Hey hey tout le monde!

Voilà de quoi lire, c'est un de mes plus longs chapitres. Grâce au confinement, j'ai encore plus de temps pour glander que d'habitude, ce qui fait que ce chapitre que j'aurais dû couper en temps normal a pu se finir à temps. Disons que vu qu'au bout de cinq pages, j'avais toujours pas commencé à écrire la course d'obstacles (malgré le titre), je pensais que ça allait être chaud. En plus, j'ai déjà écrit des bouts du chapitre suivant!
Comme d'habitude, je remercie mes fidèles lecteurs/reviewers.

J'espère que vous tenez bien le coup avec le confinement/travail pour ceux qui bossent encore.

En espérant donc que vous appréciez le voyage, je vous laisse avec le chapitre et mes supplications: laissez moi des reviews!

Ah oui, avant d'oublier quand même, résumé de qui est qui est du chapitre précédent:
Vivian: bon, j'espère que vous savez qui c'est. Surnommée Baby Monster par une partie des élèves.
Arthur: Poufsouffle, septième année, ami avec Vivian depuis leur rencontre folichonne avec le pédophile.
Ewald: Le Serpentard trop coool (qui a dit que je devais rester pro?) qui se trouve être le meilleur ami d'Arthur, aussi en septième année.
Alphonse (Al'): Gryffondor, sixième année, les concours de cran ça rapproche.
Scorpius Malfoy: Poufsouffle, première année, ami avec Vivian jusqu'à leur dispute et qu'elle refuse de renouer avec lui.

Dans le chapitre précédent, Ewald donnait sa première leçon d'occlumencie à Vivian, puis l'idée de la chasse aux lucioles (une baston générale de sorts de marquage lumineux dans le noir) naissait dans l'esprit dérangé de Baby Monster. Al' apprenait un bout du passé tragique d'Arthur et Vivian, et Scorpius tentait de se réconcilier avec elle, sans grand succès.


Ma discussion avec Scorpius a effectivement le mérite de rendre les cours de la semaine suivante plus agréable. Au repas, le lundi, Arthur nous demande si on reste au château pour les vacances, et je réalise qu'on a plus qu'une semaine de cours avant qu'on y soit. Je n'ai rien prévu, mais apparemment tous les autres retournent chez eux.
« Tu ne veux pas rentrer chez toi, Vivian ? Me demande Arthur, surpris.
-Pas vraiment, j'ai la flemme de me faire harceler de questions par Mrs Winston, et je ne pourrai pas faire de magie là bas.
-Mrs Winston ? Relève Alphonse
-La gouvernante, je soupire. Elle est gentille, mais beaucoup trop envahissante
-Attends, vous avez une gouvernante ? T'es une gosse de riches en fait ?!
-Pas vraiment, mais mes parents ont quand même les moyens. Ils bossent tellement qu'ils sont jamais à la maison, donc ils l'ont engagée pour faire le ménage et s'occuper de moi.
-La pauvre… fait Al', sarcastique.
-Donc tu restes à Poudlard ? Relance Arthur
-Pas trop le choix… » je fais, sans enthousiasme. « J'aurais aimé voyager, mais je suis trop jeune, blablabla…
-Je t'aurais bien proposé de venir chez moi, mais j'aurais dû prévenir mes parents bien plus tôt » fait Arthur l'air désolé. J'entends aussi ce qu'il ne dit pas, que sa mère est toujours mal à l'aise avec moi.
« Tu peux venir chez moi par contre, si tu veux pas rester dans ce château poussiéreux ! Propose Al'. Pas de magie, mais mon père nous fichera une paix royale tant qu'on ne l'empêche pas de regarder ses matchs de foot.
-Oh, c'est gentil. J'y réfléchirai, si je peux te donner la réponse plus tard.. ?
-T'inquiète ! Mon père s'en fiche, je lui enverrai un sms quand tu sauras.
-Ton portable fonctionne à Poudlard ? Je demande, étonnée.
-Non, mais de l'autre côté de pré au lard y a une barre ou deux. J'ai un balais et y a une fenêtre qui reste ouverte toute la nuit dans mon dortoir » ajoute Al' avec un clin d'œil. Arthur et Ewald nous regardent avec un air vaguement paumé. Je secoue la tête en souriant, puis relance la discussion sur la course d'obstacles, qui aura lieu le vendredi à partir de 16h45, car personne n'a cours à ce moment là. Le problème, c'est que les profs non plus, du coup. Mais comme on ne sera pas trop nombreux normalement, et que les vacances commenceront, ils seront sans doute occupés ailleurs, et puis le risque fait partie du fun. Avec les vacances en vue, je charge aussi Arthur et Ewald de nous procurer de la poudre d'obscurité instantanée du Pérou en aussi grosse quantité que possible en vue de la chasse aux lucioles.

Le mardi matin, j'ai la surprise de voir un hibou me délivrer une lettre. Dans notre groupe, seul Arthur reçoit souvent du courrier, et écrit régulièrement à ses parents. J'ai dû voir Ewald écrire une lettre une ou deux fois à la bibliothèque, et il reçoit une lettre toutes les deux semaines, avec une régularité curieuse. Al', lui, ne reçoit jamais rien, mais si il a un téléphone et du réseau, ça me surprend moins, d'autant que pour autant que je sache, il est né moldu, comme moi. Pour ma part, j'ai fait passer une lettre à mes parents par le biais de Miss Aster, la prof de CD2M, qui a aussi pour rôle d'être un lien avec les parents moldus. Je prends le pli avec prudence, n'ayant pas l'habitude de ce genre d'interactions, et craignant un coup de bec mal placé. Je reconnais avec un brin de surprise l'écriture de ma mère sur l'enveloppe. Le hibou repart, l'air content de lui, après qu'Arthur l'aie gratifié d'un remerciement et d'un morceau de viande. Je n'ai pas trop envie d'ouvrir mon courrier devant tout le monde sans savoir à quoi m'attendre, alors je range la lettre dans mon sac. Je passe la matinée avec tout mon groupe de comploteurs pour que nous travaillons sur le parcours d'obstacles. Nous attendons une trentaine de personnes, quarante au maximum. J'ai réussi à me procurer un bon stock de ballons de baudruche et de peinture moldue, et je travaille sur des cerceaux enflammés géants. Ewald a trouvé quelques enchantements de métamorphose qui couplés à des runes devraient lui permettre de créer quelques obstacles, voire même un tunnel de terre, ce qui serait sacrément cool, mais il doit s'entraîner, et le jour J sans doute travailler en équipe avec un ou deux autres septième années spécialistes dans ces domaines. Il part d'ailleurs les voir après nous avoir exposé son idée et que nous l'aillons approuvée. Alphonse part repérer le segment de la forêt interdite qu'on va traverser, histoire de réfléchir au balisage et aux pièges éventuels qu'il pourra rajouter, tandis qu'Arthur et moi nous repassons le reste du parcours. Le Poufsouffle sera à nouveau arbitre (et secouriste), et a réussi à recruter quelques personnes motivées pour lui donner un coup de main, ce qui porte le nombre de staff à cinq et le nombre total de personnes impliquées à presque cinquante, ce qui est déjà un septième de la population de l'école. Et dire que la chasse aux lucioles est un projet encore plus ambitieux…

