NOX. CHAPITRE 1.
pas le temps de saigner, les blessures mettent du temps à cicatriser.
— C'est impossible! Jamais! Je refuse de me marier avec lui ! Cria une jeune fille à la peau très pâle, son cri troublant le calme murs infini de la grande demeure familiale.
La jeune fille qui venait d'élever la voix était Lyra Oskana. La jeune cadette de la vieille, noble et riche famille sorcière Oskana. Une famille très importante dans le monde magique. Une riche famille de sorciers et sorcières issus du continent européen qui a traversé les siècles et les crises en conservant son influence. Les meilleurs arrangements, ceux qui influent l'histoire et la vie se célèbrent en silence.
Les mains moites de la jeune sorcière énervée s'accrochèrent aux plis de sa robe. Le tissu se déforma sous la prise, sujet à la forte tension qui émanait d'elle. La cadette Oskana respirait lourdement, la colère brouillait ses sens. Ses lèvres tremblaient, s'ouvraient pour crier à nouveau son émotion lourde mais elles se refermaient presque aussitôt sans bruit. Elle voulait hurler, hurler sa colère. Mais rien ne quittait ses lèvres finement maquillées. Des tremblements de frustration la traversait, les larmes s'accumulaient lentement au coin de ses grands yeux bruns. Larmes de colère, d'impuissance.
Ses prunelles brunes étaient fixées sur sa mère, assise en face d'elle. La matriarche Oskana était installée dans un fauteuil somptueux, dont la couleur s'accordait à la perfection la décoration du grand salon. Une expression calme et une position parfaitement irréprochable. La mère souffla doucement, sans perdre son élégance noble, sur le thé qu'elle tenait entre ses doigts.
Le contraste entre les femmes était saisissant.
La cadette Oskana était noyé sous des vagues d'émotions, entre la colère, la tristesse, la frustration et le choc. Et en face, la matriarche Oskana était d'un calme redoutable et inattaquable.
— Tu n'as pas le droit de me marier, c'est injuste! Tu devrais me demander mon avis ! Continua la jeune fille, trouvant enfin ses mots entre deux vagues de colère.
La mère porta la tasse à ses lèvres, sans un mot ou regard pour sa fille. Elle dédiait son attention à la délicate tasse en porcelaine et à son contenu bouillant. Sa cadette ne méritait pas son attention immédiate. La colère de Lyra grimpa d'un cran face à l'expression lointaine et désintéressée de sa mère.
Elle se retourna en lâchant les plis de sa robe, s'attaqua au premier objet à proximité. Un immense vase où un bouquet de fleurs vives baignait paisiblement fut le nouveau sujet de la colère de Lyra. Avec une violence forte, elle poussa le grand vase en criant. La jeune fille criaencore, une énième fois. Ses joues prirent une couleur rouge plus prononcée. Colère, tristesse, frustration, trahison et peur.
Sentiments et émotions justifiés. Comment ne pas prendre peur lorsqu'on vous annonce votre mariage avec un total étranger?
La porcelaine tomba dans un grand bruit sinistre, se fracassa en mille morceaux sur le sol du salon. Les morceaux s'éparpillèrent sur le sol, glissant plus ou loin dans la pièce. Les fleurs gisaient au milieu des morceaux de porcelaine et de l'eau. Un début de carnage. La matriarche repose sa tasse, intervenant enfin.
— Oskana Lyra, appela-t-elle. Je te prie de te calmer immédiatement. Il est import-
— Tu n'as pas besoin de dire plus, je sais déjà ce que tu vas dire ! Tu vas me dire que le mariage est prévu dans trois semaines, que tu attends de moi un comportement irréprochable et des héritiers adorables !
Elle hurla encore, ses mains attrapèrent son crâne et elle envoya son pied dans les morceaux brisés du vase. Elle transpirait la colère et la tristesse. La température montait, le ton de la conversation aussi. La matriarche Oskana restait toujours insensible et éloignée des émotions de sa fille cadette. Ses yeux étaient désormais sur Lyra, jugeant le comportement et le manque de tenue. Avait-elle éduqué sa cadette ainsi? Une honte pour la famille Oskana.
