Chapitre 11

Deux jours plus tard, au matin, Coquecigrue s'échoua dans le bol de céréales de Harry. On eut la vague impression qu'il se serait noyé dans le lait sans l'intervention du Sauveur.

Ronald grommela tirant la lettre que le hibou apportait, encore plus lorsqu'il avisa que la lettre avait été envoyée la semaine dernière. Le petit rapace auburn avait du faire un long détour. Enfin...

C'était une lettre de M. et Mme Weasley, qui nous invitaient à passer les vacances de Pâques au Terrier! Un petit postum des jumeaux nous informaient qu'ils avaient fabriqués des costumes pour l'occasion et que nous serions obligés de les mettre.

J'étais tellement heureuse de retrouver le Terrier!

Ron, Harry, Hermione, Ginny et moi essayâmes de trouver quels déguisements ils avaient pu inventer. Au final, nous eûmes droit au conte du Pâques sorcier retracé par nul autre que Ronald Weasley. Il nous parla du lapin d'un des descendants de Merlin qui changeait tout ce qu'il touchait de sa petite queue touffue en chocolat, qui avait été sauvé du rotissoire le premier dimanche qui suivait la pleine lune du printemps par son maître et qui depuis lors fêtait ce jour en offrant des pierres transformées en chocolat à tous les enfants...

-J'ai l'impression qu'on va tous être déguisés en lapin; grogna Ginny la plus à gauche de moi et de notre groupe.

Neville hoqueta de rire derrière son herbier, Hermione soupira... J'avais hâte d'être en vacances!

Rogue ne réagit pas lorsque je lui annonçai que nous partions pour Pâques. Il ne m'adressa qu'un hochement de tête et un regard neutre avant de se replonger dans son De Materia Medica de Dioscoride. J'en fus soulagée.

Je voulais vraiment retourner auprès de la famille Weasley, des jumeaux, dans ce foyer où je me sentais acceptée. C'était tellement étrange de l'être toujours, à chaque retour à la maison. Parfois je pensais qu'ils pouvaient changer, me rejeter... Mais ils ne l'avaient jamais faits.

J'aurais voulu que Severus puisse venir aussi. J'avais besoin de lui. Pourtant, si nous n'étions pas fâchés, si ce n'était pas parce qu'il me repoussait ou m'ignorait, je pourrais tenir deux semaines loin de lui, non?

Les derniers jours qui précédèrent les vacances passèrent aussi rapidement qu'un bourrasque de vent. Et Vendredi soir, à notre dernier cours de potions, les élèves n'arrêtaient pas de jeter des coups d'oeil à leur montre. Ron pouvait regarder la sienne six fois dans la même minute. Severus paraissait plus sombre et plus agacé, certainement à cause de tous ces cornichons d'élèves qui ne prêtaient pas du tout attention au noble art des potionnistes. Je faisais de mon mieux avec ma bavboulotion -un mélange très liquide qu'il fallait étalé sur la poitrine (au-dessus du coeur) pour rétablir dans certaines pathologies un rythme cardiaque correct- malgré les remarques incessantes de Ron ou de Harry ou de Hermione lorsqu'elle en avait assez des sollicitations des deux autres.

Je soupirai de soulagement après avoir ajouté les dernières pattes de scarabée et baissé le feu sous mon chaudron. Les flammes léchaient doucement son étain, j'avais fini ma potion.

Les dix minutes qui me restèrent, je les passai à aider plus ou moins discrètement Harry, Ron et le Serdaigle de notre table, Williams je crois.

-Avant d'être enfin débarrassé de vos faces de cornichons pour deux semaines, je vais vous rendre les tissus d'inepties que vous osez appeler devoirs.

J'y prêtai vaguement attention, notre professeur ne faisait que rendre les essais sur les propriétés curatives et analgésiques de l'essence de Murlap. Ils volèrent dans la salle de classe, se déposant sur les paillasses devant chaque élève. Hermione faillit se ruer dessus et en abandonner sa potion mais parvint à se retenir et continuer son travail. Je ne jetai pas un coup d'oeil au mien.

