Je passe encore une journée bien longue, mais égayée par la présence de mon petit William, et par la visite inattendue de mon très cher George Weasley.

Les jumeaux, Fred et George, ont toujours été mes grands amours. Pourtant, contrairement à Hermione, je ne passais pas mes vacances chez les Weasley. À leurs yeux, j'étais juste « la petite sœur d'Hermione ». Alors, imaginez-moi, à onze ans, avec un béguin fou pour ces deux idiots ! Mon cœur se pince douloureusement à la pensée de Fred…

Ce n'est que lors de ma sixième année que nous avons vraiment appris à nous connaître, quand j'avais dû me cacher chez la tante Muriel avec eux. Hermione avait dû modifier la mémoire de nos parents avec un sort de Faux Souvenirs et n'ayant pas de famille pour me cacher, les Weasley m'ont accueilli à bras ouverts. Depuis, j'ai été adoptée par cette grande famille, et ces moments difficiles ont forgé un lien indéfectible entre nous.

Mais revenons au présent ! Après ma longue journée à la libraire, je dîne ce soir chez George en compagnie de toute la bande : Harry, Ginny, Ron, Hermione, Luna, Neville, et bien sûr Angelina Johnson, meilleure amie de feu Fred et aujourd'hui petite amie de George. J'arrive la première, et comme souvent, Angelina n'est pas encore rentrée du travail, alors je fais à manger.

— « George, tu exagères ! Tu n'es même pas capable de faire des pâtes ? », le taquiné-je en jetant un coup d'œil à la cuisine.

— « Si, mais façon sorcier. Toi, tu es plus douée que moi pour la cuisine moldue ! Et puis, tu es une fille ! Et les filles, c'est naturellement plus doué pour la cuisine ! », réplique George avec un sourire provocateur.

Je hausse les sourcils, feignant l'étonnement.

— « Oh, je suis une fille ? Moi ? Il fallait me le dire plus tôt ! », ironisé-je, une main sur la hanche. « Dire que je pensais que mes talents de cuisine étaient un don de Merlin, mais non, je suis simplement une fille ! »

— « Et tu te fiches de moi en plus ! », grogne-t-il en tirant la langue comme un gamin.

— « C'est toi qui te fiches de moi et c'est moi la fautive ? Merci ! », répliqué-je en lui lançant une pâte crue qu'il attrape au vol et glisse dans sa bouche pour la croquer.

Je lève les yeux au ciel, tandis que la pâte crue craque sous ses dents. Finalement, notre joute amicale se termine lorsque quelqu'un toque à la porte. George ouvre, et tout le monde est là.

— « Harry Potter ! », m'écrié-je en prenant un voix chevrotante, avant d'éclater de rire.

— « Oh, tais-toi ! », riposte Harry, son visage s'illuminant d'un sourire.

— « Allez, il était adorable, le papy ! »

— « C'est quoi cette histoire ? », demande Ron, intrigué.

Nous leur racontons cette anecdote improbable où un vieil admirateur d'Harry l'avait reconnu à la librairie, frôlant le malaise. Enfin, toujours est-il qu'il n'y a rien de mieux qu'une légende vivante pour animer une librairie ! Angelina finit par nous rejoindre quelques minutes plus tard, et nous pouvons passer à table. Le repas se déroule bien, chacun partageant un bout de sa routine. En ce qui me concerne, la grande nouvelle, c'est que je garde le fils de Drago Malefoy, et bien sûr, cela capte toute l'attention. Je souris face à leurs regards perplexes.

— « Si, si, je vous assure ! Il est vraiment gentil », insisté-je, mais personne n'a l'air convaincu.

— « Je crois qu'elle fait une… euh… comment on appelle ça, les gars ? », hésite Angelina.

— « Une overdose de pâtes crues. Elle en a mangé deux avant que vous n'arriviez, », plaisante George en me faisant un clin d'œil.

— « Oui, c'est ça, une overdose. Et si ça peut vous faire plaisir, je suis même dealeuse de pâtes », répondis-je en haussant les épaules.

Ils me tueront un jour avec leur bétises, c'est sûr ! Je croise le regard complice d'Hermione et nous éclatons de rire.

— « Qu'est-ce qu'il t'arrive, Ron ? Tu songes à te lancer dans le deal de pâtes, toi aussi ? », demande innocemment Luna, sa voix douce et rêveuse.

