Salut tout le monde!

Je sais, ça fait un bail. En plus j'aurais pu publier ce chapitre il y a plusieurs mois, quand j'en étais à cinq pages sur mon fichier texte, et puis je me suis dit "non, on va avancer davantage quand même", et voilà donc 19 pages. Bref, je vous signale aussi que ce chapitre n'est pas relu, parce que je suis vraiment pas en état aujourd'hui.
Du coup enjoy, et merci encore à celleux qui reviewent, c'est vraiment motivant :)

J'ai l'impression d'avoir été plus explicite que d'habitude dans certaines descriptions vers la fin du chapitre, du coup TW automutilation particulièrement marqué, n'hésitez pas à sauter des passages si besoin.


Il faut quelques temps aux garçons pour comprendre que j'ai fini mon récit. Comme d'habitude, Alphonse est le premier à rompre le silence :
« Mais qu'est-ce qu'il s'est passé alors ? Comment tu t'es retrouvée dans ce corps ? »
Je n'ai pas envie de répondre et heureusement, avant que j'aie le temps de le faire, Ewald prend la parole tandis qu'Arthur étouffe tant bien que mal un nouveau bâillement.
« Il est tard. Je propose qu'on continue à discuter demain. Nous avons encore un certain nombre de choses à se dire, et beaucoup de choses à penser, okay ? »
Alphonse semble vouloir protester, mais un coup d'œil dans ma direction, puis celle d'Arthur, semble le calmer. Il répond plus posément que je ne m'y attendais :
« Comment on s'organise ? Je pourrais raccompagner Vivian à son dortoir, mais je n'aime pas l'idée de la laisser seule…
-Je dors ici. » je fais, sèchement.
« Alors je reste aussi ! » Intervient Arthur, à travers son demi-sommeil.
« Moi aussi dans ce cas, je pourrai rester réveillé si tu t'endors, répond Al'
-Je ne veux pas dormir avec vous, je fais.
-Après ce que tu as fait ce soir, je pense qu'on va se passer de ton avis, rétorque Alphonse. »

C'est même pas une question de mourir, pour moi. Mais juste, hors de question de dormir avec eux. Je ne pourrais pas me sentir à l'aise. Même si oui, j'ai passé mes vacances avec Alphonse, en dormant dans sa chambre, dormir avec trois garçons… Hors de question. Je m'apprête à rétorquer quelque chose, à essayer de lui crier que si il m'avait écouté il comprendrait, mais je n'en ai pas le temps. La main qu'Ewald avait utilisé pour m'empêcher de me faire du mal lâche la mienne, et il se redresse.
« Je reste ici pour dormir et surveiller Vivian. Vous deux, rentrez dans vos dortoirs et reposez vous, il faudra que vous soyez en forme demain. »
Alphonse a l'air de vouloir protester, mais le serpentard le réduit au silence d'un regard et d'une phrase :
« Il faudra qu'on se relaie dans les jours qui viennent pour qu'elle ne soit jamais seule, alors j'apprécierai que tu sois reposé quand je le serai moins. »
Le rouge et or serre les dents, mais acquiesce, glissant un regard désabusé vers Arthur dont les bâillements sont de plus en plus fréquents.
« Je vais le ramener à son dortoir… Dans son état, il risque de s'endormir devant la loge du concierge... »

Arthur proteste faiblement mais se laisse finalement entraîner par le rouge et or qui, maintenant que la décision est prise, déserte les lieux assez rapidement, non sans s'être une dernière fois assuré auprès d'Ewald qu'il pouvait vraiment nous laisser seuls. Je ne suis pas exactement satisfaite de mon sort, mais ça aurait pu être pire. Évidemment, je n'arriverai pas à dormir comme ça, même si il n'y a qu'une seule personne. Après tout, c'est encore plus facile d'agir impunément quand il n'y a personne pour nous en empêcher. Mais après… C'est Ewald, et même si je ne lui fais pas totalement confiance -j'en suis incapable- j'ai quand même partagé un lien mental avec lui. Ce n'est pas rien. La trappe se referme sur Arthur et Alphonse, me laissant seule avec le serpentard. Nous gardons le silence, et j'entends encore les pas des garçons qui quittent la tour, et le passage avec l'armoire qui se ferme.

Je ne sais pas quoi dire, ou quoi faire, mais je me sens un peu stupide à rester immobile sur le plancher. Je m'attends à ce qu'Ewald dise quelque chose, je le redoute aussi, un peu, je ne sais pas ce qu'il va faire. Je n'ose pas bouger tant qu'il ne dit rien. Il bouge quand tous les bruits causés par nos compagnons se sont éteints. Il vient s'asseoir face à moi. Il laisse échapper un long soupir.

« Je ne sais pas quoi te dire. »

Ce sont les premiers mots qu'il lâche, et je ne sais pas comment réagir. Depuis le début de la soirée, il a dirigé tout le monde, il a été ferme avec moi, et soudain, il sonne fatigué. Je relève la tête pour le regarder. Comme tout à l'heure, quand il m'a arrêtée, son masque est fissuré. Il a l'air perdu. Je devrais sans doute dire quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Comme lui en fait. Mais pour moi, c'est lui qui détient les réponses, pas moi, c'est donc à lui de parler. C'est lui qui a mon sort entre les mains. Il lui suffirait de dire un mot à Mme Pomfresh, à son assistant ou à n'importe quel prof pour me condamner. Il me regarde dans les yeux.
« Que tu aie fait ça… Que tu aies osé. Tu n'as pas idée... »
C'est rare de le voir à court de mots. Il enchaîne vite néanmoins, sa voix et son expression se faisant plus fermes.
« Je suis désolé. Il est tard. Je suppose qu'on devrait dormir.
-Tu vas parler de tout ça aux adultes ? »
Ewald a l'air brièvement surpris.
« Tu voudrais que je le fasse ?
-Absolument pas. C'est ma vie privée, c'est mes problèmes, c'est mon histoire.
-Je n'ai pas de raison de le faire pour l'instant. Par contre, ce ne sont pas tes problèmes seulement, ce sont les nôtres. Parce qu'il est hors de question que je te perde comme ça, ou que les autres te perdent comme ça, même si ces problèmes sont les conséquences de ton histoire à toi. Mais ce qui est sûr, c'est que je peux comprendre que tu ne veuilles pas que tes secrets soient exposés à la vue de tous. Ce ne sont pas les affaires de personnes qui n'ont pas de lien avec toi. »

Je suis surprise, et rassurée par sa réponse, même si son besoin de s'impliquer dans ma vie est un problème en soi. Mais sa façon de formuler ce qu'il pense d'en parler aux adultes, c'est la façon dont je pense.
« Mais je vais être honnête avec toi. Je pense que tu t'en doutes, mais si parler de tout ça à des adultes est la seule manière que j'ai de t'empêcher de mourir, je le ferai sans hésiter »
Une pointe de colère me transperce, en même temps qu'une incertitude douloureuse. Si il comprend ce besoin de tranquillité comme moi, alors il sait à quel point ça compte, et si il est prêt à le sacrifier, à quel point tient-t'il à moi ?

Le silence retombe brièvement entre nous avant que le Serpentard ne le rompe à nouveau.

« Arthur, ou surtout Alphonse, risquent de te poser d'autres questions demain, en particulier sur la magie qui t'a permis de survivre à ton premier suicide. Ça va être difficile de ne pas leur apporter de réponse… Je sais qu'Arthur saura garder le secret, mais je ne connais pas Alphonse suffisamment bien, et il est plutôt impulsif. Sauf que ce savoir pourrait être dangereux pour eux. On ne sait rien de cet homme, même si son visage me rappelle quelque chose. Si tu peux, évite de leur répondre tout de suite.
-Je ferai de mon mieux. »

C'est vrai qu'il y a ce problème là, qui s'ajoute aux autres. Putain, demain… Je me passerais bien d'y penser. J'appréhende déjà de revoir Arthur et Alphonse. Le seul espoir que j'ai réside dans le fait que les vacances commencent demain soir. Je crois bien qu'ils rentrent tous chez eux alors que j'ai dit à mes parents que je restais à Poudlard… Ce serait l'occasion de me débarrasser de la surveillance de mes amis... Mais j'imagine bien que ce ne sera pas si simple que ça. Peut-être qu'en faisant semblant de regretter mon geste.. ? Mais sans doute pas. Ewald ne sera pas facile à tromper, et après les événements de ce soir Arthur sera sans doute plus pot de colle que jamais. En parlant du Serpentard, il interrompt mes réflexions en déclarant d'un ton neutre mais plein de l'autorité dont il a déjà fait montre toute la soirée :

« Je pense que tu devrais aller dormir. »

Un rictus m'échappe. Comme si j'allais avoir le luxe du sommeil. Néanmoins, je juge préférable de suivre la suggestion et je fais l'effort de me lever pour me diriger vers mon hamac.
« Et toi, tu vas faire quoi ?
-J'imagine que je vais essayer de m'allonger aussi, quand j'aurai fait quelques vérifications. »
Je me tends :
« Je n'ai pas d'autre hamac à te proposer, tu le sais ?
-Ne t'inquiète pas, je ne suis pas mauvais en métamorphose. » répond Ewald d'un ton qui se veut rassurant. Il a compris ma peur, je le sais. Est-ce que ça le blesse que je puisse avoir peur de lui ? Si c'est le cas, il n'en dit rien. À la place il profite du fait que je m'installe dans mon hamac pour lancer quelques accio histoire de s'assurer qu'aucune lame ou arme n'a échappé à la vigilance de nos camarades. Ses sorts ne donnent aucun résultat, ce qui semble le laisser de marbre. Son regard parcourt ensuite la pièce rapidement alors qu'il ôte sa cape de sorcier.
« Je vais la métamorphoser en hamac pour la nuit, si j'ai de la chance ça tiendra » m'explique il. « Est-ce que ça te dérange si je m'installe à côté de toi ? »
Je suis un peu surprise qu'il demande mon avis, et je me contente de hausser les épaules. Il n'y a pas vraiment d'autre endroit où accrocher facilement un hamac. Et même si je sais que sa proximité risque de me tendre encore plus, je ne me donne pas la peine de l'exprimer. Ce n'est pas comme si j'allais pouvoir dormir de toute façon.

