Et bonjour ! Le chapitre 5 pour vous servir !

Avec un peu plus de Dionysos... ;)

Bonne lecture !


Shiryu ouvrit un œil.

La lumière du soleil passait tout juste dans le feuillage des bambous. Il inspira et reposa la tête de contentement. Qu'est ce qu'il aimait être aux Cinq Pics.

- Shiryu ? Fit une voix

Il sourit en entendant ce timbre clair. C'était celui de Shunrei. Il tourna la tête et son sourire s'agrandit en la voyant. Elle avait une démarche guillerette, ses pieds touchant gracieusement la terre sableuse. Sa longue natte se balançait de droite à gauche sur son épaule. Et son sourire était éclatant.

- Que fais-tu ici ? Dit-elle en s'approchant de lui. Tu essayes de t'éclipser du Vieux Maître ?

- C'est exactement ça, répondit-il avec un sourire en coin, ce qui fit rire Shunrei.

Son rire cristallin retentit dans le cœur de Shiryu qui se mit à battre plus vite. Puis, il remarqua un détail :

- Oh, tu as mis la pivoine dans tes cheveux ?

- Oui, ça me va ?

- Très. Tu es très jolie Shunrei.

La jeune fille rougit en entendant ça et détourna le regard d'un geste pudique.

- Viens, rentrons. Le Vieux Maître nous attend pour dîner.

Il prit sa petite main et se leva. Ils marchèrent ainsi, côte à côte jusqu'à la maison. Shiryu remarqua alors que son lacet était défait.

- Passe devant. Je te rejoins, dit-il en se baissant.

- D'accord !

Et Shunrei s'en alla gaiement. Il refit son lacet de chaussure puis entreprit de rentrer. Juste avant, il regarda la vue vers ces montagnes millénaires. Il savait qu'il allait devoir bientôt retourner au sanctuaire, voire se battre probablement. Mais pour le moment, il profitait de sa vie ici.

Il entra dans la maison.

Et s'arrêta net.

Devant lui ce n'était pas une mais des milliers de pivoines qui avaient pris racine dans la maison. Les murs étaient aussi recouverts de plantes grimpantes qui effritaient et tordaient les murs. Ce n'était que des plantes et pourtant elles renvoyaient à Shiryu le titre de persona non grata. La Nature avait pris place désormais. Mais c'est ce qu'il vit au milieu de la pièce qui augmenta son rythme cardiaque, Shunrei était de dos et s'occupait d'une de ses pivoines. Tout son corps… L'entièreté de son corps… avait la consistance de l'écorce. Seul ses cheveux étaient restés ceux d'une humaine.

Shiryu sentit une goutte de sueur dévaler sa tempe droite.

- Shunrei ? Qu'est ce qu'il se passe ?

- Ah tu es finalement là Shiryu ?

Son timbre avait changé. Il était suave. Elle mit sa main dans ses cheveux et défit sa natte. La gorge de Shiryu devint sèche quand il vit les racines enlever ses vêtements. Malgré une pulsion, il détourna son regard immédiatement. Puis il sentit deux doigts sous son menton.

- Tu n'as pas envie de voir que ta douce et dévouée Shunrei ait à ce point changé ?

Il ouvrit les yeux et vit Shunrei nue et recouverte d'écorce penchée devant lui. Shiryu déglutit en voyant ça. Il ressentait aussi de l'appréhension : ce n'était pas elle… Ce n'est pas possible.

- Alors Shiryu ? On ne me répond pas ?

Tout autour d'elle, les racines s'agitaient comme une danse infernale.

- Tu… Tu ne peux pas être elle.

Shunrei le dévisagea et planta ses yeux dans les siens. Les racines rampaient sur le corps de Shiryu et montaient jusqu'à sa gorge.

- Et pourtant si… C'est bien moi.

Et les racines se resserrent d'un coup.

Shiryu se réveilla en hurlant. Son souffle était brusque et la sueur dégoulinait de ses tempes. Il passa la main sur son cou, hagard, et regarda l'environnement où il se trouvait. Il n'était pas aux Cinq Pics mais à Rondario, dans sa chambre. Aucune trace de racines aux alentours. Le soleil tentait tout juste de percer les volets de sa lumière. Il se prit la tête entre les mains et essaya de faire un exercice de respiration pour aller mieux.

Il repensa à son rêve et à ce qu'il avait vu la veille. Il n'en revenait pas : c'était Shunrei ? Vraiment Shunrei ?

D'un côté, comme dans son rêve, il se refusait de croire que c'était elle : elle n'était pas comme ça ! Mais de l'autre… Une étincelle de conviction logée en son for intérieur lui hurlait que c'était elle.

La colère monta en lui et il plia son poing de rage : qu'est ce que ce monstre avait fait de sa Shunrei ?! Qu'est ce qu'il lui avait fait pour qu'elle ait ces pouvoirs ?! Pour qu'elle devienne comme ça ?! Il gémit et se leva, déterminé à se rendre au Sanctuaire. S'il fallait qu'il rentre en guerre pour sauver Shunrei des griffes de ce dieu alors il le ferait.

Sans aucun compromis.

