6.

Ginny s'était excusée la veille des vacances, puis Severus était venu me chercher.

Il m'avait demandé de les passer chez lui. J'avais accepté, bien sûr, j'avais besoin de le voir. Et puis, peut-être que je me trompais pour MacNair, après tout Severus avait été espion et pas moi. Il n'aborda pas le sujet. Le samedi matin nous transplanâmes aux abords de la forêt interdite pour apparaître devant son manoir.

Je lui souris. Cooky apparut pour nous ouvrir les portes.

Severus donna nos bagages à son elfe et, à ma surprise, récupéra un panier pique-nique. Nous passâmes la journée dans la forêt.

Au soir, j'étais exténuée. Je m'endormis à peine blottie contre Severus, sans prendre une seule potion. Pas un rêve, ni cauchemar, je me réveillai reposée et heureuse. Severus lisait un grimoire à la lumière du jour.

-Sev'; miaulai-je.

Il se tourna vers moi et haussa un sourcil.

-Merlin Lumare, ce surnom est ridicule.

-… Je peux t'appeler Professeur si tu préfè Monsieur le Maître des Potions.

Il grogna…

-Bonjour Maître; murmurai-je alors en m'élevant juste assez pour l'embrasser au coin des lèvres.

Ses mâchoires étaient crispées quand je m'écartai. Il ne disait rien. Je finis par les caresser, doucement, je ne voyais pas ce que j'avais dit de si terrible.

-Khorine… Nous appelions le seigneur des Ténèbres de cette façon. Je ne veux plus vous entendre prononcer ce mot. Jamais.

-D'accord. Alors comment je dois t'appeler?

Il tourna la tête vers moi et quelques mèches graisseuses glissèrent sur son front. Je les retirai pour lui. Je ne pouvais m'empêcher de le toucher, de lui parler, de lui sourire, de le faire réagir.

-Vous pourriez peut-être utiliser mon prénom, à trois syllabes, facile à prononcer.

-Severus; murmurai-je en savourant son prénom. Severus. Severus.

Ses yeux de ténèbres brûlaient devant moi, un peu plus à chaque murmure. Ses mains tremblaient, il finit par refermer violemment son grimoire et le balancer sur sa table de chevet avant de m'embrasser à pleine bouche. Nos haleines matinales se mêlèrent, ses dents cognèrent mes lèvres, c'était bon.

-Severus…

OooOooO

Je réussis à convaincre Severus dès le lundi de déjeuner sur la véranda.

Ce midi nous avions une salade de tomates, de concombres et de surimis. Cooky venait d'ouvrir les portes vitrées en grand. Nous sentions la brise d'automne, les chauds rayons de soleil, l'herbe ondulait, des oiseaux chantaient dans le lointain, Severus était apaisé, les traits de son visage détendus. Il observait ce qui nous entourait d'une telle façon. Il n'était jamais comme ça à Poudlard. Jamais ce regard obscur si apaisé ou ce micro-sourire apparaissant malgré lui.

Il me parla de plantes ce jour-là, de leur intérêt dans les potions, de certaines de leurs caractéristiques morphologiques, botaniques et de leurs propriétés.

-Un maître des Potions ne suit pas aveuglément ce que d'autres ont imaginé avant lui. Il reprend la potion, il la transforme à volonté et la potion lui obéit. Nous ne faisons pas de l'utile Miss Lumare, nous faisons de l'art.

Et cette fois, quand je me tournai vers lui, il n'était plus apaisé, c'était un violent brasier qui illuminait son regard. Il était fixé sur moi.

-Que souhaitez-vous Lumare? Distiller la grandeur; ses lèvres s'incurvèrent vers le bas, enfermer la mort dans un flacon, cristalliser la loyauté, noyer le bonheur, pétrir la folie, décanter la haine jusqu'à la lie, embraser l'amour dans un chaudron de cuivre. Rien qu'une potion ne pourra vous apporter.

Mon cœur s'emballait. Severus ét…

Un «crac» sonore résonna et Cooky apparut avec les desserts. Je détournai les yeux. Je cherchais de l'air. Un éclair au caramel. Lorsque l'elfe disparut, Severus était tourné vers son dessert et l'entamait délicatement.

