Bonjour, bonsoir mes petits chats !
Je m'y fais pas, à ce rythme de publication, mais alors pas du tout XD. Mais en tout cas, extrêmement refaite d'avancer là-dessus, et d'arriver à tenir ce Kinktober !
Je vous laisse donc avec ce second chapitre ! J'espère zéro qu'il vous plaira MAIS en tout cas, j'ose espérer qu'il retienne votre attention et vous donne fort envie de dimanche XD.
Oh ! LiliCatAll a commencé à publier une fic aujourd'hui, elle est TROP BIEN, si vous avez envie d'un surplus d'Halloween, foncez ^^ !
Allez, bonne lecture (j'ai de l'humour, voila, c'est dit XD) !
TRIGGER WARNING : Descriptions relativement graphiques de violence et blessures physiques. Meurtre.
Chapitre 2 : « Mais tais-toi ! »
« Je partirais la semaine prochaine au village. » glissa Kirishima une fois que Katsuki eut fendu d'un seul geste la bûchette, une précaution plus qu'utile vu le spasme de peur que sa phrase fit naître. Une chance que la hache soit plantée désormais dans l'épaisse souche d'arbre à côté du sanctuaire.
« Mmm. »
« Tu t'en sortiras ? » essaya Kirishima comme d'ordinaire, dans l'espoir qu'un jour sa question perce la carapace derrière laquelle Katsuki se retranchait. Le blond haussa les épaules, s'efforça de gommer toute trace de sarcasme de sa voix :
« Oui. »
« Il restera sans doute la latte de plancher de l'auvent à réparer, si tu as besoin d'une occupation. »
« Elle sera réparée. » gronda Katsuki, se repositionnant pour enchaîner sur sa coupe de bois. Une semaine pour se préparer mentalement à une nuit qu'il imaginait déjà infernale, c'était une générosité à laquelle il n'était pas habitué. Kirishima n'avait vraiment pas apprécié le retrouver couché dans la salle de prière, donc.
Comme si les multiples séances de méditation, de course, d'exercice de respiration et de discussion philosophiques au cours des trois semaines écoulées n'avaient pas suffi à démontrer la réprobation de son supérieur.
Katsuki soupira en songeant qu'il allait devoir se plier à des séances bien plus longues dans les jours à venir, dans l'espoir d'arriver à convaincre son esprit que le départ de Kirishima n'était pas gravissime. Pauvre Kirishima, si plein de bonne volonté… L'once de remords qu'il éprouva en sachant d'avance qu'il allait le décevoir le fit attaquer une nouvelle bûche, plus par nécessité de s'occuper qu'autre chose.
D'un geste souple, il replaça le bois sur la souche, s'amusa distraitement de la cicatrice zigzagant sur ses doigts, vestige de l'apprentissage âpre de la montagne et se figea en réalisant qu'il n'avait pas d'autres coupures fraiches sur la main. Aucune lame ne lui avait échappé des doigts, pas une écharde sous sa peau, pas un faux pas ou une glissade pour lui bleuir les genoux, pas de brûlure d'eau, de grumeau, pas même une cloque sur son être. Toutes ces petites maladresses marquées de l'empreinte de Dabi avaient disparues, au cours du mois écoulé. Disparues, comme Dabi.
Pendant une seconde, l'idée resta en suspension dans l'air gelé, cristallisée dans le souffle trop rapide de Katsuki et puis l'espoir fou lui mordit le cœur. Si Dabi n'était pas là, peut-être qu'il était réellement allé chercher…
S'il était allé le chercher, alors ça faisait un mois que le démon était avec lui.
La réalisation transforma la moindre goutte de son sang en néant, dans une panique telle qu'il n'en avait jamais éprouvé et il se demanda comment Dabi pouvait encore créer de nouvelles terreurs, après tout ce qu'il lui avait déjà fait subir. Sous le choc, la hache lui échappa des doigts, la lame roula deux mètres plus loin tandis que le manche se perdait dans les éclats de bois autour d'eux.
« Ah. Et un nouveau manche pour la hache, du coup. » s'amusa Kirishima, lui tapotant l'épaule d'un geste doux, le laissant contempler d'un air attristé les débris de l'outil alors qu'il descendait à la rivière. Ce ne serait que la deuxième fois en un mois qu'il taillerait un nouveau manche, songea machinalement Katsuki, vidé.
Le feu resta muet dans son dos.