La mère inspira lentement, sa figure resta sévère même dans la colère de sa cadette. Sans empathie ou émotions. Les émotions ne dirigent pas le monde, elles ne doivent pas être moteurs de la vie. La mère Oskana était une femme impeccable et rigide. Ses mains étaient désormais posées sur ses genoux en assurant toujours une posture droite. Rigide et intangible même.
— Pourquoi c'est moi? Et pourquoi pas Valloma !? C'est pourtant l'aînée de la famille!
Dans sa tirade accusatrice, elle pointa du doigt une fenêtre du grand salon. La fenêtre la plus éloignée, sur laquelle était appuyé une troisième personne. La désignée du doigt ne tourna pas la tête à l'accusation. La prénommée Valloma était appuyée contre les rideaux sombres, les bras croisés et elle jouait du bout des doigts avec sa baguette magique en main. La sorcière avait son attention posée sur l'extérieur, totalement désintéressée de la colère de sa cadette ou de la matriarche Oskana.
La petite sœur en question cria une nouvelle fois, bien plus fort et plus aiguë. Cela dans le but de faire sortir son aînée de ses pensées mais sans succès. Ses yeux restèrent fixer sur l'extérieur, ne faisant nullement attention à la tornade hystérique un peu plus loin dans le salon.
Imperturbable.
— Lyra. Tu te calmes. Maintenant, ordonna la mère en ouvrant sa bouche, sur un ton toujours aussi sec. Tu sais parfaitement pourquoi ta sœur n'est pas mariée.
— Bien-sûr, je le sais par-fai-te-ment, reprit la jeune fille serrant les poings et décortiquant les syllabes du mot qui lui arrachait la bouche. Haine distillée dans ses mots, elle continua sans cacher ses paroles acerbes. Parce que Valloma a une relation très spéciale avec le président du Congrès Magique, parce que Valloma est très appréciée au sein de la communauté magique internationale et parce que Valloma est celle que tu aimes très fort !
— Tais-toi, appela sourdement la mère face aux propos accusateurs de la cadette.
La mère Oskana se redressa lentement, fit quelques pas en direction de Lyra. Ses yeux étaient plantés comme des couteaux aiguisés sur la cadette effrontée et devenue hystérique. Un claquement sonore raisonna dans l'air. La punition fut instantanée. Sa main s'était abattue froidement sur la joue déjà rougie par la colère. La couleur rouge s'intensifia en quelques secondes, devenant plus prononcée, étourdissant la jeune sorcière.
Le regard perçant de la mère ne quitta pas ceux de sa fille. Tensions.
Un léger mouvement capta les regards de la cadette et de la mère Oskana, attirant leurs regards comme un aimant. La troisième sorcière, silencieuse et à l'écart de l'échange depuis le début de l'échange, s'était décollée des rideaux sans pour autant prêter attention au conflit.
La cadette, Lyra, et la mère Oskana scrutaient la jeune femme. Attendant une réaction, une réponse ou même un regard de la part de l'aînée. Les deux femmes scrutaient la dénommée Valloma, telles deux rapaces qui cherchent à prédire le prochain mouvement du gibier. Et pourtant, Valloma Oskana est loin d'être un simple gibier… Pauvres créature, le désintérêt de la sorcière silencieuse dura quelques longues minutes, préférant courir sur le décor extérieur toujours.
Désintérêt volontaire?
Puis, après ce qui sembla être une éternité pour les deux femmes toujours à l'affût, Valloma pivota dans leur direction. Se détachant du paysage et de la fenêtre lumineuse par quelques pas silencieux, ses iris à la couleur d'or se plantèrent sur les deux membres Oskana. Un regard vibrant. Deux prunelles de la couleur de l'or. Couleur intense et déstabilisante. Elle avançant, sans ciller, sans ralentir et sans détourner le regard des femmes.
La même démarche qu'un animal dangereux qui s'avance vers ses proies tétanisées. Elle était le rapace et les deux femmes étaient son gibier.
Ce regard soudain provoqua un malaise commun chez les deux femmes, mais leurs réactions furent différentes. La mère s'immobilisa sur place, puis très imperceptiblement, se recroquevilla en enfonçant sa tête dans ses épaules – telle une vieille fleur qui fane. Lyra, la cadette Oskana, recula doucement pour placer ses mains devant elle par instinct, pour l'arrêter d'avancer vers elle et pour se protéger.
Valloma Oskana était incroyablement charismatique.
