Coucou !

Et voilà le deuxième chapitre, dans un rythme d'un chapitre toutes les deux semaines environ. Ca sera le rendez-vous du samedi soir, avant le dodo.

Merci pour les gentils retours du chapitre précédent. Les choses s'accélèrent déjà, désormais.

J'espère que vous allez aimer, n'hésitez pas à mettre des reviews :P

Bonne lecture !

Citation de Charles Macksey


"Demander de l'aide, ce n'est pas abandonner, c'est refuser d'abandonner."


ll- Welcome home

Un grognement franchit la barrière de ses lèvres lorsqu'il roula sur le dos.

Se réveiller fut plus compliqué que prévu. L'endroit où Harry était allongé était si confortable... Les odeurs entêtantes autour de lui le faisait somnoler, la chaleur qui l'entourait l'entraînait dans les limbes du sommeil, et puis, son corps était lourd, tellement lourd...

« Des Mangemorts ? »

Les yeux de Harry s'ouvrirent d'un coup.

Le plafond était d'un blanc immaculé, la lumière lui brûla la rétine. Les voix, à quelque part à sa gauche, lui vrillaient les tempes, martelant son crâne comme les battements saccadés d'un cœur.

« Je ne pense pas. » Cette voix... Harry connaissait cette voix. Mais tout était vide, dans son cerveau, le trou noir total. « Ils ont été retrouvés par Hagrid inconscients au beau milieu de la Forêt Interdite... »

Harry ravala la bile dans sa gorge. Tout ses souvenirs lui revinrent de pleins fouet.

« Ils étaient sévèrement blessés. » reprit la voix, voyant que son interlocuteur ne répondait pas. « Le blond avait une blessure ouverte à la tête qui saignait encore, un hématome violacée au visage, et la cheville foulée. Le brun avait une bosse à l'arrière du crâne, une côte fêlée, et plusieurs bleus sur le corps. »

La nausée de Harry le prit à la gorge, et il se pencha brusquement par dessus son lit pour cracher un filet de bile. Merlin, il se sentait mal. Affreusement mal.

« Eh bien, ils commencent à reprendre connaissance. » fit la première voix, grave et sûr.

Harry se redressa péniblement, et leva la tête vers les deux personnes qui s'avançaient vers lui.

Dumbledore. Pomfresh, et Dumbledore.

Un soulagement indescriptible s'abattit sur Harry.

« Professeur ! » souffla t-il.

Sa voix était éraillée et trop rauque, de la même manière que s'il n'avait pas parlé depuis des jours.

« Bonjour, mon garçon. » dit Dumbledore en hochant doucement la tête. « Comment vous sentez-vous ? »

Harry voulut parler à nouveau mais sa gorge était devenue sèche, horriblement sèche, comme s'il avait fournit un effort trop intense.

« Bois, mon petit. » murmura Pomfresh en se penchant vers lui, pour lui faire tremper ses lèvres dans un verre d'eau fraîche.

Harry la but d'une traite, soulagé au possible. Ça apaisa sa gorge endolorie.

« Ton camarade ne s'est pas encore réveillé. » informa Dumbledore alors que Harry réclamait un deuxième verre. Il lui désigna le lit à côté du sien, où le visage blême de Malfoy était visible, enfoui sous sa couverture. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, et son visage était contracté, comme s'il avait de la fièvre.

Il avala sa salive pour enlever la boule dans sa gorge.

« Professeur, il était fou ! » lança soudainement Harry, les mots se bousculant sur ses lèvres. « Il nous a assommé, et on s'est retrouvé enfermé dans une pièce, et on courrait mais le couloir bougeait, et il souriait comme un malade, et il a voulu nous entraîner, mais il y a eut la trappe, alors on a sauté dedans, et là, il y... Hagrid ! Est-ce que Hagrid va bien ? Et Crockdu-

- Doucement, doucement ! »

L'ordre passa complètement pas dessus la tête de Harry. Agité, il voulut repousser les couvertures, mais Pomfresh se précipita à nouveau à son chevet et le força à se recoucher malgré ses protestations.

