Salut les genstes!
Ça fait une petite éternité que je n'ai pas posté (juin, si je ne m'abuse), et à nouveau mon histoire est presque dans le timing de la réalité. Je vous présente donc un chapitre pas vraiment relu, et je m'excuse d'avance pour les éventuelles fautes ou mauvaises formulations.
Ma vie a été un peu en bordel, et je dois admettre que j'ai eu du mal à me motiver (j'ai dû recevoir une review seulement sur le dernier chapitre..?). Bref, j'ai toujours l'intention de finir cette histoire, bien sûr.
Dans le chapitre précédent, on en apprenait davantage sur le background tragique d'Ewald et sur l'histoire de sa maman.
Merci d'avance à celleux qui prendront le temps de me faire des retours sur le chapitre, ou juste de me dire merci.
Bonne lecture!
« Vivian ? Réveille toi, c'est Noël. »
La voix d'Ewald me tire de mon sommeil doucement. Il se tient à côté de mon lit, l'air un peu désolé de me réveiller. Je réalise d'un coup qu'il est vraiment là et je redresse brutalement. Au moins, il a eu la délicatesse de ne pas me toucher pour me réveiller. Je me redresse tout de même rapidement. Une vieille habitude.
« Désolé de te réveiller, mais il est bientôt dix heures, et il sera de bon ton que tu aie de l'appétit pour le repas de midi. »
En effet, je n'ai pas faim quand je me réveille, et j'aurais sans doute pu dormir encore longtemps, après les émotions de la veille. Néanmoins, je ne fais pas de remarque à Ewald. Je ne sais pas quand lui a fini par s'endormir, mais il s'est réveillé tôt, j'imagine. Et puis, vu qu'on dirait que je suis restée en vie assez longtemps pour subir un autre Noël, je devrais sans doute vérifier que mes cadeaux soient prêts.
« On mange chez Arthur ce soir, c'est ça ? » je demande, pour avoir confirmation.
« Oui… » répond Ewald en se passant une main dans les cheveux, l'air vaguement préoccupé. Je me demande si c'est à cause de sa mère. « Mais pour midi il n'y aura que nous, ma mère et ma grand-mère.
-Très bien. J'espère que je n'étais pas censée leur acheter de cadeau ? » je demande, à moitié inquiète.
« Ne t'inquiète pas, je ne pense pas qu'elles ne s'y attendent.
-Tant mieux. » je réponds, un souci de moins j'imagine. Pas que je compte vivre assez longtemps pour que leur potentielle déception ne m'inquiète vraiment mais bon. J'essaye d'être polie de temps en temps.
« Tu veux faire quelque chose de particulier en attendant le repas ? Demande Ewald
-J'imagine que mourir n'est pas une réponse valide ? » je réplique, sans pouvoir m'en empêcher. « Pas vraiment, j'ajoute avant qu'il ne réagisse. J'aimerais vérifier que les choses que j'ai commandées ici soient bien arrivées, mais sinon je ne sais pas.
-D'accord, on va commencer par ça alors. » répond mon ami, sans relever ma provocation, avant d'invoquer Jamy.
« Peux tu confirmer à Vivian que ses commandes ont bien été réceptionnées et suivre ses instructions si il y a des emballages ou des envois à faire ?
-Tout de suite, maître. » répond servilement la créature.
« Je vais vous laisser seuls pour vérifier ça, je serai dans la bibliothèque quand vous aurez fini. »
L'elfe de maison s'incline, et mon compagnon nous quitte avec un léger sourire aux lèvres. Une fois qu'il a refermé la porte derrière lui, Jamy fait apparaître les cadeaux que j'ai choisis la veille, un par un, et j'ai la satisfaction de voir qu'ils sont tous là. Je lui indique quel objet revient à qui, et il m'assure qu'il s'occupera des envois. Je lui dis que j'aimerais les emballer d'abord, et il propose de s'en charger, mais je refuse. C'est quelque chose que j'aime bien faire moi-même, même si je ne suis pas spécialement douée pour ça. Jamy m'apporte donc tout le nécessaire pour emballer les cadeaux et je me mets à l'œuvre, prenant le temps de glisser un petit mot personnalisé dans chaque papier.
