Le lendemain, je convoque tout le monde à la librairie. Après avoir trouvé un jour et un horaire qui convient à chacune, ma journée peut débuter. Les jours ont passé depuis le rendez-vous avec la directrice, et je me plonge dans le travail pour éviter de penser à la question de l'adoption. William m'accompagne au travail tous les jours, le temps que son inscription soit validée.
En parlant de lui, il est véritablement impatient de commencer l'école. Il a fait et refait son cartable au moins dix fois pour s'assurer qu'il avait bien toutes ses affaires. Son excitation est contagieuse, et je l'ai regardé à chaque fois avec un sourire attendri.
Heureusement pour nous, l'inscription a été validée rapidement. Ce matin, Drago dépose William à l'école pour son premier jour. Comme s'il y avait un signe de Merlin lui-même, cela tombe pile le jour où je retrouve Hermione, Ginny et Luna pour discuter de mes doutes.
Aujourd'hui, je travaille avec Anya, qui est toujours d'une agréable compagnie. Depuis qu'elle a commencé à travailler pour Hermione et moi, la gaieté règne dans la librairie, et c'est très agréable. Nous avons une vraie chance de tomber sur elle, surtout qu'elle s'entend parfaitement avec Wendy.
Avec Anya, nous nous occupons des clients et de la caisse chacune notre tour. J'apprécie ces moments simples et sans prise de tête, parce que dans un coin de mon esprit, la question de l'adoption de William me trotte encore.
Je suis impatiente d'être à ce soir pour enfin parler de tout ça avec des personnes neutres. Même si j'angoisse de savoir l'opinion de mes copines, c'est un mal pour un bien.
Plus tard dans la soirée, Hermione, Ginny et Luna me rejoignent à la librairie. Je ferme la boutique et je les entraîne dans mon ancien appartement. Je ne sais pas trop comment aborder le sujet, mais j'ai tellement besoin d'entendre leur avis que je me lance, allant droit au but. Après leur avoir raconté les événements passés, je leur demande ce qu'elles en pensent.
Nous passons près de trois quarts d'heure à peser le pour et le contre. Chaque avis positif est contrebalancé par un argument opposé. Hermione se montre contre l'adoption, arguant que c'est trop tôt et trop compliqué. Ginny est pour, Luna et moi n'avons pas encore d'avis tranché. Finalement, Hermione suggère de demander l'avis des garçons. Harry, Ron et Neville sont appelés à la rescousse.
Bien que je n'étais pas vraiment favorable à l'idée de leur en parler tout de suite, Hermione pense qu'il est préférable d'avoir l'avis de tout le monde. A mon tour, j'insiste pour que George et Angelina se joignent au débat.
La pièce devient rapidement animée, avec des échanges de points de vue parfois passionnés, parfois amusés. Je décide d'envoyer Rex pour prévenir Drago afin qu'il ne s'inquiète pas de mon absence, et surtout je lui demande s'il souhaite se joindre à nous.
Il arrive un peu plus tard en compagnie de William, jugeant que le principal concerné devait avoir son mot à dire. Je suis nerveuse à l'idée que William entende tout ce débat, mais en même temps, c'est aussi important pour lui d'être présent.
— « … Et moi je suis sa sœur, et je pense qu'il est beaucoup trop tôt pour prendre cette responsabilité-là ! », s'exclame Hermione avec force.
— « Hermione, il souhaite profondément que May devienne sa maman... Je ne vois pas pourquoi tu t'obstines », réplique Drago calmement, bien qu'un brin agacé.
— « Parce que c'est un caprice d'enfant ! », répond Hermione, un peu plus tranchante qu'elle ne l'aurait voulu. « Il est encore trop jeune pour en comprendre les conséquences. »
George, qui s'était jusque-là contenté d'écouter, intervient :
— « Alors là, je ne suis pas d'accord, Hermione. », il croise les bras, pensif, « J'ai grandi avec Ron et Ginny comme petit frère et petite sœur, et je peux t'assurer qu'à cet âge-là, ils savent parfaitement ce qu'ils veulent ! Mais je te rejoins sur un point... C'est peut-être un peu tôt pour une adoption. Et si les choses ne se passaient pas comme prévu entre vous ? », nous interroge-t-il, Drago et moi.
Drago garde son calme.
— « Une adoption moldue peut s'annuler avec quelques sortilèges si nécessaire. », précise Drago. « Mais ça ne changera rien pour William. Il a choisi May, et je ne peux pas lui enlever ça. Et même si May et moi décidons un jour de ne plus être ensemble. »
Harry intervient à son tour, hésitant :
— « Malheureusement, ce n'est pas aussi simple. Si j'avais pu choisir mes parents... »
Il laisse sa phrase en suspens, les souvenirs de son enfance pesant sur ses mots.