L'après-midi, Ewald et Arthur profitent du club de potion pour fabriquer une sorte de liquide fluorescent qui permettra de marquer le parcours pour éviter qu'on perde trop de monde dans la forêt et le tunnel (Ewald et ses alliés ont trouvé un bon endroit pour le faire, en sortie de forêt interdite, où la terre est meuble). Pour ma part, je vais à la bibliothèque faire mes devoirs, comme d'habitude, et Arthur me rejoint après le club de potions pour me montrer le résultat de leur production. On se trouve une salle un peu à l'écart, et il se sert de sa baguette pour dessiner un smiley sur un mur. Dès qu'il éteint la lumière d'un nox, le dessin sur le mur se met à briller d'une belle lueur verdâtre, et je le félicite pour le travail. Il rallume la lumière et remet la potion dans le flacon, avant de me jeter un regard bizarre. Je hausse un sourcil et lui demande :
« Qu'est-ce qu'il y a ? » Arthur rougit légèrement, et admet :
« J'aurais aimé ton avis sur un poème que j'ai écrit pour une amie…
-Bien sûr, je fais, intriguée. Tu l'as avec toi ? »
Mon ami acquiesce et après une petite hésitation, sort un parchemin soigneusement plié qu'il avait rangé dans un livre.
« Tu ne te moques pas de moi hein ?
-Ne t'inquiète pas. C'est pour qui ?
-Cian… » répond Arthur, avec un rougissement plus marqué. Voyant que le nom ne me dit rien, il ajoute « Elle est en sixième année, à Serdaigle, et… je l'aime bien. Je vais lui demander si elle veut bien sortir avec moi.
-D'accord, fais voir » je fais, avec un sourire, même si en moi mon cœur se serre en pensant à Quentin. Arthur lui ressemble un peu, et puis, il écrivait des poèmes, lui aussi. Je ne l'aime plus, plus vraiment, mais je ne peux pas l'oublier, et il me manque toujours autant. Je repousse mes pensées fermement au fond de moi, derrière mes murailles, et je verrouille mon esprit avec une pointe d'occlumencie, pour plus de sûreté. Je lis.

« C'est peut-être fou mais tu es la seule que je vois
J'ai une vie à bâtir, que ça soit avec toi
Le temps que je passe en ta compagnie
Est le plus brillant et précieux de ma vie

J'aime ta curiosité et ton air sérieux
J'aime ton sourire distrait quand tu lis
Ton rire efface mes soucis
En un mot comme en cent je suis amoureux »

Me voyant relever la tête, Arthur me demande, anxieux :
« Alors, tu penses que ça lui plaira ?
-C'est bien écrit, on sent tes sentiments qui transparaissent. Je ne la connais pas, mais je ne vois pas de raison pour qu'elle n'aime pas. »
Je rends le poème à mon ami qui le range à nouveau soigneusement en souriant. Il relève ensuite la tête, et me demande d'un ton faussement léger :
« Tu ne t'es pas encore réconciliée avec Scorpius ? » J'aurais dû m'y attendre. J'étouffe mon agacement, et je réponds honnêtement, pour une fois.
« Non. Il est venu me parler, on s'est expliqués, mais on ne redeviendra pas amis.
-Mais pourquoi ?
-Ce qu'il me reproche est fondé, et ce sont des problèmes qui continueront à se poser, donc ça sert pas à grand-chose de se réconcilier avec lui pour se disputer à nouveau aussi sec. Je t'ai toi, j'ai Ewald et Alphonse, et ça me suffit largement. Je n'ai pas besoin de lien avec d'autres gens.
-On est tous beaucoup plus âgés que toi, ce serait bien que tu aies des amis de ton âge, non ?
-Je suis beaucoup plus mature que les gens de mon âge, et je suis très bien avec vous. Mais si tu n'as pas envie d'être ami avec une gamine, je ne te retiens pas. »
Sur ce, je tourne les talons, et me dirige vers la porte. Elle me claque au nez. Je me retourne. Arthur a sa baguette à la main. Il soupire, se rapproche de moi.
« Je n'ai aucun problème avec notre amitié, et je ne te considère pas comme une gamine, loin de là ! Tu était plus intelligente que moi quand tu avais six ans, et quand je te parle j'ai l'impression de parler à une égale, si ce n'est pas à une adulte, des fois. Ce que j'essaye de te dire, c'est que… Tu ne devrais pas exclure des gens de ta vie comme ça, et je pense que tu n'as pas besoin de te limiter à nous. »
Il me fixe avec intensité, espérant que je comprenne.
« Je sais ce dont j'ai besoin, je fais froidement. Mais merci du conseil. »
Il me regarde avec un certain étonnement, et j'ai juste envie de partir. Je gâche toujours les choses. Mais je n'ai pas envie d'être gentille. Pourtant, il soupire encore, et finit par hausser les épaules.
« J'ai dit ce que j'avais à dire. » Il déverrouille la porte, et me sourit avant d'ajouter :
« Bon, on va manger ? J'ai faim et je pense qu'il est l'heure.
-Bien sûr ! » Je fais, avec un enthousiasme de façade.
Le silence retombe entre nous pendant qu'on descend les escaliers, et je contiens mon envie de m'enfuir à nouveau, me repassant la conversation dans ma tête. Finalement, je m'arrête, avant qu'il y aie trop de monde autour. Arthur fait de même, l'air interrogateur.
« Je suis désolée d'avoir réagi comme ça, je n'aurais pas dû. Je suis contente de vous avoir et je suppose que j'ai peur que vous vous lassiez de traîner avec une première année. C'est tellement frustrant de devoir discuter avec des gamins et d'être traitée comme un bébé tout le temps ! Mais je sais, là dessus j'ai réagi comme une gamine.
-Ne t'inquiète pas, on ne va pas te laisser tomber, sourit Arthur. C'est pas grave »
Il me serre dans ses bras rapidement, et je remarque qu'il a besoin de se baisser un peu. Ça fait bizarre. Je me tends, comme toujours, mais ça ne dure pas longtemps, et dès qu'il me relâche je me hais d'avoir envie de me serrer contre lui, pour me rassurer, me sentir mieux. Je pense encore à Quentin.