« Hagrid ! Vous avez retrouvé Hagrid ? Lui aussi, il a été attaqué par l'homme ! » s'exclama t-il en tentant de se dégager de l'emprise de l'infirmière.

Il ne manqua par l'échange de regard perplexe.

« Hagrid va très bien, mon garçon. » répondit calmement Dumbledore. « Je devrais d'ailleurs songer à prendre un thé avec lui...

- Il n'est pas blessé ? Vous avez réussi à le sauver ?

- Il se porte comme un charme ! Suffisamment pour vouloir adopter un jeune sombral, en tout cas. »

Harry balaya la remarque amusé d'un geste de la main.

« Alors vous avez arrêté l'homme ? »

Dumbledore ouvrit la bouche pour répondre, son regard azur braqué droit vers Harry. Mais un grognement à sa droite les interrompit, et lorsqu'il tourna la tête, les paupières de Malfoy papillonnaient.

Pomfresh remplit un verre d'eau, et s'approcha précautionneusement du Serpentard, avant de se pencher près de lui pour le lui verser délicatement entre ses lèvres. Malfoy grogna en se frottant les yeux, avant de battre des paupières, posant un regard hagard sur le visage de l'infirmière.

Il battit des cils, plusieurs fois, l'air de ne pas la reconnaître.

« Tout va bien ? » demanda Pomfresh, soucieuse. « Combien de doigts voyez-vous ? »

Lorsqu'elle montra deux doigts juste sous les yeux du Serpentard, celui-ci se laissa retomber en arrière dans un grognement agacé. Il marmonna dans sa barbe que sa tête lui faisait horriblement mal, que demander combien de doigts on voyait été quand même relativement stupide, qu'il devait envoyer une facture au psychopathe, et que, par Merlin, pourquoi Pomfresh donnait l'impression d'avoir prit une potion anti-rides ?

« Il va bien. » conclut Harry pour son ennemi, voyant que Pomfresh attendait toujours la réponse.

Il se fit la réflexion que Malfoy avait raison sur le dernier point.

Le raclement de gorge de Dumbledore attira à nouveau l'attention.

« Excusez-moi, mais j'ai du mal à vous suivre. ( Harry nota qu'il le vouvoyait, à présent.) Vous dites que c'est un homme qui vous a fait cela ? Et que Hagrid était avec vous ?

- Oui, exactement. » dit Harry.

« Je n'ai pas eu connaissance de cela. Vous êtes bien un élève de Poudlard ? » l'interrogea Dumbledore, suspicieux, en louchant sur la cravate rouge et or qui gisait négligemment au sol.

Silence.

Sous le coup de la surprise, Harry laissa échapper un hoquet de stupeur. Même Malfoy rouvrit les yeux et dévisagea le directeur.

Avant d'éclater de rire.

« Alors celle-là ! Si on m'avait dit que le vieux fou était assez fou pour oublier son Gryffondor adoré ! Qu'est-ce que ça te fait, Potter ? C'est vexant, hein ? »

Harry ouvrit la bouche, sans savoir s'il voulait répondre une répartie cinglante ou demander à Dumbledore s'il plaisantait. Le directeur n'avait pas l'air de plaisanter. Il avait les yeux graves, les traits mortellement sérieux, et il venait même de froncer les sourcils.

« Potter ? Comme James Potter ? »

Nouveau silence. Dumbledore fixait Harry avec une intensité qu'il ne lui connaissait pas. Même Pomfresh venait de suspendre son mouvement pour observer tour à tour Harry, Malfoy et son supérieur. Puis un éclair de compréhension passa sur le visage de l'infirmière, et le regard méfiant s'illumina.

