Chapitre 9
Cela faisait quelques semaines depuis mes cauchemars, notre dispute, la forêt noire. C'était délicieux, en passant, je le savais comme j'avais insisté pour que nous prenions le thé chez Mme Pieddodu un week end Harry, Ron, Ginny, Hermione et moi, et qu'elle, bizarre coïncidence, vendait des parts de forêt noire au kirsch aussi gigantesques qu'excellentes... Nous avions tous adoré, Ron avait raclé l'assiette de sa cuiller malgré les remontrances de sa petite amie...
Je m'étais aussi arrangée pour en apporter une autre part à Rogue après le couvre-feu. Cela m'avait valu un de ces étranges regards qui me semblaient réservés.
Je voulais tellement en savoir sur lui, si bien que je ne laissais passer aucun jour sans lui poser une nouvelle question. J'avais appris qu'il ne dormait pas plus de six heures par nuit, que les potions à base de tentacules de Murlap étaient ses favorites -pour leur potentiel, leur modulabilité autant que pour leurs extraordinaires propriétés antalgiques...-, que s'il avait un animal de compagnie et ce pour répondre à ma question de petite fouineuse, ce serait un énorme dragon qu'il laisserait batifoler dans le jardin. Il avait dit que ces gigantesques reptiles à sang froid qui crachaient le feu étaient des oxymores vivants, je lui avais souri doucement. J'avais aussi appris qu'il n'avait jamais quitté le Royaume-Uni et qu'il n'avait d'ailleurs aucune envie de le faire, qu'il n'avait jamais assisté à la coupe du monde de Quidditch -perte de temps, qu'il avait dit!-, qu'il avait vécu au fond d'une impasse dans une ville ouvrière lorsqu'il était petit, que ses parents étaient aussi morts que les miens, qu'il appréciait les couleurs bleu, vert et argent...
Je faillis trébucher contre une pierre du couloir, avant de manquer de laisser tomber ma baguette. Je la rattrapai in extremis, attendis pour être sûre qu'il n'y avait pas de bruit dans le salon, puis marmonnai mon Alohomora et laissai le loquet se déverouiller, la bibliothèque se déplacer vers la gauche. Oh Merlin, j'avais mal aux bras!
Je me dépêchai de courir vers la petite table du salon, pour y lâcher enfin tous mes grimoires, manquant de faire tomber mon sac en bandoulière. Cela m'avait sûrement valu un haussement de sourcil et un regard désapprobateur de Rogue.
Je m'écroulai par terre en soupirant.
-Merlin...
-Bonsoir à vous aussi Lumare; lança-t-il depuis son bureau et son livre.
Un vague sourire m'échappa, et puis difficilement, je consentis à me relever. Ce n'était pas que porter dix énormes grimoires un samedi soir pour monter jusqu'au deuxième étage puis tout redescendre en passant par un passage secret visqueux était difficile... mais je n'arrvais plus à bouger ni mes bras, ni mes doigts, et j'avais vraiment mal aux jambes.
-Bonsoir, professeur; murmurai-je en rejetant difficilement du poignet quelques mèches noires tombées devant mes yeux.
Je pus enfin découvrir le haussement de sourcil qu m'était adressé et savoir où je marchais tout en avançant vers lui.
-L'intérêt de ces ouvrages, je vous prie? Se moqua Rogue.
-Pour un devoir; marmonnai-je en haussant les épaules.
Je posai mes mains contre son bureau, principalement pour reprendre mon souffle, même si mes poignets me faisaient mal. Mon professeur plissa les yeux vers mes grimoires, suspicieux.
-Et en quelle matière avez-vous besoin de percer les mystères des analogues structuraux et de la bioisostérie?
-Potion, bien sûr! Dus-je répondre même si je n'avais pas prévu qu'il me pose toutes ces questions et le sache avant d'avoir lu mon devoir.
