Après une exposition des chevaliers de bronze, place à nos bien aimés chevaliers d'or !


Ressuscités depuis maintenant cinq ans, grâce à la victoire d'Athéna contre Hadès, les chevaliers d'or faisaient ce qu'ils pouvaient pour s'acclimater à cette nouvelle vie.

Il y avait Mu et Aldebaran, les plus respectés des chevaliers d'or, réputés pour leur sagesse et leur bonté. Depuis la fin de la guerre sainte, ils n'étaient pas rare d'étendre plusieurs apprentis les appeler seigneurs. Ce qui les gênait beaucoup ! Encore plus Mu qui avait passé des années en exil et qui n'avait pas l'habitude du monde.

Il y avait aussi Saga accompagné de Kanon. La présence des deux jumeaux laissaient toujours les gens sans voix. L'un parce qu'il avait toujours un regard mauvais, bien qu'au fond cela ne soit pas le cas. L'autre parce qu'il avait été Grand Pope et imposteur. Toutefois, tout le monde avait plus ou moins pardonné à Saga.

Et quand on parlait de plus ou moins, cela concernait Aiolia et son frère. Les deux ne se lâchaient plus depuis leur résurrection. Ils rattrapaient le temps perdu. Pourtant, Aiolia semblait ronger son frein en permanence dès qu'il voyait Saga et ceux qui l'avaient délibérément suivi. Heureusement, Aiolos veillait à ce qu'il ne pète pas un câble. Enfin du mieux qu'il pouvait.

Il y avait ensuite Milo et Camus qui s'étaient désormais pardonnés leur erreur respective.

Ensuite, il y avait Deathmask et Aphrodite. Toujours ensemble, ils avaient pourtant pas mal changé. Aphrodite montrait qu'il se souciait des apprentis et avait toujours avec lui un petit groupe fasciné par la botanique. Contrairement à ce que les autres pensaient, le chevalier de la beauté ne faisait pas un orgueil monumental d'être ainsi admiré. Au contraire, il appréciait leur enseigner les mystères de la flore. Cela avait beaucoup rassuré Saori quand elle avait vu cela. Deathmask lui… avait enlevé tous ces masques et passaient lui aussi du temps avec les apprentis, contre toute attente. Il était toujours arrogant et lunatique mais cela passait. C'était juste ses défauts, rien de plus.

Il y en avait un seulement qui, contrairement aux autres, était volontairement éloigné des autres.

C'était Shura, chevalier d'or du Capricorne.

Ce matin d'été, la lumière perçait à peine le rideau noir de sa chambre quand il ouvrit un œil. Il cligna quatre fois des yeux puis les ouvrit franchement. Il s'étira et, de façon tout aussi martiale, se leva pour réaliser sa série d'abdominaux et de tai chi du matin. Après cette série d'exercices dédiés à détendre le corps, il alla dans sa cuisine pour préparer son petit déjeuner : des mets salés, composés en majorité de protéines (œuf brouillés et jambon) accompagnés d'une salade de fruits de saison et de thé. Un petit déjeuner sain et équilibré qu'il prenait depuis toujours. Jamais il n'avait changé de régime. Après avoir fini son repas, il s'assit dans son canapé avec sa tasse, histoire de profiter de l'air encore frais qui s'engouffrait dans les fenêtres de son salon. Puis, il alla prendre sa douche avant de partir pour s'entraîner vers l'arène.

L'air y était encore frais et le soleil se reflétait doucement sur la pierre blanche. Il fit un bandage de linge blanc sur ses mains et poignets et décida de s'entraîner avec une série d'instruments. Soudain, les deux frères, Aiolos et Aiolia. Le Lion eut un mouvement de recul en voyant le Capricorne. Il n'avait toujours pas digéré le fait que l'assassin de son frère soit ressuscité au même titre que lui. Et il avait du mal à voir ce type comme le plus fidèle des chevaliers d'Athéna, lui qui avait suivi la mauvaise personne durant toutes ces années. À ses yeux, si Shura était le plus fidèle, alors Deathmask était une bonne sœur ! Ce qui ennuyait sérieusement Aiolos qui voulait faire fi de tout ça : l'objectif était de s'entraîner, pas de remuer le passé. Ne souhaitant créer aucune histoire, il alla chercher des boucliers et des épées quand il vit Shura partir.

- Et bien tu vas où ? lui demanda Aiolos.

- Je vais à la plage m'entraîner.

