Chapitre 5

Plus tard dans la matinée, appartements de Khorine

J'avais juste trouvé la force de cacher le croc doré avec les autres clefs. Et puis j'avais vacillé au milieu de mon salon. Des coulées de sang maculaient le sol, le tapis et son fauteuil. Tout ce rouge… Ma damnation, pour l'éternité; pensai-je avant de m'écrouler dans les ténèbres.

Mon esprit était plongé dans un brouillard opaque et avait beau être aussi éloigné qu'il le pouvait des peines du corps, je ressentais chaque cicatrisation avec une acuité accrue. Les déchets des égouts s'infiltraient en moi; ce qui me restait de sang bouillonnait dans mes veines, apportant le venin qui détruirait chaque agent infectieux. Je passai des heures interminables à me tordre au sol, victime d'une fièvre accablante. Des gémissements s'élevaient de temps en temps à mes oreilles, j'y reconnaissais parfois ma voix, parfois celle de Lily. Et puis je revoyais son regard, et son visage tordu par le dégoût…

Cette torture cessa subitement, me laissant pantelante, étendue dans les mares de mon propre sang. Mes yeux interceptèrent vaguement les sept heures trente de l'horloge, puis je m'écroulai de nouveau.

Elle venait… Je la sentais s'approcher, ses grands yeux verts m'observaient et mon cœur était transpercé par le dégoût qui pouvait s'y trouver. Je ne voulais pas… qu'elle se rende compte de ma monstruosité. Pas elle.

-Lil… y. Non!

Je la suppliais sans avoir la force de la regarder, je ne pouvais pas. Pas elle, pas elle… Ne m'abandonne pas, s'il te plaît. Lily!
Je sentis vaguement, au milieu des cauchemars naissant, une présence. Le parfum du sang qui se propageait dans la pièce… Une présence apaisante, apaisante… Des crépitements de magie, une chaleur, puis la douceur du canapé.
Sûrement Lily… je l'appelai.
Un silence, si calme, arrachant les visions d'horreur de mon esprit torturé. Puis, doucement, des doigts glacés effleurèrent ma peau, des mèches de cheveux furent dégagées de mon visage. Mais… glacés? J'ouvris aussitôt les yeux et me relevai; pour cracher du sang. Que… Il me fallut du temps pour récupérer un semblant de contrôle. Puis je me tournai vers l'ombre à plusieurs pas de moi… Rogue!

-Qu'est-ce que… fis-je d'une voix éraillée… tu fais là?

-Que t'est-il arrivé? Répliqua-t-il en croisant ses bras maigres.

Il fronçait les sourcils, fixant mes habits encore imbibés de rouge, de crasse, et profondément lacérés. Je devais être pitoyable… Mais qu'importe! J'avais réussi… la dernière clef! Et L-lily était en sécurité, chez elle, ne me haïssait pas. Je devais m'en convaincre. Pas elle. Mon regard s'était fait plus brumeux, se voilait aux souvenirs qui m'enchaînaient. Ce dégoût, tellement logique, tellement évident. Il devait se trouver tapi dans tous les yeux qui me croisaient, qui savaient. Mais Lily…

-Lumare!

Je tressautai violemment pour revenir à une étrange réalité. Rogue s'était approché (rendant soudain la perception du sang à mon odorat sensible) une expression insolite sur le visage, une que je n'avais jamais vue sur celui de son homologue futur. On aurait dit… de l'inquiétude.

-Je vais bien; trouvai-je soudain bon de placer, me retenant de fixer sa gorge tendue vers moi. C'était juste une bagarre entre vampires.

Il haussa un sourcil, clairement dubitatif, mais je n'y prêtais plus attention. De l'inquiétude? N'importe quoi! Je devais être épuisée, assoiffée et délirer à moitié. Je quittai le canapé que je n'avais pas eu conscience d'avoir rejoint et vacillai vers la salle de bain. Le regard du Serpentard me suivait, je sentis qu'il s'asseyait dans son fauteuil et la pensée incongrue qu'il souhaitait encore rester chez moi m'amena un bref ricanement avant que je ne m'enferme dans la salle d'eau.
Oh Merlin! J'étais fatiguée… et son sang me tentait bien trop. A cette constatation, je relevai la tête vers le miroir. Mes iris viraient au rouge sanguinolent et je m'empressai d'ingurgiter plusieurs fioles de régénération sanguine pour fermer les yeux et chercher à me calmer.
Ce ne fut que longtemps plus tard que j'arrachai mon pull, ma chemise et tous mes vêtements d'uniforme désormais inutilisables, pour m'écrouler dans la cabine de douche. L'eau chaude jaillit du pommeau. Je soupirai.
J'avais mené à bien ma dernière mission. Les quatre clefs étaient réunies et tout ceci le jour même de Noël. Cela ressemblait presque à un cadeau pour mon amie et son futur fils. Lily…
Il me faudrait envoyer l'appareil photo ce matin, j'en profiterai pour écrire à Dumbledore que ma mission était enfin terminée. Enfin…

Je sortis bien plus tard de la salle de bain, des habits propres sur le dos, quelques mèches mouillées dégoulinant dans mon cou et surtout, me convainquant que j'avais suffisamment récupéré. Rogue releva la tête d'un grimoire de potions et je fus presque tentée de lui sourire. Les ténèbres de ses yeux se mêlaient au bleu océan des miens… Mais la soif pointa de nouveau. Ma gorge s'enflamma, je dus me recroqueviller, lutter contre cette envie dévorante. Son sang. Putain de sang!

