Chapitre 13
Andromeda Black partait en Irlande pour le week end avec son club de lecture et Neville et Luna sortaient dans les Highlands à la recherche de Ronflaks cornus et de plantes rares. Si bien qu'elle accueillait pour deux jours le petit Harold qui allait sur ses quatre ans et Teddy Lupin qui en aurait bientôt sept. Elle les avait emmenés à l'orphelinat dans la journée du samedi, pour qu'ils s'amusent avec les autres enfants, et elle avait raconté les contes de Beedle le Barde dans le coin lecture, participé à l'atelier peinture, fait une partie de Quidditch avec les plus grands, aidé à faire certains devoirs. Puis ils étaient rentrés à la maison, Harold dans ses bras, Teddy marchant la main dans la sienne.
Malgré leur fatigue ils avaient tenu à faire les cookies le soir-même. Khorine leur avait noué un petit tablier chacun et au milieu des rires et des nuages de farine ils avaient réussi à enfourner une vingtaine de biscuit.
-Vous les surveillez bien, n'est-ce pas?
-Hmm hmm; acquiesça Teddy sans quitter le four des yeux.
Harold était déjà endormi, allongé sur le sol de la cuisine. Khorine sourit doucement en continuant à écraser les pommes de terre pour la purée du dîner. C'était relaxant, avec les enfants tout près … Soudain, les barrières magiques vibrèrent autour de la maison. Quelqu'un s'approchait. Mais elle ne sentait pas de danger. Ses épaules se décontractèrent un peu. Cette magie même résonnait d'une manière familière. Elle s'essuya les mains sur son tablier, cherchant dans sa mémoire qui…
-C'est prêt! Tonitrua Teddy en levant bien haut le sablier.
Harold se réveilla aussitôt, et se leva en titubant.
-Cookie!
Khorine eut un sourire, prit deux torchons et sortit les biscuits du four alors que l'inconnu se rapprochait de la maison.
-Attention c'est encore chaud; les prévint-elle. Il faut attendre un peu.
Les enfants sautillaient sur place. Et puis on toqua à la porte. Khorine soupira, elle ne pouvait pas laisser les enfants sans surveillance près d'une plaque brûlante, alors d'un coup de baguette elle la refroidit avec les gâteaux. Elle espérait qu'elle avait réussi à garder les cookies encore chauds et moelleux.
-Vous pouvez en prendre un chacun; dit-elle aux enfants avant de se diriger vers la porte.
Des glapissements de joie lui répondirent. Elle soupira puis rangea sa baguette et abaissa la poignée de la porte d'entrée.
-Attention vous deux, j'ai dit un seul cookie; leur lança-t-elle avant d'ouvrir la porte en grand.
Severus se tenait sur le porche.
Elle blêmit aussitôt, cette magie familière… Son aura iridescente tourbillonnait lentement, ondulait presque jusqu'à elle. Et il y avait ses yeux obsidienne, si sombres, si neutres, qui se posaient sur elle sans aucune émotion.
-Sev… Severus? Murmura-t-elle.
-Lumare; répondit-il de sa voix traînante habituelle, familière.
Quelque chose sembla se mettre en place dans le cerveau de la sorcière parce qu'elle cligna des yeux et l'instant d'après s'exclamait:
-Severus!
Un grand sourire apparut sur le visage de la sorcière et une lueur qui n'avait jamais été plus chaleureuse apparut dans son regard.
-Je suis tellement heureuse de te voir! Ça doit bien faire… six ans, non? Entre je t'en prie. Oh…
Elle baissa les yeux sur sa tenue, son tablier avec des tâches de chocolat et de la farine.
-Nous étions en train de faire des gâteaux avec les enfants; se justifia-t-elle avec un petit sourire embarrassé. Tu peux entrer Severus.
Elle se mit de côté pour lui puis referma la porte et lui indiqua le salon.
-Quelque chose à boire? J'apporte du thé.
Severus acquiesça seulement de la tête avant d'entrer dans le salon. A droite se trouvait la cheminée qui brûlait d'un bon feu, une table basse, un canapé en cuir, un fauteuil et des murs recouverts de livres. Il y avait des dessins d'enfants, des crayons sur la table et des jouets sur le tapis moelleux. A gauche, sur une petite estrade, se trouvait un bureau avec différentes piles de dossiers et parchemins et encore plus de grimoires sur les étagères au mur. Le tout donnait une impression de chaleur et de confort. Severus resta debout près du canapé, jusqu'à ce que la sorcière revienne avec un plateau contenant une théière, des tasses et une assiette de cookies. Elle plaça le tout sur la petite table basse puis lui sourit de nouveau en lui indiquant le canapé. Il allait s'asseoir. Ce fut à ce moment que les enfants apparurent dans le chambranle de la porte. Un gamin aux yeux azur et aux cheveux noirs et juste derrière… Severus blêmit violemment.