-Je serai au laboratoire pour le reste de l'après-midi.

J'hochai la tête. Je ne m'attendais pas à ce qu'il continue:

-Vous pourriez m'y accompagner Khorine.

C'était proposé délicatement, une cuillérée de crème au caramel venait de fondre entre sa langue et son palais.

-Non; m'entendis-je murmurer. Non merci.

Je voulais repartir dans la forêt. Je voulais… courir, oui, et sentir le vent dans mes oreilles, contre mon pelage, la terre sous mes griffes. Ce que j'avais prévu.

Je lui jetai un nouveau coup d'œil, il était neutre tout à coup, et calme.

-Bien.

-Demain sûrement professeur. Mais je… Je veux marcher aujourd'hui, me promener un peu.

Je babillai comparée à lui, ses mots, cette voix profonde, tantôt sifflante tantôt caressante, grondant de passion, envoûtante.

J'entamai mon dessert et le silence s'étendit, des rayons de soleil auréolaient ses cheveux graisseux et réchauffaient son profil droit. A cet instant je me demandai plus que tout ce qui avait poussé un homme aussi extraordinaire à se lier à quelqu'un comme moi et à gaspiller une nouvelle année de sa vie à Poudlard.

-Severus? L'appelai-je.

Il se tourna vers moi. Et il y avait juste une petite miette au coin de sa bouche. Je m'approchai et dardai un bout de langue pour la lui enlever.

-Je t'aime; murmurai-je.

Son regard de suie s'adoucit, et je crois qu'il ne m'en tint pas trop rigueur quand je le quittai pour rejoindre ma forêt.

Le violent air frais, ces rafales ébouriffantes en haut du chemin de roc, les sapins penchaient dangereusement proches du vide, la falaise s'effritait, mes griffes lacéraient la terre. Je bondissais de pierre en pierre, toujours plus proche du sommet et de cette vue incroyable. J'hurlai, arrivée en haut, la tête rejetée en arrière, je projetai tout l'air de mes poumons en un long hurlement, il vibrait dans ma gorge et ma gueule, fusait dans l'air, résonnait dans la vallée.

J'arrêtai. Je me sentais en vie, si exaltée pour une fin d'après-midi! La forêt à mes pieds était magnifique, la vue si dégagée sur des hectares, et ce vent. Je fis plusieurs pas à gauche, puis à droite, à gauche, admirant le paysage, ne tenant déjà plus en place.

Je finis par redescendre la falaise, et courir entre les chênes, plus vite, toujours plus vite, encore, l'odeur de la forêt m'enivrait. Tellement longtemps…

Je courus jusqu'à ne plus avoir de force, puis m'affaissai près d'un roc plat. Merlin… Si bon…

J'allais m'endormir. Je devais rentrer. Mes pattes tremblaient et mon cerveau vibrait étrangement. Je réussis tant bien que mal à retrouver mon chemin et finis par m'écrouler contre le canapé du salon. Un coussin pour ma tête, la douceur du tissu, je m'endormis avant même de fermer les yeux…

Un grondement furieux me réveilla:

-Lumare!

Je tressautai, ouvrant les paupières.

-Lumare, qu'est-ce que c'est que ça?!

Severus. Tenant une lettre. Je secouai la tête, me frottant lentement l'œil droit.

-Aucune idée? Tentai-je.

Ce qui augmenta sa colère d'un cran, comme s'il me tenait personnellement responsable pour cette lettre.

-Aucune idée? Siffla-t-il. Pourtant il est bien indiqué que Minerva vient pour vous.

McGonagall? Pour moi? Qu'est-ce… Je blêmis. Merlin. J'avais oublié.

-Quand est-ce qu'elle vient?

-Puisque vous le demandez, il est précisé qu'elle arrivera par cheminette dans moins de dix minutes. J'apprécierai autant être au courant de vos petites manigances avant cela.

Oh… Et moi qui avais couru toute l'après-midi. Je sentais déjà les courbatures, j'avais mal à la tête. Je me levai, tanguant un peu sur mes jambes. J'allai chercher une potion Revigorante dans la salle de bain, puis passai à la cuisine demander du chocolat à Cooky. Il m'apporta cinq tablettes entières, à différents parfums. Rogue n'avait pas apprécié me suivre sans obtenir de réponse. Je croquai dans un carré de chocolat aux noisettes.

