9.
Harry était là, et Hermione, et Ron, et Ginny et le petit Teddy, il y avait M. et Mme Weasley. Il y avait toute cette chaleur et ils me souriaient, cette douceur dans leurs yeux. Je me sentais en paix ici, je me sentais en sécurité. J'étais épuisée. Hermione m'apporta de gros grimoires –sur le programme de notre 7ème année- Ginny me tenait la main et Harry essuyait fréquemment la buée sur ses lunettes, Ron gobait les petits pains dans la cuisine et Teddy gazouillait et… Ce fut une matinée extraordinaire. Puis au déjeuner nous nous réunîmes autour des merveilleux plats de Mme Weasley, tout fut délicieux, tellement délicieux… Il y avait des petites tomates. Ron les faisait exploser dès qu'elles entraient dans sa bouche et l'une d'elles gicla d'entre ses lèvres.
Je blêmis, figée. Je n'entendais plus les réprimandes de Mme Weasley. Le rouge, giclait, des os craquaient, cette… l'odeur, il y avait cette odeur atroce, atroce, je ne pouvais plus supporter les cris et les pleurs qui venaient ensuite et toute cette puanteur, l'obscurité poisseuse des cachots, je convulsais, les couverts cognaient contre la table, c'était atroce! J'entendais, elles pleuraient, elles me supliaient de ne pas le faire, de ne pas lever ma baguette, s'il vous plaît, s'il vous plaît, je ne pouvais pas, il y avait la voix. Elle m'ordonnait de le faire, je pleurais, les yeux fermés, je ne pouvais pas désobéir. Elles suppliaient. Je ne pouvais pas. Fais-le!
-Avada…; crachai-je.
-Khorine!
Je tressautai violemment et mon couteau tomba. J'étais devant Ginny, je l'avais pointée, j'avais voulu la tuer. J'écarquillai les yeux et les larmes apparurent. Je tremblais.
-Je suis désolée, désolée. G-ginny, je ne voulais pas, je suis désolée… Ginny…
Je tentai un pas vers elle, elle se leva aussitôt, pour me rejoindre, me disant qu'elle allait bien, elle allait bien, je devais m'asseoir et me calmer. Ron et Harry étaient là aussi, Mme Weasley m'aida à me rasseoir sur ma chaise.
-Un peu d'eau? Ce n'est pas grave, tu n'as blessé personne. Tout va bien… Je te raccompagnerai chez Severus ce soir, et je lui parlerai. Ne t'inquiète pas Khorine…
Je les écoutai et je me calmai, je ne voulais plus réfléchir, juste les écouter. Nous passâmes au dessert et Ron dit que rien n'entamerait jamais son appétit!
-C'est pas un scoop; ricana Ginny.
Hermione secoua la tête en soupirant. Il y avait des choux à la crème nappés de caramel. Je n'aurais jamais mangé ça là-bas. Mes doigts se levaient de temps en temps vers la broche accrochées au-dessus de mon cœur. Broche de McGonagall. Gryffondor.
Tout le monde parut oublier ma crise de folie, Ron ne tarda pas à se goinfrer de choux, Hermione à soupirer, M. Weasley à s'occuper de nourrir le petit Teddy. McGonagall toqua à la porte en fin d'après-midi pour prendre de mes nouvelles… et resta pour un petit thé. Ron ne tarda pas à lorgner sur les petits gâteaux, il disparut souvent au cours de la conversation pour reparaître la bouche pleine. J'étais bien ici.
Quand je repensais au manoir, à Rogue qui avait été tellement blessant, je n'avais pas envie d'y retourner. Il me traitait comme un gnome de jardin depuis que je lui avais dit que je l'aimais. C'était douloureux. Je me rendais bien compte pourtant que mes amis s'attendaient à ce que j'y retourne. Je n'étais pas «guérie». Rogue avait menti et je l'avais laissé faire pour pouvoir rester avec lui.