Une fois mon travail fini, j'indique à l'elfe quels paquets envoyer, et décide que celui d'Arthur lui sera donné quand il nous rejoindra. Comme ça, je verrai sa réaction. Je rends son matériel à Jamy (à regret concernant les ciseaux), et il m'amène rejoindre Ewald après avoir fait disparaître toute trace de mes présents. Je n'ai pas envie de rester enfermée, je suis nerveuse. Du coup, on sort dans le jardin, et Ewald propose de me montrer un sort pour faire des boules de neige. J'accepte sa proposition avec enthousiasme, et nous retournons là où nous nous sommes entraînés l'autre jour. Il me tend ma baguette, et je la prends avec soulagement. Sentir la magie couler à nouveau à travers moi, plus fort, me fait du bien. Je n'aurais rien contre un duel, en vrai, pour me défouler. À la place, j'écoute attentivement les explications de mon ami et j'observe ses mouvements de baguette avant de tenter de l'imiter. Le sort est assez simple, en vrai, et le mouvement de baguette est un simple mouvement de boucles horizontales de droite à gauche, qui est assez marrant à effectuer. Néanmoins, je découvre vite que pour obtenir une belle boule il est nécessaire de faire des boucles de taille égale. Une fois que j'arrive à peu près à obtenir des résultats crédibles, Ewald me propose d'essayer de les manipuler à l'aide d'un wingardium leviosa. C'est un sort que j'ai déjà travaillé, alors soulever une boule ne pose pas de difficulté. Ewald corse l'exercice en me demandant de faire suivre des trajectoires complexes à la boule, puis d'en soulever plusieurs à la fois. Autant l'avouer tout de suite, ce n'est pas une franche réussite, mais le défi conserve mon esprit occupé, et il est bien possible que ça aie été l'objectif d'Ewald. Enfin, alors que l'heure de manger se rapproche doucement, il me fait une démonstration de l'utilité de ce qu'il vient de me montrer, appliqué à du sniping. Il fait apparaître des cercles lumineux sur un arbre dont il s'amuse à viser le centre avec des boules de neiges. Elles fusent comme des boulets de canon. Je vois tout de suite l'intérêt que la maîtrise de ces sorts aurait dans une bataille de boules de neige, même si à cette vitesse ça s'apparenterait sans doute davantage à du paintball.
Mon ami interrompt rapidement sa démonstration, néanmoins, car il sera bientôt temps d'aller manger. Il m'explique qu'il veut se changer avant le repas de Noël.
« Je ne suis pas sûre d'avoir de tenue adaptée... » je soupire.
« Ne t'inquiète pas trop pour le décorum. Si tu mets des robes sorcières, ça devrait suffire. » sourit Ewald. Je note néanmoins que ça sous-entend que mes tenues moldues ne seraient pas idéales. Je grimace intérieurement. Les robes ne sont pas super pratiques. Néanmoins, je suis chez des sorciers, alors je m'adapte, et je rejoins ma chambre pour me changer moi aussi, en restant en contact télépathique avec Ewald qui a déjà récupéré ma baguette.
Il est rapidement clair pour moi que les seules tenues sorcières que je possède sont mes vêtements de classe. Au moins ils sont noirs. J'enfile donc mon uniforme, remplaçant la chemise par un t-shirt confortable et abandonnant sans regrets ma cravate. À la place je mets mon écharpe favorite. Ensuite, je regarde mon reflet dans un miroir que j'ai découvert dans l'un des tiroirs de la commode de ma chambre. J'imagine que ça ira. À la réflexion j'aurai peut-être dû enfiler une tenue moldue, sur un coup de chance la grand-mère aurait pu m'assassiner…
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Je retrouve Ewald sur le palier. Il porte maintenant une superposition très classe de robes noires et vertes. Je pense qu'il y a un sort sur la robe verte pour la faire scintiller. Nous descendons ensemble rejoindre le reste de sa famille qui s'est réuni dans la salle à manger pour fêter Noël. Je ne suis pas hyper à l'aise, fêter Noël avec des étrangers… Ewald n'en est peut-être pas un, mais le contexte est inhabituel. C'est une chose de visiter un ami (et déjà ça, c'était bizarre, sans même prendre en compte l'absence totale de prise en compte de mon avis à ce sujet). C'en est une autre de célébrer une fête traditionnellement familiale avec quelqu'un qu'on connaît depuis seulement quelques mois et sa famille qu'on ne connaît que depuis quelques jours. Enfin… Nous entrons dans la salle à manger, et je me félicite d'avoir pris la peine de changer de tenue.
Ce sont les elfes de maison, sans doute, qui ont décoré la pièce, et le résultat est impressionnant. Comme à Poudlard, dans les films, il y a des chandelles qui flottent à diverses hauteurs, nimbant la pièce d'une lumière tamisée. Une belle nappe verte avec des ornements rouges a été mise sur la table. La vaisselle semble être de cristal, et étincelle à la lueur des bougies. L'air sent la cannelle, sans que je puisse déterminer d'où l'odeur provient.
La mère d'Ewald porte une robe sorcière rouge, où de petites étoiles dorées virevoltent comme des flocons. Sa mère troqué ses habituelles robes noires pour une robe de bal somptueuse à la coupe bien sorcière. Là où sa fille est vêtue de rouge, chez elle le vert domine. Un vert profond, souligné de fils d'argent et décoré d'une rivière de petites émeraudes. C'est donc ça fêter Noël chez des sang-pur ? Je suis clairement pas assez bien habillée pour ça, et dans le même temps je ne vois pas comment je pourrais me sentir à l'aise dans un tel accoutrement. J'ai presque honte de ma tenue, néanmoins, même si ce sentiment disparaît assez vite pour rester une légère gène au fond de mon esprit. Je m'installe à côté d'Ewald, et personne ne fait de remarque sur ma tenue, heureusement. Au contraire, la grand-mère d'Ewald a une petite moue approbatrice, et des flocons argentés apparaissent sur mes robes sans que personne ne prononce de sort ou ne sorte sa baguette.