Nous reprenons notre route jusqu'à la grande salle, et rejoignons Ewald à la table des Serpentard. Il sourit en nous voyant, et je m'assois à côté de lui. J'ai l'impression de faire plutôt bien illusion, mais Ewald nous observe curieusement, et finit par demander :
« Il s'est passé quelque chose ?
-N-on » je fais, prise de court. « Enfin, Arthur a écrit un poème, et il voulait que je lui donne mon avis. » je fais, pour détourner son attention, sans pour autant étaler les sentiments du Poufsouffle. Ewald est sans doute au courant, mais je n'en suis pas certaine, et ce n'est pas mon secret. Heureusement, ça a l'air de suffire, et je laisse les septième année se taquiner entre eux, laissant mon esprit vagabonder.

Le soir, je me souviens de la lettre que j'ai reçue, et je la sors de mon sac pour la lire.
« Ma chérie,

J'espère que cette lettre te parviendra bien. Comme tu as pu le voir, nous avons acheté un hibou afin de pouvoir communiquer directement avec toi plutôt que de devoir embêter ton professeur ou attendre que tu penses à nous écrire. Ton père a insisté pour l'appeler Batman. »
J'interromps ma lecture pour laisser échapper un petit sourire. Mon père, dans cette vie, est fan de comics, et on dirait que comme les chauve-souris volent, il s'est dit que c'était le nom parfait pour un piaf.
« Je t'écrivais pour prendre quelques nouvelles, ça fait longtemps que tu ne nous a pas écrit. Tu as déjà dévalisé la bibliothèque, j'en suis sûre. Néanmoins, et je ne sais pas trop comment aborder le sujet, il est nécessaire que nous aillons une discussion sérieuse avec toi. En effet, Mrs Aster nous as informé des problèmes que tu as rencontrés à Poudlard. Je sais que tu es indépendante, mais c'est quand même le genre de choses que nous sommes en droit de savoir ! Nous sommes tes parents, et nous n'allons pas te punir pour t'être défendue, même si pour ma part en tout cas j'aurais aimé que tu résolves tes conflits sans recourir à la violence (ton père est toujours bloqué sur ses histoires de super-héros et semble croire que la magie, c'est pareil. Il te rappelle tout de même qu'un grand pouvoir implique de grandes responsabilités).

Mon véritable souci est ailleurs, mais ce n'est pas quelque chose à propos de quoi nous devrions discuter par écrit. Il faut que nous nous voyons le plus tôt possible, et même si je suppose que tu n'avais pas prévu de rentrer ces vacances, je pense qu'il ne faut pas attendre. Envoie moi une lettre de confirmation s'il-te-plaît. Je veux juste que tu saches que je t'aime, que nous t'aimons et que nous sommes fiers de notre fille.

En espérant te voir bientôt,

Maman »
Je replie la lettre, inquiète et agacée à la fois. Ma vie ne les regarde pas, même si je comprends intellectuellement pourquoi ils pensent que c'est le cas. Mon inquiétude vient du fait que ma mère aie eu l'air si secouée dans la missive alors qu'elle est d'habitude plutôt directe et efficace. Tandis que là, c'est comme si elle avait peur. Qu'est-ce qui a pu la mettre dans cet état ? Le plus simple est de demander, sans doute. Je prends une plume et du parchemin, et je rédige une courte réponse :
« Bonjour maman,

J'ai bien reçu ta lettre. Tu pourras dire à papa que son choix de nom est super.

Pour ce qui est des vacances, j'aimerais savoir de quoi il en retourne avant de prendre ma décision, je ne comptais pas rentrer à la maison, et un ami m'a invité.

Bisous,

Vivian »

Il est un peu tard pour la poster, mais je fais ça le lendemain matin avant même d'aller manger. Je reçois la réponse le mercredi matin, à nouveau via Batman. Cette fois-ci, Arthur demande d'où vient ce hibou, et je lui dis que mes parents l'ont acheté pour communiquer avec moi. Al' trouve le choix de nom très amusant. Je lis rapidement ma lettre, pressée de savoir ce qu'il se passe, pendant que les autres se lancent dans un concours d'anecdote sur les noms de leurs animaux de compagnie.
« Ma chérie,

Je sais que tu es têtue, mais j'aurais vraiment préféré aborder le sujet en vrai. Quoi qu'il en soit, la raison pour laquelle je voudrais que tu rentres est que nous avons appris par Mrs Aster ce qu'il s'est passé lorsque nous t'avons en envoyé en colonie, il y a cinq ans. Et nous voulons en discuter avec toi.

Un ami ? Qui est-ce donc ?

En espérant te voir bientôt donc, nous t'embrassons très fort.