J'avais envie de le revoir, juste un peu, encore un peu. J'étais tombée amoureuse de lui. Et je n'y pouvais plus rien.
Mes amis me dirent qu'ils allaient voir Fred à l'hôpital le lendemain, ils me demandèrent si je pouvais revenir au Terrier le surlendemain. J'acceptai avec ferveur. Mme Weasley me raccompagna au manoir à l'heure du dîner.
-J'aimerai vous accompagner la prochaine fois que vous irez à Ste Mangouste Mme Weasley, s'il vous plaît; demandai-je en montant les marches du perron.
Mme Weasley me tenait encore par le bras. Son châle rugueux frottait contre ma peau.
-Il faudra que je demande à Severus; répondit-elle comme préoccupée. D'ailleurs je dois lui parler.
Elle toqua à la porte, des bruits de talon résonnèrent dans le couloir. Cooky n'avait pas de chaussures. Et soudain la porte s'ouvrit en grand. Rogue se trouvait juste derrière, devant nous, il…
-Que faîtes-vous ici?
Il s'adressait exclusivement à Mme Weasley, et m'ignorait moi complètement.
-J'ai à vous parler Severus. C'est important.
Mme Weasley n'attendit d'ailleurs pas son avis pour entrer dans le manoir. Rogue ne se décala pas pour nous laisser passer et nous nous frôlâmes durant quelques secondes… Mme Weasley m'accompagna jusqu'au grand canapé du salon, ensuite elle et Rogue s'enfermèrent dans son bureau. J'étais fatiguée de ma journée, trop fatiguée pour même m'inquiéter de ce que Rogue pourrait bien dire à Mme Weasley. Ce ne fut que longtemps plus tard, lorsque Mme Weasley en sortit, que je blêmis. Ses yeux bruns étaient emplis de larmes, il y en avait aussi des traces sur ses joues, et les mains qu'elle croisait devant elle tremblaient. Rogue était droit et impassible derrière dans le cadre de la porte.
-Mme Weasley? Appelai-je en avançant.
Je la rejoignis, et elle me prit les mains.
-Khorine…
Une de ses mains remonta jusqu'à mon visage, puis elle revint serrer mes doigts. Je la fixais avec inquiétude. Qu'est-ce que Rogue lui avait dit? Je fronçai les sourcils, sa main s'éleva de nouveau pour les lisser. Puis elle me demanda de la raccompagner à la porte. Je ne voulais pas voir la mère de Ron dans cet état. Mais je ne savais pas quoi dire, je ne pus que la soutenir jusqu'à la porte et m'assurer qu'elle parvienne à transplaner. Ensuite je retournai au salon, où Rogue attendait.
-Qu'est-ce que vous lui avez dit? Sifflai-je le regard dangereux.
Même ainsi j'avais du mal à respirer. Je me retins à l'accoudoir d'un fauteuil, et y pris place. Rogue me fixait avec attention. Il finit par répondre:
-La vérité.
J'étais trop fatiguée. Ma tête cogna contre le dossier et je fermai les yeux, malheureuse. Il lui avait parlé des cachots et de Lord Voldemort… J'en étais certaine…
-Elle ne voudra plus de moi; murmurai-je.
-Bien sûr que si, Mme Weasley n'a besoin que d'un peu de temps pour se représenter ce à quoi vous avez survécu.
Je n'eus même pas le temps de paraître choquée par ses paroles, Rogue appela Cooky.
-Occupe-toi d'elle!
L'instant d'après mon maître des potions quittait le salon. Il ne reparut pas de la soirée, Cooky me dit qu'il était occupé dans son laboratoire. Je lui fis un portion ronde de gâteau au chocolat, avec un cœur coulant. Je crois que ce fut la seule chose que Cooky put lui apporter à manger.