OoOo

L'aube pointait tout juste le bout de son nez au Sanctuaire d'Athéna. Et pourtant, les chevaliers présents avaient le sentiment que la nuit n'avait pas cessé. Cette nuit qui venait faire éclore toutes les appréhensions, les peurs, les incompréhensions, les rancœurs passées. La bombe avait été lâchée : la paix, s'il y en avait eu une, n'existait plus.

Saori était rentrée dans la chambre de Seiya pour s'occuper de lui. Elle n'avait que très peu dormi. Pour ne pas dire pas du tout. Elle songeait à ce frère qui venait d'apparaître dans sa vie, qui avait perturbé l'équilibre précaire de son Sanctuaire. Son cher Sanctuaire.

Elle serra le linge blanc taché. La colère montait en elle. Elle n'avait guère supporté cette humiliation que venait de lui faire subir Dionysos. Il avait osé profaner son Sanctuaire en enlevant Shunrei. Car oui, pour elle comme pour Shiryu, il l'avait enlevé, c'était certain pour elle.

Dans son corps, l'orgueil croisa également, au même rythme de la colère. Elle venait tout juste d'éliminer deux dieux pour préserver la Terre contre les forces du mal. La présence de Dionysos lui démontrait qu'en réalité… Elle avait encore du pain sur la planche. Qui plus est avec ce dieu de la fête, du vin et de la folie... Elle frissonna en pensant à Shunrei qui avait dû évoluer dans cette cour.

Elle se releva, déterminée. Il voulait jouer avec elle ? Soit. Qu'il s'apprête à déguster. Lui et sa cour d'hystériques.

- Shion ? Appela-t-elle mentalement

- Oui Déesse Athéna ?

- Je veux que vous convoquiez durant cette matinée les chevaliers divins ainsi que tous les chevaliers d'or.

- Entendu Déesse Athéna.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, les chevaliers demandés se retrouvèrent dans la salle du trône. Saori, qui tenait son sceptre dans la main droite, était habillée de sa robe blanche et de son corset doré. Elle paraissait noble et impératrice.

- Chevaliers, malheureusement pour nous la paix est terminée. Les forces du mal se sont de nouveau dressées devant nous. Et cette fois-ci en s'en prenant à l'amie d'enfance d'un des nôtres. Nous ne pouvons laisser Dionysos nous piétiner de la sorte en la retenant en otage. Il nous faut agir. Et ce dès maintenant.

- Affirmatif Mademoiselle Saori, compléta Shiryu.

Dohko secoua la tête positivement, ainsi que le reste des chevaliers d'or. Seul Shura n'avait rien fait. Il pensait à sa sœur : avaient-ils prévu de la sauver aussi ? Ou serait-elle un ennemi comme les autres chevaliers qu'ils ont dû affronter par le passé ? Il repensa à ce qu'il avait vu d'elle tantôt. Elle avait grandi, elle était devenue une femme. Et visiblement, elle assumait, contrairement à lui, ses origines gitanes, preuve à cela le foulard à fleur qu'elle portait sur sa tête ainsi que ses immenses boucles d'oreilles en or.

- Est-ce que l'on sait quelque chose sur son Sanctuaire Déesse Athéna ? demanda Aiolos.

Cela tira Shura de ses pensées.

- Nous en savons sur ses caractéristiques. Il est le dieu du vin, de la fête et de la végétation, cela vous le savez…

- Ça ne devrait pas être trop difficile à battre alors, coupa Aiolia.

- Certes. Mais il est aussi le dieu de la folie. Et en cela il ne faut pas l'oublier.

- Pardonnez-moi mademoiselle Saori, tenta Hyoga.

- Oui chevalier du Cygne ?

- Est ce qu'on en sait plus sur son Sanctuaire ?

Saori se pinça les lèvres, regarda Shion, et ce fut lui qui prit la parole.

- On en connaît les grandes lignes. Il appelle cela sa cour. Et ceux qui la composent sont les ménades : des nymphes, des faunes, des humains aussi.

Il parut gêné de continuer. Cela n'échappa pas aux chevaliers.

- Que font-ils dans cette cour Grand Pope ? demanda Shiryu, appréhendant la réponse.

- Et bien… Il est de source notoire que les membres qui participent à cette cour soient… hystériques. On raconte d'eux qu'ils participent à tous les excès, à toutes les ivresses. Il n'est pas rare qu'ils… participent à des orgies organisées par Dionysos. Mêlant faunes, humains et nymphes.

Shiryu ouvrit la bouche de stupeur et regarda le sol, agard…

- Shunrei… murmura Dohko en mettant sa main sur sa bouche.

- Il est probable qu'il l'ait forcé à participer, dit sur un ton glacial Saori.

- Non… Ce n'est pas vrai… dit Shiryu.

Aussitôt, l'image de Shunrei embrassant des hommes et criant sous les caresses des faunes jaillit dans son cerveau. Il grimaça et serra le poing de rage. Comment ce dieu avait-il osé l'emmener dans les plus bas-fonds ?

- Il a osé… faire subir cela à Shunrei…ne put-il que dire.

- Je suis navrée de le savoir aussi Shiryu… dit Saori d'un ton doux.

Shura était lui aussi estomaqué en apprenant cela. Déesse… dans quoi sa sœur s'était-elle retrouvée ?

Dans ce silence de dégoût, seul Deathmask eut l'audace de prendre la parole. Aphrodite tressaillit en entendant le ton de sa voix : dans quoi allait-il se mettre encore ?

