4.

Le lendemain, je réussis à reprendre conscience. Mes paupières s'ouvrirent, je retrouvai l'usage de mes sens et sentis la chaleur du soleil sur mon pelage, l'odeur des pins, le goût du sang dans ma gueule, j'entendais le pépiement d'oiseaux tout près et le murmure du vent. Je redescendis progressivement, jusqu'à la rivière, fatiguée, j'étais trop fatiguée pour pêcher. J'inclinai juste la tête pour laper de l'eau fraîche. Le courant se teinta un bref instant de sang. Je me redressai puis me dirigeai vers la clairière du sorcier la truffe dégoulinante.

Je retrouvai ma cachette et m'y laissai tomber. L'homme en noir était déjà là, avec plusieurs grimoires. Il lisait. Il était fasciné par ce qu'il lisait. Son esprit était piégé dans cet univers poussiéreux, sombre, j'imaginais plein de chaudrons bouillonnant autour de lui sans même savoir pourquoi. Il n'y avait pas beaucoup de lumière. Son regard de ténèbres étincelait, comme illuminé de l'intérieur.

Je voulais qu'il me trouve maintenant. Un couinement m'échappa. Mes oreilles pendaient de chaque côté de ma tête. J'étais épuisée. Je voulais qu'il en finisse. Maintenant. Mais je ne pouvais plus me lever. Un grondement rauque monta, qui se perdit dans ma gorge. Le sorcier n'entendit rien. Il ne bougea pas ni ne se tourna vers moi…

Mon oreille droite se tendit. Un sifflement, des claquements secs, une présence sombre et menaçante. Elle… arrivait… Une chaleur soudaine gonfla en moi. Je me redressai sur mes pattes avant, mes pattes arrière. Je réussis à tenir debout. Il fallait partir. Je me détournai. Je… Rogue ne bougeait pas. Alors que l'araignée marchait vers lui. Qu'est-ce qui lui prenait? Etait-il devenu fou? Subitement sourd? Je grondai dans sa direction. Et il n'entendit rien! Il n'y avait que sa bulle magique autour de lui. Il n'entendait rien! L'acromentule arrivait! J'allais mourir…

Je fermai les yeux. Une inspiration profonde. J'étais prête. J'avançai une patte, une autre, et puis quittai les buissons. J'entrai dans la clairière. Rogue n'allait pas tarder à me repérer, l'araignée avançait toujours, cachée par les arbres, mais droit sur lui. Je boîtais, la douleur me transperçait à chaque pas, je tremblais, mon cœur battait aussi vite que celui d'un écureuil, j'avais peur d'arriver trop tard. Mais je parvins finalement près de Rogue. Et celui-ci releva la tête. Il sursauta de me trouver là, comme s'il revenait dans le monde des vivants. Il était plus maigre qu'avant. J'inclinai la tête vers les bosquets, pour qu'il parte s'y mettre à l'abri et puis je me plaçai devant lui, lui tournant le dos, la queue fouettant l'air, prête… Mais le sorcier ne bougea pas. Et l'acromentule apparut trop vite. Elle nous avait déjà repérés et siffla longuement contre nous. Un grondement rauque lui fut rendu. Je montrai les crocs. Rogue était immobile derrière. Il ne se levait même pas pour courir! Je me retournai vers lui, aboyant de se mettre à l'abri, l'araignée chargea aussitôt. Ses chélicères claquaient, et toutes ses pattes, ses yeux globuleux luisaient de faim. Je courus à mon tour, toutes griffes dehors, la douleur me transperçant l'épaule. J'allais le sauver par Merlin! L'araignée plongea la tête vers moi, je feulai en lui balançant ma patte dans les yeux. Une explosion sèche et un liquide poisseux dégoulina sur mon pelage, elle siffla en bougeant toutes ses pattes, recula. Je grondai, oreilles baissées. Ses chélicères replongèrent vers moi. Panique. Je bondis sur le côté, évitai de peu sa morsure, pour m'effondrer sur mon épaule blessée. Je jappai de douleur. L'acromentule fondit sur moi, je roulai dans l'herbe, parvins à l'éviter et à me relever. Je vacillai. Je ne protégeais plus Rogue. Il n'avait pas fait un pas vers la forêt, beaucoup trop près, trop en danger. Je grondai, la peur me rongeant l'estomac. Si la créature se retournait… Je lui tournai autour, retroussant les babines, la menaçant, coup de patte, feulement, et elle recula. Un liquide noirâtre gouttait d'un de ses yeux jusqu'au sol. Il y en avait un autre venant de ses crochets, il sentait mauvais… c'était du poison… Elle ne le sécrétait que maintenant…