L'enfant avait des cheveux noirs et longs, des yeux noirs, son nez busqué. Khorine fronça les sourcils puis se tourna vers le garçon.
-Teddy, je t'ai déjà dit que cela ne se fait pas de prendre l'apparence des invités. Arrête ça tout de suite.
-Mais pourquoi? Se renfrogna l'enfant.
-Teddy…
Les cheveux noirs se teintèrent de mèches rouges et le nez rétréci.
Severus quitta le salon.
-Que…? Severus?
Le sorcier atteignit la porte. Il entendit les pas précipités de Khorine dans son dos.
-Ne vous dérangez pas Lumare, je sais où est la sortie.
-Mais…
Il ouvrit la porte et disparut dans la nuit. Khorine resta interdite, incapable de comprendre ce qu'il venait de se passer.
Ce n'est que bien plus tard, face au feu de cheminée, alors que les enfants dormaient, que Khorine comprit ce qu'avait pensé Severus en voyant arriver une mini version de lui-même. Elle vira au cramoisi et se cacha le visage dans les mains.
-Oh Merlin…
Pas étonnant qu'il soit parti aussi vite.
Elle n'avait même pas eu le temps de lui parler vraiment, de savoir ce qu'il avait fait durant toutes ces années, s'il revenait s'installer en Grande Bretagne, si le Ministère était au courant, s'il lui avait pardonné…
Cela faisait si longtemps, et son regard resta plongé dans les flammes. Elle avait été choquée de le voir, et puis une douce chaleur était montée en elle, quelque chose de familier, de réconfortant et de fort qui l'avait prise au cœur. La sensation de manque était partie, il n'y avait plus rien de douloureux… Elle s'était simplement sentie en sécurité. Mais lui, elle avait vu ses barrières mentales obstruer toutes ses émotions… Ne lui avait-il pas pardonné? Ne lui pardonnerait-il jamais?
Elle se prit la tête dans les mains. Les flammes crépitaient dans l'âtre.
oOo
Elle avait été… distraite… par la suite…
Elle avait manqué de se casser le pouce en écrasant des carottes bouillies, de se brûler tout le bras durant son entraînement, avait envoyé le mauvais dossier à son assistant -deux fois-. Même Draco avait levé un sourcil, à sa manière de demander sans vraiment le dire, si tout allait bien.
Khorine inspira puis se concentra, et referma ses barrières mentales autour de son esprit. Elle devait être prête, à tout, ce n'était pas le moment d'être distraite. Ils arrivaient dans la clairière où aurait lieu le rendez-vous.
Ginny se tenait à sa gauche, Terry Blumen à sa droite, une autre auror, Blanche Degueyn, derrière, et des membres de l'Ordre certainement en embuscade tout autour.
Khorine était prête, une lueur féroce dans le regard.
Ils attendirent. Le sol de cette forêt des Highland était moucheté d'éclats de soleil, de gros menhirs sculptés sortaient de terre et formaient un arc de cercle, l'air était saturé de vieille magie.
Soudain, Khorine sentit des vibrations dans l'air; elle se tourna vers les nouveaux arrivants, et Ginny et Terry l'imitèrent. Deux loups-garous apparurent entre les pierres, puis Arnest Synn, leur alpha. Ses yeux dorés scintillèrent à un rayon de soleil, il avait une carrure puissante, une mâchoire carrée et barbue, quelques cicatrices. D'autres sorciers se déployèrent, de l'autre côté des pierres.
Leurs auras étaient particulières, ils avaient tous une dualité dans leur lumière. Elle repéra l'un des gardes qui avait une aura violette, entourée d'argent et d'ombre. Leur chef l'avait ocre, entrelacée à des volutes argentés et noirs.
Ils se toisèrent un moment.
L'alpha au sein d'une meute devait être le premier à parler et ne pouvait être contredit. Mais Khorine était, en quelque sorte, l'alpha des sorciers, ou s'en rapprochait. Ils s'observaient donc, se jaugeant attentivement. Arnest Synn finit par s'avancer, d'un pas.
-Miss Lumare.
Sa voix était neutre, grondante par nature.
-M. Synn.
Il hocha la tête, et attendit.