-Lumare; gronda-t-il…

-Bien, bien. Je vais vous le dire… Même si vous êtes déjà un peu au courant d'après ce que le professeur McGonagall m'a dit.

J'inspirai un bon coup, ayant l'espoir ridicule que McGo arriverait juste à ce moment-là… J'attendis. Peine perdue.

-Il y a deux loups-garous dans l'école pour qui vous préparez une Tue-Loup tous les mois.

Il serra les mâchoires. Il avait sûrement déjà compris.

-Ils ont été transformé il n'y a pas longtemps, on m'a dit qu'ils avaient des problèmes avec leur transformation. Et il faut quelqu'un pour veiller sur eux à chaque pleine lune; continuai-je alors qu'il fronçait un peu plus les sourcils. Au moins cette année. Je ne crains rien en Animagus.

-C'est trop dangereux; siffla Severus.

-La morsure ne contamine que les humains! Vous le savez!

-C'est hors de question.

Je me relevai de mon fauteuil, furieuse:

-Vous ne pouvez pas m'en empêcher. C'était à moi de prendre cette décision. Et je l'ai prise! Je veux les aider.

-Quelle honorable petite Gryffondor vous faîtes; grinça-t-il les poings et les mâchoires serrés. Seulement, Lumare, vous êtes sous ma responsabilité. Je ne vous laisserai pas seule au milieu de la Forêt interdite, encore moins avec deux loups-garous!Je vous l'interdis. Minerva se débrouillera sans vous.

Il était blême et la colère étincelait dans ses yeux.

Severus voulait m'enfermer ici. Comme un animal. Un frisson violent me parcourut, et lorsque je relevai les yeux, c'étaient ceux d'une louve. Une voix rauque, grondante, s'échappa de ma gorge:

-Allez au diable. Je n'appartiens à personne. Vous n'avez pas confiance en moi, ni en mes choix. Comme pour MacNair. Je n'ai rien à faire ici.

Les mâchoires de Severus convulsèrent à mes derniers mots. Il était glacé, si pâle.

Je cillai. Le loup s'effaça. Merlin... Et McGonagall qui allait arriver.

-Je…; siffla Rogue mais il s'arrêta. Khorine…

Il fit un pas. S'arrêta. Il était vraiment blafard dans cette lumière de fin du jour. J'avais l'impression de lui avoir porté un coup. J'avais menacé de partir. Alors que je ne pourrais pas le supporter.

-Je vous fais confiance; grinça-t-il la gorge nouée. Je veux seulement vous protéger.

Me protéger? Et sur ces derniers mots, des étincelles crépitèrent dans la cheminée, des flammes vertes grondèrent, et Minerva McGonagall apparut dans le salon.

Elle épousseta vigoureusement la cendre de sa cape et de sa robe.

-Merlin, vous devriez penser à ramoner cette cheminée Severus. J'ai failli rester coincée.

-Plutôt le signe que vous devriez arrêter les shortbreads écossais; lâcha Severus le visage neutre soudain en s'éloignant rapidement de moi.

Et McGonagall paraissait plus amusée qu'outrée. Elle enleva un peu de suie sur sa joue, et répliqua que les shortbreads avaient été créés en Ecosse et qu'ils étaient tous écossais, n'en déplaise aux anglais. Il y eut un échange de piques étranges, puis la directrice se tourna vers moi.

-Bien, êtes-vous prête à partir? Avez-vous mangé?

-Oui. Et non, je n'ai pas eu le temps.

-Pas eu le temps de manger? Dit-elle en fronçant les sourcils. Severus, vous affamez votre Gryffondor? Dans ce cas Miss je demanderai à un elfe de vous apporter un repas digne de ce nom. Nous avons à discuter avant que vous ne rejoigniez vos deux camarades.

J'hochai la tête.

-Minerva; appela cependant Severus, pourrais-je savoir pourquoi vous n'avez pas jugé bon de me consulter avant?

-Eh bien, Miss Lumare est majeure et apte à prendre ses propres décisions.

