Bonjour à tous ! Désolée pour l'attente mais voici enfin le chapitre 15 !

Décidement, cette fanfiction me donne beaucoup plus de fil à retordre que les précédentes (le fait qu'il y ait beaucoup de personnages n'aide pas aussi).

En tout cas, j'espère que ce nouveau chapitre vous plaira. Bonne lecture !


Sanctuaire d'Athéna

Il faisait un temps magnifique sur le sanctuaire de la déesse de la guerre : le soleil brillait et une brise agréable parcourait le domaine, faisant profiter les disciples des bourrasques de fraîcheur qu'il apportait. Dans l'arène, Aldebaran s'occupait des nouvelles recrues comme à son habitude. Il en était de même pour Aiolos et Mü.

- Bon. Reposez-vous maintenant, dit-il au bout de la quarantième pompe.

Les adolescents s'effondrèrent au sol dans un soupir et le Taureau ne put s'empêcher de rire.

- Allez ! Ce n'est pas quarante pompes qui vont vous tuer !

- Mais c'est trop dur !

Après un quart d'heure de jérémiades, Aldébaran prit congé des disciples et décida d'aller dans son temple pour enlever sa tenue d'entraînement. Ayant mis des vêtements de ville, il voulut se rendre dans la partie de la "forgeonnerie", une partie du domaine d'Athéna réservée à la réalisation des protections pour les soldats ainsi que leurs armes (et autre nécessité pour le fonctionnement du domaine). Il entra dans la pièce surchauffée et vit la personne qu'il cherchait à l'ouvrage.

- C'est ici que tu tues le temps entre deux recherches ?

Ikki le dévisagea, la face en sueur et les cheveux ébouriffés, puis se contenta de retourner à son ouvrage.

- Comment ça va Aldé ?

- Je me porte bien, je n'ai pas à me plaindre. Mais toi ? On ne te voit pas beaucoup. Tu es soit ici, soit à la Fondation Graad en train d'assister Athéna dans ses recherches.

- Tu voudrais que je fasse quoi d'autres ? demanda le Phénix sur la défensive.

- Je ne suggère rien. Mais peut être pourrais-tu passer nous voir ? Cela te ferait peut être du bien.

Il s'attendait à se faire rembarrer par l'impétueux Phénix mais il ne se passa rien. Au contraire, Ikki répondit sur un ton las :

- C'est gentil mais ça ira. Je préfère faire ça. Ça m'occupe.

- Bon, bon… Si besoin, nous sommes là.

- Merci Aldé.

Le Taureau partit, non sans ressentir une pointe de tristesse dans son coeur : depuis la disparition de Shun, cela faisait deux mois qu'Ikki n'avait pas remis son armure.

Dès que son camarade fut parti, Ikki se remit à la tâche : il voulait finir cette épée avant la fin de journée. Mais dès qu'il frappa le fer, il sentit un deuxième battement de cœur se joindre au sien, comme une immense caisse de résonance.

C'était Athéna. Elle venait d'avertir tous ses chevaliers.

- Chevaliers… Hilda de Polaris vient de rentrer en contact avec moi. Elle va venir avec les guerriers divins dans le domaine incessamment sous peu.

- Déesse, pourquoi ? demanda Shion.

- Je ne sais pas…

- Quoi ?

OoOo

En ni une ni deux, tous les chevaliers étaient présents dans la salle du trône en armure. Saori était sur son trône et tentait de garder un minimum de sérénité.

Il eut un bref changement dans l'atmosphère : ce dernier devint glacial. Une immense colonne de lumière traversa le plafond et quelques secondes après, apparurent l'hôte d'Odin sur Terre et ses guerriers. Saori se leva, sceptre en main, et s'approcha de son homologue. Malgré la paix entre leurs deux sanctuaires, tous les chevaliers furent sur le qui-vive. Après tout, aucun ne savait pourquoi Asgard était là. Pas même leur déesse.

- Hilda, ta venue expresse m'a particulièrement interpellée, ainsi que mes chevaliers qui s'attendent à tout. Alors je t'en conjure, dis-moi les raisons de ta venue si soudaine.