- Ça t'emmerde tellement de voir le fruit de tes erreurs bien vivant ? Ne put s'empêcher de lancer Aiolia

L'aîné toisa le cadet avec une œillade sévère : retiens tes pulsions, disait ce regard. Shura s'arrêta et repartit par la même direction, sans jeter un regard.

- Eh je te parle !

- Aiolia ! Calmes toi !

- Qu'est ce que tu me veux chevalier du Lion ?

Le dit chevalier arriva en face du Capricorne et l'air fut à nouveau chargé de tensions. Aiolos retint un soupir en se disant qu'il aurait mieux fallu rester au lit aujourd'hui.

- Tu crois que tu es toujours le chevalier le plus fidèle d'Athéna ? Après ce que tu as fait ?

Shura s'approcha lentement d'Aiolia qui soutena le regard de jais.

- Crois ce que tu veux Aiolia. Ce n'est pas mon souci.

Aiolos intervint pour empêcher son frère de répliquer et fit signe à Shura de partir. Ce dernier s'exécuta avec toujours la même tête stoïque.

- Pourquoi tu m'as retenu Los ? Demanda sur un ton sec le Lion.

- On est là pour rester unis, peu importe nos divergences. Nous avons pour but de protéger Athéna. Pas de s'entretuer. Alors s'il te plaît Lia, tu restes calme.

- Facile à dire…

Aiolos eut un regard triste en voyant son frère s'éloigner pour choisir des épées et des boucliers. Il comprenait parfaitement ce que ressentait Aiolia. Pendant des années il avait vécu sous les brimades, les critiques… À vivre en étant le frère du traître. Tandis que Shura avait tous les honneurs pour avoir supprimer le traître. Aiolos en avait le cœur brisé quand il y pensait.

Et ce retour à la vie était loin d'arranger les choses.

OoOo

Dans la fin d'après-midi, Aldebaran invita les chevaliers dans son temple, en particulier les or. Il était dans la cuisine avec Mü en train de préparer l'apéritif. Alde voulait quelque chose de typiquement brésilien. Ainsi, ils préparaient différents mets qui pourraient ravir les papilles de ses invités.

- C'est sympa que tu organise ça, dit Mü alors qu'il découpait un ananas.

- Et bien oui écoute. Je me suis rendu compte qu'on n'avait jamais vraiment fait connaissance entre camarades alors qu'on est du même rang, un comble ! Du coup mieux vaut profiter de ce temps de paix pour faire connaissance.

- Tu as invité tous les Or ?

- Oui.

Mü dévisagea Aldebaran avec un sourcil levé. Ce dernier roula des yeux.

- Bon bah… J'espère que tout ira bien, dit-il en finissant de couper sa tomate.

- Il n'y a pas de raisons, répondit le Taureau. Plus pour se rassurer que par réelle conviction.

La soirée débuta et les invités arrivèrent petit à petit. Au bout d'une heure, le Taureau comprit qu'ils étaient complets. Saga n'était pas venu car selon Kanon, il était malade. Alde comprit que cela signifiait qu'il n'était pas encore prêt pour qu'ils se retrouvent tous ensemble. Deathmask et Aphrodite n'étaient pas là. Ceux là, Alde comme les autres ne savaient absolument pas pourquoi ils ne venaient pas : silence radio. Et Shura… personne ne l'avait revu depuis l'entraînement. Camus était bien passé pour lui dire mais personne n'avait ouvert la porte. Alde décida de faire fi de tout ça et de faire passer une bonne soirée à ses camarades qui apprécièrent ses plats.

- Au Sanctuaire ! Trinquons ! dit Alde en levant sa bière suivi de ses camarades.

La soirée était somme toute plutôt agréable. Mu arrivait à se décoincer petit à petit et à rire aux blagues salaces de Milo, ces dernières donnant un air faussement exaspéré à Camus. Petit à petit, ils apprenaient des choses sur les uns et les autres : Aldebaran appréciait énormément pêcher, ce qui créait un pont entre lui et Shaka qui était fasciné par la vie sous-marine et ses mystères abyssaux ; Milo était un grand fan de hockey, que ce soit sur glace ou sur gazon ; il en était de même pour Aiolia qui appréciait en outre le basket ; Aiolos était un grand bricoleur et un grand amateur de films et de séries des années 80 ( son film préféré ? Highlander ; sa série ? L'agence tous risques) ; Kanon lui détestait la vie sous-marine en revanche il rêvait d'aller un jour camper en forêt pour assister à un brame de cerf ; et Dohko quant à lui s'était découvert une nouvelle passion, le flipper. Mu quant à lui avoua qu'il était un très grand amateur de randonnées.

