Et bonsoir,
À la surprise générale voici un nouveau chapitre que j'ai fini à l'arrache au dernier moment et oh god l'écriture du prochain risque encore d'être folklorique!
Un grand merci à celleux qui lisent et laissent des reviews, merci en particulier à ma lectrice adorée qui a relu récemment la fic pour me laisser une review par chapitre! (meilleur cadeau en ce qui me concerne)
Bonne lecture!
Me réveiller aux côtés d'Ewald me ramène aux vacances de Noël, et je me sens apaisée. Rassurée, d'une certaine façon. Mes souvenirs de la veille me reviennent de façon confuse, et un mal de tête tenace me tient compagnie une majeure partie de la matinée, mais j'imagine que je l'ai cherché. Je ne suis pas fière de mon comportement de la veille, de m'être bourrée la gueule. Malgré ça, je ne parviens pas totalement à le regretter, parce que la discussion avec Ewald en valait la peine. D'un commun accord, nous ne éternisons pas au petit déjeuner et nous dirigeons rapidement vers le QG en compagnie d'Arthur. Alphonse n'était nulle part en vue ce matin, mais le connaissant il fait probablement la grasse matinée, surtout après la soirée d'hier.
Je ne cherche pas à protester lorsque Ewald demande à Arthur de m'examiner, à cause du cognard. J'ai mal, et de toute façon le Poufsouffle a déjà vu mon corps sans glamour alors… Ewald reste à côté de moi pendant que notre ami me soigne. Il semble toujours avoir du mal à voir toutes mes cicatrices, mais il prend sur lui. Heureusement, je n'ai rien de cassé, mais les lèvres pincées de l'apprenti médicomage montrent tout le bien qu'il pense de ma blessure. Il ne me fait pas de reproche, néanmoins, se contentant de soupirer.
« J'imagine que l'avantage, c'est que j'aurai déjà beaucoup d'expériences de soin différentes avant même cet été…
-Merci. » je réponds, simplement.
« Si tu es vraiment reconnaissante, essaye juste d'éviter d'avoir besoin de mes services pendant davantage de temps qu'une poignée de semaines, s'il-te-plaît. »
Arthur semble à la fois amusé et réprobateur.
« Oh, ça va, je ne me blesse pas si souvent que ça quand même ! »
Le Poufsouffle lève les yeux au ciel avant d'énumérer :
« Le cognard, la branche dans le ventre, le coup de froid… Et je ne parle même pas des coupures… »
Je grogne, mais je sais qu'il m'a mouchée. Et puis je réponds, prise d'une pointe de culpabilité :
« J'ai failli mourir ce jour là, en vrai. »
Après les discussions qu'on a pu avoir cette nuit, Ewald et moi, je ressens le besoin de dire la vérité, de ne pas avoir de secrets. Arthur se raidit, et je sens le Serpentard à côté de moi se tendre.
« Comment ça ? »
Je soupire.
« Ce n'était pas… Ce n'était pas mon intention. Je suis sortie me promener dans la neige, et j'avais un sort pour me réchauffer… Je me suis allongée un peu, c'était agréable… Mais je n'avais pas prévu que j'allais m'endormir, et j'ai fait une crise d'hypothermie. »
Les sourcils d'Arthur sont froncés, et la main d'Ewald serre brièvement la mienne. De peur rétrospective, peut-être, pour s'assurer que je sois là. J'imagine que ce n'est pas plaisant d'apprendre ça, des mois plus tard. C'est le Poufsouffle qui rompt le silence qui s'est installé entre nous.
« C'était un accident, Vivian, tu dis la vérité ? »
Je hoche la tête. Il souffle doucement, avant de répondre :
« Dans ce cas, ce n'est pas grave, tant que tu promets de ne plus manquer de mourir de façon aussi stupide !
-C'est promis. » je réponds, d'un ton apaisant.
Arthur secoue la tête avec un léger sourire.
« Tu vas finir par me donner une crise cardiaque un jour, je le jure... » fait il, sa main se portant à son cœur de façon théâtrale. Il redevient vite sérieux, demandant d'un air curieux :
« Pourquoi en parler maintenant ? »
C'est à mon tour de soupirer, avant de répondre. Je devine qu'à côté de moi, Ewald attend aussi ma réponse.
« J'essaye de… faire des efforts. D'être honnête. Et ta phrase m'a rappelé que je ne vous l'avais pas dit... »
Le sourire du Poufsouffle est rayonnant.
