Chapitre 11
J'avais accepté de veiller sur Severus durant la semaine et demi qui me restait avant la rentrée des classes. Et comme il était établi qu'il voulait encore de moi et que j'avais très envie de rester auprès de lui, nous nous étions mis d'accord sur mon emploi du temps de l'année. Je vivrais avec mes trois meilleurs amis durant la semaine et je resterais avec lui le weekend du vendredi soir au lundi matin.
J'aimais mes amis, j'étais heureuse au Square Grimmault, mais Severus comptait beaucoup pour moi et je savais que j'aurais besoin de le voir… souvent.
Je vins tous les jours à Ste Mangouste, pendant quatre jours, laps de temps suffisant pour le faire haïr d'à peu près tout le personnel médical. Et puis Garrick autorisa sa sortie et nous transplanâmes tous les deux à ce que Rogue appelait «Spinner's End».
Chez lui.
Je vis des maisons rabougris, imprégnées de suie jusqu'au cœur de leurs briques, il faisait sombre, des plantes verdâtres rampaient entre les habitations. Je voyais une vitre éclatée deux maisons plus loin, et des planches de bois vissées devant d'autres fenêtres…
Rogue se tourna vers moi, je ne fis aucun commentaire. La maison devant laquelle nous nous tenions était en tout point similaire aux autres, à peine moins délabrée. Mais ce devait être des sortilèges d'illusion, en plus du Fidelitas et des Repousse-moldus.
Severus fit apparaître un trousseau de clefs d'un argent sale et fit jouer différentes serrures avant que la porte ne s'ouvre et qu'il m'autorise à entrer.
Le couloir était étroit, obscur, le porte-manteau au mur était constitué d'une planche en bois grossièrement taillée et de plusieurs clous –j'y déposai ma cape- et Rogue me laissa avancer et découvrir ses appartements par moi-même. Les murs étaient recouverts d'un vieux papier peint vert-gris, quelques portraits immobiles étaient accrochés, le couloir se terminait par une penderie sûrement, en tournant à ma droite et en actionnant une poignée d'argent j'arrivai dans le salon.
Rogue fit s'embraser un feu dans l'âtre, et la lumière éclata sur des centaines d'ouvrages rangés le long de bibliothèques s'étendant du sol au plafond. La pièce était étroite mais il y avait un fauteuil en cuir, une table basse supportant plusieurs gros grimoires, deux canapés, et une grande table avec des chaises plus loin près de la fenêtre.
-Oh Merlin; murmurai-je, vos collections de livres sont toujours aussi impressionnantes…
Et je m'approchai, le regard étincelant, avant de sentir le contact de sa peau froide contre la mienne. Il me prenait la main pour me retourner et me faire reculer dos à sa bibliothèque.
Rogue avait le teint cireux, ses cheveux gras et trop longs lui retombaient sur les tempes, sa respiration était sifflante. Merlin, je ne m'étais pas rendue compte de son état. Il effaça mon froncement de sourcils du pouce et me murmura qu'il allait bien, que j'étais une piètre infirmière également.
-Je suis désolée.
Il grogna, pressant un peu plus son corps contre le mien.
-Il est tout à fait naturel d'avoir été si… absorbée… par la contemplation de ce taudis.
-Severus; protestai-je.
-Cela ne me fait strictement rien Lumare, je n'ai jamais aimé cette maison.
Son expression se ferma, son regard s'assombrissait. Je ne trouvai rien à dire, et rien de mieux à faire que de l'embrasser délicatement. Ses lèvres fines, cela faisait si longtemps, une éternité, près d'un an et trois mois. Je les effleurai, rien qu'une douce pression, leur saveur contre les miennes, je ne pouvais plus m'en détacher…
Severus les entrouvrit, pour piéger ma lèvre inférieure, je fermais les yeux de bien-être…
Lorsque notre baiser prit fin Rogue posa son front contre le mien, la respiration apaisée, les traits détendus.
Quelques temps plus tard nous reprenions la visite, je détaillai la cuisine minuscule du rez-de-chaussée, puis nous passâmes à l'étage, la chambre d'ami qui serait mienne, la seule salle de bain de la maison, et sa chambre.