Je cauchemardai durant la nuit, je me voyais lever ma baguette encore et encore devant Ginny, les moldues, Harry. J'avais senti les doigts froids de Rogue à un moment, peut-être…
Le lendemain matin j'avalai une potion contre la fièvre, et attendis que ma migraine passe en fixant le plafond. Je restai immobile un long moment. J'aurais aimé ne penser à rien. Rester calme. Apaisée. Mais des pensées surgissaient les unes derrière les autres, je me remémorais Rogue, ses réactions, mes amis, la peur, Rogue dans le salon, Ron qui mangeait des tomates, Hermione qui grognait, Rogue derrière son journal, qui le baissait, ses mots, sa main froide, ce qu'il voulait, je ne savais pas. Il me gardait au manoir, je lui avais dit que je l'aimais, et Rogue m'ignorait, ou s'occupait de moi, ou me repoussait. Je n'y comprenais rien. Pourquoi ne me renvoyait-il pas si je l'indisposais? Par pitié? Pourquoi était-il si gêné par ma présence? Et pourquoi ne me chassait-il pas? Est-ce que Hermione et Ron sortaient ensemble, je ne leur avais pas demandé? Comment allait Fred? Est-ce que Rogue avait déjà aimé quelqu'un? Mes pensées tourbillonnaient, et je ne pouvais pas les contrôler. Tout était si nouveau. Etre dehors. Manger. Avoir le choix. Etre libre. Voir mes amis. Etre amoureuse.
Dans les cachots, dans l'obscurité, quand les tortures cessaient, que la douleur s'amplifiaient, je ne pouvais plus penser. Il n'y avait que la souffrance qui se répercutait partout, dans tout mon corps. Tout mon corps me faisait souffrir. Il fallait lutter pour respirer. C'était tout.
A présent, il y avait toutes ces pensées, toutes ces questions qui m'emplissaient la tête. Je ne savais plus quoi faire, quoi dire, quoi espérer, comment me calmer. Je voulais me calmer, juste, respirer profondément, doucement, et me calmer… Je finis par me recroqueviller contre ma tête de lit et me balancer d'avant en arrière, d'avant en arrière, d'avant en arrière… Mon front reposait contre mes genoux. Caché. Je me berçais et une petite brise fraîche passait m'effleurer la peau.
Un brusque craquement. Et Cooky apparut.
-Miss est réveillée! Bonjour Miss! Miss a bien dormi?
Je m'étais cogné le coude contre la tête de lit en sursautant. Je grognai.
-Le maître a mangé tout le gâteau de Miss, il est tard, presque 10h! Miss doit se lever, Cooky va faire le lit, les tartines de Miss sont déjà prêtes!
Comment s'y prenait Cooky pour être aussi joyeux, je n'en avais aucune idée. Surtout en sachant de qui il était l'elfe de maison…
Je me levai sous les encouragements pressants de Cooky et puis j'allai prendre mon petit-déjeuner. Je n'avais pas faim, mais il fallait que je mange. Les tartines à la confiture de citron étaient toujours aussi excellentes, le thé aussi. Je passai ensuite la matinée dans la bibliothèque. Au déjeuner Rogue ne se montra pas, ni pendant l'après-midi ou le dîner. Cooky m'avait pourtant assuré qu'il était dans son laboratoire. Je lui avais préparé un énorme macaron à la pistache avec quelques fraises et framboises que nous avions ramené du jardin. Ce fut de nouveau le seul aliment que Cooky fut autorisé à lui apporter. J'étais contente de savoir qu'il mangeait au moins un peu.
Le lendemain matin je reçus une lettre par Errol m'informant que les Weasley m'attendaient pour le déjeuner. J'eus le temps de m'habiller et de petit-déjeuner tranquillement. Rogue n'était toujours pas en vue.
-Il va bien? Rogue, tu es sûr qu'il va bien?
-Cooky ne peut dire si le maître va bien, ou s'il ne va pas bien.
Cooky était assis à ma droite et réparait d'autres objets cassés.