Il semble comprendre mon embarras, malgré tout, ou peut-être veut il me laisser un peu d'intimité, parce qu'après avoir transformé sa cape, il la fixe à un bon bras de distance de moi. Aussi loin que possible en gardant les bons encrages. Il s'installe avec précaution dans son hamac, prenant le temps d'enlever ses chaussures et de les ranger soigneusement, ainsi que de se lancer un rapide sort de nettoyage. Je le vois glisser nos baguettes sous lui, pour que je ne puisse pas les atteindre. Il ne m'adresse plus la parole, et ça me va. Je garde les yeux grands ouverts et je fixe le plafond. Je sais que je suis fatiguée, mais je ne peux pas échapper aux pensées qui tournent dans ma tête, entraînées par des tourbillons impétueux d'émotions violentes qui m'empêchent presque de respirer. Je revois en vrac le visage d'Ewald après qu'il m'aie stupéfixiée, la libération de ma lame contre ma gorge, le moment où il a perdu le contrôle de son occlumentie, les visages d'Arthur et d'Alphonse, leurs réactions. Comment je suis censée dormir ? La proximité d'Ewald ne m'aide pas à me calmer, en fait elle ne fait qu'augmenter la pression. Mes souvenirs me hantent, et je commence à suffoquer, mais il faut que je me calme, parce que sinon il va m'entendre. Je ne veux pas qu'il me voie dans ce état, je ne veux pas que quiconque me voie dans cet état. Mais plus je veux me calmer, plus je suffoque. Je me mords le poing aussi fort et discrètement que possible, et mes larmes commencent à couler. Si seulement je pouvais me couper. Si je pouvais être seule ! Malgré moi, je commence à me murmurer à moi-même « Ça va aller. Ça va aller. Ça va aller. ». Je sens que je commence à décrocher de la réalité. Je n'arrive plus à me contenir.

« Ça va ? »
Ewald se redresse dans son hamac. Je ne réponds pas.
« Vivian ?
-Vous auriez dû me laisser mourir » je halète. Je n'arrive pas à me retenir. Mes larmes coulent toujours et ma respiration devient de plus en plus forte.
« Si on a fait une erreur, c'est en tout cas pour moi de ne pas t'avoir confrontée plus tôt pour t'aider. »
Je ne me donne pas la peine de répondre. Je continue à lutter pour stabiliser ma respiration, pour me calmer, mais je n'y arrive pas. J'ai besoin de me couper. J'ai besoin de mourir. J'ai besoin de ne plus penser. Je sens la main d'Ewald saisir mon poignet, avec hésitation d'abord, puis plus fermement, pour m'empêcher de me mordre, puis il me prend la main, le bras tendu pour m'atteindre depuis son hamac.
« Laisse moi tranquille. J'ai besoin de mes lames. Donne les moi, s'il-te-plaît.
-C'est hors de question. » fait Ewald, d'une voix neutre.

Je me recroqueville mais je ne parviens pas à lâcher sa main, et je me hais d'avoir besoin de ça. De vouloir du réconfort, malgré tout. Doucement, le pouce d'Ewald commence à faire des cercles sur ma main, alors qu'il me chuchote qu'il est là, qu'il ne m'abandonnera pas, que ça va aller. Et je continue à suffoquer, à parler de mourir. Je lui hurle dessus qu'il ne peut pas comprendre, que je ne peux pas vivre alors que je suis brisée, que le viol m'a détruite ! Il continue à me parler doucement pour me réconforter, et je sens sa sincérité, je sais qu'il pèse ses mots. Et je continue à haleter, incapable de contrôler ma respiration plus de quelques instants, et je finis par le supplier de me donner mes lames, le supplier de me laisser mourir.
« Je ne te laisserai pas tomber, Vivian, Aurore. Ça va aller. Tu es en train de faire une crise de panique. Essaye de respirer en même temps que moi, d'accord ? »
Je ne sais pas si c'est vraiment une crise de panique, parce que je suis très consciente de tout ce qu'il se passe, mais j'essaye de suivre les directions du Serpentard. Je ne sais pas combien de temps nous restons comme ça, main dans la main dans le noir, alors qu'il respire fort pour moi en soufflant « Inspire… Expire… Inspire… Expire... ». Finalement, ça finit par marcher, et ma respiration s'apaise, même si mes larmes coulent toujours. À cet instant, un sentiment poignant de solitude m'étreint, et j'ai envie, tout d'un coup, qu'Ewald me serre dans ses bras. C'est presque douloureux. Il doit sentir que mon humeur a changé, parce qu'il me demande :
« Qu'est-ce qu'il y a ?
-Rien. » je fais, en essayant de retirer ma main de la sienne.
Il ne me laisse pas faire.
« Il y a quelque chose. Dis moi ce qu'il se passe.
-Je ne peux pas. »

J'ai envie d'un câlin, mais je ne peux pas l'admettre. Et j'ai peur du contact physique. Peur d'être encore plus pathétique aussi. Peur qu'il me fasse du mal. Peur qu'il me juge. Peur de le repousser, qu'il me rejette. Comme si assister à une de mes crises ne suffisait pas. Enfin, si on occulte ma tentative de suicide de la soirée aussi. Je n'ai pas besoin de ça. Maudit corps. Maudites envies. Saloperie d'esprit.

« Ça va aller, Vivian. Je ne vais pas te juger, tu sais. On est plus à ça près, non ?, fait il, non sans une certaine ironie. Qu'est-ce qui te bloque ? »

Je reste muette. J'entends la fatigue dans la voix du Serpentard, et moi aussi je suis épuisée, entre les révélations et les émotions. Pourtant il n'abandonne pas. Il attend que je lui réponde. Et puis, il finit par proposer, avec hésitation :
« On pourrait rétablir notre lien quelques secondes, si tu veux. Si tu penses que ce serait plus simple comme ça. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée après la journée qu'on a eue, mais si ça peut t'aider… Certaines choses sont difficiles à mettre en mots. »

Il a raison, et en même temps pas sur ce coup là. Parce que je pourrais simplement lui dire « Tu peux me faire un câlin ? », comme je le faisais avec Quentin, parfois, il y a longtemps. Mais je n'en suis pas capable. Et Ewald n'a pas l'air de se décourager. Et puis, avec ce besoin de chaleur est montée en moi une grande vulnérabilité, avec l'épuisement et mes émotions à nu. Alors, après un silence encore plus long, je finis par hocher la tête avec timidité, ouvrant mon esprit presque à regret à nôtre lien. Et je sais que mon ami ressent la honte, la peur, et un peu de toutes les émotions qui vibrent en moi. Il perçoit aussi ma question. Dans notre état d'épuisement, ses barrières à lui ne sont pas imperméables, et sans même essayer je ressens son inquiétude, sa volonté de bien faire, sa colère envers lui même et envers moi, son sentiment de trahison, et je perçois qu'il pense à sa mère. Je n'ai pas le temps de comprendre pourquoi, parce qu'après toutes les expériences de magie de l'esprit que nous avons eues aujourd'hui, notre lien est douloureux, et il rompt le contact assez vite.

Sans dire un mot, il descend de son hamac, et tend les bras vers moi, en un geste d'invitation qui me fait à nouveau douloureusement penser à Quentin. Je sais qu'il me laisse l'initiative du contact intentionnellement. Je sais qu'il a perçu ma difficulté à accepter un contact aussi rapproché, même si j'en ai paradoxalement envie. Mais à cet instant là, ce mouvement me rappelle mon amour disparu. Néanmoins, je descends doucement du hamac, et, avec prudence, je me colle contre lui. Ses bras se referment doucement autour de moi, et malgré moi de nouvelles larmes m'échappent. Le souvenir de Quentin est comme une plaie ouverte, et je n'ai plus été de mon plein gré dans les bras de quelqu'un depuis lui.
« Tu veux que je te lâche ? Est-ce que je fais quelque chose de mal ?
-Non ! Non, t'inquiète… C'est juste que… Quentin avait l'habitude de me faire des câlins. Il me manque. »
Quelques instants s'écoulent en silence, puis Ewald demande doucement :
« Tu sais ce qu'il est devenu ? »
Je m'écarte un peu de lui pour répondre :
« Je sais qu'il a eu son bac, mention bien. Et son profil linkedin indique qu'il est dans l'informatique. C'est tout. »

On s'assoit doucement sur le sol, moi toujours collée à lui qui doit sentir que j'en ai encore besoin. J'espère que je ne le dérange pas. J'ai un pincement de cœur d'avoir énoncé ces informations à haute voix, moi qui les ai gardé au fond de moi si longtemps, aperçus précieux d'une vie dont je ne serai plus l'actrice.
« Tu pourrais le retrouver, tu sais ? Quitte à respecter le secret magique, tu pourrais le revoir en prétendant être une enfant.
-Non, ce ne serait que plus douloureux. Être si près de lui sans qu'il me reconnaisse? Non. De toute façon, je ne voudrais pas non plus lui dire la vérité. Je n'appartiens plus à sa vie depuis longtemps. Si il se souvient encore de moi, une telle rencontre ne le ferait que souffrir. Si il ne se souvient pas, si il n'en a plus rien à foutre de moi, ce qui est probable, ça me ferait beaucoup trop mal. Juste l'idée de le voir est douloureuse. Et si jamais il en avait encore quelque chose à foutre de moi, comment je pourrais lui dire que je vais juste mourir à nouveau ? Non, c'est hors de question. Je ne veux plus parler de ça. »

Ewald n'insiste pas et nous demeurons quelques minutes en silence, ma tête posée sur son épaule, mon corps appuyé sur le sien, son bras qui entoure mes épaules et son autre main dans les miennes. Je me sens peu à peu glisser, j'ai des vertiges de fatigue et finalement je dois m'endormir, parce qu'à un moment je le sens vaguement me soulever et je me raccroche à son cou, comme une enfant. Il me dépose dans mon hamac et le sommeil me gagne définitivement.

xxx

Je me réveille péniblement à l'appel de mon prénom. Arthur est devant mon hamac, et je me redresse d'un coup. Je suis contente qu'il ne m'aie pas touché pour réveiller, mais je suis choquée de ne pas avoir senti sa présence plus tôt.