Et incroyablement belle.
— Toi aussi! Recommença Lyra, son esprit vif déjà de retour au présent. Elle pointa sa sœur d'un doigt accusateur violent, sa colère resurgissant avec force. Je sais ce que tu vas dire! Tu es comme maman, tu es avec elle! Tu veux me faire partir de la maison, n'est-ce pas?
Valloma ne répondit pas et continua d'avancer, esquivant délicatement les bouts de porcelaine qui jonchaient le sol. Elle se stoppa devant sa jeune sœur, glissant sa main dans l'une des poches du grand manteau trois-quarts élégant qu'elle portait. Tirant une photo de celle-ci, elle déplia lentement le papier du bout des doigts, sans faire attention aux coins un peu cornés.
L'aînée regarda brièvement la photo dépliée, plissa doucement les yeux dessus et piqua ainsi la curiosité de Lyra. La lenteur de ses gestes et son silence contribuèrent à descendre inconscient la pression chez la petite sœur hystérique. L'effet était réussi, la cadette Oskana inspira en fronçant les sourcils, calmant sa colère pour faire une petite place à la curiosité. Un petit peu curieuse de la photo qui captait l'attention de la sorcière aînée.
Valloma ne bougea pas, tendant le bras sans faire un pas de plus. Les iris dorées se posèrent dans ceux de Lyra, l'attirant magnétiquement vers elle. Elle avança parmi les morceaux du vase, ne prêtant attention qu'au bout de papier tendu vers elle. Ses doigts attrapèrent le papier pour le tourner dans son sens.
— Orion Black.
L'identité du futur mari.
Les yeux bruns de Lyra s'élargirent lentement alors qu'elle découvrait la photo entre ses mains. Aucun son ne sortit de sa bouche, laissant son attention entièrement bloquée sur l'image en mouvement du jeune homme.
Sur la photo le jeune homme souriait doucement, sa tête se penchant doucement sur la droite et le coin de ses yeux se plissant doucement au-dessus d'un sourire discret qui laissait entrevoir quelques dents bien blanches. Il avait le regard pétillant.
La cadette releva la tête vers la mère, parvenant à se détacher de l'image. Elle était perdue dans le doute, n'osait pas poser de questions car devenue honteuse de son hystérie soudaine. Trop difficile de poser des questions après la tempête colérique. Son visage était toujours rouge, la joue gardait la trace de la claque soudaine mais une teinte plus rosée était présente maintenant sur le haut de ses joues. Nul doute que le jeune homme ne la laissait pas indifférente dès le premier coup d'œil.
Sa mère pinça ses lèvres en une ligne fine, attendant que sa jeune cadette décide d'ouvrir la bouche pour lui adresser la parole calmement et poliment. Le silence entre les deux femmes dura un petit moment: la brunette cherchant la vérité du regard, n'osant pas admettre sa colère soudaine.
Finalement, ce fut Valloma qui répondit à la question silencieuse.
— Orion Black est le fils d'Arcturus Black, elle continua en bougeant dans le salon. La famille Black est l'une des plus anciennes familles britanniques. Sang-pur.
— Mais… Il est britannique?
— Oui. Mais si tu préfères quelqu'un du continent, il y a encore des vieux sang-pur célibataires en vie, informa-t-elle sans répondre à la question. Valloma dépassa les deux femmes d'un pas fluide et aérien.
Son chemin s'arrêta près d'une table sur laquelle trônait une bouteille à la couleur sombre. La bouteille d'alcool attira l'attention de la grande sœur. Elle agita sa main au-dessus, convoquant sournoisement grâce à la magie un verre avant de se verser un verre d'alcool. Ses mouvements étaient paisibles, sereins. Le liquide noir opaque glissa dans le verre, captivant l'attention de la cadette pendant un instant alors qu'elle réfléchissait à ses derniers mots.
Oui. Les sang-purs qui n'étaient pas mariés sur le continent avec deux fois son âge, même plus. Les mariages entre familles se décident dès la naissance des héritiers ou dès que les familles trouvent des intérêts communs. L'idée de débuter sa vie avec un homme bien plus âgé n'était pas très attirante et le jeune sorcier anglais sur la photo n'était pas terriblement laid – bien au contraire.
