Je ne possède aucun des personnages des différents fandoms.
Recueil de textes tout fandom confondus dans le cadre du Angstober 2024
En espérant que cela vous plaise
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
Lever de soleil sombre (Silmarillion)
L'aube se levait lentement sur les plaines désolées du champ de bataille, ses rayons timides perçant à peine la brume épaisse qui s'accrochait au champ de bataille. Elrond, Seigneur de Fondcombe, se tenait immobile, son armure autrefois étincelante maintenant terne et maculée du sang noir des orques et du sang rouge de ses frères d'armes. Ses yeux, témoins de millénaires d'histoire, balayaient lentement l'étendue devant lui, son cœur se serrant un peu plus à chaque instant. Le soleil, comme réticent à éclairer l'horreur de la scène, semblait peiner à s'élever dans le ciel. Ses rayons, d'ordinaire porteurs d'espoir et de renouveau, ne faisaient que souligner cruellement l'ampleur du carnage. Là où la veille se tenaient fièrement des légions d'elfes, prêts à affronter les forces de Sauron, ne restaient que des corps brisés, des armures fracassées, et des armes abandonnées.
Elrond fit un pas, puis un autre, son esprit luttant pour assimiler l'ampleur de la dévastation. Chaque visage familier qu'il reconnaissait parmi les morts était comme un coup de poignard dans son cœur immortel. Les elfes sylvains, en particulier, semblaient avoir payé le plus lourd tribut. Leurs corps graciles, habitués à la légèreté des branches et à la douceur des sous-bois, gisaient par centaines, leurs yeux autrefois brillants de la sagesse des âges maintenant vides et fixes.
Un mouvement attira soudain son attention. Au milieu de cette mer de mort, une silhouette familière se détachait. Thranduil, prince de la Forêt Noire, était agenouillé, son corps penché sur une autre forme inerte. Elrond sentit son souffle se couper en reconnaissant la chevelure argentée d'Oropher, roi des elfes sylvains et père de Thranduil. Avec une lenteur presque douloureuse, Elrond s'approcha de son ami. Chaque pas semblait lui coûter, comme si le poids de toutes les vies perdues pesait sur ses épaules. À mesure qu'il avançait, les détails de la scène devant lui se précisaient, rendant la réalité encore plus cruelle.
Thranduil, d'ordinaire si fier et noble, était méconnaissable. Son armure, chef-d'œuvre d'orfèvrerie elfique, était brisée en de multiples endroits. Du sang, son propre sang, coulait d'une profonde entaille à son flanc, teignant de pourpre le sol déjà gorgé d'hémoglobine. Mais ce n'était pas ses blessures physiques qui frappèrent le plus Elrond. C'était l'expression de son visage, un mélange de douleur, de chagrin et d'incrédulité, qui témoignait d'une souffrance bien plus profonde que toute blessure corporelle.
Dans les bras de Thranduil reposait le corps sans vie d'Oropher. Le roi, dans sa dernière bataille, semblait avoir affronté les hordes de Sauron avec toute la férocité et la noblesse qui le caractérisaient. Son visage, malgré la pâleur de la mort, conservait une expression de détermination farouche. Ses mains, encore serrées autour de la garde de son épée brisée, témoignaient de sa volonté indomptable jusqu'à son dernier souffle. Elrond s'agenouilla aux côtés de Thranduil, posant doucement une main sur l'épaule de son ami. Le prince sylvain ne réagit pas immédiatement, comme perdu dans un monde de chagrin dont lui seul connaissait les contours. Lentement, presque imperceptiblement, Thranduil tourna son regard vers Elrond. Ses yeux, habituellement d'un bleu glacier pénétrant, étaient voilés de larmes et de douleur.
- Elrond, murmura Thranduil, sa voix à peine plus qu'un souffle. Il est parti… Ils sont tous partis…
Le cœur d'Elrond se brisa un peu plus face à la détresse de son ami. Sans un mot, il enveloppa Thranduil dans une étreinte, offrant le seul réconfort qu'il pouvait dans ce moment de désespoir absolu. Le prince sylvain, d'ordinaire si réservé, s'effondra contre la poitrine d'Elrond, ses larmes coulant librement pour la première fois depuis des siècles.
- Nous... nous n'étions pas prêts, continua Thranduil, sa voix entrecoupée de sanglots étouffés. Il a chargé trop tôt. J'ai essayé de le retenir, mais...
Elrond resserra son étreinte, sentant le corps de Thranduil trembler sous le poids du chagrin et de la culpabilité.
- Tu as fait tout ce que tu pouvais, mon ami, murmura-t-il doucement. Oropher est mort en héros, défendant son peuple et toute la Terre du Milieu.
Thranduil leva les yeux vers Elrond, son regard reflétant une douleur si profonde qu'elle semblait sans fond.
- Que vais-je faire maintenant, Elrond ? Comment puis-je guider mon peuple quand je me sens si... perdu ?
Avant qu'Elrond ne puisse répondre, il sentit le corps de Thranduil s'affaisser contre lui. Les yeux du prince se fermèrent lentement, la perte de sang et l'épuisement émotionnel le plongeant dans l'inconscience.
- Thranduil ! S'exclama Elrond, la panique perçant dans sa voix.
Il resserra son étreinte, soutenant le corps inerte de son ami.
- À l'aide ! Cria-t-il, sa voix résonnant sur le champ de bataille silencieux. J'ai besoin de guérisseurs ici !
Alors qu'il tenait Thranduil dans ses bras, Elrond leva les yeux vers le ciel. Le soleil avait finalement percé les nuages, baignant la scène d'une lumière dorée qui semblait presque obscène dans sa beauté face à tant de désolation. Pour les elfes, ce lever de soleil ne marquait pas un nouveau départ, mais la fin d'une ère. Tant de vies perdues, tant de sagesse et de beauté effacées en une seule nuit de chaos.
Elrond baissa les yeux sur le visage pâle de Thranduil, jurant silencieusement de protéger son ami et de l'aider à traverser les jours sombres qui s'annonçaient, car même dans les ténèbres les plus profondes, l'espoir devait persister. C'était le fardeau et le don des elfes : endurer, se souvenir et continuer malgré tout.