J'étais trop… faible…Je ne sentais plus la chaleur, celle qui avait explosée dans mes veines. Epuisée, je tremblais. Mon nouveau grognement se brisa, je respirais lourdement, l'araignée siffla et s'approcha, une longue patte, après l'autre. Elle me fixait, ses sept yeux rivés sur moi, noirs, ils prirent une teinte argent soudain, avant qu'elle ne se torde de douleur. Je bondis sur le côté pour l'éviter, elle crissait ses crochets sous la souffrance, agitait ses pattes dans tous les sens. Que… Rogue… Sa baguette… Le sortilège cessa. Elle se redressa. Elle allait attaquer. Je bandai mes muscles prête pour une dernière…

-Aragna eximae!

Le sortilège la percuta de plein fouet et elle… se recroquevilla… au milieu de ses longues pattes. Elle mourut.

Je restai un long moment sans bouger devant ce cadavre. Consciente que ce serait mon tour. Ensuite je me retournai, m'assis devant Rogue, fermai les yeux, et attendis. J'entendis ses pas, il approchait. Je relevai une oreille et ouvris les paupières. Il avait rangé sa baguette. Que faisait-il? Je montrai les crocs. Je n'étais pas assez calme, je voulais mourir, mon sang tonnait trop vite dans mes veines. Le sorcier leva la main devant moi, il l'ouvrit, me la présenta, il parlait en même temps. J'entendais des mots… sa voix s'écoulait comme de l'eau de source, réconfortante comme des raies de soleil… Je ne comprenais pas, ou alors…

-Venez ici Lumare, calmez-vous, il ne vous arrivera rien. Venez, approchez, allons… petit cornichon plein de poils.

Il y eut un minuscule mouvement aux coins de ses lèvres, son regard se modifia, j'approchai.

-C'est bien, continuez encore un peu, il ne vous arrivera rien, je suis là; murmura-t-il en s'agenouillant.

Ma truffe s'agitait déjà, très proche de sa paume, j'avais les deux oreilles redressées et je voulais qu'il me touche, qu'il m'immobilise, qu'il en finisse. Je gémis un peu, avant de frotter mon museau contre sa main, froide, il tressaillit inconsciemment. Et puis son autre main se leva vers moi, j'en étais consciente mais je ne bougeai pas… Il me caressa la tête… les oreilles… l'encolure… mes oreilles pendaient de nouveau, je me laissais faire… Ses doigts glacés butèrent contre quelque chose avant de remonter effleurer mes oreilles. Je fermai les yeux malgré moi… Qu'est-ce qu'il attendait? Ce traître…

-Vous devez vous retransformer Lumare. Pensez à votre forme humaine, concentrez-vous…

Non. Non. Il parlait encore.

-… Le collier à votre cou est incrusté dans votre chair, il faut vous retransformer, il serait dommageable de vous l'enlever sous cette apparence. Comprenez-vous Lumare?