Lyra baissa les yeux sur la photo toujours coincée entre ses doigts, puis articula d'une voix basse et abîmée par sa colère précédente. Le choix était assez simple en vérité.
— … J-je préfère rencontrer Orion Black.
La mère Oskana souffla en levant les mains vers le ciel, remerciant les cieux et entoura Lyra dans une étreinte maternelle et enfin soulagée. Une attitude différente de la claque envoyée quelques minutes plutôt mais, la crise de colère de sa fille était déjà oubliée et loin. Elle serra la brunette et recula pour prendre le visage de Lyra en coupe avec un sourire satisfait – jamais la matriarche Oskana ne donnait de sourire heureux. La jeune fille adressa un sourire gêné à sa mère, gênée.
—Je suis contente de ton choix. La mère l'embrassa sur le front. Orion Black est noble et respectueux des traditions magiques. Tu feras honneur aux familles Oskana et famille Black en portant nos dignes héritiers.
Valloma contourna les deux femmes, s'épargnant la satisfaction de la matriarche. Elle s'installa dans le canapé, un discret sourire moqueur commença à fleurir sur son visage alors que Lyra cherchait à se défaire de la prise forte tandis que sa mère resserrait l'étau maternel. Faux, faux et archi faux.
— J'ai déjà arrangé un rendez-vous avec Orion Black, tu le rencontreras toute seule à Londres dans sept jours! Tu iras aussi connaissance avec sa famille, mais tu dois d'abord faire connaissance avec ton futur mari: il est tout à fait charmant selon Arcturus!
— Mais… Tu l'as déjà rencontré?
La matriarche s'humidifia les lèvres discrètement, cherchant la meilleure réponse.
— Je suis en contact avec la famille Black depuis longtemps. Son père, Arcturus est un ami de la famille de longue date. Nous avions prévu de marier nos jeunes héritiers. Ton père souhait cela aussi.
— Est-ce qu'il connaissait des personnes en Angleterre? Demanda alors curieusement Valloma, captant la conversation d'un coup et le regard de sa mère.
L'intervention de Valloma dans la conversation provoqua un nouveau regard chez la mère Oskana. Un regard nouveau. Regard déséquilibré et presque craintif – comme si elle avait prononcé un sort impardonnable. Valloma pencha la tête lentement, attendant la réponse avec patience. Ses yeux d'or brûlaient d'intérêt.
La vieille sorcière se sentit mal à l'aise sous la pression silencieuse de son aînée. Elle lâcha Lyra pour croiser les bras sur sa poitrine, réfléchissant à une réponse qui allait satisfaire son aînée. Sa position était … défensive. Position qui n'échappa à l'attention de la sorcière qui savourait son verre d'alcool, sans lâcher de son regard perçant sa mère.
La joie et le bonheur qui régnaient quelques instants plus tôt dans la pièce s'étaient évaporés. La mère haussa faiblement les épaules avant d'aligner quelques mois pour répondre.
— Marius avait beaucoup d'amis, en Angleterre, elle choisissait ses mots avec précaution et sécurité. Cependant, Valloma, ma tendre, tu le savais déjà, n'est-ce pas … ?
— Bien-sûr, elle porta son verre à ses lèvres en masquant son expression, bien que le coin de celles-ci s'étira avec une lenteur monstrueuse vers le haut en buvant.
Le sujet de Marius Kros Oskana était un sujet interdit dans la famille. Le patriarche avait développé un goût très prononcé pour les thématiques sombres dans ses dernières années de vie. Valloma savait très bien même. Plus les familles magiques sont anciennes, plus elles sont rongées par la magie noire.
Lyra toussa doucement, attira l'attention de sa mère et lui posa une question afin de revenir au sujet principal. Celui de son mariage.
— Quand le rencontrerais-je?
— Dans sept jours mais ne t'inquiètes pas. Orion Black a lui aussi été prévenu de cet arrangement.
Orion Black rentra dans la taverne. L'air était chaud, rempli de magie et de douce effluves d'alcool mais il ne remarqua même pas. Ses doigts tournaient distraitement la photo de Lyra Elga Oskana, son esprit réfléchissait rapidement, ses pensées alternaient entre la jeune fille aux traits nobles et gracieux. Elle avait déjà rempli son cœur et sa famille. Arcturus ne lui avait laissé le choix de toute manière. Il avait longuement mentionné l'importance de ce mariage : un mariage avec une étrangère du continent était un avantage énorme pour la famille.
