Une fois rentrés, William part jouer. Je me retrouve seule avec Drago.

— « Ta fiancée ? Responsable légale ? », grondé-je, incrédule. « Non, mais tu te fiches de moi ou quoi ? »

Je soupire et le laisse planté là. Mon esprit bouillonne de colère et de frustration. Il aurait au moins pu m'en parler avant, non ? Ce n'est pas une décision qu'on prend à la légère ! Je rejoins William dans sa chambre où il s'amuse avec des petits chevaliers ensorcelés. Je m'assieds en tailleur à côté de lui, essayant de calmer mes nerfs.

— « Je peux jouer avec toi ? », demandé-je, tandis que William acquiesce avec enthousiasme.

Passer du temps avec lui va m'apaiser. Il m'explique son jeu : une bataille pour sauver le bon roi emprisonné dans le château ennemi.

— « Tu sais, Papa, il a dit n'importe quoi à la dame », me dit-il, tout en dirigeant ses chevaliers d'une main experte. « Quand il dit que maman n'est pas présente… C'est pas vrai, elle est là tous les jours pour s'occuper de moi. »

Je fronce les sourcils, surprise par ses mots.

— « William, qu'est-ce que tu racontes ? », murmuré-je, légèrement déconcertée.

— « C'est toi ma maman », dit-il doucement avant de se blottir contre moi.

Je le serre doucement dans mes bras, touchée au cœur. Ce n'était pas la première fois qu'il me fait comprendre que je suis plus que sa nounou, mais cette fois, ses mots ont une résonance différente. C'est à la fois tendre et douloureux de l'entendre dire ça. Nous restons ainsi quelques minutes, silencieux, jusqu'à ce que les petits chevaliers nous rappellent à l'ordre :

— « S'il vous plaît ! Nous avons une bataille à gagner ! Nous devons sauver notre seigneur ! »

Je ris en regardant nos armées miniatures, mais suite à cette remontrance, William et moi nous replongeons dans le jeu, créant de nouveaux rebondissements et changeant le cours de l'histoire. Nous jouons ainsi pendant un bon moment, immergés dans notre univers imaginaire. Je me perds dans ce monde avec lui et je m'amuse bien.

Toc, toc, toc!

Je lève la tête de mes chevaliers et vois Drago à l'encadrement de la porte. Son expression est pincée, comme s'il était nerveux, et c'est peut être le cas… Il nous demande, avec un léger sourire, s'il peut jouer avec nous. Je laisse William répondre, et c'est avec grand plaisir qu'il invite son père à se joindre à la bataille. Une troisième armée de petits chevaliers se compose et vient rejoindre les autres sur le champ de bataille.

Drago semble soudain redevenir un enfant en jouant avec nous. Je ne peux m'empêcher de sourire en voyant cette nouvelle facette de lui, si loin du sorcier hautain, prétentieux et borné que j'ai connu. Je souris tendrement en le voyant interagir avec William. Sans nous en rendre compte, les heures passent sous nos yeux.

Lorsque midi arrive, Grishka vient nous chercher pour aller déjeuner et, après le repas, nous reprenons notre guerre, qui devient de plus en plus complexe avec l'arrivée des dragons… L'après-midi avance, et nous finissons par sauver le bon roi, mettant ainsi fin à notre grande épopée.

Bientôt, Narcissa et Lucius rentrent de leur travail respectif. Lucius occupe désormais un poste à la Brigade de réparation des accidents de sorcellerie, tandis que Narcissa a trouvé un emploi de bureau à Gringotts.

Nous descendons au moment où Narcissa franchit le seuil de la porte. William court dans ses bras pour lui raconter sa journée avec une excitation débordante. Le visage de Narcissa s'éclaire doucement, bien que je sache qu'elle garde toujours une part de réserve derrière son sourire. D'abord surprise par la décision de Drago d'inscrire William dans une école moldue, elle finit par apprécier l'idée après réflexion.

Lucius, cependant, est plus difficile à convaincre. Drago profite d'un moment d'absence de William pour se confier à ses parents sur la possible condition de cracmol de leur petit-fils. Les yeux de Lucius se rétrécissent, son visage est impassible, mais je peux sentir la tension monter dans la pièce. Aucun des deux Malefoy ne veut y croire au départ, et encore moins Lucius, mais les faits sont là : William n'a jamais utilisé la magie devant eux non plus.