-Tu as encore soif.

-Pas du tout; grognai-je en avançant une main tremblante vers les replis de ma cape.

J'en tirai bientôt une nouvelle fiole que je m'empressai de vider. Long silence, je luttais de toutes mes forces, attendant l'effet des potions. Quelle faiblesse! Lorsque je relevai la tête, Rogue se tenait toujours là. Il me fixait le visage totalement indéchiffrable. Cela ressemblait bien plus au professeur de Potion de mes souvenirs. Sûrement le même mépris sous ce masque lisse.

-Le déjeuner sera servi dans dix minutes, tu viens? Lâcha-t-il soudain.

… Il fallait vraiment qu'il revoie l'ordre de ses priorités. Choisir de rester en compagnie d'un vampire plutôt que de subir les quelques brimades de Malfoy était stupide. Quelqu'un devrait un jour le lui faire comprendre. Mais je me surpris à murmurer:

-J'ai des paquets à envoyer, je te rejoins dans la grande salle.

Choquée, je le vis hocher la tête avant de se détourner et de sortir de mes quartiers. Merlin, j'étais incapable de le repousser. Alors qu'il était gênant, insupportable et que son sang me rendait folle! Incapable de le repousser... C-ça ne voulait certainement pas dire que j'appréciais sa présence ou que je l'appréciais lui. C'était… juste… Je voulais encore profiter de lui. Instinct de Serpentard, il pouvait toujours servir.

J'allai à la volière pour envoyer le cadeau de Lily et une photo de moi qu'elle m'avait demandée, puis écrivis une courte missive à Dumbledore avant de retrouver Rogue dans la Grande salle. Ma soif s'était calmée, je pus soutenir calmement la conversation. Et être suffisamment sûre de mon contrôle pour accepter de continuer notre discussion dans le parc enneigé de Poudlard.

-Et moi je te dis que le Protego est bien trop puissant pour que ton adversaire ne sente pas ta présence! Lâchai-je, peut-être légèrement influencée par mon dernier combat.

Rogue renifla en croisant les bras et fit mine de s'arrêter. Je ne lui prêtai aucune attention et continuai:

-Les sortilèges de Repousse-moldu et Repousse-sorcier sont nettement plus discrets et dissuadent jusqu'aux sorciers de niveau moyen. C'est…

Et soudain, une énorme boule de neige s'écrasa dans mon dos. Je restai un moment pétrifiée, avant de me retourner lentement et de fixer Rogue, abasourdie. Il se tenait au milieu de cette poudreuse, entièrement recouvert de noir, et trouvait le moyen de m'adresser un sourire narquois. Non, ce n'était tout de même pas lui qui…? Il fit un minuscule moulinet avec sa baguette et, encore trop choquée, je ne pensai même pas à éviter le projectile qui me toucha l'œil droit. Le choc me permit de reprendre mes esprits et, les yeux rouges, de siffler:

-Tu as trois secondes pour fuir.

-C'est qu'elle mordrait; se moqua le Serpentard, restant bien camper sous son sapin enneigé.

Je fus aussitôt devant lui, le fixant en haussant un sourcil.

-Tu ne penses pas sérieusement pouvoir rivaliser avec un vampire?

Pour toute réponse, il leva sa baguette et toutes les branches du sapin s'écroulèrent sous le poids de la neige. Cette fois, je l'évitai d'un bond et ce fut Rogue qui se prit son attaque

-Erreur de manipulation peut-être? Lui offris-je, souriant légèrement.

Il grommela vaguement, secouant ses cheveux graisseux, et j'en profitai pour passer à l'action. D'un coup de baguette je créai trois boules de neige qui foncèrent sur lui. Et Rogue eut tout juste le temps de loucher sur les projectiles avant de s'étaler dans la poudreuse… J'éclatai de rire!
Vraiment! Moi, des larmes au coin des yeux, les bras entourant mes côtes tandis qu'un rire presque inconnu quittait ma gorge.

-Tu ne perds rien pour attendre! Grommela-t-il en se relevant.

Je lui souris, et sur ce commença une extraordinaire bataille de boules de neige. Ma première! Une douce chaleur se répandait dans ma cage thoracique alors que je courrais, cherchant Rogue du regard. Ses yeux sombres brûlants d'allégresse m'hypnotisaient! C'était la première fois… Et puis ces sarcasmes qu'il me lançait, mes répliques tandis que j'évitais ses attaques! Un jeu! C'était un jeu!
Nous jouions, dans la neige, comme des enfants! Et j'entendis pour la première fois le rire de Severus… Profond, envoûtant, sincère… Je crois que dans la bataille j'en vins même à lui courir après, la baguette levée, essayant de le viser alors qu'il zigzaguait entre les arbres.
Bien plus tard, je l'abreuvai de boules de neige et il finit par s'effondrer dans la poudreuse, vaincu.