Je voulais en finir, non? Oui… Il fallait… Est-ce qu'il le fallait? Je ne voulais pas de l'humaine, des souvenirs, pas les souvenirs. Mais ce serait fini. Oui? Il m'éliminerait rapidement. Je le suppliai du regard, gémissant d'une manière à peine perceptible… puis je baissai la tête, je me concentrai sur l'humaine, sur l'atroce douleur, atroce, atroce… Je sentais mon corps se transformer, s'étirer. Je souffrais. Mon cou brûlait, se craquelait, je ne pouvais plus respirer, des blessures partout, le corps brûlant, mon épaule en lambeaux contre le sol, mon bras lacéré, les marques, les coups, les cicatrices qui s'ouvraient, tout ce sang… j'étais vivante, j'étais humaine. Je souffrais tellement que je ne sentais plus rien. Plus rien… Je suppliais mentalement pour qu'il me tue maintenant, maintenant, des larmes roulaient sur mes tempes. Maintenant, maintenant, maintenant. Ses doigts glacés, je ne voyais plus rien, contre ma peau brûlante, je ne les sentais pas. Il arracha mon collier, j'hoquetai, étouffant, des gerbes de sang. Il marmonna des formules… pour me soigner! Non! J'essayai de me débattre. Il me maintint. Je ne pouvais plus, le moindre geste, impossible. Je m'écroulai dans l'herbe…

Sa cape, contre, ma peau, nue. Et puis, ses bras. Son torse, contre ma, joue. Je ne pouvais plus penser, plus respirer, plus voir, plus ressentir, la mort, c'était… Je perdis connaissance.

Douleur atroce, brûlure… Il y avait des mains… Sur ma peau, l'eau, je… Je me réveillai en sursaut, et écarquillai les yeux d'horreur. Un bain, l'eau rouge sang. Je criai, je me tournai, je me débattis. L'elfe recula, paniqué. Je ne me calmai pas. Je criai, je souffrais, je tressautais, j'essayai de, de, me, lev… Mon corps… avant que je ne tombe… fut immobilisé. L'elfe de maison, sa magie, il m'allongea dans le sang chaud. Il claqua, des doigts. J'étais allongée dans l'eau, chaude, transparente. Il tremblait, l'elfe. Il parla, je ne comprenais pas. Ma respiration, était lourde, difficile.

-Où je… suis?

-Au manoir de Maître Rogue, Miss, s'il vous plaît. Cooky dois vous laver. Le maître a demandé à Cooky de vous laver et de…

Je n'entendais, plus rien. Je n'arrivais, pas à comprendre. L'elfe, sa main décharnée, elle tressaillait, sur la grosse éponge tâchée de sang. Je n'avais plus, la force de parler, d'écouter, d'avoir peur… Ma vision se voila, puis s'obscurcit. Je sombrai dans l'inconscience.

-Harry… Harry… Harry…Hermione… Ron… Pitié.*

La lumière, douce, pâle. L'air était frais. Je respirais doucement et j'étais dans ma tanière… Quelque chose manquait… C'était… la douleur. Je n'avais plus mal. C'était comme un vide. J'étais habituée, dans mon ventre, mon épaule, mes pattes, la fièvre. Tout était calme et très doux. Je respirais et ce n'était pas douloureux. Je ne sentais rien. Lentement, mes paupières s'ouvrirent. Je n'étais pas dans ma tanière. Des rideaux blancs volaient près d'une fenêtre ouverte. C'était le matin, des oiseaux pépiaient de très loin. Ma forêt… J'étais dans une chambre, du parquet, un grand bureau, une bibliothèque, du mobilier. Il y avait un matelas sous moi, des oreillers blancs, et un drap ainsi qu'une couverture verte sur mon corps. C'était un lit à baldaquin. J'inspirai doucement. J'avais cru qu'il m'aurait déjà tué. Il faisait durer le plaisir. J'étais habillée, étrangement. Une chemise de nuit blanche. Je penchai un peu la tête pour voir. J'avais une attelle à l'épaule gauche, et des bandages. Je ne pouvais rien sentir, mais je voyais des bandes blanches autour de mes mains, mon bras, je savais que j'en avais au cou, aux jambes, et autour de mon ventre. Je respirai lentement, mon haleine était chargée de potions, il y avait l'odeur du vieux bois plus loin et l'air frais du dehors. J'étais prête à mourir. J'étais fatiguée. Rogue ne devrait plus tarder à présent. Je m'endormis en l'attendant.