Je savais Severus épuisé, alors je demandai à retourner au rez-de-chaussée et le fis asseoir dans son salon, son fauteuil. Nous lûmes, puis j'allai faire les courses et préparai à manger avec les moyens du bord, nous passâmes l'après-midi à lire et je ne m'en plaignais pas, le grimoire que je lui avais emprunté était une édition rare, écrit par Ambroise Paré (traduit en anglais naturellement).
J'ouvris la fenêtre vers 17 heures parce que l'odeur de renfermé n'incommodait et me rendis compte que Rogue s'était endormi. Un sourire m'échappa, puis je retournai à ma lecture…
Après le dîner Rogue insista pour que nous nous asseyions dans le même canapé, je finis pelotonnée contre lui, un nouveau grimoire dans les bras. Lui me serrait contre lui d'une main, l'autre lui permettait de tourner les pages d'un exemplaire récent de Potion Magazine.
Nous nous endormîmes l'un contre l'autre vers 22 heures…
Le lendemain Rogue alterna les heures de lecture et de repos, il insista pour préparer le plat chaud du déjeuner et s'écroula de fatigue juste après.
C'était agréable d'être ici, auprès de lui. La guerre était finie.
La guerre était finie.
J'avais des cauchemars de temps en temps mais je ne criais pas assez fort pour réveiller Severus, et mes peurs finissaient par s'évanouir.
Severus semblait retrouver des forces, et la santé.
Quatre jours après notre arrivée à Spinner's End, j'insistai pour une promenade, et même un pique-nique! Et je ne connaissais qu'un seul endroit adéquat.
Nous avions deux paniers avec nous, l'un rempli de victuailles, l'autre d'une grande couverture et de plusieurs grimoires lorsque je nous fis transplaner dans la campagne de Cornouailles, sur les terres des Lumare.
-Ma tante habite juste là; annonçai-je en pointant du doigt des collines herbeuses à l'est.
Severus se contenta d'hocher la tête. Nous partîmes dans la direction opposée, trouver l'ombre d'un vieil arbre solitaire. Rogue avançait plus lentement qu'à son habitude et je me calais sur ses pas. La brise soufflait dans les hautes herbes, nous ébouriffant les cheveux par la même occasion, le soleil était fort, il faisait chaud…
A deux petites collines de nous s'élevait un vieux chêne centenaire. Rogue accepta de pique-niquer là-bas. Ses robes noires étaient trop lourdes pour la chaleur de l'été. Il peinait à avancer. Je faisais léviter nos deux paniers derrière nous et je ne disais rien… La campagne était magnifique. Vraiment magnifique. Le vert doré de l'herbe, les tâches colorées des fleurs, l'ondoiement du vent, la forêt au loin. J'inspirai profondément…
Il faisait frais au pied du chêne, nous nous installâmes sur la couverture, Rogue adossé contre l'arbre, et je sortis quelques-uns de nos grimoires. Il devait avoir chaud, et des difficultés à respirer, mais je ne voyais rien. Il reposait, impassible, les joues à peine rougies, sans desserrer les lèvres, il n'ôtait pas ses robes.
-Il y aurait une quelconque façon de t'aider à enlever ta cape? Demandai-je d'un ton on ne peut plus innocent.
-Je ne vois pas pourquoi je devrais enlever ma cape; grommela-t-il en réponse.
-Parce que j'aime te voir sans…
Son regard percuta le mien, méfiant. J'avais l'impression d'amadouer un animal sauvage et blessé. J'avançai doucement, à quatre pattes sur la couverture, Rogue ne disait rien. J'arrivai jusqu'à lui et me faufilai entre ses jambes. Etant donné qu'il ne faisait toujours rien pour me repousser, j'élevai ma main jusqu'aux trois boutons de sa cape.
Il m'observait attentivement. Je me mordis la lèvre inférieure et défis le premier bouton. Son souffle effleura mon poignet. Je continuai, jusqu'à ce que sa cape quitte ses épaules. Et puis je relevai les yeux pour retrouver les siens.
-Je pourrais aussi m'occuper de ta robe de sorcier.
-Et jusqu'où comptez-vous aller, Lumare? Ricana-t-il.