Le vent mugit, craqua toute la charpente du sanctuaire d'un miaulement inquiétant dans la nuit et Katsuki frissonna de malaise. Pourtant, il avait encore assez de lucidité pour réaliser que ce n'était là qu'un phénomène naturel, mais ses nerfs à vif muselaient toute rationalité.
« Bien évidemment, c'est quand je voudrai que tu viennes m'emmerder que tu te caches, saloperie. » grommela Katsuki à l'attention du feu, toujours bien sage dans son foyer. Trop sage.
Sous ses doigts, le couteau achevait d'ôter des copeaux de bois à l'extrémité du nouveau manche de hache, qu'il avait bien moins travaillé que le précédent. Il pouvait moins accuser la flemme que les sursauts incessants à chaque claquement dans la brume, chaque grincement de bois ou de feu.
Expirant lentement, il laissa de côté le couteau pour observer son travail d'un œil critique, l'oreille aux aguets du plus infime changement de lumière pour annoncer la venue de Dabi. Mais il n'y avait toujours rien, le feu ne bougeait pas d'un iota et lui, il devenait cinglé.
« À esprit troublé, méditation assurée… et à esprit massacré ? Y'a une solution ? » persifla le blond, de mauvais poil, à l'attention de son maître parti le matin même.
Dans un effort phénoménal, Katsuki se releva, rangea son matériel en laissant la hache en évidence devant le foyer, par acquis de conscience autant que par faiblesse humaine. Il récupéra un reste de riz qu'il mâchonna négligemment, avant de cracher le reste dans les braises, trop anxieux pour avaler quoi que ce soit. Jusqu'à l'eau qui passait difficilement, mais il se força tout de même à avaler au moins deux gorgées pour éviter toute déshydratation, dangereuse par un froid pareil.
Un bruit, au-dehors.
« Il y a quelqu'un ? » lança-t-il par réflexe, sa propre voix si étrange dans le silence craquelé des bruissements du feu qu'il faillit sursauter. Dans la nuit de la porte, il lui sembla apercevoir un léger dégradé d'ombre, comme un mouvement… Katsuki se figea en voyant ledit flou prendre forme. Son cœur agonisa devant les traits que l'obscurité dévoila en reculant, au gré du mouvement des flammes.
Dans l'encadrement de la porte, sa mort s'immobilisa. Elle avait une silhouette un brin plus petite que lui, un vêtement d'un luxe inouï rebrodé sur chaque centimètre visible, un halo de boucles vertes que la nuit rendait d'encre et sur la main qui agrippa le chambranle du sanctuaire, une traînée de tache de rousseur. Katsuki n'avait pas besoin de la suivre des yeux pour savoir qu'elle remontait le long de son épaule, éclaboussait sa clavicule et sa gorge parfaite, remontait encore pour étoiler des pommettes toujours rougissantes.
Non.
Il ferma les yeux sous l'impression que son cœur allait s'arrêter net, incapable de seulement croiser le regard qu'il savait aussi vert que les boucles et qu'il avait détaillé jusqu'à perdre sa raison dans l'abysse qu'ils représentaient.
« Kacchan ? »
« Tais-toi, tais-toi, tais-toi ! » hurla Katsuki, toujours aveugle et mains sur les oreilles, à deux doigts de tomber prostré au sol tant ça lui vrillait l'âme, cette voix. Son intonation, dieux miséricordieux, son intonation parfaite, jusqu'à la pointe de surprise et d'étonnement propre à ce surnom – son surnom qu'il avait cru ne plus jamais entendre.
« Dégage ! »
« Kacchan, je t'en prie ! »
« Laisse-moi ! » cracha le blond, désespéré de ne pas réussir à étouffer complètement l'espoir fou dans sa voix. Peut-être que c'était vrai.
La chaleur de la main qui attrapa son poignet était bien humaine, contrastant terriblement avec la sueur glacée d'effroi qui le recouvrait, et il s'en voulut de céder aussi vite en laissant l'apparition écarter sa main, se pencher sur lui :
« Kacchan, je te jure, c'est moi ! »
« C'est pas possible, ça ne peut pas être toi, tu... »
« Regarde-moi. »
« Certainement pas ! » se rebiffa Katsuki en fermant les yeux encore plus fort, ridicule au possible vu qu'il suivit instinctivement le léger recul que fit l'apparition pour garder encore ses doigts sur sa peau. Et il faillit se maudire en sentant le pouce caresser son poignet, lentement, signe que son geste n'était pas passé inaperçu.