Le repas se passe dans une ambiance guindée mais bienveillante. Je me borne à répondre poliment lorsqu'on m'adresse la parole et à poser quelques questions aux moments stratégiques. Je ne me sens pas franchement à mon aise, et je crains que ça soit pire ce soir. La simple présence de la grand-mère d'Ewald change complètement l'ambiance. Les questions que je pose concernent principalement la magie naturelle, et j'apprends que la lithothérapie des moldus, en laquelle je n'ai jamais accordé foi, vient bien de quelque part.
La nourriture est délicieuse, les saveurs qui se mélangent me surprennent parfois, et je savoure le repas autant qu'il est possible en étant déprimé et mal à l'aise. Au désert, je vois arriver un cristal cake, et Ewald ne manque pas le sourire qui m'échappe. Il effleure mon esprit, me transmettant une petite vague de gaîté. Comme le reste, le gâteau est délicieux, et la mère d'Ewald me demande avec timidité, me voyant manger avec entrain :
« Tu aimes le cristal cake, Vivian ?
-J'adore ça ! » je réponds en souriant « Je crois qu'il est encore meilleur que celui que j'ai mangé hier. »
La mère d'Ewald rougit imperceptiblement, et sa mère intervient.
« C'est l'une des spécialités de Rosemary, et la seule tâche qu'elle ne délègue jamais aux elfes de maisons pour le repas de Noël. En cela, elle a bien raison. » dit la vieille femme avec un sourire dans la voix.
Cette fois, le rougissement de la mère d'Ewald est encore plus prononcé.
« C'est parce que j'ai eu un excellent professeur. »
Sa mère sourit tendrement, et pour la première fois depuis le début du repas le malaise dû a sa présence se dissipe en moi. Son expression disparaît assez vite, remplacée par un air plus sévère, mais cet aperçu a durablement allégé l'atmosphère.
Une fois les dernières miettes de cristal cake absorbées (je me serais volontiers resservie une ou deux fois de plus, si je n'avais pas craint d'aller à l'encontre des convenances), la grand-mère d'Ewald se lève, marquant la fin du repas.
« Nous allons désormais procéder à la cérémonie de Yule avant d'ouvrir les cadeaux. Jeune fille, vous pouvez vous joindre à nous, mais je vous prierai de vous tenir tranquille afin de ne pas perturber les rites. »
Je hoche la tête sagement, même si je suis piquée au vif. Je sais me tenir, et je ne suis pas stupide ! Néanmoins, ma curiosité m'empêche d'exprimer mon agacement. J'ai envie de voir ce qu'il va se passer.
« C'est un grand honneur qu'elle te fait. », me glisse mentalement Ewald, et je sens une touche d'étonnement dans sa pensée. Je ne commente pas, mais je prends note de ce qu'il me dit.
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Je suis mes hôtes dans les couloirs jusqu'à atteindre la grotte à l'émeraude qui m'avait marquée lors de ma visite du manoir. La grand-mère d'Ewald dépose sa baguette à l'entrée dans une petite coupelle en pierre que je n'avais pas remarquée auparavant, suivie de sa fille et d'Ewald. Il me tend discrètement la mienne pour que je les imite, puis j'entre à leur suite. La grand-mère d'Ewald s'installe derrière le réceptacle de l'émeraude, et sa fille face à elle. Leurs mains se joignent. Ewald reste en retrait, et je l'imite. J'envisage brièvement de prendre un coussin mais décide de ne pas pousser le vice jusque là.
Le silence naît de notre immobilité et se déploie entre nous quelques secondes, avant que la grand-mère d'Ewald n'entonne un chant chuchoté aux tonalités rauques. Après un laps de temps assez court, sa fille se met à chanter à son tour, suivant la même mélodie, mais en plus aiguë. Leurs voix prennent de l'amplitude, et la mère d'Ewald enjolive son chant de trilles qui m'évoquent la nature au printemps. L'émeraude se met à pulser doucement au rythme de la musique, émettant une lueur vert pâle. À présent, les deux chanteuses alternent, la voix aiguë de la plus jeune répondant à la voix ancienne de sa mère, formant un dialogue incompréhensible pour moi, la langue qu'elles utilisent m'étant inconnue. Enfin, leurs mains se lâchent, et leur chant s'arrête sur une longue note vibrante qu'elles tiennent tout en levant les bras vers le plafond de la caverne. Ensuite, elles baissent lentement les bras et la tête, prenant une attitude recueillie.
Je crois un instant que la cérémonie est terminée, mais la grand-mère de mon ami se dirige lentement vers le mur opposé à l'entrée pour écarter un rideau de lierre, révélant une petite niche creusée à même la paroi. Elle en tire un bol de pierre sombre et un fin poignard dont la lame semble irradier sa propre lumière. Elle projette des reflets légers sur les parois de la grotte, comme le feraient des rayons de soleil sur de l'eau. Lorsqu'elle se rapproche, je constate que le bol est rempli à moitié de terre. Revenue au centre de la pièce, elle le lève vers le plafond avant de le présenter à sa fille. Elle le prend, et se dirige vers le pan de la paroi à gauche de la salle pour y prélever une pincée de mousse qu'elle dépose délicatement au centre du bol. Sa mère a pris une expression recueillie, et recommence à chanter doucement, de sa voix grave et ancienne.
