Les jours qui suivirent furent plus calmes. En effet, les vacances scolaires approchaient à grands pas. Après une longue conversation avec Hermione, nous avons décidé de chercher une autre personne pour m'aider à la boutique. Wendy ne pouvant pas travailler tous les jours, je savais que je ne pourrais plus me consacrer à William. Ainsi, nous avons fait paraître des annonces dans le Chicaneur et dans La Gazette des Sorciers, et nous avons accroché des mots dans les boutiques voisines ainsi que sur notre comptoir.

Nous avons reçu quelques demandes, mais rien de concluant. Dans l'idéal, nous cherchions quelqu'un de familier avec la littérature moldue, et généralement, les né-moldus et les sang-mêlés sont les plus qualifiés. Le hic, c'est que les personnes qui ont postulé avaient grandi dans des familles exclusivement sorcières et n'y connaissaient rien…

— « Bonjour, May ! »

La voix familière de Beth me sort de mes pensées.

— « Beth, comment vas-tu ? »

Beth est la jeune femme blonde que William a trouvé très belle. Elle vient régulièrement nous rendre visite. Je lui ai proposé un poste à la librairie, mais elle a refusé sans plus d'explication. Je me doute que c'est parce qu'elle n'aspire pas à devenir simple employée dans une petite boutique… Au contraire, elle semble plutôt du genre à diriger sa propre entreprise.

Nous discutons un moment, et elle s'occupe de William lorsque je suis ailleurs. Wendy et moi avons gardé le même emploi du temps, ce qui fait que je me retrouve souvent seule à gérer le magasin. Si Beth n'avait pas été là aujourd'hui, je ne sais pas comment je me serais débrouillée.

En milieu d'après-midi, Beth s'en va. William aurait aimé la présenter à son père, mais bizarrement, elle s'éclipse toujours avant la fin de la journée. D'ailleurs, Drago m'a passé un sacré savon pour avoir osé confier son fils à une parfaite inconnue… D'accord, ce n'est pas très malin de ma part, mais je ne l'aurais pas fait si je n'avais pas – un minimum – confiance en Beth !

— « Papa ! », s'écrie William depuis l'arrière-boutique.

Je sors de la réserve pour l'accueillir. Il a l'air légèrement énervé. Il ne vaut mieux pas le contrarier…

— « Dommage, tu as raté Beth ! Elle est partie il n'y a pas longtemps », raconte-t-il en haussant les épaules.

Je pose ma main sur mon visage et secoue la tête. Cet enfant me tuera… Enfin, il me fera tuer !

— « May… Est-ce que tu as encore confié mon fils à cette femme ? », demande Drago, son ton se durcissant.

— « Non », mens-je, essayant de paraître naturelle.

— « C'est pas vrai ! May, tu ne la connais pas ! Elle est peut-être folle ! Elle veut peut-être kidnapper William ! »

— « N'exagère pas ! »

Il fronce les sourcils et plante son regard froid dans le mien. J'ai l'impression d'être une gamine qui se fait gronder par son père. Ce serait mentir que dire qu'à cet instant, je n'ai pas peur de lui.

— « Alors dis-moi, de quoi parlez-vous avec cette Beth ? »

C'est un interrogatoire, ou quoi ?

— « De William. Et où est le mal ? »

— « Je n'ai pas confiance en elle. »

— « Mais, tu ne la connais même pas ! »

— « C'est normal, elle part toujours avant que j'arrive ! May, réfléchis ! »

Je soupire et m'éloigne, décidant d'aller chercher les affaires de William restées dans l'arrière-boutique. C'est le moment pour eux de partir.

— « Fais attention, May… », dit Drago avant de s'en aller, son fils dans les bras.

Les jours passent, et Beth ne vient presque plus. Elle doit avoir trouvé un travail. Tant mieux, au moins Malefoy me fiche la paix avec ça. Depuis que les vacances ont commencé, Luna vient m'aider à la librairie. William et elle passent leur temps à discuter de monstres en tout genre, et j'adore les écouter parler. On dirait deux enfants imaginant un jeu d'aventure fantastique.

La plupart des sorciers de Londres étant partis ici et là, Malefoy a moins de travail au Ministère et peut quitter le bureau plus tôt. Nous avons donc deux possibilités : soit il m'aide, soit il récupère son fils et s'en va. Généralement, il m'aide et peaufine sa culture moldue.

— « Votre mari est vraiment charmant ! », me dit une dame en tendant ses achats.
— « Ce… euh, ce n'est pas mon mari… », réponds-je, gênée.
— « Ah, mais ça ne devrait pas tarder… », lance-t-elle en récupérant ses ouvrages avant de s'en aller.

Je lève les yeux au ciel alors que Drago rit un peu plus loin. Il a tout entendu, évidemment.

— « J'en connais un qui serait content ! », lancé-je.
— « En parlant de ça, où est-il ? WILLIAM ?! »

Ce dernier dévale les escaliers et se précipite vers moi, la bouche pleine de chocolat, ce qui me fait sourire.