- Je ne m'attendais pas à ce qu'on s'entende tous bien, finit par dire le Bélier, l'alcool l'aidant à mieux s'imposer.

- En même temps, on est parmi les meilleurs, déclara Aiolia, une bière à la main.

Cette simple phrase eut pour effet de jeter un léger froid dans la pièce. Aiolos regarda le fond de sa bouteille un moment et Milo décida de saisir la perche :

- DM et Aphrodite n'ont pas pu venir ?

- C'est ce que m'a dit Aphrodite oui, avoua Aldebaran. Pourquoi ? J'en sais rien.

- Sûrement pour aider Deathmask à décorer son temple, marmonna Aiolia.

- Aio… dit son frère, le regard légèrement exaspéré.

Le Lion dévisagea le Sagittaire et comprit le message. Tout le monde s'accorda à ne pas parler d'eux ou de Shura afin d'éviter l'incident diplomatique et de faire en sorte que la soirée se passe au mieux.

OoOo

Aphrodite se réveilla en sursaut. Il mit quelques secondes à atterrir, se demandant où il était. Puis les souvenirs lui revinrent : il était dans la chambre de Deathmask, au Sanctuaire d'Athéna. Il tourna la tête : son compagnon devait être dans le salon en train de fumer et boire un verre. Aphrodite passa sa main sur son visage. Visiblement, il s'était endormi tout de suite après s'être allongé sur le lit. Il se pinça les lèvres : il espérait que cela n'ait pas trop ennuyé Deathmask et le programme qu'il avait prévu. Il tourna la tête vers la fenêtre et entraperçu le temple du Capricorne. Il sentait que Shura vivait mal ce retour à la vie mais tenter une approche avec ce chevalier sur ses états d'âmes était comparable à parler à une porte de prison. Il repensa par ailleurs au reste du Sanctuaire. Il avait le sentiment que ce dernier était en sursis. Comme si malgré ce temps de paix (outre l'état du chevalier Pégase) quelque chose de grave allait se produire. Et que le Sanctuaire n'allait pas y survivre…

Mais comment prévoir une telle chose ? Comment la contrecarrer ?

Il se leva et machinalement se dirigea vers le salon,en caleçon. Le Cancer était sur le canapé, un verre de whisky écossais dans la main droite. De la main gauche, il tapotait nonchalamment les notes dans l'air d'un vinyle de jazz manouche qu'il avait. Sans dire un mot, Aphrodite se coucha en travers de son corps, la tête sur les genoux de DM. Il sentit la main de ce dernier sur sa nuque.

- Ça va ? Demanda Deathmask.

- Oui. J'ai juste… fait un cauchemar.

- Sur elle ?

- Oui… Désolé si je me suis endormi.

- T'inquiètes.

- Tu ne regrettes pas la soirée d'Alde ?

- Non. Flemme. Et toi ?

- Non plus. Flemme aussi.

Au bout d'un moment, Deathmask leva la tête en arrière, les yeux fermés, puis reprit la parole :

- Moi aussi je rêve de lui par moment.

Aphrodite tourna le visage dans sa direction puis dans un geste de réconfort, prit la main du Cancer. Il vit un léger sourire se dessiner sur le visage de son compagnon.

Ça aussi c'était un geste qu'il n'aurait jamais fait dans son enfance.

OoOo

L'alcool faisait tanguer Shun. Il dut même s'y prendre à plusieurs fois avec ses clés pour rentrer chez lui. Dans une larme de lucidité, il se dit :

- Plus jamais les shots avec Nikos… Plus jamais…

Il avait envie de vomir. Et c'est la première chose qu'il fit en allant dans la salle de bain. Après s'être essuyé la bouche, il soupira d'aise puis alla boire plusieurs verres d'eau. Malgré le fait qu'il tanguait toujours, il se sentait mieux. Il essaya de se remémorer la soirée : ils avaient fini le service assez tôt, il avait ensuite accepté de boire des shots et après…. ah oui ! Ils avaient couché ensemble ! C'était ça qui lui manquait de la soirée.

Il enleva ses vêtements et se coucha sans même retirer les draps. La flemme. Puis il sombra.

Il lui semblait être dans une forêt. Mais cette dernière avait subi un incendie. Tout autour de lui, la brume faisait voler sa robe blanche, dévoilant de temps à autre un spectacle désolant : les arbres n'avaient plus aucune feuille, les cours d'eau étaient asséchés. Aucun oiseau ne chantait. Un silence de mort régnait et une légère odeur de brûlé venait infester ses narines.

