Bonjour/Bonsoir à toustes!
Je sais, j'ai pas publié depuis des mois. Je sais, je vous ai laissés sur un cliffhanger. Pas cool, je sais.
J'ai eu à la fois pas mal de changements dans ma vie et pas beaucoup de reviews, un combo qui m'a pas aidé à écrire. Merci beaucoup à Lison Doute et à Tiph' pour leurs reviews :D
Je pense que le prochain chapitre ne mettra pas si longtemps à arriver, mais je ne promets rien, dans le doute. Mais normalement, c'est The Chapitre clé donc ça devrait être plutôt motivant pour moi à écrire.
Bref, vous avez déjà celui là à lire, et je ne vous embête pas plus longtemps. Bonne lecture, enjoy et review!
Le lendemain matin, je descends au petit déjeuner dans l'unique but de parler à Ewald. Il faut que je lui dise ce que j'ai découvert. Mais quand j'arrive dans la grande salle, il est déjà attablé avec Arthur. Le poufsouffle me voit sans doute, mais il fait comme si de rien n'était. Je combats mon envie de faire demi-tour, et m'assois du bout des fesses sur le banc à côté du Serpentard, interrompant involontairement la conversation des septième année.
« Bonjour, désolée de vous déranger » je chuchote rapidement. « Ewald, est-ce qu'on peut se voir vite fait quand t'auras fini de manger ? »
Il me regarde avec un air un peu surpris, et Arthur a l'air de se retenir de parler, mais pince les lèvres avec un air un peu dégoûté. Je tends mon esprit vers le Serpentard pour lui glisser :
« J'ai trouvé quelque chose de plus dans mes souvenirs. »
Il hoche la tête, et répond à haute voix :
« J'ai entraînement ce matin, mais on peut se croiser avant, je te retrouve dans quinze minutes aux portes du château, d'accord ?
-Très bien, merci. » Je me lève, j'ajoute : « Désolée pour le dérangement, bon appétit. »
Je m'apprête à partir, mais Ewald me demande :
« Tu ne manges pas ?
-J'ai déjà mangé.
-Vraiment ? » demande Arthur, prenant la parole pour la première fois sur un ton un poil agressif. Je m'éloigne en lui lançant un :
« Bein oui, hier soir » sur un ton faussement taquin. Je n'ai pas envie de manger. Je hoche la tête à l'adresse d'Alphonse qui est attablé avec trois gars de l'équipe, près de la sortie, et il me rend mon salut en souriant. Je ne m'arrête pas et vais m'asseoir devant le château, malgré le froid, en attendant Ewald.
Il arrive avant que les quinze minutes ne soient écoulées. Sans se concerter, on s'éloigne un peu du château. Nous restons debout, parce qu'il fait froid, et il me demande :
« Alors, qu'est-ce qu'il se passe ? »
Je ne me donne pas la peine de répondre verbalement, préférant à nouveau réanimer notre lien pour l'attirer dans mon esprit. Il suit le mouvement sans me poser de question, et je pousse ma découverte à la lisière de mon esprit. Je le sens prendre mesure de l'information, et chercher à ressentir par lui même l'étendue de mes souvenirs verrouillés. Je perçois sa surprise laisser place à de l'inquiétude et à un profond étonnement, mais je le sens aussi déterminé à comprendre de quoi il s'agit. Ça sera utile. Il est un peu pressé, alors je ne m'attends pas à ce qu'il reste bien longtemps, mais il prend quand même le temps de me dire :
« Tu l'as blessé, tu sais ? »
J'envisage de faire comme si je ne comprenais pas de qui il parlait, mais ça ne servirait à rien. Il parle d'Arthur, de qui d'autre ? Je contrôle tant bien que mal mon agacement de voir le sujet abordé.
« Je sais, mais je n'y peux rien. C'est mieux pour lui comme ça, tu peux me croire.
-Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
-Comme je t'ai déjà expliqué, je ne suis pas quelqu'un de bien. Je l'aurais fait souffrir, il souffrait déjà de notre amitié. Je ne peux pas lui donner ce dont il a envie, je dois me gérer et je n'ai pas besoin que lui vienne mettre le bazar en plus. Je sais qu'il est bien intentionné, et je l'aime bien, mais c'est justement pour ça qu'on ne pouvait pas rester amis.
