Le lendemain matin, je me prépare tranquillement. Je suis encore en congé, mais je me rends tout de même à la librairie. Hermione est déjà là, époussetant les étagères. J'en profite pour ranger un peu le bureau derrière le comptoir en attendant que Malefoy arrive avec William, une légère impatience me gagnant à l'idée de revoir le petit.

— « May ! », s'écrie Will en courant vers moi, ses petites jambes rapides comme l'éclair.

Je m'accroupis pour l'accueillir dans mes bras, mon cœur se réchauffant instantanément.

— « Tu vas bien, mon grand ? »

— « Oui ! Je suis content de te voir ! »

— « Moi aussi, petit chat. »

Je souris, touchée par son enthousiasme. Il me demande la permission d'aller regarder les livres pour sa sieste. Je lui fais signe que oui, et il file dans les rayons. Je me retrouve face à Malefoy, qui commence à énumérer les consignes, comme d'habitude. Je n'écoute que d'une oreille – je connais les règles par cœur. Heureusement, le tintement de la cloche retentit. Sauvé par le gong ! Ron entre dans la boutique avec un grand sourire.

— « Salut May ! », me dit-il chaleureusement, son regard cherchant Hermione avant de se poser sur Malefoy, qu'il avait royalement ignoré jusque-là.

— « Malefoy. »

— « Weasley. »

Le ton devient subitement plus tendu. Ils se fixent, leurs mâchoires crispées. Ah, si vous saviez à quel point j'ai envie de rire ! Ils ne se lâchent pas du regard, comme si un duel silencieux se déroulait entre eux. « Si tu clignes, tu perds », pensé-je avec un sourire discret, me remémorant des disputes d'enfant avec ma sœur. Les pauvres garçons… ils ne changeront jamais. Je secoue la tête, brièvement.

— « Vous êtes dans une librairie, pas une arène romaine. Si vous voulez faire un combat de coqs, sortez dehors ! », lancé-je en plaisantant.

— « Oui, May ! », répondent-ils en chœur, légèrement embarrassés.

Malefoy finit par s'en aller, me saluant brièvement avant de partir, toujours aussi rigide. Je me retrouve seule avec Ron, qui continue à chercher Hermione du regard. J'appelle ma sœur, qui soupire bruyamment depuis l'autre bout de la boutique. Elle déteste être interrompue dans ses tâches. Je prends cela comme une bonne excuse pour m'éclipser dans les rayons à la recherche de William. Je le trouve planté devant les livres pour enfants, les yeux brillants d'excitation. Ensemble, nous choisissons une histoire de chevalier.

La matinée passe tranquillement. William somnole contre moi devant des dessins animés. Je profite de ce moment de calme pour lancer une formule de nettoyage afin de ranger un peu l'appartement. Ce midi, nous devons déjeuner avec Ginny, alors je me rends au restaurant avec William. Quand elle arrive, elle semble surprise de voir que William est avec moi.

Je laisse William lui raconter tout, depuis l'histoire avec Mrs Garetts et la journée qu'il a passée avec moi jusqu'à la confrontation de ce matin entre Ron avec son père.

— « Jinny ? Tu connais l'autre monsieur avec les cheveux orange ? », demande William innocemment.

— « J'en connais plein, des messieurs aux cheveux orange, chéri », répond-elle en souriant.

— « Il a vu George », précise William, fier de sa rencontre.

— « Ah ! C'est mon grand frère, et c'est aussi le grand frère de Ron », explique-t-elle, tout en souriant.

— « Moi j'ai pas de grand frère », déclare-t-il simplement.

L'après-midi se déroule agréablement, malgré un temps plutôt doux. C'est parfait pour se promener. William déborde d'énergie et court partout. Le reste de la journée passe si vite que, sans m'en rendre compte, nous rentrons en retard à la librairie. Malefoy est déjà là, posté derrière le comptoir, les bras croisés, visiblement agacé.

