Nous arrivons à la librairie en même temps que Wendy. Hermione est déjà là. Wendy décide de s'occuper de la caisse pendant qu'Hermione fait l'inventaire des rayons et de la réserve. J'accompagne donc William à la recherche d'un livre pour sa sieste. C'est bien pratique, une librairie, non ? Nous montons ensuite dans mon appartement pour qu'il aille se coucher. J'adore ce moment où je lui lis des histoires, généralement des histoires moldues. Je souris devant La Belle et la Bête puis commence ma lecture. Il s'endort très rapidement alors je sors de la chambre en prenant soin de ne pas faire de bruit.

Après avoir formulé plusieurs sortilèges de protections, je descends pour aider Hermione. Finalement, les clients s'enchaînent alors je gère les différentes demandes. Les sorciers ne connaissent pas les livres moldus et ont toujours besoin de conseils. Très vite, Hermione vient m'apporter son aide. Au fur et à mesure, je laisse les clients aux bons soins de ma sœur et de Wendy afin que j'aille vérifier si tout va bien pour William. Il dort à point fermé, comme à son habitude. Un éléphant ne le réveillerait pas… Je l'observe quelques minutes avant de retourner aider Hermione et Wendy.

Les clients tournent et retournent dans les rayons, ne sachant pas quoi choisir. Surtout que beaucoup d'entre eux restent perplexes devant les registres«fantastiques» et «fantasy». Pourtant, cet après-midi, nous réalisons de très bonnes ventes. Vers quinze heures, je retourne voir William pour le réveiller. En entrant dans la chambre, je le vois assis sur son lit, à patienter.

— « Tu sais que tu peux me rejoindre en bas si tu es réveillé ? », dis-je en le prenant dans mes bras. Il pose sa tête sur mon épaule, toujours un peu dans le brouillard.

Je l'emmène prendre un petit goûter puis je le rhabille. Nous redescendons dans la librairie. Il s'installe de nouveau dans l'arrière-boutique afin de faire du coloriage et des dessins tranquillement.

Un peu plus tard dans l'après-midi, voyant que les clients se font rares, je m'installe près de William pour lui parler.

— « Il faut que je te dise quelque chose, petit chat… ». Il pose son crayon et m'écoute. « Ce matin, je me suis disputée avec ton papa, je ne peux plus être ta nounou. »

— « C'est lui qui l'a dit ? »

— « Non, William, c'est moi... »

— « T'avais dit que même si papa est méchant, moi tu m'aimes… »

C'est vrai, j'ai dit ça. J'ai honte de blesser un enfant comme ça. Je vois sa lèvre inférieure trembler lorsque la sonnerie de la porte retentit. La voix de Drago Malefoy s'élève, il se présente à Wendy qui vient de suite me chercher. Nous sortons de l'arrière-boutique. À l'aide d'un sort d'attraction, j'appelle les affaires de William que je pose sur le comptoir. Malefoy les récupère avant de tendre sa main vers son fils. William refuse et s'agrippe à mon jean.

— « William, on rentre », ordonne Malefoy. L'enfant refuse d'un signe de tête alors je m'accroupis pour être à sa hauteur.

— « Tu pourras toujours demander à ta nouvelle nounou de venir ici, tu sais ? », chuchoté-je.

— « Je veux pas d'une autre nounou ! ». Il se met à pleurer. Je le serre contre moi et m'excuse encore et encore.

— « Allez, William, il est temps de rentrer… ».

Malefoy se penche pour délier délicatement les bras de son fils autour de moi, bien qu'il s'accroche. Il le prend dans ses bras. William se débat mais Malefoy le tient fermement. Les deux quittent la boutique et Malefoy transplane. Ma sœur pose une main compatissante sur mon épaule tandis que je soupire en fixant la porte. William me manque déjà.

Depuis que je ne garde plus William, je me noie dans le travail. Je m'occupe l'esprit en rangeant et en nettoyant à la manière moldue. Ce ne serait pas drôle autrement ! Chaque coin de la librairie me rappelle William. Je me souviens de ses éclats de rire quand il courait entre les étagères, des moments où il me demandait de lire son histoire préférée avant la sieste.

Ces souvenirs me déchirent le cœur.

Ces derniers temps, ma sœur ne cesse de me disputer. Elle trouve que m'occuper l'esprit en travaillant comme deux ne m'aidera pas. Elle m'énerve quand elle fait ça. Elle croit toujours avoir raison, mais elle a tort ! Non ? Travailler m'évite de penser à William et, bizarrement, à Drago Malefoy.

C'est simple, quand je ne travaille pas, je réfléchis à tout un tas de choses sur lui. Pour quelle raison veut-il faire apposer un Tabou sur l'insulte «Sang-de-Bourbe»? Pourquoi personne n'était au courant pour sa paternité? Qui est la mère de William?

