Il y en a un qui s'est pris un sacré galon lol
Chapitre 416 : Ah Men
Une ombre vient me couvrir. Assurément, la présence m'est hostile.
"Tu peux vraiment être fière de toi, vile orque !"
La poigne dans mes cheveux me rappelle à quel prédateur j'ai affaire.
"Floyd a complètement vrillé grâce à toi."
"Lâche-moi, Jade, ou je te fais goûter au pouvoir octroyé par... aïe !" alors qu'il tire davantage.
"Tu ne me fais pas peur." menaçant, à mon oreille.
Soudain, une puissante salve le propulse contre le mur.
Il en demeure sonné un moment, agitant la tête pour lui faire revenir les esprits.
Nous nous fixons.
"J'aurai dû m'écouter dès le départ ! Jamais nous n'aurions dû nous retrouver mêlés à toi !" sur une moue dont Jade possède le secret, bras exprimant sa révolte.
"Floyd aurait de toute manière vrillé, Jade."
"LA FERME !"
"Il est si différent d'Azul et toi... c'était inévitable."
"SILENCE, J'AI DIT !"
C'est la première fois que j'entends sa voix à pleins poumons et je dois dire que j'ai quasiment envie de me boucher les oreilles.
"J'te pensais pas con au point de t'époumoner comme ça, Jade." avance une voix reconnaissable entre toutes.
Il s'avance. Seigneur ! Il s'est pris dix ans dans la tronche d'un coup !...
Adieu innocence juvénile !...
Je plisse les yeux, fixant cette partie de tatoo qui lui grimpe jusqu'au cou. Un tentacule, à n'en point douter.
"T'aimes ?" ouvrant sa chemise, dévoilant un tatouage qui court d'une épaule à l'autre, mettant une scène une murène prête à dévorer ledit tentacule. "Le boss a apprécié moyen."
Je hausse le sourcil. "Tu fumes... le cigarillo, à présent ?"
"Floyd, ne..."
Un geste, un seul, et Jade se ratatine. C'est qui, le boss ?!
"Pourquoi tu restes là à me materner comme si j'étais un môme, Jade ?"
"Je... Floyd, tu..."
"T'as pas mieux à foutre avec le boss ? Tu sais... il est un peu paumé sans toi." lui balançant un regard explicite.
Jade rajuste sa veste et quitte la scène.
"Quand on se fait brutalement humilier, il y a deux options possibles : soit on se morfond roulé en boule au fond de son pieu, soit on laisse parler ses plus bas instincts. J'te laisse deviner quelle a été mon choix après que ton... connard me foute plus bas que terre devant des yeux témoins."
"Je... ne voulais absolument pas que ça se passe ainsi."
"Ouais, ouais. Pourtant c'est comme ça que ça s'est passé ! Autant te dire que j'l'ai eue plutôt mauvaise."
Beaucoup trop proche ! Me lâche la fumée de son cigarillo dans la face. Je m'évente. Rester zen.
"Tu m'as fait. J'serai pas la moitié de c'que j'suis aujourd'hui sans toi. Mais t'as aussi su me détruire de la même, vicieuse façon. Nan, pire que ça : t'as laissé un enfoiré s'en occuper."
1,98 m de pure rage ! J'ai intérêt à me méfier. Floyd, de nature, c'est déjà quelque chose... bien remonté, c'est pire !
"J'me suis laissé dire que t'étais retournée avec le Chasseur. Jamais compris c'que tu lui trouvais."
"Une certaine maturité, sans doute." du tac-au-tac.
"Peuh. Laisse-moi rire. Tu fais ça pour me mettre la rage, avoue."
Je ris. "Le monde ne tourne pas forcément autour de ton seul nombril, Leech."
Il abat son poing fermé au-dessus de ma tête. "Me fout pas en rogne."
"Je ne te crains pas, Leech."
Il grimace, avançant la main jusqu'à mon cou sans toutefois pouvoir s'en saisir, intention bloquée par mon aura.
"C'est quoi... cette... sorcellerie ?..."
"Oh, ça n'a rien à voir avec de la sorcellerie. C'est juste... le pouvoir que m'a octroyé Hadès."
Je me pose dos contre la porte et le laisse venir. Il finit par basculer sa jolie tête fine par-dessus mon épaule, hennissement doux. Je le caresse, main remontant jusqu'au toupet.
"Tu veux aller galoper, mon tout beau ?"
Me voici de retour en Provence.
"Ma chère nièce !..." m'attrapant par le bras pour m'emporter à l'intérieur. "Oh, j'ai un mal d'épaule affreux ces derniers jours !..."
Je vois. Un fléau tête de mouche. Hop ! Exorcisé discretos.
Ma tante en perçoit immédiatement l'effet, bougeant son épaule. "Ma nièce, j'exige que tu viennes plus souvent, tu fais s'envoler tous mes maux !..."