La mère d'Ewald se dirige ensuite vers l'autre côté de la salle et révèle une nouvelle niche dissimulée derrière le lierre. Un léger clapotis se fait entendre. Une petite source coule ici. La mère d'Ewald place le bol sous la source et le remplit jusqu'à ce que l'eau atteigne la mousse. Ensuite, elle se replace face à sa mère. À son tour, elle commence à chanter, tandis que l'aînée s'interrompt et présente le couteau à sa fille, au-dessus de l'émeraude. Ensuite, elle le saisit de sa main gauche, et promène la pointe de la lame sur sa paume, traçant une rune que je ne reconnais pas. L'envie de me couper s'éveille devant ce spectacle. Elle place la main au-dessus du bol que sa fille tient toujours et y laisse tomber une goutte de sang en recommençant à chanter. L'émeraude pulse à nouveau, et la grand-mère d'Ewald y pose sa paume blessée. La mère d'Ewald place le bol au-dessus de la main de sa mère, et je vois soudain une tâche carmin qui se déploie au centre de la mousse, donnant naissance à une fleur d'un rouge profond. Les voix des deux femmes se mêlent une dernière fois en une longue note vibrante, puis le silence se fait.
La mère d'Ewald tend le bol à sa mère qui le prend respectueusement. Je constate que sa paume est guérie. Elle se dirige vers la première alcôve où elle dépose le réceptacle cérémonieusement. L'émeraude a cessé d'émettre de la lumière. Toujours en silence, les deux femmes se rapprochent de nous et Ewald me fait signe de le suivre. Nous sortons de la pièce, récupérant nos baguettes au passage, suivis par la mère d'Ewald, puis par sa grand-mère. Nous remontons sans un mot vers la salle à manger, et je ne sais toujours pas exactement à quoi je viens d'assister. Néanmoins, je n'ose pas poser de questions, ayant l'impression que le moment ne s'y prête pas. Les deux femmes rentrent en premier dans le salon et Ewald tend la main, l'air d'attendre quelque chose. Je grimace, mais je lui tends ma baguette. Je préfère éviter que les adultes ne se demandent ce qu'il se passe.
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Les elfes de maison ont travaillé pendant que nous étions occupés. Un sapin se dresse désormais à la place de la table, et on trouve un petit tas de cadeaux à son pied. Les paquets scintillent, il y en a même un qui ressemble à un ciel étoilé. C'est beau. Suivant l'exemple des adultes, nous nous installons dans les fauteuils confortables regroupés autour du sapin. Je me sens à nouveau mal à l'aise, même si l'environnement plus familier que la grotte à l'émeraude m'offre plus de repères. La seule personne de la pièce avec qui je suis véritablement à l'aise (et encore) est Ewald, les autres sont des des inconnues. Et me voilà à fêter Noël avec elles… Enfin.
La grand-mère d'Ewald propose d'ouvrir les cadeaux en souriant aimablement, et j'ai l'impression de voir quelque chose d'intime, autant que la cérémonie de Yule, alors que ce n'est qu'une expression de visage. Elle frappe une fois dans ses mains et l'un des elfes de maisons apparaît. Il se charge d'apporter les cadeaux à leur destinataire. Je suis surprise de recevoir quatre paquets, donc celui dont l'emballage me plaisait tant, qui ressemblait au ciel étoilé.
J'ouvre en premier le colis le plus volumineux. Il est moelleux et emballé dans un papier vert sapin. Il contient une robe sorcière et une cape assortie, d'une qualité incroyable. Je lève les yeux, surprise, et croise le regard d'Ewald. Il fait un signe de dénégation, ce n'est pas de lui. De sa mère, donc ? Il n'y a pas de lettre à l'intérieur. Je déplie les vêtements. Ils sont vert émeraude, et leur tissu est à la fois fluide, soyeux et chaud. Je crois que je n'ai jamais possédé de vêtements aussi bien coupés, et je dis ça avec mon absence totale d'expertise en la matière.
« Vous devriez les essayer, jeune fille. » je sursaute presque, surprise par l'intervention de la grand-mère d'Ewald.
« Il y a une salle de bain de l'autre côté du couloir, troisième porte à droite en sortant. » me sourit la mère d'Ewald.
« D'accord, j'y vais. » je réponds, un peu déroutée.
Je me change rapidement, et je suis assaillie de sentiments contradictoires. D'un côté, la robe est l'une des plus confortables et sans nul doute la plus somptueuse que j'aie portées de ma vie. Elle me va à merveille. Et, comme je le constate en me regardant dans le miroir, je suis belle avec. La couleur fait écho à celle de mes yeux, j'ai l'impression que la robe a été faite pour moi. Ce qui est possiblement le cas, à la réflexion, même si je ne comprends pas bien pourquoi la mère d'Ewald dépenserait autant d'argent pour moi. En parallèle, je suis mal à l'aise. Pas seulement à cause du coût des vêtements, mais aussi parce que même dans le monde sorcier où c'est plutôt ordinaire je ne porte de robe que contrainte et forcée. Je déteste ça, et c'est inconfortable pour moi. Même si oui, c'est moins pire dans un contexte sorcier, et heureusement la coupe de celle ci est résolument sorcière plutôt que « princesse ». La cape me plaît davantage, même si elle est moins remarquable. Elle est chaude, confortable, et la capuche, une fois rabattue, dissimule mon visage sans effort. Néanmoins, même si elle est assez sobre, on ressent sa qualité dans le cordon de soie qui permet de l'ajuster sur mes épaules, et dans les quelques ornements brodés qui l'environnent. Une nouvelle fois, je me demande pourquoi avoir dépensé autant d'argent pour moi. Je ne suis qu'une gamine que la mère d'Ewald vient de rencontrer, même si je suis amie avec son fils.
