Bonjour/Bonsoir à toustes!
J'espère que vous survivez bien au confinement.
Voici un tout nouveau chapitre que j'aime pas mal, j'avoue, en même temps on en apprend davantage sur le passé d'Ewald (c'est Tiph' qui va être contente), et il ne vous aura peut-être pas échappé que j'adore ce perso.
Et pis c'est pas impossible que ça termine sur un cliffhanger.
Les choses commencent à bouger!
(et ma motivation est assez haute, vu que là on entre dans les trucs les plus importants, que j'avais prévus depuis le début de la fic, le début du dénouement!)
Bref, je remercie à nouveau les quelques personnes qui se donnent la peine de me laisser des reviews, c'est vraiment ça qui donne envie de publier^^
(un peu d'indulgence au passage, j'ai fait ma relecture à 3h du mat et je suis crevée xD)
Sur ce, bonne lecture tout le monde!
Je me réveille tôt le lendemain de mon anniversaire. En même temps, avec la nuit pourrie que j'ai passée… En vrai ça faisait longtemps que je n'avais pas aussi mal dormi, à me réveiller sans cesse, hantée par les souvenirs, à pleurer à en perdre le souffle… Je me coupe à nouveau au réveil, et je me compose une façade neutre avant de descendre pour manger. Arthur et Ewald sont déjà attablés, mais le serpentard me tourne le dos. Le poufsouffle me voit, lui, mais au lieu de me faire signe comme il l'aurait fait d'habitude, il replonge son regard dans son assiette, et je me détourne pour m'asseoir à une autre table, sans trahir la moindre émotion. C'est marrant de voir que même si la douleur est atténuée, ça me touche quand même. C'est doux et amer, mais au final c'est une sombre satisfaction qui domine en moi : une part de moi est contente d'avoir eu raison, me dit « Tu vois bien que tout le monde t'abandonne, que tu avais raison de ne pas faire confiance. », mais ça fait mal, aussi, d'avoir eu raison. Néanmoins, je suis satisfaite de son choix, parce que c'est mieux pour lui, et que c'est mieux pour mes plans. Je me lève de table après avoir à peine grignoté quelque chose lorsque Alphonse arrive. Il rejoint les autres, et me jette un regard étonné lorsqu'il me voit sortir de la salle.
Comme je n'ai que histoire de la magie en deuxième heure, je cherche une distraction pour la première, parce que si je me laisse penser mes réflexions ne vont que tourner en rond. J'ai essayé de faire de l'occlumencie pendant la nuit, déjà, et j'essaye à nouveau, dans l'espoir de trouver quelque chose, mais je ne sais pas quoi, ou comment chercher, alors j'arrête vite, frustrée. Je sors du château, et je veux aller dans la forêt interdite, mais Hagrid donne cours à des élèves de cinquième année, et je n'ai pas envie qu'on me voie. À la place, je vais voler près du lac noir, rasant le sol pour éviter que des profs ne me remarquent. Je commence à peine à me relaxer un peu quand j'entends des cris. Le concierge m'a vu apparemment, et même si il est encore loin, il est en train de courir dans ma direction. L'adrénaline commence à pulser et je me pose derrière un petit bouquet d'arbres, évaluant mes options en une fraction de seconde. Je glisse en mettant pied à terre (le sol est humide, il a dû pleuvoir la nuit dernière), et étouffe un juron tout en me hâtant de miniaturiser mon balais. Ensuite, je me jette un sort de désillusion, pas très réussi, et me glisse dans un buisson de ronces, faute de meilleure cachette, en essayant de laisser un minimum d'empreintes. Je me dirige doucement dans la direction d'où va arriver le concierge, Archibald Lewis, parce que c'est là où il s'attendra le moins à me trouver. Il ne tarde d'ailleurs pas à arriver, et je me fige, tapie contre le sol. Il passe à côté de moi sans me remarquer, il est décidément beaucoup trop rempli d'énergie pour un mec de soixante ans. Il a sa baguette sortie, et, dès qu'il s'est éloigné de quelques mètres, je me remets à me déplacer, en direction du château. J'ai peur qu'il ne lance un sort de détection. Dès que je suis hors de vue, je cours à en perdre haleine, ne ralentissant qu'une fois en vue du château, au moment où mon sort se dissipe totalement. Je vois le concierge au loin, quadrillant la zone où je me suis posée. Ce n'est pas passé loin.
Je suis obligée de retourner me changer avant d'aller en cours, parce que mes vêtements sont maintenant pleins de boue. Et comme il faut que je laisse mes fringues dans mon dortoir pour que les elfes de maison les trouvent et les lavent, je me dirige vers la tour de Gryffondor, en me disant que si il n'y a personne je pourrais peut-être même m'offrir le luxe d'une douche chaude. Évidemment, les filles de mon dortoir y sont, parce que pourquoi seraient elles à la bibliothèque ou n'importe où ailleurs ? Faith me lance un regard venimeux quand j'ouvre ma malle (je la laisse au dortoir pour donner le change, et parce que je sais que mon mot de passe est sûr. J'ai presque tout ce dont j'ai besoin avec moi dans ma tour de toute façon), mais ne fait pas davantage. Heureusement, parce que je pense que ni elle ni moi n'aurions apprécié les conséquences.
