Au cours de ce début de soirée, Drago s'approche de moi tandis que Lucius s'éloigne pour s'occuper de son petit-fils. J'expire et me détends, réalisant que je n'avais pas remarqué que je ne respirais plus…

— « Alors, comment se passe ton début de soirée ? »
— « Je dirais que ça se passe mieux que prévu et j'aime beaucoup ta mère. »
— « J'ai vu ça », bougonne-t-il.
— « Serais-tu jaloux ? »
— « Un peu. »

Je lui dépose un furtif bisou sur la joue et retourne auprès de Narcissa. Nous sommes bientôt rejoints par Lucius et William. La présence du petit semble détendre tout le monde, et bizarrement, Lucius paraît plus enclin à la discussion, tout comme moi.

Le reste de la soirée se déroule sans encombre. William, en véritable pipelette, tient la conversation à lui tout seul. Lorsque nous passons à table, Drago s'installe en face de moi, William à sa droite, Narcissa à ma gauche, et Lucius en bout de table. Des elfes de maison amènent successivement les entrées et les plats.

Nous faisons une pause digestion avant le dessert, le repas ayant été très copieux. Les discussions tournent autour de William, de Drago et son emploi au Ministère, ainsi que de ma librairie. Soudain, un elfe de maison entre dans la pièce.

— « Maîtres, l'orage arrive. »

À peine a-t-il fini sa phrase qu'un bruit assourdissant retentit. Narcissa demande aussitôt à ce que l'on me prépare une chambre. Je refuse poliment l'invitation à dormir lorsque Drago s'insurge :

— « Tu restes ici cette nuit. Imagine qu'il t'arrive quelque chose ! Que se passera-t-il pour William ? »

— « Je vais rentrer à pied. Un sort imperméabilisant et ça ira très bien, je vous assure, Narcissa… », dis-je gentiment. « Et toi, Drago, arrête de parler comme si j'étais sa mère ! S'il « m'arrive quelque chose », il restera ici et tu lui trouveras une autre nounou ! », grondé-je en le fixant droit dans les yeux.

— « Mais je ne veux pas d'une autre nounou ! », boude-t-il.

On dirait vraiment William, et je le lui fais remarquer.

Finalement, Lucius en rajoute une couche, prétextant que des suppôts de mangemorts traînent dans les rues près du manoir. Je soupire et cède. Voyant l'effort qu'ils mettent tous à la tâche, je suis bien forcée d'accepter…. Le dessert arrive, et la fin du repas se passe plus calmement. C'est simple, j'évite soigneusement de regarder Drago.

Après le dîner, Narcissa et Drago emmènent William se coucher. Lucius m'escorte jusqu'au grand salon, qui doit faire trois ou quatre fois mon appartement. J'observe tout ce qui m'entoure : les canapés, la cheminée, et même la télévision ! Parce que oui, les Malefoy ont vraiment une télévision, et ce n'est pas de la crotte leur truc ! Lucius voit mon étonnement et m'explique qu'il a dû vivre comme un moldu pendant une année.

— « C'était notre punition pour avoir été un mangemort », déclare Narcissa en entrant. « Nous n'avions ni baguette, ni objet magique. »

Elle me sourit et nous discutons ainsi de leur année en tant que moldus. Le couple me raconte différentes anecdotes qui, je dois bien l'avouer, sont hilarantes.

La soirée se termine très bien. Drago m'accompagne jusqu'à ma chambre pour la nuit. Deux étages, un couloir à gauche, un à droite, et quatre portes plus loin, nous arrivons.

— « C'est ici », déclare Drago en ouvrant la porte.
— « Toutes les pièces de la baraque font au minimum la taille de mon appart', ou quoi ?! » m'exclamé-je et il rit.

BABOUUUUM!

L'éclair et le tonnerre se font voir et entendre en même temps. Je sursaute. Drago le remarque et sourit, se moquant de moi, m'accusant d'avoir peur du tonnerre. Je lui explique que j'en ai peur lorsque je ne vois pas l'éclair pour me préparer mentalement à la détonation.

Un nouvel éclair, suivi de très très près par un bruit assourdissant, se produit. Je sursaute encore.

— « Tu veux être gentil ? Envoie-moi un elfe pour qu'il reste dans la chambre cette nuit. »
— « Pourquoi ? », s'étonne-t-il.
— « Et bien, j'ai peur de faire une crise cardiaque ! »
— « Je vois. »

J'entre dans la chambre et m'assois sur le bord du lit. Drago s'assoit dans un fauteuil en face, m'expliquant qu'il ne va « certainement pas demander à un elfe de me surveiller toute la nuit ! », et que c'est lui qui va rester. J'aurais trouvé ça vraiment touchant si un autre coup de tonnerre n'avait pas retentit. Je le remercie et, après avoir testé le matelas, je me lève pour fouiller dans la grande armoire. Je me doutais bien qu'il y aurait divers vêtements ! J'attrape de quoi me faire un pyjama et me dirige vers la salle de bain. Que dis-je, vers l'immense salle de bain.