Maman »
« Vivian ? Ça va? » demande Ewald.
Sa voix me ramène à la réalité. Je repousse au plus loin que je peux le choc et toutes les émotions que la lettre ont provoquées en moi et la range de la façon la plus dégagée possible dans mon sac. Je sors mon plus beau faux sourire pour affirmer :
« Bien sûr, et toi ?
-Tu es pâle, fait remarquer Arthur
-ça va.
-C'est à cause de la lettre ? » insiste le Poufsouffle
« Je vais bien » je fais, un peu sèchement. Je vois Ewald qui me fixe du regard. Heureusement qu'Alphonse n'est pas là, il aurait sans doute insisté lui aussi. J'avale une ou deux bouchées, et remarque qu'Arthur a l'air mécontent. On sait tous que quelque chose se passe, alors je vois plus l'intérêt de faire semblant. Je ramasse mon sac et je pars.
Je suis à peine sortie de la grande salle qu'Arthur me rattrape. Il tend la main pour m'attraper le bras mais je me retourne vers lui, évitant son mouvement.
« Quoi ? » cette fois ci, la colère s'entend dans ma voix que je ne maîtrise plus.
« Cherchons un endroit plus tranquille, puis on va discuter.
-Je ne veux pas discuter
-J'ai cru remarquer. C'est ça le problème. »
Je vois que les quelques élèves ayant fini leur petit déjeuner nous dévisagent en sortant de la grande salle, alors je me laisse entraîner un peu plus loin.
« Tu te rappelles de la conversation qu'on avait eu, sur le fait que tu ne parlais jamais ?
-Oui, je fais, à contrecœur.
-Je ne sais pas ce qu'il y avait dans ta lettre, mais c'est clair que ça t'a bouleversé. Et toi, tu te refermes et tu nous mens ? Nous sommes tes amis, on est pas là juste pour s'amuser quand tout va bien.
-Je sais. Mais ce sont mes affaires, et j'avais d'abord envie d'assimiler l'information.
-Alors tu aurais dû être honnête. Ton premier réflexe, ça a été de cacher ce que tu ressentais.
-Ma mère a appris ce qu'il s'est passé avec le pédophile » Je crache. Ça a le mérite de faire taire le Poufsouffle, qui me regarde un instant.
« Comment ?
-C'est là toute la saveur de la chose. C'est Mrs Aster qui lui a dit apparemment. Ça veut dire que des profs sont au courant et je vois pas comment.
-À l'époque, madame Pomfresh était au courant de quelques choses, comme je devais voir un psychomage régulièrement, mais elle est tenue au secret médical. Mac Gonagall était au courant mais je vois pas pourquoi elle en aurait parlé, et je ne suis même pas sûr qu'elle aie su ton nom… » réfléchit mon ami à voix haute, sa colère oubliée. La mienne couve toujours un peu, mais elle s'éteint peu à peu, je le sens.
« Je vois. Je suppose que j'en saurai plus quand je verrai mes parents.
-ça va aller ? Me demande Arthur avec sollicitude
-Évidemment » je fais, faussement enjouée. Arthur secoue la tête, pas dupe, et souffle.
« Tu vas vraiment devoir apprendre à partager tes problèmes. »
Je fais comme si je ne l'avais pas entendu et le quitte pour aller travailler un peu à la bibliothèque. À midi, je dis à Alphonse que j'irai chez lui pendant les vacances. Arthur me jette un regard intrigué, mais semble sentir que ce n'est pas le moment de discuter. Al' habite à Oxford apparemment, donc je me débrouillerai pour aller voir mes parents une journée. Mais je ne veux vraiment pas passer les vacances avec eux.
Le reste de la journée, et des deux suivantes, est consacré à la préparation de la course d'obstacles. Je ne reparle pas vraiment avec Arthur de l'épisode de la lettre, et nous faisons principalement comme si rien ne s'était passé, même si je remarque qu'il me surveille un peu. Ewald aussi, mais Ewald fait toujours ça.

J'ai le vendredi après-midi de libre et je l'exploite pour finir les préparatifs. Les septième année et Ewald ont installé le tunnel à la pause déjeuner. Il n'est pas très long, juste sur quatre mètres, avec un diamètre de trois mètres environ, mais c'est un obstacle intéressant, un goulot d'étranglement qui rendra la course plus intéressante. Mon idée de cerceaux enflammés a été abandonnée, car un peu compliquée et trop voyante. Dommage. Je ramène le matériel dont on aura besoin peu à peu sous les gradins de Quidditch, où à priori personne n'a de raison de fouiller, puis je fais le parcours une fois à pied, histoire de finir de tout mettre en place. Le début est simple, c'est juste une longue étendue d'herbe qui court jusqu'au lac. Ça sera pimenté par les bombes à eau/peinture, et les sorts autorisés. Les gens pourront voler haut, parce que ce sera l'heure du club de vol, et les profs s'attendront à voir des gens voler à cet endroit. Ensuite, il faudra survoler le lac noir, sur un plus gros tronçon que la dernière fois. Les sorts entre participants seront interdis, mais pas les projectiles. Deux juges sont censés s'occuper de l'animation de l'endroit, et comme je compte participer à la course, je ne sais pas ce que ça veut dire exactement. Un septième année spécialise des runes a installé à la pause de midi des petits piliers matérialisant les points de passage obligés, qui permettront de contrôler que chaque participant y passent, justement. Il a expliqué assez vite fait le principe de son système, et je crois que c'est grosso modo comme les dossards électroniques dans le monde moldu. Chaque participant aura un petit bracelet avec une rune, qui s'activera à chaque point de passage franchi entre les poteaux, pour changer la couleur du tissu une fois le bon nombre de points atteints. Sans ça, la participation du candidat ne sera pas valide. Ce serait possible d'activer le bracelet plusieurs fois avec le même point de passage, sauf que les juges sont là pour ça, pour surveiller le terrain, et ce ne serait pas très discret de toute façon.

Les poteaux sont bien en place de mon côté du lac, que je franchis à l'aide de mon balais, prenant plaisir à frôler l'eau jusqu'à ce qu'un tentacule géant manque de m'y faire tomber. Je reprends instantanément de l'attitude. Le calamar ! Ceux qui vont vouloir voler bas risquent d'avoir une surprise, tout à l'heure. Je rigole à cette pensée tout en survolant les poteaux de sortie du lac qui sont eux aussi bien en place. La suite du parcours se passe dans la forêt, où les sorts seront là aussi interdits (éviter les arbres à pleine vitesse sera déjà suffisamment tendu). Je dois utiliser la potion fluorescente pour indiquer les limites. Il fera encore jour pendant la course, mais dans la forêt suffisamment sombre pour la peinture, et on a pas très envie que des gens s'égarent et tombent sur les créatures mystérieuses qui peuplent l'endroit. Ni de se les mettre à dos d'ailleurs, c'est pourquoi le tronçon est vraiment en bordure de forêt. Même à l'aide de la magie et malgré le fait que le tronçon ne soit pas long, à peine une centaine de mètres, je mets presque une heure à délimiter le parcours, et il ne me reste pas très longtemps pour finir d'inspecter le reste du parcours. Le tunnel consomme le peu de potion fluorescente qui me restait. La fin du parcours consiste à voler jusqu'au saule cogneur, en faire le tour, puis à revenir au terrain de Quidditch. Évidemment, dès le retour en terrain découvert, l'usage de sorts est autorisé jusqu'au saule cogneur. Après, nous voulons quand même une vraie course de vitesse, et la fin se jouera à la loyale (à l'exception des projectiles, quand même, et des surprises des juges), jusqu'à la ligne d'arrivée qui sera matérialisée par une ligne enflammée sur le sol entre deux tribunes.

Les premiers participants finissent par arriver, Al' parmi eux, avec trois joueurs de l'équipe de Gryffondor. Les membres du club de vol (une dizaine de personnes entre la troisième et la septième année), arrivent juste après, ainsi qu'Ewald et quelque septième année, dont deux joueurs de Serpentard, apparemment. Arthur se ramène avec Scorpius, à ma grande surprise. Sérieusement ? Il a même ramené Albus ou Severus en bonus. En me voyant, mon collègue de première année me fait signe avec un sourire, et je soupire intérieurement. Je lui souris tout de même en retour, parce que je n'ai rien contre lui.