— « Peut-être qu'être entouré de Moldus sera un élément déclencheur », suggéré-je, cherchant à ouvrir une nouvelle perspective.

— « Je n'y avais jamais pensé… », admet Narcissa après un moment de réflexion. « Peut-être que ses pouvoirs ne se sont pas encore totalement manifestés à cause de la magie omniprésente autour de lui… »

Lucius reste silencieux, les lèvres serrées. Je peux sentir qu'il n'accepte pas cette réalité, pas encore, du moins. Notre conversation prend fin sur cette idée, chacun d'entre nous restant songeur face à cette possibilité.

Le soir-même, en me couchant, je décide de continuer ma lecture du moment. Je ne suis pas vraiment fatiguée, et je devine facilement que je vais peiner à m'endormir. Drago me rejoint après avoir couché William. Contrairement à moi, il semble épuisé. Ses épaules s'affaissent sous le poids de tout ce qui le préoccupe ces derniers temps. Je lis encore quelques minutes, juste le temps de finir mon chapitre, puis je pose mon livre et me couche à mon tour.

— « Je dois te dire quelque chose... », chuchote Drago dans le noir.

— « Je t'écoute », réponds-je, intriguée.

— « J'ai entendu votre conversation, à toi et William... Je ne voulais pas écouter, mais la curiosité a pris le dessus. »

Je le sens hésitant, presque vulnérable, ce qui est rare chez lui. L'obscurité nous enveloppe, créant une intimité différente, presque rassurante. Je ne dis rien et me contente de l'écouter. Mes yeux, habitués à l'obscurité, commencent à distinguer les traits de Drago. Il semble hésiter.

— « Et… j'ai reçu un papier moldu de la part de Charlotte... Elle renonce à ses droits sur William. »

Il marque une pause, cherchant visiblement ses mots.

— « Il y avait aussi un rouleau parchemin, où Charlotte m'exprimait avec rage, qu'elle avait perdu d'avance, que de toute façon tu étais plus la mère de William qu'elle ne l'avait jamais été, etc., etc. Ça m'a fait réfléchir pendant un bon moment. Et ce matin, quand j'ai entendu William te dire qu'il te considérait comme sa maman… »

Je me redresse un peu, sentant que cette conversation prend une tournure sérieuse. Mon cœur bat plus vite. Est-il vraiment en train de m'accuser de ce que je crois ?

— « Je n'ai jamais dit à William de me voir comme sa mère », me défends-je. « Ok, je te l'avoue, ce n'est pas la première fois qu'il fait allusion à ça, mais je ne l'ai jamais encoura… »

— « May », me coupe Drago en se redressant à son tour. « Je suis en train de te dire que je pense à l'adoption. »

Le souffle me manque un instant. Le silence tombe dans la pièce.

— « Oh ! »

Je comprends alors l'ampleur de ce qu'il me dit. L'idée d'adopter William me traverse souvent l'esprit, mais je ne m'étais jamais préparée à ce que Drago me le propose de manière aussi directe… Et aussi rapide ! En plus, il n'a pas seulement envisagé cette possibilité, il l'a étudiée ! Il s'est renseigné sur le monde moldu et sur les procédures, il a vraiment réfléchi à la question. Cela change tout.

— « Je viens de lui en parler », poursuit Drago. « Il est vraiment heureux à l'idée que tu deviennes officiellement sa mère. Et toi, qu'est-ce que tu en penses ? »

Je prends une grande inspiration avant de répondre, mes pensées se bousculant dans ma tête.

— « Drago... Je ne veux pas précipiter les choses... On n'adopte pas un enfant comme ça, sur un coup de tête. Et si jamais... Si jamais on venait à se séparer dans le futur ? »

Drago me regarde intensément. Son regard ne trahit aucun doute, il semble si sûr de lui.

— « Nous sommes des sorciers », rétorque-t-il doucement. « La paperasse moldue, on s'en débarrasse en un coup de baguette. Et même sans ça, je ne pourrais jamais empêcher William de te voir. »

Ses mots me touchent, mais le poids de la décision me semble immense.

— « Laisse-moi y réfléchir, d'accord ? », dis-je enfin, sentant la pression monter en moi.

Nous nous embrassons tendrement avant de nous recoucher. Le sommeil me fuit pour de bon, cette fois. L'idée tourne en boucle dans ma tête. Suis-je prête à devenir la mère de William ? Que cela signifierait-il pour nous tous ? Je dois absolument en parler à Hermione, Ginny et Luna !