-La sauge... tu dois la rajouter dans un tour, un... Maintenant! Lançai-je à Ron qui agrippa violemment les feuilles, les balança dans le mélange.

J'haussai un sourcil d'une manière purement Roguienne devant mon ami essoufflé. Mais il se trouvait que sa potion avait la couleur, la texture et l'odeur qu'il fallait, pour une fois.

-Dix-huit tours dans le sens des aiguilles d'une montre à présent; commandai-je.

Il s'empressa d'obéir, Hermione en était elle à l'ajout des membres du scarabée bousier, Harry venait d'ajouter les tiges de sauge, Williams les feuilles. Je les aidais.

-Kh... Lumare! Dix points en moins pour bavardages intempestifs! Gronda Rogue violemment. Retournez à votre potion et à votre devoir sur la Murlap!

Je levai les yeux vers notre professeur, les sourcils légèrement froncés. J'avais senti quelque chose de différent. Ron et Harry grognèrent pareillement bien sûr derrière moi, tandis que je percutais les orbes sombres de Rogue. Ils étaient rivés sur moi. Envoûtants comme toujours, j'évitais de les contempler trop longtemps en public. Mais il y avait quelque chose d'autre. Il...

-Etudiez la correction que j'aie eu la bonté de vous faire parvenir et apprenez de vos erreurs plutôt que d'aider vos camarades à en faire plus!

La correction... de mon devoir? Je fixai les parchemins enroulés et déposés près de mon chaudron, hochant vaguement la tête aux remarques assassines de Ron. Qu'est-ce qu'il avait mon devoir? J'avais fait de mon mieux, comme d'habitude, j'avais donné mon maximum pour que l'hypothèse que j'avançais soit hautement probable, énoncé des arguments scientifiques et médicomagiques, proposé des expériences qui pouvaient permettre de déterminer si j'avais raison ou non. Je ne comprenais pas, pris mon essai sous le regard noir de mon professeur et... que...

Je restai pétrifiée. Ma note, un énorme EE qui apparaissait dans le coin gauche. Et il y avait... des commentaires... tracés dans une encre rouge assassine, mais il avait écrit, il m'avait corrigée!

C'était... La cloche de la tour nord sonna brusquement! Je revins à la réalité, pour rechercher aussitôt de mes yeux troubles le maître des potions de Poudlard.

Il était à son bureau, corrigeait d'autres copies sans du tout faire attention à moi.

-Hey Khorine, on y va! Balança Ronald joyeusement en me secouant un peu par l'épaule.

-Oui, oui je... J'arrive; marmonnai-je.

Je détournai la tête et m'empressai de rouler mes parchemins dans mon sac, de mettre un peu de ma potion dans une fiole et de l'étiqueter. Ce fut Williams qui ramena toutes les fioles de notre paillasse cette fois, nous laissant tout le temps de faire nos sacs. Je fus tentée de rester, d'attendre que tous les élèves aient déserté la salle de notre dernière heure de cours pour pouvoir parler à Severus, mais je fus entraînée dehors par mes amis, et mes pensées étaient bien trop embrouillées pour savoir comment réagir, même déterminer toutes les émotions qui me parcouraient à cette note.

Le premier Effort Exceptionnel de Rogue depuis au moins quatre ans, malgré tous mes efforts! Qu'est-ce que je ressentais?

o oo0oo o

-Mais le quart du devoir était hors sujet, vous avez bien vu quand je parle des pharmacomodulations, de la classe des acides arylacétiques et arylpropioniques!

Rogue se contenta de hausser un sourcil dans le fauteuil qu'il occupait près de la cheminée, moi je m'étais levée du canapé.

-Je n'ai souvenir d'aucun hors sujet dans votre essai, Miss Lumare. Les pharmacomodulations ainsi que les classes d'anti-inflammatoires dont vous parlez répondent à la partie qui devait traiter des différentes propriétés curatives de l'essence de Murlap.

-Mais je rentre beaucoup trop dans les détails! Je parle de la puissance des potions les unes par rapport aux autres, des améliorations apportées, alors que la consigne était de ne traiter que les propriétés curatives et anti-douleur!

