Chapitre 428 : 101 days of Sodom
Mon rire fuse.
Sebastian en a le duvet sombre des avant-bras qui s'hérisse tant ma voix possède un timbre affecté.
Minauder ne me sied guère, de son avis.
Je surjoue. Il ronge son frein.
Il sert avec précision et distinction, détaché au possible.
"Je me suis laissé dire que... vous faisiez appel aux services d'un majordome pour... ce qui regarde vos gestes intimes, Mademoiselle. Si vous étiez ma femme, jamais je ne permettrai cela !..." outré.
Je le fixe.
Sebastian vient de regagner sa place, derrière le canapé occupé par ces messieurs.
"Où est le problème, Monsieur Kroemer ?"
"C'est proprement scandaleux ! Cela reste un homme, Mademoiselle !... Votre père devrait se montrer davantage sévère à votre égard." se servant un petit four.
Je me tourne vers son voisin de canapé. "Et vous, Monsieur Straussler ? Qu'en pensez-vous ?"
"Je ne puis qu'abonder dans le sens de Monsieur Kroemer ici présent. Notre société possède ses règles et personne ne doit y déroger."
J'en bâillerai presque. "Et vous, qu'en dites-vous, Monsieur Michaelis ?..." fixant Sebastian droit dans la prunelle.
Petit rire de Kroemer. "Vous sollicitez l'avis d'un majordome sur la question ?"
"N'est-ce pas d'un majordome dont il est question, Monsieur Kroemer ?"
"Certes. Mais ceci demeure inconvenant de mêler à nos conversations des gens de maison."
"Cela vous déplaît-il, Monsieur Michealis, de vous occuper de ma toilette ?"
Kroemer manque de ne plus pouvoir refermer sa bouche. Quant à Straussler, il me fixe, totalement incrédule.
"Quelle... inconvenance !..." s'insurge Kroemer, se levant prestement.
"Oh, vous nous quittez déjà ?" ironique.
"Je ne demeurerai pas un instant de plus dans une telle maison !..." rajustant sa veste de costume de prix, claquant des doigts à Sebastian pour qu'il lui apporte son manteau sur-le-champ.
"Il me semble que nous vous ayons choqués, Monsieur Kroemer." follement amusée.
Sebastian revient, bras chargés. Kroemer enfile son manteau puis ses gants de cuir, fixant le majordome droit dans les yeux. "Je vais vous dénoncer de ce pas. Vous ne méritez pas votre place ici pas plus que dans aucune autre maison."
"Kroemer, ne soyez pas si sévère." déclare Straussler, se levant à son tour pour rejoindre son ami. "Après tout, il me semble que la seule qui soit à blâmer ici demeure... Mademoiselle Von Kreutzberg." me dardant d'un regard dur. "Son sens moral laisse beaucoup à désirer."
"J'ai une telle envie de vous souffleter, Monsieur !" dirigeant toujours sa rage sur Sebastian, fixant l'attache de ses gants remarquables en pur cuir d'agneau. "Vous pouvez plier bagages dès ce soir. Je ferai en sorte qu'aucune maison ne veuille plus de vous dans tout le pays. Vous serez ainsi tout juste bon à vous occuper de nos ordures ménagères, Monsieur."
"Il me semble que vous voilà fort contrarié, Monsieur Kroemer." dis-je depuis le canapé.
"Silence ! J'en référerai à votre père dès son retour, Mademoiselle !" me fichant de l'index.
"Vous me désignez de l'index et vous osez me parler de bienséance, Kroemer ?..."
Sebastian ne bouge pas. Il attend mon ordre. Un mot suffira.
"En attendant, je vous souhaite bon amusement avec... votre amant ! Il va de soi que je ferai en sorte que le mariage vous ferme ses portes, Mademoiselle." jure Kroemer.
"Il existe bien plus embarrassant qu'un majordome attentionné, croyez-moi, Kroemer." déposant ma tasse sur le plateau, m'adossant, croisant élégamment les jambes.
"Faites place !" bousculant Sebastian sans ménagement.