Son haussement de sourcil s'intensifia et ses yeux sombres percutèrent les miens. Cela m'aurait fait perdre le souffle si je n'avais pas déjà du mal à respirer.
-A ce que je sache, vous n'avez reçu qu'un devoir de quatre parchemins sur les propriétés curatives et anti-douleur de l'essence de Murlap.
Un sourire espiègle lui répondit.
-Mais il se trouve que mon professeur préféré apprécie particulièrement cette potion et que la Murlap ainsi que ses dérivés font partie des anti-inflammatoires non stéroïdiens de la classe des acides arylacétiques. Si vous saviez le nombre de pharmacomodulations possibles avec les ingrédients des potions curatives! M'enthousiasmai-je.
A cela, Rogue resta silencieux, me fixant juste. J'aurais pu douter de moi et penser l'avoir offensé d'une quelconque façon mais... cette lueur... dans ces orbes onyx. C'était très doux, une lumière diffuse qui semblait les éclairer de l'intérieur.
-Hum; murmurai-je au bout d'un instant. V-vous lisiez un grimoire?
Il cligna des yeux, et l'instant suivant la lueur avait disparu. Il n'y avait plus qu'un regard onyx particulièrement perçant.
-Savoirs de vampires de T. S. Sanguini Jr; répondit-il.
Je souris un peu.
-Moi aussi je l'ai lu! Il est fascinant, surtout le chapitre sur les croyances moldues et les essais de leurs scientifiques pour expliquer le vampirisme. Est-ce que vous avez lu le passage sur le...
-Non; me coupa-t-il en haussant un sourcil, et je vous prierai de ne pas me parler de cet ouvrage avant que je ne l'aie fini.
Merlin, c'était incroyable qu'il lise les mêmes livres que moi!
J'hochai la tête puis me détournai et revins à la table. Je posai mon sac, en retirai pot d'encre, plumes et parchemins, avant de rouvrir le livre de biochimie sorcière sur les pharmacomodulations et les propriétés des AINS. Rogue ne tarda pas à me rejoindre, s'installer dans son fauteuil près du feu. J'étais à genou devant la petite table, à travailler... L'atmosphère était particulièrement agréable, apaisante, le bruissement des pages que nous tournions, le crissement de ma pointe de plume sur le papier, le crépitement des flammes... Apaisant...
Je travaillai plusieurs heures, vins à bout de tous les passages importants de huit grimoires, et me penchai sur le neuvième. Il devait être une heure du matin. Mais je pouvais... encore... Le livre s'appelait Sources des principes actifs de demain. Il était fa-sci-nant... Je l'ouvris et puis posai mon front brûlant contre les pages froides, juste un peu, quelques... minutes...
Je ne me rendis pas compte de ce qui m'arrivait. J'étais tellement bien. J'en fermai les yeux, les bras venant se replier sous ma joue, la tête cachée dans le creux de mon bras.
Je respirais profondément... Je ne pouvais plus penser à rien... Apaisée... Et je m'endormis.
...
-Khorine; appela-t-on.
Hmm... enfouis ma tête... contre mon bras... Sa main était sur mon épaule...
-Khorine, vous devez retourner dans votre dortoir; murmura Rogue. Il est plus de deux heures du matin.
Rogue. Sa voix soyeuse qui me parvenait. J'en désirais encore moins bouger.
-Pas... envie; grommelai-je.
Je l'entendis vaguement soupirer, puis me demander si je voulais dormir ici. Dormir ici? Je chuchotai que oui, je voulais. Et puis l'instant d'après, je me retrouvais soulevée de terre par deux bras puissants. Je me recroquevillai, un peu, sans ouvrir les paupières... j'étais toujours fatiguée, et je savais que c'était Rogue. Son coeur battait contre ma joue, mes mains agrippées à sa robe de sorcier, son odeur. Je me blottis contre lui. Je ne voulais pas être trop lourde, mais Rogue n'eut pas de mal à m'emmener jusqu'à... sa chambre. J'entrouvris les yeux. La lune scintillait à une fenêtre magique, éclairait la pièce, j'aperçus vaguement le grand baldaquin, l'armoire, la bibliothèque, un autre bureau. Et des livres, des parchemins, bien ordonnés, partout. La pièce sentait le bois, je crois, le cuir de vieux livres.