-… Tricheuse; grogna-t-il à bout de souffle.

Un sourire voulut étirer mes lèvres alors que je le rejoignais en ricanant:

-Mauvais perdant.

Mais je parvins à me retenir cette fois. J'inspirai au milieu de cette blancheur, retrouvant mon souffle, et puis observai Rogue. Il ne semblait pas du tout gêné par notre poussée de gaminerie, ses joues seulement rougies par la neige. Nous étions tous deux assis près du lac gelé, sous un grand chêne, et lui fixait le lointain les yeux mi-clos… De gros morceaux de neige pendaient à ses cheveux graisseux, un minuscule sourire persistait au coin de ses lèvres, le sang battait violemment à sa carotide. Mais mes iris ne virèrent qu'un court instant au rouge. Ce moment était trop paisible pour que mes instincts aient de l'emprise sur moi… J'étais bien… Les vents froids nous caressaient, la neige nous entourait, le soleil apparaissait souvent d'entres les nuages…

Nous restâmes longtemps ainsi, juste côte à côte à contempler le ciel de décembre et le Lac Noir. Les battements de son cœur, son souffle, m'apaisaient. Et puis une émotion diffuse commença à le parcourir. Je me tournai vers lui, interrogatrice, Rogue me fixait déjà avec gravité.

-Qu'est-ce qui s'est passé ce matin?

-Quelques vampires; lâchai-je en haussant les épaules.

Rogue se renfrogna, pas dupe, et je crispai les mâchoires. Il se mêlait trop souvent de ce qui ne le regardait pas, trait de caractère que n'avait pas perdu son homologue du futur… Après tout, le professeur Rogue avait été le premier à comprendre que je m'étais transformée en vampire. Le premier à voir la monstruosité par-delà le masque humain.

-Tu m'expliques alors ce que faisait ceci… (du bout de sa baguette, il invoqua une lame étrangement familière) planté sous ton omoplate gauche. Et les traces évidentes d'armes blanches sur tes vêtements.

-Saleté de serpent fouineur; sifflai-je entre mes dents, le regard vermeil rivé sur le couteau.

Et celui-ci rétorqua d'un ton empli d'une morgue détestable:

-Tu ne pensais tout de même pas avoir été discrète!

L'instant de paix se brisait. J'étais acculée soudain par ces yeux ensorcelants emplis de ténèbres et de questions.

-Il porte le sceau de Serpentard… Je crois (le couteau tourna entre ses doigts) que tu dois voler quelque chose dans l'école. Quelque chose de protégé…

-Tais-toi! Crachai-je. Tu ne sais rien.

-Alors explique-moi… Murmura-t-il.

Son ton, son regard, sa posture et même jusqu'à ses émotions étaient admirablement contrôlés. Mais je n'étais pas encore assez stupide pour tomber dans ses manigances. Par contre, force m'était d'admettre qu'il ferait un excellent espion. Un espion… retournant sa veste au dernier moment. Pourquoi? Alors que tout était perdu? Pourquoi? Il s'était sacrifié pour Potter… Harry… le fils de… Je le fixai, pétrifiée. Des flashs de cette nuit d'horreur me revenaient. Je le revoyais.

-Une mission; lâchai-je dans un halètement, hagarde.

Il fronça les sourcils, son regard fixé au mien.

-Tu vas bien Lumare?

Je secouai la tête, l'observant toujours, de plus en plus agitée. Je ne pouvais pas me retenir. Avant peut-être, mais j'étais trop ancrée à ce monde maintenant, trop attachée à…

-Une mission… à accomplir.

Nous deux. Nos deux missions.

-Dumbledore ou le Seigneur des Ténèbres? Demanda Rogue au bout d'un moment.

Et j'eus un ricanement bien amer, la réalité avait ce goût là finalement.

-C'est une très bonne question. Je me le demandais aussi.

Le Serpentard était perdu. Moi incapable de démêler le faux du vrai, ou incapable d'accepter la réponse qui m'attendait, ses implications… Le professeur Rogue toutes ces années, si sombre, méprisant, haineux et seul. Seul…

-Promets-moi… Promets-moi q-que tu…

Je ne comprenais pas, tout à coup, cette souffrance qui me lacérait le cœur. Des larmes apparaissaient.

