Je ne possède aucun des personnages des jeux vidéos
Même en ayant des amis, Fenris ressent au fond de lui la brûlure de la solitude, oh, ce n'est pas de leur faute, c'est de la sienne, il a toujours été seul, à l'écart, en retrait... comment il pouvait faire pour lutter contre son moi profond ?
En espérant que cela vous plaise !
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
SOLITUDE
Le crépitement du feu dans la cheminée brisait à peine le silence pesant du manoir délabré. Fenris était assis seul, une bouteille de vin à moitié vide posée à ses pieds. Ses yeux verts fixaient les flammes sans vraiment les voir, perdus dans des souvenirs douloureux. Les ombres dansantes semblaient se moquer de lui, rappelant les fantômes de son passé qui le hantaient sans relâche.
Un éclat de rire lointain lui parvint par la fenêtre entrouverte. La voix grave de Varric se mêlait à celle, plus douce, de Hawke. Sans doute revenaient-ils du Pendu après une soirée bien arrosée. Anders devait être avec eux, prêt à soigner leurs futures gueules de bois. Fenris ferma les yeux, laissant échapper un soupir. Ces moments de camaraderie, il les appréciait. Vraiment. Mais quelque chose en lui restait toujours sur ses gardes, incapable de se laisser aller complètement. Comme un loup blessé, il observait le monde avec méfiance, même lorsqu'une main amicale se tendait vers lui.
Les marques de lyrium sur sa peau le brûlaient, comme pour lui rappeler son passé, sa différence. Il passa ses doigts le long des lignes argentées, sentant leur pouvoir pulser sous sa peau. Un cadeau empoisonné de Danarius, une cage invisible qui le séparait du reste du monde.
Combien de fois Hawke lui avait-il dit qu'il faisait partie de leur famille ? Fenris se remémora leur dernière conversation, la sincérité dans les yeux de son ami lorsqu'il avait prononcé ces mots.
- Tu n'es plus seul, Fenris. Nous sommes là pour toi.
Mais comment pouvait-il vraiment comprendre ? Hawke, avec son charisme naturel et son passé relativement normal, ne pouvait pas saisir l'abîme qui séparait Fenris du reste du monde.
Combien de fois Varric l'avait-il taquiné, cherchant à le faire sourire ? Le nain avait un don pour alléger l'atmosphère, pour transformer les situations les plus sombres en anecdotes amusantes. Fenris se surprit à esquisser un léger sourire en repensant à la dernière histoire rocambolesque de Varric. Pendant un bref instant, il avait presque oublié le poids sur ses épaules. Presque.
Même Anders, malgré leurs désaccords, lui avait tendu la main à plusieurs reprises. Fenris grimaça en pensant au mage. Leur relation était compliquée, teintée de méfiance mutuelle et de principes opposés. Pourtant, Anders avait soigné ses blessures sans poser de questions, offrant son aide malgré leurs différends. Cette générosité déconcertait Fenris, habitué à voir le monde en noir et blanc.
Pourtant, au fond de lui, Fenris se sentait toujours comme un étranger. Un loup solitaire, incapable de vraiment faire partie de la meute. Les rires s'estompèrent au loin, le laissant à nouveau seul avec ses démons. Le silence qui suivit était assourdissant, amplifiant le vide qu'il ressentait au plus profond de son être. D'un geste las, il porta la bouteille à ses lèvres. Le vin avait un goût amer ce soir-là. L'alcool brûlait sa gorge, mais ne parvenait pas à éteindre le feu de sa solitude. Combien de nuits avait-il passées ainsi, cherchant dans le fond d'une bouteille un réconfort qu'il ne trouvait jamais ?
Soudain, des coups frappés à la porte le tirèrent de sa torpeur. Fenris se raidit, la main instinctivement posée sur le pommeau de son épée. Vieux réflexes d'un esclave en fuite, toujours sur le qui-vive.
- Fenris ? Tu es là ?
La voix de Hawke résonna dans le hall d'entrée.
- On a ramené de quoi manger. Varric a encore gagné au diamant et il veut partager ses gains.
Fenris hésita un instant. Une partie de lui voulait rester seul, s'enfoncer dans l'obscurité réconfortante de sa solitude, mais une autre partie, une flamme fragile qu'il n'osait nourrir, le poussait vers la porte.
- Entre, finit-il par dire, sa voix plus rauque qu'il ne l'aurait voulu.
Hawke apparut dans l'encadrement de la porte, un grand sourire aux lèvres. Derrière lui, Varric portait un sac qui sentait délicieusement bon, tandis qu'Anders fermait la marche, l'air légèrement mal à l'aise.
- On ne te dérange pas, j'espère ? Demanda Hawke en s'avançant dans la pièce.
Son regard s'attarda sur la bouteille de vin, mais il ne fit aucun commentaire. Fenris secoua la tête, incapable de formuler une réponse. La présence soudaine de ses compagnons dans son refuge solitaire le déstabilisait.
- J'ai apporté ce ragoût que tu aimes, intervint Varric en posant le sac sur la table et Blondie ici présent a même accepté de venir sans se plaindre. Un vrai miracle !
Anders leva les yeux au ciel, mais un léger sourire flottait sur ses lèvres.
- Je suis venu m'assurer que vous ne vous empoisonniez pas avec la cuisine de Varric.
L'atmosphère se détendit progressivement alors que ses amis s'installaient, remplissant la pièce de leur présence chaleureuse. Fenris les observait, partagé entre le désir de se joindre à eux et la peur de s'ouvrir, de se rendre vulnérable. Hawke dut sentir son hésitation car il s'approcha doucement de lui.
- Tu sais, dit-il à voix basse, tu n'es pas obligé de porter tous tes fardeaux seul. Nous sommes là, si tu veux en parler... ou simplement partager un repas.
Fenris leva les yeux vers son ami, cherchant dans son regard une trace de pitié ou de condescendance. Il n'y trouva que de la sincérité et une amitié sans condition. Pour la première fois de la soirée, il sentit la glace autour de son cœur commencer à fondre.
- Je... merci, murmura-t-il, les mots semblant insuffisants pour exprimer ce qu'il ressentait.
Alors qu'il rejoignait le groupe autour de la table, Fenris réalisa que même s'il ne pourrait jamais complètement effacer son passé ou les marques sur sa peau, il n'était plus vraiment seul. La route serait longue et difficile, mais peut-être qu'un jour, il pourrait vraiment se sentir chez lui parmi ces gens qui l'acceptaient tel qu'il était.
Le loup solitaire avait peut-être trouvé sa meute, après tout.