Il continuait de marcher quand il lui sembla entendre comme un son. Il scruta les ténèbres qui s'étendaient par delà les arbres et tendit l'oreille. Cela ressemblait à de la flûte. Il décida de suivre la source de ce bruit et s'enfonça dans les ténèbres. Au fur et à mesure qu'il marchait, il se rendit compte que c'était effectivement une flûte qui jouait mais aussi qu'il y avait d'autres instruments comme un tambourin et une guitare. Il perçut enfin de la lumière au bout du chemin et il s'y dirigea.

Il atterrit dans un endroit où la Nature était resplendissante, en total contradiction avec ce qu'il avait vu tantôt. Jamais il n'avait vu des feuillages aussi verts, des fleurs aussi colorées. Les arbres formaient une voûte avec leur branchage, comme dans une cathédrale. Tout autour de lui, il vit des hommes et des femmes. Ces derniers étaient en plein état d'ivresse : ils chantaient, dansaient, faisaient l'amour entre eux, jouaient de la musique. Soudain, il vit une sorte de… loup ? Il frissonna : le loup en question avait les jambes supérieures et inférieures extrêmement allongées, comme les membres d'un homme). Tout son corps était couvert de poils noirs et drus. Alors que Shun s'avançait, le lycanthrope tourna lentement la tête vers lui.

Et Shun vit alors deux yeux aussi verts que la forêt le dévisager. Des yeux humains…

Shun se réveilla en sursaut et ouvrit grand les yeux. Il eut du mal à se raccrocher à la réalité. Au loin, il lui semblait entendre encore le son envoûtant de la flûte. Il se releva et se frotta les yeux : il était bien dans sa chambre à Paris. À vue d'œil, il faisait encore nuit. Aucun meuble n'avait changé de place. C'était donc bien un rêve.

Mais quelque chose l'embêtait : bien qu'il s'en persuade, son subconscient lui hurlait que ce rêve n'avait rien de normal.

Il frissonna et regarda par la fenêtre : qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Le Sanctuaire était-il encore en danger ?

OoOo

Réveillé à l'aube, Ikki avait ouvert la fenêtre de sa chambre d'invité au Palais du Pope et regardait le soleil se lever sur le Sanctuaire. Au loin, il voyait la baie vaguement s'agiter. Tout était calme et tranquille.

Soudain, il sentit son cosmos s'agiter, comme s'il en détectait un autre.

Et c'était un cosmos qu'il connaissait plutôt bien…

- Non… Ce n'est pas possible… Il est revenu ?

Il quitta le palais du Pope et atteignit le bas du Sanctuaire en quatrième vitesse.

OoOo

Inconscient pour le moment des sentiments qu'il provoquait chez son frère, Shun, son urne sur les épaules, remontait tranquillement le sentier sinueux menant au Sanctuaire quand il détecta un cosmos particulièrement puissant. Surpris, Shun s'arrêta et tenta de ressentir pleinement ce cosmos. Ce dernier était comparable à un feu extrêmement brûlant, peut-être indomptable. Quelque chose de fort et de vigoureux qui pouvait tout embraser. Intrigué par un tel cosmos, Shun se dirigea vers la source. Il déboucha sur un tournant et vit en contrebas le porteur de ce cosmos.

C'était Shura, le chevalier d'or du Capricorne.

Il est bien matinal, se dit Shun.

Shura était sur un rocher, en armure. Son genou était posé au sol. Il avait les yeux fermés, comme s'il se concentrait. Aux yeux d'Andromède, il dégageait énormément de sérieux. En totale contradiction avec le cosmos qu'il ressentait. Comme si ce feu était emprisonné sous une importante couche de glace. Soudain, le Capricorne se leva et envoya la force de son cosmos en direction de l'eau. Shun frémit en voyant cette dernière être diablement agitée. Mais ce ne fut rien comparé à ce qui arrivait. En effet, les remous mélangés aux courants avaient fini par former une vague gigantesque, aussi haute qu'un temple. Shun sentit la panique monter en lui alors que le chevalier d'or restait très calme, inébranlable face au cataclysme qui arrivait sur lui. A ce moment précis, arriva une chose dont Shun se souviendra toute sa vie. Il vit Shura tendre le bras, concentrer son cosmos dans ce dernier et dans un cri le propulser contre la vague qui fut séparée nette en deux. Comme s'il avait tranché l'eau ! Au point que Shun pouvait voir nettement le fond du fleuve. Le sifflement de l'attaque fut tel qu'il se demanda un moment si l'air n'avait pas aussi été tranché. L'eau finit par retomber en milliers de gouttelettes dans le ciel, comme une pluie d'été. Les rayons du soleil mélangés à cette eau si soudaine faisaient refléter l'armure d'or du Capricorne qui avait les yeux fermés encore, le visage tourné vers le ciel. Shun était tellement estomaqué par ce qu'il venait de se passer qu'il ne vit pas que Shura se diriger vers vers lui pour rejoindre le Sanctuaire, le dévisageant. Shun déglutit à la vue de ce regard. C'est qu'il pouvait faire peur le Capricorne avec ses yeux de chasseurs.

