Chapitre 5

Ses longs doigts froids palpaient avec délicatesse ma cheville. L'hématome, comme Rogue l'appelait, avait viré au verdâtre et ce n'était presque plus douloureux. Le fait que je boite passait assez inaperçu maintenant et j'en étais fière, je ne voulais pas que ma tante s'en rende compte lorsque je retournerais au manoir.

-Pas de nouvelles fractures; siffla le sorcier d'une voix sourde. Et la fièvre?

Il se leva et partit se laver les mains, lorsqu'il revint vers moi elles étaient serrées en poing. Ma fuite avortée datait d'une semaine, nous étions sur le point de partir à Poudlard et Rogue n'avait jamais laissé échapper autant d'émotions.

-Non Monsieur, je n'en ai plus; lançai-je en tentant de détendre mon visage en un sourire.

Rogue m'avait dit qu'il fallait que je sourie, lors d'une promenade le long de la mer. A cela j'avais osé répondre que lui ne souriait pas et au bout d' un bref instant il avait rétorqué que c'était parce que je ne lui en donnais pas vraiment l'occasion à rester une gamine aussi taciturne. Quoi que veuille vraiment dire taciturne, je m'étais entraînée à étirer les lèvres vers le haut, et bien que cela reste encore très approximatif je faisais des efforts lorsque je sentais qu'il le fallait. Et là il le fallait.

Malheureusement, Rogue ne me crut pas. Il approcha la paume de sa main de mon front et repoussa mes mèches avant que nos peaux ne soient encore en contact. La mienne était toujours aussi brûlante... mais je n'avais plus de migraine!

-Vous mentez, Lumare.

Je coulai un regard angoissé vers l'homme en noir. Je savais maintenant pourquoi je n'appréciais pas d'être touchée en règle générale, ça n'apportait que des problèmes. Sa main tremblait un peu, et était vraiment glacée. Il soupira:

-Qu'importe, Poppy trouvera bien le moyen de vous faire boire de nouvelles fioles de Pimentine.

Rogue brisa le contact, je relâchai le souffle qui s'était bloqué dans mes poumons. Pas de punition cette fois non plus.

-Venez!

Je me dépêchai de remettre ma chaussette et ma chaussure avant de sauter sur mes pieds et boîtiller le dos presque droit jusqu'à Rogue.

Le sorcier ouvrit la porte de la chaumière et le soleil nous éblouit. Puis nous nous avançâmes de quelques pas.

-Nous allons transplaner, Lumare. Prenez ma main.

Il déplia la droite, qui était agitée de secousses presque imperceptibles. J'hésitai, il finit par me la saisir. La sienne était gelée.

Nous transplanâmes ensuite, ce qui s'avéra être le pire moyen de transport que j'aie expérimenté. Je manquai de vomir et de perdre l'équilibre. Seule la poigne de Rogue me retint. Pendant le voyage j'avais été tirée par un crochet et attirée au centre de larges tâches de couleurs éclatantes. Ma vision était un peu floue, comme l'ensemble de mes autres facultés. Je mis du temps pour reconnaître la mousse verte au sol, la terre, une énorme forêt autour de nous, de grandes grilles en fer forgé devant avec au sommet deux statues de cochons bizarres et ailés. Plus loin, il y avait la facade d'un château gigantesque.
L'odeur qui planait était très agréable, elle ressemblait à celle qui flottait autour du manoir.

-Expecto patronum...

La voix de l'adulte sembla se briser tandis que sortait de sa baguette une légère brume argentée. Elle prit la forme plus ou moins définie d'une boule de lumière à laquelle il transmit un message, puis la laissa s'envoler vers les murs du château. Il nous surplombait, masquant le soleil. Nous étions du côté plongé dans la pénombre.

Rogue et moi attendîmes dans le plus grand silence, il me tenait toujours par la main, et je voulais la retirer, mais n'osais pas. Sa peau se glaçait un peu plus à chaque minute de passée...

Et puis une porte grinça et une silhouette menaçante apparut. Je me figeai.

C'était un demi-géant, hirsute, des habits en peaux de bêtes mortes sur le dos, des mains capables de m'assommer en un seul coup.

