Depuis que j'ai dormi avec Drago, notre relation a encore évolué, mais pas dans le bon sens. Il est devenu distant, et je pense savoir pourquoi. Il a compris qu'il me plaisait, et il semble vouloir me faire comprendre que ce n'est pas réciproque.
Je suis en train de m'occuper d'une cliente quand les deux Malefoy arrivent à la librairie. William, tout excité, se précipite vers moi pour m'aider, grimpant sur la chaise haute. Drago, lui, reste en retrait. Je suppose qu'il énumère mentalement une nouvelle liste de consignes à respecter… Une fois la cliente partie, il s'approche du comptoir. Mais avant même qu'il ne puisse dire un mot, William l'interroge.
— « Papa, c'est quand que tu seras l'amoureux de M… »
— « Jamais ! », rétorqué-je, coupant court à sa phrase.
Je sens le regard perçant de Drago sur moi, tandis que j'évite soigneusement de le fixer.
— « Pourquoi cette question ? », demande-t-il à son fils, me regardant toujours.
William hausse les épaules.
— « J'veux pas qu'elle ait d'amoureux ! », boude-t-il.
Je m'accroupis à sa hauteur, posant une main sur son épaule pour le rassurer :
— « Hey, petit chat, t'inquiète pas, je n'ai pas l'intention d'avoir un amoureux. », le rassuré-je avant de lui faire un clin d'œil. « Et tu sais, si ton père et moi étions amoureux, toi et moi, on ne pourrait plus se marier quand tu seras grand ! »
À cette remarque, il sourit.
— « J'en ai de la chance ! », me répond-il.
— « Oui, t'en as de la chance... », murmure Drago, si bas que je suis sûre que William n'a pas entendu.
William s'éloigne pour sa petite inspection quotidienne des rayons, et Drago reste là, immobile, tandis que j'essaye désespérément de trouver une occupation pour échapper à cette situation. Après quelques secondes, il s'approche, franchissant l'espace entre nous. Il est proche. Trop proche. Je me fige, incapable de reculer.
Sans un mot, il pose ses mains sur ma taille et, avant que je ne puisse protester, il pose ses lèvres sur les miennes. C'est doux, imprévu, et je n'ai pas la volonté pour le repousser et je l'embrasse en retour. J'aurais dû. Je le sais. Mais je ne le fais pas. Lorsque nos lèvres se séparent, je le regarde, perdue.
— « Jamais, tu dis ? », murmure-t-il en souriant avant de partir.
Je me sens si stupide ! Qu'est-ce que j'ai fait ?
William revient peu après, brandissant un livre Disney, tout excité. Avec un sourire, je bascule en mode nounou parfaite, mes pensées tournoyant encore autour de ce baiser inattendu. La clochette de la porte résonne et me rappelle à l'ordre. Je me tourne, accueillant la nouvelle venue d'un sourire : Beth.
— « Beth, ça me fait plaisir de te voir ! Tu ne peux pas imaginer à quel point ! »
— « Oula, toi, tu as des choses à me raconter ! Salut William ! », répond-elle en m'adressant un clin d'œil complice.
William la salue rapidement avant de se replonger dans ses dessins. M'assurant qu'il ne nous écoute pas, je raconte tout à Beth : la soirée chez les Malefoy, le dîner, et bien sûr, ce qui vient de se passer avec Drago.
— « Attends, il t'a vraiment embrassée ? », répète-t-elle, incrédule.
J'acquiesce. Elle fronce les sourcils, comme si elle réfléchissait intensément. Il y a quelque chose dans son expression que je n'arrive pas à lire. Elle n'a pas l'air aussi enthousiaste que d'habitude.
— « C'est une bonne nouvelle, non ? », demande-t-elle, mais son sourire semble forcé.
— « On verra bien », dis-je, sentant l'incertitude s'immiscer dans mes pensées. « Et toi, comment ça va ? Où étais-tu ces derniers jours ? »
Elle me raconte son voyage pour retrouver sa famille, ses retrouvailles avec ses parents, ses grands-parents et ses frères et sœurs. Elle paraît heureuse, mais je ne peux m'empêcher de remarquer une petite réserve dans son récit.
Un peu plus tard, Wendy, essoufflée, arrive en s'excusant pour son retard. Je la rassure, comme toujours, elle est excusée. Après tout, elle est une employée exemplaire, toujours prête à rendre service. Elle peut bien arriver un quart d'heure plus tard ce matin et même le reste du temps ! Elle salue Beth, puis part vaquer à ses tâches.
Alors que Beth s'en va et que la matinée touche à sa fin, je profite d'un moment de calme pour discuter avec Wendy.
— « Il y a quelque chose qui ne va pas avec Beth... je ne sais pas, elle m'a paru différente aujourd'hui. »
— « Il y a quelque chose qui me dérange chez elle. Fais attention à toi ma chérie », me répond-elle doucement.
Le soir venu, lorsque Drago vient chercher William, je ne suis pas sûre de comment agir. Après un rapide débat mental, je décide d'agir normalement. Je lui raconte notre journée, sans mentionner Beth, et ils partent comme d'habitude.
Je passe la soirée tranquillement, réfléchissant à tout ce qui s'est passé. Drago… est-ce que je lui plais vraiment ? Ou est-il simplement en train de jouer avec moi ? Après le dîner, je me laisse emporter par un film de kung-fu, savourant un moment de distraction.
C'est alors que j'entends frapper à la porte. En grognant légèrement, je vais ouvrir, pensant que c'est sûrement une petite urgence de voisinage. Mais non, c'est Drago.