Les participants forment une ligne, et Arthur nous fait face avec un quatrième année, une sixième année et les deux septième année qui ont aidé Ewald avec le tunnel. Ce seront les juges. Arthur respire un bon coup, puis présente rapidement le parcours, le système de runes et les règles du jeu. Les sorts autorisés ne doivent pas être dangereux au point de faire tomber quelqu'un de son balais. Sont autorisés uniquement les sorts qui déconcentrent, comme ceux qui font pousser les cheveux par exemple, ou changer de couleur, etc. Les sorts de bouclier sont aussi autorisés. Concernant les jets d'objets, les seuls autorisés seront la bombe à eau remise au départ, ainsi que celles éparpillées sur la course avec quelques balles en mousse. Je fronce les sourcils. On ne m'avait pas prévenue pour ça. Mais je trouve que c'est une idée stylée. Arthur nous dit aussi de nous méfier des juges, qui auront le droit de nous préparer des surprises et de lancer des sorts non autorisés pour nous. Ils veilleront au grain, mais aussi à nous compliquer la course. Enfin, il conclut ses explications et demande à quiconque veut laisser tomber de le faire maintenant, puis demande si il y a des questions tandis que les autres juges distribuent les brassards runiques et une bombe à eau par personne. Je range la mienne dans ma sacoche que j'ai vidée pour l'occasion. D'autres font comme moi en lâchant leurs manuels un peu à l'arrache, d'autres refusent la bombe à eau ou la gardent à la main. Une voix s'élève à ma gauche sans que je puisse identifier celle qui a posé la question : « Qu'est-ce qu'on gagne, si on arrive premier ? ». Arthur répond « Rien n'est prévu », mais presque personne ne l'entend parce qu'Alphonse crie avec enthousiasme : « La gloire éternelle ! ». Les gens éclatent de rire. Il ajoute : « Dernière consigne : Si les profs arrivent, c'est chacun pour sa peau ! Vous vous êtes retrouvés là par hasard et vous n'avez reconnu personne ! ». On hurle notre approbation de façon plus ou moins exubérante, et Arthur conclut : « À vos balais ! Et bonne chance ! ». Je souris à part moi. Il a presque oublié à quel point il était stressé de parler devant plein de gens. Je reprends pourtant rapidement mon sérieux pour me concentrer. Tout le monde est monté sur son balais maintenant, et les juges gagnent les airs. Seul Arthur reste à proximité pour donner le départ.

Ewald est à quelques places sur ma gauche, et Scorpius et le jumeau sont à ma droite, près d'une serdaigle aux cheveux noirs plus âgée qu'ils ont l'air de connaître. Je crois que son balais est le dernier modèle sorti d'ailleurs, mais je suis pas certaine, je m'y connais pas encore trop. Scorpius me sourit et on se souhaite bonne chance. Arthur s'élève dans les airs et commence le compte à rebours. À ce moment, j'arrête d'observer mes adversaires pour me concentrer sur mon départ. Il va falloir passer entre deux tribunes pour accéder à la plaine, et de ma place je ne vois pas trop à quoi ça ressemble là bas. Je vais garder ma bombe à eau pour plus tard, pour le lac, là où les gens risquent d'avoir déjà utilisé la leur. Idéalement, il faudrait que j'en ramasse sur la plaine, mais je ne veux pas perdre de temps. Arthur lève le bras, fait partir une petite lumière qui explose avec un bruit sec… C'est parti !

Je démarre instantanément, filant à ras du sol, ce qui ne m'empêche pas d'être bousculée par d'autres qui ont eu la même idée que moi. J'envisage de prendre de l'attitude, mais le ciel au-dessus de moi est rempli de capes et de balais, et je regrette mon choix de position. J'aurais dû voler plus haut. Je suis même presque forcée à m'arrêter à cause d'un abruti qui descend en piqué devant moi. J'entends des exclamations surprises et je vois des éclats de lumière déchirer les airs. Les hostilités ont commencé. Peut-être que le sol était une bonne idée, finalement, parce que je ne reçois pas de sort. J'arrive sur la plaine, et je reprends un peu d'altitude pour avoir un meilleur point de vue. Le groupe est toujours assez resserré, mais j'ai réussi à me placer dans le peloton de tête, ce qui me laisse une bonne marge de mouvement. Il y a cinq ou six personnes à mon niveau, avec en tête la Serdaigle qui était près de moi sur la ligne de départ. Elle vole bien, évitant avec souplesse le… cognard qui allait la faire tomber ?! Oh les cons. Je réalise vite qu'il n'y a pas un, mais trois cognards en liberté sur la plaine, et que deux juges enthousiastes armés de battes les envoient valser sur nous autant qu'ils peuvent. Bien sûr, ni les sorts ni les bombes à eau n'ont cessé de pleuvoir et je m'en ramasse une en pleine poire qui me fait perdre de précieuses secondes. Je ralentis le temps de sortir ma baguette (heureusement dans un étui accessible à mon poignet) et de me nettoyer rapidement histoire de pouvoir y voir, et je profite d'avoir ma baguette sortie pour lancer un sort de désarmement vicieux au concurrent devant moi. Entre sa dignité de sorcier et la course, il fait son choix et plonge à la rescousse de sa baguette. J'ai un rictus narquois, qui s'élargit en voyant une table sur laquelle reposent une dizaine de bombes à eau. Deux concurrents essayent d'en récupérer sous mes yeux, mais ils passent trop vite, et je ne veux pas ralentir. Du coup, je tente un accio, qui fonctionne un peu trop bien, et deux bombes explosent sur mon balais, me ralentissant à nouveau. Je me fais dépasser par au moins trois personnes que je distingue mal, et je reçois en plus un sort qui commence à allonger mes ongles démesurément, tellement que j'en lâche presque ma baguette. Heureusement, j'ai le temps de prononcer un finite en catastrophe qui me tire d'affaire, même si mes ongles ne reprennent pas leur taille normale. J'utilise un diffindo pour libérer ma main droite, histoire de pouvoir tenir à mon manche de balais, et m'entaille méchamment le pouce. Je jure. Autour de moi, les gens me dépassent, mais je prends le temps de couper mes ongles à la main gauche aussi, perdu pour perdu. Et puis je réalise deux choses. Je suis presque à l'arrêt et il y a encore des bombes à eau pas loin, et je connais la formule du sort de désillusion.

