Heyyy ! I'm baaaaack ! Et avec le premier chapitre de la 3ème partie du Sanctuaire de Dionysos. Un chapitre tout en douceur pour commencer ce dernier acte, avec toutefois des situations un peu coquine (huhu). Mais rien de vraiment explicite toutefois.

De mon côté, j'ai bougé énormément cet été. J'ai eu la chance de pouvoir partir pour la première fois de ma vie au Japon (wuiiiii) et d'aller un peu partout en France. Et c'est seulement mi-août que je me suis dis "Faudrait écrire maintenant tiens". J'espère que vos vacances se sont bien passées et que vous avez eu de beaux souvenirs !

J'espère que ce chapitre vous plaira en tout cas !

Bonne lecture !

isa1977 : merci encore pour tes commentaires ^^ c'est toujours un plaisir de les lire et de voir ton ressenti, ça motive à davantage écrire (et mieux aussi haha). J'espère que tu as pu passer des vacances d'été agréables. Je te souhaite une bonne lecture !


C'était une journée d'été ensoleillée qui frappait la Grèce. Et pourtant, une ébullition sans précédent secouait le domaine sacré d'Athéna Pour cause: l'arrivée de leur déesse après sa soudaine disparition et surtout de ce sanctuaire supposé être leur ennemi.

Après une assemblée dans la salle du trône où Saori leur résuma la situation et l'émergence d'une nouvelle guerre, les chevaliers d'or et d'argent s'étaient organisés, bon gré mal gré, pour apporter immédiatement des soins aux individus blessés. Malgré l'épée Damoclès qui flottait au-dessus de leur tête, il leur fallait absolument quelques jours de repos au préalable.

Aiolia venait de sortir de l'hospice quand son frère, accompagné de leurs camarades, lui sauta dessus et le serra le plus fort qu'il le pouvait dans ses bras.

- Aiolia… J'ai… J'ai cru que… dit son frère d'une voix étranglée par les sanglots naissants.

Ému lui aussi, Aiolia répondit à l'étreinte de son frère en passant ses bras dans son dos.

- Je vais bien ne t'en fais pas. Esther m'a sauvé la vie en plus du dieu Pan. Je leur dois une fière chandelle, répondit-il en voulant dédramatiser la situation.

Il se détacha de son frère et sourit en voyant Aldébaran et Milo le prendre aussi dans leur bras.

- Alde! Si tu serres plus fort, je vais mourir étouffer!

- Désolé, c'est l'émotion! répondit le géant, ce qui fit rire tout le monde.

Puis il fit Marine arriver tandis que le groupe s'éloignait. Elle s'approcha de lui et lui déclara d'un ton aussi neutre que son masque:

- Heureuse de te savoir en vie Aiolia

- Merci Marine, répondit-il avec un léger sourire.

Il ne savait pas à cet instant précis qu'il fallait à Marine tout son self control pour retenir son émotion. Heureusement, elle avait été à bonne école et son attitude ne pouvait éveiller aucun soupçon, en plus de son masque. Soudain, elle vit Aiolia regarder au loin, une lueur d'inquiétude dans les yeux. Elle se retourna et vit qu'il suivait du regard la sœur de l'ancien chevalier du Capricorne : compte tenu de son épaule disloquée, le chevalier du Bélier avait dû faire appel à sa télékinésie pour la soigner.

- Esther! appela-t-il

La dénommée se retourna et le regarda d'un air neutre.

- Est-ce que tu vas mieux? demanda-t-il en s'approchant de la salamandre.

Toujours sans aucune expression sur le visage, la jeune femme lui montra son bras.

- Le chevalier du Bélier a réussi à remettre tous les os en place et à les souder. Maintenant, je peux utiliser mon bras sans soucis.

Aiolia eut un sourire en entendant ça.

- Tant mieux alors. Mais d'ailleurs je te présente Marine, chevalière de l'Aigle dit-il en se tournant vers la chevalière pour l'introduire. Marine, voici Esther, ménade de Dionysos et qui maîtrise le feu.