J'essayais de me réfréner, mais j'étais furieuse; tandis que Rogue conservait sur son visage fatigué un masque impénétrable. Il ne montrait rien de son probable mépris pour mes considérations, ou de son agacement envers mes gamineries.

-Vous créez un lien logique entre les potions et les découvertes de leurs propriétés ce qui fait que votre devoir est plus complet et mieux organisé que ceux de vos camarades; lâcha-t-il sans passion.

Je secouai la tête, violemment, et arrêtai mes cent pas pour me planter devant mon professeur de potions.

-Je ne mérite pas cet EE. Depuis le début de ma quatrième année à Poudlard, je n'aie jamais eu autre chose que des Acceptable avec vous. Je ne veux pas de traitement de faveur!

Les émotions de Rogue restèrent bien protégées derrière ses remparts d'Occlumencien et son masque. Tout ce qu'il laissa voir fut le croisement de ses jambes et de ses doigts devant lui.

-Vous pensez que vos devoirs ne valent que des A?

-Bien sûr! M'exclamai-je sous l'évidence.

-Mais, si mes souvenirs sont bons, vous n'obteniez que les notes optimales avec le professeur Slughorn.

J'haussai les épaules, ne voyant pas du tout où il voulait en venir.

-Le professeur Slughorn n'avait pas le même niveau d'exigence que vous.

J'étais fatiguée ce soir, n'arrivais pas à cerner les raisons de ses questions et pourquoi Rogue se retrouvait plus retranché derrière ses défenses que lorsque nous nous disputions à propos des moments où il me rejoignait dans mon dortoir.

Mon professeur inspira, difficilement, avant de prononcer le regard vide:

-Et votre brillant esprit n'a jamais pu concevoir le fait que votre maître des potions était un Mangemort censé infiltrer Poudlard, que vous étiez une Gryffondor, l'amie de Potter, qu'il était décemment hors de question de vous décerner la moindre note au-dessus de l'Acceptable?

Non... je ne comprenais pas...

-Si... j'y ai pensé. Mais pourquoi est-ce que vous n'avez commencé qu'à ma quatrième année? Et pourquoi Hermione avait encore des Effort Exceptionnel? Dean et Padma aussi parfois et ils étaient Gryffondor, amis de Harry...

-Eh bien; siffla Rogue nettement excédé, tirez-en les conclusions que vous voulez Lumare! Je n'ai rien d'autre à vous dire.

Il semblait éreinté, des cernes violets creusaient la peau blafarde sous ses yeux, et furieux sans l'être. Je me mordis la lèvre en apercevant les soubresauts de ses mains contre les accoudoirs de son fauteuil.

C'était stupide de lui en avoir parlé. Ces notes ne représentaient rien pour moi, et je ne voulais pas le quitter pour mes deux semaines de vacances au Terrier sur une dispute comme celle-là.

J'approchai, doucement. Rogue croisa les bras devant lui, cachant ses tremblements.

-J'ai beaucoup apprécié vos commentaires; murmurai-je en interceptant son regard onyx voilé. Est-ce que vous pourriez... continuer à me corriger? En me mettant toujours des Acceptable?

J'arrivai enfin à son fauteuil et glissai un genou entre sa cuisse gauche et l'accoudoir. Rogue ne répondit rien. Je fis de même du côté droit, jusqu'à m'asseoir sur ses genoux et le piéger contre son dossier. Nos yeux ne s'étaient pas quittés, et je ne comprenais pas, les éclairs de douleur qui apparaissaient par instant dans les siens.

-S'il vous plaît?

-Bien; gronda-t-il sans décroiser ses bras.

Cela ressemblait étrangement à une victoire, même si certaines parties demeuraient assez sombres. Peut-être qu'il m'expliquerait plus tard, je ne serais pas vexée s'il m'avouait qu'il s'était lassé de mon je-sais-touisme ou de mes hypothèses farfelues...

-Merci professeur; prononçai-je dans un murmure en penchant la tête vers lui.

