traversa, et de reconnaissance, je pensai à la chance que j'avais d'être en vie, et qu'il le soit aussi. Je mis fin au baiser et l'observai avec tendresse, toute trace de ma colère avait disparu.

-Il faut qu'on y aille Severus.

Il grogna, mais je réussis à le traîner jusqu'à la porte de ses appartements puis jusque dans le corridor secret, à la deuxième porte, pour finir par déboucher dans un des couloirs des cachots. Nous mîmes aussitôt de la distance entre nous, n'échangeâmes plus une parole et continuâmes vers la tour de Gryffondor. Nous croisâmes le professeur Bibine qui devait commencer sa ronde de nuit. Elle nous accorda un hochement sec de tête avant de nous dépasser. Nous réussîmes ainsi à monter jusqu'au deuxième étage et n'étions plus très loin de l'entrée de la tour lorsque, soudain, une ombre apparut. Devant nous. Son faciès, ses yeux luisants.

-Qu'est-ce que vous faîtes ici? Aboya Severus en premier. Ce n'est pas votre tour de garde à ce que je sache.

Il s'était placé entre moi et MacNair.

-Je fais du zèle professeur Rogue, ça ne se voit pas? Et vous aussi à ce qu'il semblerait. Le jour de la rentrée en plus, alors que les retenues doivent se terminer avant le couvre-feu… Ah, c'était une Gryffondor! Pourquoi ça ne m'étonne pas? Venez, je vous raccompagne jusqu'à votre tour.

Je restai paralysée, muette, glacée. Mais Severus l'empêcha d'avancer.

-Quelque chose vous a laissé penser que votre assistance était souhaitée?

MacNair me fixa. Il plissa les yeux.

-Vous allez bien Miss? Insinua-t-il.

-Dégagez du chemin! Siffla Severus en me prenant par l'épaule etme permettant de bouger, de faire un pas, puis un autre.

MacNair protesta, mais aucun de nous ne se retourna. Je tremblais et Severus le sentait sous ses doigts. J'avais froid, je voulais vomir, je ne sentais plus rien, mes jambes ne me portaient plus.

Je m'accrochai au bras de Severus, puis basculai contre le mur d'un couloir. Respiration, hachée. Mes doigts tremblants glissèrent, dans ma cape, jusqu'à la pierre de Gryffondor. Je fermai les yeux.

Longtemps plus tard je me détachai du mur, Severus me soutint jusqu'à la tour Gryffondor.

Il ne pouvait plus rien faire pour moi maintenant que nous étions sortis de ses quartiers.

Juste, me serrer la main, quelques secondes, avant de me laisser disparaître par le portrait de la grosse dame.

Je fus accueillie par mes amis sur les canapés, Hermione quitta son livre pour être près de moi, les garçons reprirent leur Bataille Explosive. Tout allait bien, dans cet endroit familier, entourée d'amis.

Je mis un Silencio autour de mon lit avant de m'endormir. Pour ne pas réveiller les autres. Ni Hermione, ni Ginny, ni nos camarades de chambre.

Des cauchemars, toute la nuit, toute la nuit, et le matin avec l'aurore rouge. Des cauchemars, sa présence juste, dans le noir, l'odeur atroce, je savais qu'il approchait, il murmurait, il approchait. Il était derrière moi.