« Oh, je ne t'ai pas reconnu. » dit Pomfresh à Harry, avant d'arborer une mine sévère. « Qu'est-ce que tu as encore fait, sombre inconscient ? Où est ton acolyte ? »

Harry se sentait agacé. Agacé parce qu'il ne comprenait pas l'insistance avec laquelle Dumbledore l'observait. Agacé parce que Malfoy et lui s'étaient fait attaqués, et que ça n'avait pas l'air d'alarmer plus que ça. Agacé parce qu'il avait l'impression que quelque chose lui échappait, comme la raison pour laquelle Dumbledore n'avait toujours pas l'air de le reconnaître, ou celle pour laquelle ils s'étaient fait enlever.

« Mon acolyte est à la tour. » grinça Harry d'une voix mordante. « Parce que nous étions en retenue avec Hagrid et qu'on s'est fait attaquer ! »

Dumbledore convergea ses yeux azur vers Malfoy, et le détailla pendant une longue minute au terme de laquelle un éclat de lucidité brilla dans son regard. Harry pria pour qu'il les ait enfin reconnu. Au lieu de quoi, Dumbledore se contenta de demander :

« Racontez nous tout depuis le début. »

Harry prit une profonde inspiration, impatient, et se lança le premier.


Des doigts pianotant distraitement sur la table, une jambe battant impatiemment, un énième grognement las lorsqu'elle baissa les yeux sur sa montre pour la seizième fois.

En deux minutes.

Lily se pinça l'arête du nez et jeta un regard excédé à sa voisine de table.

« Tu as terminé ? » demanda t-elle avec agacement en reportant son attention sur le professeur Slughorn.

Sa camarade, Marlène McKinnon, leva les bras en l'air avec défaitisme avant de s'affaisser sur sa chaise.

« Ce cour est tellement ennuyant ! » geignit-elle, attrapant une algue âcre pour la réduire en bouillie.

Lily observa une longue seconde le pauvre ingrédient se faire écrabouiller sans pitié.

« Si tu m'aidais à faire le potion Mort-Vivant au moins... » soupira t-elle.

« Et risquer de rouvrir mes blessures ? Pomfresh a dit qu'il fallait que je me ménage. » riposta Marlène avec un sourire goguenard.

La Gyffondor leva les yeux au ciel.

« Pitié. » souffla t-elle d'une voix chargée d'ironie. « Tu passes ton temps à te battre, et tu gardes tes coups comme des trophées. C'est ridicule, Marlène. »

L'adolescente ricana.

« Ridicule, c'est toi qui le dis ! Kayla était très fière de moi.

- Non, je ne suis pas fière de toi. » intervint la voix naïve de ladite Kayla Dulcis, à la table derrière elles. « Mais tu t'es battu pour me défendre, alors je suppose que je ne peux rien dire.

- Exactement ! » s'exclama Marlène d'un ton victorieux, s'attirant les regards réprobateur de Lily et de Slughorn. « En même temps, Rosier est un vrai connard. Vraiment Lily, je me demande pourquoi tu traines encore avec Snape.

- Severus n'est pas comme Rosier. » riposta Lily, sur la défensive.

Marlène n'avait pas l'air convaincu. Mais alors, pas le moins du monde.

« Il t'a déjà insulté. » nota t-elle.

« Il ne le pensait pas. » rétorqua Lily.

« C'est facile, ça !

- Tu ne le connais pas comme moi.

- Et toi, tu es aveuglée par ton amitié. »

Elles se turent. Severus était un sujet de discorde récurrent entre elles. Ça peinait Lily, parce qu'elle appréciait vraiment Marlène malgré leurs caractères radicalement différents.

Avec un soupir, la rousse tourna ses yeux verts vers le Serpentard aux cheveux noirs, en se disant que oui, Severus l'avait déjà insulté deux fois de Sang-de-Bourbe, mais que non, il ne le pensait pas. Ses mots dépassaient sa pensée, il venait toujours s'excuser piteusement après. Après tout, il était son meilleur ami depuis l'enfance, comment pourrait-il être comme Rosier, ce partisan de Voldemort qui approuve ses idéaux haut et fort ?