Sans un mot, il m'attire à lui, m'embrassant à nouveau. Je devrais le repousser, mais cette fois encore, je me laisse faire. Lorsque nos lèvres se séparent, je le regarde, confuse.
— « Si je te disais que tu me plais, mais que je ne veux pas être ton amoureux, tu dirais quoi ? » dit-il, un sourire en coin.
— « Va te faire foutre. »
Il m'embrasse encore, et cette fois, nous entrons dans mon appartement.
Je n'aurais jamais dû le laisser entrer.
Avoir passé la nuit avec Drago fut sans doute la chose la plus stupide que j'ai faite. Mais le pire, c'est que je l'ai fait deux fois. Heureusement, ça ne s'est pas reproduit depuis, surtout après le savon que m'a passé Hermione. J'ai dû tout lui raconter, car ce fameux lendemain, elle a ouvert la boutique à ma place. Je n'avais pas d'excuse : elle ne travaille même plus à la librairie !
Depuis, tout le monde est au courant, et Ron n'a pas manqué d'en rajouter une couche. Bien sûr ! Et ne parlons même pas de George, mon meilleur ami, qui a osé m'incendier devant tous ses clients. Merci Hermione, vraiment, tu es adorable !
Depuis, j'évite soigneusement de me retrouver seule avec Malefoy, gardant toujours en William à portée de main. C'est le seul moyen d'éviter tout… dérapage. Je veux dire par là, toute embrassade.
Cet après-midi, c'est mon jour de chance : Luna est passée avec Rolf. William et le futur petit-ami de ma meilleure amie se sont immédiatement liés d'amitié. D'après ce que Rolf m'a confié, il a toujours rêvé d'avoir un petit frère, alors s'occuper de William semble le combler. Mon petit monstre, lui, est véritablement ravi de pouvoir parler de créatures magiques avec quelqu'un qui l'écoute attentivement.
Luna et moi en profitons pour discuter de ma situation ambiguë avec Drago Malefoy. D'après elle, il est amoureux, et essayer de la convaincre du contraire relève de l'impossible. Finalement, je laisse tomber, je trouverai bien un moyen de me sortir de cette situation. Pendant que je rumine, Luna chasse un insecte invisible autour de ma tête.
— « Je n'ai pas mes lorgnospectres, mais tu dois être un aimant à Joncheruines… », me dit-elle.
Je hausse les épaules et change rapidement de sujet.
— « Et toi, comment ça se passe avec Rolf ? »
— « On s'entend bien, il est gentil et drôle. »
— « Mais encore ? », insisté-je, espérant qu'elle se confie davantage. Mais Luna reste évasive. « Oh allez, Luna, tu es amoureuse de lui, non ? »
— « Il va vraiment falloir faire quelque chose pour ces Joncheruines ! », conclut-elle avec un sourire mystérieux, avant de se lever pour écrire une lettre. « Je vais envoyer Rex à mon père »
À peine a-t-elle disparu dans mon appartement que Drago fait son apparition. C'est bien ma veine ! J'appelle William, qui arrive juché sur les épaules de Rolf. Les deux rient aux éclats.
— « Papa, t'as vu, je suis plus grand que toi ! », s'exclame William, visiblement fier.
— « Je vois ça, mon grand ! », répond Drago avec un sourire avant de tendre la main vers Rolf. « Drago Malefoy. »
— « Rolf Dragonneau », répond-il en lui serrant la main. Drago l'observe avec attention, comme s'il essayait de le jauger.
Heureusement, une cliente entre dans la librairie, me sauvant d'un potentiel malaise.
— « Bonjour et bienvenue ! Vous avez besoin d'aide ? », demandé-je avec beaucoup trop d'enthousiasme, tout en profitant de l'occasion pour demander à William et Rolf de s'occuper d'elle.
Alors que les deux s'éloignent pour aider la cliente, Drago et moi échangeons un regard.
— « C'était qui, lui ? » / « C'était quoi, ça ? », demandons-nous en même temps.
Il me laisse répondre en premier, et je décide d'en profiter.
— « Rolf ? C'est un très bon ami, si tu vois ce que je veux dire », répliqué-je avec un sourire en coin.
— « Je croyais que tu n'étais pas du genre à avoir ce type d'ami », rétorque-t-il d'une voix sèche, visiblement irrité.
Je roule des yeux.
— « C'est le copain de Luna, Drago », clarifié-je, tout en contournant le comptoir pour me rapprocher de lui. « Sois honnête. Si j'acceptais ta proposition de relation non-officielle et non-exclusive, tu irais vraiment voir ailleurs ? »
Il soupire, et ses épaules se détendent. Je cherche son regard du mien.
— « Non », avoue-t-il enfin.
— « Dans ce cas, je préfère la variante exclusive et non-officielle », ajouté-je, satisfaite.
Après avoir récupéré William, qui est enfin descendu des épaules de Rolf, tandis que je m'occupe d'encaisser les livres de la cliente. À ce moment-là, Luna réapparaît, lorgnospectres sur le nez, et me salue distraitement avant de laisser William lui faire un câlin. Enfin, Drago part sans un mot de plus.
Une fois les Malefoy et la cliente partis, je me retrouve seule avec Luna et Rolf. Luna entreprend une incantation pour me débarrasser des Joncheruines qu'elle prétend voir autour de moi. Heureusement pour moi, elle n'utilise pas sa baguette!
Les deux amoureux non déclarés partent peu après, invités à dîner par Xenophilius Lovegood, le père de Luna. Je souris en imaginant le repas de famille. Il doit sûrement avoir compris, lui aussi, que sa fille s'intéresse de près à monsieur Dragonneau. Et vice-versa.