-Je suis ici en tant que représentante du Ministère, et présidente du Mangemagot et du Département de la Justice Magique; commença Khorine les yeux fixés sur Synn. Ce que nous faisons, ce rendez-vous entre représentants des loups-garous et des autres sorciers, est sans précédent, et doit marquer une nouvelle ère. Dans la guerre qui a opposé l'Ordre du Phénix aux fidèles de Voldemort, la majorité des loups-garous a choisi la neutralité. Et si vous n'avez pas lutté contre notre ennemi, vous ne l'avez pas aidé à asservir les nôtres. La population sorcière vous en est reconnaissante.
-Beaucoup de mots, pour pas grand-chose; grogna Synn.
Contre toute attente, Khorine sourit à cela.
-Soyons plus brefs alors; répondit-elle. Que voulez-vous?
L'alpha la jaugea du regard. Il y eut un silence.
-Une place au Magenmagot pour l'un des nôtres.
-… Pourquoi ne vous êtes-vous pas présentés au concours d'entrée il y a deux ans? Il était ouvert à tous.
-Vous refusez? Gronda l'alpha, menaçant.
-Je ne vois pas ce qui vous a empêché de l'obtenir il y a deux ans. Le système a été choisi pour être impartial, vous auriez pu obtenir une chaire. Je n'ouvrirai pas de poste sous prétexte que vous êtes loup-garou.
-Vous l'avez bien fait pour les Sangs-Purs; cracha Synn.
Khorine se tut à cela. Il avait raison.
-Le système… a changé; finit-elle par répondre. Je l'ai changé.
Elle réfléchit, puis proposa:
-Deux chaires vont bientôt être libérées, et un concours sera ouvert. Vous pourrez y envoyer vos candidats.
-Vous ne donnez pas grand-chose de concret, Miss Lumare; gronda l'alpha.
-Je ne…
Ce fut subtil, une sorte de vibration dans l'air, sombre, une menace. Arnest Synn et Khorine tournèrent aussitôt la tête. La sorcière avait déjà sa baguette au poing.
-Qu'est-ce qu'il se passe? Demanda Ginny en sortant la sienne.
-On nous attaque; murmura Khorine.
Ginny fit aussitôt signe à ses aurors. Le regard de Khorine revint à Synn, qui la fixait déjà. Était-il responsable de l'attaque? Ses yeux dorés brûlaient, féroces; mais elle ne se sentait pas menacée. Les premiers cris retentirent au loin, des éclairs de sortilège.
-Les aurors se chargeront d'eux; murmura Khorine. Partez. Nous vous couvrirons.
Ils pourraient transplaner dès qu'ils seraient sortis du cromlech.
-On attaque les miens. Je ne fuirai pas; lâcha Synn.
Quelque chose passa entre eux. Khorine hocha imperceptiblement la tête. Et ils se mirent dos à dos, leurs aurors et loups-garous autour d'eux.
Ginny fixait avec angoisse son gallion de contact. Plus d'une trentaine d'attaquants… Ils n'étaient pas assez; même avec les loups-garous. Il fallait mettre Khorine et Synn en sûreté et disparaître… Mais dans ce cas, ils ne pourraient jamais découvrir le commanditaire de ces attaques, et Khorine serait encore en danger. Ginny crispa les doigts sur sa baguette. Pas de son vivant! Elle envoya un signe par Gallion, pour que la première ligne de ses aurors et des membres de l'Ordre laisse passer les mages noirs. Ils les prendraient en tenaille. Terry tira Ginny sur le côté pour la sauver d'un maléfice. Elle hocha la tête, puis rangea son gallion et se jeta dans la bataille.
-Protego; lança Khorine de sa bague.
Et un sortilège de mort s'écrasa contre le bouclier. Les étincelles vertes, les vibrations dans l'air, crépitements, cette menace, cette souffrance… Khorine cilla, plusieurs fois, sa respiration s'accélérait et une vague de rage brûlante la submergeait.
-Sectumsempra; cracha-t-elle à la première ombre.
Un hurlement lui répondit. Elle haletait à présent. Il fallait qu'elle protège les loups-garous, Ginny, les aurors, il y avait des membres de l'Ordre dans cette forêt! Quatre mages noirs apparurent à la lisière de la clairière. Ginny attaqua aussitôt à sa gauche, d'une succession de Chauve-Furie. Khorine la suivit, Protego, Expelliarmus, Diffindo, Repulso, les sortilèges fusaient, explosaient. L'un des assassins s'écrasa contre un arbre dans un craquement sec, il retomba au sol sans vie.
-Protego! Lança Ginny, et le sortilège de mort explosa à quelques centimètres de sa tête.
-Inflammare; cracha aussitôt Khorine.