— « Yaourt au chocolat… Hum, ça, ça vaut au moins trois jours de punition... »

— « Drago… », soufflé-je.

Malefoy soupire et sort un mouchoir pour essuyer la bouche de son fils, lui donnant une petite tape sur les fesses avant de lever la punition. William me remercie avec un grand sourire.

Plus tard, je ferme la boutique. M'attendant à ce que les deux Malefoy s'en aillent, je patiente devant la porte, mais les deux garçons échangent un sourire avant de me regarder, et je sens que quelque chose se trame.

— « C'est toi qui demandes… », chuchote William à son père.
— « Non, on a dit que c'était toi », répond Drago.

Et ça dure comme ça pendant une éternité…. Je soupire et intervient:

— « Qu'est-ce qu'il y a de si important à me demander ? »
— « Ma mère voudrait que tu viennes manger à la maison ce soir. Il y aura mon père. »
— « Oh non », lâché-je, avant de me reprendre. « Ok, très bien. »

Je ferme la boutique et entraîne les deux Malefoy chez moi. Un vent de panique s'insuffle en moi. Dans quel pétrin je suis en train de me fourrer ? Je tente de calmer ma respiration sous les regards amusés des deux Malefoy.

— « Ok très bien, je dois prendre une douche et me changer, sinon je vais me sentir mal toute la soirée… », énuméré-je en allant chercher une tenue dans ma chambre.

Drago et William patientent dans mon salon pendant que je choisis ma tenue. Une jupe droite noire et un chemisier bleu clair. Simple, mais élégant. Ça devrait le faire.

Je fonce sous la douche, et pendant ce temps-là, je réfléchis à différents scénarios possibles. Numéro un : tout se passe bien, Lucius et Narcissa sont sympas. Numéro deux : rien ne va, je quitte le manoir Malefoy en quatrième vitesse. Et numéro trois, le pire : Lucius me tue et m'enterre au fond de sa propriété…

Après ma douche, je m'habille et me peigne. Je fais sécher mes cheveux à l'aide de ma baguette magique et sors de la salle de bain. Je récupère un gilet et mon sac avant de rejoindre les deux garçons qui m'attendent… nerveusement ? Je secoue la tête, me disant que je dois me faire des idées.

Nous sortons de mon appartement et transplanons une fois que j'ai fermé la porte à clé. Nous nous retrouvons rapidement devant l'immense portail en fer forgé de la propriété Malefoy. Celui-ci s'ouvre, nous invitant à entrer. J'avance avec William et Drago sur le sentier qui mène au manoir. À peine arrivés à la porte, celle-ci s'ouvre, révélant Narcissa Malefoy sur le perron.

— « Entrez vite, les enfants », nous invite-t-elle.

— « Mère ! », boude Drago.

— « Maman. », répond-elle tendrement en m'attrapant par le bras.

J'ai envie d'éclater de rire ; on dirait William quand il est vexé ! J'entre dans l'immense bâtisse sans un mot, mais avec un sourire aux lèvres. Je me laisse conduire par Narcissa jusqu'aux escaliers centraux. Elle ne cesse de m'exprimer sa joie de me recevoir ici. Je suis déroutée.

— « Si vous le souhaitez, May, je vous ferai visiter ! »

— « Avec plaisir. », réponds-je.

— « Vous savez, William vous aime beaucoup. Il n'arrête pas de me parler de vous ! May par-ci, May par-là ! À l'entendre, vous êtes formidable ! », plaisante-t-elle en me faisant un clin d'œil discret.

Ni le fils, ni le petit-fils ne savent qu'elle est déjà venue me voir à la libraire.

— « Mais Mamie, May elle est formidable ! », s'exclame le petit.

Je ris et lui ébouriffe les cheveux. Du coin de l'œil, je vois que Drago est perdu dans ses pensées, il ne bronche pas et se contente de suivre le mouvement.

Nous retrouvons Lucius Malefoy, un verre de Whisky-pur-feu à la main. Il m'intimide. Je suis à peu près sûr qu'il ne me fera aucun mal, mais j'ai peur de voir Voldemort débarquer derrière lui.

Nous grimpons à l'étage supérieur et nous dirigeons vers une porte immense, à l'image du manoir. Il s'agit du « petit salon », et j'en reste bouche bée. La pièce est aussi grande que mon appartement – voir plus ! Nous retrouvons Lucius Malefoy, un verre de Whisky-pur-feu à la main. Il m'intimide, même si je suis à peu près sûre qu'il ne me fera aucun mal. Pourtant, j'ai peur de voir Voldemort débarquer derrière lui…

— « Mademoiselle Granger, c'est un plaisir de vous rencontrer enfin », déclare-t-il d'une voix suave.

Il me tend la main, à la manière moldue, que je serre.

— « Moi de même. », mens-je.

Un elfe de maison apparaît et nous propose à boire et à manger. Je décide de ne pas prendre d'alcool ; je préfère rester dans un état de conscience maximal. Après tout, je suis chez les Malefoy ! Je dois rester sur mes gardes. Non ?