« Bonjour Vivian. Tu vas bien ?
-Bonjour… Où est Ewald ? »
L'ambiance est étrange, je me demande si il le sent aussi.
« En bas, il parle avec Alphonse. Comment tu te sens ?
-Fatiguée. Il est quelle heure ? »
Une fois n'est pas coutume, Arthur n'insiste pas et se contente de me répondre :
« Il faut qu'on descende manger maintenant si on ne veut pas rater le petit déjeuner. Et Vivian, on a pas le temps maintenant, mais il faudra qu'on discute. Tu dois t'en douter. »
Je soupire profondément avant de demander :
« Tu comptes rester là longtemps ? J'aimerais me changer.
Arthur rougit un peu et hoche la tête.
« Je vais te tourner le dos. Désolé, on ne peut pas prendre le risque que tu essaye de te pendre avec ton hamac ou je ne sais quoi. »

Je retiens la répartie cinglante qui me vient aux lèvres. Je veux qu'ils me foutent la paix. Qu'ils me laissent crever. Je me contente d'enfiler vite fait un tee shirt propre et de mettre mon uniforme. J'aurais bien voulu changer de sous-vêtements, mais je ne vais pas le faire avec quelqu'un à deux pas de moi. Quand j'ai fini, je le dis à Arthur et on descend par la trappe. Ewald et Alphonse relèvent la tête à notre arrivée, interrompant leur conversation. Même si son uniforme est impeccable, Ewald a l'air fatigué. Alphonse, quant à lui, affiche un air sérieux que je ne lui ai vu que la fois où on a parlé sur le toit de l'immeuble en construction, et qu'il me parlait de la difficulté de vivre à cheval entre les mondes moldu et sorcier.

Je suis tendue, fatiguée, et énervée. Je me contente d'affecter une profonde indifférence en laissant les autres prendre les décisions. Je réponds au salut des deux garçons, et je suis le trio qui me mène vers la grande salle, pour le petit déjeuner. En chemin, Ewald m'explique qu'Alphonse séchera les cours aujourd'hui pour rester avec moi. Je lui fais remarquer que j'aurai besoin de ma baguette pour mes cours et il hoche la tête, l'air fatigué.
« Je te la rendrai devant la classe, et tu me la rendras à la sortie.
-T'es sûr de toi Slide ? Intervient Al' avec l'air de penser qu'Ewald a perdu la tête
-Oui, répond il calmement. Je sais que Vivian ne fera rien que des gens pourraient voir. Ne serait-ce que parce que le risque d'être arrêtée serait trop grand. »

Al' ne répond rien à ça, même si il n'a pas l'air très convaincu. On finit par arriver dans la grande salle, et on s'installe tous ensemble à la table des Serdaigle, Arthur et Al' me faisant face, et Ewald à côté de moi, m'encadrant avec vigilance malgré la fatigue. Je ne tente rien, même si l'envie me tenaille de me couper. Je mange que lorsque je me sens trop surveillée, à petites doses. Je n'ai pas vraiment faim. Une pensée me traverse l'esprit, qui me réconforte un peu : les vacances sont ce soir, et même si je me suis pas inscrite pour partir dans ma famille, ce qui pour le coup m'aurait bien arrangée, je dois rester au château mais je doute que tous les garçons restent. Je suis à peu près certaine qu'ils doivent tous rentrer dans leur famille, et même si Alphonse pourrait peut-être y renoncer je doute fort qu'Arthur y coupe. Pour Ewald, je ne sais pas. Sa situation familiale a l'air pour le moins complexe et mystérieuse, et je sais très peu de choses autres que ce que j'ai appris dans le souvenir qu'il a partagé avec moi il y a quelques temps. Ce sera bien plus facile de mourir si ils ne sont pas tous là à me surveiller. Tout de suite après, une pointe de stress me brûle l'estomac. Si ils ont l'impression de ne pas pouvoir me surveiller assez, ils parleront sans doute aux adultes. Et alors là, difficile d'évaluer ce qu'il se passera, mis à part que je serai encore plus dans la merde. Dans le doute, je décide de faire aussi bonne figure que possible aujourd'hui, histoire de les rassurer. Je pourrais même leur dire à quel point parler avec eux m'a fait du bien, ou une connerie du genre, pour les tranquilliser… Dans cette idée, je prends sur moi pour ne pas me mordre ou essayer de planter mes ongles dans ma peau, au cas où, parce qu'Ewald le verrait peut-être.

Enfin le petit-déjeuner se termine et les septième année se dirigent vers leur salle de classe, non sans un dernier regard inquiet de la part d'Arthur. Je me retrouve seule avec Alphonse, et je réalise que je suis tout de suite un peu plus tendue. La présence d'Ewald m'apaisait un peu je crois, et le groupe me protégeait un peu des questions directes. Al' m'entraîne à nouveau vers ma tour, prétextant qu'il ne peut pas se permettre d'être vu dans les couloirs vu qu'il est en train de sécher les cours. Je le suis sans protester, vu que ça ne servirait sans doute pas à grand-chose et que j'ai pas vraiment la motivation pour ça. Je ne parle pas, même une fois arrivée à destination. Al' garde le silence aussi, au début, puis commence à tourner en rond, laissant échapper un soupir brusque en rompant le silence.

« Comment tu as pu faire un truc pareil et garder le silence comme ça ? »

Je lui donne un 2/20 pour l'originalité. Ensuite, je pèse brièvement le pour et le contre de lui apporter une réponse. Le connaissant, il va insister jusqu'à ce que je parle, alors autant gagner du temps, j'imagine.

« Je l'ai expliqué hier, il me semble. »

La crispation sur son visage indique qu'il hésite à me frapper. Je me demande ce que ça fait, d'avoir des émotions aussi vives. Ça fait bien longtemps que je ne ressens que la douleur pleinement. Et des pointes de rage, parfois, bien vite éteintes car rien n'en vaut la peine. J'observe avec curiosité le Gryffondor, curieuse de voir si il va céder à la tentation. Il se rapproche à grands pas colériques du mur le plus proche et y met un coup de poing. Pas au point de vraiment s'abîmer, mais suffisamment fort pour érafler ses phalanges. J'ai envie de me blesser, moi aussi. Je ne bouge pas. Finalement il s'assoit à côté de moi, à peine calmé, en laissant une trentaine de centimètres entre nous.

« Je ne vais pas supporter que tu joues au plus con avec moi, Viv'. Je ne sais pas quoi faire, okay ? Je ne sais pas quoi dire, j'ai peur de faire de la merde, et en même temps je suis tellement en colère contre toi ! Je veux juste une conversation honnête, okay ? Juste que tu parles, que tu répondes à mes questions. Parce que tu vois, je sais pas quoi faire, mais je sais que je dois faire quelque chose. Je sais que je ne veux pas te perdre. Et je sais que j'ai merdé un peu, aussi, parce que j'aurais dû comprendre plus tôt qu'il se passait des trucs. Je ne t'ai pas perdue, j'ai une chance de me rattraper alors tu peux te comporter comme une petite enflure autant que tu veux, j'aurai mes réponses. »

Je soupire, m'ouvrant un peu malgré moi devant son honnêteté.
« Tu n'as pas à t'en vouloir pour ça, j'ai fait en sorte de protéger mes secrets.
-Ne t'inquiète pas, ma culpabilité est bien contrebalancée par ma colère. Maintenant, tu vas accepter de me donner des explications ? »
Je soupire encore plus profondément, résignée.
« Arthur a vraiment une sale influence sur toi.
-Arthur ? Comment ça ?
-C'est lui qui passe son temps à me harceler pour des explications, d'habitude. »
Al' me donne un coup de poing, léger, amical, sur l'épaule.
« Très drôle. Tu réponds à mes questions, maintenant ?
-Tu veux savoir quoi ?
-Déjà pourquoi t'as rien dit, vraiment ? Pourquoi tu nous faisais pas confiance ?
-Parce que j'ai appris à ne faire confiance à personne. J'ai dit ce qui était nécessaire, mais je n'ai jamais prévu de rester en vie, tu vois ? Et une fois que je me suis attachée à vous malgré tout je ne voulais pas vous faire souffrir, donc j'avais cette raison en plus de me taire.
-Pourtant tu m'as dit quelques trucs, quand tu étais chez moi. Tu vas me dire que tu penses que t'as eu tort ?
-Bien sûr. Je voulais t'aider, je regrette pas nôtre conversation sur l'immeuble, mais j'aurais dû donner moins de détails.
-Tu parlais de Quentin, ce soir là ? »
Je suis un peu surprise qu'il se souvienne, mais je réponds, avec un peu de réticence :
« Oui. »