Les cours d'histoire de la magie et d'étude du monde moldu se passent bien, on a un travail de groupe à faire et Scorpius et les autres m'intègrent sans trop de commentaires. Enfin, je pense qu'Eva n'est pas ravie ravie de me voir, mais vraiment, j'aurais pu tomber sur pire. Je discute même un peu avec Scorpius en chemin vers la grande salle de façon civilisée, parce qu'il a un doute sur un devoir de sortilèges, et je l'aide volontiers. Néanmoins, dès que nous arrivons à l'entrée, je le quitte, et je vais m'asseoir à l'endroit le plus tranquille que je puisse imaginer, à savoir l'extrémité presque déserte de la table de ma maison, côté profs. Ni Arthur, ni Ewald ne sont encore là, mais Alphonse arrive peu de temps après moi, et vient s'asseoir sur le banc en face. Il prend un air sérieux en me regardant, et je prie très très fort pour qu'il ne compte pas me parler de la veille. Évidemment, ma chance étant ce qu'elle est, c'est précisément ce qu'il s'empresse de faire. Il me demande, en français :
« Comment tu vas ? » Je me tends.
« Comme un jeudi ? » Mon ton est ironique et agressif à la fois. Il soupire, et reprend la parole
« On peut parler de ce qu'il s'est passé hier soir ?
-Il n'y a rien à dire .
-Ça, c'est ton avis sur la question, que je ne partage pas », rétorque Al' avec un air insolent. Il reprend son sérieux pour dire : « Mais il s'agit de toi, donc c'est ton choix. »
Je le regarde avec un brin de suspicion. Il va vraiment laisser tomber ? Je lui demande :
« Vraiment ?
-Oui, vraiment. J'attendrai que tu aies envie de m'en parler. Oh, bonjour Ewald ! » s'exclame mon ami, passant à l'anglais pour saluer le Serpentard qui arrive derrière moi. Il s'assoit à ma droite, prenant garde à ne pas former de faux plis sur son uniforme impecable.
« Vous parliez en français ? » demande le Serpentard. Au même moment, je sens le tiraillement désormais familier à la frontière de mon esprit, et je m'ouvre au lien que je partage avec lui. Pendant qu'Al' lui explique que sa mère était française, et qu'il a appris que je parlais français aussi, Ewald me demande par voie télépathique :
« Il est au courant pour toi ?
-Pas vraiment. Il sait juste que je parle cette langue, mais il ne sait pas comment je l'ai apprise » je réponds, de la même façon. Je sens l'assentiment d'Ewald qui se reconcentre ensuite sur sa discussion avec Alphonse, qui dérive sur le voyage. Je l'ignorais, mais apparemment Ewald parle allemand, et une branche de sa famille vient de là-bas, alors il a déjà eu l'occasion d'y aller. À un moment, je me demande où est Arthur, et je le cherche du regard. Il mange à l'autre bout de la salle, en compagnie de sa copine. J'ai un léger pincement de cœur. Ewald nous quitte assez vite, vu qu'il a arithmancie à treize heures, mais Alphonse reste avec moi, et je lui raconte mon aventure du matin où le concierge a failli me tomber dessus. Il rigole un peu, puis enchaîne sur des anecdotes sur ledit concierge. Les légendes de l'école racontent qu'il serait un ancien mercenaire, et même si je ne suis pas certaine de la véracité de l'affirmation, ça ne m'empêche pas d'être moins sceptique vis à vis de certaines histoires d'élèves surpris en pleine nuit hors de leurs dortoirs et, stupéfixiés ou plaqués au sol avant même d'avoir pu comprendre ce qui leur était arrivé. Il n'a pas l'air commode, l'Archibald. Et je commence à me dire que j'ai eu pas mal de chance, ce matin. Je reste avec Alphonse jusqu'à l'heure de son cours, et nous sortons du château ensemble, vu qu'il a soins aux créatures magiques. Il fait plutôt beau, et je décide de me trouver un coin tranquille pour lire un peu et faire mes devoirs en attendant qu'arrive le moment de rejoindre Ewald.
Il me rejoint à l'heure dite dans ma tour et nous nous dévisageons un instant en silence avant qu'Ewald ne laisse échapper un léger soupir et ne s'assoie, prenant soin de bien arranger ses vêtements pour ne pas les froisser. Le soin qu'il accorde à son apparence me surprend toujours. Je m'assois à mon tour en face de lui, comme la veille, dissimulant une grimace lorsque mes plaies au ventre d'hier se réveillent. Évidemment, ça n'échappe pas à Ewald. Il me regarde avec attention, et me dit :
« Okay, laisse moi te soigner s'il-te-plaît. »
Sa voix est soigneusement contrôlée, je le sens. Je caresse l'idée de nier, mais je doute que ça m'apporte grand-chose, et j'ai un peu la flemme de lutter contre lui, alors à la place je suis honnête :
« Il n'y a rien de grave, ce n'est pas la peine. On peut commencer plutôt ? »
Ewald tend la main vers moi et demande, d'une voix qui sonne un peu fragile, loin de son ton assuré habituel :
« S'il-te-plaît.. Si je ne peux pas t'empêcher de le faire laisse moi au moins faire ça. » puis il ajoute, d'une voix plus normale : « On commencera quand tu seras soignée. »
C'est une exigence. Je n'ai toujours pas envie de lui montrer mes cicatrices, mais je veux qu'on en finisse, et surtout qu'il arrête de remuer des choses en moi. Parce que oui, sa peine visible m'a touchée. Et parce que se battre ne servirait à rien. J'ai besoin de lui pour la légilimencie, alors autant faire ça au plus vite. Avec un soupir, je lui demande avec un brin de provocation :
« Le ventre, les bras ou le cou en premier ? »
Il tressaille légèrement, et comme un automatisme son masque impénétrable se remet en place.