« Kacchan, s'il te plaît, regarde-moi. »
Personne n'aurait pu résister à un truc pareil, tout en chaleur et excitation retenue, propre à faire enfler le cœur de Katsuki jusqu'à menacer de le rompre. Il ouvrit les yeux sans pouvoir s'en empêcher – et sans savoir ce qui lui faisait le plus peur : que ce ne soit qu'une hallucination, ou qu'il soit réellement là.
« C'est moi. » réitéra Deku très doucement, dans une délicatesse qui frôlait la peur de briser l'instant, son regard fixé sur celui d'un Katsuki en train de se noyer dans sa réalisation.
C'était lui, lui et sa capacité merveilleuse d'effacer le monde alentours et ne laisser qu'eux d'eux, lui et ses boucles emmêlées, ses pommettes rougies de froid, de la lumière du feu. Lui et son putain de sourire en train de retrousser ses taches de rousseur, à quelques centimètres de Katsuki qui eut tout loisir de voir l'émerveillement envahir le regard de son amoureux lorsqu'il esquissa un geste infime, bien trop lourd d'espoir pour qu'il puisse l'achever. Deku déplaça ses doigts sur son poignet, sans doute pour le libérer, mais la seule chose que Katsuki enregistra fut la caresse chaude sur sa peau.
Pas une seule pensée ne lui traversa l'esprit lorsqu'il se jeta sur le vert, le percutant si vivement qu'ils chutèrent sous un cri étranglé de surprise.
Ses réflexes n'étaient pas encore émoussés par la vie religieuse, l'univers soit loué, et Katsuki les réceptionna d'une main en avant pour contrer la chute, juste de quoi déposer Deku sur le sol sans trop de dégât. Le pauvre avait à peine touché le parquet que le blond refermait ses mains sur lui avec désespoir, déterminé à anéantir le plus petit espace entre eux, ravi de sentir Deku faire de même en agrippant sa taille.
La force dans l'étreinte lui fit mal, mais une douleur qu'il accueillit avec un soulagement proche du sanglot, parce que dans la résistance que le corps de Deku offrait, il y avait la certitude que c'était réel, qu'il était bel et bien là. Ça, et la chaleur de sa peau contre la sienne, le long de mâchoire et sur la nuque sous sa paume. Et son odeur, les dieux pardonnent à Katsuki : jamais il n'oublierait son odeur de pin et de brume, qu'il inspira sans pouvoir s'arrêter, mains crispées sur l'étoffe rebrodée de toutes parts du kimono de Deku.
Un sous-ton cannelle l'attaqua à la gorge.
Il lâcha subitement Deku comme s'il s'était brûlé. Katsuki se recula immédiatement du mieux qu'il put vu leur position, en essayant de chasser de son nez le parfum sous-jacent de Shôto qui venait de lui rappeler mieux que n'importe quelle preuve du monde que l'homme sous lui était marié.
« Kacchan ? » s'inquiéta Deku, empêtré dans la brusque volte-face de Katsuki autant que dans l'inconfort du plancher.
« Qu'est-ce… Qu'est-ce que tu fais là ? »
Katsuki avait beau faire tous les efforts du monde pour lisser sa voix, le regard peiné que lui lança Deku en se redressant le fit grimacer. Ils se connaissaient depuis si longtemps qu'ils auraient été capables, l'un comme l'autre, de déchiffrer leurs expressions du bout des doigts, alors de la voix...
« J'ai suivi Dabi. » annonça Deku d'un ton neutre, ignorant par pure mansuétude le froid dans la question de Katsuki. Celui-ci ne put s'empêcher de lui tendre la main pour l'aider à rétablir son équilibre, tressaillit quand les doigts de Deku se faufilèrent entre les siens. « Tu es vraiment allé te cacher dans un endroit paumé. »
Le commentaire se voulait léger, mais ça, plus l'évocation de leur passé, et le rappel constant du nom de Shôto entre eux attira le regard de Katsuki sur l'écusson du clan des Todoroki brodé sur le col de Deku. Une réponse peu subtile, que le vert réceptionna d'un reniflement en se rasseyant correctement, mains soigneusement enfouies dans l'étoffe comme s'il refusait de laisser voir à quel point il se tordait les doigts. Dans le néant qui suivit, avec un silence si épais que leurs propres respirations ressemblaient à des déflagrations, Katsuki s'absorba dans la contemplation passionnée du parquet aux innombrables rayures. Tout pour éviter de dévorer Deku du regard de la manière la plus inconvenante du monde.