-Et tout cela vous arrangeait bien, n'est-ce pas? Mais laissez-moi vous rappeler qu'elle n'est encore qu'une élève à Poudlard et que ce que vous demandez est hautement risqué.

Il était en train de sous-entendre qu'elle mettait en danger l'une de ses élèves, l'une de ses Gryffondor! Mais McGonagall reçut la remarque avec calme.

-Il nous est apparu à Albus et à moi que nous agissions pour le mieux.

-Albus; siffla mon amant en serrant les poings.

La directrice hocha la tête puis profita de son silence pour se détourner vers la cheminée. Elle annonça que je rentrerai dès le lendemain; puis me tendis le pot de poudre de cheminette.

Je tendis ma main. Hésitai. Ensuite j'entendis distinctement les pas de Severus sur le parquet, je me retournai, et eus la taille emprisonnée par une poigne de fer, le menton maintenu, et mes lèvres furent happées par les siennes. Je gémis. Devant McGonagall! Il m'embrassa encore, durement, je m'accrochai à son vêtement.

Puis nous nous séparâmes.

-Revenez vite, Lumare.

J'hochai la tête, rougissant devant la directrice, avant d'enfin prendre cette satanée poudre et de la jeter dans la cheminée.

-Bureau de la directrice, Poudlard!

Le professeur McGonagall me rejoignit rapidement, et se contenta d'un sourire amusé à mon égard. Merlin…

Nous nous installâmes, le professeur me parla longuement des loups-garous tandis que je dînais, nous prîmes la décision de ne pas encore révéler qui j'étais même si mon odeur me trahirait tôt ou tard, deux ou trois détails ensuite. La nuit était déjà tombée lorsque je suivis, en louve, la directrice hors de son bureau.

Les lycanthropes attendaient au cœur de la forêt. Je n'eus pas de mal à reconnaître Zabini, sa peau plus sombre, il avait de profondes cicatrices tout le long du ventre, l'autre était plus jeune et plus frêle. La directrice nous laissa. Ce fut une rencontre d'humains, nous restâmes assis à nous fixer. Zabini ne bougerait pas, fierté de Serpentard ou que sais-je, il ne bougea pas de toute la nuit. Ce fut plus amusant avec le Serdaigle. Il avait apparemment des soucis pour utiliser ce nouveau corps.

Il ne maîtrisait pas ses gestes, ses pas, ses mouvements de tête. Je le fis courir et ses pattes s'emmêlèrent plus d'une fois. Il geignit, hurla à la pleine lune, utilisa ses griffes, il apprit.

Zabini nous fixait, ses yeux prenant parfois l'éclat blanc de la lune.

Puis la nuit pâlit, un éclat rouge apparut derrière les montagnes écossaises et les loups se changèrent en humain. Je jappai, détournai les yeux. Zabini était nu, le Serdaigle aussi.

Ils mirent quelques temps pour retrouver leurs affaires, et les enfiler.

J'avais seulement vu des adultes nus avant, jamais d'étudiant, ils avaient des corps fins, nerveux. Ils avaient des cicatrices.

Quand ils eurent fini, je les raccompagnai à Poudlard. Zabini ne desserra pas les dents, le Serdaigle me remercia et je jappai, puis retournai au bureau de la directrice.

Redevenant enfin humaine, et rattrapée par la fatigue, je fis mon rapport, fus reconduite jusqu'à la cheminée et me serai effondrée sur le tapis du salon si McGonagall ne m'avait pas tenue…

Severus attendait. Ils discutèrent entre eux, prononçant des mots que je n'entendais qu'à moitié. J'avais couru toute la nuit, et l'après-midi. J'étais épuisée.

Les bras de Severus, sous mes genoux et dans mon dos, je soupirai, enfin en sécurité, et me pelotonnai contre lui. Il m'amena jusqu'à la chambre. Je m'endormis dès que ma tête toucha l'oreiller.

OooOooO

Je me réveillai tout en douceur, les narines chatouillées par l'odeur de brioches toutes chaudes, de thé, de jus d'orange et de porridge. Merlin seul savait comment Rogue pouvait aimer le porridge.

J'entrouvris un œil, Severus lisait à la lumière du jour, l'énorme plateau du petit-déjeuner en équilibre sur sa table de nuit.