« Le cou. »
Je lève mes glamours, et il soigne tour à tour mon cou, mes bras et les coupures que je me suis faites au ventre la veille. Seules ces dernières justifient un peu l'emploi de la magie, les autres ne sont guère que des égratignures déjà en bonne voie de cicatrisation. Pendant tout le processus, le serpentard ne dit rien, sauf en voyant les coupures au ventre. À ce moment là il dit juste, d'un ton neutre :
« C'est profond. »
Je ne commente pas. Je n'ose pas vraiment le regarder, sauf à la dérobée. Il a l'air concentré sur ce qu'il est en train de faire, et ne laisse transparaître aucune émotion. Une fois qu'il a fini, il range sa baguette.
« Pourquoi tu as fait ça cette fois-ci ?
-Parce que j'avais envie. On est pas là pour parler de ça.
-Très bien » lâche le serpentard avec froideur. Je me demande si mon rejet l'a blessé. Probablement pas. Il garde un instant le silence, soupire, puis reprend la parole.
« Alors. Tourne toi bien face à moi. Il va falloir que tu te relâches au maximum, et je vais utiliser notre lien pour entrer dans ton esprit, et essayer de déceler des irrégularités, chercher les empreintes du sort qu'on t'a lancé. Tout ce que tu as à faire, c'est de me faire confiance, et de garder tes murailles baissées. » j'ai un petit reniflement lorsqu'il prononce le mot confiance. Comment je suis censée faire confiance à quelqu'un au juste ? Mais je sais que je n'ai pas le choix. Ce n'est pas la même chose que de lui faire confiance, certes, mais le résultat devrait être le même. Je plante mes ongles dans mon poignet gauche pour me calmer. Sans faire de commentaire, la main d'Ewald décrispe doucement mes doigts et se referme sur ma main. Je ne la retire pas. J'ai envie de m'enfuir. Je me contente de répondre :
« Je ferai de mon mieux. » parce que c'est tout ce que je peux promettre. Ewald hoche la tête, et demande :
« Prête ? »
À mon tour, j'incline la tête.
Il ferme les yeux pour mieux se concentrer, et je fais de même après une légère hésitation. Je serre sa main plus fort, nerveusement, et je me force à baisser mes murailles. Sa présence envahit l'espace, comme encerclant mon esprit, exerçant une forme de pression constante, comme remplaçant mes murailles habituelles, et j'ai une envie viscérale de fermer mon esprit, contre laquelle je lutte. Forcément, Ewald le sent, et il essaye de me calmer, mais je ne peux m'empêcher de commencer à penser à tout ce que je ne veux pas qu'il voie, et je me rends compte que si j'y pense il va le voir et avant même que je n'y pense consciemment, j'ai reformé mes murailles et expulsé Ewald.
Je rouvre les yeux. Le serpentard est en train de se masser la tête de sa main libre (l'autre est toujours dans la mienne), l'air vaguement sonné.
« On ne va pas y arriver comme ça… Et je ne m'attendais pas à ce que tu puisses m'éjecter avec autant de force. Il y a vraiment des choses que tu as peur que je voie…
-Je suis désolée » je fais, un peu honteuse. « J'ai paniqué, je vais faire mieux. J'ai besoin de savoir ce qu'on m'a effacé.
-Tu ne me fais pas vraiment confiance » constate simplement Ewald
« Je suis désolée.
-Tu n'as pas à l'être, soupire Ewald. Mais en l'état actuel des choses, ça va être compliqué. »
Il me regarde dans les yeux, et je ne dis rien. Il semble réfléchir à quelque chose, et doit prendre une décision puisqu'il finit par dire, avec un brin de vulnérabilité dans la voix :
« Je ne peux pas te convaincre que tu peux me faire confiance et que je vais respecter tes secrets, mais je peux équilibrer un peu les choses. Secret pour secret.
-Tu n'es pas obligé. » je dis, même si je suis curieuse, parce que je sais à quel point le serpentard en dit peu sur lui-même.
« Je ne peux pas demander autant de toi sans que tu saches rien de moi… Et je te fais confiance. » ajoute il, après une légère hésitation. Je sens sa main se crisper un peu dans la mienne, et je comprends le poids que ça a, pour lui. J'aimerais lui dire que je serai digne de sa confiance, mais je n'ose pas le faire. Et je me sens malhonnête d'être là en sachant que bientôt je ne le serai plus, et de le laisser s'attacher à moi comme si ça pouvait durer. Il respire profondément, et dit :
« Suis nôtre lien. Je vais te montrer. »
Je fais ce qu'il me demande. Je traverse ses protections, la mer sans fond et le ciel en suivant le lien pour traverser le nuage qui cache l'accès à son esprit comme un écran de fumée. D'une pression sur ma conscience, il attire mon attention sur un souvenir, et je me laisse faire.