Les deux femmes se regardèrent et Esther inclina la tête.

- Enchantée.

- De même. C'est bien que ton bras aille mieux.

- Oui, merci à vous. Par contre, quelque chose m'a perturbé durant l'auscultation, plus que la douleur.

- Ah bon? demanda Aiolia

- J'avais pris des abdos récemment mais visiblement ils sont déjà partis.

Aiolia éclata de rire suivit d'Esther dont le visage se para d'une expression hilare. Ils finirent par se saluer et Aiolia repartit dans la direction opposée avec Marine pour rejoindre son temple.

- Sacrée caractère, finit-elle par dire, histoire de meubler le silence.

- Je ne te le fais pas dire, mais elle a bon fond.

Marine ne réagit pas et continua de marcher. Si elle ne laissait rien transparaître, elle ressentait une appréhension monter en elle ainsi qu'une légère tristesse: cela faisait très longtemps qu'elle n'avait pas vu Aiolia rire comme cela, de surcroît avec une autre femme.

Pour la première fois, elle ressentit l'envie piquer son cœur: Esther pouvait montrer ses expressions, elle…

OoOo

Comme il l'avait demandé, Shun fut le dernier à recevoir les soins administrés par Mü dans la salle médicale prévue à cet effet dans le Palais du Pope. Calmement, ce dernier vérifiait sa tension grâce à sa télékinésie pour conclure l'examen.

- Ta tension est encore élevée, déclara le chevalier en enlevant ses mains du bras de Shun. Tu as dû être soumis à un stress important non?

Ayant des flashs de sa crise de folie, Shun devina d'où cela venait.

- Oui, plus ou moins, dit-il d'une manière évasive.

Mü le dévisagea puis décida de ne pas aller plus loin.

- Bon, contrairement aux autres, tu n'as pas besoin de médicaments ou d'autres soins. Le seul remède que je puisse te conseiller est le repos, dit-il en se levant

- C'est noté, merci.

Le chevalier du Bélier lui tournait encore le dos quand il l'entendit lui adresser la parole.

- Je suis désolé… Pour Seiya.

Shun s'arrêta à l'embrasure de la porte et inspira profondément.

- Personne n'aurait pu prévoir qu'Artémis avait un plan de secours. Mais de toute manière, nous n'allons pas en rester là.

- Bien sûr.

Shun quitta les lieux et se dirigea à l'extérieur du palais du Pope. Au loin, le soleil achevait lentement sa course, laissant la nuit prendre le relai. Au final, soigner tout le monde avait pris toute la journée. Mais il était reconnaissant envers ses anciens camarades d'avoir pris soin des siens sans broncher. Il était d'ailleurs heureux d'apprendre que l'aile de Cilia allait cicatriser.

Il sortit du palais et vit Ikki marcher en sa direction. Les deux frères s'arrêtèrent et se dévisagèrent. Chacun avait en tête leur dernière altercation ainsi que les mots acerbes qu'ils s'étaient lancé à la face. Le temps où Ikki entendait son frère lui dire, avec un grand sourire, qu'il savait qu'il viendrait lui semblait si loin. Et le Phénix devait bien admettre qu'il ne savait plus comment se comporter avec Shun.

- Est-ce que tu vas mieux? demanda-t-il toutefois

- Oui, ne t'en fais pas. J'ai juste besoin de repos.

- Je… Je suis heureux de le savoir…

Shun le dévisagea… puis passa devant lui sans dire un mot de plus.

- Tu me détestes toujours? finit par demander Ikki.

- Je sais que je t'ai dit des mots affreux ce jour-là. Des mots qui dépassaient ma pensée. Et j'en suis sincèrement désolé. Mais bizarrement… Je n'avais aucun autre moyen de te dire ce que j'avais sur le cœur depuis cinq ans.