-Je crois que tu n'as pas à décider à la place des gens ce qui est bon pour eux ou pas, surtout dans ce genre de cas.
-Je ne décide pas à sa place, je décide pour moi. Certes, je pense que c'est mieux pour lui aussi, mais si j'agis comme je le fais c'est avant tout parce que c'est mieux pour moi.
-Et pourquoi ce serait mieux pour toi de rejeter un de tes amis ? De t'isoler ?
-Peut-être que j'aime ça, tu y as pensé ? La solitude, la tranquillité, et la liberté de faire comme je l'entends. J'aime bien Arthur, mais il est trop invasif. J'ai l'habitude d'être seule, et je me sens davantage moi-même quand je le suis.
-À cause des secrets que tu portes ? »
Je prends une seconde pour répondre. Techniquement oui, y a de ça. En tout cas, pour ce qui est de me sentir moi même. À côté de ça, il y a ce mélange de volonté de protéger les gens et de protéger mes secrets et mes projets de suicide, choses qui peuvent toutes être accomplies par l'isolement. Je n'étais pas censée vivre maintenant, alors je n'aurais pas dû me mêler de l'existence de mes amis. Maintenant que le mal est fait, je dois réparer tout ça. Je me rappelle la question d'Ewald. Je hoche la tête en réponse.
« Tu sais, tu pourrais lui dire ce que tu m'as dit. Il ne te jugerait pas, au contraire. Tout ce qu'il veut, c'est t'aider.
-Je sais. Ça ne change rien. » je dis. Je me ferme.
Ewald a l'air mécontent. Il aurait sans doute insisté, si l'équipe de Quidditch de sa maison n'avait pas fait son apparition au loin à ce moment là, se dirigeant vers le stade. Du coup, il se contente de dire :
« Cette discussion n'est pas finie, Vivian. »
Puis il tourne les talons pour rejoindre son équipe. Je n'attends pas pour partir à mon tour, en direction du château. Je passe la matinée à faire mes devoirs à la bibliothèque, que je fuis en voyant Arthur et Cian arriver, et je m'entraîne à lancer quelques sorts dans une salle de classe vide.
J'arrive tôt au banquet à midi, et je réalise que je n'ai pas envie de parler à des gens, encore moins qu'Ewald ne réussisse à me coincer pour poursuivre notre discussion. Mais où aller pour avoir la paix ? Il connaît mon repère secret. Puis, j'ai la révélation. La salle sur demande. C'est le moment où jamais d'y entrer, vu que les profs vont être ici. Du coup, je récupère en douce de la nourriture dans mon sac et je me dépêche de sortir de la pièce avant qu'Alphonse ou Ewald n'arrivent.
En parlant de ce dernier, je l'évite de justesse en descendant vers la salle commune des Serpentard, alors qu'il en remonte, accompagné de sa capitaine d'équipe et de deux joueurs. Je me cache dans un couloir parallèle et je les entends parler stratégie tout en me dépassant. Je poursuis ma route et arrive à l'entrée du passage secret sans plus d'encombres. Je dois m'y reprendre à deux fois pour bien enfoncer le pied de la torche dans le trou qui déclenche l'ouverture du passage. Je finis par entrer, et je gravis les marches aussi vite que je peux, pressée d'arriver en sécurité.
Heureusement pour moi, les couloirs ont l'air déserts autour de la salle sur demande, et je passe trois fois devant les armures et leurs boucliers aussi grands que moi en pensant : « Je veux un endroit qui me plaise pour passer le week-end». Une porte discrète apparaît sur le mur. Je me glisse rapidement à l'intérieur et referme derrière moi. Je me retourne pour voir où j'ai atterri, et je reste un instant bouche bée.
La salle devant moi est très grande. Elle ressemble à une immense grotte vaguement carrée, au plafond de laquelle brillent intensément plusieurs orbes colorés. Leur lumière ne me brûle étrangement pas les yeux, même quand je les regarde en face. La première chose que je remarque, c'est le mur d'escalade assez grand qui couvre l'un des murs à ma gauche. Il suit la courbe des parois jusqu'à la voûte de la grotte et à ses pieds se trouve une piscine qui ressemble à une source secrète. En cas de chute du mur ? C'est absolument génial ! J'ai toujours voulu tester l'escalade au-dessus de l'eau, depuis que j'ai découvert que ça existait grâce à une vidéo youtube. Je remarque aussi deux plateformes au bout de la piscine, auxquelles on peut accéder par des échelles. L'une est à mi-hauteur, l'autre presque au niveau du plafond. Ça doit faire quoi, dix à douze mètres de haut ? Trop bien.