Y plonger est vraiment une expérience déroutante. Je ressens les émotions qu'il ressentait en vivant ce qu'il a vécu, et je vois par ses yeux. Il y a une certaine distance néanmoins entre moi et ses émotions, une sensation d'irréalité, et c'est sans doute mieux car Ewald, dans son souvenir, est bouleversé. Paniqué, même. Il est à la fois en colère et effrayé, il pense à sa mère. Il est jeune, beaucoup plus que celui que je connais. Sans pouvoir l'expliquer, je connais tout d'un coup son âge et la date du jour. Il a onze ans, et c'est la veille de son départ pour Poudlard. Il se trouve dans une grande salle à manger, au bout d'une longue table en bois massif. Une vieille dame est assise à côté de lui, au bout de la table. Elle est habillée dans la plus pure tradition sorcière. Ses cheveux sont rassemblés en un chignon strict et ses yeux bleus sont perçants. La grand-mère d'Ewald. Elle lui dit :
« Ce sera moi qui t'amènerai à la gare demain. Ta mère doit se reposer. »
Avec un calme qui me surprend un peu, parce que je sens les émotions intenses qui tourbillonnent en mon ami, le Ewald de onze ans répond :
« Je n'irai pas à Poudlard, grand-mère.
-Et pourquoi cela, jeune homme ?
-Mère a besoin de moi.
-Je m'occuperai de Rosemary. » annonce la grand-mère d'Ewald, adoucissant son ton. « Toi, tu iras à Poudlard, et tu nous rendras fières.
-Vous détestez mère ! »
Un instant, la vieille dame le dévisage, comme interloquée, avant de répondre d'un ton sec :
« Je ne déteste pas ta mère.
-Alors pourquoi êtes vous toujours méchante avec elle ? Si vous l'aimez, pourquoi a elle eu besoin de.. ? »
J'admire en moi-même le sang froid du jeune Ewald, parce que ses mots n'expriment pas le dixième du mélange de colère et de panique qu'il éprouve à ce moment là. Il pense à sa mère, et il est terrifié. Il a peur pour sa vie, mais je n'ai pas le temps de comprendre pourquoi, parce que sa grand-mère reprend la parole :
« Je pense que tu es assez grand pour savoir certaines choses... » elle s'autorise un soupir, et je sens la surprise de mon ami, qui n'a pas l'habitude de voir sa digne grand-mère montrer la moindre émotion. « Est-ce que Rosemary t'a déjà parlé de ton père ? »
Le jeune Ewald ne comprend pas trop pourquoi sa grand-mère lui pose cette question, mais secoue négativement la tête avant de répondre tout de même :
« Elle m'a juste dit que c'était un homme mauvais, et que c'est pour ça qu'il était en prison. »
La vieille dame en face de lui soupire à nouveau, avec lassitude, et il y a comme une étincelle de souffrance dans ses yeux.
« C'est plus compliqué de ça. Vois tu, ma fille n'a jamais voulu croire en l'importance d'être bien née, à la pureté du sang, elle le tient peut-être de feu mon mari qui dans ses vieux jours a commencé à s'intéresser à la science moldue -la vieille dame émet un reniflement méprisant- Quoi qu'il en soit, à la fin de la guerre, lorsque celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a été vaincu, ton père qui était l'un de ses partisans, est venu chercher refuge sur nôtre domaine. Nous étions restés neutres pendant la guerre, car je désapprouvais les méthodes du seigneur des ténèbres, à défaut de condamner son combat. Néanmoins, je suis toujours restée proche des anciennes familles, et ton père était bien né, et avait le même âge que ma fille. Ce n'était pas un monstre, bien qu'il suivait celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. J'ai accepté de l'héberger en pensant qu'il pourrait être un bon parti pour ta mère, une fois que toutes ces histoires auraient été un peu oubliées. Il a fait la cour à Rosemary avec empressement, mais ta mère ne voulait pas comprendre où était son intérêt, et a repoussé ses avances. Malheureusement, ton père a fini par être un peu trop entreprenant, et ta mère est tombée enceinte de toi. Ton père a voulu prendre ses responsabilités et a demandé ta mère en mariage. À ce moment là, il était parvenu à convaincre le magenmagot de son innocence, et était donc un parti acceptable pour Rosemary. Au lieu de ça, ta mère a choisi de le dénoncer aux aurors, et il est à Azkaban à cause d'elle. Elle a ruiné sa vie. »
La vieille dame s'interrompt brièvement, le temps de reprendre son souffle, puis conclut :
« Alors non, je ne déteste pas ta mère, et j'admets avoir moi-même des très grands torts, mais ta mère a condamné ton père a un sort pire que la mort. »
Elle laisse un instant à Ewald pour réagir, mais l'enfant ne dit rien, choqué par ce qui vient de lui être révélé. Je sens comme son esprit peine à appréhender l'énormité de ce qui vient d'être dit. La vieille dame semble comprendre, et se remet à parler :