Al' garde le silence quelques secondes, comme sensible à la douleur qui monte en moi à la seule évocation de mon amour perdu.
« Tu sais, j'ai un peu gagné quand même, tu m'as fait assez confiance pour venir chez moi, même si derrière t'as manipulé les vérités que tu me donnais. »
Il dit ça avec un petit sourire railleur qui s'éteint lorsque je lui réponds :
« Pas vraiment, je me suis juste dit que c'était mieux que d'aller chez mes parents, ou de passer mes vacances à éviter les connasses de mon dortoir. Je dormais mal, parce que je me méfiais. Je me méfie toujours. C'est pas contre toi. Juste que je ne peux pas faire confiance.
-Mais pourquoi ? Aucun de nous ne te ferait du mal !
-Tu t'es déjà fait harceler à l'école ?
-Un peu, quand j'avais cinq ans. Y a des gens qui se moquaient de moi en m'appelant la grenouille, mais ça s'est calmé assez vite, parce que je traînais avec Lucian, et que je me suis fait des amis. Pourquoi ?
-Je sais pas si tu peux comprendre du coup, mais moi j'ai vécu ça toute ma première vie. Et du coup, peu importe où je me promène, ou que je me promenais, dès que des inconnus rient près de moi j'ai l'impression que c'est qu'ils se moquent de moi. Tu connais ce sentiment ?
-Je pense que je vois ce que tu veux dire. Ça me l'a fait jusqu'à ce que j'arrive à Poudlard, et même encore un peu, maintenant.
-Bah tu vois, la confiance c'est pareil. Peu importe que tous les signaux soient au vert, que je pense pouvoir faire confiance aux gens… Je pensais pouvoir faire confiance à mon frère tu vois ? Ou même à Quentin pour être là comme il l'avait promis. Et il n'a pas répondu présent. Je ne lui en veux pas, pour autant. Je sais que j'étais ingérable, et qu'il devait tout porter. Il fallait bien que ça cesse à un moment, et il m'a fait beaucoup de bien.
-Mouais, n'empêche qu'il aurait pu mieux gérer…
-C'est la seule personne qui m'aie aidé, il a fait ce qu'il pouvait. Je n'ai jamais voulu être sauvée, il a quand même essayé. C'était quelqu'un de bien. Enfin, c'est toujours quelqu'un de bien, j'imagine.
-Tu sais ce qu'il est devenu ?
-Pas vraiment. J'ai googlé son nom, de temps en temps, je sais qu'il a eu son bac et qu'il fait de l'informatique, mais c'est tout. Il n'étale pas sa vie privée sur internet, ou alors pas à des endroits auxquels je peux accéder.
-Et tu n'as jamais essayé de le recontacter ? T'en as jamais eu envie ?
-Non, j'ai pas essayé. J'ai eu envie, d'une certaine façon, parce qu'il me manquait, il me manque toujours. Mais tout le plan c'était de le laisser vivre sa vie. À quoi bon lui parler alors que je ne compte pas vivre ? On peut parler d'autre chose ? »

Al' semble un peu frustré, mais finit par lâcher :
« Très bien, très bien. Dans ce cas, explique moi comment tu t'es retrouvée dans ce corps ? »

La question était évidente et pourtant je l'ai pas vue venir. Je me souviens des recommandations d'Ewald, mais je ne suis pas sûre qu'Alphonse laisse glisser cette fois. Je pourrais mentir, mais je ne sais pas ce qu'Ewald va dire à Arthur, ou juste si je pourrai lui dire ce que j'ai dit à Alphonse, pour que nos versions concordent, même si j'imagine qu'avec notre lien je pourrais le prévenir. Je sens que le Gryffondor s'impatiente, alors je réponds péniblement :
« Je l'ai appris que très récemment, je ne comprenais pas non plus. Écoute, Al', t'as pas forcément besoin de le savoir, d'accord ? C'est une information qui pourrait être dangereuse, et Ewald m'a demandé de ne pas en parler pour l'instant.
-Il est au courant ?
-C'est lui qui a débloqué certains de mes souvenirs qui expliquaient le fait que je vive » j'admets, de mauvaise grâce. « Il est quelle heure ? » je demande, prise d'une inspiration soudaine. Al' lance un tempus rapide. Il est neuf heures vingt-cinq.
« Il faudrait que j'aille chercher mes affaires de cours pour tout à l'heure. Et idéalement que je me mette d'accord avec Scorpius et ses amis pour l'exposé qu'on doit présenter » je fais.
« Et Arthur, il est au courant lui aussi ? » fait Al' avec un accent blessé dans la voix que je ne comprends pas
« Arthur ? Non, il n'en sait pas plus que toi. De fait, il en sait même moins parce qu'il a toujours été trop intrusif. Pourquoi ? » je demande, un peu surprise
« Pour rien. Je veux bien attendre qu'Ewald nous rejoigne, mais je veux ces explications. »
Il soupire, puis se lève.
« On peut aller chercher tes affaires. »

Je n'insiste pas et je le suis. Comme c'est Alphonse, je finirai bien par comprendre ce qui lui a pris, si jamais c'est important. Nous faisons quelques détours pour éviter la salle de DFCM où Al' est censé être à cette heure-ci et rejoignons sans encombre la salle commune, peu peuplée à ce moment de la journée. Al' me retient par le bras alors que je m'engage dans l'escalier menant à mon dortoir. Je me dégage tout de suite, mais m'immobilise.
« Attends moi.
-Comment tu comptes monter ? Les escaliers sont enchantés
-Tu vas voir. » répond le Gryffondor avec un sourire espiègle.

Il lance un homnium revelo en direction du plafond, et prend un air satisfait lorsque le sort révèle mon dortoir désert. Il lance un rapide coup d'œil à la ronde ensuite, pour voir si quelqu'un fait attention à nous, puis il sort son balais de sa poche en lui rendant sa taille normale avant de l'enfourcher, se laissant soulever à quelques centimètres du sol. Il se dépêche de s'engager dans l'escalier, qui, contre toute attente, ne se transforme pas en toboggan. Il me fait signe de le suivre et je m'exécute, résignée. Je ne peux donc pas avoir deux minutes seule ? Pas qu'ils aient tort, hein. Dans le sens où j'aurais pu me tuer si il m'avait laissée seule dans le dortoir. Enfin, j'aurais pu me couper au moins, vu les sorts qui protègent les élèves je n'aurais pas pu mourir sans doute.

Je déverrouille à contrecœur ma malle devant mon ami, qui m'entend chuchoter le nom de mon amour perdu. Il me surveille de trop près pour que je n'ose récupérer une de mes lames, malheureusement. Une fois que j'ai fini, nous redescendons, moi avec un peu d'avance pour éviter qu'on le surprenne sortant de l'escalier menant au dortoir des filles. Nous quittons la salle commune sans encombre. Le temps de faire tout ça il est presque l'heure de mon cours, alors Al' m'accompagne à ma salle de classe. Ewald et Arthur nous rejoignent quelques minutes plus tard, très peu de temps avant le début de mon cours. Comme il y a beaucoup d'élèves dans le couloir le serpentard m'amène un peu à l'écart pour me rendre ma baguette.
« Comment tu te sens ?
-Parfaitement bien » j'ironise
« Je compte sur toi pour me dire si il y a un problème pendant ton cours. » fait Ewald, en pointant sa tempe. Je sens le tiraillement qui indique qu'il cherche à entrer en communication mentale avec moi.
« Je serai là au cas où
-C'est trop demander qu'on me foute juste la paix ? Madame Aster n'est pas un monstre, tu sais ?
»
Ewald me transmet des sensations mêlées de vague amusement et d'inquiétude, et me laisse partir dans ma salle.
« J'aimerais que tu ne me fermes pas la communication pendant ton cours », ajoute il alors que je m'assois avec Scorpius et ses amis. Je retiens un soupir. Ça va être ingérable.

La prof commence son cours et je détourne les questions de Scorpius qui me trouve un air fatigué. On n'a pas d'exposé à rendre pour cette heure-ci, et la prof fait un cours sur les différentes traditions de Noël, sorcières et moldues en demandant à chacun de participer à tour de rôle. Je m'acquitte vite de ma tâche, soulagée de constater qu'Ewald n'est tout de même pas trop présent, même si ça me met les nerfs à vifs de l'imaginer de l'autre côté du mur de la salle de classe, attentif aux sentiments que je pourrais laisser filtrer. J'ai envie de me couper. Je fouille ma trousse, au cas où j'aurai laissé une lame à l'intérieur, mais ce n'est pas le cas. Je prends un crayon et plante méthodiquement la pointe dans mon poignet, encore et encore (oui, je ne suis toujours pas convaincue par les ustensiles d'écriture magiques). Je me fais la remarque qu'elle pourrait être plus pointue, et je réalise d'un coup qu'il y a une lame sur mon taille crayon.

Je prends mon temps pour ne pas que Scorpius ou ses amis ne remarquent ce que je fais, et me débrouille pour dévisser lentement la lame de mon taille crayon. Je prends soin à ne pas laisser transparaître dans mon lien mental la pointe de motivation qui m'aiguillonne. Enfin, je dégage la lame et je la glisse doucement sous la table, l'essuyant contre mes vêtements avant de la laisser glisser sur ma peau. Je remonte aussi haut que je peux sur mon bras, et je me coupe enfin. Mon soulagement est immédiat. La tension reflue alors que le sang afflue à la surface, et je prends une profonde respiration.
« Vivian, il se passe quelque chose ? »

Et zut.

« On est en train de voir les traditions de Noël moldues, c'est assez drôle de voir les sorciers en train de parler du père Noël » j'improvise. Il a dû sentir mon changement d'humeur. Dès lors, je fais bien attention à garder le contrôle de ce que je laisse filtrer par le lien.