J'ai pris du retard, mais quand je repars mon sac est alourdi de six bombes à eaux qui dépassent un peu, et surtout je suis assez difficile à voir. Mon sort de désillusion laisse beaucoup à désirer, mais les gens ne m'identifieront pas du premier regard comme une joueuse. Je suis à présent dans les derniers du groupe du milieu, et j'aborde la seconde partie de la course : le lac. Devant moi, deux participants se font éjecter de leur balais par des tentacules enthousiastes, et un juge lance un sort à quelqu'un qui vole trop haut à son goût. Je décide de prendre de l'attitude pour éviter le calamar, et ma stratégie fonctionne plutôt bien. Je lance une bombe à eau qui éclate en rouge sur la tête d'un gars que je dépasse en trombe alors qu'un tentacule interrompt sa course. Je réussis à remonter le peloton à coup de bombes à eau si bien qu'en arrivant à la forêt j'ai presque rattrapé le groupe de tête, où je reconnais Al' qui me lance une bombe à eau avec un rictus démoniaque. Mon sort de désillusion n'aura pas fait long feu. Mon ami est presque à ma portée, mais les autres s'engagent déjà dans la forêt, et je ne peux pas me permettre d'hésiter. Je balance mon sac bien dans mon dos avant de me pencher sur mon balais pour accélérer encore. Je sais que je vais trop vite, mais c'est une bonne chance de refaire mon retard. Je m'engouffre entre les arbres à mi-hauteur, pour éviter un maximum de branches et de broussailles. Je suis très concentrée, et mes veines pulsent d'adrénaline. Des rameaux me fouettent les bras mais plutôt qu'un cri de douleur c'est un rire qui sort de ma gorge. Je vais peut-être me crasher contre un tronc, me faire décapiter par une branche, et je me sens libre, vivante, et mon rire ruisselle de folie. Soudain, me voilà à l'air libre. Je ne vois que deux personnes devant moi, qui débouchent en même temps de la forêt, et encore deux autres, plus loin. Les sorts sont à nouveau autorisés. Je sors ma baguette presque sans ralentir, et vise le dos de la fille qui me précède. Mes deux expeliarmus échouent. Elle se retourne et me lance un sort qui lui fonctionne. Tous mes poils commencent à pousser à une vitesse folle. Je lance un finite, ça s'arrête. Je m'engouffre dans le tunnel, un peu près d'une paroi, et l'adrénaline continue à pulser. Je n'ai pas ralenti.

Je débouche du tunnel, j'ai presque rattrapé les deux personnes devant moi. Je passe au-dessus d'eux. La fille m'a vue, et brandit sa baguette dans ma direction, ce qui contribue à la ralentir légèrement. Je sécurise ma position en sacrifiant mon avant-dernière bombe à eau/peinture, qui lui explose en pleine face, faisant ruisseler de la peinture jaune sur ses lunettes. Je l'oublie. La prochaine personne à rattraper, c'est Al'. On dirait que lui aussi a gagné du terrain dans la forêt, et n'a pas perdu de temps à cause des autres joueurs. Il se débrouille bien en espace dégagé, et nous arrivons presque au coude à coude au saule cogneur. Il a plus de technique que moi, je suis plus légère. Nos vitesses se valent. Devant nous, il n'y a plus que la serdaigle brune du début, et un serpentard blond qui sous nos yeux tente un virage serré qui se conclut en une interruption brutale lorsque le saule décide de montrer pourquoi il est qualifié de « cogneur ». La Serdaigle, prudente, a pris une plus grande distance de sécurité. Je vois ma chance, et plonge en direction du tronc. Al fait de même après s'être lancé un sort hâtif de bouclier. Il est juste derrière moi. Un instant, je crois que ça va passer. Faire un virage autour de la base de l'arbre est périlleux, mais ça me fera gagner beaucoup de temps. L'arbre a attaqué le serpentard plus loin, et ses branches sont éloignées. J'entends Al' me crier de faire attention, il me lance un sort que je n'ai pas le temps d'identifier, et je vois une branche arriver de face. Je n'ai plus le temps de l'éviter, juste de minimiser le coup. Al' lance un juron. La branche heurte le sort de bouclier qu'il m'a lancé, le brise, mais ça suffit à me permettre de m'échapper. Je lance un regard derrière moi. Al' est contraint de faire un looping bizarre qui lui fait perdre de précieuses secondes, mais s'en tire aussi. Néanmoins, il a perdu trop de temps et n'est plus un danger pour moi. En revanche, je suis presque au niveau de la Serdaigle. Il me reste une bombe à eau. La plaine n'est pas totalement dégagée, car je vois encore un cognard rôder, mais il ne s'intéresse pour l'instant pas à nous. Je fais mon possible pour faire corps avec mon balais. La serdaigle me jette un coup d'œil. Elle m'a repérée. Elle semble néanmoins se concentrer sur sa posture plutôt que sur trouver un moyen de m'arrêter. Je suppose qu'elle n'a plus rien à me lancer. Il nous reste encore la moitié de la plaine à parcourir. Le cognard fonce sur nous. La fille l'évite avec aisance, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Heureusement pour moi, le cognard ne me cible pas, parce que je pense que je n'aurais pas pu l'éviter. La fille vole mieux que moi, mais je suis à rien de réduire l'écart et de la dépasser. Je pourrais presque la toucher. On arrive en vue de la ligne d'arrivée. Si je dois faire quelque chose, c'est maintenant. Je glisse une main dans mon sac pour attraper ma dernière bombe à eau. Je prends le temps de viser, et je la lance. Elle atterrit dans les cheveux de mon adversaire, ruisselant en bleu dans ses yeux. Le lancer me déséquilibre un peu, mais elle ralentit davantage que moi, de peur de heurter une tribune. Bien lui en prend, parce que nous les dépassons à l'instant, et qu'on les frôle. Je commence à la dépasser. Elle s'essuie les yeux d'un geste rageur. La ligne d'arrivée est là. Dix mètres. Elle remonte. Cinq. Je reste en tête, mais de très peu. La ligne est franchie !