« Je… Je suis désolé de t'avoir… surpris comme ça. »
Chaque mot semblait alourdi d'une montagne de malaise et de regrets, où l'effort surhumain de Deku pour les sortir s'entendait parfaitement, et pourtant, le seul truc que Katsuki réussit à répondre, ce fut un grognement flou pour lequel il se serait giflé. Détaillant des yeux une éraflure en forme de crochet à poisson, dont la queue fine se perdait dans un chevauchement de planches mal ajustées, il entendit Deku se racler la gorge, avant de se relancer vaillamment :
« C'est toi qui l'as envoyé ? »
« Bien sûr que non ! Il t'a… Il t'a blessé ? » s'écria Katsuki en repoussant fermement la flopée de verbe qu'il aurait pu choisir – contraint, mordu, blessé, mutilé, embrassé, violé.
À son vif soulagement, Deku fit non du menton, avec toutefois un vague flou dans ses yeux. Et dans cette infime pause, le cœur de Katsuki enfla jusqu'à lui compresser la gorge. Dieux, qu'il était beau. Avec son regard de forêt, ses boucles indisciplinées et toujours, cette esquisse de sourire lumineux au coin des lèvres en guise de secret délicieux à découvrir. À une époque, Katsuki était capable de le faire sourire rien qu'en haussant un seul sourcil, comme au cours de ce banquet où ils avaient dû subir les conversations interminables de leurs parents sur la gestion des domaines. Alors qu'ils n'avaient qu'une envie, s'enfuir pour ôter ces saloperies d'habits et les remplacer par une myriade de morsures, de baisers, de...
Le plancher, donc.
« Il m'a seulement… proposé de m'enfuir. De manière peu subtile, mais il ne m'a pas approché ou touché. Il n'était pas… menaçant, juste très grossier et direct – un peu insultant, d'ailleurs, mais je suppose qu'on ne peut pas en demander plus d'un démon, surtout avec une aura comme la... »
« Il faut que je te ramène. » coupa Katsuki, sans relever les yeux du plancher. Ce qui ne l'empêcha pas de sentir Deku se raidir en face de lui, stupéfait de ce qu'il venait d'entendre.
« … Me ramener ? »
« Il faut que je te ramène auprès de… de ton époux. Tu connais sa famille, ils vont venir te chercher et… Et ça serait bien que ça n'arrive pas... »
Il s'empêtrait terriblement dans ses explications, mais il déglutit tout ce qui se coinçait dans sa gorge pour s'éclaircir la voix. S'il connaissait un tant soit peu Dabi, ce grand con n'avait pas pris la peine de dissimuler leurs traces et le clan Todoroki se précipiterait sur la piste de Deku au moment où ils réaliseraient son départ. Et même si le démon avait été précautionneux à ce point, sa propre cachette n'était pas difficile à trouver – Kirishima était réputé pour sa sainteté, mais surtout sa solitude. Et avant de partir, Katsuki s'était enquis du meilleur moyen de le trouver auprès d'un marchand itinérant. Guère compliqué à remonter, comme piste.
« Je vais te ramener, on partira dès demain à l'aube. Je laisserais un mot pour Kirishima, et avec un peu de chance et de prudence, on devrait arriver dans moins d'une semaine à... »
« Salopard. » murmura doucement Deku à côté de lui, si doucement qu'il crut l'avoir rêvé et seule la lourdeur du silence le convainquit qu'il avait bien entendu.