Le reste de l'heure se passe tranquillement, je me coupe un peu plus puis je revisse ma lame à sa place, en espérant que ça la mette hors de portée d'accio. Ensuite, je réfléchis : j'aimerais cacher mes plaies, mais je ne peux pas vraiment relancer un glamour sans désactiver l'ancien avant. Ça marcherait peut-être, mais ça puiserait davantage dans ma magie et je ne peux pas trop me le permettre, en plus les sorts pourraient peut-être entrer en conflit… Heureusement que j'ai eu la présence d'esprit de me couper à un endroit un minimum discret, mais ça reste pas optimal. Je réfléchis un peu à désactiver mon sort, mais mon cou est exposé aux regards, et Scorpius remarquerait sans doute que je me sers de ma baguette. Je n'arrive pas encore à lancer de sort complètement informulé. Au final, je laisse les choses en état. C'est le moins risqué. Quand je sors de la salle Ewald et Arthur sont toujours là, même si Alphonse a disparu. Apparemment il a décidé d'aller en cours cette heure-ci histoire d'éviter de prendre trop de risques. Les septième année m'escortent jusqu'à la salle d'histoire de la magie, marchant avec moi un peu à l'écart de mon groupe, ignorant les regards curieux que notre trio attire. Scorpius salue Arthur en souriant, et le poufsouffle lui rend son bonjour. Nous ne parlons pas pendant le trajet, mais je sens que mes compagnons ne me quittent pas des yeux, ce qui a le don de m'exaspérer.

Le cours d'histoire de la magie se déroule sans encombre. Une vingtaine de minutes avant la fin Ewald utilise notre lien pour communiquer rapidement avec moi, m'informant qu'il me laisse seule parce qu'il a un truc à régler, s'assurant que ça ira pour moi, et précisant bien qu'Arthur reste là au cas où. Je lui assure qu'il n'y aura pas de problèmes, et lorsque le cours est fini je rejoins le Poufsouffle qui m'entraîne vers la grande salle.
« Ton cours s'est bien passé ? » demande il avec aménité
« J'ai survécu. », je fais avec ironie. Arthur tressaille.
« Je préférerais que tu évites ce genre de blagues pour le moment. »
Il lance un regard autour de lui, l'air de vouloir ajouter quelque chose, mais renonce en voyant la quantité d'élèves qui nous entoure. Il soupire.
« Il faut vraiment qu'on aie une discussion tous les deux, et bientôt. »

Je ne dis rien, me retenant de lui faire remarquer que c'est ce qu'on est en train d'avoir, parce que je sais pertinemment que c'est d'une conversation sérieuse qu'il parle, et que je crains qu'il réagisse mal à mon trait d'humour. Nous finissons le trajet en silence et rejoignons Alphonse, déjà attablé chez les Poufsouffle. Ewald nous rejoint une dizaine de minutes plus tard, toujours impeccable, et les garçons lèvent vers lui un regard plein d'expectative.
« C'est bon ? » demande Alphonse avec impatience.
Ewald hoche la tête de façon affirmative et Arthur laisse échapper un léger soupir de soulagement.
« Vous comptez m'expliquer ce qu'il se passe ? » je demande, d'un air vaguement intéressé.
« On en parlera juste après le repas, d'accord ? Demande Ewald
-Pourquoi pas maintenant ?
-Parce que je ne suis pas sûr de ta réaction, et je pense que toi comme moi préférerons pouvoir discuter tranquillement. » répond le serpentard avec franchise.

Je me mordille la lèvre. J'ai envie d'insister, mais j'imagine qu'il ne me répondra pas. Je me demande de quoi il s'agit. J'imagine que ça me concerne. Est-ce qu'il a parlé de ce qu'il s'est passé à quelqu'un ? Quand même pas. J'espère pas. Je me dis que je peux lui faire confiance, mais en même temps c'est précisément à chaque fois que j'ai pensé ça que j'ai été trahie. Je commence à paniquer un peu, même si je garde un visage impassible. Je glane des informations sur les expressions de mes voisins de table. Arthur a juste l'air soulagé, une mine que partage Ewald, j'ai l'impression, en étant attentif. Al' a l'air impatient et agité, mais il se contient et garde le silence. C'est dommage, parce que j'aurais pu avoir des indices. Mais en vrai, je n'ai même pas envie de faire l'effort d'essayer. Si ils m'ont déjà trahie, je n'y peux rien. Si ils comptent le faire, je me débrouillerai pour les empêcher ou pour mourir avant. J'ai toujours ma lame de taille-crayon, à défaut de ma baguette qu'Ewald me demande de lui rendre assez rapidement.

Je mange peu, juste assez pour ne pas me recevoir de remarque lorsque Arthur ou Ewald me surveillent. Dès que nous avons tous fini de manger, nous partons dans notre QG, le serpentard voulant me parler avant mon cours d'arithmancie. Les autres nous suivent, évidemment. Une fois qu'on est arrivés, le septième année prend la parole :
« Tu vas venir passer les vacances de Noël chez moi, Vivian. J'ai parlé au professeur Longdubat, il n'y a pas de problème.
-C'est gentil de m'inviter mais je préférerais rester au château.
-J'aurais préféré te laisser le choix, Vivian, mais je suis obligé de rentrer chez moi pour les vacances, Arthur aussi, et Al' est censé aller en France.
-Oh mais tu sais, je n'ai pas peur de rester seule au château.
-Ne te fous pas de nous, Vivian ! » Intervient Arthur. Je soupire
« J'imagine que si je ne viens pas, vous irez tout raconter à madame Pomfresh ?
-Exactement ! » fait Arthur, toujours remonté.
« Vous avez quand même conscience que ça va vite devenir chiant, votre histoire ? J'ai besoin d'un minimum de vie privée, vous savez ?
-Si on te dérange tant que ça, on peut aller à l'infirmerie maintenant, en ce qui me concerne il n'y aucun problème. » répond sèchement le Poufsouffle. Les autres ne disent rien, mais je sais bien qu'ils sont tous d'accord. Je crispe mes poings.
« J'irai chez Ewald. » Et je trouverai bien une façon de m'échapper pour me tuer, je complète à part moi.

La tension reste présente dans la pièce, mais je sens que les autres se détendent légèrement. Ewald nous quitte rapidement pour aller à son cours d'arithmancie, son esprit effleurant le mien au passage. J'accepte la connexion de mauvais gré, et il me transmet :

« Je suis désolé de te forcer la main comme ça, c'est la seule solution acceptable que j'ai trouvée pour l'instant. On discutera tout à l'heure. »

Je ne me donne pas la peine de répondre. Une fois que le septième année a disparu en fermant la porte doucement derrière lui, il y a un petit moment de flottement, puis Arthur propose d'initier Al' au dominaris. Étant donné que c'est une option préférable à une discussion sérieuse, et qui a le mérite de passer le temps, je me plie au jeu sans protester. Pour une fois que je ne serai pas celle qui comprend le moins ce qu'il se passe, j'imagine que je devrais en profiter…

Je me concentre pour ne pas penser au fait que je vais encore être sous surveillance, que je vais devoir aller chez Ewald. Je me distrais de tout ça quelques temps en pensant à ce dernier. Je n'ai aucune idée de ce qui m'attend, parce que je n'ai aucune idée d'à quoi ressemble sa vie en dehors de Poudlard. Je ne sais ni où il habite, ni avec qui. Peut-être sa grand-mère que j'ai vu dans un de ses souvenirs ? Ces questions m'occupent jusqu'à ce qu'Arthur nous quitte pour aller en cours. Nous regagnons alors ma tour, histoire d'être tranquilles et d'éviter qu'Alphonse se fasse choper en train de sécher les cours (même si ça m'aurait arrangée, il ne va pas gentiment se faire attraper). Aux environs de ce moment là, le stress commence à monter en moi de plus en plus. J'ai peur de me retrouver seule avec Ewald, même si j'ai un peu confiance en lui. J'ai peur de rester sous surveillance jusqu'à ce que mes amis ne trouvent plus de solution et me dénoncent. J'ai besoin de me couper. Je me frotte le bras à l'endroit où se trouvent mes plaies du matin, pour raviver la douleur. Ça ne me calme pas. Al' me pose moins de questions que ce matin, mais il essaye quand même de faire la discussion avec moi, et finit par remarquer qu'il y a un problème.
« Viv', qu'est-ce qu'il t'arrive ?
-Rien. Je fais, sèchement. Je vais bien.
-Je crois que je t'ai déjà dit ça ce matin. Ne me mens pas. Surtout quand c'est aussi évident que tu vas mal, putain. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
-J'ai envie de me couper. »
Al' semble un instant déstabilisé, puis répond :
« Pourquoi ?
-Parce que ça me soulage.
-Déjà, ça c'est débile, mais ce que je veux dire, c'est pourquoi tu veux te couper, qu'est-ce qui a déclenché ton envie ?
-Pourquoi tu trouves ça débile ?
-Parce que je vois pas en quoi te blesser t'aiderait à aller mieux. Tu vas juste avoir mal, je vois pas ce que ça t'apporte.
-Pourtant tu sais très bien que ça sert.
-Comment ça ?
-Quand tu es en colère, il t'arrive de taper dans des trucs, non ? T'as fait ça ce matin. Pourquoi tu fais ça ? Qu'est-ce que tu ressens à ces moments là ? »
Al' se tait un instant, surpris.
« J'imagine que ça m'aide à me calmer. Mais c'est pas la même chose !
-Si, c'est exactement ça. Ça aide à se calmer. C'est juste que moi, taper dans des trucs me soulage à peine. Pareil quand je me mords. » je fais, joignant le geste à la parole.
« Hé ! Arrête ! » me crie Alphonse, faisant deux pas vers moi.
« Pourquoi ? C'est rien ça. » j'enlève néanmoins ma main de ma bouche, pour éviter qu'il se sente obligé de me toucher. « Tu veux que je sois honnête ? Si tu veux que je reste en vie, me laisser me couper est une bonne idée. C'est comme ça que j'ai survécu, tu crois quoi ? C'est la seule chose qui me calme, c'est une façon de tenir, c'est une alternative au suicide. »