Une gigantesque vague de flammes fusa vers les assassins et les brûla vifs. Leurs hurlements déchirèrent les oreilles de Khorine. Mais, déjà, d'autres ombres apparaissaient au sommet de la colline. L'un d'entre eux s'avança, couvert par les autres. Il avait le crâne chauve, les yeux fous et un rictus dérangé.
-Ah! La Lumare; ricana-t-il en jetant des sortilèges de mort du bout de sa baguette.
Ils s'écrasaient en jets verts sur leurs boucliers.
-L'enculeuse d'elfes de maison; ricana-t-il, la baiseuse de loups-garous, la traîtresse à son propre sang. Cela fait longtemps que je rêve de t'écorcher vive.
Khorine ne répondit pas, une haine incontrôlée sur le visage.
-Couvre-moi; gronda-t-elle d'une voix qui ne lui ressemblait pas.
-Khorine; voulut la retenir Ginny.
Mais la sorcière s'avançait déjà, balançant une succession de sorts à une vitesse prodigieuse. Le sourire de l'assassin s'effaça. Diffindo, Repulso, Glacio, Sectumsempra, Diffindo, Bombacta! La secousse fit chanceler le mage noir.
-Sectumsempra!
Le sortilège le toucha en plein cœur et le projeta en arrière dans une pluie de sang. Les quatre assassins sur le haut de la colline s'arrêtèrent, hésitèrent.
-Khorine, reviens; hurla Ginny.
Un brouillard de sang noyait tout, tout le reste, mais pas cette voix. Khorine recula. Un ricanement lui parvint.
-Enculeuse d'elfes.
Elle recula encore, les sortilèges se mirent à pleuvoir, mais elle parvint jusqu'au cromlech, où Ginny lui agrippa le bras:
-Nous devons les attirer vers nous, pour qu'ils soient pris en tenaille. Reste près de moi.
-Très bien; gronda-t-elle d'une voix qui ne lui ressemblait pas. Protego!
Il y avait des râles, des cris, des explosions tout autour. C'était un enfer. Et les sortilèges tombaient sur eux encore et encore, et il n'y avait plus que deux mages noirs visibles en haut de la colline. Derrière elle, Khorine sentait que Synn était encore en vie, elle ne se retourna pas.
Soudain, l'assassin aux yeux fous se releva, bavant de sang, et Khorine se tint prête, mais il recula, il disparut… Un crissement monstrueux retentit derrière la colline. Ils se figèrent tous. Et un Inferius apparut.
-Oh Merlin; lâcha quelqu'un d'une voix étranglée.
Et, alors que tous avaient le regard fixé sur la créature monstrueuse, un sortilège vert fendit l'air, et se ficha dans la poitrine de Terry Blumen. Ils virent chanceler la lumière de ses yeux, puis s'éteindre, son corps bascula en arrière.
-Terry! Hurla Ginny.
Khorine perdit le contrôle. Une gigantesque vague de feu déflagra de sa baguette, brûlant tout sur son passage. L'Inferius crissa en se décomposant, les autres hurlaient. Khorine s'avança, monta vers eux.
-Diffindo; cracha-t-elle, tranchant leur jugulaire.
Deux derniers mages noirs luttaient, dos à elle, contre les membres de l'Ordre. Ils eurent à peine le temps de se retourner avant qu'elle les projette contre des arbres, si fort qu'ils moururent à l'impact. N'en restait plus qu'un, et sa rage meurtrière se focalisa sur lui. Le mage noir chauve, le seul encore debout, titubant, ricanant, bavant son sang. Il était entouré de Neville et George. En se rendant compte que ses amis étaient là, ses meilleurs amis, si proches du danger, Khorine recula, vacilla.
Un jet vert frôla son oreille droite.
Neville réagit aussitôt et pétrifia le sorcier.
Khorine n'en pouvait plus, ses jambes vacillèrent. Elle avança vers Neville et George, les yeux perdus:
-Vous allez bien? Est-ce que vous allez bien? Vous êtes blessés?
Neville la rattrapa dans ses bras. Elle tremblait de tout son corps.
-Personne n'est blessé par ici Khorine, tout va bien.
Elle sentait la chaleur de Neville et ferma les yeux, pour s'arracher à ses bras l'instant d'après:
-Ginny est encore là-bas!
George et elle coururent aussitôt vers le cromlech, tandis que Neville suivait, en faisant léviter leur prisonnier. Ils apparurent au sommet de la colline et manquèrent de se faire percuter par des tirs alliés avant de dévaler la pente et rejoindre Ginny, Blanche et les loups-garous. Les combats étaient terminés. Du côté des loups-garous, ils avaient un mort, un blessé grave, et n'avaient pas laissé de survivant dans les rangs ennemis. Les corps du loup et de Terry reposaient côte à côte au centre du cromlech. Ginny donnait déjà des ordres à Blanche pour apporter le blessé jusqu'à Ste Mangouste. Les aurors qui étaient restés en dehors du cromlech la rejoignirent et une équipe s'occupa de Terry et du loup-garou mort au combat, les autres commencèrent à regrouper les cadavres des mages noirs. Arnest Synn et ses hommes s'étaient regroupés, ils étaient une dizaine.
