Elle ignorait comment le frère D'Albus Dumbledore avait fait pour la repérée malgré sa discrétion et son plan parfait. C'est dans ce genre de moment qu'elle regrettait amèrement de ne pas avoir appris à transplaner bien qu'elle n'en avait légalement pas l'âge. C'était fini, pour Noël, elle allait avoir le droit à des retenues, punitions et autres joyeusetés.Sachant qu'il n'y avait pas le moindre espoir de s'échapper, Noma sortit lentement de sa cachette de fortune. Aberforth croisa les bras, nullement étonné de la voir ici. C'était comme s'il s'était attendu depuis longtemps à la voir débarquer ici.
- Il fait froid hien? Demanda-t-il d'une voix un tantinet provocante.
- Oui, monsieur, se crispa Noma en regardant ses doigts bleutés.
L'homme à la barbe noire pointa sa baguette vers elle :
- Laisse-moi arranger ça. Calorustotalus, incanta-t-il.
Aussitôt, sa peau reprit une couleur normale et une douce chaleur de cheminée traversa son corps. Ses vêtements étaient miraculeusement secs, tout comme l'intérieur de ses chaussures, traversés par la neige.
- Bon, qu'est-ce qu'on fait, maintenant? Continua calmement Abelforth.
- Je ne sais pas, je voulais juste prendre l'air frais, mentit Noma bien qu'elle se doutait qu'il ne la croirait pas. J'allais justement rebrousser chemin vers Poudlard.
Le tenancier se mit à rire à gorge déployée, effectivement, il ne croyait pas la moindre lettre, le moindre mot de son récit.
- Tu es un peu bornée quand même, plaisanta-t-il en essayant de se reprendre. Et un peu casse-cou aussi...
- C'est ma spécialité, vous savez, affirma Noma avec humour.
Tant bien que mal, la Serpentard essayait de sauver sa peau. Elle était si près du but, si proche de sa rencontre avec son père biologique.
- Je sais que ta présence ici n'est pas fortuite, déclara l'homme d'un ton plus sérieux cette fois-ci. Il y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour te dissuader de poursuive ta route?
Presque rien n'échappait aux Dumbledore...
- Non, rien ne me fera changer d'avis, monsieur Abelforth, répondit-elle poliment. C'est gentil de vouloir essayer.
- Dans ce cas, je devrais te donner ceci...
Il fouilla dans ses poches et lui tendit d'une main un étrange médaillon. Ce bijou émeraude et scintillant était gravé d'un dessin représentant un Saul Cogneur, identique à celui de Poudlard. Noma l'observa dans toutes ces coutures...Elle le trouvait magnifique. De plus, elle adorait cette variété d'arbre.
- Il appartenait à mon frère, ce n'est pas n'importe quel médaillon, c'est un talisman. Il te protégera avec la même férocité que cet arbre.
- Merci, merci beaucoup, dit-elle en le rangeant à sa son tour dans sa poche. Mais ne vous en faites pas, je ne pense pas que j'aurais besoin de m'en servir. Ce n'est que mon père... Il ne pratique même plus la magie.
- Ni toi ni moi ne savons prédire l'avenir, si nous les humains étions pourvu d'un tel pouvoir, bien des drames auraient été évités, répondit-il avec une certaine sagesse. Macnair ne te connaît pas, et tu ne le connaît pas non plus.
- Je tacherai d'être prudente dans ce cas.
Alors qu'elle était sur le point de partir, Abelforth semblait vouloir lui dire une toute dernière chose :
- Noma...Je me demandais.
- Oui, monsieur?
- Es-tu heureuse, dans cet orphelinat? J'y est déjà mis les pieds et je dois bien reconnaître que Rogue n'a pas fait les choses à moitié, c'est un vrai petit bijou ce manoir.
- J'y suis tellement bien, si vous saviez. Il y a toujours quelque chose à faire, là-bas.
- Avant que tu t'en ailles, je voulais te dire... C'est moi qui me suis occupé de toi de ta naissance jusqu'à tes trois ans. Tu as grandi ici, dans cette humble auberge. Tous mes amis te connaissent... Tu ne peux pas t'imaginer quelle a été ma tristesse lorsque qu'un soir, ton père et ta mère, sont revenus sur leur décision et t'ont arrachée de mes bras. Tu restais enfermée, là-bas, dans cette maison au fond d'un bois. Tes parents n'étaient que très rarement présents. Severus, Albus, moi, Minerva... On s'était tous battus auprès du ministère pour que tu reviennes chez moi, mais rien n'y fit. Ce n'est qu'après que tes parents aient été incarcérés que Severus a enfin eu la permission de te prendre avec lui.
Noma ne savait quoi dire face à ces révélations au beau millieu de cette nuit noire et froide. Elle se sentait touchée au plus profond de son être par toute cette dévotion et par l'engagement qu'ils avaient pris pour s'assurer de sa protection.
Pour être honnête avec elle-même, elle n'avait pas le moindre souvenir d'avoir un jour vécu ici même. À contrario, la maison dans le fond des bois, elle s'en souvenait parfaitement. Les écureuils, les chats sauvages et les hérissons étaient sa seule compagnie. Parfois, le fantôme d'une biche venait lui rendre une visite, bien qu'avec le recul, elle se demandait s'il ne s'agissait pas plutôt d'un patronus. Mais de qui, ça, le mystère restait entier.