C'était la première fois que je n'avais pas à la relever et un fin sourire s'échappa du coin de mes lèvres avant qu'elles ne se posent sur les siennes. Rogue ne réagit pas.

Mais lorsque je m'éloignai un peu pour savoir ce qui n'allait pas, j'avisai ses paupières closes. Je revins à lui, sa bouche, ma main gauche se perdit dans ses mèches noires et mes dents commencèrent à taquiner sa lèvre inférieure.

C'était comme s'il s'interdisait de réagir, de décroiser les bras, alors je mis toute ma nouvelle expérience à le faire craquer, embrassant, mordillant puis quémandant encore et encore l'entrée de sa bouche du bout de la langue. Rogue semblait avoir de plus en plus de mal à me l'interdire... et à respirer.

J'abandonnai sa bouche pour rejoindre l'angle de sa mâchoire, la mordiller, et de là atteindre sa gorge. Je ne pus empêcher mes dents de rejoindre les artères qui y pulsaient, arrachant un halètement à mon professeur. Et puis mes lèvres, ma langue, mes incisives, mes canines adorèrent avec tendresse cette partie de lui qu'il m'abandonnait, la tête renversée contre son fauteuil.

Lorsque je revins à sa bouche, Severus se trouva incapable de m'en interdire l'entrée. Des coulées de lave onyx apparaissaient derrière le voile de ses yeux mi-clos, c'était fascinant... Ils se fermèrent tout à fait lorsque nos langues entrèrent en contact. Elles s'effleurèrent, lui arrachant un frisson, m'étourdissant tout à fait. Je recommençai, sans que Rogue ne réponde en rien. Il haletait et gémissait sans tenter quoi que ce soit contre moi. C'était grisant... ce pouvoir... ses lèvres, son corps...

-Professeur...; suppliai-je en m'écartant juste un peu.

Une plainte douloureuse échappa du fond de sa gorge et il ferma les yeux plus fort, avant de les recouvrir de ses paumes.

-Je vous...; commença-t-il...

Il s'interrompit tout son corps crispé contre le mien, nos fronts et nos bouches seulement séparés par ses mains glacées.

-Je vous demande d'arrêter; lâcha Rogue.

Son long nez busqué seul dépassait de ses doigts, qu'il finit par retirer. Je comprenais de moins en moins...

-Pourquoi? Vous n'appréciez pas? Le provoquai-je.

Il crispa les mâchoires et nos regards se percutèrent. Le sien s'obscurcit brutalement.

-Vous allez le regretter, Miss Lumare; siffla-t-il. Durant... ces vacances vous aurez tout le loisir de repenser à vos actes et aux conséquences qu'ils auraient pu entraîner. Estimez-vous heureuse que je vous arrête avant qu'il ne soit trop tard.

Mais, comment est-ce qu'il pouvait penser que j'en viendrais à regretter mes actes?

-Vous ne...; tentai-je de le raisonner.

Il m'interrompit, crachant:

-Nous verrons bien, après ces deux semaines que vous êtes si impatiente de passer avec Potter et les Weasley!

Je... J'avais cru... Il n'avait rien dit lorsque je lui avais annoncé que nous partions pour les fêtes de Pâques! Et après tout ce que nous avions déjà traversé! Pourquoi s'obstinait-il à douter de moi?!

Je quittai ses genoux, le front plissé par le dépit et la tristesse.

Il était jaloux, encore, et il s'obstinait à la veille de mon départ. D'accord, très bien...

-Vous avez raison, je m'estime très heureuse que vous m'ayez arrêtée avant que je ne commette l'idiotie d'aller plus loin avec mon professeur de potion; murmurai-je d'une voix rauque et déformée par la colère. Et qui sait, peut-être que durant ces vacances, Harry ou Ron ou Fred ou Georges me permettront d'ouvrir les yeux et de me rendre enfin compte de la crétinerie abyssale dont je fais preuve en me donnant à vous!

Sur ce je tournai les talons, me dépêchai de ramasser mon grimoire de Bossuchaudron avant de sortir du salon en claquant le pan de la bibliothèque derrière moi! Imbécile!