- Athéna… Sache que j'aurais aimé t'annoncer une autre nouvelle, plus réjouissante tu peux me croire. Mais je ne pouvais garder ça pour moi. J'ai eu la visite d'un Sanctuaire il y a quelques jours. Dirigé par ton frère, le dieu Dionysos.

Le cœur de Saori rata un battement.

- Parmi les membres de ce Sanctuaire, il y avait le chevalier d'Andromède et le chevalier du Capricorne.

Cette fois-ci, ce fut le cœur d'Ikki et de Shiryu qui s'emballa également.

OoOo

La nouvelle avait plongé les membres de la chevalerie dans un grand désarroi. Mais ce fut pire quand Siegfried, Bud et Mime racontèrent ce qu'il s'était passé. Saori était assise sur son trône, effarée par ce qu'elle venait d'apprendre.

- Pourquoi les chaînes de l'armure d'Andromède sont devenues rouges ? demanda Mü, qui n'en revenait également toujours pas.

- De nouvelles techniques je suppose, répondit Mime. Avec, Shun a pu me mettre dans un état second et m'empoisonner. Comme il l'avait prévu, j'ai mis deux jours à m'en remettre.

- Et Shura ? demanda Aiolos.

- Il n'avait pas Excalibur au départ, dit Bud. Lors de notre combat, il faisait tout pour être au corps à corps. J'ai fini par avoir le dessus mais il a brusquement pu s'en défaire et c'est là où… Excalibur est réapparue. Je n'osais le croire au début et pourtant c'était bien le cas. Excalibur combat de nouveau aux côtés de Shura. Même si ce dernier a rejoint les rangs de Dionysos.

- Quoi ?... finit par dire Aiolia.

Saori mit les mains sur sa bouche, l'air effrayé. Puis, elle tenta de se ressaisir.

- Tu nous dis Hilda que leur objectif c'est de garantir l'amour et la paix sur Terre, c'est bien ça ?

- Oui c'est cela, également de faire connaître Dionysos et "d'asseoir son culte", comprenez par là amener un souffle de liberté et de fête. J'ai eu tort là-dessus de me montrer intransigeante et de les envoyer en prison. Car finalement… Ce n'est rien. Ce n'est que permettre aux hommes d'avoir une autre façon de concevoir la vie. C'est tout.

Le silence se fit dans la salle du trône.

- Est ce que tu aurais un indice ? Une idée de là où ils se trouveraient ? Demanda Saori

- Non. Je leur ai rendu la liberté.

- Vous auriez au moins pu… tenta Ikki, qui sentait la colère monter en lui.

- Les traquer ? Les espionner ? Leur coller une puce ? Je crois que cela est contraire à ce que je leur ai donné non ? Pesta Hilda.

Ikki voulut riposter mais la poigne glaciale de Hyoga l'en empêcha. Hilda soupira puis apporta une conclusion.

- De ce que je pourrais dire, c'est que… Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un Sanctuaire animé par de si profonds sentiments d'amitié et d'amour. Et je ne pense pas que Dionysos représente un danger pour l'humanité.

Le Phénix tressaillit. Il en allait de même pour Shiryu. Saori garda un temps le silence puis finit par se lever.

- Je te remercie Hilda de Polaris de nous avoir donné toutes ces précieuses informations.

- Il en allait de soi. Je n'allais pas garder cela pour moi. Je suppose que tu dois être inquiète de ne pas savoir où se trouvaient… ces deux anciens chevaliers.

- Effectivement.

Hilda annonça qu'elle et ses chevaliers allaient prendre congés. Mais avant de partir, elle sentit qu'elle devait parler de quelque chose. Quelque chose qui l'embêtait.

- Athéna, avant de partir il faut que je te confie un doute. Je me demande si finalement il y avait un autre but.