« Tout va bien ? » la pensée d'Ewald me tire de mes réflexions. « Ma famille est impatiente de voir le résultat. »
Je gémis intérieurement. Je transmets un « J'arrive... » à Ewald avant de rassembler mes vêtements et de les glisser sous mon bras, mal à l'aise. J'ai l'impression d'être déguisée.
Je me glisse dans le salon, embarrassée, et je suis accueillie par un :
« Tu es très jolie ! » de la mère d'Ewald.
Le compliment ne m'aide pas à me sentir plus à l'aise. Mon ami confirme d'un hochement de tête qu'il est d'accord avec sa mère, et je surprend un sourire satisfait flotter sur les lèvres de sa grand-mère avant qu'elle ne prenne la parole. Top ten cringe moment en ce qui me concerne.
« Et bien, je constate avec satisfaction que vous présenterez une tenue digne de la table des Clifford ce soir. »
Je rougis malgré moi, un sentiment de honte grandissant prenant possession de mon esprit. Je savais bien que mes vêtements n'étaient pas à leur place dans leur manoir. Une pointe de colère commence à monter en moi, née de la honte. Je ne suis pas une riche sang-pur, et elle n'a pas à enfoncer le clou.
La mère d'Ewald doit percevoir mon humeur car elle intervient :
« Ne vois aucune insulte dans les paroles de ma mère. Nous avons acheté cette tenue pour te permettre d'être plus à l'aise pour évoluer dans nos milieux, pas pour t'humilier. »
« En effet. » prononce la grand-mère d'Ewald, acquiesçant aux paroles de sa fille. J'esquisse un sourire qui peut sous-entendre que je les crois, je ne sais pas quoi penser. Le sourire sincère que me renvoie la mère d'Ewald efface un peu ma méfiance. Elle me demande avec enthousiasme :
« Alors, elle te plaît ?
-J'aime beaucoup la couleur, je répond avec sincérité. Je ne porte pas volontiers de robes, mais c'est bon de savoir que j'ai de quoi me vêtir pour de grandes occasions. Merci beaucoup pour ce cadeau somptueux ! » je me mords la lèvre. Mentionner mon dégoût des robes est probablement un faux-pas diplomatique, mais tant pis.
« Tant mieux! » sourit mon interlocutrice. Je suis un peu mal à l'aise de n'avoir rien à offrir en retour.
Alors que je retourne m'asseoir à ma place pour ouvrir mon second cadeau, une nuée de flocons se mettent à tourbillonner sur ma robe et je vois la grand-mère d'Ewald afficher un sourire satisfait devant ma surprise ravie.
« Mon petit-fils vous enseignera ce sort si vous le désirez, je suis certaine que vous parviendrez à le maîtriser. Tout sorcier qui se respecte sait enjoliver ses vêtements de fête. »
Une nouvelle fois, elle parvient à être presque insultante en voulant être sympathique (ou du moins, je crois que c'était son intention). Je n'en prends pas ombrage. Je ne sais pas à quel point ce sort est complexe pour une première année, donc je ne sais pas à quel point il est flatteur qu'elle me croie capable de l'apprendre, mais j'en suis quand même contente.
J'essaye de ne pas froisser mes nouveaux vêtements en m'installant. Avant d'ouvrir mon deuxième cadeau, j'enlève la cape. Elle tient très chaud, l'air de rien. J'en profite pour regarder un peu où en sont les autres. La grand-mère d'Ewald admire une sphère en verre semblant contenir un petit univers, tout de nature et de verdure. Je suis intriguée, mais je ne veux pas attirer davantage l'attention pour le moment. La mère d'Ewald, elle, est en train de déballer une jolie écharpe rose pâle qui a l'air d'être parfaitement soyeuse. Quant à mon ami, il vient de déballer une série de petits sachets semblant contenir diverses plantes, accompagnés d'un livre qui a l'air assez ancien. Du matériel de potion ?
Quoi qu'il en soit il me reste encore trois paquets à ouvrir, et je me remets à l'ouvrage. Le suivant est artistiquement emballé dans un papier argenté, d'assez petite taille. Le petit mot qui y est fixé m'informe sur l'identité de son auteur. Scorpius. Il me souhaite un joyeux noël et en post scriptum me demande si je passe noël chez les Slide. Je me demande quelle est la réputation de la famille d'Ewald, et sa relation avec les Malfoy. Ce qui est certain, c'est qu'Ewald a déjà rencontré Draco a plusieurs reprises. Et celui-ci l'a appelé lord Slide. Mon ami est donc à la tête de sa famille ? Au vu de ce que j'ai appris hier, ce n'est pas forcément surprenant, mais quel est le rôle de sa grand-mère dans ce cas ?