Je fais un large demi-tour pour m'arrêter, et Arthur court vers moi pour me serrer dans ses bras « Tu as gagné ! ». Je cherche la Serdaigle des yeux, je vais peut-être enfin savoir qui sait. Elle se fait féliciter par le deuxième juge présent, et me regarde avec un air crispé. Je veux me diriger vers elle pour la féliciter, quand quelqu'un à moitié invisible franchit la ligne d'arrivée. Il se rend entièrement visible. C'est Ewald ! Je lui souris et on il me rejoint pendant qu'Arthur et le juge se reconcentrent sur la ligne d'arrivée.
« Tu as fait tout le parcours invisible ? Je demande à mon ami
-Oui, même si mon sort n'était pas parfait ça a suffit à ce qu'on me fiche la paix. Le pauvre Alphonse n'a pas compris d'où venait la bombe à eau qu'il s'est pris à la sortie du saule cogneur… » fait Ewald avec un sourire beaucoup trop satisfait, reflet du mien sans doute.
La serdaigle s'approche de nous tandis qu'un nouveau participant (la fille que j'avais vue près du tunnel) franchit la ligne d'arrivée, suivie de près par Alphonse. Nous applaudissons, et pendant qu'Alphonse ralentit j'en profite pour féliciter ma concurrente :
« Tu voles super bien, je ne t'aurais jamais battue dans une course traditionnelle ! Tu t'appelles comment ?
-Effectivement. » lâche la fille, un peu froidement. « Tu m'excuseras, mais je l'ai encore mauvaise pour cette bombe à eau. À dix mètres de l'arrivée, sérieusement ? Lily Potter, enchantée. Toi, tu es la fille qui traîne avec Scorpius et mes frères serviteurs du chaos, c'est ça ?
-Vivian Éris. Tu choisis un des prénoms, et tu oublies l'autre à jamais, sinon je passe à plus agressif que les bombes à eau. D'ailleurs, je suis désolée hein, mais à la guerre comme à la guerre.
-Je ne t'en veux pas vraiment, soupire mon interlocutrice, mais faut me laisser le temps de digérer. Tu voles vraiment bien pour une première année !
-C'est nôtre attrapeuse suppléante ! » Intervient Alphonse, qui nous rejoint avec un grand sourire aux lèvres. « Alors, miss Potter, je n'ai pas pu voir la fin de la course, qui a gagné ?
-Elle.
-Je sens comme un peu de tension dans l'air.. ?
-Bombe à eau à rien de l'arrivée, alors que jusque là j'avais fait un perfect. C'est assez frustrant.
-Je n'aurais pas pu la battre sans ça, je rajoute. Elle vole vraiment bien.
-Poursuiveuse chez Serdaigle depuis sa première année, maman prof de vol et joueuse professionnelle, et on ne présente plus son popâ » énumère Alphonse.
Lily lui donne un coup de poing sur l'épaule. Comme elle est plus petite que lui, ça a l'air un peu bizarre, mais elle ne retient pas son coup, et je ne suis pas sûre que la grimace de mon amie soit entièrement simulée. Elle me tend ensuite la main, que je serre, alors qu'elle conclut.
« Sois sûre de voler quand nos maisons s'affronteront au Quidditch. Je te battrai, et à la loyale cette fois. Et je t'appellerai Éris. Le nom de la déesse de la discorde sied bien à quelqu'un qui utilise des techniques aussi déloyales.
-Un plaisir » je fais, me fendant d'une révérence ironique
Lily s'éloigne avec un sourire en coin, se joignant à un autre groupe de participants qui vient d'atterrir et qui s'installe près de la ligne d'arrivée pour applaudir les suivants. Ewald pose sa main sur mon épaule et je me retourne, dissimulant au mieux ma tension.
« Fais moi voir ton pouce. Je ne suis pas aussi efficace qu'Arthur, mais je devrais pouvoir soigner ça. Et à moins que tu sois fan de ton nouveau look, je peux aussi raccourcir ces cheveux et ces ongles. »
Oh. J'avais oublié. La plupart des élèves font disparaître eux-mêmes les marques laissées par la course, mais pour moi c'est plus compliqué, je ne connais pas trop de sorts de soin, et mon sort de nettoyage n'est pas très performant. Sans parler des contresorts divers. Alphonse est en train de faire disparaître des pustules violettes de sa nuque par exemple, ce que je serais incapable de faire. Bref. Ewald me fait asseoir, et commence par me nettoyer, me débarrassant des marques de peintures et de tâches de sang. Il soigne ensuite mon pouce, que je ne sentais même pas à cause de l'adrénaline, avant de rendre à mes ongles et mes cheveux leur aspect habituel. Alors qu'il finit les soins, un Gryffondor que je reconnais pour l'avoir vu aux entraînement de quidditch arrive en criant :
« Les profs arrivent ! Les profs arrivent ! »

Alors qu'un vent de panique commence à souffler, Ewald place sa baguette sur sa gorge pour amplifier sa voix et dit :
« Seuls les membres du club de vol restent sur place. Les autres, dispersez vous et faites disparaître les preuves et vos balais ! Juges ! Que l'un de vous surveille la zone d'arrivée, Arthur, vu que tu peux soigner les blessés. Jared et toi, de gryffondor, occupez vous des piliers runiques. Hannah avec moi, on doit faire disparaître le tunnel ! »
Et juste comme ça, tout le monde se calme et s'exécute. Comme je fais partie du club de vol, je reste aux côtés d'Arthur, et je l'aide à faire disparaître la ligne enflammée de l'arrivée à l'aide d'un aquamenti. Il ne reste plus grand monde en jeu de toute façon. Peut-être trois ou quatre personnes, d'après Arthur, qui m'annonce que quatre ont été contraints à l'abandon dès le début de la course ou sur la plaine, sans compter les trois que le calamar a sortis.