- Comment ça ?…

- Je me suis posée cette question en observant Andromède. Il n'était pas si différent d'avant quoique beaucoup plus inébranlable dans ses convictions. Mais c'était son regard qui m'a interpellé. Quand il me dévisageait, je pouvais sentir que ce n'était pas Hilda qu'il dévisageait mais Odin. Comme s'il le mettait en garde. C'était une telle lueur de détermination, je n'en revenais pas.

- Mettre en garde contre quoi ?

- Ce n'est qu'une supposition mais je pense contre ce qu'ils pourraient faire si jamais les dieux tentaient quoique ce soit qui nuirait à l'homme. Cela doit être ça qui motive Shun ainsi que le reste du Sanctuaire : faire en sorte d'empêcher les dieux de nuire aux hommes. Et je crains que ce ne soit pas tous les moyens. Au point peut-être d'aller courir un danger.

Saori blêmit en entendant cela.

- Je te remercie Hilda, ne put-elle que dire.

- Je t'en prie.

- Excusez-moi, fit une voix parmi les chevaliers.

C'était Shiryu. Les guerriers divins le dévisagèrent.

- Oui chevalier du Dragon ? Demanda l'hôte d'Odin.

- Est ce qu'il y avait parmi les ménades une femme nommé Shunrei ?

Les chevaliers se regardèrent, un peu perdus quant à cette question.

- Elle ressemble à quoi ?

- C'est une femme de type asiatique. Plutôt petite de taille avec de longs cheveux noirs.

- Ah la dryade ! Fit Mime.

- Oui… Oui c'est ça. Était-elle parmi eux ?

- Oui. C'était un de leurs membres les plus féroces d'ailleurs.

- C'est-à-dire ?

- Elle s'est échappée de prison, a assommé deux gardes à l'entrée du palais, mit KO le reste des gardes avec facilité comme si le combat était sa spécialité et a dérobé les deux urnes des Cloths pour les rendre à leur propriétaire. Bref. En l'espace de quinze minutes elle a cumulé violation de domicile, agression à l'encontre d'agents du royaume, vol et trouble à l'ordre public.

- Oh…

OoOo

Il s'était écoulé un léger temps dans lequel aucune personne dans l'assemblée n'avait dit quelque chose. Finalement, et tout le monde s'y attendait d'une certaine façon, ce fut Ikki qui explosa le premier en envoyant son poing contre le mur.

- Tout doux Ikki, fit Aiolos

- Comment veux-tu que je me calme après ce qu'Hilda vient de dire ?! vociféra le Phénix. Shun est complètement sous l'emprise de ce dieu !

- Sous l'emprise…Sous l'emprise… On pensait la même chose quand on est allé combattre Dionysos la première fois, souviens toi, remarqua très justement Deathmask

- C'est vrai et nous… tenta Shiryu

- C'est pas pareil ! Shunrei ou l'autre là, ce n'est en rien comparable à Shun.

- T'insinue quoi ? Demanda froidement le Dragon

Ikki dévisagea Shiryu puis eut un soupir d'exaspération :

- J'insinue que ce n'est pas pareil. Shunrei est beaucoup plus faible que Shun. Donc d'une certaine façon ça ne m'étonne pas qu'elle soit tombée dans les griffes de ce dieu.

- Non mais t'es sérieux ?! Cria Shiryu

- Les gars, calmez-vous ! Fit Hyoga

- D'où tu traites Shunrei de cette façon ?!

- En quoi j'ai tort Shiryu ? Shunrei était gentille et dévouée oui mais c'était une orpheline qui contrairement à nous n'a reçu aucun entraînement ou quoique ce soit. Forcément elle allait tomber dans n'importe quelles griffes ! Et…

Un cosmos puissant vint immédiatement alourdir l'atmosphère et cesser tout cri de colère. Tous dirigèrent leur regard vers la source de ce cosmos divin à savoir Saori qui se tenait debout près de son trône, sceptre en main.

- Ikki, ça suffit. La douleur que tu ressens concernant ton frère ne justifie pas ces propos envers Shunrei.

Ikki allait riposter quand l'image d'Esméralda se superposa dans sa tête sur celle de Shunrei. Il serra les dents et finit par s'excuser.