Le reste de la salle est sympathique aussi. Il y a plusieurs petites alvéoles dans la roche, chacune dédiée à une activité. Déjà, juste en face, il y a une sorte de vestiaire, avec une étagère et quelques vêtements de rechange (je remarque avec bonheur des chaussons d'escalade que j'espère à ma taille). À côté, une alvéole bibliothèque, avec quelques livres et un fauteuil à l'air très confortable. Une dernière alvéole comporte un lit d'apparence plutôt douillette. Enfin, une table en bois occupe la droite de la pièce, avec une chaise et un peu de matériel de dessin et peinture. Même la table est belle, à mon goût. C'est du bois brut, les pieds semblent être des morceaux de troncs qui ont poussé gracieusement pour soutenir le plateau qui paraît être leur extension naturelle.
Je prends le temps d'admirer la pièce (quelques secondes entières!) avant de céder à mon enthousiasme et de me précipiter vers le vestiaire pour examiner les chaussons. Ils sont usés, mais toujours en état de fonctionnement. Je me demande à quoi ressemblait l'élève qui les as abandonnés là, quelle a été son histoire. Mais je suis dans tous les cas reconnaissante qu'ils les aie laissés là, car il me vont bien. Moins que les miens, mais franchement, je n'ai pas à me plaindre. Je dégote dans le vestiaire un short de bain à ma taille que je décide d'enfiler. Il fait bon dans la pièce, et je veux tester ce mur d'escalade. Nager me fera du bien aussi, je pense. Je pose mes vêtements sur l'étagère, accompagnés de la baguette du pédophile. Je retire aussi mon poignard, mais je le prends avec moi pour le poser au bord de l'eau avec ma baguette. Je ne veux pas être trop loin d'eux. Je me demande si je serais capable d'utiliser un accio sans baguette pour faire venir ma baguette à moi, d'ailleurs. La question me distrait de mes plans d'escalade, et je fais quelques essais qui ne me mènent à rien. Qu'importe, je me pencherai plus tard sur cette question. Je sais que la magie sans baguette est compliquée et pour le moment j'ai un mur à grimper.
Je passe l'après-midi à m'amuser avec le mur, à grimper, à tomber et me prendre des plats, puis à sauter des plateformes. Au début, je crains que les prises ne soient trop glissantes une fois mes mains mouillées, mais je m'aperçois vite que le mur doit avoir une sorte d'enchantement hydrophobe qui chasse l'eau de mes membres au contact. Je nage aussi, quand je suis fatiguée. L'eau est chaude, et je pourrais presque m'endormir dedans. Je prends le temps de faire mes devoirs aussi, et d'écrire quelques poésies. Je vole un peu sur mon balais, mais la grotte est un peu trop petite pour vraiment m'amuser. De toute façon, je peux voler quand je veux à l'extérieur, mais moins souvent me baigner et faire de l'escalade comme ça.
Je passe le week-end entier dans la salle au final, gardant la notion du temps grâce à quelques tempus. Je dors plutôt bien, épuisée par le sport, même si mon esprit semble prendre un malin plaisir à me torturer dans des rêves où je revois Quentin, mon frère, le pédophile… Et même lorsque je m'amuse sur le mur je ressens toujours la magie étrangère dans mon esprit qui me cache mes souvenirs. Et puis, je repense à Arthur, beaucoup. Mes sentiments à son égard son tumultueux et mitigés. Je ressens à la fois de l'affection pour lui et de la colère, de la déception et une sombre satisfaction. J'espère qu'il m'oubliera vite. Il me rappelle Quentin. Je regrette d'avoir dû le blesser comme je l'ai fait. Je suis déçue, quelque part, que ça finisse comme ça. Je me serais attendue à plus de résistance de sa part, pas à cette hostilité. C'est bien comme c'est. J'essaye de m'en convaincre. Et Ewald… J'ai peur que lui aussi ne commence à m'agacer. Heureusement qu'Al', lui au moins, est capable d'accepter mes silences, même si une part de moi est déçue de ça aussi. Personne ne veut vraiment savoir, je me rappelle. Personne ne se soucie vraiment de toi, ceux qui pensent le faire font juste erreur sur toi. Ils n'ont aucune idée du monstre que je suis.