« Je préférerais apprendre d'autres choses, mais merci pour ton honnêteté, Vivian ! »
Je sens l'approbation d'Ewald lorsque son esprit effleure le mien, mais il ne dit rien. Après une brève hésitation, je serre à mon tour brièvement sa main, comme pour le rassurer. Ensuite, je me laisse entraîner plus ou moins de bon cœur dans une partie de Dominaris. Au moins, je commence enfin à être familière des règles…
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Je passe le reste de la journée toujours avec Ewald. Les autres vont et viennent, mais on ne se quitte pas, tous les deux. Ça me fait beaucoup de bien. Maintenant qu'on a crevé l'abcès, je me rends pleinement compte à quel point ça m'a manqué. Les vacances de Noël ont créé un besoin en moi, et j'ai été trop honnête la nuit dernière pour le renier. Alors, le soir, quand on se sépare pour qu'il retourne dans son dortoir, je lui transmets ce sentiment par voie télépathique, assorti d'une demande. Qu'on aie d'autres jours comme ça.
Ses émotions sont soigneusement gardées, mais il me laisse entrevoir, en sous teinte de sa réponse positive, qu'il partage mon ressenti.
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Une conséquence inattendue de mon petit épisode de beuverie dans les jours qui suivent est le regain de popularité de mon surnom, baby monster, et surtout un nouveau statu quo assez… Déroutant pour moi au sein de ma maison. Apparemment, se bourrer la gueule est cool, et ça fait donc de moi quelqu'un de stylé… Bon, en vrai l'avantage c'est que ça fait deux semaines que Faith et ses amies se sont faites plus discrètes. Mais franchement ? Se bourrer la gueule, c'est juste stupide. Oh, je le savais quand je l'ai fait, hein. Mais je ne résiste pas à l'appel de l'autodestruction.
En parlant de ça, une conséquence inattendue mais que j'aurais clairement dû voir venir de l'épisode de beuverie… A été une discussion avec Alphonse. Apparemment, même si lui même n'était pas entièrement lucide, le fait que j'aie laissé entendre que je pensais qu'il pourrait me tuer l'a marqué. Il m'a fallu lui expliquer que je ne pensais pas vraiment qu'il le ferait, que c'était juste la situation qui avait trigger cette envie. Même avec mes explications, je doute qu'il aie compris grand-chose. Mon cerveau fonctionne juste comme ça, il est cassé comme ça. Mais ça, je n'ai pas l'impression qu'il le voie réellement, c'est comme si au contraire il faisait tout pour ne pas le voir. Pour rationaliser la chose plutôt que de la reconnaître comme un éclat de folie. Comme si c'était plus rassurant de se dire que je pouvais penser qu'il serait capable de me tuer, que je manquerais de confiance en lui peut être au point de penser qu'il pourrait retourner sa baguette contre moi. Peut-être parce que ce sont des choses contre lesquelles il peut se mettre en colère, protester, rassurer. Alors que comment pourrait-il réagir à ça, si il s'agit juste d'un désir de mort de ma part, un délire momentané provoqué par un mouvement anodin ?
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Je respire profondément avant de frapper à la porte du bureau de mon directeur de maison. Je vérifie aussi une dernière fois la solidité de mes murs occlumentiques. Les dernières fois que j'ai eu affaire à Longdubat, ce n'était pas dans des circonstances plaisantes, et j'ai besoin de garder mon calme aujourd'hui. Après tout, je viens demander un service. C'est la deuxième fois que je viens ici cette semaine. Il n'était pas là hier. Cette fois-ci, je me suis assurée de venir une demi heure avant le repas du soir. J'espère qu'il sera là. J'ai besoin d'avancer.
J'ai de la chance. Il est là, et m'invite rapidement à entrer après que j'aie frappé. Il semble un peu surpris de me voir, mais pas lassé, j'imagine que c'est déjà ça.
«Bonjour, miss Mackson, qu'est-ce qui vous amène ici? De nouveaux problèmes avec vos camarades?»
L'expression vaguement surprise de Longdubat quand je réponds cordialement que c'est autre chose et que j'ai un service à lui demander est presque insultante. Il m'invite à m'asseoir, et me laisse prendre la parole sans me presser. Je respire un coup profondément avant de me lancer.
«J'aimerais sauter une classe.»
Longdubat a l'air surpris, et j'explicite, sentant le stress monter un peu en moi:
«J'ai entendu dire qu'on pouvait demander à passer les examens de l'année suivante en plus des siens, et… j'aimerais essayer Professeur.»
Mon directeur de maison se penche en avant, m'accordant son attention. Il croise ses mains sous son menton avant de demander:
«C'est effectivement quelque chose qui est envisageable, en de rares occasions. Puis-je savoir pourquoi vous faites cette demande, et ce qui vous fait penser que vous pourriez réussir ces examens?»