A qui le dis-tu, tatie ?... XD
La maison en est truffée. Elle porte en elle la lourde histoire des tares ataviques.
Mon cousin demeure de plus en plus secret et fuyant. Ma cousine voue un véritable culte à son père défunt.
Les fléaux kiffent l'ambiance !
Je soupire puis actionne l'appel.
Je me déteste déjà !
Il décroche. Je capte le brouhaha autour de lui. Hall d'aéroport. Je l'entends qui se déplace.
"Girl. J'te manque à ce point que tu m'appelles ?"
"J'ai envie de cul, B."
Petit rire de gorge. "Déso, j'suis à Singapour là."
"Rapplique, B."
Cette fois le rire se précise et il s'agit bien de celui d'un demi-sang de Shinigami. "Girl, Girl, Girl !... On t'a jamais appris à t'soulager avec c'que t'as sous la main ?"
"Rapplique, petit con !..."
"Ça marche pas comme ça, Girl. Pour commencer, tu demandes poliment si tu veux que j'te rende le moindre service."
"Rapplique ton cul ici, enfoiré !" plus qu'agacée - et accessoirement affamée.
"T-t-t. Où tu t'crois, Girl ? Plus, c'est pas mon cul que tu veux, c'est ma bite."
"Rapplique. Je peux t'assurer que tu passeras un excellent moment." me calmant.
"Si tu fais pas ta chieuse, ça, j'veux bien l'croire."
"B... s'il te plaît..."
"Better. But no." sur un sourire audible. "J'suis décalqué. J'rêve que de foutre ma tête dans un oreiller et pioncer douze bonnes heures."
"Enfoiré !" raccrochant de rage.
Je me laisse tomber sur le lit, permettant à mon esprit de divaguer à son aise.
L'époque de la Wammy's. Notre âge d'or à B. et moi.
Un attroupement. Je m'y frayais un chemin pour découvrir ce qui causait autant de trouble de bon matin ; L. et B. se disputaient une partie de billard.
Même si les deux garçons avaient pour base un physique assez similaire - B. demeurant le plus charpenté des deux, chevelure davantage tombante et moins hirsute que celle de L., expression de visage bien plus dérangée et surtout, surtout, cet œil de sang hérité au berceau, généralement camouflé par une mèche ; le legs d'un Shinigami déchu !...
B. venait de se pencher, dos droit, évaluant la boule cible avant de frapper, faisant mouche, compliquant considérablement la stratégie de L.
L'un était mon mec, l'autre un simple fantasme qui ne m'avait jamais cédé.
L. demeurait en pause, étudiant le jeu pour en tirer la meilleure tactique et mettre B. en échec. Ce dernier patientait bien mal ; B. était connu pour son tempérament explosif.
"Grouille, L., j'ai pas toute la journée."
Rien ne semblait atteindre L. Son regard, quittant le tapis de jeu, remonta un bref instant le long du torse de B. jusqu'à son visage avant d'y revenir.
"Tu n'as pas cours avant onze heures, j'ai vérifié, B."
B. fit heurter sa queue de billard sur le rebord de la table, visiblement furieux d'avoir été doublé.
"Quelque chose te contrarie, B. ?"
"Joue."
L. se plaça tranquillement en bout de table et reprit l'avantage.
"Haha ! Bien vu, L."
"B., si je gagne..." approchant l'oreille de B. pour y murmurer l'enjeu.
Visage amusé de B.
"Tu cesses de t'en prendre à Hope."
Notre relation faisait déjà grand bruit. Et rien ne semblait calmer les ardeurs de B. à mon égard.
Ils avaient pourtant tout tenté ; l'isolement, la brimade, les sanctions... rien n'y faisait !
B. me faisait toujours assaut. Le scandale était immense du fait de ma minorité.
Ils s'en prenaient à B. car c'était lui l'adulte responsable d'une telle calamité.
Le duel autour de cette table de jeu était de toute beauté.
Les adversaires ne ménageaient guère leurs efforts. Et j'en étais l'enjeu.
Alors que le jeu se resserrait davantage, B. vint se placer devant moi, extrémité de la queue de billard plantée au sol, en appui des deux mains sur la partie la plus fine, visage penché jusqu'à mon oreille. "Quand j'l'aurai enterré, j'te saute direct." à mon oreille.
"B." le réprimanda L., se doutant bien que ce qu'il venait de glisser à mon oreille ne tenait ni de la philosophie ni de l'algèbre.
B. ne laissait jamais ses gestes se déclarer en public mais son attitude équivoque à mon égard ne trompait personne.
La partie durait depuis maintenant deux bonnes heures ; chaque tentative de domination se voyant soldée par une manœuvre dissuasive.
Onze heures finit par sonner.