Rogue me déposa doucement dans le lit. Je dus le lâcher pour qu'il s'éloigne, enlève sa robe, son gilet, ses chaussures... Je suivis tout ça de très loin. Il était en chemise blanche, pantalon noir. Les rideaux des fenêtres furent tirés d'un informulé. Puis il se glissa dans le lit à côté de moi. Je le rejoignis aussitôt, m'attirant une inspiration surprise. Severus...
J'entourai son torse de mes bras, agrippant sa chemise pour me blottir dans le creux de son cou.
Son coeur battait fort, il restait figé.
Ce fut long, avant qu'il ne consente à se détendre, à laisser une de ses mains se perdre dans mes cheveux, l'autre s'accrocher à ma taille. Je l'entendis soupirer, le sentis me rapprocher encore plus de lui. J'étais... bien...
-Bonne... nuit...; marmonnai-je, tout bas.
Il me répondit, et ce fut comme une permission à m'abandonner de nouveau. Je sombrai dans le sommeil.
o oo0oo o
Sa poigne était t... trop... forte. Je fus réveillée par une plainte, gémie, par ses doigts enfoncés dans mon épaule, agrippés à mes cheveux. J'ouvris les yeux en sursaut, pour percuter les siens, paniqués.
-Sev...
Il reprit ses baisers, avec plus d'urgence, mon front, mes tempes, mes pommettes.
-Qu'est-ce que...; tentai-je avant qu'il ne s'empare de mes lèvres.
Je tressaillis et ne savais pas s'il fallait que je m'écarte ou réponde. Je voulus parler, demander, mais ses lèvres toujours, avec ses dents, emprisonnaient chaque parole. Il mordait. Il embrassait à perdre nos souffles et m'écrasai contre sa poitrine. J'avais les poumons en feu; et j'expirai brusquement la dernière bouffée d'air qui me restait. Il venait de plaquer son entrejambe contre le mien. Son sexe était gorgé de sang.
I-il me retenait trop fort. Est-ce que je... Severus... Mes doigts se refermèrent autour de sa chemise, sa nuque, je répondis à ses baisers. Il devint plus violent, tirant sur mon pull d'uniforme sans aucune logique, suppliant sans que je comprenne aucun de ses mots. M'embrassant. Ses lèvres revenaient vers les miennes, gonflées et brûlantes, encore, encore, encore...
-Non! Siffla-t-il tout à coup.
Il me repoussa brutalement, et mon dos cogna contre un baldaquin. Je me recroquevillai sous la douleur.
-Je ne voulais pas...
Rogue tendit une main vers moi, la rétracta. Son regard était torturé par des ombres, si noir, tout son visage crispé par la douleur, je ne pouvais le perdre des miens voilés de douleur.
-Vous ne deviez pas le voir, Lumare... Sortez! Sortez!
Il tremblait. Je revins aussitôt à lui malgré mon dos. Il essaya de me repousser, paniqué.
-Sortez maintenant! Je vous en supplie, sortez! Gémit-il d'une voix rauque et hachée, détournant le regard.
Ses cheveux graisseux retombaient sur l'oreiller, son front pâle, sa peau et ses traits tirés. Je les repoussai du bout des doigts aussi doucement qu'il me le permettait, avant de retenir son visage des deux mains. J'amenai les yeux de Rogue à rencontrer les miens.
-Nous pouvons le faire; murmurai-je essayant de le rassurer, effrayée par son état. Si vous...
-Non; hoqueta-t-il essayant de me repousser sans y parvenir. Pas comme ça! Pas... Partez!