- Déesse Athéna ?

Saori le regarda, surprise. Elle n'avait jamais vraiment apprécié ce chevalier trop spécial à son goût.

- Oui Deathmask ?

- Est-ce qu'on est sûr qu'elle souhaite être sauvée ?

Toute l'assemblée tourna vers lui un regard de mépris, surtout Shiryu. Aphrodite se retint de soupirer.

- Explique ta pensée Deathmask, demanda Shion

- Elle a l'air d'aller bien. Très bien même. Est-ce qu'on peut sauver des personnes qui n'ont pas envie d'être sauvées ?

- Arrête de raconter des conneries Deathmask, répliqua méchamment Shiryu.

- En quoi ce sont des conneries ?

- Jamais Shiryu ne se comporterait comme ça. Jamais elle n'aurait accepté de se baisser moralement de la sorte.

- Tu sais Shiryu, cinq ans se sont passés.

- Cinq ans de manipulation ! C'est de la manipulation ! Enfin Deathmask, il est le dieu du vin et de la fête !

- Et alors ? Si ça se trouve son avis est parfaitement éclairé. Et elle a vraiment conscience de ce qu'elle fait. Peut-être même qu'elle apprécie les pratiques de cette cour ? En fait, si ça se trouve, t'es juste énervé à l'idée que ce soit pas toi qui la saute.

- COMMENT OSES-TU ?...

- Deathmask ! Shiryu ! cria mentalement Saori en augmentant son cosmos. Ça suffit !

Les deux chevaliers se calmèrent et mirent un genou à terre.

- Pardonnez-moi Mademoiselle Saori, je…

- Ne t'en fais pas Shiryu, je comprends ta réaction même si je ne la cautionne pas.

Puis, elle tourna un regard sévère vers Deathmask.

- Deathmask. Il suffit de dire des choses aussi grossières et infondées.

- Si t'as à ce point envie d'aller dans ce Sanctuaire, tu n'as qu'à y aller, répliqua Milo d'un air de mépris.

- Je ne comprends pas comment tu fais pour ne pas voir qu'il savait très bien ce qu'il faisait à notre Sanctuaire en s'en prenant à Shunrei, déclara Dohko. Il savait ce qu'il faisait il y a cinq ans quand il l'a enlevé.

Deathmask ne dit rien puis finalement baissa la tête :

- Pardonnez ma méprise déesse Athéna.

Saori le regarda froidement puis reprit contenance.

- De plus, la présence de ce dieu ainsi que l'affront qu'il nous a fait n'est pas sans nous rappeler que les forces du mal se dressent de nouveau devant nous. Sauver Shunrei nous permettrait de lui montrer que nous pouvons ramener les hommes sur le droit chemin. Car n'oubliez pas les ravages que peuvent provoquer ces pratiques sur les hommes.

- Vous avez raison Déesse Athéna, déclara Shaka. L'alcool empêche un avis purement éclairé et n'est qu'un placebo à la douleur des hommes qui veulent fuir la vérité.

La jeune femme sourit, appréciant être relayée par ses chevaliers.

- C'est pourquoi nous avons décidé d'un plan avec le Grand Pope. Les chevaliers divins se rendront à son Sanctuaire pour sauver Shunrei. Ils seront accompagnés de quelques chevaliers d'or.

- Nous avons décidé de ne pas envoyer tous les chevaliers pour la simple et bonne raison que certains doivent rester au Sanctuaire pour protéger la déesse. Envoyer tous les chevaliers d'or contre Dionysos serait l'exposer à un grave danger. De plus, ce n'est que Dionysos. Il nous faut garder des chevaliers d'or ainsi que tous les chevaliers d'argent ou de bronze si d'autres sanctuaires viendraient à nous déclarer la guerre.

- C'est logique, déclara Mû. Et puis, je pense que nous serons fort contre des ménades, dit-il avec confiance, entraînant un sourire de Shion

Saori se leva et appela les or qui allaient mener le combat :

- Aiolos du Sagittaire. Aiolia du Lion. Dohko de la Balance. Shura du Capricorne.

Les dénommés s'avançèrent et mirent un genou à terre, jurant leur fidélité à Athéna.

- Pardonnez-moi déesse Athéna mais pourquoi le chevalier d'or du Capricorne nous rejoindrait ? demanda Aiolia, qui grimaça immédiatement en sentant le coup de coude de son frère.

Mais Saori eut un regard doux et répondit sur le même ton.

- Si cela se trouve, nous pourrons aussi, dans cette opération, sauver la sœur du chevalier d'or du Capricorne. Il serait donc le plus à même de la convaincre.

Aiolia ne répondit rien et se contenta d'observer le sol. Saori détourna le regard et le posa sur Deathmask.

- Deathmask du Cancer, tu les accompagneras également.

- Hein ? Pourquoi ?

- Tu es un chevalier d'or non ? déclara Shion. Et visiblement, une guerre te disciplinera davantage qu'un entraînement quotidien.

Deathmask ne répondit rien et se contenta de mettre un genou à terre, jurant fidélité à Athéna.

- Je peux les accompagner ? demanda Aphrodite. Je souhaite faire mes preuves durant cette guerre. Également, Dionysos a mentionné le fait d'être le roi et seigneur de la Nature. Or ce secteur est ma spécialité.