« J'ai traversé des montagnes en plein hiver, j'ai suivi un démon en crachant au visage de ma famille, de Shôto, de tout ce qui composait mon quotidien, je me suis déshonoré, tout ça pour te retrouver… et tu veux me ramener ? »
L'incrédulité dans la voix de Deku se satura d'une douleur que Katsuki sentit au niveau des côtes, juste sous le cœur. Il osa enfin croiser son regard qu'il vit s'embuer avec horreur, incapable d'empêcher la larme de couler sur la peau parfaite de Deku et subitement, la trajectoire de la larme se plissa de déception :
« Oh Kacchan, tu as toujours été trop respectueux des règles... »
N'importe quoi. Il n'avait jamais été respectueux des règles. Il avait imposé Shôto comme camarade de jeu, comme camarade d'entraînement en dépit de leur différence de rang. Il avait spécifiquement engagé Dame Ochako pour lui apprendre l'équitation, se fiant à sa réputation de cavalière d'exception plutôt que sur les préjugés sur la place d'une femme dans une demeure. Il avait défendu chaque connerie de Denki sans jamais admettre qu'on le renvoi, au mépris de toutes convenances. Il avait…
« T'aurais pu juste avouer que tu as trop peur de ce que ma fuite ferait à ta réputation, ça aurait été plus simple. »
« Quoi ? »
« J'imagine que c'est dans tes devoirs d'apprenti moine, de me ramener. Ou dans ceux d'un homme de ton éducation et soucieux de sa réputation. »
« Ça n'a rien à voir ! » siffla Katsuki, agacé de la pique de Deku sans pouvoir réellement la réfuter – il y avait une part de lui encore assez lucide pour être capable de reconnaître la justesse de la remarque.
« Ah ? J'ai dû mal comprendre, alors, ta mise en scène dramatique, avec une fuite en plein milieu de la nuit et une simple note laissée derrière toi pour annoncer que tu allais te reclure dans un sanctuaire ? C'était pas pour consolider ton image d'amoureux éploré à l'honneur infaillible ? »
« Tu m'as repoussé ! Tu as épousé quelqu'un d'autre ! »
« Parce que tu as eu l'impression que j'avais le choix ? »
« Évidemment ! » lui hurla Katsuki, main concassée sur l'étoffe de son kimono à le froisser de manière définitive. « On t'a pas mis un katana sous la gorge pour la cérémonie, que je sache ?! »
« Non, on m'a juste pas demandé mon avis, et j'avais autant de chance de réussir à m'enfuir que de décrocher la lune, mais dis-moi, pourquoi toi, tu m'as pas enlevé ? » lui rétorqua Deku, hargne dans ses mots et dans la manière dont son visage se contracta de colère.
La question arrêta net le grondement de rage dans la gorge de Katsuki, acidifié désormais d'une culpabilité légère, bien trop infime pour l'accusation. Avec la finesse propre à ses capacités d'observation, Deku s'engouffra dans la faille sans hésiter, ignorant la moue fâchée sur le visage du blond :
« Alors ? Pourquoi tu m'as pas enlevé, toi qui avais, oh, je ne sais pas, moi – un cheval à ton nom pour s'enfuir, de l'argent, des relations, les compétences pour nous protéger ? » énuméra-t-il en levant un doigt à chaque fois qu'il étayait un peu plus son raisonnement d'un argument irréfutable.
La réponse qui monta spontanément aux lèvres de Katsuki n'était pas avouable, même pour lui. Il la ravala en serrant les dents, d'autant plus résolu à endurer la colère légitime de son ancien amant qu'il savait n'avoir aucune excuse.
« Tu veux que je te dise, pourquoi tu n'as rien fait ?! » s'emporta Deku et dans sa colère, il se releva d'un bond, emplissant subitement la pièce de sa voix que Katsuki se rappelait si belle, et qui était en train de lui empoisonner le cœur de douleur :
« Pour la même raison que tu nous as toujours dissimulé comme le secret le plus honteux de ta vie ! »
« Tais-toi ! »
« Trop timoré, mon Kacchan, à avoir peur de perdre ton honneur de futur seigneur, si l'on avait appris que tu culbutais le fils de la famille voisine, n'est-ce pas ? »
« Ça n'a rien à voir ! » répétât-il, agacé. Et surtout, affreusement conscient que cette répétition était un aveu à elle toute seule. Il avait du sable dans la gorge, mais il disparaissait, poncé lentement par une rage qu'il passait tellement de temps à enfouir au creux de ses entrailles que la violence de sa haine le surprit lui-même.