Ikki serra les poings en entendant ça mais ne répondit rien. Il ne tenta pas non plus de retenir son frère. À quoi bon? Il avait eu cinq ans devant lui sans aucune guerre pour recréer un vrai lien fraternel avec son frère. Et il ne l'avait pas fait… Il se sentait si idiot à ce moment précis.

OoOo

Shun traversa les temples du Poisson et du Verseau puis marqua l'arrêt à celui du Capricorne. Il vit que la porte d'entrée des appartements privés était ouverte et entra. Tout était plongé dans le noir et avait pris la poussière. Heureusement, tout ce qui était périssable avait été jeté et ne subsistait que les meubles. Il s'avança dans la chambre et vit qu'elle était vide. Le regard n'affichant aucune expression, Shun retourna dans les parties publiques du temple. Là, il s'élança dans un saut et courut en direction de la forêt, seul écrin de lieu sauvage aux alentours du domaine d'Athéna. En pénétrant dans l'atmosphère florale et humide, Shun ressentit une profonde satisfaction: «Je suis à la maison» lui disaient ses sens. Il eut un rire: et dire que c'était dans une forêt plutôt qu'au Sanctuaire d'Athéna qu'il se sentait désormais chez lui.

Il marcha le long des sentiers boisés. Au bout d'un moment, il finit par ressentir un cosmos flamboyant désormais bien familier. Il s'arrêta de marcher et ferma les yeux pour mieux ressentir: cela le propulsa quelques mois auparavant, quand il ressentit pour la première fois cette étincelle, pourtant tant bridée par les digues l'entourant. Désormais, Shun sentait que ce cosmos n'avait plus aucune barrière. Il sourit: la personne qui le détenait avait tant changé.

OoOo

Shura était assis sur un rocher situé près d'une rivière. Alors que le ciel revêtait sa robe noire parée de fil d'or, il jouait de nouvelles mélodies apprises sur sa guitare. Tout en pinçant les cordes de ses doigts habiles, il regarda l'eau couler. Avant, il venait dans cet endroit pour s'entraîner en armure afin de parfaire Excalibur et prouver qu'il était encore ce chevalier loyal sur qui l'on pouvait toujours compter, que ce soit pour le meilleur ou le pire. Désormais, il était en débardeur blanc, jean, et jouait de la guitare à la belle étoile.

- Un vrai gitan, dit-il à lui-même en riant de ce retour aux sources

Tandis que la mélodie s'échappait de l'instrument, ses pensées s'égarèrent sur ces dieux qui l'avaient profondément métamorphosé. Que ce soit le dieu Pan, qui lui avait sauvé la vie ainsi que celle de sa sœur; Cernunnos, qui lui avait montré la vraie valeur d'Excalibur et dont il avait le sentiment que l'essence du dieu celte pulsait dans son bras. Ou même Dionysos, qui l'avait introduit dans son Sanctuaire sans se poser davantage de questions sur ses origines ou ce qu'il avait fait par le passé. Shura retint un rire: Dionysos était un phénomène, à n'en pas douter. Le Capricorne ne calculait plus le nombre de fois où il l'avait retrouvé avec les autres dans des situations incongrues, comme celle où il voulait partir dans l'espace avec une chèvre une nuit pas si arrosée que ça ou bien la fois où il voulait prouver que la fenêtre d'une tour à New York était suffisamment solide (et qu'en voulant prouver sa solidité, il était passé par cette dernière). Ou alors, quand un démon de la danse s'emparait de lui et qu'il dansait frénétiquement jusqu'à pas d'heure. Mais au fur et à mesure, Shura avait fini par comprendre que derrière cette folie se cachait un dieu honnête, peu jugeur sur le comportement des gens, profondément attaché aux hommes et toujours prêt à protéger ses ménades. En quelques mois, Dionysos lui avait permis de retrouver sa sœur, voire plus… de lui donner le foyer qu'il n'avait jamais eu. S'il était éternellement reconnaissant envers Athéna d'avoir fait le chevalier qu'il était devenu, il était reconnaissant envers Dionysos de l'avoir poussé à devenir l'homme qu'il était maintenant, sans honte ni peur.