A un fracas provenant de ses appartements, je me mis à courir. Je ne voulais pas qu'il me rattrape! Surtout pas! Et ce fut les yeux brillants de larmes que je fusai dans les vieux passages secrets, manquant de glisser sur l'humidité et les corps des insectes qui grouillaient là. Je remontai à toute vitesse jusqu'au deuxième étage, puis fonçai vers la tour Gryffondor, la Grosse Dame me céda le passage aussitôt, je partis me réfugier dans mon dortoir. Le souffle court, retenant mes pleurs avec difficulté et les jambes tremblantes de tout ce qui me submergeait à cet instant.

Je ne m'étais pas imaginée que je serais accueillie par autre chose que les marmonements endormis de Hermione et les ronflements de Parvati et Padma, mais ma meilleure amie était là, les bras croisés, assise en tailleur sur mon lit.

Mon devoir de potion était posé devant elle et lorsque nos yeux se croisèrent je vis qu'elle se retenait avec peine de me hurler dessus. Mon état, et le sommeil des deux Patil la coupa sûrement dans son élan.

-Qu'est-ce qui s'est passé? Lâcha-t-elle dans un souffle.

Ses cheveux touffus en bataille, son pyjama rose avec des petits noeuds et des poussins jaunes. Son regard chocolat éclairé par les rayons lunaires.

Je vacillai vers elle, qui craqua, avant que je n'aie pu expliquer quoi que ce soit.

-J'ai vu ta note et j'ai lu ton devoir, les commentaires! S'empressa-t-elle de s'exclamer. C'est lui! Je sais que c'est Rogue!

Un regard catastrophé en direction des deux soeurs, et puis je m'empressai de rejoindre Hermione dans mon lit, de fermer les rideaux et d'apposer un Silencio.

-Qu'est-ce qui te prend?! Crachai-je aussitôt. T'as envie de réveiller toute la tour Gryffondor!

Ses yeux chocolat lançaient des éclairs alors qu'elle commençait à brandir les parchemins que j'avais noircis.

-C'est un professeur! S'offusqua ma meilleure amie. Comment est-ce que tu oses passer au-dessus du réglement de l'école? Surtout pour un... Enfin, c'est ROGUE!

Ma meilleure amie, qui m'abandonnait. Et Severus qui me rejetait alors que j'avais besoin de lui, tant besoin... Je tremblai violemment, l-les larmes réapparurent au coin de mes paupières.

Incapable de me contrôler.

-Et c'est depuis le... le quatorze février! Ça fait trois mois que tu sors avec un professeur de Poudlard, beaucoup plus vieux que toi, dans le dos de tes amis, au mépris de toutes les règles, de toutes les lois imposées par le Ministère! Monta-t-elle crescendo, avant d'exploser. Est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait?!

La première larme m'échappa en roulant le long de ma joue. Je la suppliai:

-Ne nous dénonce pas, je t'en prie. J-je... Je l'aime. Je l'aime! Je ne peux pas vivre sans lui...

Des sanglots m'échappèrent et de nouvelles larmes. Tout s'effondrait autour de moi, Hermione tellement bornée, tellement attachée aux règlements. Si elle parlait, Severus pourrait être renvoyé, emprisonné à Azkaban!

Hermione se calma devant mon état. Quelque chose traversa son visage, je ne pus rien discerner comme mes yeux étaient noyés d'eau salée. Et je... je n'arrivais pas à me calmer.

Ma meilleure amie soupira soudain, avant de me prendre dans ses bras et de me serrer contre elle. Je lâchai un sanglot plus fort, avant de m'accrocher à son pyjama bizarre.

-Qu'est-ce qui s'est passé? Redemanda-t-elle finalement d'une voix plus calme.