Al' ne répond rien, pour une fois à court de mots, du moins temporairement. Je croise les bras, me laissant glisser au sol depuis le mur auquel j'étais adossée. Je crispe mes mains sur mes bras, « réactivant » les coupures à gauche, essayant de me calmer. Ça va aller. Ça va aller. Ça va aller. Il est hors de question que je parte en vrille devant Alphonse. Déjà la nuit dernière avec Ewald était de trop. Alphonse s'assoit près de moi en soupirant. Sa voix est plus douce quand il reprend la parole.
« Ça t'aide vraiment de te couper ? Tu peux essayer de m'expliquer ce que ça fait ? Et surtout, tu n'as pas d'alternatives ? »
Comme il fait un effort et a l'air d'être à l'écoute, je décide de lui répondre honnêtement. En plus, ça pourra me distraire un peu, si j'ai de la chance.
« Ça fait beaucoup de questions… Si ça te dérange pas je vais répondre un peu dans le désordre. »

Il hoche la tête, alors je continue.

« Des alternatives… J'ai tout ce qui me fait mal mais qui n'est pas une coupure, comme taper dans les murs ou me mordre, mais j'imagine que tu ne pensais pas vraiment à ça… » Je prends quelques secondes pour me préparer à ce que je vais dire, et puis je continue : « Quand j'étais encore Aurore, parler à Quentin me soulageait parfois. Et surtout, si on était ensemble et que j'allais mal, il avait pris l'habitude de me faire des câlins. C'est la première personne dont j'ai souhaité le contact après ce qu'il s'était passé avec mon frère. C'est la première personne à qui j'ai fait un câlin, et c'est avec lui que j'ai réappris à supporter le contact physique, même si c'était surtout le sien. Ça me faisait tellement de bien… Et ça faisait tellement mal quand il ne pouvait pas être là. Après ça m'arrivait de me couper quand même, bien sûr, mais je le faisais moins. Je faisais des efforts pour ça aussi. Mais bon, maintenant non, je n'ai plus d'alternatives. Pour tes autres questions, oui, me couper m'aide. Des fois, je n'arrive pas à penser parce que toutes mes pensées vont dans le même sens, et la seule façon de m'extraire de la spirale, de m'apaiser, c'est ça. Me couper, ça me sert à m'ancrer dans la réalité. Ça peut avoir d'autres fonctions aussi. Je m'en sers pour me punir des fois, quand j'ai fait ou dit des choses que je n'aurais pas dû. Et ça me sert à exprimer ma souffrance quelque part, même si personne ne le voit, ça me soulage comme ça. Je me hais des fois, et c'est un bon exutoire. Ça me permet de patienter au lieu de me tuer sur le champ… Je crois que c'est tout ce qui me vient à l'esprit pour le moment. C'était quoi ton autre question ?
-Qu'est-ce que ça te fait, de te couper ?
-Tu veux dire, qu'est-ce que je ressens quand je le fais ? Physiquement ou mentalement ?
-Les deux, si ça te dérange pas d'en parler.
-Bah du coup mentalement je t'ai pas mal répondu. Mais en gros quand je me coupe ça fait pas vraiment mal, surtout au début, après les coupures à tendance à brûler un peu. D'abord quand je coupe ça me soulage parce que je le fais, et je bois mon sang, souvent, j'aime le goût qu'il a. Après, quand ça commence à brûler ça m'apaise à cause de la douleur.
-Tu es masochiste ?
-Pas du tout, j'aime pas souffrir. Mais dans certains cas la douleur soulage. »

Comme la brûlure à mon bras gauche que je continue à triturer. Je ne peux m'empêcher de m'imaginer où je pourrais me couper. J'en ai tellement envie. La voix hésitante de mon compagnon me tire de mes réflexions tentantes.
« Tu crois que ça pourrait t'aider si je te faisais un câlin ? »
Je le dévisage, surprise. Alphonse ? Me prendre dans ses bras ? Il a l'air vraiment soucieux, son impulsivité presque envolée devant son sérieux, alors je prends le temps de véritablement considérer son offre.
« Je ne crois pas, désolée. Je ne veux pas te blesser, mais j'ai peur que ça me fasse plus de mal que de bien même.
-Tu as peur de moi. » son affirmation sonne comme un constat.
« Pas exactement, je ne contrôle tout simplement pas ça. Je ne supporte pas le contact physique.
-Mais tu comprends que je puisse pas te laisser te couper, non ? » fait-il, avec un accent désespéré dans la voix.
« Pourquoi pas ? Ça me ferait du bien pour une blessure négligeable. En y pensant rationnellement, je peux te garantir que la douleur physique serait bien moindre que la douleur mentale, et en plus participerait à soulager la première. »

Je ne lui dis pas que je comprends, parce qu'en vérité je ne le laisserais pas se couper, si nos rôles étaient inversés. Je tais le fait que j'aie conscience que je ne devrais pas me couper. J'en ai trop envie, trop besoin pour être pleinement honnête avec lui. Qui sait, peut-être qu'il pourra me laisser me couper, juste un peu. Une sombre pointe d'espoir point en moi, mêlée de sentiments compliqués et fascinants, j'ai envie de jouer, et j'ai désespérément envie qu'il me laisse faire.

« On va essayer d'éviter quand même, hein ? Fait Al' avec un faux ton de blague. On devrait sans doute parler d'autre chose, faut que tu penses à autre chose. »

Et juste comme ça, l'espoir retombe, et je me sens déçue malgré moi. Qu'il change juste de sujet, alors que j'avais l'impression qu'on parlait de quelque chose de vital. Comme si ce n'était pas si important. Comme si je pouvais ignorer le chaos dans mon esprit qui appelle à un soulagement. Al' commence à parler de blagues qu'il a faites à Von Saxen ou à Urgalt, selon les matières où il avait besoin de points, tout en racontant d'une façon qui m'aurait sans doute tiré un vrai rire en tant normal la façon dont l'un et l'autre ont pu faire payer à mon ami pour ses mauvais tours. Maintenant que le Gryffondor parle sans que j'aie vraiment besoin de répondre et réfléchir, mon esprit recommence à vriller. Je repense à mes souvenirs. Je repense à tous les endroits où ma lame pourrait se poser. Je réfléchis à toutes les façons dont je pourrais me tuer sans sortir de la pièce, si il n'y avait pas ces fichus sorts pour empêcher la mort des élèves. Il y a peu de matière, mais je trouve quand même plusieurs options. Je pourrais me pendre avec mes vêtements. Je pourrais me servir de ma lame de taille-crayon pour me trancher la jugulaire ou les bras, même si les bras seraient moins efficaces. Je pourrais plonger de ma trappe tête la première pour me rompre le cou. Je continue à triturer mon bras gauche, mais le soulagement que j'attends ne vient pas. Je me mords discrètement. Pas assez, j'imagine, parce qu'Alphonse s'interrompt dans son monologue.
« Arrête ça Vivian, s'il-te-plaît.
-Alors laisse moi me couper. Ça ira mieux après, je te jure !
-Ça va aller, Viv', dans quelques heures on sera dans le train, ça te fera du bien de quitter Poudlard.
-Mais tu comprends pas que c'est précisément ça le problème ? Je veux juste crever moi, pas être surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! Tu crois que ça me rassure de partir chez Ewald ? Le seul moment où je suis en sécurité, c'est quand je suis seule !
-On peut pas te laisser crever ! Tu crois que ça nous fait plaisir de te foutre la pression comme ça ?
-Je sais, je suis désolée. Je sais. Je débloque juste, j'ai besoin de me couper. S'il-te-plaît, juste trois traits. Pas plus. S'il-te-plaît.
-Comment je peux me dire ton ami et te laisser faire un truc pareil ?
-Je sais que c'est dur, mais c'est vraiment la seule chose à faire pour que j'aille mieux. Et c'est un truc que les amis font, non ? Aider les autres à aller mieux ? T'es même pas obligé de regarder ce que je fais, je te promets que je me tuerai pas. De toute façon, le château a des sorts pour empêcher les élèves de mourir. Tu peux me faire confiance. Mais j'en ai vraiment besoin. »

Al' serre les poings, en lève un vers le sol, et je m'attends à ce qu'il l'abatte violemment, mais il s'arrête une vingtaine de centimètres du sol, comme vidé de ses forces. Il me regarde avec une sorte de surprise, baisse les bras.