Il s'arrêta de jouer quand il sentit un cosmos qu'il adorait à l'orée de la clairière.

- Tu ne vas plus dans ton ancien temple? demanda Shun en souriant

- Et non. J'ai essayé mais… Il n'y a rien à faire. C'est dans une forêt que je me sens le mieux.

Il leva son regard vers la voûte étoilée.

- C'est d'ailleurs la première fois que je me sens aussi bien dans un endroit.

- Ravi de le savoir.

Ils se sourirent et Shun grimpa sur le rocher. Sans crier gare, il s'allongea en travers de Shura, la tête reposant sur les cuisses de ce dernier. Il y a quelques mois, Shura se serait raidit d'un coup ou l'aurait envoyé balader. Là, rien. Au contraire, il posa sa guitare et passa tendrement la main dans les cheveux de son camarade, peignant ses mèches vertes. Shun apprécia le geste et ferma les yeux.

- Merci d'avoir été là

- C'est normal, répondit Shura. J'étais mort d'inquiétude.

- Pardon encore…

- Chut, c'est fini… Mais n'oublies pas: tu comptes énormément, que ce soit pour moi ou pour les autres.

- Marché conclu, déclara Shun en souriant.

Shura lui sourit également et ils restèrent là, à se regarder. La main du Capricorne descendit lentement le long du visage de Shun, caressant ses joues minces du bout des doigts puis, avec un peu plus d'audace, ses lèvres minces en forme de cœur. Il le trouvait si beau… Ce qu'il ne savait pas, c'était que Shun pensait également la même chose pour lui en cet instant précis. Sentit le désir naître, il prit les devants et se redressa lentement pour faire face au regard de chasseur du Capricorne. Il approcha son visage de Shura, dont le cœur tambourinait dans sa poitrine, et posa ses lèvres sur les siennes. Aussitôt, le Capricorne y répondit et approfondit le baiser. Cela dura sans qu'ils aient notion du temps qui passait. Le corps de Shun s'était rapproché de celui de Shura et il sentait avec délice les mains de ce dernier parcourir avec douceur son dos, dessinant des arabesques infinies. Il finit par rompre le baiser et se blottit contre son torse. Shura embrassa le haut de sa tête puis posa son regard sur le bassin. L'eau était cristalline et semblait briller sous la nuit étoilée. Il se pinça les lèvres lorsque son cœur lui chuchota une envie mais il voulut le réprimander: ce n'était peut-être pas le bon moment...

Ayant deviné que quelque chose le troublait, Shun leva ses yeux verts vers lui:

- Quelque chose ne va pas?

- Euh… Non rien…

- Tu peux tout me dire tu sais?

- Hm…

Mince… Qu'allait-il répondre? Shura soupira puis décida d'écouter son cœur.

- Je me disais… Est-ce que… Tu veux qu'on se baigne? demanda-t-il avec tout le sérieux dont il était capable.

Shun ouvrit grand les yeux puis se retint de rire.

- J'allais te le proposer, dit-il dans un clin d'œil espiègle en se relevant

Shura eut un rire de gêne et accepta la main tendue. Ils descendirent du rocher et Shura zieuta en direction des bois.

- Je… Je vais aller me changer.

- Très bien, à tout de suite, répondit Shun dans un sourire.

Il se retenait d'être taquin: bon sang, qu'est-ce que c'était amusant de voir Shura gêné.

Derrière un arbre, Shura enleva son t-shirt et son jean. Il hésita à enlever son boxer puis finalement se résigna à le garder: cela l'intimidait d'être nu comme un ver. Il souffla plusieurs fois pour essayer de réduire son stress puis rejoignit la cascade. Il vit que Shun était déjà dans l'eau.

- Tu viens? Elle est super bonne! lui lança Andromède

- J'arrive…

En chemin, il remarqua le tas de vêtements par terre et déglutit alors qu'il voyait le torse de Shun dépasser de l'eau.