B. s'étira, queue tenue d'une main. "Match nul, mon cher L." déposant la queue sur le tapis. "Sans rancune."
L. demeurait incrédule, cherchant toujours la faille dans le jeu de B.
Il s'installa sur un fauteuil, en position fœtale, ne quittant pas le jeu des yeux jusqu'aux coups de midi.
Je rappelle. Il décroche.
"Tu t'obstines, Girl. Qu'est-ce que tu piges pas, au juste ?"
Le ton demeure malgré tout flatté et amusé.
Il vient d'arriver dans la suite réservée au palace le plus proche.
"Je ne te manque pas un peu ?..."
"J'viens de me taper un trajet de six heures dans des conditions météo déplorables, Girl. J'ai tout sauf envie de baiser, même avec toi."
Je me redresse sur le lit. "Le temps que j'arrive, tu auras retrouvé la forme."
"Haha ! Girl, Girl !... Vraiment, t'as personne d'autre sous la main ?"
"C'est toi que je veux, B."
Silence au bout de la ligne. Il savoure.
"Il est loin le temps où tu te sentais capable de soulever les forces qui s'opposaient à notre relation." le piquant.
"A l'époque j'avais L. à faire chier. C'était lui le challenge."
"Arrête. T'as toujours kiffé prendre ton pied avec moi."
"Qui sait, Girl. Qui sait ?..."
"Tu me fais tourner en bourrique !"
"Écoute, là, j'vais prendre une douche. Reste en ligne, si ça te chante." déposant son smartphone sur le lit, se désapant avant de regagner la luxueuse cabine de douche.
Je fulmine !
Il se prend ainsi dix bonnes minutes avant de me reprendre, notant avec satisfaction que je suis encore en ligne.
"C'est pas trop tôt !"
"Gueule encore et j'te raccroche au nez, Girl."
"T'es... nu ?..."
"A ton avis, Girl ?" amusé. "Bouge pas, j'vais me commander un encas." passant l'appel à la réception avant de me reprendre. "Et sinon, tu racontes quoi ?" se laissant tomber sur le lit, sur le flanc.
"Je soupire après le garçon qui a tout mis en œuvre pour me débaucher à l'époque de la Wammy's." sur ma faim.
"J'ai plus rien à prouver, Girl." s'amusant follement. "L. a lamentablement crevé."
On frappe. "Ah !"
"B., tu es sapé au moins ?!"
J'ai rêvé de Jin la nuit dernière. Cela m'arrive parfois.
Je suis demeurée un long moment dans mon lit à me remémorer nos moments lors de ce voyage initiatique avec Fuu et Mugen.
Lorsque Jin, ce guerrier formé à la rude école des dōjō japonais, reposait entre mes seins après l'amour, cheveux libérés de leur lien - une vision dont moi seule pouvait jouir dans le quatuor.
Jin me le disait souvent ; que j'étais parvenue à lire directement son âme là où bien peu s'étaient aventurés.
Je lui répondais que d'ordinaire, ces hommes-là ne finissaient guère dans mon lit mais prenaient plutôt leurs jambes à leur cou !...
Petit sourire en face. "Cela ne m'est pas dérangeant tant que tu ne l'utilises pas contre moi."
"Il faudrait bien davantage pour te terrasser, Jin."
"Vous n'êtes pas en règle, Monsieur." sortant la tablette pour dresser le PV. "Les détritus de votre établissement jonchent la rue."
Floyd se tient devant eux, mains placées derrière, tenant son portable, tête basse.
La murène déguisée en agneau !
Le téléphone vibre entre ses mains. Appel de Jade. C'est le signal.
"Messieurs, nous n'allons pas régler ça sur le pas de la porte. Entrez, je vous prie."
Ni d'une, ni de deux ils se retrouvent en caleçon dans la cave, solidement attachés à des chaises, après avoir été copieusement rossés, sac placé sur la tête de l'un, sang lui dégoulinant le long du torse depuis le visage, corps complètement brisé et contusionné de l'autre.
"It seems like you guys didn't even grab my feet ? Lol"
Il est loin le temps où ma murène chantait à tue-tête "Under the See" avec cette voix si haute perchée !
La voix de Floyd a gagné en profondeur, menaçante à souhait.
Floyd a été heurté, frappé en plein par une fille qui lui a planté le cœur !
Alors oui, murène consomme encore du sexe mais le fait sans le moindre engagement.
"Salut. On baise ? Ciao !"
Et qu'on ne vienne pas parler à Floyd de romantisme et autre flan dans le genre !...
Mr Eel possède désormais une telle réputation que même Leona a tendance à lui sortir du chemin. C'est plutôt Floyd qui, lorsqu'il d'humeur bagarreuse, se rend sur les terres brûlées pour lui chercher querelle !