— « Mais ça ne marche pas comme ça. », conclue-t-il en secouant la tête.
Ginny jette un regard compatissant à petit-ami, mais elle secoue doucement la tête.
— « Justement, Harry. Si tu avais eu le choix, qu'aurais-tu fait ? Alors pourquoi ne pas laisser William décider de ce qui est bon pour lui ? Oui, il est encore jeune, mais ça ne veut pas dire que ses sentiments ne sont pas réels. »
Hermione, toujours aussi sceptique, fronce les sourcils.
— « Une maman, ce n'est pas une nounou ! Il ne suffit pas d'être aimée, il y a bien plus de responsabilités derrière. Et May, tu n'es pas encore prête à tout ça, tu le sais. », gronde Hermione, visiblement frustrée.
Je les écoute en silence, assise non loin de Neville, qui n'a pas encore pris part à la polémique. Il discute doucement avec William à côté de moi, et bien que je n'entende pas ce qu'ils se disent, leur échange semble plus serein que tout ce brouhaha.
Le temps passe et le débat continue, oscillant entre prises de bec et discussions constructives. À un moment, cela devient presque comique tant les arguments tournent en rond. Sentant que la situation s'enlise, je m'éclipse discrètement pour préparer à manger. Quelque chose de simple et rapide : des pizzas maison. Je me concentre sur la cuisine pour apaiser l'agitation intérieure que cette discussion génère en moi. C'est une façon de canaliser l'anxiété.
Lorsque tout est prêt, je sers les pizzas à tout le monde. L'odeur réconfortante et le plaisir de manger ensemble semblent détendre l'atmosphère. Les disputes cessent momentanément, les visages s'adoucissent. Mais l'accalmie est de courte durée. Une fois les assiettes vides, le débat reprend, plus animé que jamais. Je commence à désespérer qu'on parvienne à une conclusion.
C'est alors que Neville, toujours aussi silencieux, se lève de son siège. Tout le monde se tourne vers lui, surpris. Il dégage une certaine sérénité, et son geste impose un silence respectueux.
— « Je sais que chacun a son avis bien tranché sur la question... », commence-t-il d'une voix calme, mais ferme. « Mais après avoir parlé avec William, je pense que vous devriez l'écouter, lui. »
Tout le monde se tourne vers William, qui s'agrippe un peu à Neville, visiblement intimidé.
— « Ce n'est pas un caprice », continue Neville. « Il m'a expliqué qu'il sait très bien que son père et May pourraient se séparer un jour. Il comprend déjà ce genre de choses. Mais son expérience ratée avec Charlotte – qui, je vous le rappelle, est sa vraie mère – lui a fait comprendre que May agit comme une Maman, avec un grand M. »
Neville se tait, laissant ses mots flotter dans l'air. Le silence qui suit est lourd de réflexion. Ses paroles, semblent clore le débat d'une manière que personne n'avait encore su faire. Tout le monde reste pensif, absorbé dans ses propres pensées.
— « Voilà qui est dit », murmure Ginny, comme pour résumer ce que nous ressentons tous.
Avec Drago, nous avons finalement décidé d'attendre quelques mois avant de nous lancer dans une procédure d'adoption. Nous voulions nous assurer que notre couple tienne et que je sois prête à cette responsabilité immense. Je veux m'assurer que cette décision ne soit pas qu'une impulsion dictée par l'émotion. Drago a compris mes réticences, et nous avons longuement et posément discuté de ce que cela signifiait pour nous, pour William et pour son avenir.
Nous avons également longuement discuté de l'emploi du surnom « maman » par William. Nous avons jugé que ce surnom ne devrait être employé que lorsque tout serait en règle, pour qu'il reflète une vérité officielle et non seulement un désir. William a semblé accepter cela, même si j'ai pu lire dans ses yeux une légère déception.
Quelques semaines après le débat mouvementé, nous avons eu le plaisir d'accueillir Andromeda et Teddy à la maison à plusieurs reprises pendant les vacances de Noël.
Andromeda a pu profiter de sa sœur, et William de son cousin. Ce fut un réel bonheur de voir les deux enfants jouer ensemble, s'amusant à faire des batailles de boules de neige et à fabriquer divers bonhommes avec la neige qui recouvrait le sol. William et Teddy m'ont semblé inséparables et je ne pouvais m'empêcher de sourire en les voyant si heureux.