Se contrôler… Se contrôler…

Il s'avança près d'un rocher et s'accroupit tandis que Shun nageait vers lui.

- Tu fais quoi?

- Patience, j'observe juste, lui répondit le Capricorne avec un léger sourire pour masquer le fait qu'il était extrêmement tendu.

Shun lui répondit par la même gestuelle puis fronça les sourcils avec un air inquiet.

- Qu'est-ce qu'il y a?

- T'as un insecte dans les cheveux. Attends, penche-toi, je vais te l'enlever.

Shura haussa les sourcils mais obéit. Au moment où son visage fut près de celui de Shun, ce dernier eut un rictus et tira sur son bras. Shura cria alors qu'il partait la tête la première dans l'eau. Après quelques secondes en apesanteur, le Capricorne ressortit dans une grande inspiration et vit en face de lui un Shun hilare.

- Vengeance!

Au lieu d'être énervé, cela amusa également Shura qui aspergea sans ménagement Shun. Ce dernier le regarda, faussement outré.

- Tu vas voir!

- Essaye de m'attraper d'abord!

Ils se chahutèrent ainsi pendant de longues minutes, s'aspergeant ou essayant de se rattraper. À un moment, alors qu'il avait réussi à devancer Shura, Shun glissa sur une algue et manqua de tomber. Shura le rattrapa alors et le colla à lui.

- Je te tiens!

Shun rit aux éclats et tenta vainement de se débattre. Après un combat perdu d'avance, il reprit son souffle et Shura réalisa dans quelle position ils se trouvaient. Il sentit ses joues chauffer: que fallait-il faire maintenant? Comme une réponse implicite, Shun attrapa sa tête et l'embrassa, le dos collé à son torse. La raison de Shura partit dans les oubliettes de son esprit et il répondit avidement à ce baiser, la passion parcourant la moindre fibre de leurs corps.

Une légère brise se faufilait dans les branches des arbres quand ils s'allongèrent sur l'herbe. Ils n'avaient de cesse de s'embrasser, goutant la saveur de leurs langues, et d'entendre leurs gémissements s'échouer sur leurs lèvres, l'herbe accrochant délicatement leurs peaux. Les yeux fermés, Shun appréciait les caresses du Capricorne sur son corps. Elles étaient parfois maladroites, démontrant son inexpérience, mais si remplies de douceur et de tendresse que cela ne faisait qu'attiser le désir qu'il ressentait. Aussi loin qu'il s'en souvienne, jamais personne ne l'avait caressé de cette façon: contre le chevalier, il oubliait tout.

Les derniers vêtements furent retirés et leurs sens s'enflammèrent. Shura ne se lassait pas d'embrasser et de mordiller le corps de Shun, apprenant à lui faire plaisir et à éprouver lui-même ce sentiment. Si au départ, il n'osait laisser sa voix s'échapper, les nombreuses caresses de Shun finirent par avoir raison de lui et bientôt, ses gémissements, joints à ceux de Shun, emplirent l'enclave dans laquelle ils se trouvaient. Shun agrippa l'herbe alors qu'un mouvement de rein plus profond le transportait au-delà de cette réalité. Une main vient se nouer à la sienne et il tourna la tête pour embrasser Shura qui continuait inlassablement de bouger, le torse collé à son dos.

L'éclair de la jouissance les frappèrent et une bulle de bien-être vint les entourer. L'air de la forêt était si bon qu'ils pouvaient rester allongés sur l'herbe sans craindre de prendre froid. Shura vint se lover en cuillère contre Shun et embrassa tendrement sa nuque. Au bout d'un moment, Shun se retourna et plongea son regard dans celui de Shura. Ce dernier pouvait voir une lueur de tristesse flotter dans ses yeux. Il passa sa main sur la joue de son amant et la caressa délicatement du bout des doigts:

- J'ai été si mauvais que ça?