« Je t'en supplie Al', laisse moi me couper. S'il-te-plaît. S'il-te-plaît. »

De presque distrayante, de la manière malsaine que je qualifie de distrayante, dans mes petits jeux fous, la situation est juste devenue désagréable pour moi. Je perds le contrôle complètement. J'ai besoin de me couper. Le gryffondor ferme les yeux un instant, puis me répond, et sa voix est basse et douloureuse.
« Je peux pas te laisser faire ça sans avoir au moins essayé tout ce que je pouvais. Laisse moi te faire un câlin. Si vraiment ça ne fonctionne pas… J'imagine que je te laisserai te couper. Mais je veux que tu essaies vraiment de te calmer, pas que tu fasses semblant que ça ne fonctionne pas juste pour avoir ce que tu veux.
-T'es sûr de toi ? » je demande, malgré moi. Je ne peux pas m'en empêcher alors même qu'il me propose de me donner ce que je veux.
« Bah je préférerais que tu renonces à te couper, c'est le cas ?
-Tu connais la réponse.
-Alors merde, tu connais la mienne. »

Il y a un moment de flottement, puis Al' se relève et me tend la main pour m'aider à le rejoindre. Je la prends et mon esprit est comme détachée, je me sens spectatrice de ce moment plutôt qu'actrice. Je dissocie à mort. Al' referme ses bras autour de moi, un peu trop fort, et ma tête se retrouve pressée contre son torse. Je ne peux m'empêcher de remarquer son odeur, chaude, teintée d'une note de transpiration, et de noter les différences entre ce câlin et celui que m'a offert Ewald cette nuit. Il ne m'a pas vraiment demandée mon avis. Il me serre un peu trop, mais assez pour que je puisse respirer. J'ai l'impression que tout est allé trop vite. Je ne me sens pas forcément mal, mais je ne suis pas sûre d'être à l'aise. Et ce qui est sûr, c'est que ça ne me soulage pas. Je referme doucement mes bras autour de lui, avec légèreté, et je reste là quelques instants, mais mon inconfort grandit. Je finis par remuer, et à mon grand soulagement il me relâche presque aussitôt.
« Tu vas mieux ? demande-il, l'espoir clair dans sa voix
« Désolée... »
Je réponds simplement, et son visage s'assombrit. Il se rassoit lentement. Je me laisse tomber à côté de lui, presque joyeuse maintenant que je sais que le soulagement est proche, même si je suis toujours tendue, incertaine qu'il me laissera vraiment faire.
« Viv', je préférerais vraiment que tu évites, mais si tu ne peux pas t'en empêcher j'ai des conditions.
-À savoir ? » je demande, omettant de préciser que je pourrais, de fait, m'empêcher de le faire. Ce serait juste contre productif pour moi.
« Tu fais ça devant moi, suffisamment près pour que je puisse t'arrêter si besoin. J'aurai ma baguette sortie au cas où. Tu fais trois coupures, pas plus. Et tu me laisses te soigner à la fin. Je ne sais pas utiliser de sort de guérison, mais je sais faire des bandages.
-Je préférerais que tu évites les bandages, ça guérit bien à l'air libre.
-Ce sont mes conditions, Vivian.
-Très bien » je fais, résignée. Il n'a pas pensé à préciser la profondeur ou la longueur des coupures qu'il m'autorise, mais je suis pas sûre de vouloir jouer au plus con avec lui.
« J'ai pas de lame sur moi, par contre.
-J'ai ce qu'il faut » j'admets. Il va savoir pour ma lame de taille crayon. Tant pis. J'ai toujours des lames dans ma malle, si besoin.
Il me regarde sortir ma trousse de mon sac, puis prendre mon taille-crayon. Son regard s'illumine de compréhension quand je commence à dévisser la lame. Je l'essuie vite fait sur mon pantalon, mais il intervient alors que je commence à dénuder mon avant-bras.
« Laisse moi désinfecter ça. »
Si ça peut le soulager… Je lui tends mon arme, espérant qu'il ne va pas me la prendre pour de bon. Il lance un incendio et laisse ma lame au-dessus du feu quelques secondes avant de couper son sort avec un juron.
« Aïe, ça brûle ! »
Il me tend la lame en secouant sa main blessée. Je la prends avec un « merci », et l'approche de mon bras. Alphonse arrête de gesticuler pour se rapprocher de moi.
« Je préférerais vraiment que tu évites, Viv'. »

Je ne réponds pas. Al' serre les poings. Je pose la lame sur ma peau. Je fais un trait vif, peu profond, sur mon avant-bras. La coupure brûle et commence à saigner un peu. Je respire profondément, la tension me quittant un peu. C'est moins efficace que d'habitude, je n'ai pas l'habitude d'être observée. Al' lâche un juron. Les jointures de ses poings fermés sont blanches de tension. Je trace un deuxième trait, parallèle au premier, en appuyant un peu plus. J'enchaîne sur le troisième, cette fois je garde la lame appuyée sur ma peau, traçant une longue ligne rouge et appuyant aussi fort que je l'ose.

« Ça suffit Vivian. » fait Al', en tendant le bras vers moi pour m'arrêter. Je lui tends la lame avant qu'il ne me touche, pour éviter le contact. La coupure n'est pas aussi profonde que j'aurais voulu, mais c'est déjà ça. Je passe mon doigt sur les plaies pour en recueillir du sang, que je lèche ensuite. Je respire.
« Laisse moi te soigner.
-Attends que le sang aie arrêté de couler, s'il-te-plaît, ça ne durera pas très longtemps. »
Il s'assoit à nouveau contre le mur, l'air résigné.
« Okay, mais après tu te laisses faire.
-T'inquiète. »

Je m'assois près de lui et continue à boire mon sang. Après quelques minutes, j'entends Al' relancer un incendio et me tourne vers lui. Il est en train de désinfecter à nouveau ma lame.
« Qu'est-ce que tu fais ?
-Je me demande ce que ça fait, de se couper » dit mon compagnon en arrêtant son sort.
« Et t'es en train de te dire qu'essayer serait une bonne idée ?
-C'est la façon la plus simple de savoir, non ?
-C'est une idée à la con. T'as pas besoin de ça. »
Il est pas sérieux ? Pourquoi il voudrait faire ça ? Je ne veux pas qu'il se coupe.
« Pourquoi ce serait une bonne idée pour toi mais pas pour moi ?
-Parce que toi, tu n'as pas besoin de ça. C'est pas parce que ça me soulage que c'est une bonne chose pour autant, c'est juste un mal nécessaire, dans mon cas. Dans le tien, ça ne t'apportera rien de bon.
-Je veux juste essayer. Ça me permettra peut-être de mieux te comprendre.
-Je ne veux pas que tu me comprenne grâce à ce genre de procédé.
-Pourquoi ?
-Parce que si tu me comprends, c'est que tu aura tiré quelque chose de te couper, et que tu risquerais de recommencer. Et je ne veux pas que tu tombes là-dedans. S'il-te-plaît, Al'.
-Ne t'inquiète pas, je le ferai juste une fois. C'est à moi de choisir, non ? »
Je me sens très fragile, soudain. Je ne peux pas accepter qu'il fasse ça. Je ne peux pas l'empêcher de le faire non plus, parce que c'est son corps, et effectivement sa décision. Et je me sens déjà tellement mal placée pour lui dire de ne pas le faire.
« Crois moi, ça ne sert à rien. Tu vas juste avoir mal.
-J'ai vécu pire, tu sais ?
-Pourquoi tu veux faire ça, vraiment ?
-Pour savoir ce que ça fait. Je suis curieux. » répond Alphonse, à mon agacement certain. Il croit que c'est fun ?
« J'imagine que je m'en veux aussi de t'avoir laissé faire, et ça me paraît juste de souffrir aussi. » complète il, la voix plus sombre.
Aussitôt, une vague de haine envers moi-même me traverse, et de crainte aussi. Avec ce genre de raison, il pourrait vraiment apprécier l'expérience, et Al' ne doit pas, ne peut pas tomber là-dedans. C'est ma faute.

« C'est pas une bonne raison pour le faire, Al'.
-Tu vas m'en empêcher ?
-Comment tu veux que je t'en empêche ? T'as une baguette et tu as ma lame. Je sais que je suis mal placée pour te dire de pas faire ça, je sais que c'est hypocrite de ma part, mais au pire prend ça différemment, je te dis que c'est une idée à la con, en tant qu'experte en la matière !
-Ça va aller, Viv'. Ce n'est pas une expérience que je compte réitérer, quoi que tu en penses. Mais j'aimerais comprendre, alors je vais le faire. »

Je me mords la lèvre. Je ne vois pas ce que je pourrais dire qui pourrait le faire renoncer à son idée. Une part de moi est curieuse et fascinée par ce qui se passe. Je suis vraiment dérangée. Putain, comment je me retrouve à regarder un ami se couper, par ma faute ? Il approche la lame de son avant-bras, et j'ai un pincement de cœur. Il pose la lame sur sa peau, légèrement, et tire lentement, laissant échapper une petite exclamation de douleur ou de surprise. Il a à peine fait une égratignure de rien du tout. Je suis hypnotisée par le sang qui perle doucement de sa griffure. Il l'essuie d'un revers de main, me faisant reprendre mes esprits.
« C'était pas si terrible. » commente il
« Ça va ?
-Tranquille. Et ne t'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de recommencer, même si c'était une expérience intéressante. Maintenant, laisse moi te soigner.
-Je préfère le faire moi-même » fais-je, en reculant précipitamment.
-Pourquoi ?
-Je préfère, c'est tout.
-Et moi je préfère m'en occuper, c'est ce qu'on avait dit.
-Je n'ai pas envie que tu me touches le bras.
-Pourquoi ?
-Si tu te souviens un peu de ce qui m'est arrivé, je pense que tu peux deviner tout seul pourquoi. »

Al' fait une grimace de compréhension.
« Je comprends, mais je ne te toucherai que là, d'accord ? Tu peux me faire confiance. Je t'ai bien pris dans mes bras tout à l'heure, non ?
-Pourquoi tu ne veux pas me laisser faire ?
-Parce que c'est plus facile de faire un bandage sur quelqu'un d'autre que sur soi-même, et parce que je me sens responsable d'une certaine façon. »
Je soupire. Sa culpabilité commence à devenir agaçante, autant que la mienne est envahissante. Il se rapproche de moi.
« Si jamais je te mets trop mal à l'aise, tu me diras. »
Je le laisse approcher, je n'ai pas envie de me battre davantage. Il se fait tard et je préférerais qu'Ewald ou Arthur n'arrivent pas avant que toute preuve de ce qu'il vient de se passer ne soit dissimulée. Al' métamorphose quelques bouts de tissu en bandages, et utilise un aquamenti pour nettoyer mes coupures. Seule la dernière rend encore un peu de sang. C'est au moment où il pose ses doigts sur mon bras pour mettre le bandage qu'il comprend pourquoi je ne voulais pas qu'il me touche. Il a un sursaut de surprise, suivant du bout des doigts une de mes cicatrices. Il me lâche.