« Quand tu seras à Poudlard, sache que certains s'attaqueront à toi à cause du nom de famille que tu portes. Je compte sur toi pour me faire honneur, et pour faire honneur à ta mère. Je suis fière de toi, et je sais que tu te montreras digne de ton sang. »
Ewald garde le silence un instant, et je sens la colère monter encore davantage en lui. Lorsqu'il parle, elle s'insinue dans sa voix comme un venin glacé :
« Vous avez ruiné la vie de mère, et vous pensez que je vais la laisser à votre garde ? Je ne comprends pas comment elle a pu rester à vos côtés pendant toutes ces années. Je comprends mieux pourquoi elle a... »
À nouveau, mon ami ne parvient pas à finir sa phrase. La vieille dame a un mouvement de recul, comme si Ewald l'avait frappée, mais se reprend vite. Elle semble sur le point de se mettre en colère, un instant, mais fini par dire, d'une voix brisée :
« Quelles que soient les erreurs de jugement que j'ai commises, Rosemary est ma fille, et je veillerai sur elle. Je ne te demande pas de comprendre, Ewald. J'ai fait mes choix, et ils n'étaient pas tous bons. Elle a fait les siens, mais elle reste ma chair. Tu iras à Poudlard, et tu feras honneur à la famille. »
Voyant qu'Ewald est sur le point de répliquer, elle ajoute :
« N'abuse pas de ma patience. Ta colère est légitime, mais je ne tolérerai pas davantage d'insolence de ta part. Maintenant, tu vas monter dire bonne nuit à ta mère, puis vérifier que toutes tes affaires sont prêtes pour demain. Nous partirons à dix heures du matin. »
Je sens l'éducation d'Ewald lutter contre sa colère et ses doutes, mais ce qui le décide, c'est le ton de sa grand-mère, et l'expression défaite de son visage. Son masque est tombé, et c'est ce qui décide mon ami à obéir. Il se lève sans un mot, laissant son assiette à peine entamée sur la table. Celle de la vieille dame non plus n'a pas été vidée. Ses bonnes manières le rattrapent alors qu'il atteint la porte d'entrée, et il souhaite à contrecœur une bonne nuit à son aïeule.
Le souvenir se termine, et, doucement, Ewald me fait sortir de son esprit, même si le lien entre nous est toujours actif. Je sens qu'il est triste, un peu, et qu'il a peur aussi. Que je le rejette ? J'ai envie de le prendre dans mes bras, à cet instant, mais je n'ose pas. Je ne devrais pas. Est-ce qu'il le ressent ? Malgré tout, avec hésitation, je tends ma main libre vers la sienne, et le contact se fait. Je m'attends à ce qu'il enlève sa main, mais il n'en fait rien, alors je la serre dans la mienne en même temps que celle que je tenais déjà. C'est tout ce que je suis capable de faire, mais je veux qu'il comprenne ce que je ressens, alors je laisse transparaître à travers notre lien un peu de ma compassion, de ma tristesse, et de mon envie de l'aider. De mon affection pour lui, que je ne peux nier malgré tout. Je ne le regarde pas, et nos mains restent jointes quand je prends la parole :
« Merci de m'avoir montré tout ça. »
Il ne répond pas tout de suite, mais il m'envoie par le biais de notre lien un sentiment de chaleur, comme pour me rassurer. Ses prochains mots viennent me conforter dans cette idée, parce qu'il me dit :
« Ne t'inquiète pas pour moi. C'est du passé, ça fait longtemps. Merci de m'accepter.
-Je ne pourrais pas faire autrement. » je lui réponds avec un sourire. « On peut s'y remettre maintenant, si tu veux. » je dis, parce que je sens qu'il ne veut pas s'étendre sur ce qu'il vient de se passer. Il me regarde dans les yeux, et hoche la tête.
« Okay »
Nos mains sont toujours enlacées, de façon confortable, et je me concentre sur cette sensation lorsque je lui ouvre à nouveau mon esprit. Cette fois ci, je réussis à réfréner ma panique lorsque il commence à « entourer » mon esprit pour l'examiner. La sensation est étrange. Je sens sa conscience former comme une bulle autour de mon esprit, à l'emplacement habituel de mes murailles, et il resserre ensuite un peu son emprise. Je parviens à rester calme, même si mes mains se crispent un peu. Finalement, la pression se relâche, et il dit à voix haute :
« Okay, on va essayer autre chose. Essaye de te remémorer ce qu'il s'est passé la veille au soir de ta perte de mémoire, puis on va dérouler tes souvenirs au fur et à mesure pour voir où ça coince. »
Je me tends, et Ewald le remarque tout de suite.
« Je vais voir ce que tu as fait, certes, mais tu n'es pas obligé de partager tes pensées, il faut que tu te concentres juste sur ce que tu veux me montrer, sur ce qu'il s'est passé, et de mon côté je dois me focaliser sur la façon dont se déroule ton souvenir de toute façon. Essaye juste de sauter les moments sous la douche. » me taquine il, et je sens que je rougis d'embarras.