Je reniflai en essayant de ravaler mes pleurs et puis abandonnai. Je lui racontai tout:

-I-il n'a rien dit quand je lui ai annoncé que j'allais au Terrier pour les vacances. Et puis ce soir, il m'a repoussée, il disait que je changerais d'avis, que je ne voudrais plus le revoir. Il critiquait Harry et Ron, je ne comprenais pas. Et avant... o-on parlait de la note qu'il m'avait mise. Je n'en voulais pas, juste qu'il commente mon travail, et Severus ne voulait pas expliquer pourquoi il avait commencé à ne me mettre que des Acceptable au début de notre quatrième année à Poudlard. Et puis il m'avait réconforté, il savait pour mes cauchemars et mon passé. Il n'a rien dit! Il ne s'est pas moqué, aucun d-dégoût. C'était... quand il m'a serrée dans ses bras. J'aurais voulu que ça ne cesse jamais.

J'essuyai mes larmes contre son épaule, avant de continuer à pleurer. Hermione me berçait tout doucement...

-Il me repoussait tout le temps, et je ne savais plus pourquoi. Je croyais qu'il n'avait pas l'habitude, qu'il n'était pas attiré par moi. Plus je faisais d'effort, plus il me repoussait. Puis il a dit qu'il avait fait des choses horribles en tant que Mangemort, que j'étais trop jeune, que je ne savais pas ce que je voulais! Alors que je sais... Mione... C'est lui que je veux! Mais il ne me fait pas confiance. Je ne sais même pas pourquoi il m'a donné rendez-vous ce quatorze février, pourquoi...

-Khorine; murmura Hermione la voix enrouée. Il te protège.

Et je rétorquai que je ne voulais pas être protégée, qu'elle ne savait pas!

Hermione me demanda de reprendre depuis le début, mais d'abord de me calmer, de sécher mes larmes.

O-oui... J'utilisai le mouchoir qu'elle fit apparaître pour moi, et commençai mon histoire comme elle me l'avait demandé. Ma première année en fait, le professeur de potion qui reconnaissait mes efforts et m'octroyaient un EE lorsque mon travail en valait la peine... Hermione m'interrompait, me posait des questions qui parfois paraissaient n'avoir aucune importance. J'y répondais, recommençais mon récit.

Nous passâmes la nuit à parler, nous endormant dans mon lit aux premières lueurs de l'aube.

Inutile de préciser que nous dormîmes comme des souches sitôt assises dans le Poudlard Express.

Grâce à cette nuit, je me sentis soulagée d'un gigantesque poids, ma meilleure amie partageait mon secret et avait tenté de m'expliquer certaines choses qui me paraissaient étranges, m'avait promis qu'elle ne dirait rien -surtout pas aux garçons ou à Ginny-.

Après quelques jours de vacances toute la tension qui m'avait habitée s'était envolée. Je savourais comme il se devait les derniers jours de repos avant les ASPICS, sans oublier de faire mes devoirs sous la supervision de Hermione... Bien sûr...

Pour Pâques, les jumeaux nous obligèrent à porter des costumes ridicules. Si bien que Hermione et Ron se trouvèrent déguisés d'une coquille d'oeuf de toutes les couleurs, Ginny en énorme poussin -parce que depuis, la légende avait rajouté une poule qui pondait des oeufs en chocolat et son armée de petits-, Harry et moi en lapins, les jumeaux en cloches reliées par le sommet. Ça faisait un boucan pas possible! M. et Mme Weasley avaient seulement accepté de porter les oreilles de lapin, ce qui était bien pratiques comme elles se levaient au moindre bruit, percevaient les conversations de très loin, qu'ils pouvaient entendre comploter les jumeaux depuis la cuisine. Cela n'était pas pour nous déplaire. Surtout que nous étions sur nos gardes depuis les guis du Nouvel An.

J'avais peur, parfois, lorsque j'y repensais.

La différence d'âge était effarente, et tous les secrets qu'il s'obstinait à garder... Je ne voulais pas qu'il se moque de moi, qu'il ne fasse que se jouer d'une gamine inexpérimentée. Ce que je voulais... ce que je désirais le plus au monde... c'était que mes sentiments soient partagés.

-Hey Khorine! Dans quelques minutes on est parti pour la chasse aux oeufs du siècle! Rappela Ron en trépignant d'excitation dans son énorme coquille d'oeuf.