- C'est sûr qu'elle a bien changé… Envoyer des dizaines de soldats sur le tapis en un rien de temps. Chapeau, dit Deathmask.

Shion le foudroya du regard derrière son masque mais à la grande surprise de toute le monde, la remarque du Cancer fit légèrement sourire Shiryu.

- Oui c'est clair… finit-il par dire.

- Grand Pope, déesse Athéna, avez-vous une idée de ce que nous pouvons faire ? demanda Shaka

Tous ses chevaliers avaient le visage rivé vers elle, attendant une affirmation, une réponse ferme. Saori avait le regard dans le vide, comme plongée dans d'intenses réflexions.

- Déesse Athéna ? demanda Shion

- Qu'est-ce qu'envisage le Sanctuaire de mon frère ? finit-elle par dire.

- Que voulez-vous dire ?

- Je suis en train de repenser à ce qu'a dit Hilda avant de partir, cette intuition qu'elle a eue en observant Shun. Qu'est-ce qu'il envisage ? Jusqu'à… Jusqu'à quel point veulent-ils empêcher les hommes de nuire aux dieux ?

OoOo

Il avait beau battre le fer, il ne parvenait pas à lui faire prendre la forme qu'il voulait. Il finit par frapper trop fort et le métal vola en éclat. Vert de rage, il balança avec violence le marteau à l'autre bout de la pièce.

À bout de souffle, il s'appuya sur l'atelier et essuya la sueur de son front. Il fit une série de respiration pour tenter de se calmer mais cela ne servit à rien. Alors, il tapa le mur avec son bras. Ikki ne pouvait croire ce qu'Hilda avait raconté sur son frère.

Shun ne pouvait pas avoir autant changé. Il ne pouvait pas avoir renié à ce point Athéna ni même la cause pour laquelle il se battait. Il ne pouvait pas avoir rejoint un autre Sanctuaire.

- On doit le manipuler c'est certain… Jamais mon petit frère ne changerait autant.

Au-delà de cette colère, il ressentait de la peur pour son petit frère : quels dangers allaient-ils courir ?

OoOo

Marine avait fini son entraînement avec un tout jeune disciple et descendait le grand escalier menant aux différents temples zodiacaux. Le soleil se couchait lentement derrière les collines bordant le domaine sacré : une belle soirée s'annonçait.

Elle s'arrêta dans un en particulier. Elle réajusta son masque et arrangea sa coiffure pour être a minima présentable et frappa à la porte des appartements privés du Lion. Le propriétaire de la Cloth éponyme lui ouvrit, seulement vêtu d'un débardeur marron et d'un jean. A en juger la serviette autour de son cou, il devait sortir de la douche. Marine remercia son masque pour cacher son embarras.

- Je suis venue voir si tout allait bien, dit-elle d'une voix assurée.

- Ah merci c'est gentil, entre je t'en prie, dit-il avec un faible sourire.

Elle s'asseyait sur le canapé tandis qu'il revenait avec deux canettes de jus de fruits. Ils discutèrent de tout et de rien puis Marine décida d'attaquer le sujet sensible.

- Tu en penses quoi ?

- Hm ?

- De ce qu'il s'est passé tout à l'heure avec Hilda de Polaris.

- Ah ça… Je n'en sais rien à vrai dire. Et toi ?

- Cela m'a choqué. Je connais Shun depuis longtemps. Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse accomplir cela. Ça ne lui ressemble pas.

- Comme quoi on ne connaît jamais les gens, répondit le Lion comme s'il s'adressait à lui-même.

- Et toi ? Ça ne t'a rien fait ?

- Comment veux-tu que j'ai le moindre avis sur cette situation avec ce qu'il s'est passé il y a un mois Marine ?

Il avait prononcé ces mots plus durement qu'il ne l'aurait pensé. Et vit, malgré le masque, que cela avait ébranlé la chevalière.

- Excuse-moi, je n'aurai pas dû te répondre comme ça.