-De faire attention. De…

Ca faisait tellement mal! Et le soir de la bataille finale. Oh Merlin… Je le revoyais se battre, crier au milieu des combats, se sacrifier. Je revoyais le sortilège de mort le percuter de plein fouet. Et son corps sans vie qui retombait. Je voulus parler mais un sanglot m'étrangla. Je ne pouvais pas… refouler…cette douleur. Elle se lisait dans les tremblements de mon corps, dans mes yeux azur, dans les larmes qui me trahissaient.
Severus se rapprocha, son inquiétude bien trop évidente… e-encore une ruse de Serpentard… Il y eut ses doigts glacés qui tentèrent de chasser mes larmes, puis ses bras se refermant enfin sur moi. Et je m'accrochai à lui, désespérément, me fondant dans son étreinte chaude le front contre sa poitrine. Severus… Severus…

-Ne meurs pas… Je t'en supplie, ne meurs pas; sanglotai-je en m'agrippant à sa cape.

Il murmura tous les mots de réconforts idiots qu'il pouvait, me serrant plus fort. Et je restai tout contre lui, bercée peu à peu par la mélodie du sang dans ses veines, par les battements de son cœur… Severus…

Couloir du premier étage, en direction de la Bibliothèque

Au soir de Noël, j'avais reçu l'album photo de Lily… les initiales K. L. y étaient brodés dans des couleurs rouges et or… bien trop Gryffondor pour moi; pensai-je en l'enfournant dans une poche interne de ma cape.
Le même soir un mot de Dumbledore m'était parvenu. L'ouverture du Nid était prévue pour Dimanche, deux jours plus tard. Et ces deux jours je les avais plus ou moins passés en compagnie de Rogue. L'écœurante faiblesse qui m'avait gouvernée dans le parc s'était évaporée. Entièrement. Mais la présence du Serpentard pouvait être jugée, dans une certaine mesure… acceptable. Quoi que j'étais bien plus intéressée par celle de Lily. Qui me manquait.
La lettre qu'elle m'avait envoyée avait beau faire dix pages, elle ne rendrait jamais le même effet que la passion enflammant son cœur de nouveau proche du mien, la joie et le bonheur brillant dans ses yeux vert émeraude.
Lily Evans… Elle vivrait. Je m'en étais fait la promesse. Et les quatre clefs dans ma poche ne tarderaient pas à la sceller. Le rideau tomberait bientôt.
Je serai alors libre de vivre auprès de... Lily. De la protéger.
Ma tâche prenait fin.

Le Nid des Fondateurs:

Plusieurs heures furent nécessaires pour l'accomplissement de rituels complexes, d'offrandes et du maniement des quatre clefs des fondateurs. Mais, finalement, le soleil brûlant de cette fin de journée embrassa la concrétisation de tous mes efforts. La gigantesque rosace au sol s'écarta dans un terrible grondement. Le Nid s'ouvrait. Dumbledore avança le premier, me laissant les Horcruxes et, stupidement, je les portai pour lui…

Je ne fis qu'à peine attention aux trésors dont regorgeait le Nid. Mes pensées dérivaient vers Rogue et Lily… Surtout Lily. Son visage éclairait le brouillard de mes pensées, ses yeux verts, et sa chevelure rousse tellement reconnaissable. Je l'imaginais sourire, me murmurer que c'était fini, que tout irait bien. Tout ira bien.

-Posez-les dans cette malle; demanda le vieux.

J'obtempérai et après un dernier regard aux trois artefacts de magie noire, refermai fermement le couvercle. Mais une tige de métal m'érafla la main et une goutte de sang en glissa pour s'écouler jusqu'à la serrure du coffre. Il se verrouilla aussitôt.

-C'est un… coffre à tribut? Prononçai-je d'une voix tremblante.

Dumbledore hocha la tête.

-Seul son précédent utilisateur peut l'ouvrir, en offrant son sang.

Il s'approcha de moi, doucement, la montre à la main. J'écarquillai les yeux, paniquée.

-Mais vous ne pouvez pas! Je vais le rouvrir tout de suite, les Horcruxes…

-Il est trop tard, Miss Lumare; me coupa-t-il.

Mon cœur se crispa violemment, et une fureur sans nom s'empara de moi. Il m'avait trompé, depuis le début.

-Laissez-moi sortir! Hurlai-je en courant vers la porte.

Mais un violent sortilège m'envoya valser à l'autre bout de la pièce. Je me relevai aussitôt et fonçai, cette fois sur le directeur. J'allais le tuer! Feulant de rage, je bondis sur lui… trop tard. La montre aux trente clefs s'écrasa par terre. Je m'effondrai aussitôt. J-je ne pouvais plus bouger.

-Non! Pas ça! Hurlai-je en tentant de me relever.

Mon corps n'était traversé que de convulsions. Je luttais de toute ma magie contre le sort. Et le vieux se rapprocha de moi.

-Non, non, non…

-Je suis désolé Lumare. Mais je n'avais pas le choix, vous seule pouvez permettre à l'Elu de vaincre.

-Je ne le ferai pas! Hurlai-je, agitée par de violents soubresauts. Je vous tuerai, et je tuerai l'élu aussi! Je livrerai le château à Voldemort!

-Lily… Commença ce fou en essayant dese montrer peiné.

-Elle va mourir! Par votre faute! Hurlai-je, voyant avec désespoir que mes jambes commençaient à disparaître. Je vais vous tuer! Je vais vous tuer!