« Ça a tout à voir ! Pour me baiser, aucun problème, par contre pour annoncer ton intention de me courtiser ou ta volonté de ne pas te marier à quelqu'un d'autre que moi, là, subitement, plus personne ! Fallait garder ça comme le secret le plus absolu ! »
« Va te faire foutre, Deku ! C'était facile, pour toi, t'avais pas d'obligations, pas d'histoire familiale, pas d'héritage à protéger ! Alors ne me juge pas pour avoir été moins libre que toi ! »
Au fond de lui, il savait bien que c'était un prétexte aussi solide que la neige poudreuse, quand le vent du matin soufflait, mais Katsuki n'avait rien de mieux à offrir, surtout quand la rage lui martelait les veines d'une envie de courir, de se battre, tout pour échapper aux môts de Deku. Qui ne s'y trompa pas :
« Et menteur, en plus ! Tes obligations, l'histoire de ta famille, ton « héritage », » le vert y mit tant d'emphase que son sarcasme coula sur le sol, épais comme la nuit, « c'est des excuses bien pratiques ! T'as jamais assumé que t'étais amoureux d'un inférieur comme moi, c'est tout. »
« N'importe quoi ! »
« Ose me dire que tu l'as jamais pensé ! »
On ne mentait pas, dans l'enceinte d'un sanctuaire. Kirishima le lui avait tellement fait rentrer dans le crâne à coup de taloche sur la nuque dès qu'il le surprenait, ou suspectait un mensonge que Katsuki hésita. Trois fois rien, juste une hésitation en forme d'inspiration hachée, mais elle voulait tout dire.
Deku le dévisagea avec l'expression de qui voit ses pires peurs se réaliser et ne veut pas encore y croire. Une lente, si lente prise de conscience qui s'étala dans son regard et le ternit à jamais d'une douleur que rien n'y personne ne pourrait enlever. Katsuki rouvrit la bouche pour s'excuser, ou le détromper, trouver une raison à son hésitation, relancer le sujet du retour peut-être, tout sauf ce chagrin insupportable sur les traits de l'homme qu'il aimait – coupé net par le murmure de Deku :
« T'es qu'un lâche. »
« Non ! » le reprit Katsuki d'un cri en essayant de ne pas montrer à quel point l'adjectif le blessait, déterminé à reprendre un tant soit peu le contrôle de la situation. « Je suis pas lâche, j'ai fait ce qui était le plus honorable dans cette situation ! »
Deku se laissa retomber à côté de lui, livide, lui rappelant au passage qu'il était sans nul doute le plus terrifiant d'eux deux quand il se mettait réellement en colère – et là, il était proprement enragé :
« Comment tu fais pour seulement respirer, sachant que tu te mens, que tu mens à tout le monde ?! »
« Tais-toi une seconde, laisse-moi... »
« Une vie dans la religion, AH, la bonne blague ! » le coupa Deku, comme si Katsuki n'avait jamais ouvert la bouche et celui-ci sentit un spasme de colère déformer son âme. « Monsieur se fait vertueux ? Toi ? »
« Arrête, Deku ! » ordonna le blond, une migraine affreuse s'installant dans la foulée en rendant ses battements de cœur bien trop audibles. Parfait pour y déchiffrer l'agonie enragée que Deku y instillait.
« T'es qu'un minable ! Hypocrite et lâche ! Un pauvre type même pas capable d'assumer ses propres choix ! T'es trop bouffi d'orgueil pour ça ! »
« Mais tais-toi ! » hurla Katsuki, fébrile, tant il avait besoin de cinq minutes de calme, pas plus, pour arriver à se justifier et à raisonner Deku, pour rattraper ce cauchemar et tenter de retrouver sa sérénité. Cinq minutes.
« Tu peux même pas assumer que t'as abandonné l'homme que tu aimais ! » enfonça Deku, et cette fois, ça coupa si profondément que Katsuki se sentit effiloché sous la haine. Sous la douleur. Jusqu'à son souffle qui partit en lambeaux, consumé par cette vérité que Deku n'aurait jamais dû s'accorder le droit d'énoncer, pourtant enfoncée dans l'âme de Katsuki comme un point de feu.
« Tu sais quoi ? T'as eu une super idée, en proposant de me ramener ! Allons-y, vite, avant qu'on se rende compte que ton petit portrait de samouraï perclus d'honneur est en train de se tacher ! Vite, faut pas qu'on voie que tu t'es enfui parce que tu voulais pas perdre une miette d'honneur ! »
Il n'arrivait plus à respirer. Tout s'était concassé quelque part dans sa gorge, un fatras de mot, de protestation, d'explication que la rage crochetée dans chaque fibre de son être interdisait de seulement exister. Il n'avait pas à s'excuser, il n'avait pas à se justifier d'avoir fait ce qu'il fallait faire - il avait fait ce qu'il fallait faire, non ? Il n'avait pas eu le choix, pas vraiment, n'est-ce pas ?