Il y avait même le chapeau qui allait avec. Hermione se rapprocha maladroitement, et essaya de me faire un câlin... C'était l'intention qui comptait.

-Merci, Mione; murmurai-je.

Je pensais souvent à lui, trop. Et je donnais à de petits détails une importance capitale alors que ce qui comptait le plus, c'était les nombreux moments heureux que nous avions passés ensemble! Je le savais!

Tout ces instants où ils répondaient de mauvaise grâce à mes questions étranges, où j'en apprenais un peu plus sur mon sombre professeur, sa vie, ses passions, ses auteurs préférés... Et les moments où nous lisions tranquillement au coin du feu...

-C'est prêt! Beuglèrent Fred et Georges depuis les fenêtres de la cuisine d'où ils faisaient le guet.

L'instant d'après, les parents rentraient, essoufflés. Ils venaient tout de même de cacher un nombre assez important de petits oeufs dans toute la campagne qui entourait le Terrier...

Des rugissements de guerrier échappèrent à la coquille d'oeuf qui abritait Ronald, et puis aux deux cloches qui tintaient d'un très agréable manière! Nous éclatâmes de rire.

-Allez-y les enfants; lâcha M. Weasley à bout de souffle.

Des cris de joie retentirent, j'oubliai tout! Et fonçai dans la campagne avec mon panier. Nous nous dispersâmes rapidement. Et personne n'eut de mal à dépasser Ron et Hermione qui courraient comme ils pouvaient en tournant sur eux même à chaque pas. Les jumeaux s'esclaffaient de manière diabolique plus loin tandis que Ginny piquait un sprint pour les rattraper, les... Oui, magnifique tacle! Les deux cloches s'écroulèrent dans l'herbe dans un tintement étourdissant et le poussin fila à toute allure, suivi par un énorme lapin noir et blanc. Ils... Mon attention fut détournée par un éclat violet et doré dans les fourrés les plus proches. Trois petits oeufs s'y trouvaient, je ricanai avant de soulever un des deux clapets de mon panier pour les y fourrer. Et puis j'en vis d'autres près de Hermione et Ronald bien loin derrière.

-A droite, à droite les oeufs! Balançai-je avant de repartir en courant.

J'entendis Ron s'exclamer et en me retournant, discernai dans ses mains un énorme chocolat emballé d'or et de rouge. Une friandise de Gryffondor. Plus loin, les jumeaux s'étaient relevés, pour tomber sur au moins cinq chocogrenouilles qui bondissaient dans tous les sens. Ils tentèrent de courir en zigzag côte à côte pour les attraper et se rentrèrent dedans, roulant dans l'herbe, pour se relever tenter un saut commun au milieu des chocolats, qui leur échappèrent!

J'étais pliée de rire au milieu de la campagne et Harry me rejoignit un peu plus tard, en se tenant les côtes.

-T-tu as perdu ton poussin? Balbutiai-je entre deux éclats de rire.

Il hocha vigoureusement la tête, ses grandes oreilles suivant le mouvement, puis Fred et Georges se firent chiper une chocogrenouille par leur soeur cadette et hurlèrent à l'injustice en essayant de la poursuivre. Le poussin ricana avant de s'enfuir au loin. L'équipe des oeufs peinait sans avoir dépassé les trois hêtres qui délimitaient les buttes les plus proches du Terrier. Harry et moi échangeâmes un regard étincelant, la même idée en tête, et nous serrâmes la patte pour sceller notre alliance. Oeufs en chocolat, nous voilà!

Nous courûmes en bas d'une colline, comme Harry avait discerner deux énormes chocolats dans un bosquet. J'en aperçus d'autres plus loin et nous partîmes les chercher.

Quelques instants plus tard, Ron apparut en roulant depuis le sommet de la butte. Hermione arrivait difficilement loin derrière lui. Notre ami semblait un peu vert après tous ces roulés-boulés. Nous lui offrîmes chacun un de nos oeufs pour récompenser son effort et l'encourager à repartir.