« C'est juste que… Tu risques de voir des choses qui vont te déplaire.
-Comme quoi ?
-… des coupures » j'admets, à contrecœur. Ewald garde le silence un instant, puis a un sourire un peu triste.
« Je ne te jugerai pas, promis. Et je ne te ferai pas de reproches. »
J'ai envie de me mordre, pour me calmer, mais mes mains sont toujours jointes à celles de mon ami, et je ne veux pas les enlever. D'autant plus qu'il m'empêcherait de me faire du mal, sans doute. Alors, je me contente de serrer la mâchoire. Je n'ai pas envie qu'il voie tout ça, j'ai peur de laisser échapper quelque chose d'important, mais j'ai besoin de savoir ce qu'on a effacé dans mon esprit. Je repense au souvenir qu'Ewald vient de partager avec moi, et je hoche la tête. Il m'a fait confiance, il m'a confié des armes contre lui, d'une certaine façon, même si je ne m'en servirai pas, en contrepartie pour ce qu'il a appris de moi. Il sait déjà que je me coupe de toute façon, il sait que je suis morte… L'essentiel, c'est qu'il n'apprenne pas davantage sur mon passé, ou sur la façon dont je suis décédée. Et ce n'est pas en voyant ma journée qu'il le saura. Je dois juste me concentrer là dessus. Alors, j'ouvre à nouveau mon esprit et guide la conscience d'Ewald dans mes souvenirs.
Le mercredi soir… Les images commencent à défiler, comme de la même façon que d'habitude, quand je me repasse des souvenirs. Les images de moi dans la forêt interdite, d'un arbre que je grimpe, puis le moment où je décris des arabesques lumineuses avec un sort devant mes yeux, perchée au-dessus du vide à réfléchir. Je ne m'attarde pas sur mes pensées, j'essaye de ne convoquer que des images, et ça a l'air de marcher. Je sens l'esprit d'Ewald observer tout ça, et, paradoxalement, j'ai l'impression de capter plus de ses émotions qu'il ne capte des miennes, sans doute parce que sa conscience à lui est là, tandis que la mienne est tout autour de nous, et qu'il ne se concentre que sur les images que je lui montre. Les souvenirs sont une chose étrange. On parcourt en un instant plusieurs heures, en accéléré, parce que la notion du temps disparaît des souvenirs, seules les choses intéressantes restent. Mes deux heures dans la forêt interdite s'envolent en une poignée de secondes, donc, et on me voit voler vers le château, hésitant à l'entrée de la grande salle et faisant demi-tour en voyant Arthur attablé. Ensuite, il y a la vision de mes bras, alors que je me coupe, en pensant à Quentin. Je me concentre sur les images, repoussant les pensées, même si Ewald a dû capter le nom. Il voit aussi ma nuit sans sommeil, heureusement que c'est pas un des moments où je me suis un peu étranglée pour dormir, parce qu'il aurait pu se poser des questions. On se retrouve au lendemain matin. C'est étrange, parce que c'est pas forcément que des trucs dont je me serais souvenue en temps normal, mais avec la légilimencie et l'occlumencie à l'œuvre, je retrouve davantage de choses, comme si ça permettait de suivre avec plus de précision le fil de ma mémoire. Les souvenirs que j'avais des difficultés à me remémorer hier soir reviennent plus clairement à présent. Je me souviens de m'être levée pour retrouver Alphonse dans la grande salle, après un regard lancé à Arthur assis avec sa copine. J'ai reçu un colis de mes parents, ce qui m'a rappelée que c'était mon anniversaire. Sous la table, j'ai réveillé mes coupures en pressant dessus (je cache à Ewald du mieux que je peux les pensées qui m'ont traversé l'esprit à ce moment là. Les amis de mon autre vie. Ma mort. Quentin.). J'ai donné quelques biscuits à Alphonse, qui les a engloutis avec un grand sourire. Rien d'important n'est dit. Les cours de botanique et de sortilèges défilent à toute allure, rien à signaler de ce côté là, si ce n'est l'optimal que je décroche dans le cours de Flitwick, et le regard noir des filles de mon dortoir lorsque je passe à côté d'elles pour aller manger à midi. L'une d'elle me fait un croche patte, j'esquive et lance un sortilège informulé pour faire tomber son verre discrètement, et elle pousse un cri indigné, sa robe désormais rendue poisseuse par son jus de citrouille. Je sens l'amusement léger d'Ewald. Elle ne sait pas nettoyer ses vêtements elle même, elle est en première année après tout. Après le repas, je me vois aller en métamorphose, et c'est là que mes souvenirs commencent à être un peu plus durs à retrouver, un peu comme si j'essayais de remonter une pente sur une bâche couverte de savon.
Je force comme je peux pour essayer de retrouver des bribes de souvenirs, et je sens qu'Ewald « tire » avec moi, faute de meilleur mot, sur le fil de mémoire, et nous parvenons à avoir l'image des devoirs que donne Mac Gonagall à la fin du cours, puis impossible de trouver ce qu'il s'est passé ensuite. Le prochain souvenir à surgir dans mon esprit est mon arrivée dans la grande-salle, l'esprit embrumé. Je rouvre les yeux, Ewald aussi. Nos mains sont légèrement moites.