Il n'a même pas le temps de prononcer un mot que William se précipite vers lui pour lui raconter toute sa journée dans les moindres détails, coupant court à toute tentative de réprimande. Malefoy, bien que visiblement agacé au départ, se détend peu à peu en écoutant son fils, un léger sourire adoucissant ses traits. Ce moment de complicité entre eux me surprend, et je réalise que derrière son masque de froideur, Malefoy est avant tout un père qui tient à son fils.

Peu à peu, ces instants ont commencé à changer la dynamique entre nous. Les semaines ont passé, et nos relations se sont apaisées. La plupart du temps, nous ne nous parlons pas plus que nécessaire, mais nous pouvons avoir une discussion parfaitement normale. Sans embrouilles ! J'ai fini par m'habituer à sa présence, et même si nos échanges restent brefs, il n'y a plus cette tension palpable entre nous. On aurait presque dit qu'une certaine routine s'était installée.

Mais parfois, la routine est brusquement interrompue.

Ce matin, je me réveille en sursaut. Rex me pince. Je tente de me rendormir, mais en vain. Il hulule, et pas qu'un peu, comme s'il essayait de me dire quelque chose. En regardant mon réveil, je constate qu'il est six heures...

— « Aïe, Rex ! Qu'est-ce que t'as ? », grogné-je en le repoussant légèrement.

Rien y fait, cet oiseau de malheur me pince encore une fois, et me tend une patte où est attaché un morceau de parchemin.

« URGENT !

Viens m'ouvrir la librairie ! Je suis devant la porte.
~ Drago Malefoy »

Encore en pyjama, je me précipite dans la librairie. Effectivement, Drago est là, debout devant la porte, William endormi dans ses bras. Je le laisse entrer et referme aussitôt à clef derrière lui avant de l'inviter à me suivre chez moi.

— « Mets-le dans la chambre d'amis, là-bas », dis-je en désignant la pièce d'un geste rapide.

Il s'y rend sans un mot et couche doucement William. Profitant de ce moment, je file me doucher pour me réveiller. Lorsque je sors de la salle de bain, emmitouflée dans mon peignoir, je ne vois personne dans le salon. Je me dépêche de rejoindre ma chambre afin de m'habiller. Une fois prête, je me rends dans la cuisine pour préparer mon petit-déjeuner. C'est alors que Malefoy entre, l'air fatigué mais toujours aussi digne.

— « Qu'est-ce que tu fais là à cette heure ? », demandé-je, surprise.

Il se passe une main sur le visage, lasse, et soupire avant de répondre :

— « Des fanatiques, se revendiquant Mangemorts, sont venus fouiller la maison. »

Mon cœur rate un battement.

— « Tes parents vont bien ? »

— « C'est gentil de t'inquiéter pour eux », répond-il avec une pointe d'ironie. « Ils sont en sécurité. »

J'acquiesce, soulagée, et croque dans ma tartine grillée. Je sens son regard fixé sur mon dos, ce qui me met légèrement mal à l'aise. Pour détendre l'atmosphère, je lui propose un petit-déjeuner. Contre toute attente, il accepte.

Nous mangeons en silence, chacun absorbé dans ses pensées. Après ce repas taciturne, je m'en vais au salon et m'installe dans le canapé. Malefoy me suit et s'assoit dans un vieux fauteuil, scrutant mon salon avec curiosité. J'allume la télé, ce qui le fait sursauter légèrement. Je réprime un sourire.

— « C'est une télévision. Elle diffuse des programmes, des films... Bref, un truc moldu… », expliqué-je, hésitant à me lancer dans un long monologue sur son fonctionnement.

— « Je sais, on en a une au manoir », déclare-t-il d'une voix neutre.

Je le regarde, surprise et me redresse sur mon siège.

—« Tu déconnes ? Vous avez une télé chez vous ? »

— « Oui », dit-il en haussant les épaules, « mais, ça me fait toujours cet effet quand ça s'allume ! »

Je cligne des yeux, déconcertée. Je n'aurais jamais imaginé les Malefoy s'intéresser à quoi que ce soit de moldu ! C'est surprenant. Je secoue la tête et reporte mon attention sur la télé, un léger sourire aux lèvres.