Surpris, Shun laissa échapper un léger rire tandis que Shura souriait tendrement.

- Non… Non ce n'est pas ça. C'était vraiment super. C'est juste que… J'ai toujours cette vieille peur en moi de perdre quelqu'un que j'aime. Bien que je sois motivé à mener cette guerre contre Artémis.

- C'est normal, et c'est même rassurant que tu la ressentes toujours, ça prouve que tu es toujours humain et maître de toi-même.

- C'est vrai…

- On fera tout pour survivre, je te le promets. Après tout, tu es mon chef, déclara Shura, ce qui fit sourire Shun

- Merci Shura…

Puis Shun se fit plus petit et vint se blottir contre lui. Le Capricorne l'entoura de ses bras et plongea sa tête dans les cheveux verts du chef des ménades tandis qu'il fredonnait une mélodie dont il adorait les paroles.

I'll protect you from the hooded claw
Keep the vampires from your door
(…)

Feels like fire
I'm so in love with you

(…)
The power of love

A force from above

Cleaning my soul

Flame on, burn desire

Love with tongues of fire

Purge the soul

Make love your goal

OoOo

Aiolia ne dormait pas encore. Il soupira et décida d'abandonner l'idée de trouver le sommeil. Il enfila un jean et un t-shirt noir puis s'en alla de son temple. Alors qu'il montait les marches menant au palais, son regard fixa le domaine des chevalières.

Cela faisait combien de temps qu'il ne ressentait plus l'envie coupable de venir en catimini pour voir Marine? Il écarquilla les yeux en se rendant compte que cela faisait plutôt longtemps… Comment les choses avaient-elles évoluées de cette façon? Il ne saurait le dire. Le temps avait joué ses cartes et laissé son jeu mener la partie. Désormais Aiolia peinait à se rendre compte qu'il était potentiellement en train de perdre la partie.

Il voulut continuer son ascension, la mine base, quand il entendit des pas en sa direction. Il leva la tête et son regard s'illumina en voyant Esther. Contre toute attente, elle portait une robe rouge à bretelles.

- Toi aussi tu as des problèmes pour dormir? demanda-t-il

- Ah non, il est encore tôt je trouve et j'avais envie de visiter Rodario.

- Toute seule la nuit?

- Ben oui?

Aiolia fronça les sourcils

- C'est dangereux pour une femme, tu ne préfères pas rester…

- J'ai littéralement de quoi me défendre, répondit la salamandre dans un rire. C'est limite plus dangereux pour un homme d'être face à moi.

- C'est… C'est vrai, désolé.

Esther eut un sourire narquois.

- Tu veux m'accompagner? Visiblement, tu es bien parti pour ne pas dormir avant un moment.

Le Lion la dévisagea puis pesa le pour et le contre. Il n'avait jamais visité Rodario la nuit contrairement à d'autres chevaliers. C'était l'occasion.

- Bon d'accord, capitula-t-il

Après une heure de marche, ils arrivèrent dans la petite ville grecque. L'air était doux, iodé et laissait quelques fois transparaître des odeurs de friture et d'huile d'olive. La plupart des bâtiments étaient joliment éclairés par des luminaires en fer et beaucoup de rues avaient des bougainvilliers ainsi que d'autres plantes grimpantes pour les décorer. Rodario ressemblait ainsi à une ville méditerranéenne digne des cartes postales. Le duo s'était arrêté pour prendre des saganaki, ces petits fromages panés au cœur fondant gorgés de miel, pour les déguster en se promenant le long du port.

- C'est tellement bon, dit Esther en savourant sa bouchée

- J'adore ce plat, approuva le grec. C'est Milo le chevalier du Scorpion qui les fait super bien, tu devrais les goûter un jour tiens.

- Est-ce là une invitation déguisée pour les prochains apéros des chevaliers d'or? demanda-t-elle avec un clin d'œil

Aiolia failli recracher son morceau en se retenant de rire.

