Coucou!
Je poste ce chapitre un peu tôt, parce que je pars pour une dizaine de jours.
Vous aurez la suite à mon retour^^
Merci beaucoup pour vos reviews, mise en favoris, etc!
Enjoy!
Comme prévu, je commence mes recherches dès le lendemain. J'attends d'être seule (Mrs Winston est occupée à cuisiner) pour m'approcher de l'ordinateur posé sur une table dans le salon. J'escalade maladroitement la chaise de bureau qui lui fait face, et allume la machine. Je me heurte aussitôt à un problème : l'ouverture de la session requiert un mot de passe, que je n'ai pas. J'essaye mon prénom, ma date de naissance, le nom de mes parents, qwerty, mais rien n'y fait. Je devine que Mrs Winston aura probablement bientôt fini de cuisiner à l'odeur alléchante qui se répand dans les couloirs. Contenant mon impatience, j'éteins l'ordinateur juste à temps, car la gouvernante arrive dans la pièce et me dit de venir manger. Je la suis, réaffirmant à nouveau mon désir de marcher seule sans donner la main à qui que ce soit. Si elle compte me garder en vie, et conserver son intégrité physique, j'en connais une qui ferait mieux de me foutre la paix et d'éviter au maximum tout contact superflu avec moi. Inconsciente de mes pensées, Mrs Winston m'aide (à mon grand désespoir) à m'installer à table. Le repas, au moins, est savoureux, et je me fends d'un remerciement qui semble flatter ma geôlière. Je n'arrive plus à accéder à l'ordinateur de la journée, ce qui altère définitivement mon humeur, mais j'essaye au moins de fouiner un peu dans l'espoir de trouver le mot de passe.
Le soir, je « rencontre » enfin mes parents. Mon père rentre le premier. Costume cravate strict, encore jeune mais les traits déjà fatigués. Je crois qu'il a une trentaine d'années. Il travaille dans une entreprise de ressources humaines, mais je ne sais pas trop ce qu'il fait précisément. Ma mère arrive une demi-heure plus tard, vers 20h30. Elle aussi porte une tenue stricte, femme d'affaire moderne et respectable. Elle travaille comme responsable de communication entre son agence de voyage et ses partenaires. Elle me fait un bisou sur le front avant d'aller se changer, puis j'ai enfin l'honneur tout relatif d'assister à mon premier repas « en famille », servi par une Mrs Winston diligente. Mes parents sont plutôt calmes. Ils discutent de leur journée, vérifient auprès de la gouvernante que je n'ai manqué de rien, qu'il n'y a pas eu de problème. Je doute qu'elle leur ait dit pour le camion… Même si elle m'a sauvé la vie, ça doit faire mauvais genre d'admettre qu'il y a eu lieu de le faire. Enfin, je suis probablement trop cynique. À la réflexion, même si c'est le cas je m'en fous.
Mrs Winston confirme que nous avons passé une bonne journée toutes les deux, et en profite pour vanter à mes parents mes progrès incroyables, que dis-je, époustouflants : « Elle veut tout le temps marcher toute seule, et elle est même capable d'aller aux toilettes et de se laver sans aide ! ». Mes parents sourient, me demandent confirmation, et me disent qu'ils sont fiers de moi et que je suis une grande fille maintenant. Je dois me contenir pour ne pas me cogner la tête contre la table jusqu'à destruction de la table ou de ma tête. Mais qu'est-ce que je fous là ? Je me contente de leur dire que je peux me débrouiller toute seule et je sens leur malaise, comme celui de Mrs Winston. Je suis trop calme, trop posée, pour l'âge qu'ils pensent que j'ai. Je suis trop mature.
« Mes parents… Des personnes avec qui je possède un lien que je n'ai ni choisi ni voulu, des étrangers. Des êtres dont je me demande parfois qui a eu l'idée folle de leur donner la possibilité de concevoir. Pour ce que ça a donné ! Si je pouvais ne jamais avoir existé, jamais. Il n'y a rien qui me relie à mes géniteurs. Une vague affection peut-être, mais jamais aussi forte que ma rancœur à l'idée de simplement exister. Est-ce qu'ils se sont posé la moindre question, avant de nous avoir, mon frère et moi ? Mon frère… Et maintenant il est mort, et ça n'a rien changé. Enfin, mes parents sont maintenant séparés. Je n'arrive même pas à les plaindre. C'est étrange, mais je ne me sens pas vraiment concernée. »
-Extrait d'un carnet d'Aurore Berger, cinq mois avant sa mort.-
Voilà, encore un chapitre court.
Dans le prochain, on en apprend un peu plus sur le personnage principal.
Bonne journée/nuit/festin de zombies à toutes et à tous!
Signé: Un lombric des limbes