Son elfe vers midi m'apporta une purée de légumes. Je n'esquissai pas le moindre geste. Même pas pour me redresser. Il tremblait de nouveau. Sa magie, je fus en position assise et je n'avais toujours pas mal. Je le fixai, il balbutia des mots que je ne compris pas. Il ne savait pas quoi faire. Il approcha la cuiller de mes lèvres, força leur barrière. Je déglutis juste. L'elfe recommença, moi aussi. Ils me nourrissaient… Ils n'avaient pas fini. Ce n'était pas fini. Ils me ramèneraient à Voldemort… Rogue me ramènerait à Voldemort. Moi qui avais espéré… Je détournai la tête, refusant. L'elfe me supplia, dit qu'il devait me soigner, que son maître avait demandé à Cooky de soigner Miss et qu'il fallait que Miss le laisse faire. Je refusai. Je refusai aussi d'avaler les potions qu'il avait amenées. Il dut repartir. Je mis toutes mes forces pour me rallonger et baisser mes oreillers. Epuisée, je sentais la nourriture descendre le long de mon œsophage, ils voulaient me soigner et ils voulaient me torturer encore. J'avais tant espéré qu'ils arrêtent, que tout s'arrête, qu'il me tue. Une larme roula le long de ma tempe, une seule, puis je fermai les yeux et sombrai une fois de plus.

Des craquements, la chaleur, il n'y avait plus de vent seulement cette chaude lueur. J'ouvris difficilement les paupières sur un feu de cheminée. Les bûches craquaient et les flammes étaient jaunes, orangées, brunâtres près du bois. Ça sentait, comme à Poudlard. Douleur violente. J'hoquetai, des flashs de souvenirs, c'était. Tout cessa. J'inspirai lentement, j'étais dans la chambre, les fenêtres étaient fermées et les rideaux cachaient la nuit. J'étais enfermée dans un cocon, trop lourd, je n'étais plus capable de bouger. Je faisais ce que je pouvais pour respirer encore et pour garder mes yeux ouverts… La sensation était étrange, je ne ressentais pas la douleur, mais je ne me sentais pas bien. J'étais nauséeuse, plus assez de sang, plus assez de force… L'elfe revint avec le dîner, je ne pouvais même plus déglutir, je ne voulais pas… Il dût me masser la gorge après chaque cuiller pour que j'avale. Je n'arrivais pas à l'en empêcher, je ne pouvais plus le repousser…

-Miss? Miss? Votre bandage saigne, Cooky doit le changer, s'il vous plaît, il faut lever le bras Miss. Est-ce que Miss peut entendre Cooky? Miss?

Il geignait à mon oreille, je me concentrais pour respirer et puis, je secouai la tête. Je ne pouvais pas. L'elfe s'empara de fioles près de lui et les porta à mes lèvres, je bus grâce à lui. Je ne pouvais toujours pas esquisser le moindre geste. Il utilisa sa magie pour maintenir mon bras dans les airs, il changea mes bandages. Pauvre petit elfe…

Il finit par quitter la chambre, je luttais pour respirer, quelque chose m'enserrait la poitrine, le cocon se resserrait. C'était presque douloureux, presque comme avant. Je ne savais plus pourquoi je luttais, pourquoi je tenais encore à respirer. Je ne savais plus.

La porte grinça, je l'entendis sans pouvoir me tourner vers ne pouvais observer que le feu… Une ombre s'approcha et j'entendis sa voix:

-Miss Lumare… Pourriez-vous cesser de tourmenter mon elfe de maison?

