Chapitre 4

Lorsque je fus trop épuisée pour verser la moindre larme, je sombrai dans l'apathie. La Salle sur Demande fit apparaître des mouchoirs et un lavabo.

Je pensai que si ma tante avait été attaquée sur le chemin de traverse, et uniquement elle, alors ces mangemorts devaient être mes parents. Ce devait être eux. J'étais persuadée qu'ils l'avaient tuée. Mon père et ma mère s'étaient fondus dans l'ombre, grouillant dans les moindres recoins abandonnés. Ils s'étaient approchés de la lumière, ils avaient utilisés d'autres mangemorts et faits suivre ma tante, ils avaient attendu. Seuls leurs yeux dérangés luisaient dans l'obscurité, ils avaient sorti leurs baguettes et ils avaient attendu que ma tante passe, qu'elle leur tourne le dos sans les voir, avant d'attaquer. Je voyais les Avada Kedavra fuser vers elle. Je savais.

Je me mouchai et nettoyai la morve, les sillons de larmes séchées. Je me passai de l'eau fraîche sur le visage, le relevai pour me regarder et mes yeux secs et brûlants laissèrent s'échapper de nouvelles larmes. Je les effaçai.

Lorsque je fus blême et que mes yeux rougis restèrent les seuls indices de ce que je venais de faire, je sortis de la salle sur demande. Le ciel était noir, empli d'étoiles, si lointaines et faibles, il n'y avait pas de lune, les ténèbres recouvraient Poudlard. Je descendis jusqu'à la Grande Salle et entendis les éclats de conversations, il y avait aussi toute cette lumière qui inondait les plats et les élèves. Je restai un moment cachée par les portes, je vis mes trois meilleurs amis assis à la table des Gryffondor. Ils parlaient tout bas et ne mangeaient rien. Mes pas me portèrent vers eux, malgré la lumière, le bruit, les regards qui se tournaient vers moi.

Je peinai à arriver jusqu'à eux, ne regardai personne d'autre...

Hermione sentit en premier ma présence, elle me fixa et Harry et Ron ne tardèrent pas à se retourner. Je n'avais plus la force d'avancer... Alors je restai là...

Ron prit des pommes dans un saladier et quitta la table des Gryffondor, Harry et Hermione le suivirent aussitôt et nous quittâmes tous les quatre la Grande Salle trop éclairée.

Hermione me prit par le bras et nous marchâmes jusqu'à la Tour d'Astronomie. Et Hermione me lâcha pour jeter différents sortilèges sur la porte et autour de nous. Et Harry s'assit contre les rambardes au centre de la pièce, et Ron se laissa glisser contre les marches de l'escalier à notre droite, et Hermione nous rejoignit. Ronald nous lança ses pommes. Il y eut un long silence. Puis je parlai. Encore un très gros silence. Je repris, j'expliquai l'attaque de deux Serpentard que je n'avais pas reconnu, le sortilège, ma tante toute seule, la lettre du Ministère. Je gardai beaucoup de détails pour moi, des détails dangereux.

J'avais conscience de la menace qui grandissait, qui grondait autour de nous. Mon esprit s'embrumait, plus douloureux et violent qu'un maléfice d'asservissement, tout était flou devant moi, et rouge sang. Hermione finit par se lever et me serrer dans ses bras.

Les heures s'effilèrent, puis nous rentrâmes dans la salle commune, nos dortoirs, des Gryffondor me présentèrent leurs condoléances...

J'ouvris le tiroir de ma table de chevet, et n'y trouvai qu'un livre, une copie du manuel du prince de Sang-mêlé. Je l'avais créé... pour m'assurer que Harry ne risquait rien...

Je m'effondrai sur mon lit et n'en bougeai plus. Hermione dut murmurer quelque chose, très loin, j'essayai de me raccrocher à ses mots qui avaient un sens, sûrement:

-Je pense que... pourquoi le professeur... alors que tu avais reçu... d'asservissement. Je pense qu'il voulait te sauver la vie. Il t'a... mais aussi de l'attaque... les mangemorts.

Hermione... Je distinguais ses cheveux touffus déployés sur son oreiller, il y avait un peu de clarté venant des étoiles. Je m'endormis.

ooo0oOo0ooo

Le lendemain fut noyé dans le brouillard. Et puis au soir je fis mon premier cauchemar. Je me réveillai en sueur, des gémissements aux bords des lèvres, des trainées de larmes sur mes tempes.

Epuisée, je vacillai vers sept heures et demi du matin pour entrer dans la Grande Salle. Tout était flou, mais mes amis étaient là.