- Ce… Ce n'est rien. C'est moi qui n'aurais pas dû aborder le sujet.

- Non t'en fais pas… Enfin, excuse-moi mais je préfère me reposer si ça t'ennuie pas. C'est pas la grande forme aujourd'hui.

- Oh… Bon… Je comprends… Si tu as besoin de quoique ce soit, dis-le-moi.

- Je le ferai, répondit-il avec un léger sourire.

Avant de partir du temple, Marine regarda la porte. Elle était inquiète. Auparavant, elle n'avait aucun problème pour savoir ce qui préoccupait le Lion. C'était tout naturellement qu'elle était tombée amoureuse de lui : en plus d'avoir un charme fou, il était courageux, loyal et prévenant, quoique impétueux et pouvant se montrer colérique. Mais depuis un mois, il semblait s'être enfermé sur lui-même et il était difficile pour l'Aigle de savoir ce qui le taraudait. Elle savait que cela avait un lien avec l'assassinat de Shura mais Aiolia ne disait rien de plus.

Elle sentit son cœur se serrer puis partit en direction du domaine des femmes. Si seulement Aiolia pouvait lui parler…

OoOo

Aiolia finit un reste de pâtes devant Miami Vice, une série phare sur deux flics dans l'une des villes les plus paradisiaques des États Unis. Il devait admettre qu'il aimait bien la regarder, notamment pour le duo de flics. Il éteignit le téléviseur et alla se coucher.

Il resta un temps dans le noir puis eut un rictus. Allons bon, maintenant il avait peur de s'endormir ? Et pourtant… c'était ce qu'il ressentait. Car depuis un mois, cela lui arrivait de faire des cauchemars. Rêves infernaux dans lesquels il voyait le corps ensanglanté de Shura, le visage inerte, le cri de douleur poussé par Esther. Et puis ce chant qu'elle avait poussé, toujours ce chant.

Jamais il n'avait entendu la voix d'une femme comme cela. Son ton était grave et puissant. Il avait pu sentir les cordes vocales vibrer avec force. Le tout était comparable à un incendie qui prenait de l'ampleur.

Et toujours quand il entendait ce chant, il pouvait sentir son cœur trembler.

Il finit par fermer les yeux en se disant qu'encore une fois, ce chant allait accompagner sa nuit.

OoOo

Le soir même de l'intervention d'Hilda, Shiryu décida de se rendre aux Cinq Pics. Comme il l'avait deviné, la maison avait été squattée. Si auparavant, elle était chaleureuse et équipée, désormais c'était une toute autre demeure dans laquelle il pénétrait. Déjà, il avait le sentiment d'entrer dans une carcasse éventrée : il n'y avait plus de toit et seulement une bâche en plastique couvrait une partie de la maison. Le sol était jonché de morceaux de bois ainsi que de quelques ordures. La poussière régnait en maître et le sol était noir de suie.

Il quitta la maison et voulut se diriger à l'intérieur de la forêt. À chaque pas, il revoyait des instants passés avec son maître et Shunrei. C'était des moments si précieux, il s'en rendait compte maintenant. Peut-être aurait-il dû les chérir davantage…

Il s'arrêta au bord de la falaise qui longeait le grand fleuve et replongea dans ses souvenirs. Il revit avec nostalgie ce moment où, ne sachant comment avouer ses sentiments, il avait contourné la situation en remerciant Shunrei et en lui offrant une fleur qu'il avait de lui-même coupée et mit dans ses cheveux. Il se souvint également du doux sourire qu'elle avait eu ainsi que la teinte rouge carmin qu'avait pris ses joues. Il l'avait trouvé tellement belle.

Pourquoi ça s'est fini comme ça ?… Ah mais oui Shiryu, parce que tu es un idiot…

Il tourna la tête et vit avec stupéfaction que le bosquet de pivoines était toujours là. Il eut alors un léger espoir : peut-être… Peut-être qu'Athéna voudrait qu'il aille retrouver Shun et Shura ? À ce moment précis, s'il la retrouve, peut-être pourrait-il lui offrir une fleur ? Est ce qu'elle agirait de la même façon ? Serait-elle touchée ?