-Je suis avec vous la team rabbit! Haleta-t-il avant de courir à notre suite dans son énorme déguisement.

Lorsque nous remontâmes, Hermione venait de découvrir six petits oeufs dans un trou et une énorme poule en chocolat blanc. Elle caqueta férocement en battant des ailes et puis s'échappa, ce qui ne semblait pas être la seule difficulté comme il se trouvait que les chocolats avaient développés deux minuscules jambes pour courir très, très vite, entre nos pattes les uns à la suite des autres.

-Aidez-moi! Supplia Hermione les joues rouges et les cheveux en pétard depuis son énorme coquille.

Harry et moi échangeâmes un regard... avant de nous ruer à leur poursuite. Ce fut une chasse épique! Surtout lorsque Fred et Georges tentèrent une embuscade pour attraper la poule blanche et qu'ils finirent par la poursuivre dans toute la campagne au rythme des atroces tintements de leur déguisement. Nous réuissîmes à attraper les cinq petits oeufs que nous ramenâmes à Hermione, le sixième fut capturé par Ginny qui revenait vers nous en se bouchant les oreilles.

-C'est infernal!

-A qui le dis-tu; bougonna Ron en fourrant la main dans son panier pour s'emparer d'un petit chocolat et le gober en boudant. Ils vont encore attraper la poule.

-Sauf si...

Un sourire diabolique s'étira sur les lèvres de sa cadette, ce qui présageait que nous allions bien nous amuser! Elle nous entraîna tous à sa suite en direction des jumeaux qui poussaient des cris étranges toujours à la poursuite du chocogallinacé. Et puis on improvisa un plan de bataille très sophistiqué. Ron se rua sur eux et les fit tomber dans l'herbe avant d'essayer de leur rouler dessus. Hermione et Ginny se placèrent sur la trajectoire de la poule pour essayer de l'appâter, alors qu'Harry et moi étions censés lui sauter dessus au bon moment.

-Triche! Triche! Cloches à terre! Hurlaient les jumeaux.

Ce fut terrible! Et, pour ce qui semblait être la première fois depuis que Ron et Ginny participaient à la chasse aux oeufs, la poule leur revint! Bon... ainsi qu'à Hermione, Harry et moi...

Ce fut Harry qui l'attrapa, réflexes d'attrapeur obligent, alors que Fred et Georges criaient vengeance. Ensuite la chasse reprit sous nos exclamations conquérantes!

Même lorsqu'il sembla qu'il ne restait plus un oeuf caché, nous restâmes jouer dehors, à nous rouler dans l'herbe comme des gamins en protégeant nos paniers remplis des attaques des jumeaux.

Ce fut Mme Weasley qui mit fin au jeu, en nous appelant pour manger. Ronald fusa aussitôt vers les cuisines, nous le suivîmes bien sûr aussi, affamés.

Nous fîmes honneur à l'énorme plat de pâtes, aux tranches de jambons, aux petites tomates, aux fromages dans un joyeux brouaha.

Mme Weasley pensa à nous informer au moment de la tarte aux pommes que nous avions raté Dumbledore, Rogue et Mac Gonagal.

-Comment ça on a manqué Dumbledore? S'exclamèrent en choeur les jumeaux, clairement dépités.

Ron, tout en machonnant une part de tarte, se révéla satisfait d'avoir échappé à notre directrice de maison et à la chauve-souris des cachots. Je restai de marbre, tout en interceptant le coup d'oeil de Hermione. La chauve-souris...

J'avais hâte de le revoir, de lui prouver que quoi que mes meilleurs amis puissent dire je reviendrais toujours vers lui. J'espérais...

Mais Rogue eut beau revenir trois fois au Terrier avec le directeur, nous nous manquâmes. Mes amis et mois étions toujours de sortie, à nous balader dans le Londres sorcier, ou en train de disputer une partie de Quidditch loin de la maison, ou à la recherche de champignons dans les sous-bois pour Mme Weasley. Ce furent des vacances extraordinaires, mais au bout de ces deux semaines je ne rêvais plus que d'une chose, le revoir!