Il n'était pas à l'aise. Et moi je n'étais pas habituée à faire le premier pas, à m'approcher autant de lui, à être si vulnérable.
-Je m'arrêterai là, c'est promis.
Il ne répondit rien. Je m'attelai donc à la tâche, à détacher les dix-neuf boutons –oui je les avais déjà comptés- de sa robe de sorcier. Le vent soufflait de temps en temps, emmêlait mes cheveux, s'engouffrait dans ma robe, m'apaisait.
Sa chemise blanche apparaissait au fur et à mesure, je le trouvais incroyablement attirant sans tous ces vêtements noirs, et j'étais très concentrée sur ce que je faisais, trop. Jusqu'à me rendre compte des inspirations erratiques de Rogue, est-ce que… Je relevai la tête, percutai ses pupilles dilatées, si sombres, emplies de désir. Un sursaut, je voulus m'écarter, il me retint contre lui et mon genou se logea contre son entrejambe. Oh… Mer… lin!
-J-je suis désolée; balbutiai-je pitoyablement.
-Je n'en vois pas la raison; rétorqua-t-il la voix rauque, très rauque.
Je me mordis la lèvre, son pouce vint instinctivement la libérer de mes dents.
-Par Serpentard; soupira Rogue… Vous êtes une trop grande tentation… Vous ne devriez pas vous approcher autant de moi. Vous ne devriez pas me déshabiller de cet air si sérieux. Ni vouloir me déshabiller d'ailleurs. Lumare…
Ses doigts s'agrippaient à moi et son sexe gonflait contre mon genou, son désir était violent. Mon cœur battait à tout rompre.
-Tu ne voudrais pas; murmurai-je sans pouvoir réfléchir, me tutoyer et m'appeler par mon prénom?
Il grogna et m'embrassait brutalement l'instant d'après. Merlin, ses mains, et son corps, et son sexe, et ses lèvres, je gémis! Je m'accrochai à sa robe à moitié défaite. Son étreinte était presque convulsive. Il souffrait.
Alors, je dirigeai ma main tremblante vers son sexe, et j'enveloppai la bosse conséquente de mes doigts. Severus haleta, se cambra. J'étais tellement abasourdie de réussir à faire réagir Rogue, de le faire réagir autant, moi, juste moi. Je caressai son pénis par-dessus son pantalon et son caleçon. Il en avait le souffle coupé. Ses lèvres étaient entrouvertes.
Pourtant il réussit à agripper mon poignet.
-Arrêtez… Arrête…
-Pourquoi?
-Vous n'êtes pas prête; souffla-t-il.
-Mais vous vous l'êtes; parvins-je à répondre sans rougir. Je peux vous… soulager?
Les yeux de Severus s'écarquillèrent et l'étau de ses doigts se desserra sur mon poignet, alors que je gardais les miens exactement là où ils étaient.
J'étais tout à fait prête à lui faire prendre du plaisir, à l'entendre grogner et gémir, à entendre mon nom prononcer de la manière dont il le prononçait.
-Vous ne…
-Je ne demande qu'à apprendre; l'interrompis-je avant de détacher le premier bouton de son pantalon.
-Oh Salazard…
Il ne put être plus cohérent et je détachai les trois qui restaient avant de baisser son pantalon, de faire face à son caleçon noir et la violente érection qui s'y trouvait.
Merlin… Je m'approchai, et donnai un petit coup de langue à travers le tissu. Rogue gémit. Mon cœur se gonfla de chaleur.
J'étais prête, pour la première fellation de ma vie.
ooo0oOo0ooo
Sa respiration était profonde, j'étais lovée contre lui et le vent nous rafraîchissait agréablement.
-C'était… bien? Demandai-je longtemps après.
Un grognement satisfait me répondit, alors je me calai un peu plus contre lui le sourire aux lèvres.
Le temps s'écoula tranquillement, j'étais bien, j'aurais voulu rester ainsi pour toujours, mais je finis par avoir soif et puis il était largement l'heure de pique-niquer.