Reviendrait-elle ?

Mais alors qu'il allait la cueillir, il fut pris d'un doute. Cueillir cette fleur qui venait tout juste d'éclore, ce n'était pas la condamner à mourir rapidement ? Certes, elle serait à lui et à ses côtés mais elle ? Est ce qu'elle s'épanouirait suffisamment ?

Serait-elle heureuse ?

Sa main trembla, hésitante… Puis il abandonna. Il se releva et eut un sourire.

Mieux valait la laisser s'épanouir à son rythme, elle serait heureuse. Oui… c'était ce qui comptait… qu'elle soit heureuse.

OoOo

Saori venait d'achever la toilette de Seiya quand elle remonta dans sa chambre. Comme elle s'y attendait, elle ne trouva pas le sommeil tout de suite. Elle se tourna, se retourna, puis finit enfin par se lever. Elle enfila sa robe de chambre en soie rose et se dirigea près de la fenêtre pour regarder les étoiles et faire le point sur ce qui la traversait.

Seule dans sa chambre, elle pouvait réellement ôter ce masque de déesse de la guerre inébranlable et forte, et se laisser aller au désarroi. Un éclair de tristesse la traversa alors qu'elle regardait la Couronne Boréale.

Ariane…

En vérité, pendant un mois, elle avait cherché à comprendre ce que Shun avait dit à Ikki avant de disparaître. Pendant un mois, elle avait sondé son cosmos de déesse, à la recherche d'un indice, de quelque chose sur son ancienne vie. C'est à partir de ce moment-là qu'elle avait pu entrapercevoir ce souvenir. La femme de Dionysos… Ariane…

Nous l'avons laissé mourir… Je l'ai laissé mourir…

Elle se mit à trembler et regarda ses mains. Bien évidemment qu'après cette mort, on pouvait la prendre pour une hypocrite, notamment avec son sanctuaire et ses anciens combats contre les dieux.

- Était-ce cet accident qui m'a conduit à vouloir protéger les hommes ? Pour me faire pardonner ? Voulais-je être punie pour avoir fait du zèle auprès de Zeus ? Ressentais-je le poids implacable de la culpabilité ? Tout ceci est si confus dans ma tête…

Mais le poids de la culpabilité lui, est palpable.

Elle soupira puis regarda de nouveau les étoiles. Elle eut un rictus. Et dire que devant ses chevaliers, elle portait le masque d'une déesse forte. Alors que derrière, elle se sentait désormais très mal placée pour ordonner quoi que ce soit. Elle se mit à repenser à Shun et Shura. En réalité, elle avait peur pour eux : dans quoi allaient-ils se mettre ? Quelles épreuves allaient-ils vivre ? Qu'est-ce qu'ils prévoyaient avec Dionysos ?

Elle s'en voulait maintenant d'avoir négligé à ce point le traumatisme de Shun ainsi que sa souffrance. Car oui, cela venait forcément de là cette détermination à vouloir protéger les hommes des dieux. Mais… quelles seraient ses limites ? Serait-il prêt à tout ?… Quitte à se corrompre ?

Bien que je m'en veuille… Bien que j'ai envie de faire tomber le masque… Je crains pour eux… Surtout pour Shun… Il faut que j'intervienne. Il faut que je les sorte de là… Il ne faut pas flancher maintenant, se dit la déesse de la guerre.

Elle pensa alors au plan de Shion qui consistait à envoyer en mission les chevaliers d'or et divins aux quatre coins du monde pour retrouver ce Sanctuaire et enquêter sur eux. C'était certes l'équivalent de chercher une aiguille dans une botte de foin mais… Ils n'avaient pas d'autres solutions.

Bon. Très bien. Ils feraient comme ça.

OoOo

Miami, un mois plus tard

- On fait toujours la fête non ? demanda Shun

- Mais non ! Et puis, il faut bien célébrer la vie ! dit Dionysos alors qu'il débouchait une énième bouteille.