Je décide de me préoccuper de ça plus tard et je finis de déballer mon cadeau. Scorpius m'a offert un petit coffret en bois joliment ouvragé où je découvre un assortiment de chocolats sorciers de luxe. Il y a aussi un petit écrin qui contient un bracelet fin, argenté, où brille une pierre rouge. J'aurais probablement pensé que c'était du grenat, si elle ne brillait pas d'une lueur semblant provenir de l'intérieur du cristal. Je grimace intérieurement. Je n'aime pas les bijoux, et c'est toujours désagréable quand on m'en offre. Je ne veux pas vexer les gens, mais je n'ai pas envie de les porter. Bref, le bijou est beau, malgré tout. Heureusement, les chocolats sont déjà bien plus plaisants, et ce cadeau, au moins, me fait réellement plaisir. Je suis contente d'avoir pensé à lui faire un cadeau, ça aurait été un peu embarrassant sinon. Par contre, je ne suis pas sûre que Scorpius évite l'embarras, lui, si il ouvre mon cadeau devant ses parents… La bonne opinion que Draco a de moi risque d'en prendre un coup. Ce sont des choses qui arrivent.
J'ouvre le colis suivant. Moins bien emballé, il vient d'Alphonse. Quand est-ce qu'il a trouvé le temps pour ça avec son voyage en France ? À l'intérieur, je trouve un pack de cannettes d'ice tea qui m'emplissent de joie : il n'y en a pas en Angleterre et ça me manque souvent. Ça me touche qu'Al' s'en soit souvenu. Il contient aussi un mot, que je lis en silence.
« Salut Viv' !
Juste pour que tu saches que je te prépare une surprise, alors t'as pas intérêt à avoir d'« accident » d'ici à ce qu'on se revoie !
Je te garantis que ça en vaudra le coup !
Joyeux Noël,
Al' »
Je me crispe un peu à sa lecture. Je n'aime pas qu'il évoque si ouvertement mes projets, qui sait qui aurait pu ou pourrait tomber sur le mot ? Après je suppose que ça le dérange bien moins que moi si ils sont découverts… Je me promets de détruire le mot au plus vite. Je sens un effleurement interrogatif d'Ewald contre mon esprit, et je me contente de hausser les épaules. Je lui montrerai peut-être le message plus tard, pour voir si il a une idée de quelle est la mystérieuse surprise qu'Alphonse me prépare. Je doute que ça soit aussi incroyable qu'Al' semble le prétendre.
Il ne me reste plus que le paquet cadeau avec les étoiles à ouvrir, et je me demande de qui il vient. Ewald ou Arthur ? Je ne vois qu'eux. Sachant qu'Ewald m'en veut sans doute pour hier, et qu'il m'héberge, j'imagine que ça aurait du sens qu'il ne m'offre rien. Je n'ai pas le temps de commencer mon déballage pour en avoir le coeur net, car la voix du Serpentard me tire de ma réflexion.
« Merci beaucoup Vivian ! »
Je me retourne vers lui. Il a déballé mon cadeau, et les livres de Pierre Botterot tiennent compagnie aux trois premiers tomes de ma saga préférée, « L'assassin royal », sur le coin de table devant mon ami. Sa mère ouvre de grands yeux, surprise de voir la quantité de livres. Même sa grand-mère lève un sourcil intrigué. Moui, j'ai peut-être exagéré. D'un autre côté, une fois morte je n'aurai pas besoin de mon argent, et je tiens à faire découvrir à Ewald ces livres géniaux. Je lui souris avant d'ouvrir mon dernier cadeau avec délicatesse. Les autres sont aussi sur la fin, et je ne tiens pas à ce que tout le monde m'observe finir de déballer.
Dès que le papier cède, je comprends que je me suis trompée. Le cadeau est bien d'Ewald. Il y a différents objets à l'intérieur. Je reconnais d'abord la lotion à mettre des étoiles dans les cheveux que j'avais observée la veille, mais aussi un flacon d'encre ou des tourbillons argentés se forment au moindre mouvement. Il y a aussi un morceau de cristal cake, joliment emballé, et même si nous sortons de table je sens mon estomac se tordre de gourmandise. Enfin, il y a au fond du paquet un petit album photo, à peine plus grand que ma main, à la couverture étoilée. Glissée dans la couverture il y a une petite enveloppe que je n'ouvre pas. Pas devant tous ces gens. Je décide de remettre la découverte de l'album photo à plus tard, elle aussi, car je vois qu'Ewald vient de finir d'ouvrir son dernier cadeau.
« Merci à vous toutes, sourit mon ami.
-Merci à toi, répond sa mère avec tendresse. J'aime beaucoup cette écharpe. »
J'imagine qu'elle parle de la magnifique écharpe de soie violette qu'elle tient entre les mains. Elle a l'air incroyablement légère et délicate, et je devine de complexes motifs brodés sur toute sa surface.
« Je vous remercie aussi. » ajoute la grand-mère d'Ewald. « Je vais demander à Jamy de me préparer du thé, je pense. Tu en prendras aussi, Rosemary ?
-Volontiers. » répond sa fille.
Avant que je n'aie le temps de dire à Ewald que j'aimerais me retirer, il se relève et dit :
« Je pense que Vivian et moi allons prendre congé en attendant qu'il soit l'heure de nous rendre chez les Clifford.
