Epilogue

Le lendemain matin, Dumbledore apparut dans la cheminée avec une gerbe de flammes vertes. Nous nous réveillâmes en sursaut. Rogue resserra sa prise sur moi et moi sur sa cape tout en essayant malgré le voile devant mes yeux de distinguer quelque chose. Je sentais l'aura du puissant mage, la trace de son phénix même s'il n'était toujours pas présent. Mais j'étais incapable de voir plus que des formes floues. Je revins frotter ma tête contre l'épaule de mon professeur, et fermer les yeux.

-Bonjour mes enfants, quelle belle matinée! Annonça Dumbledore en marchant dans le salon. Pas le moindre nuage, et le soleil ne va pas tarder à se lever.

Je ne bougeai pas ni Rogue sous moi.

-Je vois qu'il reste de votre gâteau au chocolat; lança-t-il encore. Autant ne pas le perdre, et surtout ne pas commencer un si long voyage l'estomac vide. Je nous en coupe une part chacun!

Mes poings se levèrent jusqu'à mes yeux, et frottèrent, longtemps. Puis je les levai vers Dumbledore, il y avait un sourire dans sa barbe argentée alors qu'il découpait le reste de gâteau en trois parts. Les mains de Rogue étaient crispées autour de ma taille, je finis par tourner la tête vers lui. Il était blême, mais impassible. Je crois que ses doigts étaient glacés mais je ne pouvais pas en être sûre.

-Allons venez! Je vais chercher le lait!

Il fallait se lever... Je le fis et Rogue me lâcha, ce fut difficile. Dumbledore nous servit à tous un verre de lait et l'éleva vers nous, je l'imitai, Rogue croisa les bras et refusa de toucher à quoi que ce soit.

-Voyons mon garçon, vous avez tort; dit Dumbledore la bouche pleine de chocolat et plein de miettes tombant dans sa barbe. Il est délicieux, je crois même que je pourrais manger votre part si vous n'en voulez pas.

Le mangemort grogna, avant de prendre le dernier morceau qui restait. Cela fit sourire notre directeur, d'une manière un peu mystérieuse, avant qu'il ne murmure un sort en faisant voler ses doigts au-dessus de sa barbe. Les miettes disparurent. Ensuite il recroqua dans son gâteau et d'autres en tombèrent. Il recommença ses mouvements de la main, traçant dans l'air des arabesques invisibles et fascinantes. Personne ne parlait plus. Et puis nous finîmes le petit déjeuner.

Après je dus entrer dans la cheminée, tremblante, suivie par Rogue. Il me serrait la main et la sienne était bien glacée.

-Attendez! M'exclamai-je soudain en lâchant Rogue.

Je fusai aussitôt à l'étage et en revins avec le mouchoir de Dumbledore, celui de toutes les couleurs avec les vifs d'or qui volaient. Rogue renifla de dégoût en le voyant.

Dumbledore m'observa avec quelque chose comme de la tendresse, puis il fit apparaître une cassette entre ses doigts, toute en bois sombre et clair, sculptée de chemins et de cheminées distordues... Il l'ouvrit.

-Au revoir mes enfants; murmura-t-il de sa voix de vieil homme.

Une douce souffrance se propagea en moi, du coeur elle s'étendit dans chaque parcelle de mon être. J'enfonçai son mouchoir dans ma poche de toutes mes forces et agrippai les doigts de Rogue. C'était... c'était comme si je le perdais, encore une fois.

-Au... revoir; couinai-je les larmes aux yeux.

Rogue restait droit, froid comme une statue de glace, ne sifflant qu'à la toute fin:

-Adieu.

Je jetai la pleine poignée de poudre. Et soudain le brasier de flammes vertes gronda, gronda, autour de nous. Dumbledore avec tout le salon se brouillèrent devant mes yeux, il n'y eut plus que cette couleur d'épinard, le crépitement de la magie, puis plus rien. Nous avions disparu.