Il finit en sifflant, le regard infiniment dangereux. Je m'agrippai plus fort à lui, refusant. Je ne l'abandonnerai pas! Je ne fis rien pour que nos corps se rejoignent, mais amenai nos fronts l'un contre l'autre. Il frissona, essaya de... Rogue finit par agripper mes bras en tremblant, fermant les yeux avec moi. Et je... murmurai... comme il le faisait pour moi, lorsqu'il me calmait...
-Severus... Vous êtes à Poudlard, en sécurité, je ne vous quitte pas.
J'avais du mal à trouver les bons mots de réconfort. Rogue était un sorcier tellement puissant, et c'était un membre de l'Ordre, un espion, ex-Mangemort. Malgré tout, je semblais le calmer, il se détendit petit à petit contre moi. Ses doigts desserrèrent leur poigne, son souffle devint plus régulier.
-Je suis désolée, je n'aurais pas du accepter de rester dormir. Je suis désolée... Ça ne se reproduira plus. Professeur...
Rogue m'empêcha d'en dire plus, ses doigts contre mes lèvres...mais les retira vite.
Je continuai à me taire.
Nous restâmes un long moment allongés côte à côte, nos fronts réunis.
Long moment... Mais une question tournoyait sans cesse dans mon esprit. J'avais besoin de la poser.
-Ce sera votre première fois, professeur? Murmurai-je très très bas.
-... Non; souffla-t-il d'une voix rauque un peu éraillée.
Votre première fois consentie? Je voulus le lui demander, mais j'avais peur de connaître la réponse. Je... savais ce que les Mangemorts faisaient lors des raids organisés par Voldemort. Je savais...
Ma demande informulée flotta entre nous, et nous en étions tous les deux conscients.
-Je suis désolée...
-Taisez-vous; siffla Rogue en me serrant soudain fort contre lui.
C'était ma faute. Si je n'avais pas été aussi aveuglée nous aurions pu être ensemble bien plus tôt, il n'aurait pas eu à supporter la solitude et la douleur aussi longtemps! Si j'avais ouvert les yeux plus tôt! Rogue, s'il n'avait l'habitude que des raids il... Oh Merlin! Il fallait lui montrer qu'il n'existait pas que la violence, la domination et la rage. Il fallait... Je n'avais aucune expérience! Mais nous devions le faire! Je devais lui montrer la douceur e-et l'amour.
C'était le seul moyen de faire fuir ses démons.
Fermant les yeux, étreinte par ces bras familiers, je m'appliquai à réfléchir au meilleur moyen de procéder, pour notre première fois.
o oo0oo o
Je le quittai longtemps plus tard, manquai le petit-déjeuner mais pas toutes les questions que purent me poser mes amis... Une nouvelle semaine passa, lentement... Rogue s'était fait plus froid depuis l'incident du Dimanche matin. Ginny et Ron avaient envoyé une lettre à leurs parents pour savoir si nous pouvions tous revenir au Terrier pour les vacances de Pâques. Nous avions joué notre troisième match de Quidditch de l'année, et gagné 190 à 30 contre Poufsouffle. Neville avait fait une extraordinaire découverte tandis que je tentais l'expérience numéro quatre-vingt six dans un des laboratoires réservés aux élèves. Nous étions retournés en exploration autour du Lac Noir!
Vers le milieu de la semaine, nous avions pu assister à une fascinante dispute entre Hermione et Ronald, à propos des petits lapins que Charlie donnait à manger à ses dragons. Hermione avait fini par hurler des incohérences, et à balancer "L'histoire de Poudlard" de mille cent quatre-vingt pages à la tête de son petit ami. Il n'avait dû sa survie qu'à d'excellents réflexes de joueur de Quidditch. Et puis le grimoire s'était écrasé contre un mur, Hermione s'était précipité vers Ron, et ils s'étaient embrassés à pleine bouche, au beau milieu de notre salle commune... Harry et Ginny s'étaient un peu éloignés de leur côté, mon meilleur ami semblait fatigué, mélancolique. Je ne supportais pas de croiser ces orbes vert lagon si tristes.