« Deku, écoute-moi deux... »
« Et le pire, c'est que tu te crois vraiment important, avec ton honneur et ton « héritage » ! Toi ! Alors que t'es rien du tout ! »
Le terme le percuta pile dans la plaie que Deku venait d'ouvrir au niveau de ses peurs et de ses faiblesses. Un spasme dans ses mains lui fit chercher une poignée de sabre – un réflexe né d'une autre vie, mais l'homme qu'il aimait n'avait jamais été réputé pour être concis. Surtout quand il était dans son droit le plus absolu.
« Juste un fils de seigneur comme il en existe des centaines et comme il en existera des milliers dans les siècles qui suivront ta mort ! L'histoire va t'oublier, insignifiant et petit, et tu crois réellement que t'as le luxe de t'accrocher à ton pauvre honneur comme un enfant au kimono de sa mère ? »
Oh, le flot de vérité amère déversé sur lui. Bien trop pour qu'il arrive à réellement l'entendre sous le sifflement de son ouïe, alors l'encaisser... Impossible. Jamais. Et en un ultime coup de sabre dans le brouillard de douleur, Katsuki observa la bouche de Deku se tordre en un sourire de pitié – de la pitié ? Pour lui ?
« Espèce d'imbécile… D'imbécile arrogant ! Finalement, les dieux ont peut-être été miséricordieux en m'obligeant à épouser Shôto ! »
Katsuki vit blanc l'espace d'un instant, comme si un éclair venait de s'effondrer à deux pas devant lui en effaçant tout ce qu'il connaissait. Le seul truc qu'il n'arrivait pas à occulter, c'était la dernière phrase de Deku, affreuse, ignoble. Tellement ignoble, et la migraine broyait ses tempes et sa respiration, et il voulait juste quelques secondes pour respirer, pour réfléchir, pour s'éloigner de la voix en train de le détruire, juste trente secondes de…
« En fait, je suis injuste, parce que je devrais te remercier, Katsuki ! Au moins, ça m'aurait ouvert les yeux : t'es juste un homme pathétique, insignifiant, qui s'est amusé à promettre le monde à celui qu'il disait aimer ! Et t'as fini par lui préférer ton honneur de pacotille parce que tu te crois trop important ! »
Le bois était rêche sous ses doigts, la faute à son empressement dans son travail de polissage inachevé dans l'après-midi, mais ça rendit la prise sûre quand Katsuki frappa la gorge de Deku de la hache à bois. Et qu'il revient dans un revers qui aurait fait la fierté de son maître d'arme, pour anéantir la moitié de visage à l'expression tétanisée de surprise, enfouir sous une bouillie d'os et de sang les traits si fins de son amoureux.
« TAIS-TOI ! » hurla Katsuki dans un troisième coup, cette fois pour l'épaule et il sentit à peine la brûlure du sang sur son visage, trop occupé à réaliser lui-même son ordre.
Trop inquiet à l'idée que ça ne suffise pas pour obtenir le silence.
Le quatrième aller-retour de lame ouvrit un torrent de sang, le manche devint glissant entre ses doigts et un « Ta putain de gueule ! » lui écorcha la bouche alors qu'il refermait sa main libre sur la charpie de la gorge, qu'il compressa de toutes ses forces. Et cet imbécile qui essayait de continuer de l'insulter, bouche ouverte sur une saloperie plus grande que ces yeux exorbités de peur ! Qu'il la ferme ! Katsuki ne voulait plus entendre la moindre syllabe de sa putain de voix, de ses insultes à la con, plus jamais ces conneries sans nom, plus jamais !
« FERME. TA. SALOPERIE. DE. GRANDE. GUEULE ! » scanda Katsuki en usant de toute sa force pour appuyer chaque mot et les faire rentrer – littéralement – dans l'esprit de Deku. Si littéralement que la hache y resta, sur le hurlement de la fin, si fortement coincée dans l'os du crâne qu'il fut obligé de tirer de toutes ses forces pour l'en extirper, grondement de rage dans la gorge.
Et du bruit mouillé de la lame frottant contre les chairs éclata enfin le silence tant attendu par Katsuki.
C'est parti ^^ :
LiliCatAll : Tu me tues, à survoler les fics ici et après à aller sur wp XD. Vraiment on dirait tu fais chauffer une première fois au micro-onde et après tu vas réellement faire réchauffer ton plat ailleurs XD. Bon alors, j'ai géré ou que nenni XD?