-Bien sûr. » sourit la mère d'Ewald « Nous partirons dans trois heures. »
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Une fois que nous sommes tranquilles, à l'étage, Ewald me demande comment je vais. Je hausse les épaules. Comme quelqu'un qu'on empêche de mourir ? J'imagine que ce serait pas une réponse appropriée. À la place je réponds simplement :
« Ça va, c'était intéressant la magie naturelle, même si je n'ai pas tout compris. C'était une sorte de rituel de renaissance ? »
Mon ami hausse un sourcil impressionné :
« En partie, oui, je ne pensais pas que tu le décèlerais si facilement.
-J'ai l'habitude d'être sous estimée. » je soupire, mi-figue mi-raisin.
Ewald hausse un sourcil, et me donne davantage de précisions sur le rituel pendant que nous nous installons dans ma chambre. Il a amené les livres que je lui ai offerts et, une fois son explication finie, il récupère le premier tome de la quête d'Ewilan pour commencer à lire. Néanmoins il s'arrête avant d'ouvrir le livre, le laissant reposer sur ses genoux.
« Elles ne pensaient pas à mal, tu sais ?
-De quoi ? » je réponds, fort inspirée
« Grand-mère et maman. Elles ne t'ont pas offert ces vêtements pour t'humilier, vraiment. C'est une idée de ma grand-mère, en fait. Elle avait l'impression que tu n'avais pas de vêtements sorciers en dehors de tes tenues scolaires, et elle en a discuté avec ma mère. Et puis elle s'est dit qu'elles pourraient t'en offrir pour Noël, pour te faciliter la vie de notre côté.
-C'est ce qu'elles ont dit tout à l'heure, je soupire.
-Pour que ma grand-mère fasse ça, c'est que tu lui as vraiment fait une bonne impression. » ajoute Ewald.
J'ai l'impression que c'est vraiment important pour lui que je comprenne, que je ne sois pas offensée. Et en soi, je ne le suis pas, plus vraiment. Autant sa mère aurait pu jouer la diplomatie, autant je fais un peu confiance à Ewald pour être honnête avec moi. Je le regarde quelques instants, pour me convaincre de sa sincérité, et je réponds avec une grimace teintée d'humour :
« Je suis ravie d'apprendre que ta grand-mère m'aime bien, même si je ne suis pas sûre de savoir ce que me vaut cet honneur. »
Mon interlocuteur sourit, mais ne répond pas. J'imagine que je ne saurai jamais. Je hausse mentalement les épaules. Ce n'est pas important pour l'instant. Un souci me vient à l'esprit :
« Est-ce qu'il y a des règles de bienséance que je devrais connaître avant de me retrouver dans la famille d'Arthur ? »
En soi, il est sans doute trop tard pour leur faire bonne impression, vu qu'on s'est déjà rencontrés quand j'avais six ans mais quitte à avoir les vêtements adéquats autant faire illusion.
« Il n'y a pas grand-chose à savoir pour toi. Ils savent que tu es d'origine moldue, ce qui t'évite les éventuels cérémoniaux de sang-purs. Tant que tu te comportes comme tu l'as fait jusqu'ici en présence de ma famille tu n'offenseras personne. Tu peux donner du Lady Clifford à la mère d'Arthur si tu veux être cérémonieuse, et appeler sa grand-mère Lady Brightfield.
-C'est le côté maternel d'Arthur ? » je demande, réalisant que je ne me souviens plus comment je l'avais appelée lors de mon court séjour chez eux il y a quelques années.
« C'est ça. Sa famille est aussi ancienne que la lignée de ma grand-mère, et elles étaient ensemble à l'école. Si je me souviens bien, elles se détestaient.
-Pourquoi ?
-Je ne sais pas exactement, grand-mère ne m'a pas dit grand-chose à ce sujet, mais d'après ce que j'ai compris elles avaient des divergences d'opinion. »
Je ne pose pas davantage de questions, me disant que voir les deux matriarches interagir pourrait être instructif. Devant mon absence de réactions, Ewald finit par ouvrir le livre qu'il tenait et à se plonger dans la lecture. Je garde pour moi mon agacement de ne pas être laissée en paix et je m'allonge dans mon lit pour gribouiller dans mon carnet étoilé en attendant qu'il soit l'heure de nous rendre au dîner.
Après quelques temps, je me souviens de l'album photo que le Serpentard m'a offert, mais ça me gêne un peu de penser à l'ouvrir en sa présence, et de découvrir ce qu'il a bien pu m'écrire. Je décide que je regarderai ce soir, quand je serai tranquille. Mes réflexions me portent ensuite vers le mot d'Al' et sa mystérieuse surprise… Je ne sais pas trop si je devrais être impatiente ou me méfier. Je dessine distraitement dans mon carnet sans parvenir à imaginer de théorie satisfaisante. J'ai la flemme de demander son avis à Ewald, en partie à cause de mon agacement lié à sa surveillance constante.