Il s'avançait et mes yeux purent enfin se lever vers Rogue, mais je ne pus montrer ni ma haine, ni ma colère. Trop d'énergie… Je ne pouvais pas. Juste la fatigue, il n'y avait que de la fatigue à lire sur mon visage. Silence. Il se tenait entre moi et les flammes. Les ombres sur son visage et ses vêtements, il n'y avait que son regard sombre et brûlant que je distinguais. Il survivait à cette guerre. Aussi lâche qu'il pouvait être, il était encore en vie.

-Je vais vous examiner Miss Lumare et je ne veux aucune jérémiade pitoyable ou remarque d'aucune sorte, si vous voulez vous plaindre vous le ferez auprès de Minerva une fois que vous aurez débarrasser le plancher de ce manoir, est-ce clair?

Je clignai des yeux. Je n'avais rien compris. Il retira les draps d'un mouvement de baguette et mon corps couvert de bandage fut exposé à la lumière des flammes. Je ne me voyais pas, seulement mon coude pointu qui dépassait de l'attelle, je devais être très maigre. J'entendis le traître marmonner des formules au-dessus de moi, je ne sentais toujours rien, il y avait seulement les potions –peut-être– qui commençaient à agir. J'avais moins de difficultés à respirer.

-Vous avez plusieurs côtes cassées ; commença Rogue d'une voix monocorde, une fêlée, des os brisés et grossièrement ressoudés, de nombreuses contusions et écorchures, des plaies plus profondes au niveau du cou et de la nuque et de…, des traces de morsures infectées sur votre bras, une épaule déboîtée qui restera encore plusieurs semaines dans cette attelle. Il y a également une fièvre importante dûe aux infections, une déshydratation et une sous-alimentation évidente, vous avez perdu beaucoup de sang… Il serait contre-indiqué de vous faire quitter cette chambre avant deux bonnes semaines, sans parler du manoir.

Je me glaçai, mes yeux s'écarquillèrent, non, non, non! Deux semaines? Deux semaines? Pitié, non, tuez-moi, tuez-moi maintenant. Professeur, professeur! Il remontait déjà les couvertures sur moi, et il allait partir! Rogue se pencha juste vers moi, peut-être pour prendre ma température, je réunis toutes mes forces, toutes mes forces, et mes doigts s'accrochèrent à sa cape. Pitié… Je n'en peux plus… Rogue ne bougeait plus… Tuez-moi… Tuez…

-… moi; soufflai-je entre mes lèvres craquelées…

Je vous en prie… J'étais désespérée, il devait le lire dans mes yeux. Cela n'avait plus d'importance, aucune importance. Je ne pouvais plus être forte, narguer des mangemorts et rire au nez de Voldemort, je ne, pouvais plus. Je les suppliais de m'achever, je suppliais le traître de m'achever. Rogue! Rogue! Il cilla et son regard sombre dériva sur ma poitrine, les mouvements erratiques dûs à ma respiration. Les draps se soulevaient difficilement, je peinais à maintenir mes doigts accrochés à son vêtement, j'avais mal, je fermais les yeux sous la douleur et… Et Rogue se redressa lentement.

-Accio fauteuil, Accio grimoire de William Griffith!

Mes paupières se relevèrent de stupeur et le fauteuil se cala derrière Rogue, le livre vola jusque dans sa main. Le mangemort s'assit ensuite, comme s'il allait me veiller, si près que je pouvais encore m'agripper à sa cape. Son visage était vide de toute expression. Pourquoi est-ce qu'il me torturait encore? Je n'en pouvais plus… Je ne pouvais plus…

Je tenais encore debout, j'étais là, je tremblais, il faisait froid, la grande salle était si sombre, il y avait deux flambeaux autour du fauteuil de Voldemort. Le mangemort qui m'avait amenée s'éclipsa… Mon collier pesait lourd, ma chaîne cliquetait contre les dalles du sol. Mes habits étaient déchirés, mais ils tenaient encore sur mes épaules… Ils tenaient… encore…

Deux mangemorts entrèrent par derrière, j'entendais leurs pas. Et Rogue apparut derrière le trône du Seigneur des Ténèbres.