Je dus me détacher de Rogue malgré ses protestations, et après une petite joute verbale nous finîmes tous les deux un énorme sandwich dans les mains, des tomates, concombres et carottes dans une grande assiette, une salade de fruit, des verres et un pichet de jus de citrouille avec glaçons devant nous. C'était merveilleux.
Severus n'était pas loin de penser pareil, la commissure de ses lèvres s'étirant vers le haut.
J'étais fascinée de voir combien j'aimais cet homme.
L'après-midi fut très agréable, nous ne rentrâmes à Spinner's End qu'à 20h. Le temps que je me douche et que j'aide Severus à préparer le dîner il était 21h, nous finîmes par lire près des bougies et à nous endormir dans notre canapé.
Deux jours plus tard nous retournions pique-niquer dans le domaine des Lumare. Il faisait plus frais, des nuages cachaient de temps en temps le soleil.
-Quelque chose vous préoccupe Lumare?
Je cessai de fixer le vide et me tournai vers Rogue. Il venait de baisser la moitié de son Daily Prophet pour m'observer.
-Oui, toi, tu ne me tutoies pas et tu utilises mon nom de famille comme si j'étais un membre du Magenmagot ou la reine des Sang-purs; grognai-je.
Il haussa un sourcil, pas dupe. A cet instant le soleil resplendissait et plusieurs tâches de lumière se déposaient dans les cheveux gras et sur le bout du nez du maître des potions.
Une bouffée d'affection me parcourut… Je l'observai doucement sans qu'il ne bouge d'une baguette, son regard sombre sur moi m'apaisait.
-Je… En fait, c'est mes parents.
Je me crispai instinctivement en prononçant le mot, Severus fronça les sourcils.
-Vous les avez affrontés le soir de la bataille finale? Comprit-il.
-Oui ce…C'était violent. Ils savaient que… Eh bien que je les avais trahi. Et que je les avais trompés pour gagner du temps. Sur le champ de bataille ils étaient juste comme d'habitude. Exactement comme avant. Comme s'ils n'avaient jamais été emprisonnés à Azkaban, comme si j'avais toujours neuf ans, que je n'avais pas connu Poudlard, ni mes amis, ni toi…
Je m'arrêtai le regard trouble, une brise d'air fit voler mes longs cheveux ondulés. Les lacs noirs de Severus ne me quittaient pas. Je clignai des yeux.
-Et puis j'ai vu qu'ils étaient couverts de sang, de poussière, pas comme avant, quand ils disaient qu'un Sang-pur devait être parfait en toute occasion. C'est juste à ce moment que j'ai su que je pouvais les battre, que j'allais les battre. Je l'ai su. J'ai attaqué; finis-je la gorge nouée.
Je me rappelai avec une extrême acuité le combat, mon père, ma mère, les Avada Kedavra qui sifflaient à mes oreilles. Je les entendais encore au plus profond de mes cauchemars. Les yeux fous de mon père, le sang, leurs rires, les morts. Trop. Trop de morts.
-J'ai attaqué, je me suis défendue, pendant longtemps. Ils se fatiguaient. Et je savais que… Je savais… Leur maléfice de défense s'est brisé. Mon prochain sortilège allait les atteindre, l'un ou l'autre. Je devais les tuer. Je connaissais le sortilège. Je devais les tuer. Tous les deux. M-mais j'ai échoué.
Mes yeux embués de larmes retrouvèrent ceux de Severus.
-Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas lancer l'Avada Kedavra. Je ne pouvais pas.
Ma première larme m'échappa, roula le long de ma joue.
-Severus, j'ai lancé un Feudeymon, et j'ai prié pour qu'ils connaissent le contre-sort!
Son journal s'éparpilla sur l'herbe avant même que je m'aperçoive qu'il s'était approché, et que ses bras m'entouraient, qu'il me serrait fort contre lui. Je me cachai dans le creux de son cou. Je m'agrippai au pan de sa cape. De lourdes larmes m'échappaient, mes sanglots étaient douloureux.
-Ils ont tué ma tante; pleurai-je. Et je les ai laissés transplaner… Je suis faible…
-Non; trancha Rogue en resserrant d'autant plus son étreinte. Respecter la vie n'est pas une faiblesse.