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Une demi-heure avant l'heure fixée pour le départ, nous nous apprêtons pour le départ. J'enfile à nouveau les beaux cadeaux que j'ai reçus de la famille d'Ewald, et celui-ci me jette un sort pour coiffer mes cheveux en voyant le résultat. Je suis heureuse d'avoir amené mes chaussures d'uniforme de Poudlard, mes baskets pleines de boue auraient un peu cassé l'effet de l'ensemble. Le Serpentard a gardé la tenue qu'il portait pour le repas de midi, mais il a ajouté à ses doigts une large bague très travaillée. Suivant mon regard, il commente :
« La chevalière des Slide. »
Je comprends qu'il ne souhaite pas s'étendre sur ce symbole de son rôle de maître de la maison de son père, et je ne pose pas de question. Lorsque nous gagnons le salon, un elfe de maison vient compléter sa tenue d'un élégant chapeau noir haut-de-forme, et d'une chaude cape d'hiver brodée délicatement d'un vert assorti à celui de ses vêtements.
Bientôt, les femmes de sa famille font leur apparition. J'avais imaginé que sa grand-mère resterait ici, et sa présence me fait redouter que le dîner « intime » qui nous attend tienne davantage de l'événement social de sang-purs. Elle aussi a conservé sa tenue de midi, et arbore la chevalière des Carter à la main gauche (du moins je suppose que c'est de celle-là qu'il s'agit). L'un des elfes de maison lui remet un petit chapeau à voile de dentelle argenté un peu désuet, qui s'harmonise bien avec le reste de sa tenue.
C'est la mère d'Ewald dont la mise a le plus évolué depuis le repas. Elle porte toujours les mêmes vêtements, mais désormais sa tenue évoque un véritable habit d'apparat. À part moi, je me demande si elle a eu l'occasion de s'habiller ainsi ces dernières années, au vu de ce qu'Ewald m'a appris à son sujet. La mine faussement neutre de mon ami aurait tendance à confirmer mes suspicions. Quoi qu'il en soit, si elle n'en a plus l'habitude elle ne laisse rien paraître. Un pendentif rouge flamboyant vient souligner la pâleur de sa peau, et je ne doute pas un instant qu'il s'agisse d'un véritable rubis. Sans donner une impression de « too much » il accompagne avec grâce ses atours de fête. Ses cheveux sont coiffés de façon complexe, et des barrettes, ornées elles aussi de rubis, les maintiennent en place. Elle est belle, je crois. J'ai du mal à voir ce genre de choses, mais dans tous les cas je peux affirmer qu'une certaine harmonie se dégage de sa tenue. Là où les deux autres ont revêtu des couvre-chefs, elle demeure tête nue, et bientôt sa mère prend la parole après nous avoir examinés scrupuleusement.
« Et bien, puisque nous sommes prêts allons-y. Ça fait une éternité que je n'ai pas vu cette chère Anna-Linde. » elle ajoute, entre ses dents « La peste l'emporte. » avant de reprendre, plus haut :
« Je passerai la première et Rosemary me suivra. Ewald, je te laisse escorter ton amie.
-Bien, grand-mère. » acquiesce Ewald.
Elle me regarde et semble hésiter à ajouter quelque chose, mais elle se détourne avant de se saisir d'une poignée de poudre de cheminette sur le rebord de la cheminée.
« Manoir des Clifford ! » clame-elle avant de disparaître dans un tourbillon de flammes émeraude.
Sa fille l'imite, et il n'y a plus qu'Ewald et moi dans la pièce. Je ne sais pas trop ce que je pense de cette soirée, mais il est temps d'y aller. Mon ami me tend le bras noblement, en expliquant :
« La cheminée est grande, nous passerons ensemble. »
Voyant ma grimace, il ajoute :
« C'est le décorum qui le veut, et je pourrai t'aider à conserver ton équilibre. J'ai plus d'expérience que toi. »
Je ne suis pas ravie, mais je ne fais pas de difficultés. Malgré moi, son contact me réconforte un peu. Nous avançons vers les flammes d'un même pas, et Ewald crie :
« Manoir des Clifford ! »
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« Depuis que mon frère est mort, les Noëls ne sont plus pareil. Déjà, avant, mes parents étaient ensemble. Maintenant, il faut aller chez ma mère, puis fêter avec mon père, ne pas montrer de préférence pour ne pas créer de tension, même si je ne me sens pas toujours la bienvenue. Le reste de la famille pense souvent à mon frère en me voyant, me dit que je suis courageuse, parle de lui en bien… Et moi, à chaque fois, je pense au fait que je sois contente qu'il soit parti, d'une certaine façon, et aux non-dits, et à ce qu'il m'a fait. Je ne sais plus depuis combien de temps je n'ai pas redouté les fêtes de fin d'année. Oh, bien sûr il y a de bons moments, parfois, mais le silence n'aide pas à rompre la distance qui a toujours été un peu là, au contraire. Avant, je pouvais être plus sincère. À présent, ces fêtes ne sont que faux-semblants, occasionnellement transpercés par un trait d'émotion authentique. »
-Lettre envoyée par Aurore Berger à Quentin Lemage, début Août 2007-
Et voilà pour ce chapitre!
Alors, que pensez-vous de la grand-mère d'Ewald, à présent? Et du rituel de magie naturelle? (cette partie était pas du tout prévue, au passage xD)
Dans le prochain chapitre, on va revoir la famille d'Arthur... Vivian a commencé à réaliser qu'elle n'en savait pas tant que ça sur son ami, au final.
Reviews please?
see you