« Qu'est-ce que c'est ? »
Je détourne la tête.
« Vivian ?
-Mes cicatrices. Tu croyais quoi, que plus de dix ans d'automutilation ne laissaient pas de trace ? » je demande, avec amertume.
« Comment tu fais pour les cacher ?
-J'utilise un sort.
-Et c'était pour ça que tu ne voulais pas que je te soigne ?
-Oui, j'admets. Même si je déteste aussi qu'on me touche à cause de mes traumas. »
Al' marque une pause, l'air de ne pas savoir comment réagir.
« Tu accepterais de me les montrer ?
-Pourquoi faire ?
-Je suis désolé, je veux pas t'embêter ! Je suis juste curieux, mais c'est sans doute malvenu, oublie ! » fait Alphonse, un peu paniqué
« C'est okay, je soupire. J'imagine que c'est pas très sain, mais y a pas grand-chose de sain, dans ma vie. Je veux bien, mais à une seule condition.
-Laquelle ?
-En échange tu me laisses utiliser ta baguette pour relancer le sort, je ne peux pas me permettre de me promener sans.
-Je ne peux pas te laisser ma baguette, je lancerai le sort pour toi.
-Il faut que je le lance, parce qu'il puise sur la magie du lanceur et si tu t'éloignes de moi il va tomber. En plus j'ai l'habitude de le maintenir actif. Si tu as peur que je fasses une connerie t'auras qu'à garder une main sur mon poignet pendant que je lance le sort, au cas où, mais tu peux me faire confiance. » je réponds, lui répétant sa propre phrase.

Le gryffondor hésite un peu, puis répond :
« On va voir. D'abord, laisse moi finir de te soigner. »

J'ai un double intérêt à ce qu'il accepte. Cacher mes nouvelles coupures et le bandage, certes, mais aussi celles que j'ai faites en cours. Je n'ai pas très envie qu'Ewald, ou pire, Arthur, voient ce que j'ai fait.
Mon compagnon a rapidement fini de panser mes plaies. Ensuite, il hoche la tête.
« C'est okay.
-Pour ?
-Ton sort, je te laisserai le lancer.
-Qu'est-ce qui t'a décidé ? » je demande, avec curiosité
« J'ai besoin de savoir si tu as fait autre chose que tu caches. »
Je soupire. Il est en train de devenir aussi parano qu'Arthur. Je vérifie que mon écharpe couvre bien mon cou. Il n'a pas besoin d'en voir plus que nécessaire.
« Très bien. Lance moi un finite. »
Alphonse lance le sort. Mon glamour cesse de tirer sur mes réserves.
« Putain ! » laisse échapper Alphonse.
Il m'attrape le bras, le tirant vers lui comme pour mieux voir. Je me dégage tout de suite.
« J'arrive pas à croire que ça soit à ce point là. J'arrive pas à croire que j'ai rien pigé plus tôt, aussi.
-Ça va aller, Al', c'est rien.
-C'est rien ?! » se met à crier le gryffondor « C'est rien ?! Tu as conscience que je peux pas trouver un seul putain de centimètre intact sur ton bras ?
-Mes mains me semblent plutôt en bon état. »

Al' lève la main comme pour me frapper, mais se retient.
« Arrête de prendre ça à la légère. C'est sérieux, tout ça, ta vie, ton corps. C'est pas un jeu ! Je tiens vraiment à toi, tu comprends ça ? Et Arthur tient à toi, et Ewald tient à toi, et tes parents aussi. C'est pas parce que t'as vécu des trucs de merde que tu peux tout traiter comme si ça n'avait aucune importance !
-Je ne te permets pas de dire ce genre de choses. Tu dis que je prends tout ça à la légère ? C'est toi qui le fais. Tu crois que ça m'amuse de me couper, que je veux mourir pour le fun ? J'ai survécu, j'ai tenu onze ans dans ce corps, et pour survivre j'ai fait ce que je devais. J'ai toujours été seule ! Tu crois que je prends tout ça comme un jeu ? Mais tu penses qu'on survit en prenant tout dans la gueule à pleine puissance ? Des fois la folie est le seul moyen de préserver le peu de santé mentale qui nous reste. Et même ça, je m'y suis jamais totalement laissée aller. J'aurais pu me perdre mille fois, c'était tellement tentant ! Et pourtant j'ai tenu, et je suis là. Alors pardonne moi d'être brisée, pardonne moi d'avoir survécu ! Et ne t'inquiète pas, je compte bien remédier à ce dernier point ! »

Al' me fixe quelques secondes avec des yeux ronds, surpris par ma véhémence. Moi même, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je donne un coup de poing dans le mur, puis un autre, et encore un autre, jusqu'à ce qu'Al' me tire en arrière. Je ne résiste pas, me contentant de me dégager de sa prise.
« Arrête ! »
Je le regarde froidement.
« Laisse moi remettre mon sort, je ne sais pas quand les autres vont arriver.
-Vivian, la discussion n'est pas finie ! Je suis désolé si t'as pris ce que j'ai dit comme un reproche, j'ai peur, okay ? Je ne veux pas te perdre, et j'ai l'impression que tu veux te détacher de tout- »
Oh mais rassure toi, ce n'est pas qu'une impression, je pense, sans être assez stupide pour formuler ma pensée à voix haute
« -Je ne peux pas comprendre ce que tu as vécu, et je ne m'attendais pas à ce que j'ai vu. On peut se poser pour parler calmement, s'il-te-plaît ? »
Je soupire, prenant sur moi pour me calmer.
« J'ai vraiment besoin de rétablir le sort, s'il-te-plaît. Ensuite on pourra discuter davantage, si tu veux. Mais je doute qu'il y aie grand-chose à dire.
-Merci. »

Il me tend sa baguette, sans la lâcher, et je prononce la formule. Heureusement que le glamour ne réclame quasiment aucune gestuelle, j'aurais été bien en peine de bouger ma main correctement avec celle d'Alphonse toujours sur la baguette. J'espère que le sort va bien fonctionner. Je dois m'y reprendre à deux fois, mais ça finit par aller. Al' lance un tempus après que je lui aie rendu sa baguette. Il est seize heure vingt-sept, les autres ont déjà fini leur dernier cours. J'imagine qu'ils ne tarderont pas à nous rejoindre.
« Viv', on a pas beaucoup de temps, mais je voudrais que tu saches que je suis vraiment désolé, okay ? Je ne veux pas te perdre, et ça fait beaucoup pour moi, tout ce que j'apprends depuis hier. Je suis désolé si je ne suis pas assez réceptif. Juste, continue à me parler okay ? Tu n'es plus seule.
-C'est gentil, je fais.
-Tu m'en veux ? »
Je soupire.
« Non, je n'ai pas de raison de t'en vouloir. Par contre, tu veux bien que ça reste entre nous, ce que tu as vu et le fait que je me sois coupée ? »

Al' hoche la tête.
« T'inquiète. Je suis pas super fier de ça, tu sais ? Par contre, je garde ta lame. »
Je m'apprête à négocier mais j'entends du bruit. Quelqu'un vient. Effectivement, quelques secondes plus tard le passage s'ouvre, livrant passage aux septième année. C'est pas passé loin…

Le reste de la journée file vite. Les elfes de maison s'occupant de mettre les malles dans le train, je n'ai rien à préparer, et les garçons ne comptent pas me laisser seule de toute façon. Je vois le regard d'Ewald s'attarder sur le bras d'Alphonse à un moment, et j'ai peur qu'il ne pose des questions à propos de la coupure, mais il n'en fait rien. Il n'empêche que je m'en veux de ne pas avoir pensé à proposer à Al' de lancer un glamour lui aussi. Je préférerais vraiment que cette histoire reste entre nous. Al' va préparer ses affaires à un moment, et je reste seule avec Ewald et Arthur quelques temps, puis nous nous retrouvons tous ensemble, en compagnie de Cian, dans une calèche en direction du Poudlard Express.

xxx

« La folie est toujours là, en bordure de mon esprit, presque toujours à portée, mais je ne dois pas la toucher.

Pourtant, même endormie, elle tient à me rappeler sa présence et il serait facile d'enfin y céder, et de bannir la souffrance. Folie. Oh, en liberté, ce feu en moi me consumerait vite. Il me pousserait à grimper haut, vers le ciel, et à sauter. Et parfois, lorsqu'un éclat de folie s'échappe, les gens y voient une fantaisie, une étrangeté cachée. Alors que c'est autre, tout en étant parfaitement ça. Il me disent que je suis folle en riant, mais ne croiraient pas la vérité… Pas encore.

Il y a un état de fantaisie extrême, que je saurais attribuer à la folie ou à un moi désinhibé. La folie est toujours là, et je n'ai jamais fait que jouer avec sa bordure de dentelle. La folie… »

-Extrait d'un carnet d'Aurore Berger, conservé par Quentin Lemage après sa mort-


Et voilà pour ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu. Je suis vraiment d'avoir vos retours sur tout ce qu'il se passe avec Alphonse, en espérant que vous allez pas le haïr xD
J'espère mettre moins de temps à publier le prochain chapitre^^'
Et j'espère avoir plein de reviews à lire! :p

à la prochaine

signé: moi même