"Donnez ! Ne touchez point ce manteau avec vos sales pattes !" lui arrachant ledit manteau des mains.
"Si Sebastian était enragé, il vous mordrait à coup sûr, Messieurs. De vous tous, c'est lui qui me semble disposer du plus grand maintien."
"SILENCE ! L'enragée ici, c'est vous, Mademoiselle !" emporté.
"Ne perdez pas votre temps, Kroemer. Quittons ces lieux." ouvrant la porte double pour y découvrir l'ombre projetée de la forme originelle de Sebastian, volutes dansant autour de lui.
"Ah. Vous nous quittez déjà ?..." d'une voix doucereuse.
Les deux reculent. L'un trébuche et chute. Ils hurlent de terreur.
Les volutes commencent à envahir la pièce.
"Nous détestons les invités qui ont l'impolitesse de refuser notre hospitalité." dis-je, permettant à Sebastian de s'abattre sur eux.
"Tournez." pour défaire mon corsage. "La prochaine fois, vous choisirez mieux vos convives."
Je hausse les épaules.
"Ne le prenez pas ainsi à la légère, Mademoiselle."
"Je pourrai te laisser t'en charger, me choisir le meilleur parti."
"Vous êtes inconvenante." libérant le corsage, passant devant moi pour faire passer le jupon par-dessus ma tête.
"Ne l'ont-ils point cherché ?"
"Vous auriez pu botter en touche."
"Ce n'est pas le genre de la maison."
Il procède à la toilette au linge humide.
"Qu'as-tu fait des corps ?"
"Il serait grand temps de vous en soucier, Mademoiselle !"
"T'emporter pour si peu..."
"Ces disparitions vont faire l'objet d'une enquête. Certes, je n'ai laissé aucune trace mais beaucoup témoigneront qu'ils auront été vus pour la dernière fois en votre compagnie vu que vous étiez au parc."
"Tu deviens craintif avec l'âge, démon." sur un petit sourire de guerre.
"Je pense surtout au fait que si vous tombez, le jeu s'arrêtera également pour moi." irrité.
"Soit. Je les choisirai plus dociles et naïfs la prochaine fois..."
Nous avions donc laissé un Rollo Flamm enhardi après nos jeux non loin du ruisseau ?... C'est lui que je m'apprête à rejoindre.
Tout Noble Bell a noté que son expression, d'ordinaire dure et sévère, a pris un pli beaucoup plus doux ces derniers jours.
Comme dirait ma tante : "L'amour attendrit tout. Même la chair des vieilles oies." - cela s'adressait à sa fille Sarah, évidemment - les deux étant des rivales accomplies.
Nos rendez-vous en haut du clocher se multiplient. Il me cite les constellations, me les indiquant de l'index. Même si je suis au fait de l'astronomie - ayant fréquenté les nomades orientaux du désert - j'apprécie l'écouter. Sa voix est comme du velours. Et les pensées chaudes qui se succèdent en moi alors que j'admire sa silhouette soulignée par sa tenue...
"Tu sais, j'ai longuement parcouru le désert, juchée sur Na'ir."
"Oh ?" surpris. "Seule ?"
"Pour ainsi dire. La caravane que nous fréquentions à l'époque, mon père et moi, n'était certes jamais bien loin et c'est grâce au mouvement des astres qu'ils savaient se diriger dans cette vaste étendue désertique."
"Les Orientaux ont toujours disposé d'une immense connaissance en matière d'astronomie." admet-il.
Je me place devant lui, glissant les doigts dans les mèches courtes, coupées droites, qui garnissent ses tempes. "Souhaites-tu que nous passions un moment dans ta chambre ou dans la mienne pour terminer cette soirée ?..."
"Petite fleur..." gêné à nouveau. "Je crains que... nous ne les quittions que le lendemain venu." manifestant son appétit charnel.
"Tu... crains ?..." glissant mes doigts entre les siens.
"Pas au sens où tu sembles l'entendre." sur un petit sourire.