En revenant dans la chambre, je m'affale sur le lit. C'est décidé, je veux le même ! Je roule d'un côté et de l'autre sur toute la largeur, telle une gamine. Je regarde Drago dans son petit fauteuil, histoire de le narguer. Finalement, je me stoppe près du mur et tapote la place à côté de moi.

— « Allez, viens. C'est au moins un lit quatre places, tu peux venir, on ne risque pas de se croiser dans notre sommeil. »

Il se lève, retire ses chaussures et son t-shirt, et grimpe sur le lit. Mon cœur s'accélère dangereusement... Ginny a définitivement raison. Ce mec-là me plaît vraiment beaucoup. Je me blottis dans les couvertures, essayant de cacher mon trouble, mais il ne semble pas le remarquer.

Le lendemain matin, je me fais réveiller par les rayons du soleil et quelques caresses sur mon bras. Lorsque j'ouvre les yeux, je constate que je suis proche, très proche – trop proche – de Drago. Il regarde le plafond, l'air pensif. J'ai la tête posée sur son torse et cette soudaine proximité me gêne. Je m'éloigne de lui, ce qui le fait sortir de sa torpeur.

— « Bien dormi ? », me demande-t-il.

— « Oui, je n'ai pas fait de crise cardiaque ! », ris-je. « Mais quelle heure est-il ? »

— « Ne t'inquiète pas, il n'est même pas sept heures. »

Je me lève et me rends dans la salle de bain. Je décide de prendre un bon bain. Après celui-ci, je récupère mes habits de la veille et les enfile de nouveau. Une fois sortie de la salle d'eau, je retourne m'asseoir sur le lit. Drago a pris ma place, le nez enfoncé dans les coussins. J'enfile mes chaussures et décide de quitter la chambre. Monsieur a dû se rendormir…

À peine ai-je fermé la porte de la chambre que Will me court dans les bras, me demandant si j'ai bien dormi. Il me raconte, avec fierté, qu'il n'a pas eu peur du tonnerre et qu'il a dormi tout seul comme un grand. Je le félicite avant de lui demander de m'emmener voir ses grands-parents. Il me tire jusqu'en bas des escaliers puis m'entraîne parmi les différentes pièces du rez-de-chaussée. Très vite, nous arrivons dans la salle à manger.

Le petit-déjeuner est déjà prêt, je sens l'odeur de bacon grillé et de toast chaud. Nous prenons place à table tous les quatre : Lucius, Narcissa, William et moi. Drago nous rejoint quelques instants plus tard.

— « B'jour tout le monde… », dit-il d'une voix endormie.

— « Dis papa, tu as vu, cette nuit, la lumière et, badaboum, le bruit ? », s'exclame William.

— « Oui, et tu n'as pas eu peur ? »

— « Non, j'ai dormi tout seul comme un grand ! », dit-il en bombant le torse fièrement.

Tout le monde rit. Ce petit est vraiment adorable ! Pendant le petit-déjeuner, personne ne parle ou presque, William tient la conversation à lui tout seul, comme à son habitude.

Après ce petit déjeuner, il est temps pour moi de dire au revoir à tout le monde. Il ne pleut plus et il y a un grand soleil. Narcissa propose de venir me rendre visite à la librairie, ce que j'accepte avec grand plaisir. Finalement, Drago m'accompagne jusqu'aux grilles, à l'entrée de la propriété.

— « Bon, et ben, à tout à l'heure alors », balbutié-je.

— « Tu m'en voudras pas trop, je serais en retard », rit-il.

Je souris et attends un instant. Après tout, il va peut-être m'embrasser, non ?… Non. Je m'éloigne de lui et je transplane après un dernier regard en arrière.

Sur le chemin de Traverse, je croise Ginny qui revient sûrement de la boutique de son frère. En me voyant, elle active son mode « inspectrice » et m'interroge sur la raison pour laquelle je suis hors de la boutique à huit heures moins le quart. Je prends alors une grande inspiration.

— « Hier, j'ai dîné au manoir Malefoy et j'ai dormi là-bas… avec Drago », je reprends ma respiration. « Mais on n'a pas couché ensemble et on ne s'est même pas embrassé ! », complété-je à toute vitesse.

— « Ok ! Maintenant, May Granger, tu vas répéter après moi : Ginny, tu as raison, Drago Malefoy me plaît vraiment beaucoup »

Elle se met à rire. Je la déteste… Mais je finis par rire avec elle, sa bonne humeur est contagieuse.