Chapitre 17
En un mois, un tas d'affaires appartenant à Khorine étaient apparues à l'Impasse du Tisseur. Une brosse à dent, un peigne, quelques pyjamas, deux capes, une écharpe aux couleurs de Gryffondor, deux paires de chaussures, des carnets d'idées, des pulls et pantalons, des livres, beaucoup de livres si bien que Severus avait dû agrandir sa bibliothèque, trois carnets de croquis et des fusains, des souvenirs de ses voyages, …
Severus ne s'en était pas plaint. Il avait fait de la place dans l'armoire, la salle de bain, le salon. A présent toutes ces affaires étaient empaquetées. La jeune femme lui adressait un gigantesque sourire. Il grogna et rétrécit leurs bagages avant de les glisser dans sa poche et de la suivre. Ils rejoignirent Livius dans le hall du Ministère et prirent le portauloin ensemble. Ils étaient les seuls à partir si tôt pour Pékin.
Arrivés sur l'autre continent, les Magellus lui firent visiter la ville, puis rencontrer leur hôte. Il offrait d'héberger Livius avec lui au cœur de la capitale et offrait gracieusement à Rogue et Khorine sa maison d'hiver. Ils avaient cinq mois avant que M. Lian Wang n'y revienne. Khorine le traduisit en anglais pour Severus, qui acquiesça. Ils ne resteraient pas si longtemps.
Le lendemain Livius partit avec Lian retrouver ses confrères cartographes. Khorine invita Severus à la suivre, elle voulait lui faire rencontrer un apothicaire qu'elle tenait en haute estime, le maître Jie Yang. Severus prit une chinmultilingua, potion permettant de parler et comprendre le chinois, et ils entrèrent dans l'apothicairerie. Le vieil homme les accueillit avec bénévolence, il laissa son apprenti dans la boutique et entraîna ses invités à prendre un thé et s'installer dans son salon. Ils parlèrent du Shennong bencao jing. Ils avaient plusieurs idées d'expérimentations, le maître les guida, il y avait une potion asiatique aux propriétés similaires à ce qu'ils voulaient faire, cette plante n'était pas compatible avec les ustensiles en fer, la température ne devait pas excéder quarante degrés au risque de dégrader les principes actifs de cet ingrédient, …
Ils revinrent le lendemain et le surlendemain pour continuer à s'entretenir avec Jie Yang et repartirent à la tombée de la nuit du troisième jour, des sacs d'ingrédients plein les bras. Un mois plus tard deux potions avaient vu le jour, deux puissants anthelmintiques. Ils retournèrent voir le maître apothicaire avec les potions finies et écrivirent ensemble deux articles scientifiques en chinois et en anglais pour la communauté des potionnistes. Le maître les introduisit auprès de quelques collègues, ils partirent en expédition dans les grandes forêts du Sud-Est chinois et découvrirent de nouvelles espèces animales, fongiques et végétales qu'ils décrivirent pour la communauté scientifique et étudièrent pour leurs propriétés thérapeutiques. Ils créèrent un substitut sanguin universel qu'ils brevetèrent, servant pour les vampires comme pour les transfusions hospitalières, ils découvrirent un emplâtre capable de ressouder les plaies en quelques minutes qu'ils brevetèrent, ils créèrent une potion antibiotique à large spectre qui détruisait tous les microorganismes connus sans affecter les cellules humaines. Au bout de cinq mois, Khorine et Severus demandèrent à leur hôte où louer une maison avec laboratoire.
Dans le même temps, ils sortaient souvent explorer la Chine. Khorine avait dès le début troquer ses habits d'européenne contre des vêtements asiatiques en lin, épais. Elle avait des tuniques aux manches amples resserrées à la taille par une ceinture retenant sur le côté une pochette en cuir qui contenait des tubes en verre, un scalpel, des fioles, une pince, des gants en cuir, des parchemins, une plume, de l'encre, des fusains et une loupe; ses pantalons étaient légers et épousaient la forme de ses jambes, elle les glissait dans ses bottes rembourrées, resserrées par des lacets de cuir. Son accoutrement était nettement plus agréable que ce qu'elle portait en Angleterre, et il était parfait pour leurs excursions sur le terrain. Severus mit de longs mois avant de consentir à enlever ne serait-ce que sa cape. Il finit cependant par acheter des tuniques noires à col chinois, beaucoup plus légères que ses redingotes, accompagnées de pantalons noirs et de bottes plus résistantes. Il glissa une médaille argentée cachée à l'intérieur de sa redingote dans la poche intérieure de sa nouvelle tunique.
Il semblait tellement plus léger dans ses nouveaux habits, plus accessible. Khorine le trouvait diablement sexy. Elle se rendit compte aussi, au fur et à mesure que les mois s'écoulaient, qu'il était plus détendu. Il prenait, parfois, ouvertement plaisir à une conversation avec d'autres. Il parlait maintenant couramment chinois et sa voix riche modulait ces nouveaux mots à la perfection. Il lui arrivait d'être spontané et de lui proposer un restaurant, de marcher au clair de lune, ou de rester au lit toute la matinée.
Khorine présumait que, séparé par huit mille kilomètres du moindre sorcier pouvant le reconnaître, Severus parvenait enfin à se détendre.
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Severus prenait des notes au coin du feu, de fines lunettes à monture métallique au bout du nez. Khorine venait de relever la tête de sa lecture et l'observait doucement. Les traits du visage de son amant étaient détendus, ce qu'il ne s'était jamais permis de faire avant leur voyage, elle s'en rappelait. Il faisait beaucoup plus jeune. Elle repensait à la lettre d'Harry qu'elle avait reçue dans l'après-midi. Elle allait être marraine. Ils devraient rentrer en Angleterre dans quelques mois pour la naissance d'un nouveau Potter. Et… elle se demandait si…
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Ils étaient revenus en Angleterre pour la naissance de James Sirius. Khorine avait tenu pour la première fois un bébé dans ses bras. Ses grands yeux pleins d'émerveillements et ses petits bras tendus vers elle lui avaient réchauffé le cœur. Elle lui sourit et le bébé gazouilla joyeusement. Severus avait observé ce tableau, ses émotions soigneusement dissimulées derrière son ancien masque neutre.
Severus et Khorine étaient ensuite retournés en Chine et après la découverte de six nouvelles potions, étaient partis explorés les jungles indonésiennes, ainsi que… les fonds marins de Java. L'utilisation de produits naturels marins était rare dans les potions. Pourtant, leur potentiel thérapeutique était incommensurable. Ils avaient appris à plonger. Khorine n'avait jamais vu Severus en caleçon de bain avant. Il était nu lorsqu'ils faisaient l'amour, mais le voir, torse nu, en plein jour, la bouleversait.
Ils faisaient l'amour passionnément dans leur bungalow et la vie était belle.
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Ils quittèrent l'Indonésie définitivement peu après la naissance d'Albus Severus Potter, et s'achetèrent une maison sur les falaises d'Irlande. Il faisait bon sur leur patio, caressés par les embruns marins, entourés par le murmure des vagues, le cri des mouettes, le bruissement de la houle, et baignés par la lumière dorée de la fin du jour. Le regard de Khorine était perdu dans le lointain alors qu'elle caressait son ventre.