-Bonjour Severus…

-Khorine; répondit-il continuant sa lecture.

Je m'étirai et me frottai les parcourait un grimoire de Potions, ce qui signifiait que je pouvais danser la macarena sur une chocogrenouille géante sans qu'il le remarque.

Je choisis plutôt de l'observer. Son visage figé, ses yeux fiévreux et son corps d'adulte. Il portait une chemise blanche et un boxer comme d'habitude. Les draps étaient remontés sur ses hanches. Je voulais me rappeler, son corps, le corps de mon amant.

Je me déplaçai, plus près de lui, et repoussai les draps avec lenteur. Severus ne cessa pas sa lecture. Je le connaissais il avait prévu de s'arrêter à la fin de son chapitre, j'espérais qu'il lui restait encore beaucoup de pages.

Ses hanches puis ses cuisses pâles, ses genoux torturés, ses jambes et ses longs pieds apparurent. Je laissai le drap au bout du lit. Il y avait de fines lignes, des cicatrices nacrées ou d'un gris profond, qui sillonnaient sa peau. J'embrassai une étoile grisâtre explosée sur le côté de son genou droit. L'os n'était plus droit. Il fut caressé du bout du pouce, puis je suivis une cicatrice jusqu'à mi-cuisse. Elle était glabre, d'une pâleur maladive. N'était-il jamais allé à la plage? Ou ne serait-ce que nager dans le Lac Noir? Je suivis une nouvelle cicatrice, en rattrapai une autre, remontai en caressant sa peau. Puis j'arrivai au bas de son boxer.

Je me mordis la lèvre, hésitant. Une bosse commençait à se former. Mais Severus m'ignorait toujours, son livre posé à la moitié de son abdomen.

J'en voulais encore plus.

J'effleurai les os de son bassin par-dessus le tissu, puis parvins à sa chemise. Je détachai le dernier bouton, l'avant-dernier, découvrant enfin un peu de peau blanche et une fine ligne de poils noirs, l'avant-avant dernier. Un grondement rauque s'éleva, mais je continuai, ne m'attendant pas l'instant d'après à être tirée vers le haut et emprisonnée entre ses bras et son grimoire.

-Tu me déconcentres Khorine.

-Désolée, je vais faire moins de bruit; me moquai-je en essayant de me délivrer.

Il me garda contre lui. Ses yeux noirs commençaient à brûler de désir.

-Ce n'était pas le bruit.

-Laisse-moi continuer, s'il te plaît?

-Non; grogna-t-il alors qu'il était évident qu'il ne tiendrait pas longtemps.

Un fin sourire m'échappa avant que ma cuisse ne vienne malencontreusement frotter son érection.

-Khorine; siffla-t-il fronçant les sourcils.

-Laisse-moi te regarder; demandai-je.

Il crispa les mâchoires. Puis… desserra son étreinte. Je recouvrai la liberté, pour retourner m'occuper de ce déboutonnage. Severus resta allongé, les bras étendus, il ne lisait plus. J'aurais pu m'en inquiéter s'il n'y avait eu ce corps vivant, vibrant sous mes mains et mes lèvres, ces cicatrices uniques, cette peau pâle à la saveur familière. Ses côtes apparurent bientôt, se soulevant, s'abaissant, trop visibles. Je pensais qu'il mangeait plus, à Poudlard. Puis ses tétons, que j'effleurai, son sternum, la jonction de ses clavicules. J'écartai les pans de sa chemise puis m'assis sur ses cuisses. La bosse de son boxer se logea pile sous mon entrejambe. Je me mordis la lèvre. Severus était allongé, sous moi, son corps fin pâle et meurtri sous mes mains. C'était à peine possible, après ce que j'avais dit hier, après tous mes accès de colère, il aurait dû choisir quelqu'un de mieux, quelqu'un de plus adulte…

-Je suis… désolée pour hier soir... Je ne pensais pas ce que j'ai dit.

Severus ne m'en voulait pas, je le lus dans ses yeux et il me le dit. Lui si prompt à tenir rancune.

Je notai après un instant de silence que ses doigts étaient agrippés aux draps, ses lèvres pincées et blanches. Je ne bougeai pas. Il finit par retrouver un masque impassible.