- Pas à la base, mais si tu veux j'essayerais de vous inviter.

- Trop sympa

Ils continuèrent de parler de tout et de rien le long des bateaux endormis. Le Lion était vraiment curieux des pouvoirs d'Esther tandis que cette dernière lui posait des questions sur sa relation avec son frère et ses camarades. Petit à petit, elle découvrait un homme plus complexe de ce qu'elle s'était imaginé lors de leur première rencontre. Aiolia était quelqu'un de solaire, dont la détermination et le courage pouvaient en rallier plus d'un. Sur le visage habituellement dure de la salamandre se succédaient davantage des sourires qui plissaient ses yeux et creusaient ses joues. Aiolia se surprit à la trouver «mignonne» en voyant ses fossettes.

Soudain, de la musique attira leur attention. Cela se passait sur l'une des places du village. Sur les platanes de cette dernière étaient suspendus diverses guirlandes lumineuses sous lesquelles se trouvaient les musiciens de tout âge. L'ambiance était chaleureuse et à la fête. Les tambourins et les guitares remplissaient la vieille place de leurs mélodies. À côté de lui, Aiolia remarqua qu'Esther commençait à bouger un peu.

- Tu veux aller danser?

- J'avoue… J'aime beaucoup la façon dont ils jouent. Ça me rappelle l'Andalousie.

- Je t'attends si tu veux.

- Tu es sûr?

- Mais oui, ne t'en fais pas!

Esther sourit doucement et s'en alla parler avec les musiciens qui changèrent la mélodie. Il vit Esther se redresser et laisser ses pieds la guider. Tandis que le rythme se mettait en place, il alla s'asseoir sur un tonneau en bois et l'observa. Il la trouvait courageuse d'aller danser comme ça seule devant tout le monde, alors que lui n'aurait jamais osé. Esther semblait dans son élément. Ses hanches et ses jambes bougeaient en rythme tandis que ses bras s'accordaient avec la mélodie. Bientôt, il n'y eu plus qu'elle pour illuminer la place. Aiolia était hypnotisé par cette robe rouge qui tournoyait comme les flammes d'un feu flamboyant. La chevelure épaisse et brune de la gitane ondulait et tapait sa peau qui se couvrait d'une fine pellicule de sueur. Et elle dansait, elle dansait… Aiolia la trouvait magnifique.

Il ne fit pas attention au fait que la musique avait changé et que plus de gens avaient rejoint la danseuse. Il sortit de sa bulle quand il vit Esther s'avancer vers lui et lui tendre la main pour qu'il vienne la rejoindre. La mélodie était entraînante et invitait à s'échapper. D'abord réticent, il finit par accepter en se faisant tirer. Esther l'emmena au milieu de la place et elle lui montra quelques pas de ce qu'il semblait être un prototype de salsa pour les débutants. Mais Aiolia chopa les mouvements rapidement et il put aller plus loin en la faisant tournoyer. Dans leurs éclats de rire, il finit par ne voir qu'elle et sa robe rouge flamme. Il s'amusait vraiment. Bientôt, leurs gestes n'eurent plus d'importance dans ce tourbillon. Tout ce qui comptait à leurs yeux était de danser. Après un tour, Esther perdit un peu l'équilibre et Aiolia vint la réceptionner contre lui. Elle éclata de rire, lui aussi, alors qu'elle mettait la main sur son torse. Elle leva les yeux et ressenti une profonde chaleur l'envahir alors que les yeux bleu myosotis la dévisageait avec tant… de ferveur? d'affection? Elle n'en savait rien, ou tout du moins, elle savait qu'aucun homme ne l'avait regardé comme ça. Elle se sentait d'un coup… Choyée et respectée pour ce qu'elle était. Elle, la gitane.