Dumbledore s'agenouilla à mes côtés et eut encore l'audace de montrer des yeux brillants de larmes. Puis d'une voix fêlée, il murmura:

-Je n'avais pas le choix. La survie du monde magique dépend de vous… J'ai enchanté le retourneur de temps pour qu'il vous ramène à votre 6ème année. Vous ne pouvez pas sauver Lily et James, mais pensez à leur fils, et à Severus.

-Non! C'est fini! Eructai-je, les yeux pleins de douleur et de rage. Tout est fini!

Tout était fini… Une puissante brume m'écrasa soudain, je relevai la tête vers Dumbledore. Le vieux détournait le regard, le visage contracté. Comme s'il regrettait ce qu'il avait fait! J'eus un ricanement déchirant qui le fit me regarder, encore une fois. Ses yeux transperçant laissèrent alors s'échapper une larme.

-Pardonnez-moi; murmura-t-il encore, avant de disparaître.

La douleur me transperça entièrement et j'hurlai comme jamais, avant de m'évanouir.

Réveil:

J'ouvris les yeux sur le même Nid des Fondateurs. Sauf que la poussière maculait le sol, et tous les meubles. Des toiles d'araignées pendaient lamentablement au plafond…

-Non; murmurai-je d'une voix brisée.

Il m'avait renvoyée dans le futur… Où Rogue était un salaud. Et où j'avais perdu… Oh… Lily. Lily! Un sanglot me fit trembler pathétiquement. Je n'avais rien fait pour la sauver! Et je m'étais promis que je serais là! Que je prendrais l'Avada à sa place!
J'hurlai de rage avant de me relever et de balancer mon poing contre le mur. Une dalle se fissura dans un craquement sec. La douleur me perforait le cœur. Puis je me jetai sur la première table à ma portée pour la balancer contre le mur, puis je fonçai vers les étagères des bibliothèques et les retournai! Les livres s'effondraient, les planches de bois craquaient, faisant voler leurs copeaux tout autour de moi, grinçant terriblement de tous côtés. Et moi je pleurais.

-Lily… Lily; sanglotai-je finalement en me laissant tomber au sol.

J'aurais tant voulu être là, pour elle. Et la voir heureuse, même si c'était avec cet idiot de Potter. J'aurais voulu… voir son sourire… encore une fois. Mais tout ce qui me restait, tout ce qui pouvait me rester, était la vengeance ! Sa vengeance!
Une folie furieuse vint embraser mes prunelles lorsque je me remis sur pied. Je titubai pitoyablement jusqu'aux portes puis les balançai contre le mur. Ce vieux fou de Dumbledore! J'allais le dépecer vivant et offrir sa dépouille à Voldemort! Peu importe qu'il laisse ses vampires domestiques me dévorer après. J'allais même le demander comme récompense pour service rendu.
J'arrivai jusqu'au bureau de mon prochain repas et n'eus aucun mal à soutirer le mot de passe au portrait le plus proche.

-Pingouin au caramel!

La gargouille s'ébranla aussitôt et je me ruai contre la porte que je déboîtai d'un coup d'épaules. Le directeur sursauta distinctement avant de lâcher:

-Lumare?

-Elle-même! Crachai-je.

Il sortit aussitôt sa baguette puis ordonna à l'un de ses tableaux:

-Allez le chercher!

-Personne ne pourra vous sauver vieux débris; marmonnai-je dangereusement.

Je sentais déjà des frissons me parcourir et cette délicieuse et inaltérable envie de tuer. Je ricanai en sortant les canines, puis me jetai sur lui. Mais je dus bondir sur le côté pour éviter son premier sortilège. Ah, il voulait jouer un peu avant? Je sortis aussitôt ma baguette et la pointai sur ce meurtrier.

-Vous avez détruit leurs vies! Sifflai-je en balançant un Sectum Sempra.

Un bouclier le protégea mais je me jetais déjà sur lui. Le vieux s'esquiva au dernier moment avant de forger un sortilège de Repousse autour de lui.

-Ca ne vous sauvera pas éternellement vieux fou! Hurlai-je en me jetant contre son bouclier.

Je me défonçai l'épaule contre sa magie, et recommençai et recommençai encore! Perdue dans la souffrance, et le désir brûlant de ma vengeance. J'allais venger Lily! La venger!

-Je n'avais pas le choix; gémit le vieux.

-Vous mentez! Crachai-je, balançant des dizaines de sortilèges qui s'écrasaient sur les défenses qu'il renforçait.

J'allais le tuer! Le tuer! Folle de fureur, le regard plus rouge que jamais, les canines trop longues s'enfonçant déjà dans mes lèvres maculées de sang, je n'étais que folie… et douleur.

-Lily… Lily devait vivre! Elle devait vivre! Répétai-je, hystérique, au milieu de tous les sortilèges qui fusaient vers ses défenses. Je devais la protéger!

Je me jetai de nouveau contre son bouclier… qui se fissurait. Un éclat meurtrier enflamma mes prunelles et j'eus un sourire carnassier, les deux poings tout contre ses défenses branlantes.