Puis ses lèvres descendirent jusqu'à mes tempes pour les embrasser, il recommença, embrassa mes cheveux, me retenant toujours si fort contre lui. Je ne voulais pas qu'il arrête. Sa main remonta pour se perdre dans mes cheveux, il les caressa, son autre main entamait des ronds apaisants dans mon dos. L'étau de ses bras se desserrait un peu, juste un peu, je m'accrochais toujours à lui, assommée, incapable de parler. C'était Severus qui murmurait à mon oreille, il m'apaisait, il me disait que c'était fini, que je n'étais pas faible, qu'il était là.
Mais même quand ma crise de larmes fut passée je ne pus me détacher de lui. Severus ne desserrait de toute façon pas sa poigne. Nous restâmes enlacés jusqu'à ce que le soleil se couche. Et bien après. Je dormis dans son lit ce soir-là, et le lendemain au petit-déjeuner Severus me dit qu'il allait s'absenter deux semaines.
Je blêmis.
-Tu… Tu vas partir?
-Près de deux semaines d'après mes estimations, peut-être moins; acquiesça Rogue en apportant les tartines grillées.
Il n'avait pas l'air si embêté que ça, alors qu'il m'avait dit qu'il serait là, qu'il resterait avec moi, qu'il ne m'abandonnerait pas.
-Tu n'es pas rétabli.
-Je n'ai pas besoin d'être totalement rétabli pour ce que je m'apprête à faire.
-Et qu'est-ce que tu t'apprêtes à faire? Grondai-je d'une voix mal assurée.
Rogue fronça les sourcils et finit par s'apercevoir de mon état, de mes mains qui tremblaient.
-Tu le sauras à mon retour. Je partirai le jour de ta rentrée des classes.
Dans quatre jours… Il partait… Il partait dans quatre jours… Il n'avait même pas essayé de me rassurer, ou de m'expliquer pourquoi il s'éloignait. Pourquoi il partait.
Mais ce n'était pas comme s'il devait me dire quoi que ce soit. Ou qu'il n'était pas normal qu'il s'éloigne. Il était presque guéri. Il avait beaucoup à faire.
-Tu ne…; je me raclai la gorge. Tu ne veux plus de moi?
J'essayai de froncer les sourcils et de paraître désintéressée. J'échouai lamentablement. Mes grands yeux océan étaient rivés aux siens, trop suppliants, j'avais l'impression que mon cœur allait exploser.
J'étais trop dépendante de lui, c'en était pitoyable.
-Comment?
Sa voix était glaciale, il ne respirait plus. Severus était figé. Puis il murmura dans un sarcasme désabusé:
-On ne peut pas faire Gryffondor plus aveugle… Lumare, je vous aime.
Il s'approcha, je ne pouvais que le fixer complètement choquée. Il me prit par la taille pour que je ne m'enfuie pas, puis passa sa main dans mes longs cheveux noirs.
-Je reviendrai dès que je le pourrai; chuchotait-il à présent, et je ne supporterai pas un seul autre weekend sans que vous ne soyez avec moi, dans cette maison. J'ai trop besoin de vous petite Gryffondor. Ne pensez plus jamais que je ne veux plus de vous, ni que je pourrai un jour me passer de vous.
Il continuait à parler, murmurer des choses, pour m'empêcher de répondre quoi que ce soit. Cela fonctionnait très bien, j'étais incapable de prononcer le moindre mot, de plus en plus perdue dans l'immensité de ses orbes noirs, j'étais en sécurité contre lui, dans ses bras, il ne voulait pas me lâcher, il m'avait dit qu'il m'aimait.
Je lui demandai si nous pouvions aller dans le Londres moldu aujourd'hui. Il se tut. Accepta d'un signe de tête. Dans les rues caressées par le soleil d'été il y avait quelques passants, certains déviaient de leur trajectoire pour nous laisser passer, nous nous tenions la main, Severus ne m'avait pas lâché depuis le marchâmes dans Hyde Park, le long de la Serpentine Gallery et puis plus loin… J'aimais bien cette ville. Le soleil nous réchauffait doucement, et Rogue portait une redingote de moldu, il était auprès de moi, ses doigts enroulés autour des miens.
Je me sentais… bien… Je me sentais bien.