— « Non, je repensais à un truc qu'Hermione m'a dit, mais ce n'est pas important… », marmonne Ron, l'air pensif.

Un peu plus tard dans la soirée, je sens que quelque chose tracasse Ron. Il finit par me confier, à demi-mot, son inquiétude face à la disparition de la mère de William. Le fait qu'il s'inquiète pour le fils de Drago Malefoy me touche profondément. Il s'y est attaché, à mon petit chat, malgré tout ! Toutefois, il n'a pas tout à fait tort : même si elle la mère de William est déclarée morte, il est possible qu'elle réapparaisse un jour, prête à réclamer son fils…

En fin de soirée, après avoir demandé pour la énième fois George en mariage – et avoir essuyé un énième refus – je me prépare à rentrer chez moi. C'est un petit jeu idiot que nous faisons tout le temps depuis qu'il sait que j'avais un béguin d'ado pour lui et son frère.

— « Angie, ton mec n'est vraiment PAS SYMPA DU TOUT ! », protesté-je avec exagération, feignant une bouderie.

Angelina éclate de rire, levant les yeux au ciel. L'ambiance légère et rieuse de la soirée me suit alors que je prends congé du couple, un sourire aux lèvres. Malgré les taquineries de George et les échanges animés, je rentre chez moi le cœur léger, prête à profiter d'une bonne nuit de sommeil.

Le lendemain, je me lève de bonne humeur, encore plongée dans l'euphorie de la soirée de la veille. Pour couronner le tout, un grand soleil illumine le ciel ! La boutique va être un vrai four aujourd'hui, mais ça ne me dérange pas. Rien ne semble pouvoir entacher cette belle journée alors je choisis un short en jean et un t-shirt col rond, prête à affronter la chaleur.

Malheureusement, Wendy ne peut pas venir travailler aujourd'hui : l'un de ses fils est malade. La journée risque donc d'être plus longue que prévu. Et comme par hasard, je ne peux même pas demander à Hermione de me donner un coup de main, elle est au Ministère de la Magie… Peu à peu, ma sœur me laisse gérer seule la boutique, se concentrant sur son travail au Ministère, et notamment son projet de loi pour la libération des Elfes de Maison auprès du Département de Régulation des Créatures Magiques.

Pour mettre un peu de peps dans cette journée malgré tout prometteuse, je décide de sortir mon vieux poste radio. Après quelques minutes de fouilles, je trouve un disque au hasard et mets la musique à fond. Il est encore tôt, personne à l'horizon… alors j'en profite pour me déhancher comme si personne ne regardait. Je danse comme une idiote, et je m'en fiche complètement !

Je m'arrête instantanément pour faire face à mon interlocuteur.

— « Hum hum... »

Je m'arrête net, mortifiée, sans doute rouge comme une écrevisse. Je me retourne pour voir Drago Malefoy, debout, presque hilare.

— « Ah... C'est gênant », dis-je en tentant de garder contenance.

— « Un peu », admet-il avec un sourire narquois.

Mes joues chauffent d'autant plus. Je me redresse aussitôt et, changeant de sujet aussi vite que possible, je lui demande où est William. Ce petit monstre ne m'a même pas dit bonjour !

Mrs. Figgs entre alors dans la librairie, me saluant gentiment avant de me raconter les derniers potins. Elle repart avec un magazine sous le bras. Ensuite, mes papys et mamies habituels défilent, chacun racontant les mêmes histoires. Ils m'achètent tous un petit quelque chose, bien souvent un exemplaire du Chicaneur. Pendant ce temps, Malefoy reste planté là, comme s'il avait subi le maléfice du saucisson.

— « Tu n'aurais pas un travail, par hasard ? », me moqué-je, un sourire taquin aux lèvres.

— « Euh… Si », répond-il sérieusement, mais sans trop me comprendre.

Puis, soudain, il percute. Ses yeux s'agrandissent, et dans sa précipitation, il m'embrasse légèrement sur la joue avant de filer en quatrième fois, c'est à mon tour de rester figée, incapable de bouger. Un rire, puis deux, me sortent de ma torpeur. Je me retourne vivement pour voir William accompagné de Ginny.

— « Ça fait longtemps que tu es là ? », grogné-je à ma meilleure amie.