-Professeur Rogue! Z'avez mauvaise mine! Et... j'croyais qu'vous vouliez corriger les copies d'Aspics et de Buses chez vous! Tonna-t-il. Qu'est-ce que...

-Ce que je viens faire à Poudlard ne concerne qu'Albus et moi; grinça Rogue. Ouvrez cette grille.

-Bien sûr, bien sûr; répondit la créature en sortant un gigantesque trousseau de clés. Mais comme je suis chargé de veiller sur Poudlard pendant l'été, j'dois m'renseigner, vous comprenez?

Le géant trouva la bonne du premier coup ce qui ne manqua pas de m'impressionner. Je n'écoutais rien de ce qu'il pouvait raconter, concentrée, très concentrée sur ses gestes. Et absolument horrifiée lorsque les grilles s'ouvrirent et qu'il fallut avancer vers lui.

-Oh, une nouvelle élève! Paraît un peu jeune! Lança-t-il en fendant son visage d'un énorme sourire.

Je blêmis et retirai vite ma main de celle de Rogue pour pouvoir me défendre, ou fuir. Non, pas fuir, ne jamais reculer.

-J'vais pas te manger! Tonna-t-il en s'avançant. M'appelle Rubeus Hagrid, gardien des clefs et des lieux à Poudlard l'école de sorcellerie pour les étudiants de premier cycle. Et toi?

Je. Ne. Devais. Pas. Bouger. Rogue observait la scène sans intervenir, plus proche de moi que le géant mais d'à peine un pas.

-K-Khorine Fenicia de Lumare, nièce d'Hydrion Erina Salmene de Lumare dernière du nom, actuelle propriétaire des fortunes et domaines familiaux.

L'étincelle d'insolence revint briller au fond de mon regard bleu mer, je redressai le menton et rangeai mes mains dans mon dos. J'étais prête à tout ce qui pouvait m'arriver; sauf à ce qu'il éclate d'un rire tonitruant. Je sursautai d'abord, avant d'être tout simplement stupéfaite d'avoir pu faire rire quelqu'un.

-Sacré numéro!

Et puis son énorme main s'avança vers moi et m'ébouriffa complètement les cheveux. J'écarquillai les yeux en fixant le demi-géant qui souriait, et puis Rogue qui montrait un rictus sarcastique assez proche du sourire. J'en ressentis une gigantesque impression de chaleur au niveau du coeur.

-Allez, passez; fit le géant d'un ton bourru.

Rogue reprit aussitôt son chemin, je m'empressai de suivre ses pas, encore étourdie. Je le fus encore plus en cheminant au beau milieu de cette école déserte, si ancienne et vibrante de vieille magie... Quelque chose brûlait à l'intérieur de ma poitrine. C'était comme si... je connaissais cet endroit...

Nous nous dirigeâmes vers un étage tout aussi vide, les tableaux aux murs étaient pour la plupart abandonnés.

Un griffon en pierre s'ouvrit devant nous, livrant passage à un escalier en rond qui tournait, tournait. Mon front brûlait, j'avais du mal à respirer... Et puis un couloir à peine sombre, une lourde porte en bois de chêne. Rogue s'arrêta devant. Je tournai la tête vers lui. Il y eut une vague de haine immense qui me submergea toute entière... Puis je me rendis compte que le professeur était cadavérique, qu'il tremblait, que son masque neutre était brisé par une atroce souffrance... Et toute la tension disparut. Ma violente migraine s'estompa, je tendis la main et agrippai la sienne. Brûlante contre glacée. Nos yeux se rencontrèrent comme il tourna la tête vers moi, ses yeux... Il cilla et l'instant d'après, un masque d'une dureté qu'il n'avait encore jamais montré figea ses traits. Rogue retira sa main de la mienne, et toqua à la porte.

-Entrez! Prononça une voix joyeuse, de vieil homme.