Dans cette nouvelle dynamique, Drago réussit le tour de force de réunir les Weasley, les Potter, les Granger, les Malefoy, Andromeda et Teddy dans la même maison pour fêter Noël tous ensemble. Avec l'aide de mon bel et serviable Rex – enfin, quand il veut ! – Drago a organisé un réveillon familial.
Convaincre les Weasley a été, selon Drago, la partie la plus difficile. Il m'a confié un soir, après que William s'est endormi :
— « Tu crois vraiment qu'ils viendront ? »
— « Ne t'en fais pas, Drago. C'est Noël. Et s'il y a bien une chose que cette famille sait faire, c'est mettre les querelles de côté pour les fêtes. », avais-je répondu, sincère.
Malgré tout, j'ai senti qu'il restait tendu. Mais le jour J, tout s'est passé comme prévu, ou presque !
Lucius et Arthur se sont soigneusement évités toute la soirée. Chaque fois que l'un entrait dans une pièce, l'autre trouvait soudain une raison urgente de s'en aller. Je dois admettre que c'était à la fois fascinant et très amusant à observer ! À un moment donné, ils se sont retrouvés face à face près du sapin de Noël. Un silence gênant s'est installé, chacun regardant ailleurs, avant qu'Arthur ne murmure un timide « Joli sapin… » et s'esquive rapidement. C'était à la fois hilarant et absurde.
Globalement, nous avons tous passé un moment chaleureux et agréable. Une soirée dont on se souviendra tous.
Depuis, les tensions entre nos familles sont en passe de s'apaiser. Nous ne sommes pas encore au stade d'organiser des dîners hebdomadaires, mais un repas de temps en temps reste faisable, et chacun y met du sien pour que tout se passe bien. Les premiers dîners ont été un peu hésitants, marqués par quelques silences, mais les sourires deviennent de plus en plus naturels au fil du temps. Ce n'est pas parfait, mais c'est un bon début.
Narcissa et Andromeda ne manquent jamais une occasion de se retrouver, Narcissa prenant un plaisir à recevoir sa sœur ou à lui rendre visite. Dès que possible, Drago et moi l'accompagnons pour que Teddy et William puissent s'amuser ensemble. Ces moments sont précieux pour Drago, car il peut enfin profiter d'une partie de sa famille qu'on lui a cachée pendant des années. Il ne manque jamais de mentionner à quel point il regrette de ne jamais avoir connu Nymphadora, et son absence se fait encore plus sentir lors de ces réunions familiales où Teddy occupe une place charnière.
C'est grâce à l'amitié qu'il porte pour William que tout le monde met de l'eau dans son vin.
Au printemps, Teddy a été invité à passer quelques jours de vacances au manoir. Sa présence apporte toujours un souffle d'air frais, bien qu'avoir un métamorphomage à la maison n'est pas de tout repos : Teddy met de l'animation dans nos journées avec ses transformations imprévisibles ! Il s'amuse à prendre l'apparence de ses personnages préférés pour faire rire William, et cela suffit à remplir la maison de rires.
Drago, ravi d'avoir son cousin chez nous, en a profité pour prendre quelques jours de vacances également. Quant à moi, avec l'équipe au complet à la librairie, j'ai ajusté mon emploi du temps pour pouvoir me joindre à eux autant que possible, comme cet après-midi par exemple.
Le soleil brille, et les enfants jouent dehors, passant allègrement du rôle de cow-boy à celui de chevalier ou encore de maître des potions. Drago et moi, installés sur la terrasse qui donne sur le jardin, profitons également du soleil, chacun plongé dans sa lecture respective, tout en gardant un œil sur les enfants.
Ils jouent actuellement aux chasseurs de trésors, armés de petites pelles, creusant ici et là dans le jardin à la recherche de bijoux ou de pierres précieuses. Et cela ne m'étonnerait même pas qu'ils en trouvent!
Drago se lève, proposant d'aller préparer une citronnade. Tandis qu'il entre dans la maison, je m'attarde un instant à observer les deux enfants, amusée. Soudain, William, tout excité, s'écrit un grand sourire sur le visage :
— « Regarde, Teddy ! Regarde ce que je fais ! »
De loin, je ne distingue pas ce qu'il montre, mais je suppose que c'est lié à leur chasse au trésor. Quoi que... William se met soudain à courir vers la terrasse, une main tendue devant lui, mais je n'arrive pas à distinguer ce qu'il y a dessus.
— «Maman! Maman, regarde! Regarde!», s'écrit-il en grimpant les marches de la terrasse à toute vitesse.