- Hm… Tu es le chevalier d'Andromède non ?

- Euh… oui. Je m'appelle Shun, dit ce dernier en lui tendant la main.

Il crut pendant un moment que Shura allait lui mettre un vent mais ce dernier lui serra la main en retour.

- Shura. Chevalier d'or du…

- Capricorne. Je le sais. C'est toi qui a combattu Shiryu.

Shun se demanda s'il n'avait pas gaffé en disant ça. Shura le dévisageait d'un air neutre. Était-il en colère ?

- Oui c'est vrai. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je… rentrais au Sanctuaire.

- D'accord.

Silence.

- Bon bah… Salut ? Hésita Shun.

- A la prochaine.

Un peu honteux, Shun déguerpit rapidement : aimable comme une porte de prison le Capricorne… Il est vrai que cet homme était plein de mystère. Il se retourna et regarda Shura qui partait en direction du Sanctuaire. Et pourtant… parmi tous les chevaliers du Sanctuaire, ce fut le seul à ne pas le connaître parce qu'il avait été l'hôte d'Hadès. Il n'avait pas eu également de regard lourd à son égard, trahissant cette mention connue.

Curieux… se dit il

Il se retourna vers son objectif quand une voix bien familière l'arrêta.

- Shun ?...

Andromède se stoppa en voyant son frère. Ikki, quant à lui, observait son petit frère, désormais aussi développé que lui au niveau des épaules, le regardait de ses grands yeux vert émeraude. Il portrait un jean et un t-shirt noir en V, la Cloth sur son dos.

- Ikki ! Tu es de retour au Sanctuaire ?

Cela fit lever un sourcil au Phénix qui ne s'attendait pas à ce type de question : son petit frère avait du toupet…

- C'est plutôt à moi de te poser cette question.

Et il prit tout à coup un timbre de voix dur et sévère.

- Qu'est ce que tu fous là ?

- Je… Je suis venu voir si tout allait bien au Sanctuaire… J'ai eu un rêve tellement bizarre la nuit dernière que… je n'ai pas réfléchi. J'ai pris le premier avion et je suis venu ici.

- À 6h ?

- Ben oui… Ikki, est ce que tout va bien ? Tout le monde est-il en sécurité ?

Ignorant les questions de son frère, Ikki s'approcha et l'inspecta. Shun avait des cernes sous les yeux, ses cheveux en désordre, son haleine était fétide et toute son odeur corporelle sentait la clope et l'alcool. Un vrai débauché. Il eut honte pendant un instant.

- T'as bu combien de litres ?

- Hein ? Mais attends t'es sérieux ?!

- Oui très.

- Attends je te dis que j'ai fait un rêve étrange et toi la première chose que tu me demandes, c'est si j'ai picolé ?

- Shun, tu empestes l'alcool à des kilomètres à la ronde. Tu crois vraiment que je vais croire que ton rêve était prémonitoire alors que ton foie doit être l'équivalent de celui d'un alcoolique en pleine descente ? Avoue t'étais bourré avant de te coucher.

Shun piqua un fard et détourna la tête. il se sentait honteux devant son frère.

- Ce… Ce n'est pas… tenta-t-il pour reprendre contenance.

- Aller, tu vas rejoindre une chambre et décuver, répondit son frère en lui tournant le dos.

- Mais Ikki ! J'ai fait un rêve où je voyais une créature mi-homme mi-loup dans les bois. Il y avait de la flûte, de la musique, des gens qui dansaient, c'était bizarre ! Trop bizarre ! Je me suis inquiété et…

Il entendit son frère pousser un soupir.

- Et tu as cru que ça avait un rapport avec le Sanctuaire ?

Ikki tourna vers lui un regard blasé.

- Shun… Quand tu étais petit tu avais une peur bleue des loup-garous dans les histoires pour enfants. Cherche pas, ta gueule de bois t'a juste fait rêver de ça. Maintenant, tu vas me faire le plaisir d'aller dormir dans une chambre au palais du Pope. Tu rentre au bercail.