Il y eut un éclat blond. A droite.

Je me tournai aussitôt vers lui et la panique se distilla dans mes veines. Malfoy était là, blême, malade, tremblant, il me fixait et son regard métallique suintait de rancoeur.

Je lui avais échappé une fois, son père était encore à Azkaban, il allait attaquer.

Les dernières heures de cours de ce vendredi après-midi étaient de la Défense contre les forces du mal, en compagnie de tous les Serpentard de notre année.

Malfoy était au premier rang à gauche comme d'habitude, et nous vers le fond sur les rangs de droite. J'étais à côté d'Harry et réfléchissais, le regard flou mais toujours ancré à la silhouette de Malfoy. Les mots que pouvaient prononcer Rogue étaient indistincts, ce n'étaient que deux heures de théorie. Nous devions prendre des notes. Je gribouillais à la plume, j'entendais les grattements des parchemins et la voix traînante du maître des potions.

Certains professeurs n'étaient pas là le weekend... Dumbledore pouvait être absent... Les recherches seraient compromises sur plusieurs jours si jamais une élève disparaissait de Poudlard...

Les minutes passaient, et Rogue se mit à parler des basilics.

Je voyais du sang, plein, sur les murs, les grosses pierres qui s'écroulaient, je ne pouvais plus respirer, l'espace trop étroit, avant que je ne m'écroule de l'autre côté les bras et les jambes en sang. Les sifflements résonnaient.

-... d'un oeuf de poule couvé par un crapaud... Considéré comme le roi des serpents, celui qui tue avant de mordre...

L'épée tranchait l'air, Ginny mourait, l'eau partout, le sang poisseux. Harry!

Il agrippa soudain ma main. Elle tremblait et l'encre gouttait sur le parchemin. Mon meilleur ami me fit lâcher ma plume, sans prêter la moindre attention au cours qui continuait, au basilic. Il serrait mes doigts, fort, il ne quittait pas mes yeux bleus hagards des siens.

-C'est fini.

Son regard émeraude était là. Harry était là. Il était calme.

J'inspirai et restai accrochée à sa main chaude. La mienne était devenue glacée...

-Potter! Lumare! Cinq points en moins pour inattention et cinq autres pour tenue incorrecte, nous sommes en cours pas dans les dortoirs des sixièmes années.

Nos camarades de classe se tournèrent dans notre direction, certains Serpentard en ricanant.

Ron et Hermione rougirent pour nous, mais ni Harry ni moi ne montrions d'embarras. En fait, mes yeux scintillaient, accrochaient ceux de ténèbres.

-Nous nous tenons la main professeur, ça n'a rien d'incorrect; répondis-je d'un ton tout à fait neutre. Ce n'est pas comme si nous étions en train de nous embrasser dans votre salle de classe.

Rogue crispa les mâchoires, plusieurs élèves écarquillaient les yeux et Harry ne lâchait pas ma main.

-Retenue, Lumare, à 20 heures aux cachots! Je vais vous faire passer l'envie d'être insolente; siffla notre professeur avant de rajouter. La mort de votre tante ne vous autorise aucun écart.

Je cillai et détournai des yeux voilés, Malfoy ricana, puis le cours reprit...

J'avais réussi.

Ronald insulta Rogue dès que le cours se finit, Hermione fronça les sourcils sans rien dire et Harry me reprit la main. J'étais prête pour ce soir.

A 19h50 je descendais seule vers le bureau du maître des potions. Il n'avait pas l'air d'apprécier celui de DCFM, peut-être qu'il préférait être plus près de ses serpenteaux, plus près de son laboratoire.

J'étais certaine que mon professeur était autant fasciné par l'art des potions que par les arts sombres.

Du bruit. Les pas d'une personne, claquant contre les dalles du sol, se répercutant tout autour de moi.

Lorsque Malfoy parvint à me rattraper, nous n'étions plus qu'à deux couloirs du bureau de Rogue.

Ses mains tremblaient, sa baguette était rivée sur moi, ses yeux métalliques étaient rongés par la peur.

-Malfoy; ricanai-je aussitôt, tu en as mis du temps! Dumbledore pensait que tu attaquerais mercredi.

Il tressaillit violemment.

-Q-quoi?

-Tu ne pensais tout de même pas que l'Ordre allait me laisser vagabonder sans aucune protection alors que mes parents ont assassiné ma tante; crachai-je dans un grondement incontrôlable.