-Bella, Walden et Severus… Vous avez manqué faire attendre notre invitée.

Ils étaient là, ils venaient de me dépasser, MacNair trop près et Lestrange. Elle avait torturée, Hermione, j'entendais ses cris, elle hurlait, trop! Trop! Je…

-Je te la confie Bellatrix, tue-les autres, tu ne t'occuperas que d'elle.

-Bien maître.

Sa voix s'érailla, de plaisir. Je tressautai et ma chaîne racla la pierre. Non…

-Walden, tu n'en seras pas pour autant privé de tes visites hebomadaires; siffla Vodemort en souriant et ses joues se creusaient comme un serpent.

La lumière s'éteignit dans mes yeux… Je n'entendis pas la suite. Juste…

-Doloris!

Je m'effondrai au sol, crucifiée par la douleur, murmurant des hurlements déchirants, ma gorge était en feu, je me tortillais dans tous les sens. Des heures, pour un seul sort. Je finis par m'écrouler, du sang s'écoulait de mon nez.

-Debout; cracha Voldemort.

Je n'essayai même pas. Un de ses sorts m'obligea à me relever. Il n'y avait plus MacNair ni Lestrange. Je respirais, difficilement.

-Connais-tu l'inconvénient de l'Impero Lumare? Celui qui en est affecté ne se rappelle plus ni de celui qui le manipule, ni de ce qu'il a été forcé à faire. Et il serait fâcheux que tu oublies ce que nous allons te faire…

Des gouttes de sang atteignirent mes lèvres, elles tremblèrent vaguement, je ne voulais pas avaler.

-Par chance, mon maître des potions est enfin parvenu à créer ce que j'attendais de lui. Une potion qui brise la volonté, mais laisse les souvenirs intacts. Imagines-tu pouvoir vivre en te rappelant avoir trahi tes précieux petits amis, Gryffondor?

Je ne, les, trahirai, pas. Mes yeux s'obscurcirent de haine, de volonté, encore. Rogue posa, une fiole à potion verte, dans la main tendue de Voldemort.

-Tu ne les trahiras pas? C'est une possibilité; siffla encore ce dégénéré, mais si ton esprit n'est pas brisé de cette manière, il en existe bien d'autres que nous utiliserons. Sais-tu ce qui se produira lorsque Walden utilisera cette potion sur toi?

MacNair? Il… Il m'obligerait à… Je blêmis violemment, je tombai à genou, secouée de spasmes.

-Dis-moi où ils se cachent, Lumare. Dis-moi où ils se cachent et tes souffrances prendront fin immédiatement. Lumare…

Il sifflait et il quittait son fauteuil, il s'avançait vers moi, son serpent monstrueux suivait.

-Où est caché Potter? Dis-le moi. Où est caché Potter?

Ses doigts, glacés, m'enserrèrent la mâchoire, je ne dis, rien, je, ne, dirai, rien! Rien! Rien! Rien!*

-Rien! hurlai-je les yeux grands écarquillés, me débattant, les draps, des mains, la nuit, tout trop sombre, tout, les ténèbres, partout.

J'hurlais et tressautais et quelqu'un me retenait, mais ce n'était pas des chaînes, pas un mangemort, si, lit, Rogue, un sanglot me déchira la gorge. Il parlait, je, rien, n'entendais, rien. Tuez-moi! Maintenant! Pitié, maintenant, pitié! Froid, flacon, contre mes lèvres. Le liquide, coulait, partout, mon menton, ma bouche et ma gorge Des mots, encore, je ne comprenais, pas. Un brouillard, il y avait un brouillard, progressivement et je cessai de me débattre. Ma tête retomba en arrière, on la retint, l'oreiller, doux, la chaleur, des draps. Mes yeux roulèrent dans leurs orbites, mes paupières se refermèrent. Je m'endormis.