"Et quel mal y aurait-il ?..."
"Aucun." caressant ma joue en retour.
"Dans ce cas... il me tarde de t'avoir entre les mains, Rollo Flamm."
Le chaud lui monte soudain vivement au corps, teintant joliment ses joues.
Par galanterie, il a proposé sa chambre. La pièce est un exemple d'ordre et de propreté.
Il dépose sa lourde coiffe sur le mannequin prévu à cet effet puis me fait face, doigts effleurants remontant le long de mes bras, m'agrippant doucement par les épaules sur un soupir doux. Il sait ce qui va se jouer ce soir. Nous avons suffisamment attendu !...
"A mon arrivée ici, tu m'as durement harponnée." me souvenant de la manière abrupte dont il m'avait accueillie.
"Je... t'en demande pardon, petite fée."
Rollo Flamm qui s'excuse ?... Voilà qui tient de l'inédit !...
Je commence à m'intéresser à sa tenue et il faut dire qu'elle tient du sophistiqué.
Il retire tout d'abord l'attache de son plastron qui représente la Sainte Patronne de Noble Bell College. Puis il passe le tout par-dessus sa tête avant de le déposer sur le dossier d'une chaise et revenir vers moi.
Je défais l'écharpe qui lui ceint les hanches et la dépose.
Nous voici au même point.
Je m'occupe du serre-taille brodé d'or. Il fait de même.
Puis j'ouvre les boutons dorés de son col, descendant jusqu'au milieu de la poitrine.
Même jeu en face, découvrant la naissance ravissante de mes seins.
"Pas trop stressé ?..."
"Impatient." sur un petit rire coupable.
Je quitte mes chaussures et il quitte les siennes, ce qui le rabaisse de cinq bons centimètres.
Nous commençons à nous embrasser. Nos lèvres et nos langues s'enhardissent à mesure. Bientôt, elles s'offrent des délices renversants, se répercutant dans nos corps ; lui s'érige, moi je m'ouvre.
Toujours face-à-face, nous quittons nos longues tuniques puis nos pantalons.
Le lit nous accueille, jambes s'entremêlant à loisir, caressantes.
Son sexe lui dessine un renflement proéminent ma foi fort prometteur.
"J'ai... terriblement envie de toi, petite fleur..." glissant des doigts hardis dans mon sous-vêtement, pulpes entrant en contact avec l'humidité que nos jeux suscitent, le faisant suffoquer, corps s'emballant instantanément.
Il étouffe son émoi dans un baiser dévorant, salive s'échappant par fins filets de nos bouches tant le jeu est passionné.
Ma paume vient se plaquer contre son sexe renflé, le faisant se tendre d'un seul tenant.
Je l'extirpe, notant qu'une nouvelle fois ce fluide translucide et visqueux l'imprègne, rendant mes caresses extrêmement voluptueuses.
Il se régale, menton levé, laissant passer des sons de pure exaltation de se sentir ainsi prisonnier de mes mains.
Je peine à reconnaître l'homme qui me fait face tant il se distingue du tyran qui m'a jadis accueillie ici !...
Son majeur bagué s'invite là où il attendu avec mille précautions et j'en geins en retour, l'encourageant à se montrer plus intrusif.
Curieux, il goûte mes sucs, pupilles déviant sous ses paupières qui papillonnent.
Il en lâche même un juron en pur latin, s'excusant immédiatement. Ses sens vrillent tous les uns après les autres, son contrôle - son sacro-saint contrôle - lui échappe !...
Nous quittons rapidement ce qu'il nous reste de sous-vêtements.
Je me propose de me positionner sur lui et il passe sur le dos, prêt à se laisser chevaucher.
Je l'attrape par la base et le dirige en moi, me fiant à ce que je lis sur son visage pour piloter au mieux les opérations - c'est sa première fois, Seigneur, je m'en voudrai qu'il en conserve un moindre souvenir ou que cela lui soit douloureux. Mais rien de tel ne se passe, bien au contraire, il pulse d'un pur plaisir sous moi, attrapant mes hanches pour y crisper les doigts, tête dodelinant, éperdu d'un bonheur qu'il n'avait pas même osé imaginer !...