Alors certes, Azul fait toujours partie du trio. Mais c'est bien parce que Floyd l'y tolère.
"Boss. On y va ?" faisant tourner le fedora d'Azul sur son index avant de le placer, sans douceur, sur la tête de la pieuvre.
Azul est devenu le faire-valoir de Floyd.
Jade suit avec la parfaite conscience que le véritable boss est désormais Floyd. D'ailleurs, la dernière fois où il a tenté de remettre les idées de Floyd en place, il s'est pris un pain monumental dans la face, qui l'a fait heurter le sol, K.O. Floyd s'est alors allongé sur lui et s'est mis à consciencieusement lécher le sang qui s'écoulait de son nez blessé.
Azul n'est que la "tête pensante".
La dynamite, c'est Floyd !
Plus question pour la murène de se tenir bien sagement derrière Azul ! A présent, il s'avance à ses côtés, sur un pied d'égalité.
Étrangement, lorsque Floyd entre dans une pièce, un silence suit.
Floyd est pris d'un frisson vertigineux qui lui grimpe le long de la moelle épinière. Ses yeux s'agrandissent démesurément. Inutile qu'il se retourne. Mon aura, il la connaît.
"Floyd..." tente de tempérer Jade, notant que sa moitié monte en pression.
"Calm down." lui glisse le boss.
"Qu'est-ce qu'elle... fiche ici ?" s'étrangle la murène la plus agressive du trio.
"Nous avons rendu l'ouverture de notre nouvelle salle de jeux publique, rappelle-t'en."
"C'était vraiment pas une bonne idée." grimace Floyd.
Je repère immédiatement ce dos et cette haute stature, plongé dans le costume de rigueur des années prospères d'Octavinelle.
"Cette femelle a décidément toute les audaces. Floyd. Don't move." lui enjoint Jade, me tenant d'un mauvais œil.
"Uh ? Toi qui me dis ça, Jade ?" de plus en plus sous pression, sentant une vague immense déferler sur lui.
Jade se tasse. Mauvais calcul ! Les lois ont changé.
"Elle... se dirige par ici..."
"Laisse-la venir. J'vais la bouffer."
"Messieurs."
Floyd rabat son fedora sur les yeux avant de pivoter pour me faire face. "Mademoiselle." le soulevant légèrement de la main gauche avant de le replacer sur sa tête, rebord camouflant toujours son regard de tueur éveillé.
"Je note qu'Octavinelle est toujours aussi prospère. Et que l'hégémonie fait toujours partie de sa politique."
"Ça s'passe aussi comme ça sous l'eau ; étendre son territoire est ce qui différencie les forts des faibles." me balance Floyd. "J't'apprends rien, hein ?"
"Tu n'es pas la bienv..."
Floyd vient d'étendre le bras, coupant illico le sifflet à Jade. "Laisse. Mademoiselle a toujours eu un certain goût pour la provoc'."
"N'est-ce pas là un point que nous avons en commun, Floyd Leech ?"
Frémissement intense à l'énonciation de son nom et prénom.
"Si. Mais toi, tu risques d'y perdre bien plus que moi." sans désarmer.
Ce qu'il a changé !... Certes, avant déjà, ce n'était jamais une petite friture mais là... cette murène en pleine maturité, quel régal à mes sens avertis !...
"Enterrons la hache de guerre, tu veux ?" me servant d'un amuse-bouche sur un plateau qui passe par là.
"Peuh. Tu te crois où là, dans un Disney(*) ?!"
"Je te rappelle que c'est toi qui as chargé dans les gradins."
"C'est c'que font les mâles dignes de ce nom quand un rival approche leur nana de trop près."
"Il n'a eu aucun geste déplacé à mon égard, Floyd."
"Floyd, ne..." intervient Jade.
"Jade. Azul. Allez prendre l'air. J'ai un truc à régler."
C'est sans appel. Les deux disparaissent en un rien de temps.
Ça me plaît !... Mon ventre commence à chambouler méchamment pour lui.
Je fixe la tentacule tatouée qui lui monte jusqu'au cou, chemise ouverte l'affichant en totalité.
"Arrête de loucher dessus."
"J'aurai très envie d'y passer la langue, Floyd."
Petit rire ultra-nerveux en face. "Tes ruses, j'les connais toutes."
"Et s'il n'y avait que ça... J'ai aussi très envie d'apposer ma main sur ton sexe pour le sentir enfler."
Il me fixe, analysant le mirage auditif qui semble passer par là.
"T'sais... tout ce que je m'étais promis de pas te faire... genre t'abîmer ?... Ben ça commence sérieusement à me titiller."
"J'ai le cuir solide."
"J'ai les pointes qu'il faut pour le percer jusqu'à la viande." langue allant titiller l'une d'elles.
(*) J'ai beaucoup ri en l'écrivant ! XD
