Chapitre 1

J'avais toujours voulu tout savoir, tout comprendre, tout connaître. Et la magie était tout simplement trop fascinante, elle m'attirait comme un aimant, hypnotisait mes sens. Je passais la plupart de mes journées entourées de grimoires, quand je n'étais pas en cours, ou avec mes amis, ou à jouer au Quidditch, ou en train de dormir.

Sans que je me l'explique, il y avait deux matières qui me passionnaient au-delà de tout le reste. Entremêlées, si différentes car l'une était vie et l'autre mort... Botanique, et Potions. Harry et Ron m'en avaient voulue d'être à ce point subjuguée par la matière du bâtard graisseux. Mais je n'y pouvais rien, les interactions entre ingrédients, le fait que même une fois leurs cellules mortes ils conservent une empreinte magique qui permettaient l'élaboration de filtres aux propriétés hallucinantes... Et la Botanique! Ces plantes perennes, annuelles, bisannuelles, la corolles, le pétale, pistil, étamine, pétiole, tige glabre ou recouverte d'épines, leurs propriétés, leur magie, les substances qu'elles contenaient...

-Tu vas éteindre cette fichue lumière! Grommela Lavande en relevant un visage bouffi de fatigue à deux lits du mien.

Il n'était qu'une heure du matin! Mais il était inutile d'argumenter comme elle avait déjà replongé la tête dans son oreiller. Je me contentai d'éteindre, de fermer les rideaux autour de mon lit, et de créer un Lumos avant de me replonger dans mon grimoire. Il expliquait les mécanismes élémentaires de l'adaptation de l'organisme aux variations d'apports alimentaires de sodium. Et j'étais certaine que ça avait un rapport avec la perte de poids associée à l'ingestion de la Pimentine. Pimentine sur laquelle nous devions rendre un devoir la semaine prochaine. J'aurais tout juste le temps d'élaborer ma nouvelle théorie.

"Dans l'organisme plus de 90% du sodium échangeable est situé dans le compartiment extracellulaire avec une concentration normale de 140 mmol/L. Le sodium est d'ailleurs le principal cation extracellulaire. Le compartiment intracellulaire, quant à lui, possède un contenu qui est constant avec une concentration moyenne de 20 mmol/L."

"Sodium échangeable donc à 40 mmol/kg et non échangeable car contenu dans le cristal osseux 20 mmol/kg."

"A savoir, la natrémie est finement régulée par variation du contenu en eau, donc pas de manière directe. Comme une variation du contenu en sodium fait varier la volémie, la régulation de la volémie implique nécéssairement une régulation du contenu en sodium, donc un équilibre entre entrées et sorties de sodium. D'autre part, cette régulation de bilan sodé est lente."

Au troisième chapitre, donc juste après les entrées de sodium dans l'organisme (par intestin en quasi-totalité) et avant le chapitre quatre sur la régulation des sorties de sodium, on en venait à la partie qui m'intéressait particulièrement.

"Au niveau cutané, la sudation est de 0,1L/jour et permet d'éliminer environ 1 mmol de sodium, sauf en cas de thermorégulation par augmentation du débit sudoral, où les pertes peuvent atteindre 10L/jour et 600 mmol de sodium."

Or c'était bien de la vapeur d'eau qui sortait des oreilles de chaque malade! D'où perte d'eau et de sodium importante! Et d'après le livre que j'avais dévoré deux jours plus tôt, la diminution des apports de sodium entraînait une diminution du volume extracellulaire, une augmentation de la concentration en rénine, angiotensine II, aldostérone, tout cela provoquant la perte de poids!

Cela paraissait cohérent et j'avais de quoi argumenter, il faudrait juste... comme nous n'étions qu'en début Novembre et qu'il n'y avait pas encore de cas de grippe... peut-être faire les tests et les mesures sur moi.

Je grognai un peu, Pomfresh allait encore râler si elle l'apprenait, et puis bâillai... fatiguée...

Mes yeux se fermaient tout seuls, je me sentais engourdie, l'esprit entouré d'un brouillard cotonneux et apaisant. Je m'emmitouflai dans mes couvertures, éteignis la lumière, refermai mes bras autour du grimoire et l'instant d'après, sombrais dans le sommeil.

J'étais dans mon lit, les sens embrumés, incapable de contrôler le moindre muscle, ni d'ouvrir les yeux... Et je me sentis, doucement, m'enfoncer dans le matelas, une chaleur nouvelle me protéger. ... Une caresse... Des doigts qui effleuraient mes longs cheveux noirs, ma peau. Ils étaient froids et tremblaient un peu. Le geste se répétait, apaisant... Et puis la main contre ma joue, hésitante, glacée. Je rêvais, penchai la tête sans hésiter pour rassurer et pour intensifier le contact. C'était très doux, je soupirai un peu.

Le temps sembla suspendu.

Un murmure étouffé, et le toucher plus fébrile. La main parcourue de soubresauts se déplaça le long de ma joue, traçant son chemin gelé, remontant vers ma pommette, ma tempe, pour redescendre le long de ma mâchoire, le dos des doigts occupé à cajoler, plus bas pour rejoindre ma gorge. Un halètement m'échappa.

Des frissons se propageaient le long de ma peau, les doigts s'aventuraient toujours plus loin, flattant à présent le sternum et les clavicules. Ils s'arrêtèrent un peu au contact du premier bouton de pyjama...

Puis le détachèrent.

Un souffle caressait mes lèvres, le poids contre mon corps était plus important, trop... Je... Je rêvais, n'est-ce pas? Tressaillant, un peu paniquée, je fis un gigantesque effort et revins à la réalité, ouvris les paupières. Le froid et les caresses disparurent aussitôt. Et mes yeux embrumés ne distinguèrent rien que des formes floues, celles de mes rideaux refermés, ma couette... C'était tout.

Je retombai contre mon matelas, puis dans les bras de Morphée, oubliant tout ce qui avait pu m'arriver après mes 600 mmol de sodium...