- Hm… Et bien soit, conclu Saori

Aphrodite s'avança alors et mit un genoux à terre.

L'équipe composée, la guerre contre Dionysos pouvait débuter.

OoOo

Shun déambulait dans les allées du palais. Lui aussi n'avait pas dormi du reste de la nuit. Il s'arrêta et regarda par la fenêtre. Il pensait à ce rêve qui l'avait fait revenir au Sanctuaire d'Athéna. De nouveau, comme pour Hadès, son subconscient l'avait averti d'un danger imminent. Il se demanda alors s'il pouvait faire confiance à cela. Mais aussitôt il pensa à ça, aussitôt le souvenir de la guerre contre Hadès lui revint en mémoire. Il eut un rictus amer : oui bien sûr, suivre son subconscient et conduire tout le monde à sa perte ? Quel génie…

Il quitta le palais et voulut se rapprocher de la forêt aux alentours. Peut-être que Shura se trouvait là ?

OoOo

Shun retrouva la personne qu'il cherchait près de la rivière. Là où il l'avait vu la première fois. Sauf que cette fois-ci, Shura ne s'entraînait pas, bien qu'il soit en armure. Il était assis sur une pierre et regardait dans le vide. En s'approchant, Shun se rendit compte que ses traits étaient toujours tirés et cernés. Avait-il lui aussi été victime d'une insomnie ? Probablement, avec ce qu'il avait appris hier.

- Salut, dit Shun, sans trop savoir comment commencer.

Le Capricorne tourna son visage vers lui et le dévisagea sans expression.

- Bonjour chevalier d'Andromède.

- Tu as réussi à dormir ?

- On peut dire.

De nouveau le silence. Il fallait être motivé pour parler à cette porte de prison qu'était Shura. Mais Andromède décida de ne pas abandonner.

- Je voulais te dire… Concernant l'intervention de Dionysos… Je… Comprends un peu ce que tu ressens… Vis-à-vis de ta sœur j'entends.

- Je crois pas non.

Le ton sec et froid de Shura perturba Shun. C'en était presque méchant. Mais, il décida pour le moment de rester calme.

- Certes, ce n'est pas la même chose. Que ce soit moi ou Ikki ou toi et ta soeur nous n'avons pas le même passif. Mais là où je te comprends c'est…sur le fait de considérer qu'elle soit dans un camp adverse et que…

- Encore une fois, tu ne sais pas de quoi tu parles. Donc ne t'en mêle pas.

Cette fois-ci, le ton fut si odieux que le caractère habituellement calme et compassionnel de Shun se retrouva malmené. La colère finit par s'ériger. Et les mots sortirent d'eux-mêmes.

- Okay si tu le dis. Et bah reste dans ta merde alors. Pauvre con.

Et il tourna les talons, sans voir le regard surpris de Shura (oh une expression sur ce visage de glace). Un instant, il voulut rattraper Shun et s'excuser. Car dans les faits, Shun avait été le seul chevalier qui s'était soucié de lui. Mais sa fierté mal placée l'en empêcha et il resta assis sur son rocher, le regard dans le vide, se perdant de nouveau dans ses convictions. Oui, le chevalier d'Andromède ne savait pas de quoi il parlait. Il ne connaissait rien. Il se mit lui aussi à ressentir de la colère : alors ainsi, ce dieu s'en était pris à sa sœur ? De ce qu'il avait appris toute à l'heure, elle fait partie de sa cour, ses ménades, des femmes et des hommes hystériques se mettant nus et se vautrant dans les plus bas instincts de l'humanité. Et sa sœur avait été corrompue.

Il serra le poing, le gauche, celui qui contenait initialement Excalibur : ce maudit dieu avait voulu corrompre sa sœur ? Il en subira le châtiment. De sa main à lui, chevalier le plus fidèle et noble d'Athéna, dont la lame affûtée protège les hommes contre les forces du mal… contre les forces de Dionysos oui…

Il affûterait sa lame oui. Pour Athéna. Pour punir Dionysos.

OoOo

Au temple du Lion, Aiolos était avec son frère et se préparait à rejoindre lui aussi le futur combat en allant s'entraîner à l'arène.

- Bon Aiolia, j'y…

L'air qu'affichait son frère le perturba un instant. Il était dans ses pensées oui mais son regard était dur.

- Lia, quelque chose ne va pas ?

- Hm ? Non t'inquiètes, tout va bien. Je pensais juste à ce que comptait faire Dionysos.

Aiolos le regarda un moment puis acquiesça et partit : son frère n'allait pas lui dire quelque chose d'autre. Dès que le Sagittaire fut partit, Aiolia quitta son temple et descendit vers celui des Gémeaux : à l'entente des éclats de voix, les jumeaux étaient plongés dans une de leur grande dispute. Le Lion pouvait mettre sa main à couper que cela concernait le porteur de l'armure d'or des Gémeaux. Au temple du Bélier, il croisa Milo, Camus et Aldebaran. Ils étaient là pour finaliser les dernières retouches sur leur armure.

- Bah tu vas où ? demanda Milo.

- Je vais juste dans la forêt inspecter un peu les environs, t'inquiète.

- Reviens rapidement, lui dit Camus.

- J'ai dit "T'inquiètes".