Slughorn passa à sa hauteur à ce moment là, observant d'un œil appréciateur la potion améthyste qui ondulait dans le chaudron. Il leur offrit un sourire satisfait et accorda cinq points aux Gryffondors après une flopée de compliments sur la perfection inéquitable de la potion de Miss Evans et McKinnon !, provoquant un fayotte de Potter qui lui parvint même de là où elle se trouvait, à la parfaite opposé de son groupe de perturbateurs.

Elle lui envoya un regard noir, que cet idiot répondit par un sourire narquois.

Imbécile odieux.

Lily se détourna avec ostentation. Elle retourna à sa potion, laquelle elle préleva un échantillon dans une fiole. Marlène fit disparaître le reste d'un coup de baguette, un rictus incurvant le coin de ses lèvres.

Lily leva un sourcil mais ne dit rien : mieux valait qu'elle ne sache pas ce qui valait un sourire aussi carnassier.

« Je meurs de faim ! » s'écria Marlène alors qu'elles sortaient de la salle, en compagnie de Kayla Dulcis et Alice Fortescue.

« Comme toujours. » plaisanta gentillement Kayla.

Marlène McKinnon porta la main à son cœur en mimant un faux air blessé. Elle répondit quelque chose d'un ton théâtrale, mais Lily était trop occupée à parler avec Alice du devoir impossible de Défense pour s'en soucier réellement.

Prenant place sur le banc à la table des Gryffondors, et laissant Marlène se jeter sur la nourriture, Alice conclut :

« Le nouveau prof est vraiment horrible. »

Lily opina.

« Celui de l'année dernière était bien mieux, mais il paraît qu'il a démissionné en fin d'année pour s'exiler en Allemagne, loin de Tu-Sais-Qui. »

Alice haussa les épaules, et se servit du poulet, sous l'œil désapprobateur de Kayla.

Ce n'était pas vraiment une nouveauté. Depuis l'ascension du Mage Noir, nombre de Né-Moldus quittaient Poudlard, qu'ils soient professeurs ou élèves. Évidement, l'influence et la persécution des Serpentards aidaient à leur émancipation, au grand désarrois de Dumbledore, qui, chaque année en début de banquet, faisait un discours sur l'importance de la coopération et de la fraternité inter-maisons.

Cependant, personne ne suivait ces instructions, et tous se repliaient dans leur propre maison ; en particulier les verts, qui n'avaient jamais cherché à se familiariser avec les autres.

Lily tourna inconsciemment la tête vers Severus, et l'observa tristement. Le garçon mangeait calmement, hermétique aux conversations de ses camarades. Il leva la tête à un moment donné, comme s'il avait senti ses yeux posé sur lui, et croisa son regard.

Ils se fixèrent longuement, les iris vertes dans les iris sombres, dans cet état semi-gêné qu'avait prit leur relation depuis que Sev' traînait avec les types de son dortoir. Finalement, Lily leva la main pour lui faire un léger signe. Comme s'il se réveillait, Severus leva le menton, lui adressa un sourire en coin, et retourna à son repas.

Lily tourna calmement la tête vers Alice, qui lui parlait de quelque chose dont elle n'avait pas saisi un traître mot.

« Putain, fait attention Black ! » grogna alors Marlène McKinnon, et, Lily vit Sirius Black bousculer légèrement son amie pour se forcer une place entre elle et Kayla.

Au même moment, Potter s'installa en face de Lily, accompagné par Remus et Pettigrow.

« Qu'est-ce que vous faites ? » demanda Lily en jaugeant Potter avec méfiance, alors qu'il se servait avidement du poulet.

James leva ses yeux chocolats vers elle, et lui fit un grand sourire moqueur.