-Pourquoi, il te l'interdit? M'étonnai-je.
-Non. Seulement Cooky ne sait pas ce que Miss entend par «aller bien»; répondit-il en secouant sa tête et ses grandes oreilles.
-Oh, est-ce qu'il peut tenir debout? Est-ce qu'il a l'air malade? Est-ce qu'il mange assez?
-Cooky peut dire que le maître tient debout et qu'il mange le gâteau de Miss. Mais si Miss ne préparait plus de gâteau, le maître ne mangerait pas.
-Il faudra que l'on prépare des gâteaux plus consistants Cooky; grognai-je avant de mâchonner une tartine de confiture.
Si Cooky ne comprit pas le rapport, il ne me demanda pas d'explications, il resta silencieux un moment concentré sur ses réparations et les gâteaux potentiels…
-Des cakes et des tartes à la citrouille Miss! Les mudcakes aussi, plein de chocolat… Les roulés à la banane, les tartes à la mélasse…
La liste continua ainsi et je me fis la réflexion que j'avais beaucoup de chance d'avoir Cooky au manoir. Après le petit-déjeuner je laissai Cooky dans le salon et me dirigeai vers ma chambre. J'avais ma baguette à prendre, et ensuite je transplanerais chez mes amis. Je m'arrêtai au milieu du couloir.
Il n'était que dix heures, j'avais peut-être envie de me relaxer avant, de trouver la paix. Je savais que je devais sortir, sur le perron du manoir, dans le sous-bois tout prêt. J'avais besoin de calme, et étrangement j'avais beaucoup de chance de le trouver dans un endroit infesté d'acromentules et de prédateurs. Je soupirai, puis fis volte-face. Me cognant aussitôt à Rogue. Il me retint par le bras.
-Je suis désolée!
Je ne l'avais pas entendu approcher, je frissonnai, il me fixait de son regard de suie. Ses yeux m'apaisaient, ces ténèbres accueillantes. Je le redoutais, et pourtant j'étais apaisée par lui. Je me détendis. Rogue ne relâcha pas sa poigne.
-Bonjour professeur; murmurai-je en lui présentant un petit sourire.
Il n'y répondit pas, ses yeux ne quittèrent pas les miens. J'avais chaud. Ses orbes sombres m'hypnotisaient. Ses mâchoires se crispèrent et marquèrent un peu plus ses traits acérés, sa peau fine, ses joues creuses. Mais il avait encore assez de force pour me couper la circulation sanguine du bras gauche.
-Est-ce que vous…
Il appuya sur mon bras pour me forcer à reculer et mes lèvres se refermèrent. Il avançait et je devais faire marche arrière. Rogue finit par m'acculer contre un mur. Il était lent dans ses gestes et il ne disait toujours rien, il y avait quelque chose dans ses yeux. Son autre main finit par s'élever jusqu'à mes longs cheveux ondulés. Il en coinça entre son index et son majeur et les observa, brisant le contact visuel. Rogue était si proche de moi, il ne fuyait pas. J'en profitai pour le détailler. Il avait cette petite courbure aux coins des lèvres, l'arête de son nez était fine et proéminente, l'épiderme sous ses yeux était violacé et tellement fin. Sa main remonta dans le creux de mon cou, sa main froide, ma respiration s'accéléra. Rogue était-il en train de… Est-ce…
Mon professeur se pencha doucement vers moi, et puis ses lèvres se posèrent sur les miennes. Mon cœur explosa. Ce ne fut qu'un effleurement, ses lèvres fines et froides contre les miennes. Rogue dut lâcher mon bras pour se retenir au mur.
-Merlin; murmura-t-il.