-Je vais vous tuer Dumbledore; me délectai-je. Mais avant je vais vous torturer, tout autant que Lily a dû souffrir… En sachant Potter mort en essayant de la sauver, en entendant Voldemort approcher, en voyant son bébé dans ses bras qui pleurait… Elle était seule, tellement seule à Godric's Hollow, face à ce monstre. E-et vous n'avez rien fait!

Et le bouclier se brisa soudain en mille éclats! Un frisson victorieux me parcourut entièrement tandis que le vieux reculait d'un pas, ses yeux azur écarquillés. Oh non, ils n'avaient plus rien de malicieux. Un ricanement sec m'échappa, puis je me jetai sur lui. J'évitai un nouveau sortilège, puis l'agrippai à la gorge et le cognai contre un mur. Le vieillard se trouvait pantelant face à moi, ses pieds ne touchaient même plus le sol et moi je me délectais. Je savourais si bien ma vengeance que je n'entendis pas le griffon de pierre gronder dans le couloir. Non, tout ce que je sentais était ma victoire, si proche.

-Vous avez perdu vieux fou.

-Lily… essaya-t-il de crachoter.

-Ne prononcez plus jamais son nom!

Je fermai les yeux sous la souffrance. Et derrière ceux-ci apparurent son visage, ses yeux verts étincelants, ses longs cheveux roux flottant autour d'elle…

-Vous l'avez sacrifiée; gémis-je.

Et la porte du bureau s'ouvrit alors que j'hurlai:

-Vous avez sacrifié ma Lily!

Je resserrai violemment mes doigts autour de sa gorge, l'observant agoniser avec une délectation infinie. Mais soudain:

-Sectum Sempra!

Derrière moi… Il venait de derrière moi, et me percuta de plein fouet. Des milliers de lames invisibles me déchiquetèrent le corps et dans un gargouillis sanguinolent je dus relâcher le vieux qui s'écroula au sol. Il était agenouillé pitoyablement devant moi, cherchant de l'air en accrochant ses doigts à sa vieille gorge flétrie. Je pouvais le finir!

-Eloignez-vous d'Albus! Siffla-t-on alors.

Qui avait osé? Qui avait osé m'interrompre?! Je me retournai lentement et fis face au deuxième sorcier. Mes yeux rougeoyaient comme jamais, mes vêtements s'imbibaient de vermeil, mes canines perforaient mes lèvres et de longs filets de sang s'échappaient de mon nez, de mes oreilles et de ma bouche alors que je fixais sans vraiment le voir mon agresseur. J'allais le tuer. Le torturer. Peut-être même plus que le vieux.

-Vous êtes mort; feulai-je avant de me jeter sur lui.

Mes crocs étaient déjà sortis, si près du cou de cet ignoble mortel; mais avant d'avoir pu ne serait-ce qu'arriver jusqu'à lui, mon cœur se déchira. Je fus aussitôt pétrifiée, la main contractée sur ma poitrine et ne compris rien de ce qui m'arrivait alors que mon corps s'écroulait dans le bureau directorial. Que… Mon regard se voila, quelques râles de douleur furieux, puis je perdis connaissance.

Un Sectum Sempra n'aurait jamais dû m'affaiblir aussi vite! Ce n'était pas possible! Pas possible que ma vengeance se soit écroulée autour de moi à cause d'un seul sortilège! Non! Non! Qu'importe le voyage dans le temps et le dérèglement de mon métabolisme, j'aurais dû tenir encore! J'aurais dû tenir… Venger Lily… Une grimace de douleur tordit mes traits.

J'avais entendue bien des fois l'histoire du légendaire Harry Potter, la façon dont ses parents avaient lutté. Du côté Mangemort on insistait bien sûr sur la façon dans sa Sang-de-Bourbe de mère avait supplié pour qu'il soit épargné, puis refusé de s'écarter. Ma Lily… j'aurais dû être là! Prendre les Avada à sa place.
J'aurais dû.
Tout se brisait en moi.
Toute ma colère et ma rage s'évaporaient. Elles quittaient tout ce qui me restait de vie. Je n'étais plus rien. Et cette vengeance, cette vengeance à laquelle je m'étais raccrochée, elle ne la ramènerait pas. Non… plus jamais.
Je me roulai peut-être en boule, pleurant ma douleur.
Puis j'ouvris des yeux vides. Sa mort s'était rejouée des milliers de fois dans mon esprit. Seule mon ombre y avait été présente. Et une ombre n'arrête pas Voldemort! … Je n'étais plus rien. Plus rien. J'avais tout perdu.

-Miss Lumare?

Tellement mal, mon cœur ne battait plus, le trou sans fond s'agrandissait dans ma poitrine. Je voulais mourir. Des larmes s'échappaient toute seule de mes yeux bleus, je n'avais plus de contrôle, n'y prêtait même plus d'intérêt. Je voulais seulement…

-Tuez-moi; suppliai-je. Tuez-moi.

