— « C'est officiel, j'ai un poste à plein temps au Ministère de la Magie ! », nous annonce Hermione fièrement.
L'assemblée l'applaudit chaleureusement, et moi encore plus ; je suis véritablement très fière d'elle. Elle pourra enfin défendre la cause des elfes de maison et les libérer de l'esclavage. Cependant, il nous faudra trouver quelqu'un d'autre pour la remplacer à la librairie… Je ne dis rien et relègue cette pensée dans un coin de ma tête ; nous nous en occuperons plus tard.
Pour célébrer l'occasion, une petite fête a été organisée au Square Grimmaurd. Quelques-uns de nos collègues respectifs ont été invités.
— « Champagne pour tout le monde ! », s'exclame Ron, tout excité.
Il adore le champagne ; je crois que c'est son alcool Moldu préféré. La boisson se verse dans nos verres, et nous trinquons à Hermione.
Ne connaissant personne d'autre que mes amis et voyant chacun échanger poliment avec leurs collègues, je décide de passer ma soirée avec Wendy et son mari. Mais ça, c'était sans compter sur Ginny, qui souhaite absolument me faire rencontrer un « charmant collègue » d'Harry.
— « C'est lui, là-bas. »
— « Le blond ? On dirait une mauvaise copie de Drago Malefoy », pouffé-je.
— « T'as tout compris. »
Je la regarde, interloquée.
— « Tu crois que Dra… », commencé-je, mais je me tais un instant en passant près de Ron. « Tu crois qu'il me plaît ? »
— « Je ne le crois pas, j'en suis sûre. Allez, sois gentille avec Alec ! »
Elle me pousse légèrement vers l'homme en question, fait les présentations et trouve mystérieusement quelque chose d'important à faire.
Et je me retrouve seule avec la mauvaise copie.
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Les derniers convives s'en vont, laissant derrière eux des éclats de rire et des verres à moitié pleins.. Nous nous retrouvons tous ensemble entre amis. Je sens le regard perçant de Ginny dans mon dos. L'heure du compte-rendu a sonné…
— « Alors ? Comment tu le trouves ? »
— « Stupide », lâché-je avec un soupir, ma frustration montante. « Ne me refais plus jamais ça. »
Je décide de quitter la pièce avant même qu'elle ne puisse répliquer. Je m'engouffre dans la cuisine, où l'odeur de la nourriture encore chaude flotte dans l'air. Je m'assois sur le banc devant la table, la tête entre mes mains. Kreattur s'arrête instantanément et me propose poliment une infusion. Je le regarde un instant en silence, et jette un coup d'œil à son médaillon, fièrement posé sur sa petite poitrine… Finalement, il n'est pas si désagréable ; il était juste… malheureux. Je refuse poliment, et l'elfe retourne à ses activités,
Ginny entre à son tour, son expression déterminée trahissant qu'elle n'a pas l'intention de me laisser tranquille.
— « Ne dis rien, Ginny, je sais que tu as fait ça pour moi, pour que je rencontre enfin quelqu'un, et patati et patata, mais tu vois bien que je n'en ai pas envie, non ? »
— « Non, j'ai fait ça parce qu'il n'était qu'une mauvaise copie de Drago Malefoy, qui te plaît vraiment beaucoup. »
Je fronce les sourcils, ne voyant pas où elle veut en venir. Oui, Drago est un bel homme, mais je ne suis définitivement pas amoureuse de lui ; il est trop prétentieux ! Pourtant, je laisse Ginny finir sa réflexion.
— «Ça fait quatre mois que tu le vois tous les jours, tu rougis dès qu'il te regarde et tu ne respires plus dès qu'il s'approche un peu trop près de toi, allô la terre, ici la lune, il te plaît !»
— «Allô la terre, ici la lune? Roh, et puis tu dis n'importe quoi ! Je rentre chez moi…»
Je la laisse plantée là avec son petit sourire victorieux, et vais dire au revoir à tout le monde. J'essaye de ne rien laisser paraître, mais à l'intérieur, je fulmine. Moi, attirée par Drago Malefoy ? C'est absurde ! En marchant vers la sortie, les paroles de Ginny résonnent dans ma tête, perturbant mes pensées.