Rogue poussa la porte, et nous fûmes éblouis par la lumière. Elle venait de l'immense verrière face à la porte, des couleurs étincelantes, rouges et orangées chaleureuses. Je découvris la gigantesque pièce et tous les scrutoscopes, d'autres objets vraiment bizarres, les tableaux accrochés aux murs, un perchoir vide et plein de magie dans le coin droit, le grand bureau de bois, le fauteuil somptueux qui faisait dos à la lumière. Le viel homme qui y était assis souriait sereinement. Sa barbe blanche était très longue, son chapeau -aussi violet betterave que sa robe- était un peu incliné sur sa tête; il portait des lunettes en demi-lune au bout de son nez... Et puis nos regards se rencontrèrent, le sien était d'un bleu azur pétillant de malice. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'aussi particulier, d'aussi vieux et qui paraissait aussi fou et aussi sage.

-Severus! Les années vous ont rattrapé à ce qu'il semble; lança-t-il en reposant sa plume rouge dans l'encrier. Et vous m'amenez une de Lumare, si je ne m'abuse?

Il haussa un sourcil blanc, d'une manière aussi douce que celle de Rogue pouvait être menaçante. ... Le silence répondit à lorsque je tournai la tête vers l'adulte, je me rendis compte qu'il était complètement figé et qu'il fixait le vieil homme de toutes ses forces, comme s'il ne pouvait plus s'en détacher. Il semblait profondément souffrir.

-Khorine de Lumare, Monsieur; me présentai-je parce que le sorcier en noir n'arrivait pas à parler.

Son regard azur revint à moi et sa voix s'éleva encore:

-Ne devriez-vous pas être chez votre tante à l'heure actuelle, Miss?

Mon coeur rata un battement et mes yeux s'écarquillèrent un peu sous la joie. Oui, c'était ce que je voulais! Je voulais retourner chez moi, le viel homme comprenait!

-S'il vous plaît; murmurai-je d'une voix brisée.

Je voulais retourner auprès de ma famille, et retrouver Osty. C'était tout ce que je souhaitais! Un pas, j'avançai vers le bureau.

-J'ai bien peur que ce ne soit impossible; cracha aussitôt Rogue.

Je me pétrifiai et fixai le vieil homme. Il semblait avoir beaucoup de pouvoir sur Rogue, et comprendre que je devais partir, s'il pouvait en convaincre son professeur... s'il vous plaît...

-Nous venons du début avril de l'année 1996; Rogue parlait au travers de ses dents serrées. Un accident de Cheminette suite à une attaque nous a projeté dans le temps et a fait rajeunir cette gamine d'au moins neuf ans.

-Je comprends; répondit Dumbledore en croisant les bras au-dessus de son bureau.

Comme si ce qu'il venait d'entendre avait un sens!

-Lumare et moi avons atterri dans une chaumière abandonnée sur les côtes de Camborne; continua-t-il son rapport, sans aucun moyen de contacter l'Ordre ou Poudlard voilà neuf jours. Des... blessures nous ont retenues quelques temps. Et la possibilité que Lumare puisse retrouver son âge normal. Aucun signe de rémission. Nous ne pouvons perdre plus de temps, il est impératif de retourner à notre époque aussi tôt que possible.

Je n'écoutai pas le reste des paroles de Rogue. Le directeur lui apportait toute son attention dans une attitude pensive et digne, ses yeux bleus étincelant de lumière fixés aux siens assombris. Son professeur rapportait tout ce qui nous était arrivé d'une voix métallique, dénuée d'émotions. Et c'était comme si cette situation s'était répétée des milliers de fois. Rogue ne semblait plus humain. Il donnait l'impression qu'on lui avait arraché le coeur. Je n'avais jamais voulu connaître ça. Jamais. Je ne voulais pas savoir comment les adultes pouvaient perdre leur coeur. Je voulais juste rentrer chez moi, je voulais rentrer chez moi, retrouver Osty, ma tante qui aimait mon cousin et mes cousines.

Je baissai la tête, les mains dans le dos, le visage caché par mes mèches noires désordonnées. Mes traits se crispaient sous la douleur. Et des larmes traîtresses commençaient à apparaître. Je tremblais à l'écart des deux adultes. Et puis la voix du viel homme s'éleva:

-Khorine, il semblerait que vous ne puissiez pas retrouver votre famille dans l'immédiat.