Et sans rien ajouter de plus, il quitta le Sanctuaire et se dirigea vers la forêt. Près de la rivière, il respira un coup et retint une grimace en voyant que Shura était déjà présent, raide comme un pique et déjà en armure. Il semblait contempler l'horizon. Aiolia se contenta de l'observer de loin, la colère visible sur son visage. Puis, il repensa à l'incident avec Dionysos.

Ainsi donc… Il a une sœur… pensa-t-il.

Lui aussi sentit une envie vengeresse se forger en lui. Mais pas pour les mêmes raisons que Shura. Certes, il souhaitait faire la guerre contre ce dieu car après tout, il en avait après leur déesse et leur Sanctuaire (donc de facto, dans son esprit, contre les hommes). Mais cette envie de vengeance, cette colère, elle n'était pas dirigée contre Dionysos. Mais contre Shura et ses actes. Contre l'idée qu'il avait une sœur.

Il grinça les dents. En lui montait un désir qu'il savait malsain mais qu'il ne parvenait à refréner : il voulait lui faire payer.

OoOo

Sanctuaire de Dionysos

Shunrei était encerclée. Pris au piège de gobelins immondes voulant sa peau.

- Alors ? Tu te laisses mourir ? Fit la voix de Cilia, la nymphe des airs qui jubilait.

Elle grinça des dents. Elle analysa la situation : dix Gobelins l'encerclaient, leur face immonde riant devant elle, brandissant leur hache.

- Je tente un coup finit elle par dire.

Elle inspira.

Expira.

Et elle lança les dés.

10 au total. Succès critique.

- Yes ! Dit elle

- Oh bien joué ! Fit Eliotis, le faune

Ils étaient autour d'une table avec leur jeu de rôle type Donjons et Dragons.

- Ah j'avoue bien joué, fit Cilia, qui était maître du jeu ce soir-là. Du coup tu dégaines ton arc et, par des compétences visiblement gagnées par la chance…

- J'ai de l'expérience, voilà tout, fit Shunrei avec un clin d'œil.

- Oui bon, si tu veux… Tu arrives à tuer tous les Gobelins.

- Et bim ! Fit Eliotis en levant la main vers Shunrei.

- Travail d'équipe ! Répondit Shunrei en la tapant.

- Bon après, moi j'ai toujours ma jambe cassée… déclara Saor, la nymphe des eaux aux écailles luisantes, en faisant la moue et en tapotant son menton avec sa fiche de personnage.

- C'est vrai que c'est assez handicapant, dit Esther dans un clin d'œil espiègle.

- Mais je t'emmerde… fit Saor dans un soupir faussement agacé. Au moins moi je ne suis pas décédé !

- Attendez ! Cria Cilia

Tous se tournèrent vers iel.

- Vous avez entendu ? Continua la sylphe, d'un air inquiet.

- Oh ça sent le roussi… dit Eliotis en faisant la moue

- Faites que ce ne soit pas un balrog… murmura Saor

- Et paf ! Un balrog apparaît !

- Oh putain ! Fit Eliotis.

- Oh non on était si prêt du but ! Geint Shunrei.

- Et je lance les dés… dit Cilia. Boum ! Succès critique ! T'es mort ! T'es mort et tu es mort !

Tous les participants poussèrent des soupirs.

- C'est trop dur tes campagnes Cilia ! Fit Eliotis

- Elles ne sont pas trop dures. C'est juste vous qui ne persévérez pas assez !

- Ouais enfin, on arrive jamais à les finir.

- C'est là le but. L'important n'est pas la destination mais le voyage.

- Tu dis ça mais c'est surtout que tu as énormément de fierté à l'idée que l'on perde, remarqua Esther.

Toute la bande ria et Cilia tira la langue en direction de l'espagnole.

- Bon, qui veut boire quelque chose ? Dit cette dernière en se levant.

Comme ils étaient dans la cuisine de l'hôtel particulier où ils logeaient, tout était à proximité.

- Ah je veux bien un jus de pomme s'il en reste s'il te plaît ! Dit Shunrei en mettant le pied droit sur le rebord de la table.

- Ça marche, qui d'autres ?

Le reste répondit par la négative, leur verre étant encore plein.

- Bon sinon, ça vous a plu ? Demanda Cilia alors qu'iel rangeait.

- Très ! Fit Shunrei. Je pense reprendre le rôle de l'archer la prochaine fois si ça vous va. J'aime bien ce personnage.

- Fait comme tu le sens… Oh mince…

- Quoi ? Demanda Eliotis.

- Ah… Merde… J'avais oublié de sortir un personnage important.

- T'es sérieux ? Dit le faune, au bord de la crise de rire.

- Euh oui… En fait, il aurait pu être utile dans le donjon…

- Mais t'es sérieux ?! Éclata de rire Eliotis

- Non mais plus jamais t'es maître du jeu en fait, dit Saor, faussement choquée.

- Eh oh !

- Après Cilia raconte bien, dit Esther d'un ton calme

- Je te remercie Esther ! Enfin quelqu'un derrière moi.

- Mais si c'est pour que tu zappes la moitié des personnages, c'est sûr il vaut mieux que tu ne le fasse pas.

- Non mais je rêve !