Le Serpentard décela la brèche. Il siffla, avançant:

-Tu mens. Dumbledore n'est pas au courant. Je vais te ramener au Lord Lumare, tu vas souffrir, et personne ne viendra!

Ma baguette glissa aussitôt de ma manche à mes doigts, le mouvement qui me permit de la lever vers mon adversaire fut fluide, presque gracieux. J'étais calme.

-Qui te dit que mon père pourra le faire sortir d'Azkaban? Qui te dit que tu peux croire un mangemort?

Malfoy vacilla, et il lança son premier sort. Les pierres du mur à ma gauche explosèrent. Un éclat m'écorcha la pommette. Je ne bougeai pas.

Le Serpentard avança d'un pas, plus de cinq mètres nous séparaient encore.

-Il tiendra parole. Il tiendra parole; murmurait-il. C'est un Lord, il tiendra parole.

-Tu n'as même pas pensé à demander un Serment Inviolable, hein? Le narguai-je.

Il releva ses yeux hagards vers moi, et balança un nouveau maléfice. Je me sauvai la vie d'un puissant Protego, et restai parfaitement immobile. Ses attaques n'étaient pas assez puissantes pour me faire reculer, mais il était trop dangereux pour que je me rapproche de lui.

Il n'entendait rien, je ne pouvais pas le raisonner. Pas comme ça.

Une série de sortilèges fondit sur moi. Le bruit des explosions finirait sûrement par alerter quelqu'un. Je devais... me dépêcher...

-Tu ne veux pas savoir qui est chargé...(un Doloris s'écrasa contre mes défenses) de ma sécurité...(trois Rictusempra explosèrent), Malfoy?

Il me pointa de sa baguette, à bout de souffle, mais aucun sort ne s'échappait d'entre ses lèvres.

-Rogue; lâchai-je le regard calculateur rivé à celui du sang-pur.

-Tu mens! Hurla-t-il.

Bruit de pas. Très loin.

-Alors demande-lui; ricanai-je. Et demande-toi ce qui arriverait à ton parrain s'il te laissait m'emmener loin de Poudlard. Que se passerait-il s'il laissait mourir l'une des si précieuses amies de l'Elu?

-Non!

Je gagnais, quelqu'un approchait.

-Que crois-tu? Que Dumbledore l'enverrait rejoindre ton père à Azkaban? Ou se débarrasserait d'un "espion" aussi inutile? A moins que Voldemort ne se charge de lui?

-Ne prononce pas son nom! Eructa Malfoy.

Mais il avait perdu, et sa baguette lui échappa des mains, il ne savait plus, il n'en pouvait plus. Il s'effondra à genoux. Et j'eus pitié de lui.

Une de ses fines mains blanches se leva jusqu'à son visage pour cacher ses yeux, ses larmes. Il sanglotait. Plus aucun bruit de pas n'était perceptible.

-Malfoy; murmurai-je en m'approchant cette fois, tu n'es pas obligé de suivre tes parents... Tu n'es pas obligé d'être un mangemort, ou de t'agenouiller devant le Seigneur des Ténèbres... Ecoute-moi...

J'étais près de lui et j'avançai ma main jusqu'à effleurer son épaule. Il me repoussa aussitôt, se releva en titubant.

-Ne me touche pas! Tu ne sais rien! Dégage Lumare!

Puis il s'enfuit en courant.

Mes jambes tremblaient. Et une fois encore, Rogue surgit de l'ombre. Il devait avoir observé le combat sans intervenir. Personne d'autre n'avait été alerté par le bruit. Nous devions être trop loin des dortoirs des Serpentard et pratiquement personne ne se risquait dans les cachots la nuit venue.

Je me tournai vers mon professeur, il me fixait. Ses yeux sombres étaient rivés sur moi.

Il se détourna sans un mot.

Je le suivis.

Une fois enfermés dans son bureau, protégés des oreilles indiscrètes par plusieurs Silencio, Rogue me toisa. Un mètre cinquante nous séparaient, nous étions tous les deux debout. Le mangemort s'exprima d'une voix doucereuse:

-Etait-ce cela, votre petit plan pour échapper à M. Malfoy? Quelques mensonges grossiers et la mise en péril de ma couverture. Vous surestimez grandement votre importance dans cette guerre Lumare et l'importance que pourrait vous porter le professeur Dumbledore.

Ces mots faisaient mal. Je restai de marbre et sentais le sang couler le long de ma joue, comme une larme rouge sombre.

-Alors dîtes-lui que j'ai menti; murmurai-je.