Je le sentis chanceler mais s'accrocher aux pierres. J'avais envie de plus. Je m'approchai alors de mon plein gré, me collant à son corps et posant une nouvelle fois ma bouche contre la sienne. Un gémissement s'éleva, le mien ou le sien. Je goûtai ses lèvres, les embrassai, une fois, deux fois, sans qu'il parvienne à répondre, je tournai délicatement la tête pour l'embrasser de nouveau et le serrai un peu plus contre moi. Severus tremblait. Je voulais l'embrasser encore m-mais il n'allait pas bien. Est-ce que c'était la première fois qu'il embrassait? Qu'il embrassait de son plein gré? Je me forçai à arrêter, à retomber contre le mur pour pouvoir l'observer. Nous nous fîmes face le souffle court, les yeux dans les yeux, et Severus ne lâcha pas les pierres. Ses orbes noirs brûlaient. Il gronda puis les ferma, détournant la tête.
-Vous n'auriez pas dû… Vous ne deviez pas être là Lumare; murmura-t-il la voix rauque.
Je ne savais pas de quoi il parlait.
-Je ne suis attendue chez… les Weasley qu'à midi…
-Mon manoir; rétorqua-t-il. Vous ne deviez pas être dans mon manoir. Vous n'auriez jamais dû.
J'eus froid tout à coup. Non. Il ne pouvait pas me renvoyer maintenant!
-S'il vous plaît; chuchotai-je, ne me chassez pas d'ici.
-Il est trop tard; dit-il en crispant les mâchoires. Pour vous. Je ne peux pas.
Je soupirai, inspirai profondément. Le silence s'étendit entre nous. Rogue fixait le sol en me piégeant de ses bras. Je me sentais en sécurité. Je ne souhaitais plus bouger, Severus non plus apparemment. Nous restions là, pratiquement l'un contre l'autre dans le couloir de l'entrée. Cela aurait pu durer une éternité, si Cooky n'était pas apparu brusquement.
-Maître!
Rogue recula aussitôt. J'eus froid.
-Cooky demande pardon au maître, maître, mais le maître a un appel par cheminée de la sorcière professeur McGonagall!
Il ne fit pas un pas vers la cheminée des cuisines, immobile, si ce n'était le rictus qui apparaissait au coin de ses lèvres.
-Disparaîs!
Son elfe ne se fit pas prier. Je trouvai Severus odieux. Puis il se retourna vers moi et ses cheveux graisseux volèrent autour de son visage émacié.
-Ne croyez pas un mot de ce que vous dira Minerva.
-Elle est venue pour vous parler, pas moi; contrai-je.
Il secoua la tête, crispant les mâchoires. C'était tellement différent de tout à l'heure. Il y avait eu cette connection, ce besoin, je m'étais sentie bien. A présent Rogue reculait, il y avait des ombres dans ses yeux.
-Ne la croyez pas Lumare. Elle ne sait pas de quoi elle parle.
Il me fixa, je n'y comprenais rien. Il était tendu. Je me décidai à approcher un peu, lever la main vers lui. Ce fut très lent. Rogue ne bougea pas. Quand finalement elle parvint jusqu'à sa joue il soupira, et ses muscles se détendirent.
-Je vous aime; constatai-je dans un murmure très doux.
Ses orbes noirs retrouvèrent mes yeux océan, et les engloutirent. Il n'y avait rien d'autre. Les ténèbres, les flammes onyx de son regard, elles brûlaient…
Cela ne prit fin que bien plus tard, lorsque Rogue me repoussa. Je ne compris pas, je cillai, le dos contre le mur… Et puis j'entendis des talons claquer contre le parquet. Talons. McGonagall. Elle marchait vite.
-Severus! Lança-t-elle depuis le bout du couloir. Cela fait plus de vingt minutes que j'attends dans votre cuisine! J'espère que vous avez une bon…
-Vous n'étiez pas invitée dans mon manoir à ce que je sache, ni attendue pour un appel par cheminette; siffla-t-il d'une voix glaciale.
La directrice rougit de colère et puis se tourna vers moi. J'étais toujours contre le mur.
-Khorine?