La nuit passe dans un flou de frustration et d'interrogations, jusqu'à ce que le lendemain arrive enfin.
— « May ! Je suis content de te voir ! »
William se précipite vers moi et me saute dessus, son sourire rayonnant illuminant son visage. Je manque de tomber et me rattrape tant bien que mal au comptoir, le cœur battant. Drago rit – ce qui me fait rougir un peu – avant de me donner quelques instructions supplémentaires :
— « Il est privé de télé et de dessert. »
J'acquiesce sans un mot, me demandant ce qu'il a bien pu faire pour mériter cela. Quand il s'éloigne, je me penche vers William, fronçant les sourcils dans un mélange d'amusement et d'inquiétude.
— « Qu'est-ce que tu as fait ? », l'interrogé-je, curieuse.
— « Je veux pas te l'dire… », bafouiller-t-il un peu penaud, ce qui me fait sourire.
— « Comme tu voudras. »
Je lui fais un bisou sur la tête.
— « Allez, au travail, mon petit monstre ! »
Il sourit de toutes ses dents avant de s'en aller dans les rayons.
William compte, range et réapprovisionne les étagères avec une concentration sérieuse. Même s'il ne sait pas très bien lire, il déchiffre correctement et cela l'entraîne pour l'école. Je suis fière de lui ; depuis son arrivée, il a fait tant de progrès en lecture. Soudain, il revient en courant, tout excité. Une jeune femme blonde, d'à peu près mon âge, entre dans la librairie.
— « Bonjour, madame, vous voulez que je vous aide ? », demande-t-il avec un grand sourire. La jeune femme acquiesce en souriant tendrement, et William l'entraîne dans les rayons à la recherche de l'ouvrage demandé. Je le laisse s'en occuper, amusée par son entrain.
Lorsqu'ils reviennent, il grimpe sur la chaise haute à côté de moi et commence à encaisser les articles. Il fait ça comme un pro, si jeune et déjà un commerçant hors pair ! Je reste vigilante, comptant la monnaie en même temps que lui, mais je vois bien qu'il ne fait aucune erreur. Bientôt, il pourra vraiment travailler pour moi ! Je souris à cette pensée, fière de lui.
— « Votre fils est vraiment adorable », me dit la femme, le regard bienveillant.
— « Oh, euh, ce n'est pas mon fils… Je suis sa nounou. »
— « J'aurais pourtant cru… »
Elle sourit, un éclat de curiosité dans les yeux.
Nous discutons quelques instants de William, qui, trop gêné que l'on parle de lui comme étant un « mignon petit garçon », s'en va en bombant le torse avec une fierté innocente. Une fois qu'il s'est assez éloigné, la femme se penche vers moi.
— « En vérité, je suis une née-moldue. J'aurais pu me débrouiller seule, mais je n'ai pas pu résister à sa petite bouille d'ange ! », me confie-t-elle.
Je souris à cette remarque, touchée.
— « Je reviens d'un long séjour en Amérique du Nord. Je dois dire que j'étais très surprise d'entendre parler d'une librairie moldue sur le Chemin de Traverse ! C'est une excellente idée ! »
Je la remercie vivement et lui souhaite bon retour en Angleterre. Notre conversation dévie sur la littérature, puis elle s'en va lorsque le client suivant entre dans la librairie.
William revient m'aider pour l'encaissement. Son énergie est toujours aussi débordante ! Le client lui laisse un petit pourboire avant de s'en aller. Il reste comme ça tout le reste de la matinée…
— « Dis donc, toi, pourquoi tu n'accueilles pas tous les clients comme la dame ce matin ? », le grondé-je gentiment, un sourire sur les lèvres.
— « C'est parce qu'elle était jolie », dit-il, sincère et le regard pétillant.
Je ris à cette remarque et lui ébouriffe les cheveux. Il est malin mon petit monstre !
