Epilogue
Dernière réunion de l'Ordre avant la rentrée. Nous étions conviés bien sûr, faisant partie des rares survivants de la 2ème guerre contre le Lord Noir. C'était un récapitulatif de la situation présente. Quelques aurors se tenaient également à la table, le professeur McGonagall, M. et Mme Weasley, Fred, Severus, de nous était assis dans le salon du 13 Square Grimmault derrière une tasse de thé fumante. Ils disaient que la situation n'était pas encore idyllique.
-Encore des mangemorts dehors, et pas des plus pacifiques si vous voyez ce que je veux dire… On sera pas tranquille avant de les coincer tous. Il nous faudrait une taupe…
L'un des aurors, Threwinkle, était particulièrement sombre. Et il jetait des regards agressifs un peu partout. McGonagall et plusieurs adultes répondirent à cela. Rogue ne disait rien. Il paraissait profondément hermétique à la conversation. C'était inquiétant, cela faisait une semaine que nous ne nous étions pas vus.
-Il a un statut encore ambigü, ce serait pas une mauvaise idée. T'as entendu Rogue?
Ce dernier releva lentement la tête. Je blêmis. Qu'est-ce que cet imbécile d'auror avait proposé?
-Je n'ai pas l'impression que vos petits cafouillages d'aurors aient quoi que ce soit à voir avec cette réunion Threwinckle. L'Ordre n'est pas rattachée à votre bureau et ne servira pas à couvrir votre incompétence.
L'autre rougit violemment. Je souris de soulagement. Et Rogue finit:
-Je n'irai pas risquer ma peau pour le ministère, ni aucun de ses aurors.
-Retire tout de suite ce que tu viens de dire sale mangemort! Gronda Threwinckle se levant brusquement, manquant de renverser la table.
Les deux sorciers près de lui durent le retenir tandis que Severus lui adressait un rictus absolument narquois. MacGonagal tenta de le calmer. Il finit par cesser de se débattre; pour préférer se redresser et faire appel aux membres de l'Ordre:
-La situation est grave, vous voulez vraiment qu'Avery ou Lestrange regroupent des fidèles et finissent ce que leur maître a commencé?
Froid soudain, glacial. Lestrange? Elle était en vie. En liberté. Lestrange?
-Je pense que le professeur Rogue a été suffisamment clair; répondis-je d'une voix rauque. L'Ordre a été créé en temps de guerre pour lutter contre la menace de Lord Voldemort, pas pour aider des aurors en temps de paix a attraper quelques sous-fifres.
Ron m'appuya vigoureusement parce qu'il ne voulait plus risquer de perdre qui que ce soit, Hermione me serrait le poignet et hochait la tête, M. et Mme Weasley aussi exprimèrent leur désaccord. Severus me fixait, il ne détournait pas le regard. Peu importait ce que Threwinckle ou les autres aurors pouvaient dire. Leur proposition fut rejetée. Certains partirent, furieux, d'autres restèrent discuter avec le professeur McGonagall. Shackelbot fut de cela, et il inclina la tête quand nous partîmes. Nous nous dirigions vers la cuisine avec mes amis lorsque je fus soudainement tirée par le bras, et coincée dans le placard à balai. Moisissures, araignées dans un coin, chaleur, les bras de Severus m'enserraient. Je me détendis d'un seul coup, soupirant de soulagement.
-Severus; murmurai-je.
Je me blottis contre lui.
-Tout va bien. Je suis là. Il ne vous arrivera rien tant que je serai là.
J'acquiesçai, la tête calée dans le creux de son cou, humant son odeur, savourant la chaleur de son corps contre le mien, le moelleux de sa lourde robe de sorcier. Il me caressait les cheveux.
-Il ne vous arrivera rien, Lumare, tant que je serai là. Vous le savez n'est-ce pas?
-Oui; murmurai-je.
Je resserrai un peu mes bras autour de lui. Je me fichais d'être dans un placard à balai, et je me fichais des membres de l'Ordre qui n'étaient séparés de nous que par une mince porte en bois.
-Severus? Tu m'as manqué…
Il me prit le menton doucement et me releva la tête pour m'embrasser, je fermai les yeux. Il n'avait jamais été aussi doux et réconfortant. Severus s'écarta pour que nos regards se mêlent, le sien était toujours de ce noir ensorcelant.
-Vous m'avez défendu contre un auror; murmura-t-il avec beaucoup de tendresse.
-C'est possible.
-Petite Gryffondor; se moqua-t-il.
Je grognai et il m'embrassa de nouveau. On appela mon prénom de l'autre côté de la porte. C'était Mme Weasley.
-Je vais devoir partir.
-Faîtes attention à Potter. Il n'était pas loin de proposer son aide aux aurors. Il semblerait que sa récente victoire lui ait embrumé ce qui lui restait de cerveau.
Je fronçai les sourcils à cela, je n'avais pas remarqué, et finis par hocher la tête.
-Je vais voir ce que je peux faire. Merci.
Il m'embrassa encore une fois, et puis je dus sortir. Ce fut heureusement fort discret et je pus rejoindre la famille Weasley, Harry et Hermione quelques secondes plus tard, à peine décoiffée.
-J'étais aux toilettes.
L'excuse fut acceptée par un hochement de tête de Mme Weasley puis nous prîmes tous une bonne poignée de poudre de Cheminette et retournâmes au Terrier. Ginny nous y attendait surexcitée et nous entraîna tous dehors, sous le soleil de cette fin d'après-midi, pour nous faire parler. Nous lui racontâmes ce qui s'était passé bien entendu. Et Harry ne semblait pas en désaccord avec nous, seulement préoccupé.
-Harry?
-Vous avez raison; dit-il en remontant ses lunettes, c'est un travail d'auror.
-Ouais, et dire qu'ils étaient prêts à demander à n'importe qui de retourner sur le terrain, à Fred, ou à maman! S'énerva Ron.
-Un travail d'auror; murmura encore Harry.
Je fronçai les sourcils, ses yeux verts étaient voilés. Et si j'étais protégée par Severus et ne craignais plus rien, qui protégeait Harry?