Esther lui fit un clin d'œil alors qu'elle allumait sa cigarette avec une flamme au bout de son doigt. Shunrei aimait bien ce côté d'Esther : toujours calme mais la première à dégainer des punchlines. Elle se leva, prit son verre que lui donnait Esther et sortit de la cuisine pour aller prendre un peu l'air. Mais alors qu'elle se dirigeait dans le grand couloir, Saor vint à sa rencontre.

- Eh Shunrei ?

- Oui Saor ?

- Est ce que tout va bien ?

- Bah oui pourquoi ?

- Et bien tu sais, nous nous sommes rendus au Sanctuaire d'Athéna. Je me dis que peut être que le fait d'avoir été replongée dans ces mauvais souvenirs t'ai un peu heurtée quoi.

- Oh Saor… Merci de t'inquiéter pour moi ou pour nous tous. Mais ne t'en fais pas, je… Je vais bien.

- Sûr ?

- Oui sûr !

- Bon… Tant mieux alors, déclara Saor, ne voulant pas insister. Si tu vas bien alors je vais bien.

Shunrei sourit puis embrassa tendrement la joue de la naïade en signe d'affection.

- En revanche, peut-être qu'il faudrait qu'on s'inquiète pour Esther. Elle a quand même revu son frère tout à l'heure, dit-elle en regardant la dénommée qui fumait calmement sa cigarette.

- Je lui ai demandé si elle avait besoin d'en parler. Elle m'a juste dit que ça allait. Mais elle ne m'a rien dit d'autre. Elle est restée très neutre. Comme si ça ne lui faisait ni chaud ni froid.

- Ouais, elle nous a fait une Esther quoi.

Saor rit puis laissa Shunrei partir après avoir déposer un baiser sur les lèvres de la jeune femme, aussi léger que les ailes d'un papillon. Cette dernière se laissa faire, consciente que cela était une marque d'affection chez la naïade. Puis elle se dirigea vers la véranda. Arrivée à destination, elle s'autorisa à respirer et à laisser la tristesse envahir son visage.

Elle avait menti à Saor : oui, revoir Shiryu l'avait bouleversée. Durant ces cinq années, elle avait fait son possible pour l'oublier, le mépriser. Symboliquement, elle avait fait en sorte de l'abandonner, comme lui l'avait fait avec elle. Et pourtant, lorsqu'elle avait posé ses yeux sur lui tantôt, elle avait ressenti autre chose. Elle avait ressenti cette douce chaleur qu'elle éprouvait autrefois quand elle le voyait. Elle avait aussi ressenti ses papillons dans son ventre. Et cela la perturbait beaucoup. Elle n'était pas censée réagir comme ça ! Pas après ce qu'il lui avait fait. Et puis la façon dont il l'avait regardé. Ses yeux avaient révélé son état de choc. Shunrei avait bien vu l'hésitation dans ses yeux : devait-il être joyeux ? Triste ? Suspicieux ? Dégouté ? Tant d'émotions qui avaient défilé en si peu de temps dans l'éclat vert de son iris.

Elle se frotta les bras comme si elle avait froid et entraperçu la forêt depuis la fenêtre du salon. Cette forêt qui les accompagnait partout, peu importe l'endroit où ils se trouvaient. Elle décida d'aller s'ancrer un peu. Elle ouvrit la vitre et sauta en direction des bois. Elle courut parmi les arbres, sauta de branche en branche et se retrouva dans une grande clairière : l'endroit qu'elle préférait. Elle prit place à un emplacement bien spécifique et s'installa en tailleur. Là, elle inspira et activa son cosmos, les yeux fermés. Au bout de quelques instants, des racines se mirent à apparaître depuis ses cuisses ainsi que son fessier, plongeant dans le sol. Littéralement, elle prenait racine. Ses dernières continuèrent leur course dans la terre jusqu'à rejoindre les mille et une terminaisons créées par les champignons et les racines des autres arbres. Elles touchèrent un réseau et aussitôt ! Shunrei se retrouva connectée à l'entièreté de la forêt. Elle eut un léger vertige mais se reprit. Le calme n'existait plus : elle entendait non pas une mais plusieurs mélodies, c'était comme cela qu'elle interprétait le bruit de la forêt. Pour elle, c'était la plus belle des musiques. Entendre la forêt chanter l'apaisait. Elle se concentra davantage et son âme partit à la découverte de chaque arbre. Elle pouvait sentir la sève circuler dans les troncs ainsi que l'eau dans les racines. Elle pouvait sentir si un arbre ou une plante était malade ou fatigué. Même s' il était en stress ou heureux. Que de sensations qu'elle ne pouvait éprouver avant cette nouvelle vie !

Elle continuait son ancrage quand brusquement l'image de Shiryu vint la perturber. Elle tenta de s'y soustraire mais l'image et les souvenirs vinrent encore en flash. Son corps fronça les sourcils : la connexion était perturbée. Puis, ce fut le souvenir de la guerre contre Hadès qui arriva comme une série de flash. La connexion fut alors brutalement interrompue. Shunrei ouvrit les yeux et manqua de tomber la tête la première. Son souffle était erratique. Elle passa la main sur son visage et une larme se mit à couler le long de sa joue.