« On mange, ça ne se voit pas ?

- Pourquoi ici ? » rétorqua Lily en levant les yeux au ciel.

Le Gryffondor fit la moue.

« Parce qu'on vous aime bien ? » proposa t-il malicieusement.

« Parle pour toi, Cornedrue ! » lança Sirius en adressant un regard mauvais à Marlène qui le lui rendit bien.

Potter offrit un regard innocent à son meilleur ami avant de retourner son attention sur elle. Elle lui adressa un haussement de sourcils dubitatif.

« En fait, je voulais savoir si tu savais ce qui s'était passé avec Hagrid. » expliqua t-il finalement d'une voix désintéressé en piquant sa nourriture du bout de sa fourchette.

Il semblait contenir une émotion que Lily avait du mal à définir. Peut être de l'impatience.

Elle haussa les épaules.

« Je ne sais pas. Dumbledore a dit qu'il était partie chercher une créature. »

Potter tapota nerveusement du doigt sur la table. Il jeta un bref regard vers Black, qui était trop occupé à se faire insulter par Marlène pour avoir renverser la salière dans son assiette.

« Quelle créature ? » demanda t-il ; puis il enchaîna aussitôt : « Tu sais quand il rentrera ? »

Nouvel haussement d'épaules. La rousse se sentit piquée de curiosité face à l'intérêt de son camarade.

« Pourquoi ? » interrogea Lily avec un petit sourire amusé. « Il te manque ? »

Il y avait toujours cet émotion dans ses yeux qu'elle n'arrivait pas à discerner. Ça n'avait plus rien à voir avec l'impatience ou le manque.

Remus posa alors une main sur l'épaule de Potter, et avec un sourire pincé, le força à se lever en la saluant distraitement.

« Laisse tomber, Evans, tu es trop limitée pour comprendre. » lança Potter avec un regard mauvais, alors qu'il tournait les talons pour quitter la Grande Salle.

Sirius leva la tête vers son meilleur ami, impassible. Il échangea un regard sombre avec Peter, avant de se lever prestement pour suivre leur deux compagnons. Lily les observa partir d'un air interdit, sans réussir à saisir la saute-d'humeur soudaine du garçon.

Le poulet que Potter s'était servie était intact dans son assiette.


« Ensuite, cette espèce de Poufsouffle de directeur a prit sa défense ! La défense d'une Sang-de-Bourde ! »

Wilkes s'égosillait depuis tout à l'heure ; il était affligeant. Il agitait ses bras pour appuyer ses propos, - cognant de temps à autre une seconde année qui lui renvoyait des regards assassins -, postillonnant de la nourriture mêlée de salive dans les plats face à lui.

Écoeuré, Severus repoussa son assiette dans un léger soupir d'agacement. Il releva la tête au moment où Rosier répondait avec une certaine médisance :

« Indigne de son titre. Indigne de se trouver à la tête des Serpentards. »

Rosier releva le menton avec mépris. Wilkes cessa - enfin ! - de s'agiter sur le banc pour observer avidement l'adolescent. Severus l'imita : Rosier avait une influence et un charisme qui attisait une certaine admiration chez lui.

Cependant, il se garda bien de le dire.

« Le professeur Slughorn doit choisir son camps : ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. Nous ne pouvons perdre de temps pour un supérieur qui pourrait nous influencer vers l'échec. »

Severus remarqua avec un certain dédain que Wilkes opinait rapidement à chacun de ses mots, l'air de boire ses paroles. Minable.

« Les Serpentards doivent suivre l'élite. » continua Rosier d'un ton ferme, attirant plusieurs regards sur lui. Tous paraissaient pendu à ses lèvres. « Le Seigneur des Ténèbres est l'élite. Il rend aux Sang-Purs leur pouvoir, il remet la hiérarchie comme elle l'était il y a des années. Que les Sang-de-Bourbe restent à leur place. »

L'adolescent tourna imperceptiblement la tête sur le côté, et jeta un regard particulièrement méprisant à une première année assise à quelques places de lui. Ses copines autour d'elle adressèrent un regard accusateur à la fillette, avant de se lever en groupe, et de s'assoir un peu plus loin.