Je n'en pouvais plus. S'il vous plaît, que toute cette douleur finisse. Je l'avais tellement aimée. Mon amie, la première. La seule! Pourquoi est-ce que je n'avais pas été capable de la protéger?! Pourquoi? Elle avait été… Elle…

-Tuez-moi! Hurlai-je, pleurant sans retenue.

Il y avait deux ombres au loin, derrière la barrière de larmes. Dumbledore, sûrement… Et Rogue, ce traître. Ils avaient laissé Lily se faire tuer! Se faire… Je voulus quitter le lit mais m'écroulai par terre, secouée de sanglots. Je n'avais rien pu faire. Elle qui m'avait permis de vivre, enfin. Lily… Qui était morte! Par ma faute.

Je ne sais combien de temps je restai prostrée au sol, pleurant et hurlant pathétiquement qu'on m'achève. Puis je relevai la tête. Dumbledore était assis sur une chaise face à mon lit, le visage caché par de vieilles mains tremblantes… et il pleurait. Il pleurait une mort qu'il avait lui-même engendrée! Des larmes étincelantes gouttaient de son nez aquilin, de ses mains, s'écrasaient sur sa robe de sorcier bleu nuit.
Je n'avais plus la force de remonter sur le lit. Alors je me traînai jusqu'au mur et y posai la tête. Des gouttes d'eau coulaient encore...
Et mon regard océan se releva presque par inadvertance vers la dernière personne présente. Rogue, bien sûr. Il se tenait droit, drapé comme d'habitude d'une lourde cape noire, ses mâchoires et ses poings crispés, son menton relevé. Il ne me regardait pas, fixait juste un point loin, très loin d'ici. Se rappelait-il de Lily? De la façon dont ils l'avaient tous laissés mourir?!

Je ne dis rien, fermai juste les yeux, adossée au mur. Les forces, et l'envie même de bouger, m'avaient quittée…

Dumbledore essaya peut-être de me parler des heures plus tard, je ne lui prêtai aucune attention. Il partit avec Rogue et je restai seule à l'Infirmerie. Le silence… Je ne bougeai pas. Le soleil quitta le zénith pour mourir à l'horizon. Pomfresh dut m'apporter un repas que je ne touchai pas. Le lendemain Dumbledore revint, on m'apporta des vivres. Je ne parlai pas à l'un, ne touchai pas aux autres. Et les jours s'écoulèrent, sans que je ne pense à bouger. Je m'affaiblissais, sans doute. Mon esprit surtout, c'était tout ce que je désirais. Des visions naissaient devant moi, une chevelure rousse et de magnifiques yeux vert émeraude se précisaient. Peut-être finalement était-ce là-bas, là-bas que j'irais en mourant. Si seulement… retrouver Lily…

-Oui, posez-le là. Attention!

Le sang… Un vacarme assourdissant de bavardages, des cris, une mêlée d'élèves couverts de sueur, me parvenait. Trop de bruits, d'odeurs. Ils m'avaient arrachée au paradis. Grognant, je remis ma tête en place contre le mur que je n'avais pas quitté. Les rideaux étaient tirés tout autour de mon espace, plus aucune intrusion à part Dumbledore et Pomfresh. Lily était plutôt considérée comme une hôte. Une hôte appréciée.

-N'empêche, on a gagné Harry!

Les matchs de Quidditch en plein hiver étaient d'une idiotie incommensurable. Dangereux…

-Des côtes cassées, monsieur Potter!

Merlin, des côtes cassées!

-Vous en aurez probablement pour la nuit.

Pour la nuit… Nuit sombre et accueillante, rêves éveillées, népenthès adoré qui coule en moi, le long de la trachée, près des poumons puis l'estomac, dans la tête et le cœur… Le cœur…

-Khor… Khorine.

-Ne pleure plus, tout va bien.

Des larmes?

-James et Sirius s'amusent comme des enfants. Derrière le saule, tu vois?

Ricanements, ces deux idiots…

-Mais toi, tu ne vas pas bien. Ne me mens pas! Les vivants ne peuvent pas accéder aussi facilement à notre monde. Je suis inquiète… Fais attention Khorine.

-Ils t'ont laissée mourir; gémis-je.

Une brise de pardon se leva, ébouriffant mes longs cheveux bruns. Mes jambes tremblaient et je finis par m'écrouler dans l'herbe.

-Le passé est derrière nous, mais le présent est votre cadeau. Tu dois continuer Khorine. Il y a encore tant de gens qui dépendent de toi.

-J-je ne peux pas.

Le saule pleureur balançait doucement ses branches autour de nous. Il y avait du soleil aussi, des rayons d'or emprisonnés dans ses cheveux roux, dans ses yeux d'un vert étincelant.

-Harry t'attend. Severus aussi.

-… Rogue se servait de moi; murmurai-je les yeux baissés. Et Harry… comment pourrais-je lui faire face, après tout ce que…

Je me tus, la tête plongée dans des mains tremblantes. Son propre fils, Harry, comment pouvais-je oser vouloir l'approcher?