La musique prit un rythme plus lent. Enfermés dans leur bulle, ils le remarquèrent à peine. Esther se colla davantage à Aiolia, ne pouvant détacher son regard de celui du Lion. Ce dernier avait lié sa main gauche à la sienne et avait laissé sa main droite sur la hanche de la jeune femme. Son sourire était sincère et éclatant. Un vague souvenir de la discussion avec Esther au Sanctuaire de Poséidon lui revint en mémoire et cela le fit sourire davantage: oui, à cet instant, il était heureux.

Ils s'arrêtèrent.

Se regardèrent encore un peu.

Puis leurs lèvres se rencontrèrent.

Le tourbillon reprit, emportant le reste de raison qui les habitait encore. La passion les habita rapidement et leur baiser devint plus fougueux. Aiolia goutait avec délice les lèvres brûlantes de la salamandre, se délectant de leur parfum boisé. Il avait l'impression que ce baiser allait durer éternellement.

Ils ne ressentaient plus qu'eux deux ainsi que le cœur de l'autre battre contre leur poitrine.

Cet instant aurait pu continuer à être idyllique…

Si Aiolia n'avait pas ressenti la présence d'un cosmos bien familier. Et particulièrement empreint de tristesse.

Il se détacha d'un coup d'Esther qui ne comprit pas cette brusquerie alors qu'elle voyait Aiolia fixer avec horreur le reste de la ville.

- Marine… l'entendit-elle dire

L'instant était brisé.

Sanctuaire d'Artémis

Les trois anges marchaient dans les allées sombres de la forêt. Au bout d'un moment, ils arrivèrent devant une immense haie de ronces. Ces dernières bougèrent comme par enchantement et leur laissèrent la voie libre. Devant eux, se tenait leur déesse sous les traits de l'ancien chevalier Pégase. Seiya auscultait sa lance d'un air sombre, assis sur un trône composé de racines et de feuilles de chênes. Les dryades étaient autour de lui et regardaient les anges d'un air neutre.

- Que me rapporte tu comme nouvelle Théseus? demanda Seiya

L'ange mit un genou à terre et inclina la tête.

- Nous n'avons pas pu retrouver votre arc ma déesse. Il n'est nulle part sur Terre, y compris dans l'Olympe et les Enfers.

Un silence se fit, seulement troublé par le bruit de la lance que Seiya reposa au sol. Il se redressa de toute sa hauteur. Les anges sentirent la froideur de sa colère s'abattre dans l'enclave. Ils n'osèrent lever la tête quand Seiya s'avança lentement vers eux.

- Je crois savoir qui me l'a caché. Et quelque chose me dit qu'il est allé en toucher deux mots à Athéna et Dionysos. Soit. Mais s'il croit être en sécurité et se jouer de moi… Il se trompe.

OoOo

Quelque part sous l'eau

Ce qui le sortit de sa torpeur était le mouvement des nageoires d'une carpe. D'un coup, Saor ressentit les ondes se propager sur sa peau.

Il ouvrit un œil et vit le faible rayon de soleil qui tentait de pénétrer vaillamment ce monde étrange qu'était le monde aquatique. Autour de lui, il n'y avait pratiquement aucun son. Tout juste, il entendait le mouvement à peine perceptible des poissons. Il ouvrit plus franchement les yeux et regarda avec plus d'attention ces végétaux qui bougeaient en permanence. Il sourit en voyant cette danse : lui aussi aimait l'eau pour cela, avec cette sensation grisante de liberté de mouvement, sans être obligé de ressentir le poids de la gravité.

Tout en apesanteur.

Son soupir provoqua des bulles d'air. Il l'avait senti dans son sommeil… Ce cosmos divin qui s'était déclenché dans l'atmosphère, porteur de mille malheurs. Artémis s'était finalement réincarné. Et il n'avait pas été là pour aider sa famille. Il pesta et commença à reprendre forme.

Il fallait qu'il se réveille. Et qu'il remonte à la surface. Il se détacha du sol, se créa deux jambes distinctes et remonta en battant des pieds.

Pour ses amis.

Pour sa famille.


Saor is back.

À la semaine prochaine pour le chapitre 23 !