- Mais on part trouver Hermès dans deux jours…

- Toutes les occasions sont bonnes, en plus vous aurez le temps de sortir de la gueule de bois. Allez, donne-moi ton verre, dit le dieu en remplissant le verre de vin.

Ils se trouvaient dans une des énièmes villas que Dionysos réquisitionnait (toujours gratuitement) pour ses fêtes. Ils devaient se trouver à Miami d'ailleurs. Shun remercia le dieu et partit voir où se trouvaient ses camarades. Saor était dans la piscine comme à son habitude mais cette fois-ci Shunrei ne l'accompagnait pas. Cette dernière était assise sur le rebord, les pieds dans l'eau et sirotait une pina colada, son cocktail préféré. Shun s'asseya à côté d'elle et ils trinquèrent.

- Ça va ? lui demanda-t-elle.

- Un peu stressé je te l'avoue.

- Ne t'en fais pas ! Ça va aller, on va s'en sortir.

- Je sais… Enfin, merci en tout cas d'avoir accepté de réaliser ce type de missions. J'aurai compris honnêtement si vous aviez refusé. Après tout c'est…

- Shun, je peux t'assurer que la majorité d'entre nous t'aurait suivi. Tu sais très bien que nous avons tous nos raisons pour suivre ton plan d'empêcher un dieu de s'incarner dans un humain, quitte à aller déranger Hermès pour ça. Nous savons à quel point les dieux peuvent être dangereux.

Shun la dévisagea et eut un sourire : elle parlait pour elle aussi. Elle n'avait d'ailleurs pas tort sur un point : s'il y avait bien un point commun qui unissait les ménades de Dionysos, c'était la défiance qu'ils avaient envers les dieux. Certains avaient des raisons d'ores et déjà connues, comme lui ou Shunrei, d'autres ne les avaient pas encore dévoilées, comme Saor ou Eliotis (mais peut être que cela ne saurait tarder).

- Merci d'être là en tout cas, répondit-il dans un sourire chaleureux

- C'est normal, nous sommes tes amis Shun. Et en plus tu es notre leader, quelle classe !

Andromède rit puis décida de parler de tout et de rien avec la dryade tandis que la fête battait son plein. Les hits musicaux s'enchaînèrent et ils finirent tous sur la piste de danse. Seul Shura se tenait un peu à l'écart, n'étant pas à l'aise à l'idée de danser même s'il commençait à se sentir un peu éméché lui aussi. Il voyait Cilia danser avec Shun qui riait et semblait s'amuser comme un fou, les cheveux au vent et le corps suivant le rythme de la musique. Contre toute attente, cela le rendit heureux de le voir comme ça et il sentit une douce chaleur l'envahir. Puis, il se dit qu'il devait être étrange à reluquer son frère d'armes comme cela et détourna immédiatement le regard, reprenant un visage fermé.

Quelques heures plus tard, Shun sortait des toilettes et se promenait tranquillement près de la piscine. Éméché, il n'arrêtait pas de sourire, comme si tout le rendait heureux.

- Ça va ? fit la voix de Shura, un timbre légèrement inquiet.

- T'inquiètes, je gère, dit Shun en tanguant dangereusement selon les standards de Shura.

Ce dernier se précipita et le retint par la taille.

- Et beh… Merci ! fit Shun dans un grand sourire. Tu comptes sauver mes fesses comme ça toute la soirée ?

- J'aimerais éviter si possible, répondit le Capricorne. Tu ferais mieux d'aller te coucher.

- Peut-être oui… Je vais boire de l'eau quand même avant… Pas envie d'être de me sentir dans un roller-coaster.

- D'accord si tu veux, dit Shura, n'ayant aucune idée de l'état que son camarade décrivait car n'avait jamais eu une consommation excessive d'alcool.

Il sortit de ses pensées quand il vit le visage de Shun non loin du sien. Il déglutit en se demandant comment ils étaient devenus aussi proches. Certes, il l'avait maintenu mais de là à ce qu'ils se retrouvent comme ça…

- T'es vraiment pas mal… fit Shun, les yeux à moitié clos.