Et dire qu'elle pensait l'avoir oublié…

Elle soupira et se remit en marche. Elle arriva près d'une cascade et s'agenouilla pour observer son reflet à la lumière de la lune. Elle était si différente de celle qu'elle avait jadis : si auparavant elle portait toujours une tresse et des vêtements chinois traditionnels ne laissant voir aucun bout de peau, désormais, ses cheveux étaient détachés et pour ce qui étaient de ses vêtements…

On va dire que c'est la Nature qui m'habille comme elle veut, se dit-elle avec un léger rire.

Elle soupira de nouveau. Elle ne regrettait pas d'être dans ce Sanctuaire. Pas le moins du monde. Elle aimait ses amis, cette forêt, son dieu… Pour rien au monde, elle ne voudrait partir. Alors pourquoi fallait-il que le souvenir de Shiryu la perturbe à ce point ?

Elle se leva finalement, déterminée à voir quelqu'un. Lui seul saurait mettre des mots sur ce qu'elle traversait. Elle quitta la cascade et marcha pendant de longues minutes. En chemin, elle entendit un bruit derrière un buisson. Un vague son de musique et de rire. Convaincue qu'elle le trouverait là, elle poussa les feuilles et se retrouva dans une cour immense appartenant à un autre hôtel. Sans faire attention à si elle était invitée ou pas, elle entra sous le nez des agents de surveillance. La musique se répercutait sur les murs comme une balle de tennis. Se trouvait une multitude de gens de tout age, sexe, classe sociale qui dansait, buvait et chantait sans aucune honte ni valeur morale. Le champagne coulait à flot, les barmans étaient surmenés, l'orchestre enchaînait les titres, les danseuses de charlestown devaient continuer à danser alors que sous leur pieds se baignaient dans une piscine à bulles des personnes en maillot ou alors complètement habillées ! C'était une fête digne d'une décadence, un virage à 360 degrés dans la folie et l'exubérance la plus pure. Malgré la musique, elle parvint à saisir quelques bribes de conversation:

- Je crois que l'organisateur est un grand prince slave.

- Non, il n'est pas slave, il est espagnol !

- Je pencherais plutôt pour un magnat de l'immobilier.

- Mesdames et Messieurs, veuillez accueillir pour ce clou du spectacle le célèbre chef d'orchestre Gershwin Junior ! Et pour l'accompagner… des feux d'artifices !

La foule hurla alors d'allégresse et commença les fameuses notes de Rhaspody in Blue.

J'oubliais que c'était ça une "petite" fête pour lui se dit Shunrei en se retenant de rire.

Elle leva la tête au moment où les célèbres notes de la musique jazz s'élevèrent et que les feux d'artifices s'apprêtaient à être tirés.

- Ah ! Vous voilà Dionysos.

Les notes sonnèrent et les feux d'artifices se déclenchèrent alors qu'il portait un toast vers elle. Une entrée flamboyante à son image. D'aussi loin qu'elle se souvienne, c'était le plus bel homme qu'elle n'ait jamais vu. Il était d'apparence jeune, ses traits de visage étaient fins, il était rasé de près et sa peau légèrement ocre semblait extrêmement douce et brillait de mille feux. Ses sourcils étaient à la lisière du fin et du épais. Ses cheveux étaient bruns, bouclés et étaient ramenés en chignon sur son costume trois pièces qui le rendait très élégant. Ses yeux étaient d'un vert tendre, semblable à une végétation luxuriante.

Et son sourire… Eliotis n'avait pas tort à propos de ce sourire :

Son sourire est l'un des rares sourires que tu croises trois ou quatre fois dans une vie. Il semble te comprendre et croire en toi juste comme tu voudrais être compris.

Tel un gentleman, il lui tendit le bras. Elle le saisit et ils quittèrent ainsi la soirée.

- Vos invités ne vont pas vous regretter ?

- Ils ne savent même pas qui je suis !

Arrivés à la véranda, Shunrei lâcha le bras du dieu qui alla derrière un paravent décoré avec des fleurs de cerisiers. Il en sortit quelques minutes plus tard, tout juste vêtu d'une longue robe au rose très pâle qui sublimait ses hanches et allongeait drastiquement ses jambes. De dos, on pouvait le prendre pour une femme. Ses longs cheveux bouclés retombaient comme de la soie sur ses épaules. D'une démarche féline, il alla s'asseoir sur un rocher surplombant un petit bassin où flottaient des nénuphars et inspira profondément.

- Un verre de vin ? demanda Shunrei en saisissant une bouteille dans le bar en cristal

- Ah, volontiers.

Elle le servit puis s'assit près du bassin avec elle aussi un verre.

- Pas trop dur de revenir au Sanctuaire ? demanda-t-il de but en blanc, un sourire en coin.

Il avait deviné que cela n'allait pas.

- Un peu pour tout vous dire, avoua Shunrei. Mais j'ai beaucoup apprécié votre entrée fracassante et fabuleuse.

- Je fais toujours des entrées fracassantes et fabuleuses.

Shunrei rit puis but une gorgée.

- C'était donc lui Shiryu…

- Qu'en avez-vous pensé ?

- Très noble. Cela se voit qu'il est intelligent. Mais il a de l'orgueil. Beaucoup. Ça pourrait lui porter préjudice.

- Ça ne m'étonne pas…

- Cela te tracasse de l'avoir revu ? demanda Dionysos d'une voix douce.