Je vais et viens, lentement d'abord, contractant autour de lui, lui arrachant des sons qu'il peine à masquer - sa chambre demeure fort heureusement à l'écart des autres, privilège du Président du Conseil des Étudiants oblige.
Il coulisse merveilleusement en moi, nos sucs se mélangeant de manière intime.
"Petite... fée !..." m'avertissant de sa montée fulgurante de plaisir, phase de plateau derrière nous à présent. "Je... je..."
La seconde d'après, il jouit puissamment en moi, corps tendu, cambré, muscles contractés, plaisir culminant le traversant par vagues.
Je prends ma part au vol et il peine à en apprécier tous les effets, lui-même encore complètement englouti par son propre orgasme.
Je repose contre son torse, caressant ce joli corps désormais fait homme, jouant avec les boutons clairs de ses seins sensibles. Ses cuisses... ses mollets... taillés par la montée journalière des marches du clocher...
"Tu es magnifique..." à son oreille comblée.
Il en sourit. "Je suis... flatté d'ainsi te plaire, petite fée..." glissant ses doigts entre les miens, épris comme jamais il ne l'a encore été, osant à peine croire à ce bonheur qui lui est désormais réservé.
Rollo s'enhardit chaque nuit davantage. C'est un amant endurant et imaginatif, curieux de tout. Aucun tabou, aucun !
Cette image tranche diablement avec celle qu'il a pour habitude de donner de lui. Certains l'imaginent réprimant totalement toute forme de sexualité ; l'intérêt de Messire Flamm demeure dans la connaissance et le savoir, dans les arts et les lettres, non dans des activités sexuelles !...
Moi je pense que Flamm fait partie de ces êtres ardents. Il a beau se camoufler derrière cette façade ultra-rigide et austère, son essence même ne m'a guère échappé !...
Sa magie n'est que l'expression de cette flamboyance extrême qui règne en lui.
J'aime, lorsqu'il gît nu, parcourir sa peau du revers des doigts, notamment à proximité des aines, effleurant le pubis - fait troublant Rollo possède une pilosité sombre alors que ses cheveux ont perdu leur teinte - je saurai plus tard que le fait a suivi un énorme choc psychologique.
"A la plume, serait-ce meilleur ?..." à son oreille.
Petit soupir troublé. "J'approuve l'idée..."
Je me lève et m'empare d'une des plumes qui garnit son bureau pour la passer ci et là. Sa peau granule immédiatement au passage et il en frémit indécemment. Lorsque l'accessoire passe sur sa jolie verge endormie, l'éveil est immédiat et il a beau tenté de lutter vainement contre l'érection suscitée, son sexe finit toujours par venir lui saluer le nombril !...
Il en rit, visage camouflé dans ses paumes. "La chair... me rend décidément bien faible..."
Il tâche de faire en sorte que nous ne soyons pas vus trop souvent ensemble afin de ne pas éveiller les soupçons. Il n'est pas encore prêt à assumer le regard et les commentaires de tiers à propos de notre relation.
En public, nous donnons merveilleusement le change ; proches sans trop l'être.
Je m'enorgueillis du fait que moi seule sache ce que camoufle sa tunique ; ce corps que je chéris nuit après nuit, ce garçon que je fais hurler de plaisir au fond du lit !... Le fait m'est grisant.
Oui, faire trébucher l'intraitable Rollo Flamm demeure toujours un grand moment !...
Je finis toujours par faire de lui un homme assoiffé de sexe. Sa façade... son honorable façade... j'en triomphe toujours pour dévoiler un homme voué aux pulsions que je lui inspire. Ah, que voulez-vous ?... C'est là mon grand plaisir ! Et avec Flamm, j'avoue avoir été servie !... Au-delà même de ce que j'avais pu imaginer à son propos.
Je l'ai conduit sur une voie qu'il n'aurait jamais empruntée seul.