- Mes...Mes parents n'ont pas voulu de moi à ma naissance, alors? Demanda Noma en se disant qu'elle aurait tout de même préférée rester vivre dans cet auberge que d'être seule dans cette maison.
- C'est un peu plus compliqué que ça, admit Abelforth à voix basse. Ils ne savaient pas s'occuper d'eux, alors comment pouvaient-ils s'occuper de toi? Severus fréquentait tes parents à cette époque, il a été le spectateur des négligences dont tu étais victime. C'est pour cela qu'un beau matin, alors que tu n'avais qu'une semaine, Rogue t'a pris sous son manteau et t'as emmener ici.
-Vous vous êtes occupés de moi, m'avez nourrie et habillée alors que rien ne vous y obligeait. Vous êtes vraiment quelqu'un de bien... J'ai souvent reçu les visites d'une grande biche lorsque je vivais dans les bois, était-ce vous?
Abelforth fit non de la tête, mais il semblait soudainement pensif... Le tenancier l'observait attentivement, un détail semblait retenir son attention. Il y eut un petit moment de silence.
- Il est parfois curieux de voir combien de personnes se donnent une image qui ne reflète pas qui ils sont vraiment...murmura-t-il.
L'élève ne savait pas pourquoi il disait ça, c'était assez déstabilisant.
- Je vais te poser une question, poursuivit Abelforth avec hésitation. Mais toi seul choisiras si tu souhaites y répondre ou non.
Elle éprouvait beaucoup de gratitude envers lui, donc évidemment, elle acceptait volontiers de lui livrer n'importe lequel de ses petits secrets d'adolescente.
-Je vous répondrai, qu'importe la question,dit-elle. Je vous dois bien ça après tout ce que vous avez fait pour moi...
- C'est très gentil, Noma, dit-il avec douceur, mais n'oublie jamais que tu ne dois rien à personne en ce bas monde.
Ma question est celle-ci : Est-ce que le professeur Rogue t'aurait-il... Déjà dit certaines choses assez surprenants, des choses qu'il ne disait à aucun autres enfants que toi?
- Oh ça oui! S'exclama Noma. C'est un professionnel des jus de citrouilles, je suis la seule à le savoir. Enfin, maintenant, vous aussi, vous le savez.
- Eh bien, ce n'est forcément à ce genres de révélations que je m'attendais, dit-il en riant de bon cœur. Mais c'est très intéressant...
Une étoile filante passa dans le ciel, Noma fit un vœux, comme elle en avait l'habitude. Soudainement, elle se souvenue de quelque chose de beaucoup plus récent, de beaucoup plus fort en émotions...
- Il n'y a pas que ça, Monsieur Abelforth. J'ai cassé ma baguette magique en octobre, et... Il m'avait prêté la sienne pendant deux semaines, le temps d'aller m'en chercher une nouvelle. Dans sa lettre, le professeur Rogue m'avait dit que je pouvais m'en servir sans crainte car sa baguette était jumelle à la mienne. Un cœur en poussière d'étoiles...Je sais que c'est difficile à croire, mais je vous promet que c'est la vérité.
- Naturellement...Murmura-t-il dans sa barbe. Oui, tout naturellement... Albus devait le savoir depuis le début.
- Qui a-t-il de naturel, et... Qu'est-ce que le professeur Dumbledore savait? Questionna la jeune fille qui commençait à se sentir perdue.
- Je suis navré de devoir contrer tes plans, jeune fille, mais ce n'est pas cette nuit que tu iras voir Walden Macnair, déclara le frère Dumbledore d'une voix ferme. Tu vas rentrer à Poudlard et sagement t'endormir... Quant à moi, je vais écrire à Rogue pour le mettre face à ses responsabilités de père.
Elle resta bouche bée l'espace d'un instant.
- Le professeur Rogue n'est pas mon père, affirma finalement Noma avec beaucoup de certitude. Sinon je ne vois pourquoi il ne me l'aurait jamais dit.
- Ça, ça sera à lui de me le dire, grogna Abelforth. Seul un lien de parenté peut expliquer pourquoi deux personnes se retrouvent avec une baguette identique. Il faut le même sang, la même force magique, c'est ce qu'un père ou une mère transmet à son enfant. Ce phénomène est rare, mais il existe bel et bien.
Deux grosses larmes coulaient sur ses joues, c'était pourtant si évident, mais pour elle ça ne l'était pas. Tellement de questions de bousculaient dans sa tête, à commencer par savoir qu'est-ce qui avait bien pu empêcher le professeur Rogue de lui faire ces révélations. Un long moment de silence passa durant lequelle Noma fixait les étoiles. Elle avait fait le vœux que sa rencontre avec son père se passe bien...Mais il n'était pas l'homme qu'elle croyait.
- Alors la biche, c'était lui...?
- Oui, ma petite. Allons, ne pleure pas... Dit-il en lui prenant la main. Rentrons un instant, je te sert un chocolat chaud.