La famille Oskana était une des familles les plus importantes sur le continent. Et influente. Elle avait œuvré pour la mise en place du Congrès Magique du Continent. Ils s'étaient illustrés avec puissance, parfois de manière plus ou moins lumineuse… Mais toutes les grandes familles possèdent des côtés noirs. N'est-ce pas?
Mais est-ce que ce mariage avec une étrangère pouvait marcher avec ses … obligations magiques? Orion ne savait pas.
Orion Black tourna la photo entre ses doigts, regardant encore une fois l'image. La jeune fille souriait d'une manière timide. Ses grands yeux étaient sur une personne à côté d'elle, remplis d'admiration. Le sentiment traversait la photo, l'admiration suintait de ses yeux. Il enviait terriblement la personne qui avait la chance d'avoir ce regard sur elle.
N'importe qui aurait voulu obtenir un tel regard, ne serait-ce qu'une seule fois dans sa vie. Orion se sentait un peu envieux de cette personne inconnue.
Qui était à côté d'elle ? Dommage. Il ne pouvait pas dire car l'image avait été découpé de manière à ne laisser que Lyra dessus. Sans chercher à en savoir plus, Orion rangea la photo dans sa poche et chercha du regard un tête blonde bien connue autour de lui. Il repéra la tête blonde.
Abraxas Malefoy.
Avançant et slalomant entre les tables et les clients, le jeune sorcier se planta sur le banc près de son ami. Il surprit le blond qui était plongé dans la contemplation de son verre à moitié plein. Le jeune homme aux cheveux noirs bouclés ricana à voix basse, n'attendant pas qu'Abraxas sortent de ses réflexions.
—Abraxas! Commença-t-il en tirant à nouveau la photo dans sa poche pour la montrer au blond, captant son attention. Devine.
Abraxas Malefoy fronça les sourcils face à la photo, il la tira curieusement des doigts du brun pour mieux l'observer. Regardant avec des sourcils froncés et un air curieux sur le visage, il inspira, son nez se plissant légèrement avant de regarder enfin Orion. Celui-ci faisait déjà signe pour obtenir un verre.
— Est-ce un arrangement de ton père ?
— Oui, répondit-il. Lyra Oskana.
— Oskana ? Répéta Abraxas en levant un sourcil curieux.
— Une famille magique importante du continent, informa Orion.
— Importante comment ?
Orion haussa les épaules sans avoir la réponse. Abraxas n'était pas très curieux sur la manière par laquelle l'arrangement avait été mis en place, il savait très bien que les familles avaient des moyens de contacts insoupçonnés parfois. Le regard du blond exprimait qu'il attendait plus d'explications. Mais le brun ne répondit pas, étayant sur sa futur belle-famille.
— C'est une famille très importante auprès du Congrès Magique, ils ont participés à la fondation de plusieurs groupes politiques importants je crois. Il n'y a eu que deux héritières avant la mort du patriarche Oskana. Lyra et Valloma Oskana. Peut-être que c'est une porte pour le continent?
— Orion, soupira Abraxas. Sans être mauvais, je ne crois pas que tu sois destiné à la politi-
— Abraxas, coupa-t-il très sérieux. Je pense à plus grand.
Le silence engloba les deux jeunes hommes. Abraxas attrapa le regard de son ami Black, comprenant ce qu'il voulait dire. Des regards lourds et parfaitement alignés, les mots de son ami ouvrant une fenêtre nouvelle dans son esprit. Il avait compris.
— Oui, approuva alors le blond sans en dire plus car les deux sorciers savaient.
— Malffoy, Black, à croire que vous vivez avec vos verres à la main, rigola une voix grave derrière eux.
L'interruption capte leurs attentions, ils se redressèrent vivement en coupant le contact visuel lourd de signification qui s'était installé entre eux. Ils avaient reconnu la voix de Rosier mais n'avaient pas perçu son arrivée. Les sorciers se tournèrent pour faire face à l'individu planté juste derrière eux avec un grand sourire au visage, visiblement content d'avoir interrompu leurs messes basses.