Ce n'est que lorsqu'il se rapproche que je réalise que de la terre tourbillonne dans le creux de sa paume, formant une petite tornade. Il trébuche alors sur la dernière marche de la terrasse, et avant même que j'aie le temps de réagir, il s'effondre au sol.
Je me précipite vers lui pour vérifier si tout va bien. Il affiche un grand sourire, malgré ses larmes aux yeux.
— « Tu as vu ? Tu as vu ? », demande-t-il, malgré la douleur.
— « Oui, chéri, j'ai vu. » le rassuré-je en le prenant dans mes bras.
Teddy arrive peu après, grimpant à son tour les marches pour nous rejoindre. Drago, revient à cet instant avec un plateau, loin de deviner ce qu'il s'est déroulé sous mes yeux.
— « Ben alors, que se passe-t-il ici ? », s'enquiert-il en nous voyant assis par terre.
— « C'est Willy, tonton ! Il a fait de la magie ! », s'exclame Teddy, fier de son cousin.
Un sourire éclaire le visage de Drago.
— « Mon fils ira à Poudlard ! », déclare-t-il avec un soupir de satisfaction.
Une fois William réconforté et ses genoux écorchés soignés, nous nous installons tous autour de la table pour boire la citronnade.
— « Tu iras à Serpentard, comme moi ! », lance Drago avec enthousiasme.
— « Non ! À Poufsouffle, comme moi ! », rétorqué-je avec conviction.
Drago écarquille les yeux.
— « Tu étais à Poufsouffle ? », demanded'un ton légèrement se moque-t-il avec un sourire narquois aux lèvres.
— « Maman aussi était à Poufsouffle ! », me défend Teddy.
Je souris, reconnaissante.
— « Merci de ton soutien mon chéri, et tu sais, ta maman était une sorcière brillante ! Bien qu'un peu maladroite… »
Je ris doucement avant de me tourner vers William.
— « Tu iras là où le Choixpeau t'enverra, mon petit chat », dis-je avec douceur.
Je plante mon regard dans celui de Drago avant de déclarer fièrement :
— « Et oui, pour ta gouverne, Drago Malefoy, j'étais à Poufsouffle et c'était parfait ! Un dortoir chaleureux, tout près des cuisines… »
Et je m'évade dans mes souvenirs… Drago ricane, me sortant de mes pensées, et admet finalement qu'aucune maison n'est supérieure aux autres, expliquant patiemment aux enfants les devises de chacune. William et Teddy l'écoutent avec une attention fascinée, les yeux pleins de rêves de Poudlard.
A la fin du séjour, lorsque Harry franchit la porte pour récupérer Teddy, ce dernier court vers son parrain pour raconter sa semaine en détail. Harry rit doucement, lui rappelant qu'il aura le temps de tout lui raconter une fois rendu au Square Grimmaurd. William, lui aussi, s'empresse de raconter comment il a fait tourbillonner de la terre dans sa main. Et Harry semble fier de lui et le félicite chaleureusement.
Après leur départ, le silence retombe sur la maison. William, visiblement triste du départ de son cousin, file dans sa chambre. Drago et moi nous retrouvons seuls dans le salon. Nous discutons de William et de ce premier signe de magie avec une certaine fierté. Soudain, Drago se lève et va chercher quelque chose dans la bibliothèque. Lorsqu'il revient, il dépose une feuille déjà remplie devant moi, accompagnée d'une plume.
— « Je pense que c'est le bon moment pour ajouter ta signature, pour que William soit officiellement ton fils… Notre fils », dit-il avec douceur.
Je regarde la feuille un instant, hésitante. Drago me connaît trop bien.
— « Il t'a appelée maman. »
Je ne sais pas quoi dire. Je prends la feuille et la plume, puis me rends dans la chambre de William. Je m'assieds à ses côtés et lui demande de m'écouter attentivement. Je lui explique ce que cela signifie, en termes simples.
— « Je pourrais t'appeler maman pour de vrai ? », demande-t-il avec espoir.
— « Oui, si tu le souhaites », lui réponds-je avec un sourire.
— « Alors je veux que tu signes. Et… est-ce que tu vas te marier avec papa ? » , ,ajoute-t-il innocemment alors que j'appose ma signature.
— « Peut-être. », dis-je en souriant. « Tu devras lui demander. »
— « Mais c'est à lui de te demander, non ? », s'exclame-t-il avec confusion.
Je ris doucement et dépose un baiser sur son front.
Drago entre à cet instant dans la chambre, récupère le document et examine la signature en bas de la page.
C'est officiel.
Je suis maman.