J'étais blême. Mes cheveux noirs ondulaient sur mes épaules, dans mon dos, et des mèches rebiquaient sûrement dans plusieurs directions. Je gardais mes yeux océan accrochés aux siens, cherchant la moindre parcelle d'expression sur son visage impénétrable. Il y eut un silence... J'attendais...

-Approchez; finit-il par soupirer.

Je brisai la distance en obéissant et Rogue sortit sa baguette noire, son manche était finement ouvragé. Des larmes me montaient aux yeux. Je revoyais Malfoy agenouiller, j'entendais ses sanglots et les miens, dans l'obscurité, suppliant ma tante de revenir.

D'un premier sort informulé le maître des potions essuya le sang sur ma peau, d'un deuxième il referma la plaie. Le troisième servit à faire léviter un pot de baume jusqu'à lui.

Il rangea sa baguette, dévissa le couvercle et en préleva avec deux doigts avant d'en appliquer sur la cicatrice qui devait rester.

-Le baume sera totalement absorbé dans moins de deux minutes, votre blessure va disparaître, il ne restera aucune trace de votre petite rixe de ce soir; m'informa le professeur Rogue d'une manière tout à fait détachée.

Ses doigts et la crème étaient glacés, sa paume effleurait ma joue, son regard déviait vers mon égratignure pour ne pas voir mes larmes. Les deux premières m'échappèrent et l'une d'entre elles roula jusqu'au baume sur ma pommette, puis sur l'index de Rogue, je la vis se perdre dans sa manche noire. Une autre la rejoignit. Mon professeur retira sa main.

J'avais honte de pleurer devant lui mais je ne détournai pas mon regard voilé de larmes.

-Vous ne pouvez pas le sauver? Suppliai-je d'une voix brisée. Il souffre tellement et je... je sais ce qu'il ressent. Malfoy, il ne mérite pas ça...

Je me rendis compte que je m'étais accrochée aux pans de la cape du mangemort pour ne pas tomber, et qu'il y avait une émotion derrière son masque, qu'elle apparaissait dans ses yeux assombris, aux coins de ses lèvres retroussées vers le bas.

Ma vision se brouilla, des larmes tombèrent et je revis correctement. C'était un rictus amer qui écorchait le visage de Rogue.

-Quelle noblesse de Gryffondor de vouloir sauver un Malfoy; siffla-t-il.

Je ne pus rien dire et le silence nous enveloppa. Je ne parvenais pas à bouger et Rogue ne s'écartait pas. Il finit même par murmurer:

-Je veillerai sur lui.

Je me crispai sous la souffrance, des larmes plein les yeux, avant de me réfugier contre Rogue, cachée dans les pans de sa cape, contre sa robe de sorcier, contre le tissu noir. Ses longs doigts froids se crispèrent dans mes cheveux et sur mon épaule.

C'était trop, nous n'avions que seize ans et j'avais vu Draco Malfoy s'effondrer et je savais qu'il portait la marque. Je savais que s'il ne servait pas Voldemort il mourrait.

Et je savais qu'en choisissant Harry j'avais condamnée ma tante à mort.

Quand mes sanglots se calmèrent, Rogue se détacha de moi, ne fit aucun commentaire sur ses vêtements mouillés, sur ma crise de sensibilité typiquement gryffondorienne, il me signifia que la retenue était terminée.

Je relevai les yeux vers lui, et Rogue ne montrait plus rien.

-L'enterrement de votre tante aura lieu dimanche, votre directrice de maison vous y accompagnera.

J'hochai la tête, lentement, me sentant incapable de partir ou de parler. Pourtant je réussis à entrouvrir les lèvres, à murmurer:

-Mes parents seront là.

Ce n'était pas une question.

-Je doute qu'ils choisissent d'attaquer dans l'immédiat. Votre position dans cette guerre est encore assez floue et ils ne prendraient pas le risque de blesser ou de compromettre la situation de leur héritière, d'une mangemorte potentielle.

J'avais froid.

-Ils m'observeront, à l'enterrement, ils chercheront à savoir...

Rogue acquiesça, ce que je percevais maintenant sur son visage c'était... de l'indifférence.

J'avais compris.

Il avait fait son travail, un choix tactique dont les tenants et aboutissants me dépassaient, et à présent je l'ennuyais. J'inspirai profondément, fermai les yeux. Lorsque je les rouvris, ils commençaient à se voiler.

-Merci professeur; prononçai-je doucement.