J'inclinai un peu plus la tête, crispée par la peine. Alors c'était vrai, que je venais d'une autre époque, et que personne ne m'attendait ici, pas même Osty, que personne ne viendrait me chercher? Je ne pouvais même plus me réfugier au manoir?

-Où peut-on trouver cette poudre de cheminette-inverse, Albus? Siffla l'homme en noir.

-Voyons; protesta le viel homme, nous venons d'annoncer à cette enfant de sept ans qu'elle ne pourra retrouver ni sa maison, ni sa famille. Soyez patient!

Rogue allait certainement répliquer que je l'avais bien mérité et que de toutes façons personne ne voudrait de moi, mais un violent sanglot m'échappa et le coupa. Des larmes m'échappèrent. Mes mains se tordaient dans mon dos, des spasmes commençaient à monter. Je ne pouvais plus contrôler la douleur qui se répandait partout en moi, insufflée dans mon coeur, se déversant dans mes veines...
J'étais devant deux adultes, dans un bureau extraordinaire, à Poudlard. J'aurais dû être fière, digne et faire honneur à m-ma famille...

-Désolée. J-je suis désolée; tentai-je en relevant la tête, les joues sillonnées de larmes.

Le regard du vieil homme brillait doucement, et Rogue ne montrait rien, il se tenait loin, de marbre. Il attendait que j'aie fini, mais je n'y arrivais pas! Un nouveau sanglot me déchira, mes jambes tremblaient, elles ne me portaient presque plus. J'étais faible, et pathétique. Mes larmes me trahissaient. Mon corps entier. Ma tante avait raison, je n'étais qu'une...

Un choc, violent. Et deux bras se refermèrent sur moi, je fus soulevée de terre. Je ne cherchai même pas à m'échapper, je ne pouvais plus. C'était... trop... douloureux... Je n'avais plus personne, plus personne ne voulait de moi, malgré tous mes efforts, tous mes efforts... Mes sanglots étouffés déchiraient ma poitrine et mes jambes s'accrochèrent aux hanches, mes doigts convulsèrent sur la cape noire, celle de Rogue. Qui me tenait serrée si fort contre lui, qui murmurait si bas des choses que je ne comprenais pas et qui approcha sa main de l'arrière de ma tête... doucement... Il amena mon front contre son épaule, là où je pus me réfugier. Je fermai les yeux, très fort, les larmes coulaient et roulaient le long de son cou, trempaient sa robe de sorcier.
Rogue caressait mes longs cheveux ondulés et sa tête reposait contre la mienne. Comme s'il comprenait.

-J-je voulais tellement... faire partie... de cette famille...; réussis-je à sortir douloureusement.

Les sanglots et les pleurs et les hoquets devaient l'empêcher de comprendre le moindre mot, mais je voulais essayer de justifier m-ma faiblesse.

-J'ai tout fait... V-vous devez... me croire. J'ai tout fait.

Les longs doigts froids passaient et repassaient dans mes cheveux, apaisants.

-Chut... Je vous crois; murmura-t-il d'une voix très basse. Je vous crois.

Je me cachai un peu plus contre lui... et me calmai progressivement. Rogue finit par s'asseoir dans un fauteuil en face du bureau de Dumbledore, moi dans les bras; quelques reniflements m'échappaient encore.

-Tenez, Khorine; prononça le vieil homme d'une voix calme.

Je dus relever la tête, même si j'avais honte de moi. Et je découvris un grand mouchoir en tissu que me tendait le directeur. Vert, pourpre et bleu électrique, avec des dizaines de vif d'or volant dans tous les coins. Je l'attrapai d'une main un peu tremblante, remerciai et puis me mouchai assez bruyamment. Cela me valut un grand sourire de Dumbledore, un grognement de Rogue qui me tenait toujours sur ses genoux. Les balles dorées avaient cessé de s'agiter dans le mouchoir, et évitaient avec soin toute la partie recouverte de morve. J'eus une grimace d'excuse en voulant rendre le mouchoir.

-Gardez-le, je vous en prie; m'autorisa Dumbledore.

Je le ramenai à moi, un peu circonspecte. Est-ce qu'on me le donnait? Les couleurs étaient bizarres quand même...