Alors que la gamine baissait la tête vers son assiette en rougissant, Rosier reporta son attention sur eux, un rictus au coin des lèvres. Il répéta posément :

« Que les Sang-de-Bourbes restent à leur place. »


« Je vois... » murmura Dumbledore. « Je vois... »

Draco, lui, ne voyait pas. Mais alors pas du tout.

« Vous savez ce qu'il nous voulait, professeur ? » demanda Potter d'une voix pressante.

Dumbledore ne répondit pas tout de suite. Il prit le temps d'enlever ses lunettes en demi-lunes pour les essuyer lentement avec le bas de sa robe, poussant un soupir las et fatigué. Le cœur battant, Draco ne le lâchait pas des yeux, avide de comprendre.

Finalement, avec un temps qui lui parut infiniment long - mais qui ne dura en réalité que quelques secondes - Dumbledore fit glisser ses lunettes sur l'arête de son nez, les yeux mi-clos, et redressa lentement la tête pour les détailler, tour à tour, avec gravité, son regard glissant longuement sur leurs visages, intense, perçant.

« À quoi ressemblait cette trappe ? » dit finalement le directeur.

Draco serra les dents. Une émotion qu'il avait du mal à discerner lui tordit le ventre.

« Directeur. » souffla Potter en fermant douloureusement les yeux. « Vous ne pouvez pas juste nous répondre ? »

Le Gryffondor inclina la tête sur le côté en se mordillant légèrement la lèvre inférieure. Sur son visage se reflétait un sentiment que ressemblait à si méprendre à de la déception.

« J'essaye de comprendre, mon garçon. » expliqua posément Dumbledore. « J'aimerai avoir tout les éléments de votre voyage avant de me prononcer. »

Draco ne voyait pas à quel moment leur enlèvement pouvait se résumer à un voyage, mais il ne dit rien. Il se sentait accablé d'une intense fatigue, et seul la conversation floue entre Potter et Dumbledore l'empêchait de s'endormir profondément.

« La trappe... Je ne sais pas. Elle était ronde, en bois, avec des formes dorées dessus. » répondit Potter du bout des lèvres.

« Des Runes. » répliqua Draco à voix basse.

Dumbledore se tourna immédiatement vers lui, attentif.

« Lisez-vous les Runes ? Savez-vous ce qui était écrit ? » demanda t-il d'un ton brusque.

Draco se fit violence pour se souvenir de ces sillons sur la trappe. Les arabesques sur le bois ne faisaient aucun doute pour lui, mais comment aurait-il pu savoir ce qu'elles signifiaient ? Contrairement à la plupart des Sang-Purs tel que Nott ou Parkinson, Draco n'avait reçu que très peu d'enseignement sur cette langue antique. Sa mère lui avait apporté quelques notions, bien entendu, mais il avait toujours préféré apprendre de son père. Et Lucius était à mille lieux de ce soucier de ces formalités, à l'époque.

D'autant que l'action ne lui a pas permit de s'y pencher franchement... Et dans la mesure où il avait déjà dû mal à se souvenir des quelques minutes précédents sa chute dans l'immensité que cachait la trappe, non, Draco ne savait pas ce qu'elles signifiaient.

Sûrement rien de très positif. À partir du moment où de la magie ancienne était invoquée...

« Je vois. » fit Dumbledore, jugeant son silence comme une réponse en elle-même.

Potter se redressa, tendu comme la corde d'un arc.

« Professeur ! À nous de poser les questions ! »

Dumbledore fit un mouvement de la main l'incitant à poursuivre. Revigoré, Potter laissa éclater son incompréhension.