Moins d'une minute après le branle-bas-de-combat, Ginny Weasley arrive en volant, suivie de près par Archibald Lewis, le concierge, et Séléna Magster, la prof de défense contre les forces du mal.
« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Demande la prof de vol, s'adressant au septième année responsable du club
-On a club, professeur. » répond il avec une pokerface admirable.
« On a vu depuis le château des gens se poursuivre et se lancer des sorts en vol. Donc à moins que le club aie bien changé, il y a plus que ça. Ne me prenez pas pour une imbécile !
-Oh, vous parlez sans doute des gens qui ont décidé de faire une course… Je n'ai pas bien vu qui s'est, mais un groupe de cinquième année a lancé une course poursuite avant mon arrivée, mais je ne sais pas trop de quoi il en retourne, vu que je ne les ai pas vu partir… »
Weasley soupire.
« ça fera deux heures de colle avec Archibald pour vous.
-Mais pourquoi, professeur ?
-Voyons voir… Je suppose que « me prendre pour une débile » n'est pas un motif réglementaire, donc nous dirons pour ne pas avoir empêché cette petite course dès que vous en avez eu connaissance, ni n'avoir prévenu de professeur. C'était irresponsable. Bien ! Vous autres, je suppose que vous ne savez rien ? » demande la prof, m'englobant dans son regard avec les trois quatre autres personnes présentes. Personne ne pipe mot. La prof dévisage Arthur.
« Tu ne fais pas partie du club de vol toi, pourquoi tu es là ? »
Connaissant les compétences désastreuses de mon ami en matière de mensonge quand il s'agit de se protéger lui-même, je réponds à sa place:
« J'essayais de le convaincre de s'enrôler, professeur.
-Oui, mais du coup c'est un peu trop animé à mon goût par ici, ajoute Arthur, nerveux.
-Qu'est-ce que vous voulez dire ?
-Ju-juste que je ne m'attendais pas à ce que des gens fassent des bêtises et à me faire interroger par un professeur lors de ma première séance. » bégaie mon ami, qui rougit un peu.
La prof soupire à nouveau, et ordonne à ses collègues de monter à balais et de l'aider à fouiller la zone. Je croise les doigts pour que personne ne débarque à ce moment là, et qu'Ewald ne se fasse pas choper. Après le départ des profs, on a un soupir collectif de soulagement, et Arthur s'excuse auprès du responsable du club, qui balaie tout d'un geste de main, affirmant qu'on s'en sort pas trop mal et que lui aussi s'est bien amusé pendant la course. Nous nous dispersons rapidement, histoire de ne pas être là si les profs reviennent pour poser plus de questions. Je me porte volontaire pour rester, histoire de pouvoir prévenir les éventuels participants restants si j'en croise. Comme je suis en première année j'aurai l'air plus innocente que les autres, et je fais partie du club de vol donc j'ai le droit d'être là.

Jusqu'au repas je ne vois plus grand monde, mis à part les profs au loin qui encadrent deux élèves, mais je ne peux pas voir qui à cette distance. J'espère juste qu'Ewald ne s'est pas fait prendre. J'en ai le cœur net au repas lorsque je retrouve mes amis à table. Personne ne s'est fait choper parmi nous. Nous décidons de nous retrouver au QG après le banquet pour pouvoir discuter tranquillement de la course. Une fois là bas, j'apprends qu'Ewald et les autres ont réussi à faire disparaître le tunnel à temps, et à se dissimuler dans la forêt interdite au passage des profs.
« Du côté des participants, la course a été un succès, déclare Arthur. Il y en a eu un qui est rentré dans les gradins au début, mais il n'a rien de grave, trois se sont fait attraper par le calamar, mais le seul blessé grave est un cinquième année de Gryffondor qui s'est pris un arbre à l'entrée de la forêt, les profs l'ont attrapé avec son meilleur ami. Il sera sous poussos toute la nuit.
-À ce sujet, interrompt Ewald. Vivian, je t'ai vue foncer dans la forêt, c'est là que tu m'as dépassée en fait. Tu allais beaucoup trop vite !
-Pas tant que ça, je proteste. Je sais voler, et je ne me suis pris aucun arbre. »
Le serpentard secoue la tête, mais n'insiste pas, sauf qu'Alphonse prend le relais.
« Et au saule cogneur ? Si je t'avais pas protégée, tu te serais au minimum fait casser des côtes. Même moi, je me suis mis un sort de bouclier!
-Tu as fait quoi ? Demande Arthur, l'air prêt à s'affoler.
-Et tu sais utiliser les sorts de bouclier en plus, rajoute Ewald. Très bien même pour une première année...
-J'y ai juste pas pensé, okay ? Je fais. Merci beaucoup Al', d'ailleurs, tu m'as sauvée.
-Ouais, bein ne refais pas de coup pareil. J'ai pas autant flippé depuis la tour d'astronomie. En parlant de trucs à ne pas refaire, Ewald, c'est toi que je dois remercier pour la bombe à eau en sortie du saule cogneur ?
-On ne peut rien te cacher » fait le serpentard avec ironie.
« La tour d'astronomie ? » Demande Arthur
Oh putain. Je sens que si je m'attarde je vais pas aimer la suite. Déjà, les reproches ont gommé beaucoup de mon amusement, et je décide de partir avant que ça ne s'aggrave.
« Je vais dormir » je coupe Alphonse, qui ouvrait la bouche pour répondre à Arthur.
« Il est même pas vingt heures, fait remarquer le poufsouffle.
-La journée a été mouvementée, au cas où tu n'aurais pas remarqué, je fais avec un sourire forcé. Et j'ai une douche à prendre. »

Les garçons me souhaitent bonne nuit, et je me hâte de retourner à ma tour. Je me lave sommairement avec un aquamenti (l'eau est froiiiide) et quelques sorts avant de regagner mon hamac pour dormir. L'un dans l'autre, c'était une bonne journée, la course d'obstacles était géniale. Mais j'ai peur que les autres commencent à remarquer trop de trucs. Ewald me fait flipper. Et demain, je vais chez Al'… J'espère que ça va bien se passer. Je malaxe mes bras pour me détendre. Ewald n'a pas vu ou pas eu le temps de soigner les blessures que j'ai reçues des branches que dans la forêt, et elles me brûlent.

« I was born to burn
Like a flame, high and bright
Fast and shiny light
Consume my bones, it's my turn

Cause I was born to disappear
I have no right to live
And no will to breathe
Death I will never fear »

-Extrait du carnet bleu de Vivian Eris-


Et voilà pour ce chapitre! Il s'en passe des choses, hein?
Il me tarde de savoir ce que vous aurez pensé de la course. J'ai pas su qui allait gagner jusqu'à la fin, Lily a failli y arriver! En plus en continuant à écrire j'ai réalisé que ç'aurait été super drôle qu'Ewald invisible gagne. Sauf que lui est pas suicidaire, et il a abordé la forêt plus lentement que Vivian. Alphonse a tracé, mais avec un sort de protection autour de lui. Vivian a gagné parce qu'elle a employé à fond les règles assez larges de la course, et qu'elle a pris de risques assez grands.

Le prochain chapitre s'intitulera "Je vais t'offrir un secret, Alphonse". J'ai en ce moment l'espoir fou de le finir en moins d'un mois, mais bon, faut que je l'écrive quoi. Et même si je finis vite, je publierai probablement pas (à part si je reçois plein de reviews qui boostent ma motivation et que je suis pas bloquée sur le chapitre d'encore après), mais voilà. Je suis contente! Les choses avancent. Et le prochain chapitre promet d'être sympa aussi.

Allez, jeu concours bonus, mettez moi vos prédictions pour le prochain chapitre: quel(s) secret(s) va révéler Vivian à Alphonse? Un drabble offert à la personne qui tombe le plus juste (si quelqu'un tombe juste).

Comment vous vous occupez vous sinon?

à la prochaine,

Kuro