Dimanche soir, je suis contrainte de sortir de ma retraite pour retourner me mêler au commun des mortels. Je fais l'effort de me rendre jusqu'à la grande salle et m'installe au bout de la table des serdaigles. Je suis arrivée un peu en avance, et aucun de mes « amis » n'est encore arrivé. Arthur est le premier à faire son entrée, au bras de Cian, et il m'ignore pour s'asseoir à la table de ma maison. Je sais qu'il m'a vue. Ça fait moins mal que ça aurait pu. Je m'habitue. Al' est le prochain à arriver, et il se dirige droit vers moi, accompagné par le mec de l'équipe qui lui a servi de partenaire pour la chasse aux lucioles.
« Salut Viv' ! On ne t'a pas vu du week-end dis donc, t'étais où ? T'as raté l'entraînement samedi !
-Désolée, j'étais occupée à préparer mes plans de domina-optimisation mondiale. Et de toute façon, je suis remplaçante, ça doit bien m'autoriser à sécher régulièrement. J'ai pleine confiance en Jenkins pour ne pas se blesser avant le prochain match. »
L'ami d'Alphonse, Vincent Williams avale son jus de citrouille un peu de travers en écoutant mon excuse, amusé. Al' prend un air agacé avant de répondre :
« Je n'ai pas ta confiance. Si il continue à me pomper l'air comme ça c'est toi qui joueras contre Poufsouffle, en Février. Et il sera peut-être bien possible de me relier au malencontreux accident qui lui ôtera sa mobilité. »
Le rire de Williams éclate, bref et franc.
« Je serais bien prêt à te donner un coup de main, j'avoue.
-Qu'est-ce qu'il a fait cette fois-ci, cet imbécile ? » je demande.
Je n'ai jamais aimé Jenkins, entre son agressivité envers Ewald et la stupidité dont il a fait preuve au dernier match en nous faisant perdre le vif parce qu'il était trop occupé à se moquer des autres joueurs, mais d'habitude Al' est moins virulent à son égard.
« Rien de particulier en fait, je pense juste que la coupe est pleine avec lui. Il refuse d'écouter mes conseils, d'admettre ses erreurs, et il passe son temps à critiquer les autres, comme si il pouvait se le permettre… Il m'a vraiment saoulé hier !
-Vous étiez pas amis à la base ?
-Pas vraiment, soupire Al'. À l'origine, il m'avait aidé à entrer dans l'équipe quand je suis arrivé à Poudlard, parce que j'étais né moldu comme lui et que je l'ai soudoyé avec du coca, vu qu'on en trouve pas à Poudlard. Il était pas trop agaçant à l'époque, je pense aussi que c'était plus facile d'accepter son arrogance quand je la prenais pour de l'assurance… » grogne mon ami.
« Le problème avec Jenkins, c'est que c'est le genre de type qui est toujours à jouer avec les limites, et qui est toujours entouré. Mieux vaut éviter de l'avoir contre soi, soupire Williams. Pas parce qu'il est particulièrement redoutable, mais parce qu'il est redoutablement chiant, encore plus quand il t'a en grippe. »
Al' a un rire sec, et soupire avant de se tourner vers moi.
« C'est une description plutôt bonne… Quoi qu'il en soit, même si il n'a rien fait d'assez grave pour justifier une radiation de l'équipe, j'en ai vraiment raz-le-bol. Donc si il continue, tu joueras, et tant pis pour lui. Il a peut-être davantage d'expérience que toi, mais j'ose espérer qu'en match tu sauras te concentrer sur ton rôle plutôt que sur les partenaires sexuels de la mère de nos adversaires... »
Pendant que la discussion se poursuit, Ewald entre à son tour dans la grande salle, et lorsqu'il passe derrière moi je sens son esprit effleurer le mien.
« Tu vas bien ?