- Hum… merci ?…

- On t'a déjà dit que tu étais beau gosse ?

- Pas vraiment non. On a peur de moi par contre.

- Pas faux. Au début j'étais intimidé je l'avoue mais maintenant…

Et avant même que Shura n'ait pu répliquer quoique ce soit, Shun posa ses lèvres sur les siennes. Le Capricorne écarquilla les yeux en sentant cette douceur. Son cœur se mit à battre un rythme plus soutenu et ses jambes commençèrent à le lâcher. Shun quant à lui, commença à se demander, dans les vapeurs d'alcool, si finalement c'était une bonne idée… quand il sentit les mains de Shura se poser contre ses joues et lui rendre son baiser. C'était un peu maladroit et Shun pouvait sentir qu'il avait besoin d'être guidé mais c'était bon. Très bon même. Il soupira et commença à mouvoir ses lèvres pour entraîner celles de Shura dans le pas de danse. Le Capricorne savoura ce moment… puis ouvrit brusquement les yeux.

Sans trop comprendre ce qui lui arrivait, Shun se retrouva projeté dans la piscine. Le contact de l'eau froide eut pour effet d'enlever toute trace d'alcool dans son sang et il émergea en se demandant ce que Shura venait de faire. Il s'agrippa aux bords, un poil énervé.

- Shura ?!... Que…

Trop tard. Shura partait déjà à vitesse grand V, le dos droit. Mais de là où il était, Shun pouvait ressentir toute sa gêne.

- Qu'est ce qui t'a pris ?!

Aucune réponse. Shura continuait de partir, la sueur dégoulinant sur son visage tant il ne savait plus quoi faire.

- Eh reviens ! Non mais je le crois pas…

C'était certain… Shun allait s'en rappeler de ce baiser.

OoOo

- Bon, on est prêt ? dit Andromède alors qu'il quittait la villa, son urne sur les épaules.

- Prêtes ! répondirent en coeur les autres ménades

- Très bien. Déjà, merci à vous de faire cette mission. Ensuite, le jet affrété par Dionysos devrait arriver à l'aéroport dans vingt minutes, ça nous laisse le temps pour nous de nous y rendre. Allons-y !

- Ça va mieux ton rhume d'ailleurs ? demanda Saor en le rejoignant alors que le groupe se mettait en route.

- Hein ? Ah oui t'inquiètes ! C'était passager, juste un coup de froid !

- Mais on est à Miami… Comment as-tu pu ?...

- Oh c'est très simple, répondit Shun en souriant. Quelqu'un m'a poussé dans la piscine durant la soirée.

En disant cela, il avait haussé le ton, histoire que Shura l'entende. Bien que personne ne comprenne cela, cela n'échappa pas à Esther qui en profita pour observer son frère. Et elle put voir à ce moment précis sa mâchoire crispée ainsi qu'une goutte de sueur dégouliner de sa tempe.

Elle retint un rire et ils continuèrent le trajet.

En chemin, Shun s'arrêta un moment et regarda le ciel. Il avait peur, il ne pouvait le nier. Il ne savait pas à quoi s'attendre avec Hermès ni même ce que ce dernier leur réserverait comme accueil. Mais d'un autre côté, il sentait une vague d'espoir en lui. Il sentait qu'il pouvait accomplir cette mission, que c'était dans leurs cordes et qu'ils s'en sortiraient. Il eut un sourire, continua de marcher et mit la main sur son cœur en sentant une double résonance.

Dionysos sera de leurs côtés.

OoOo

Flash-back, un lendemain de soirée

- Donc si je comprends bien… Tu l'as poussé dans la piscine alors que vous étiez en train de vous embrasser ? demanda Esther, perplexe

- … J'ai paniqué ! cria Shura, assis au bord d'un lit.

La salamandre fit son possible pour retenir son rire en entendant ça.


Clap de fin pour le chapitre 15 !

Normalement, je devrais revenir à un chapitre par semaine donc l'attente sera moins longue

A très vite !