-Cependant, Khorine, je comprendrais que tu ne puisses pas pardonner ce que j'ai fait.

Mon cœur rata un battement et mes mains devinrent glacées le temps qu'il enlève sa chemise, qu'il me présente son avant-bras gauche, sa… Merlin. Merlin. Ce n'était… Merlin.

-Ta marque?! m'étouffai-je.

-Un sortilège; répondit-il en haussant les épaules.

Merlin. Rogue essayant d'être modeste. Alors qu'il avait réussi à enlever la marque du Seigneur des Ténèbres! Merlin.

-Comment, non pourquoi… Mais c'est impos… Merlin Severus! Tu… Félicitations!

Qu'il puisse rester aussi solennel m'étourdissait.

-Khorine… Ces brûlures et cicatrices viennent d'autres essais, j'y travaille depuis longtemps. Je ne pouvais pas me douter que Potter souffrait chaque fois que je tentais d'arracher la marque.

Non?

-V… Voldemort ne… reviendra pas alors? Couinai-je.

-Non.

C'était Severus qui activait la marque. Harry avait souffert près de deux mois, quitté Ginny, sombré peu à peu, alors que c'était Severus et sa marque, tout ce temps.

Il fallait que je prévienne Harry! Je voulus quitter le lit mais Severus me retint par les hanches, me gardant sur lui.

-Vous m'en voulez; lâcha-t-il sans que ce soit une question.

Mais, étrangement… Je restai immobile, cherchant de la colère en moi. Il n'y avait que du soulagement. J'eus beau chercher. Severus n'avait appris que beaucoup plus tard que la cicatrice d'Harry le faisait souffrir. La douleur avait cessé. Je m'en rappelais à présent, pile au moment où j'en avais parlé à Severus.

-Vous ne pouviez pas savoir.

Il secoua la tête, fronçant les sourcils, tandis que son sexe pulsant sous moi devenait de plus en plus distrayant. Je voulais qu'il oublie ses remords. J'enverrais un message à Harry juste après.

J'ondulai doucement des hanches, attirant aussitôt son attention. Ses yeux sombres s'accrochèrent aux miens.

-Je ne t'en veux pas; murmurai-je frottant mon entrejambe contre son érection.

-Pour l'instant; grogna-t-il.

-Tu as raison, peut-être dans trente ans…

Ses doigts froids agrippant mon pantalon de pyjama. Je les sentais au travers du tissu.

-Severus; murmurai-je comme une supplique.

Il haletait. Mon pantalon fut bientôt jeté par terre, nos sous-vêtements aussi, et sa chemise. Merlin il était vraiment nu, sous moi, c'était sur son sexe que je m'empalais, m'accrochant à ses bras, son bras gauche si pâle. Je miaulai de plaisir. J'ondulai des hanches. Il était entièrement en moi. J'étais…

Il n'y tint plus et inversa les positions, me piégeant contre la tête de lit. Ses coups de hanche étaient rapides, bons, nous haletions, ensemble. Je griffais sa peau, tirais sur ses mèches graisseuses, mordais son cou trop blanc; puis ses lèvres contre les miennes, voraces, me volant mon souffle. C'était trop, il était partout, en moi, je ne savais plus, des vagues de feu me submergeaient.

Je murmurai son nom pour le prévenir. Severus. Il m'embrassa encore. Et tout explosa. L'orgasme m'emporta, et lui aussi, juste après moi.

Nous nous écroulâmes sur le lit. Tout ce bien-être, je me lovais contre son torse comme un petit chat. J'aurais pu ronronner de plaisir. Juste… Accio baguette. Je me lançai le sort de contraception, toute somnolente, puis la lâchai sur ma table de nuit.

-Je dois… prévenir Harry...

-Plus tard; grogna Severus en me gardant dans ses bras.

J'étais trop bien. Je ne pouvais plus parler. Même pas la force de prendre mon petit-déjeuner. Je sentais encore l'odeur des brioches.

-Sev.

-Chut…

Mes paupières se fermèrent toutes seules alors je me blottis juste un peu plus contre son torse avant de soupirer et de me rendormir.