-Tranquille. » je réponds, de la même façon.
« La salle sur demande, c'est ça ? »
Je laisse notre lien transmettre une confirmation silencieuse en me demandant comment il a su. Il s'éloigne pour rejoindre Arthur, le tout a duré une fraction de seconde pendant laquelle j'ai pu aussi sentir qu'il s'était un peu inquiété, mais il ne commente pas.
Les semaines suivantes se passent sans incident notable, mes émotions troubles comme dans un brouillard. Je me lève, je vais en cours, je sèche au moins un repas par jour, je fais de larges sourires lorsque Scorpius ou Alphonse font des blagues, je me fends de rires tonitruants… Mais ce sont des façades, tout ça. Je suis vide. Je suis angoissée et révulsée par ces souvenirs scellés en moi. À un moment, Alphonse s'étonne de me voir brouillée avec Arthur, et je lui dis simplement que nos vues sont trop différentes, mais qu'il reviendra peut-être un jour. Je n'en crois pas un mot, bien sûr, mais l'important c'est juste d'avoir la paix. Ewald aimerait bien avoir une discussion avec moi, je crois, mais je m'arrange pour être très peu disponible en passant le plus de temps possible avec Al', et de temps en temps avec Scorpius et ses amis. Le serpentard sait très bien ce que je fais, je pense, mais il n'essaye pas de me forcer à tout prix à parler, ce qui est toujours ça de pris. J'ai bien conscience que si il voulait me coincer, il pourrait. Je prends la peine d'assister à un ou deux entraînements de Quidditch, pour contenter Al', mais même voler ne parvient pas à agiter la gangue morne d'indifférence qui enserre mon esprit. Je lui apprends aussi un peu à faire du bâton de feu à l'occasion. Le week-end, après l'entraînement, je me retranche dans la salle sur demande.
Mardi onze Décembre. Ça fait presque un mois que je sais qu'on m'a effacé l'esprit. Les vacances de Noël approchent. À la fin de la semaine, Poudlard sera désertée. Je n'ai pas encore décidé si je rentrais ou pas chez mes parents. J'ai reçu une lettre via Batman de ma mère enthousiaste, qui ne se doute pas une seconde de mon hésitation. Elle a apparemment invité la moitié de la famille chez nous pour fêter Noël, ce qui comprend mes trois cousins et cousines de son côté, et les quatre autres côté paternel. Je ne les ai pas vus souvent. Ils sont tous un peu plus âgés que moi, et mal à l'aise en la présence de leur cousine surdouée. Ils sont pas méchants, mais bon. Pas intéressants. Et ça fait beaucoup trop de monde, tout ça… Plus j'y pense, moins j'ai envie d'y aller. En même temps, rester à Poudlard… Pas grand-chose à faire. Je suis assez découragée et frustrée en pensant à mes recherches infructueuses, à toutes ces questions auxquelles je n'arrive pas à trouver de réponse. Changer de décor pourrait peut-être me distraire un peu au moins, et m'éviter la fatigue d'une confrontation avec mes parents qui ne comprendraient pas que je veuille rester ici.
Je suis tirée de mes réflexions par la vue d'Ewald, appuyé légèrement contre le mur du couloir que j'emprunte pour me rendre à la grande salle pour petit déjeuner. J'ai un pincement de cœur nerveux. Qu'est-ce qu'il fait là ? J'espère que ce n'est pas encore pour parler d'Arthur… Mais non. Il se rapproche de moi, et je comprends à sa mine encore plus sérieuse que d'habitude qu'il ne s'agit probablement pas de ça. Mon impression est immédiatement confirmée quand il dit, après qu'on se soit salués rapidement :
« J'ai fait toutes les recherches que je pouvais pour tes souvenirs… Je n'ai pas vraiment trouvé grand-chose d'utile… À priori, essayer de briser le brouillage par la force est la seule solution viable. »
Je ne manque pas son air pincé.
« Mais.. ?