-Tu n'as rien à te reprocher Khorine, rien du tout. Tu as été la plus précieuse de mes amies. Et c'est en tant que telle que je te demande un dernier sacrifice. Vis, Khorine. Vis, pour moi, pour tous ceux qui restent, pour toi qui peux encore trouver le bonheur…

-Lily? Appelai-je.

Mais elle s'effaçait déjà, ses yeux verts disparaissaient. Il ne restait plus que l'arbre, ses feuilles qui se balançaient et puis la lumière aveuglante, trop aveuglante.

Je gémis, puis ouvris les yeux de nouveau. Des tâches sombres, le silence profond et endormi. Il était tard, j'entendais la respiration apaisée d'Harry Potter dans un lit proche du mien.

Les minutes s'écoulèrent lentement, des pensées disparates naissaient puis s'évaporaient de mon esprit fatigué. Il fallait peut-être… Lily demandait… Comment pouvais-je pardonner… J'étais perdue, seule. Il n'y avait plus rien à quoi se raccrocher. Et pourtant, je me traînai hors des rideaux. Une demi-lune m'éclairait alors que je peinais au sol, mes yeux hallucinés tournés vers le lit de Potter. J'avais besoin de le voir, vivant. Son cœur battait à un rythme régulier, apaisant. Ses traits étaient doux, les mêmes cheveux que son père et… Je voulais…
Il se réveilla, ses paupières dévoilant enfin deux émeraudes étincelantes. Je souris doucement, lui s'écarta dans un sursaut aussi effrayé que méfiant. Tant de défiance dans les yeux de Lily…

-Qu'est-ce que tu fous ici, Lumare? Grogna-t-il.

-Langage, Potter; claquai-je d'une voix rauque. Même ton père était un brin poli.

Le garçon se hérissa, moi, je trouvai la force de lui parler de nouveau. Il ne voulut pas m'écouter au début, mais ça ne m'empêcha pas de lui raconter… là-bas, les Maraudeurs et sa maman. Petit à petit ses yeux s'écarquillèrent, puis il s'avança, essaya de réfuter mon récit, nia tout en bloc, pourtant je sentais l'espérance dans sa voix, dans l'étincelle de son regard. Je soupirai, épuisée par tous les efforts que j'avais fournis. Il posa des questions, non sur ses parents mais sur ce qui m'était arrivé. J'y répondis un peu, avec douceur…

-Est-ce que tu es fatiguée? Demanda finalement le garçon.

J'hésitai longtemps, puis murmurai:

-Oui…

Je tremblais, à quatre pattes sur un sol qui m'apparaissait soudain gelé. Rien ne me permettrait de me relever, bien trop faible. Et Potter sembla le voir. Ses yeux verts étincelèrent quand il leva vers moi sa main bandée, main que je fixai avec angoisse. Qu'est-ce que…

-Merci.

Puis les doigts se glissèrent dans mes cheveux, caressèrent le haut de ma tête. Je restai figée de surprise, sans même percevoir le mouvement indigné dans l'ombre. Il n'y avait que les yeux de Lily et cette main m'offrant pardon et réconfort. Merci, merci Harry…

Il fallait juste enfermer sa douleur, l'enfermer. Refaire face, se tenir debout, menaçante et grandiose. Je devais survivre jusqu'à l'acte final.

Harry sortit le lendemain, moi plusieurs jours plus tard, et passai aussitôt un marché avec le vieux débris.
J'allais les aider à rouvrir le Nid et à vaincre Voldemort, en échange de quoi, il m'offrirait un duel à mort contre sa propre personne.
Il accepta, je ricanai en pensant à la tombe que j'allais lui creuser. Mon futur m'apparaissait grandiose. Protéger le rejeton des Potter, risquer mon éternité dans le dernier combat, puis détruire –si je survivais- Dumbledore, avant de le rejoindre dans la tombe. Parfait, n'est-il pas?
J'avais déjà approché le trio de Gryffondor, Weasley, Granger et Potter. Weasley avait dû être maintenu fermement par le fils de Lily pour éviter qu'il ne se jette sur moi et Granger avait été d'une rare verve dans ses menaces. En fin de compte, j'avais pu en placer une. Le Nid des fondateurs, le coffre aux tributs, les clefs cachées dans Poudlard… Potter me croyait déjà, Weasley lâchait des insultes colorées et Granger avaient grogné qu'elle vérifierait chaque mot avant qu'ils n'acceptent quoi que ce soit.

-Que tu sois envoyée ou non par Dumbledore! Finit-elle enfin, dans un dernier effort de discrétion.

Certains Serpentard me dévisagèrent avec stupeur, j'haussai juste les épaules avant de m'éloigner. Oh Merlin, ces Gryffondors!

oOo

Les jours passaient. Le Trio d'or n'était pas encore revenu jouer dans mes pattes, je me sentais fatiguée, avais besoin de quelqu'un, de… Je sentais au fond de moi grandir cette envie. Mais les yeux de Potter ne me satisfaisaient pas. Ils ressemblaient trop à ceux de Lily, faisaient remonter tant de douleur.