« Qui était cet homme ? Savez-vous pourquoi il nous voulait du mal ? Comment avez-vous retrouvé Hagrid ? Croyez-vous que nous soyons en danger ? Pourquoi... Pourquoi est-ce que vous aviez oublié mon prénom ? Depuis quand sommes-nous à l'infirmerie ? Et comment avez-vous fait pour nous trouver ? Je ne me souviens de rien depuis qu'on a sauté dans la trappe... Ça fait longtemps ? Ron et Hermione se sont inquiétés ? »

Les paroles de cet abruti de Gryffondor lui donnait terriblement mal à la tête, et Draco avait très envie de l'étouffer dans son oreiller pour le faire taire - et le tuer, par la même occasion.

Pourtant, ces questions parurent renforcer le sentiment de gravité dans les prunelles azur de Dumbledore, à en juger par ces traits tirés d'inquiétude, et ses lèvres serrés en une mince ligne blanche. Draco ne comprenait pas. La situation était-elle aussi grave que ce vieux sénile le laissait transparaître ?

Le directeur leva une main, interrompant immédiatement le flot de parole épuisant de l'adolescent.

« Je craint que la situation soit tout à fait hors de contrôle. Monsieur Potter, je vais répondre à toutes vos questions par quelque chose de concis : je ne sais pas. »

Draco ouvrit des yeux ronds, et échangea avec Potter un regard d'incrédulité.

« Je ne sais pas qui est cet homme. Ni pourquoi il voulait porter atteinte à votre vie. Je ne sais pas pourquoi vous êtes ici. Ni pourquoi vous étiez là-bas. Je ne sais même pas qui est Ron, et encore moins Hermione. »

Draco avait vraiment l'impression d'avoir été frappé par la foudre.

« Vous êtes Potter. Mais vous n'êtes pas James Potter. Et je ne sais quel Potter vous êtes » Dumbledore tourna doucement la tête vers Draco. « Tu es un Malfoy. Un digne Malfoy, n'est-ce pas ? Malheureusement, le seul Malfoy est Lucius, à ma connaissance, unique héritier qui a quitté Poudlard depuis déjà trois ans. Et je ne sais quel Malfoy vous êtes. En réalité, je ne vous connais pas. »

Il y eut un hoquet de stupeur mais il ne savait pas vraiment s'il venait de Potter ou de lui. Il s'en fichait. Son mal de tête avait empiré, il lui vrillait le crâne. Lui-même avait l'impression de vriller.

Son cœur battait trop fort et trop vite, et la nausée le prenait à la gorge.

En réalité, je ne vous connais pas.

« C'est... » exhala faiblement Draco, presque à bout de force.

« C'est insensé. » compléta Dumbledore d'un ton dur. « Mais c'est aussi la vérité. Je ne vous connais pas car je n'ai pas à vous connaître. En passant par cette trappe de magie ancienne, vous avez ouvert une brèche entre plusieurs mondes, entre plusieurs réalités. »

Le Serpentard avait du mal à réfléchir. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas.

« Vous êtes des élèves du futur. De mon futur. » asséna l'homme, implacable, sans remarquer que chaque mot qu'il prononçait lui faisait l'effet de coups au cœur.

Vomir. Il avait envie de vomir. Vomir ses tripes et ses boyaux.

« Car ici, à l'heure où nous parlons, Hagrid se porte comme un charme. James Potter aussi, d'ailleurs. »

La plainte étouffé à sa droite lui paraissait lointaine, très lointaine...

« Alors, devrais-je présenter cette époque ? »

Non. Non, non, non.

« Bienvenue en 1976. »

Il passa sa tête par dessus son lit et déversa le contenu de son estomac sur le sol. Ses cheveux blonds cachaient en partie son visage couvert de gouttes de sueur froide, et ses yeux hagards, invisible sous ses mèches, lui renvoyait une image trouble de la réalité.

Bienvenue en 1976.


Alors, verdict ?