-Et que dirais-tu d'une virée secrète à Pré-au-lard ce soir? On prend la cape d'Invisibilité, le passage de la sorcière borgne et on est à Honey Duke en quelques minutes; chuchotai-je à Harry vers la fin de notre cours de potion.
Après tout, nous avions tous les deux terminés nos filtres et il ne restait plus que quelques minutes avant que la cloche ne sonne.
-Que je ne vous y prenne pas; gronda Hermione à ma droite dans un souffle. Le réglement n'autorise certainement pas ce genre de sortie.
Elle fronçait les sourcils en ajoutant le dernier ingrédient -queue de souris coupé en quatre-.
-Oh allez Mione! Et tu viendrais aussi bien sûr, avec Ron.
Harry ricana au regard noir qu'elle me lança. Puis nous nous tûmes, Rogue passait près de notre table. Nous attendîmes un peu, puis Hermione reprit:
-Vous devriez plutôt commencer vos révisions pour les ASPICS, au lieu de penser à vous amuser à Pré-au-lard.
-Mione! S'en mêla Ronald. C'est dans trois mois.
Evidemment il n'avait pas râlé avec toute la discrétion requise dans une salle de potions. Notre cher professeur fixa son regard acéré sur notre table, le pauvre Serdaigle qui se trouvait encore à côté de nous se rapetissa devant son chaudron, Hermione dut pincer les lèvres pour ne pas réprimander son petit ami, Harry et moi échangeâmes un petit sourire. Ses yeux scintillaient un peu plus à la lueur des cachots, ses cheveux en pétard, sa cravate au noeud étrangement fait, ses lunettes un peu de travers. Je ne m'occupai que des lunettes, m'appuyant sur la table pour tendre le bras, les redresser juste ce qu'il fallait avant de les repousser sur son nez fin.
-Beaucoup mieux; prononça-t-il du bout des lèvres.
Je revins à ma place, une étincelle particulière dans le regard. Et puis la cloche sonna.
Hermione venait juste de couler vingt millilitres de potion dans une fiole et de l'étiqueter à son nom. La couleur était jaune sable et aussi parfaite que la texture liquide. Celle de Ron tendait plus vers le grisâtre et le grumeleux, et il se dépêcha de la mettre en bouteille en grognant avant de l'apporter au bureau de Rogue.
Harry et moi commençâmes à ranger nos affaires, ainsi que les leurs.
-Je peux t'assurer que je vais te faire réviser tes potions, Ronald Bilius Weasley; chuchota Hermione alors qu'ils revenaient à leurs places.
Le Ronald Bilius Weasley en question nous lança un regard désespéré. Sa petite amie nous défia de prendre sa défense.
-Pauvre Ron; lâchai-je. Obligé de travailler pour avoir des bonnes notes!
Ron protesta, tout en fourrant le reste de ses affaires dans son sac, Hermione semblait proche de fermer le sien et nous nous apprêtions tous à partir lorsque...:
-Miss Lumare; siffla une voix familière. Vous restez ici!
Je sursautai, me retournai vers Severus. Son visage était fermé, crispé même, ses bras croisés sur sa robe de sorcier et ses orbes onyx brûlaient de colère. Qu'est-ce que...
-Bonne chance ma vieille; lança Ron en me tapotant l'épaule.
Hermione m'informa qu'ils m'attendraient au saule pleureur près du Lac Noir. J'hochai la tête un peu décontenancée. C'était la première fois de toute ma scolarité que Rogue me retenait à la fin de l'heure. J'avançai vers lui, alors que les derniers élèves se dépêchaient de quitter la salle.
-Professeur?
Il ne cessa de me fixer par-dessus son long nez busqué, ses lèvres pâles serrées en un fine ligne. Au dernier étudiant qui passa le pas de la porte, il sortit sa baguette et la referma violemment, apposa un Silencio.