Khorine tremblait encore et ses jambes chancelaient. Elle avança vers Arnest.
-Merci; murmura-t-elle faiblement.
Le loup-garou la fixa de ses yeux dorés, puis fit un pas, et ses deux grandes mains calleuses entourèrent celles de Khorine.
-Vous vous êtes bien battue.
Des émotions contradictoires flashèrent dans les yeux océan de la sorcière. Elle sentait la panique et la haine et la douleur hurler en elle. Mais elle inspira. Elle se redressa. Ses barrières mentales se mirent en place, et son visage ne montra plus rien.
-Je n'oublierai pas ce que vous avez fait aujourd'hui; assura-t-elle.
Les grandes mains étaient chaudes autour des siennes. Ils échangèrent un dernier regard, puis Arnest la lâcha, il fit un signe à ses loups, et ils quittèrent le cromlech. Luna arriva en trottinant par l'autre côté, accompagnée de deux membres de l'Ordre qu'elle connaissait de vue, Elina Parrow et Chris Seawater. Ils rejoignirent Ginny, Blanche, deux autres aurors, et Neville et George qui entouraient leur seul prisonnier.
-Il est fou; lâcha quelqu'un.
-Jamais Oswald ne pourra entrer dans sa tête…
-Billy, Conrad; appela Ginny, escortez le prisonnier jusqu'à Ste Mangouste et ne le laissez pas mourir.
-Oui chef; lui fut-il répondu.
Elle hocha la tête puis ordonna:
-Les autres, finissez de rassembler les corps et nous nous retrouvons au QG.
Ils se retrouvèrent alors seuls, entre membres de l'Ordre. Et Khorine sentait ses barrières mentales vibrer et chanceler. Ils avaient tous risqué leur vie pour être là, pour la sauver elle. Cette bataille aurait pu être leur dernière. Elle voyait devant ses yeux écarquillés des débris de colonne apparaître et disparaître, des flaques de sang, des morceaux de…
-Biéraubeurre? Proposa George.
La proposition fut accueillie par des exclamations joyeuses et le petit groupe se mit en route. Luna s'approcha de Khorine et lui prit la main. Elle la guida derrière les autres et fit passer un bracelet multicolore de son poignet à celui de la sorcière.
-Il est tressé dans des filaments de mimbletonia et des racines de radis. Ça permet de repousser les joncheruines.
Khorine cligna des yeux, et fixa son regard au bracelet.
-Merci Luna; murmura-t-elle.
Son amie lui sourit gentiment et garda sa main dans la sienne tout en continuant à marcher. Tous les membres de l'Ordre qui s'étaient battus se retrouvèrent au Chaudron baveur pour quelques verres. Puis George, Neville, Luna et Khorine allèrent au Terrier, où Molly et Harold les attendaient. Arthur et Ginny rentrèrent du Ministère peu après, et tous passèrent la soirée au Terrier. Molly s'était surpassée en cuisine, Neville avait un chou mordeur de Chine miniaturisé dans sa poche et George racontait à Ginny et Luna comment il avait mordu les fesses de deux mages noirs en embuscade et Arthur racontait à Molly, Neville et Khorine les derniers rebondissements au Bureau de détection et de confiscation des faux sortilèges et objets de protection. Le petit Harold était sur les genoux de son papa et suivait les conversations avec des yeux écarquillés.
Après dîner, tout le monde se retrouva sur les canapés et fauteuils du salon. Khorine était allongée sur l'un des canapés, la tête sur les genoux de Luna, Harold sur elle. Il suçait son pouce et ses yeux se fermaient tout seuls. Le feu crépitait dans la cheminée. Des infusions chaudes attendaient sur la table basse et les conversations étaient un doux murmure aux oreilles de la sorcière.
Elle allait mieux.
Pourtant, elle avait tué. Un auror proche de Ginny était mort. Ses amis s'étaient mis en danger pour la protéger. Elle avait perdu le contrôle et brûler vif leurs ennemis, elle était montée jusqu'à eux pour leur sectionner la jugulaire et ne les avait même pas vu s'effondrer avant de continuer.
Mais elle était au Terrier, avec sa famille, et ils étaient en sécurité ici. Il faisait bon sur les genoux de Luna.