À force de réflexion, j'en suis venue à la conclusion que William, qui a quatre ans, est né alors que Drago Malefoy n'avait que seize ans, ce qui correspond à l'année où il est devenu mangemort. J'ai beau fouiller dans ma mémoire, je ne me rappelle pas avoir vu d'élève enceinte, ni même souvenir d'un départ précipité. En tout cas, pas chez les Gryffondor, ni chez les Poufsouffle, ma maison. Et je dois dire que je n'ai jamais été très proche des Serdaigle et encore moins des Serpentard.

William sait qu'il n'a « pas » de maman, mais est-elle morte ou l'a-t-elle abandonnée ? Est-il au courant ? Non, il est encore un peu jeune, son père lui expliquera sûrement plus tard. Enfin…

Wendy entre dans la boutique, ce qui me sort de mes réflexions. Le tintement familier de la clochette de la porte accompagne son arrivée. Elle fronce les sourcils en me voyant avec un chiffon et du produit à vitre dans les mains. Je me fais disputer. Encore. Wendy est aussi dans le coup, évidemment… Et comme elle est maman, elle me dispute comme si j'étais sa fille ! Wendy est un peu plus âgée qu'Hermione et moi, elle a trente-six ans et deux enfants.

— « Allez, range-moi ça, la librairie brille de partout ! », s'exaspère ma collègue, les mains sur les hanches.

Wendy est même plus qu'une collègue, c'est même une amie.

— « Je me déteste ! », me lamenté-je en poussant un grognement.

— « On dirait que tu as vécu la plus grosse rupture amoureuse de ta vie », se moque-t-elle en levant les yeux au ciel.

— « C'est exactement ça. C'est l'amour de ma vie, ce gosse ! Enfin, tu comprends ce que je veux dire ? Il est… était un peu comme mon neveu… », je sens ma gorge se serrer en prononçant ces mots.

Elle acquiesce et me retire mon produit à vitre des mains. Je m'accroche tellement au chiffon qu'elle n'ose même pas y toucher. Cependant, je la suis péniblement derrière le comptoir. Elle me donne la liste des commandes à préparer ou à expédier par hibou. Ça devrait m'occuper l'esprit pendant encore une bonne heure. Les clients sont toujours aussi nombreux et viennent de plus en plus loin dans le pays. Quelques librairies « magiques et moldues » ouvrent un peu partout au Royaume-Uni, mais notre boutique reste la première du genre.

Cela ne fait qu'une semaine et demie que William ne vient plus à la librairie, et je m'imagine toujours le voir passer la porte avec son père… Parfois, j'entends presque son rire résonner entre les étagères et je me retourne, m'attendant à le voir surgir, mais il n'y a que le vide qui m'accueille. La douleur de son absence est plus intense que je ne l'aurais cru possible...

Les jours suivants, ma sœur me tanne pour que je prenne un ou deux jours de congé. Ce que je finis par accepter, à contre-cœur. Pour mon premier jour de repos, je décide d'aller prendre l'air. Il fait relativement beau et c'est très agréable.

Je me promène sur le Chemin de Traverse, croisant de temps à autre quelques connaissances. Ce qui est bien avec les congés c'est que l'on peut s'attarder pour parler ou pour faire les boutiques. Pour ça, le magasin de Fre… de George est l'endroit idéal. Le plus gênant ce sont les innombrables clients qui se bousculentet m'empêchent de profiter de la compagnie de Georges. Weasley's Wizard Wheezes a le succès qu'il mérite !

En entrant dans la boutique, Verity s'approche pour me saluer. L'assistante de Georges est une gentille fille, quoiqu'un peu naïve sur les bords. Nous discutons de choses et d'autres avant qu'elle n'appelle George. Le garçon m'accueille avec un demi-sourire et les bras grands ouverts. C'est toujours un plaisir de le voir, il est comme mon grand-frère. Pour tout dire, tout le monde est comme mon grand-frère ou ma grande sœur !

Après avoir discuté avec George, Verity et Ron, venus exceptionnellement aider son frère à la boutique, je décide de continuer ma petite promenade. Je me rends de l'autre côté du Londres sorcier, dans un parc bordé par plusieurs rues et ruelles. Ce parc comprend un lac où nagent quelques cygnes, canards et poules d'eau. J'aime beaucoup observer les gens leur donner des graines.

Après de longues minutes à fixer les cygnes, je tourne la tête vers une rue adjacente attiré par un mouvement familier. Au loin, j'aperçois Mrs Garetts et William. Je me lève aussitôt pour aller à leur rencontre mais me ravise au dernier moment. Mrs Garetts fait signe au petit d'attendre sur un banc tandis qu'elle s'éloigne vers un bar assez mal famé. Cette histoire ne me plaît pas du tout…