Et Rogue se plaça aussitôt entre elle et moi. Je n'y compris rien.
-Elle s'en va!
-Severus ne la renvoyez pas ainsi; entendis-je MacGonagal protester! Et puis j'aimerais prendre de ses nouvelles, cela fait plusieurs jours que nous ne nous sommes pas vues.
-Je vous dirai tout ce qu'i savoir sur sa santé. Maintenant Lumare, allez au Terrier!
McGonagall protesta et Rogue semblait prêt à sortir sa baguette. Ils devaient avoir des conflits à régler. Et j'étais de trop.
-Bien, je vous laisse; murmurai-je.
-Je vous rejoins au Terrier! M'assura McGonagall.
Rogue gronda sourdement, ensuite j'ouvris la porte d'entrée et quittai le manoir. Quelque chose n'allait pas. C'était certain. Je devrais demander des explications à Cooky, il savait sûrement... Rogue m'avait embrassée et pendant quelques minutes, tout avait été parfait... J'inspirai un grand coup d'air frais du dehors, puis fermai les yeux. L'instant d'après je transplanais.
Ce fut Mme Weasley qui m'ouvrit la porte du Terrier, et me serra contre sa poitrine. Ensuite mes amis me sautèrent dessus et je rougis de joie. Ils m'avaient manqué. Nous montâmes dans la chambre des garçons, et Ron ne tarda pas à me parler de leur guérilla contre une nouvelle famille de gnomes de jardin. Ils étaient arrivés dans la nuit avec leurs baluchons et ils avaient fait des tas de trous parmi les plants de tomates.
-C'est inadmissible!
-Parfaitement, ils auraient pu choisir les épinards; me moquai-je.
-Ouais!
Ginny ricana et Hermione en profita pour rappeler que les épinards étaient excellents pour notre bonne santé et qu'il ne fallait pas négliger une alimentation équilibrée avec une bonne dose de légumes verts du jardin. Ensuite la conversation dériva vers le nombre de steacks que pouvait avaler Crockdur en une semaine… J'écoutais d'une oreille… Tout était nouveau et familier. Je retrouvais notre vieille complicité et tous ces bonheurs paraissaient étrangers. J'avais confiance en eux. Je savais qu'il y a quelques années, une dizaine de mois sûrement, je leur aurais déjà raconté tout ce que je ressentais pour Rogue. Je leur aurais tout dit. A présent je ne pouvais pas, je ne devais pas. C'était un secret. Je devais garder, garder les secrets.
-Maman ira à l'hôpital cette après-midi voir Fred, donc on pourra…
-Je veux venir; assurai-je le regard de nouveau clair.
Il y eut un silence soudain, mes amis me regardèrent, se regardèrent entre eux.
-Euh… il est très mal; hésita Ron.
-J'aimerais le voir.
-On verra, il faudra demander à Mme Weasley d'abord. Mais si elle accepte on pourrait y aller tous ensemble; proposa Hermione.
-Merci…
Elle me sourit comme elle en avait l'habitude. Je détaillai ses cheveux qui avaient poussés, ils étaient un peu plus épais et le soleil leur donnait des reflets de miel. Son regard était très doux.
-Hum… Khorine? Demanda Harry.
Je me tournai vers lui.
-Tu sais les vacances se terminent dans un peu plus d'un mois. On aimerait que tu reviennes au Terrier.
… Je cillai… Rentrer au Terrier. Maintenant. Ma famille… Quitter le manoir. Quitter Severus. Rentrer au Terrier. Pour de bon…
-Si tu veux attendre encore un peu c'est…
-Oui.
J'hochai la tête. Et répétai les trois lettres. Et continuai à hocher la tête. J'eus droit à des exclamations de joie et un nouveau câlin collectif.
Les sourires et les plaisanteries ne furent pas rares tout le reste de la matinée.
Je souriais aussi. J'étais soulagée. J'allais quitter Severus.