— « Juste assez pour voir Drago Malefoy te faire un bisou sur la joue ! », répond-elle en riant.

Je rougis de plus belle mais, une fois de plus, je change de sujet.

— « Harry veut offrir des bandes dessinées pour l'anniversaire de Teddy », explique-t-elle.

— « C'est encore un bébé, il est au courant ? », plaisanté-je.

— « Il le prépare pour l'adolescence », dit-elle en levant les yeux au ciel, mimant des guillemets.

Nous nous plongeons dans la recherche de BD, choisissant des histoires simples que Teddy pourra dévorer lorsqu'il saura lire. Avant de le préparer à l'adolescence, autant le préparer à l'enfance !

Pour cet achat, je confie la transaction à William, qui s'en sort comme un chef. Je lui ai appris à compter les pièces au fil des jours à la librairie. Ginny récupère sa monnaie et lui laisse un petit pourboire. La matinée se déroule dans le calme. Exceptionnellement, je ferme la boutique un peu plus longtemps à midi pour lire une histoire à William avant sa sieste.

Dans l'après-midi, Luna passe à la boutique. Fidèle à elle-même, elle rayonne de cette énergie singulière qui la caractérise. Nous échangeons sur nos journées respectives, mais rapidement, la conversation revient à plusieurs reprises sur William. Luna semble impatiente de le voir.

— « Et sinon, ta formation, ça se passe bien ? », lui demandé-je.

Luna souhaite faire de sa passion son métier. Elle étudie la nature et plus précisément les créatures magiques.

— « Formidable ! », s'exclame-t-elle avec son sourire habituel. « Rolf Dragonneau s'intéresse de plus en plus aux Ronflaks Cornus, on fait même des recherches ensemble sur notre temps libre ! »

— « À mon avis, c'est à toi qu'il s'intéresse ! », pouffé-je.

Luna hausse les épaules avant de se mettre à chantonner joyeusement..

Je lui demande de surveiller la libraire pendant je vais réveiller William de sa sieste. Afin de ne pas la laisser seule trop longtemps, je lui donne son goûter dans l'arrière-boutique. William, enchanté de rencontrer une nouvelle personne, ne cesse de bavarder, tandis que Luna lui raconte avec enthousiasme des histoires fascinantes sur les créatures magiques. Le petit est suspendu à ses lèvres, captivé par ses récits.

L'après-midi s'écoule sans encombre, et la présence de Luna s'avère aussi agréable que revigorante. William est déjà impatient de la revoir. Mais la journée touche à sa fin, et je n'ai plus qu'à attendre que Malefoy vienne chercher son fils. Comme toujours, il arrive pile à l'heure.

— « Will, ton père est là », appelé-je, le nez plongé dans ma paperasse sans même lever les yeux.

— « Alors, euh… quoi de neuf ? », demande-t-il sur un ton faussement neutre.

Je finis par lever la tête et nos regards se croisent. Je ferme les yeux, il manquerait plus que je rougisse!

— « Luna est venue, William l'adore. Ils ont passé l'après-midi à discuter des Niffleurs, Sombrals et autres créatures magiques. »

— « Ah ? Très bien. »

À ce moment-là, William surgit et bondit dans les bras de son père. Malefoy le rattrape avec un sourire.

— « Au fait, j'ai fini Roméo et Juliette ! », annonce-t-il fièrement.

— « Ah ? Et alors ? »

— « Alors ?! », s'écrie-t-il. « Mais enfin ! Tu es malade de me faire lire un livre où les héros meurent à la fin ! »

— « C'est romantique… Ils se tuent par amour pour l'autre. »

— « Mais ils meurent ! D'abord Roméo, puis Juliette ! »

— « Eh bien, je ne te savais pas si émotif », réponds-je en riant.

— « Arrête, ce n'est pas drôle ! »

— « Oh, tu as presque la larme à l'œil ! », le taquiné-je. « Allez, ne te mets pas dans tous tes états pour un simple livre ! »

Il hausse les épaules, visiblement vexé.

— « À demain. », lance-t-il sèchement.

Je l'ai vraiment vexé cette fois. Pauvre petite chose ! Malefoy esquisse un geste pour s'en aller, mais William me tend les bras, m'arrachant à mes pensées. Je le prends dans mes bras, il me fait un bisou sur la joue, puis je le repose à terre. Puis, le père et le fils s'en vont rapidement.