-C'est risqué, Vivian. Je ne suis pas un novice complet, mais je suis loin d'être un expert. Je ne peux pas te garantir de réussir, même si je suis relativement certain d'y arriver, et je ce sera dangereux dans tous les cas. Et le problème, c'est que je ne sais même pas exactement à quoi m'attendre si je fais quelque chose de travers. Je pense être à même de nous éviter de perdre la mémoire, ou de bloquer des zones de nôtre esprit, je ne pense pas que les conséquences pourraient vraiment être gravissimes… Mais je ne peux pas le dire avec certitude. »
Je me fige. Est-ce que ça veut dire qu'il renonce à m'aider ? J'ai besoin de ça. Mais je ne peux pas lui demander de prendre des risques pour moi. Ce serait injuste. Il faudrait que je trouve un moyen de le faire toute seule. Peu importent les risques, si il n'y a que moi en jeu.
« Comment je peux faire pour briser la barrière toute seule, par moi-même ? »
Ewald me regarde avec une légère surprise.
« Toute seule ? Pourquoi ?
-Tu as raison, si c'est dangereux tu ne devrais pas prendre le risque. Mais j'ai besoin de savoir, et je ne peux pas faire confiance aux gens. Du coup, est-ce que tu penses qu'il y a un moyen pour que je puisse le faire ?
-Je n'ai pas dit que je refusais qu'on le fasse, Vivian. » fait calmement remarquer le Serpentard. J'ai une petite grimace embarrassée. « Je veux simplement que tu aies conscience des risques. Je sais que tu ressens un besoin vital de retrouver la mémoire qu'on t'a effacée, et je peux imaginer comment je réagirais dans une telle situation, à défaut de véritablement pouvoir comprendre. Je vais t'aider, si tu es sûre de vouloir prendre ces risques.
-Je suis sûre. Mais toi, tu veux vraiment le faire, alors que c'est dangereux aussi pour toi ?
-J'ai dit que je t'aiderais. Et j'ai confiance en mes capacités. Ce n'est pas une garantie, mais je pense que l'enjeu en vaut le coup, non ? »
Je me contente de hocher la tête en laissant échapper un « Merci. ». Une part de moi s'en veut d'accepter de le mettre en danger, mais comme il l'a dit, l'enjeu en vaut le coup. Je me dégoûte de faire ça. De l'utiliser. Mais je fais ce que j'ai à faire. Au moins, je sais qu'Ewald pèse toujours soigneusement ses décisions, ce qui atténue un peu de ma responsabilité dans l'affaire.
Il m'accompagne au petit-déjeuner, et nous commençons à manger seuls ensemble pour la première fois depuis des semaines. Nous en profitons pour fixer la date de l'intervention. Je veux que ça se fasse avant les vacances, et au début j'ai peur qu'Ewald refuse d'agir aussi vite, mais mes craintes sont dissipées quand il me dit qu'il a déjà eu toute la préparation qu'il pouvait espérer avoir, et qu'on pourrait régler ça vite. Nous nous décidons pour le jeudi en fin d'après-midi, à la place du club de vol. Il me prévient qu'il tiendra probablement Arthur au courant qu'on va tenter une expérience de légilimencie, sans lui donner de détails, par précaution. Je ne suis pas ravie ravie, mais je suis capable de comprendre qu'Ewald aie besoin de cette sécurité, et mieux vaut ça qu'un prof… Alphonse nous rejoint à mi-repas, et monopolise la conversation, ce qui m'arrange bien car je peux décrocher, hochant la tête aux moments stratégiques, mon esprit tournant à plein régime, concentré sur mes souvenirs manquants et le jeudi à venir.
xxx
« Si je pouvais ne jamais avoir existé, disparaître et que mon existence soit complètement effacée, je prendrais immédiatement cette offre. Cette simple idée m'emplit d'une telle soif, d'un tel désir. Mes mots sont trop faibles pour dire à quel point j'aspire à ça, à cet impossible là. Je n'existerais pas, je ne souffrirais pas, et ceux à qui je tiens ne seraient pas blessés par ma disparition, puisque je n'aurais jamais existé... »
-Extrait d'un carnet d'Aurore Berger, conservé par Quentin Lemage après sa mort-
Et voilà pour ce chapitre! Alors, qu'est-ce que vous en avez pensé? Et surtout, qu'est-ce que vous croyez va arriver dans le prochain?
Moi je sais... Gnehehehehemouhahahaha
Dramaaaa
Bref
Une bonne journuit à vous et à la prochaine donc, le plus tôt possible.
Kuro