« Et bien, on a effectivement effacé une partie de ta mémoire. La façon dont ça a été fait est un peu étrange, il ne s'agit pas d'un sort d'oubli classique, en tout cas pas tout seul. Si on t'en a jeté un, c'en était un léger, qui explique la confusion de tes souvenirs… Je vais essayer d'examiner davantage la coupure dans ton souvenir maintenant. Tout ce que tu as à faire, c'est à te concentrer pour faire appel à ces souvenirs là, plus exactement les derniers que tu as, okay ? »
Je hoche la tête, muette, et à nouveau Ewald plonge sa conscience dans mon esprit. L'examen ne me paraît pas durer très longtemps avant que mon ami n'attire mon attention sur l'espèce de blanc qui voile mes souvenirs. Il me fait le « palper », à défaut d'un meilleur mot, et j'ai l'impression de me retrouver face à une muraille mentale, semblable à celle qui défend l'accès à mon cerveau. Mais elle a quelque chose d'étrange, une sorte d'énergie qui ne m'appartient pas. Je romps ma concentration en même temps qu'Ewald. Nos mains se séparent.
« Qu'est-ce que c'est ? »
Mon ami met un peu de temps à répondre, plongé dans une intense réflexion.
« Je ne sais pas exactement, admet il. On dirait que tes souvenirs sont retranchés derrière une sorte de barrière occlumentique, sauf que ce n'est pas toi qui l'a produite. J'ai senti l'énergie qui maintenait ce sort, et ce n'était pas ta magie. Ç'aurait été possible que tu aies accidentellement verrouillé une partie de ta mémoire, c'est le genre de choses qui n'arrive que très rarement, mais étant donné que tu es novice en la matière, si il t'était arrivé quelque chose de suffisamment traumatisant… Mais non, je ne sais pas si tu l'as senti, toi, mais il y a une autre magie à l'œuvre. »
Une vague de dégoût me soulève, et je dois pâlir un peu.
« C'était ça que j'ai senti ? »
Ewald hoche la tête, l'air inquiet.
« Sans doute. Je vais devoir faire des recherches, je n'ai jamais été confronté à ce genre de barrières auparavant, je ne sais pas comment l'ouvrir.
-Pourquoi ne pas faire comme tu ferais pour venir à bout de mon mur occlumentique ?
-J'y ai pensé, et c'est peut-être une solution envisageable en dernier recours, mais il est hors de question que je le fasse si il y a une autre solution.
-Pourquoi ?
-Parce que je ne sais pas quelles conséquences ça pourrait avoir sur toi, c'est très dangereux. Et qu'est-ce qui me garanti que la personne qui t'a fait ça n'a pas mis une sorte de « sécurité » contre ce genre d'effraction, qui pourrait détruire les souvenirs derrière ce mur, par exemple ? »
Je suis bien obligée de me rendre à la logique de ses arguments, alors je hoche la tête. Je ne peux tout de même pas m'empêcher d'ajouter :
« Ewald… J'ai besoin de savoir.
-Ne t'inquiète pas, je finirai bien par trouver de quoi il s'agit, j'ai une bonne d'idée de quoi chercher. Je te promets que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre tes souvenirs. »
Avec un manque d'à propos sidérant, mon ventre se met à gargouiller, et Ewald lance un tempus avec un léger sourire. Nous avons presque raté le repas. Ewald se relève, me tend la main, et je le laisse m'aider, pour une fois. Avant que nous quittions ma tour et que nous retournions nous mêler aux autres élèves, je lui dis :
« Merci. »
Il ne semble pas réagir, d'abord, mais je sais qu'il m'a entendu. Finalement, il hoche légèrement la tête, et nous nous hâtons dans les couloirs pour rejoindre la grande salle.
Ewald repère Arthur de loin et se dirige dans sa direction, mais il n'a gardé qu'une seule place à côté de lui, et je continue à marcher, ignorant mon pincement au cœur. Ce rejet affiché est un coup douloureux. Je suppose que j'aurais dû m'y attendre. Je m'assois un peu au hasard au bout d'une table d'où j'entends le rire d'Alphonse raisonner avec ceux du reste de l'équipe de Quidditch. Je suis surprise de voir Ewald s'asseoir face à moi, et ma confusion doit se lire sur mon visage, parce que le Serpentard soupire :
« Il va falloir que vous régliez votre problème, Arthur et toi.
-Tu n'es pas obligé de me tenir compagnie » je me contente de répondre. Je n'ai pas très envie de me lancer sur le sujet du Poufsouffle. Ewald secoue la tête avec un poil de lassitude, mais ne réplique pas, ce qui me va très bien. Il doit sentir comme moi que c'est assez d'émotions pour aujourd'hui. Je ne fais pas confiance à ma voix pour ne pas trahir mes sentiments, et à moi même pour ne pas m'énerver. Instinctivement, je renforce mes barrières occlumentiques, réprimant un hoquet de dégoût en repensant à la magie étrangère nichée dans mon esprit. Maintenant que je sais qu'elle est là, je la sens presque trop facilement. Je plante ma fourchette dans ma peau sous la table pour ne pas y penser. Lorsque je relève la tête, Ewald est en train de m'observer, sourcils légèrement froncés, et je retiens un grognement de frustration. J'ai besoin de mettre de la distance avec lui.