Les regards des deux sorciers pourtant se déplacèrent très rapidement vers un autre jeune homme, un peu derrière Rosier. Silencieux et observateur. Son regard passa entre les jeunes hommes, survolant leurs verres pleins et s'arrêta quelques secondes sur la photo entre les doigts de Abraxas. Le silence se prolongea. L'attitude du quatrième homme était sereine, calme et composée.
Abraxas et Orion saluèrent les nouveaux venus, inclinant très légèrement leurs visages. Ce signe de respect, discret et subtile était réservé au quatrième homme. Celui à la tenue, à l'attitude et au visage irréprochable.
— Rosier. Jedusor.
Rosier glissa sur une chaise, au côté de Abraxas sans attendre. Jedusor, lui, hocha lentement la tête sans détacher son regard critique des deux sorciers. Il ne se précipita pas pour prendre place à place, prenant son temps pour retirer sa cape de sorcier et jeter un coup d'œil autour d'eux. Le sorcier calme déposa son manteau sur le dossier de sa chaise avant de prendre place à table de manière royale. Il était royal. D'un mouvement du menton vers Rosier, il articula une demande non verbale.
Rosier s'éxécuta, bougeant légèrement la baguette entre ses doigts et en murmurant un petit sort autour d'eux. La conversation était privée.
— Qu'est-ce que c'est? Questionna Jedusor en regardant la photo entre les doigts d'Abraxas.
— Seigneur, répondit Orion alors que le blond donnait la photo de Lyra. J'ai des relations avec la famille Oskana sur le continent. C'est une piste pour ouvrir votre influence sur d'autres pays, les héritières Oskana devenir des points pivots. L'aînée est reconnue comme très influente auprès du président du Congrès Magique et des ministères magiques du le continent.
— Et ? Demanda Jedusor, ses yeux détaillant mécaniquement la jeune fille timide sur la photo. Regard de rapace.
— La communauté internationale est encore fragilisé après la chute de Grindelwald, c'est le moment idéal pour créer des connexions avec des familles puissantes en Europe pour vos projets. Les saisons politiques changent mais les idées de certaines familles durent longtemps, argumenta Abraxas. Il s'arrêta avant d'ajouter plus bas, toujours à l'intention de Jedusor. La famille Oskana n'est pas étrangère à la magie noire…
Il n'y eut pas de réponse. Orion releva les yeux pour regarder le jeune homme à qui ils venaient de soumettre leurs idées. Tom Jedusor. Charismatique, élégant et vif. Ce sorcier incarnait beaucoup de chose: la puissance, la force et la beauté. Ses yeux sombres n'avaient pas quitté la photo, son expression calme était terrifiante. Le charme qu'il dégageait était bouffant, pommettes hautes – typiques de l'aristocratie, le nez droit et des yeux colorés par les ténèbres eux-mêmes.
Sa puissance magique était tout aussi bouffante. Abraxas et Orion savaient très bien de quoi il était capable. Un véritable prodige de la magie noire.
— Qui est-ce sur la photo?
— Lyra Oskana, la cadette.
— Et sa sœur?
Le silence lui répondit. Les deux jeunes hommes ne savaient pas à quoi ressemblait la dénommée Valloma Oskana. En vérité, ils ne se tenaient pas très informés de la politique étrangère et n'avaient pas vraiment eu pour intérêt d'apprendre les grands noms des riches familles magiques du continent. Orion Black et Abraxas Malfoy n'étaient que des jeunes sorciers. Ils découvraient à peine la vie après Poudlard.
Mais il était facile d'imaginer la grande sœur à partir de la petite sœur, non? La forme du visage identique, les yeux aussi brillants et peut-être la même couleur de cheveux? Ah, s'ils savaient. Ils étaient tellement loin du compte. Sans aucun commentaire dessus, Abraxas déposa la photo devant Jedusor.
Le sorcier détacha son regard de la photo pour le porter sur Orion sans prévenir. Celui-ci inspira lentement, attendant qu'il parle.
— Cherche des informations sur l'aînée.
— Oui Seigneur, répondit le brun en abaissant légèrement la tête par respect. L'ordre était clair.
— Bien, il tourna sa tête vers Abraxas, tendant sa main et dépliant ses doigts anguleux. Est-ce que tu as ce que je t'ai demandé? Nous devons préparer notre projet.
Et la conversation dévia vers la raison de leur réunion, habituellement rare.