-Nous parlions de poudre de cheminette-inverse, Albus; rappela Rogue d'une voix de nouveau dure, mais moins que lorsqu'il était entré dans la pièce.

Le directeur nous observa quelques secondes, sans répondre, comme pouvait le faire Rogue. Sauf que lui ne semblait pas du tout réfléchir au problème de cette poudre. Sinon, pourquoi aurait-il remonté ses lunettes sur son nez d'un air satisfait en nous informant qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait?

-Il me faudra plusieurs semaines, pour ne serait-ce que retrouver sa trace. Cela fera bientôt vingt ans que Nicolas a vendu tout son stock pour payer sa croisière aux Caraïbes. Les souvenirs qu'il en a ramené, si vous voulez mon avis, sont ébouriffants.

Ce n'était pas que l'atmosphère grave et alourdie s'était dissipée, mais presque... Dumbledore avait une expression particulière à présent, le regard pétillant de malice par-dessus ses lunettes en demi-lune. La main de Rogue tremblait un peu, agrippée à ma chemise blanche trop longue.

-Je vais tenter de fabriquer une potion de mon côté; lança-t-il sans s'arrêter à ce qu'avait dit le directeur sur les Caraïbes. En prenant pour base les cendres que nous avons laissé à notre arrivée.

-Bonne idée, Severus. Mais pensez aussi à vous reposer, vous semblez en avoir besoin. Tous les deux.

Dumbledore insista sur le "tous les deux". Il ne semblait pas avoir compris que Rogue n'appréciait pas de m'avoir dans ses pattes.

-Nous sommes en guerre; siffla Rogue... Et je ne ramène pas Lumare avec moi.

Le directeur coula un regard dans ma direction. Je me tenais toujours à la robe de sorcier noire mais gardais un visage neutre. Je savais déjà que Rogue se débarrasserait de moi après Poudlard.

-Ah non? Miss Lumare semble pourtant assez calme et disciplinée, elle ne vous gênera pas dans vos recherches.

Je n'eus pas besoin de me retourner pour sentir que Rogue avait tiqué et qu'il resserrait ses doigts froids sur le tissu de mes vêtements.

-Je n'ai pas le temps de m'occuper d'une gamine, ni l'expérience et encore moins l'envie. Minerva sera parfaitement capable d'en prendre soin.

J'étais d'accord avec Rogue, il n'avait pas à s'encombrer de quelqu'un comme moi. Mais je ne voulais pas qu'il parte... Je n'étais pas à l'aise avec les inconnus. Je connaissais Rogue.

-Allons mon garçon, vos inquiétudes sont parfaitement déplacées. Vous vous en sortez très bien; ses yeux azur étincelèrent. Peut-être même mieux que Minerva, on a tort de sous-estimer l'instinct paternel...

-Albus; grogna le sorcier qui me gardait encore sur ses genoux. Je ne...

Le vieil homme secoua un peu la tête, l'interrompant tandis que sa barbe blanche scintillait à la lumière.

-Ne vous préoccupez pas du reste. Je vous procurerai l'argent dont vous aurez besoin, la nourriture. Vous aimez le chocolat, n'est-ce pas? Et les objets aussi indispensables qu'une corde à sauter ou un distributeur de réglisses, les vêtements aussi... Je me demande ce que donnerait le jaune citron sur vous Severus.

Et Rogue eut beau protester, répliquer, tenter de faire entendre raison au vieil homme; il ne le fit pas changer d'avis. Dumbledore devait toujours avoir le dernier mot.

-... Tout comme il serait dangereux que vous m'en révéliez trop sur le futur.

-Je vous contacterai dans quelques jours, pour savoir si vous ne manquez de rien! Joyeux Noël!

Mais nous étions en Juillet, non? J'écarquillai les yeux, un peu, Rogue soupira en ouvrant la porte du bureau et partit sans se retourner. Je voulus le suivre, fus arrêtée en sentant le mouchoir encore dans ma main.

-Je peux; hésitai-je, le garder?

Le sourire du vieil homme me répondit, puis un hochement de tête. J'essayai de faire comme lui, étirant le coin des lèvres vers le haut, et puis me dépêchai de rejoindre Rogue.

En fait, je crois bien que j'aimais Poudlard.