Je me détournai ensuite et quittai son bureau, je refermai la porte derrière moi, traversai les couloirs. Dans les toilettes de filles je vérifiai que j'étais présentable, qu'il n'y avait ni trace de larmes, de baume ou de cicatrices. Et comme il n'y avait plus rien, je remontai jusqu'à ma salle commune et retrouvai aussitôt mes trois meilleurs amis devant le feu de pin dans la cheminée.

Nous partîmes nous réfugier de nouveau en haut de la Tour d'Astronomie, au dernier étage, protégés par plusieurs sortilèges et des Silencio.

Cette fois je leur racontai tout.

Malfoy, mes parents, le rôle de Rogue, je leur expliquai ce qui s'était vraiment passé avant les vacances de février.

Hermione explosa de colère, me cria que j'aurais dû tout leur dire le jour de la rentrée, que j'avais risqué ma vie, qu'ils auraient pu aider!

-Par Merlin, à quoi pensais-tu?! Malfoy est dangereux! Rogue est dangereux! Tes parents peuvent attaquer n'importe quand, pouvaient attaquer n'importe quand, et tu ne nous as même pas prévenus!

J'échangeai un regard qui signifiait beaucoup avec Harry. Il comprenait. Ron qui s'était tenu aussi silencieux depuis le début de mes explications tenta d'apaiser la tempête, il expliqua les stratégies à mener entre sang-purs, et qu'ils n'auraient rien pu faire de toute façon. Mione ne voulait pas entendre, ses yeux ambrés brûlaient et ses cheveux touffus se gonflaient de décharges magiques.

-Hermione; l'appelai-je, écoute-moi! Dans deux jours aura lieu l'enterrement de ma tante et l'ouverture de son testament, dans cinq jours ma nouvelle mise sous tutelle par le Ministère. Mes parents observeront. Nous devons élaborer nos plans maintenant.

-Je ne crois pas que...

-J'ai fait ce qu'il fallait; la coupai-je, pour m'assurer que vous soyez en sécurité et pour gagner un peu de temps. A présent, nous avons l'avantage... Ron?

Hermione n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, Ronald réfléchissait déjà à haute voix, disposant les pièces à leur place comme un joueur d'échec:

-Rogue est bloqué par Dumbledore, il te protègera malgré tout tant que Dumbledore sera là. Malfoy n'attaquera plus. Tes parents calculent leur prochain coup. Les mangemorts ne te prendront pas pour cible tant qu'ils ignorent de quel côté tu es... de quel côté tu pourrais être...

-Je ne comprends pas; grogna Hermione en avançant vers nous.

Nous étions tous quatre assis sur les marches rondes menant au vieux télescope argenté. Les rayons de lune éclairaient nos visages, effleuraient à peine celui d'Hermione , mais il y avait dans ses yeux des éclats de soleil...

J'avais aperçu ses sourcils se froncer à la dernière phrase de Ron, et son nez se retrousser un moment.

-C'est une Lumare, et une sang-pur. Khorine devrait être une mangemorte; murmura Harry avant de frotter sa cicatrice. Et puis au pire ils pourraient essayer de faire comme avec Pettigrew.

Je passai mes mains dans mes cheveux et m'y agrippai, le regard rivé aux dalles du sol.

-La tuer... Tuer ma tante... C'était une vengeance. Une menace. Une attaque. Cela leur a permis de détruire la seule famille qui me restait. Je suis devenue plus influençable; finis-je par siffler.

Il y eut un silence... nous réfléchissions... moi je me perdais dans mes souvenirs, beaucoup trop loin...

-Qu'est-ce qu'on fait alors? Finit par chuchoter Hermione.

...

-Je joue leur jeu; murmurai-je. J'ai l'air ennuyé à l'enterrement, je récupère tout ce que ma tante m'a légué et je suis parfaitement normale devant tous les Serpentard de Poudlard, un peu choquée tout de même parce que ce serait bizarre autrement.

-Ne fais pas ça! S'exclama Hermione.

Harry soupira:

-Il nous faut du temps, à tous, même Dumbledore a besoin de temps. Et j'en ai besoin pour obtenir le souvenir de Slughorn. Trouver les Horcruxes est notre priorité.

Ron et moi hochâmes la tête. Hermione la secoua.

-M-mais nous sommes en sécurité à Poudlard!

-Plus pour longtemps; répondit Harry lugubrement.

Et nous savions tous au fond de nous que c'était la vérité.

Et nous passâmes la nuit en haut de la Tour d'Astronomie sans qu'un seul professeur, qu'un seul préfet, que Rusard ou Miss Teigne n'essayent d'entrer; tentant de déterminer les prochains mouvements de Lord Voldemort, et les prochains mouvements du professeur Dumbledore.