Shunrei frissonna puis frotta son bras gauche. Elle alla s'asseoir à côté de Dionysos et posa sa tête sur son épaule. Avec cette proximité, elle pouvait sentir la chaleur de son corps. Cela l'apaisait.

- Dis-moi

- Je… J'étais censé le détester. Me montrer dure envers lui, inatteignable. Et j'ai… J'ai juste eu le cœur qui battait plus vite. Je me suis sentie si lâche : d'un coup, je ne voulais plus l'attaquer et je revoyais ces maudits sentiments que j'avais éprouvé pour lui.

Elle leva son visage vers Dionysos et planta ses yeux dans les siens. Cela la rassurait toujours de les voir.

- J'ai peur…

- Peur de quoi ?

- De ne pas pouvoir me battre. De me retrouver enlever à ce Sanctuaire que j'aime tant. D'être… faible comme avant.

- Je comprends…

Dionysos caressa tendrement sa joue puis se leva en l'entraînant avec lui.

- Suis-moi.

Intriguée, Shunrei s'exécuta. Ils passèrent par un labyrinthe de couloirs et entrèrent dans une salle immense. Au centre, une immense piscine entourée de colonnes corinthiennes et remplie d'un liquide rouge bordeaux : Shunrei reconnut la couleur du vin. Le décor était entièrement composé de pierre ambrée. L'architecture faisait penser à un temple grec n'ayant jamais subi les épreuves du temps.

Dionysos lâcha le bras de Shunrei et rentra tout habillé dans la piscine. Le bruit des mouvements dans le vin emplit le silence religieux qui régnait dans ce temple.

- Tu te souviens de l'histoire que je t'ai raconté ?

- Celle à propos de vos origines. Oui… Et j'en suis toujours bouleversée quand je l'écoute.

Dionysos eut un tendre sourire puis continua en touchant le vin :

- Comme tu le sais, j'ai laissé un demi-dieu trahi et blessé mourir dans ce vin.

Shunrei avait l'impression que le vin parlait en même temps que lui.

- Et j'ai laissé un dieu naître. Cette peur, cette douleur que tu ressens en pensant à ton passé, elle peuvent te casser oui mais elle peut te transformer en quelque chose de mieux. Tu as besoin de laisser ton passé mourir. Tu y es très bien arrivée en cinq ans, notamment lorsque tu as dû faire tes preuves auprès des nymphes.

- Mais maintenant…

- Ce n'est qu'un obstacle. Et je sais que tu vas le surmonter. Comme tu as pu surmonter les autres.

En disant ça, il avait tendu ses bras et lui avait parlé avec cette voix douce et compréhensive. Shunrei pouvait voir dans ses magnifiques yeux qu'il la comprenait complètement.

- Tu es forte. Tu l'as toujours été.

Shunrei frémit alors qu'il l'enserrait tendrement et qu'il la faisait pencher en arrière.

- Tu es parfaite Shunrei.

Et elle se laissa plongée dans le vin, alors que Dionysos dirigeait son corps.

Bientôt le vin l'engloutit complètement.

OoOo

Esther regardait l'aube enfantine colorer le ciel avec des traits de crayon rose. Elle pensait à son frère. Par réflexe, elle mit la main dans sa poche et tira la carte de tarot qui l'avait mise sur cette piste il y a un an : celle du Diable. Elle avait alors enquêté avec l'aide de Cilia (très pratique une nymphe des airs pour être invisible) et avait découvert qu'il était devenu chevalier d'Athéna. Elle avait retenu un rire en voyant ça : quelle ironie du sort…

Elle regarda de nouveau le ciel et pensa à son frère :

- Shura… À quoi es-tu en train de penser là maintenant ? Comptes-tu me "délivrer" de Dionysos ? Tel est le devoir du preux chevalier que l'on t'a toujours enseigné ? Ou as-tu de plus sombres desseins ?

Elle était tellement plongée dans ses pensées qu'elle ne vit le corbeau se poser juste à côté d'elle et se métamorphoser.

- Tu as l'air bien songeuse !

- AH ! Ah Eliotis c'est toi… Tu m'as fait peur…

- Hehe je l'ai bien vu, tu étais plongée dans tes pensées. Tu pensais à ton frère ?

- Non à la nymphe qui est partie en hurlant de peur dès qu'elle a posé les yeux sur toi.

- Non mais… Non mais dis donc ! T'es pas croyable toi !

Et il lui donna un petit coup sur l'épaule, sous le léger rire d'Esther.

Soudain, un éclat de cosmos éclaira le ciel rosé. Ils se levèrent et ressentirent de plein fouet ce cosmos de guerrier.

- Ce serait…

- Oui c'est elle, fit Eliotis. C'est Athéna. C'est bon. Elle nous déclare la guerre.

Esther fronça les sourcils puis vit au bord de la forêt leur dieu. Il avait un léger sourire en coin. Ce dernier regardait le ciel doré sans fléchir. Puis il vit retentir lui aussi son cosmos .

- Viens Athéna. Je t'attends.


Et pif ! Cliffhanger !

J'avoue, pour Shunrei, je m'amuse beaucoup en imaginant ses pouvoirs et capacités, ainsi que pour les autres ménades. De belles surprises à venir !

Je vous souhaite de bonnes fêtes et à très vite pour le chapitre 6 !