-Qu'est-ce que vous pensiez être en train de faire avec Potter? Cracha-t-il soudain.
Je fronçai à peine les sourcils, il avait été comme ça toute la semaine.
-Lui parler, parce que nous avions fini notre potion et que nous chuchotions assez bas pour ne déranger personne; répliquai-je.
-Vingt points en moins pour Gryffondor! Explosa-t-il. Vous lui remontiez ses lunettes! Je vous interdis de le toucher à nouveau devant moi, et même lorsque je ne suis pas présent! Est-ce clair Lumare?!
Je reculai d'un pas, soufflée par sa fureur. Mais il n'avait pas fini, et sifflait encore en s'avançant en gagnant du terrain:
-Ni Potter, ni Weasley, aucun d'entre eux! Et encore moins Longdubas, Thomas et Finnegan! Vous entendez?! Vous ne les touchez pas!
-Ce sont mes amis; sifflai-je en retour.
Et j'arrêtai de reculer. Sauf que Rogue me repoussa violemment contre le mur et m'y plaqua des deux mains avant que je ne puisse m'échapper. L'une d'elle remonta, si longue et froide, m'enserrer le cou. Rogue se collait à moi, son corps, son entrejambe et son érection contre ma jupe.
-Je vous l'interdis; cracha-t-il. Vous n'êtes qu'à moi. Vous ne toucherez personne d'autre que moi!
Il devenait fou, son regard brûlait comme l'enfer! Et les doigts qui enserraient mon cou s'en détachèrent avec violence, ils descendirent jusqu'à mon poignet droit et obligèrent ma main à... agripper son érection. Un râle rauque lui échappa, Rogue rejeta la tête en arrière, sa main contre les pierres froides dans mon dos, l'autre s'enfonçant dans mon épaule.
-Kh... orine; haleta-t-il ses cheveux graisseux pendant le long de ses tempes ses yeux à demi-clos et voilés.
Mes doigts ne lâchèrent pas le tissu noir de son pantalon, ni le membre érigé qui pulsait contre eux. Est-ce qu'il était assez jaloux et frustré pour perdre tout contrôle?
-Alors, professeur; sussurai-je à son oreille, que voulez-vous que je fasse à présent?
Je resserrai ma prise sur son sexe, lui arrachant un long gémissement de plaisir. Mon coeur cognait trop vite dans ma poitrine, je me sentais vaciller, mes jambes flageoler, mais m'interdisais de perdre la moindre parcelle de contrôle.
Sa mâchoire et sa gorge étaient offertes, il semblait incapable de répondre, alors j'approchais ma bouche et mordis tendrement l'angle de la mandibule.
-Ah...
Mes dents descendirent plus bas, sur son cou, effleurant puis mordillant la peau au rythme de ses soupirs et ses brusques inspirations. Au niveau de son entrejambe ma poigne se desserrait puis se resserrait à chaque morsure provoquant des tressaillements qui semblaient parcourir tout son être. La bosse de son pantalon grossissait.
-Ah... Arrêtez...
C'était moins qu'un murmure prononcé par sa voix étranglée.
-Vous en êtes certain? Prononçai-je alors qu'il baissait son regard brumeux vers le mien étincelant de désir et de malice.
Une lueur de colère tenta d'éclairer la brume noire de ses yeux magnifiques.
-Inconsciente; lâcha-t-il. Vous...
Je l'empêchai de finir, fondant sur ses lèvres. Un gémissement de... douleur lui échappa. L'instant d'après Rogue me repoussait contre le mur, tournait les talons dans un claquement de cape avant de se ruer vers sa réserve, ses appartements et de refermer la porte de toutes ses forces.
Je... m'effondrai au sol, les mains et les genoux contre les dalles gelées, peinant à respirer. Oh je... Merlin... Severus...