Dès que je peux, je m'esquive pour rejoindre ma tour en attendant le cours d'astronomie. J'ai très envie de prendre une bonne douche chaude, mais la simple pensée de toutes les abruties qui vont camper le dortoir me décourage. À la place, j'essaye de me concentrer sur mes devoirs, et finis par abandonner lorsque je constate que mes pensées ne font que dériver vers Arthur, Ewald et cette barrière dans mon esprit. Comme on ne peut s'empêcher de tâter une dent abîmée du bout de la dent, je ne peux m'empêcher d'y jeter un coup d'œil mental, ressentant à nouveau son énergie étrangère. Ça me dégoûte. Je me sens souillée. Je finis par craquer et je me coupe, avant de prendre mon balais impulsivement et de sortir du château aussi discrètement que possible. Je vole vers la forêt interdite, en restant à la lisière du bois à slalomer contre les arbres, jusqu'à qu'unz branche plus solide que les autres me fouette le ventre avec violence, me faisant presque tomber de mon balais. J'ai mal. J'ai envie de pleurer de frustration. Mais je suis obligée de me calmer, parce que c'est presque l'heure d'aller en astronomie. Je suis déconcentrée pendant tout le cours, au point que Scorpius le remarque, et il a la délicatesse de rattraper mes erreurs avant que le prof ne remarque mon inattention. Je sens qu'il a envie de me demander ce qu'il se passe, mais il n'ose pas, et bien lui en prend parce que je l'aurais envoyé paître. Quand le cours se termine enfin, je me hâte de regagner la tranquillité de ma tour.
Je n'arrive évidemment pas à dormir, ballottée de pensée en pensée comme un radeau dans la tempête. Le souvenir des mains d'Ewald qui étreignent les miennes, ses souvenirs qui m'ont touchée, et cette douleur de vouloir l'aider, tout en étant incapable de faire plus que de lui prendre la main. C'est comme si j'avais été paralysée, en quelque sorte. La simple idée de le prendre dans mes bras… J'en suis incapable. Je suis bien trop cassée. Et je n'oserais pas m'imposer à quelqu'un, même si j'avais pu supporter le contact. Ceci étant dit, c'est sans doute pour le mieux. Il se rapproche déjà trop de moi, il a déjà bien trop d'attachement envers moi. Il est issu d'un viol. Parce que c'est de ça qu'il s'agit, même si sa grand-mère ne l'a pas dit clairement. « Trop entreprenant »… J'ai une pensée pour sa mère, dont je ne sais presque rien, trahie par sa propre mère pour des histoires absurdes de sang. Comment a elle pu vivre avec ça ? Et Ewald, qui a appris ça à onze ans. Même si il n'a probablement pas tout compris à l'époque, il sait, maintenant. Il me semble comprendre un peu mieux comment il a pu devenir la personne qu'il est. Je me demande aussi qui est au courant. Personne à part Arthur, sans doute… Arthur… Il m'a blessée, mais je tire dans le même temps une satisfaction malsaine à l'idée de la distance qui s'est instaurée entre nous. C'est mieux pour lui. C'est mieux pour moi aussi, et pour mes plans. Je suis mieux seule, et enfin il va me ficher la paix. Je fais taire sans merci la voix qui me dit qu'il me manque, parce que tant pis pour ça. Je ne vais pas tarder à mourir de toute façon. Et, inévitablement, mes pensées dérivent vers cette magie étrangère dans mon esprit. Je fais le vide, autant que possible, me concentrant sur mes murailles, sur mon esprit, entrant dans une pseudo transe occlumentique, me focalisant sur cette magie, essayant de la cerner, de l'examiner sous tous ses angles. Je ne me concentre que là-dessus, mettant même de côté ma révulsion pour un instant, parce que j'ai besoin de comprendre, et de sentir tout le « terrain » qu'elle couvre.
Et je rouvre les yeux, horrifiée. Cette magie n'est pas présente que dans mes souvenirs de la veille. Dans mon esprit, dix petits points brillants, reliés entre eux, me bloquent une partie de chacun de mes anniversaires.
xxx
« Si je devais utiliser cinq mots pour me décrire ?
Hum
En marge (je sais, c'est deux mots mais bon), poète, vide, guerrière, paradoxale »
-SMS envoyé par Aurore Berger à Quentin Lemage le 30/06/07-
Et voilà pour ce chapitre!
Alors, vous en pensez quoi?
On en apprend pas mal, non?
Selon le nombre de reviews et le progrès de mon écriture, j'essaierai de revenir assez vite avec la suite, sinon vous allez rester sur ce cliffhanger.
Vous avez des théories sur l'effacement des souvenirs et la suite des événements?
Si je publie pas avant le mois prochain ou plus tard, joyeux Noël et bonne année à tous.
(mais si je réussis à aller vite, je pourrais même me synchroniser avec la période de l'année! Pas trop d'espoir, tho)
à la prochaine!
Signé: Une larve bleue