La formulation est à nouveau presque vexante mais je ne relève pas, me contentant de répondre avec les arguments auxquels j'ai pensé qui me semblent pertinents:
«Je comprends plus vite que mes camarades, professeur. Je m'ennuie un peu en classe à devoir attendre que tout le monde comprenne.» (ne surtout pas sous entendre que les profs eux mêmes sont ennuyeux) «J'ai déjà appris de mon côté plusieurs sorts de deuxième ou troisième année.»
Mon interlocuteur recule dans son siège, ne répondant pas immédiatement à ma demande, ce qui évidemment me rend un peu nerveuse. Il fouille dans son bureau à la recherche de quelque chose. Je ne peux pas voir ce qu'il fait, parce que le meuble me cache la vue. Ça lui prend quelques temps, et il reprend la parole tout en cherchant:
«Je ne suis pas sûr qu'une telle décision vous permettrait d'être plus populaire auprès de vos camarades, miss Mackson. Ça risquerait de renforcer les moqueries dont vous êtes victime.»
Je hausse les épaules involontairement.
«Mes camarades continueront à se moquer de moi de toute façon, professeur. On pourrait même dire que si je saute une classe ça durera moins longtemps.»
Longdubat se redresse, un dossier à la main, et le pose sur la table sans l'ouvrir pour me répondre:
«Pour autant, ce n'est pas une très bonne justification pour souhaiter écourter une scolarité. Il y a des raisons pour laquelle le cursus se fait normalement en sept ans.
-Ce n'est pas la raison pour laquelle je demande à sauter une classe. C'est juste un bonus.» je le coupe, piquée. «Professeur.» j'ajoute avec un micro délai avant de me maudire intérieurement. Je ne voulais pas perdre mon calme. Heureusement, mon directeur de maison ne semble pas prendre ombrage de mon impolitesse, se contentant de soupirer avant de poursuivre comme si je ne l'avais pas interrompu:
«Au delà de la maturité intellectuelle, les cours se calquent sur la croissance du noyau magique, ce qui est un facteur biologique auquel tout le monde est soumis. Même si comme pour le reste de la croissance, ça peut aller plus ou moins vite selon l'individu, il n'en reste pas moins que la plupart des sorts enseignés en sixième année ne sont pas accessible à un quatrième année, par exemple.
-Le noyau magique?
-Vous en entendrez vaguement parler en cinquième année, je crois, et plus en détail si vous étudiez la médicomagie ou la zoologicomagie par exemple. Mais pour faire simple, c'est ce noyau qui vous permet de capter la magie qui vous entoure et de produire la votre. Votre baguette entre en résonance avec lui pour guider vos sorts. Sa capacité augmente et il se développe tout au long de votre adolescence, pour se stabiliser entre quinze et dix sept ans. C'est pour ça que la majorité magique est fixée à cet âge là.»
Je hoche la tête. C'est logique. Soudain, je me rappelle que Longdubat est un bon professeur, et m'aperçois que son explication à fait fondre un peu de mon agacement.
«Quoi qu'il en soit, ça ne devrait pas pour autant être un frein au fait de sauter une classe, surtout si vous avez déjà été capable d'apprendre quelques sort plus avancés. Comme je le disais, le noyau magique de chacun se développe à un rythme différent. Dans l'éventualité où vous parviendriez à sauter une classe, vous pourriez vous retrouver dans la moyenne basse des élèves en termes de puissance magique jusqu'à votre septième année, mais ça n'entraverait pas votre cursus. Et il est bien sûr possible que la différence ne se remarque même pas, selon votre rythme de croissance. Néanmoins, laissez moi déjà consulter vos notes avant de réfléchir plus avant dans cette direction.»
Un peu nerveuse, je le regarde ouvrir le dossier qu'il a attrapé et de le parcourir rapidement avant de relever la tête vers moi.
«Je vois que vous avez effectivement de très bonnes évaluations dans toutes les matières.»
Je me retiens de sourire, à raison, quand je me rends compte qu'il n'a pas fini sa phrase.
«Par contre, je vois aussi que vos notes ont chuté depuis Janvier, même si elles restent dans la moyenne haute de la classe.»
Il me regarde, semblant me laisser le temps de réagir si je le souhaite.
«Je peux faire mieux, professeur. C'est juste que… Comme je vous le disais, je m'ennuie un peu, et c'est plutôt démotivant. Mais je vous assure que la possibilité de sauter une classe me remotiverait beaucoup!»
Un fin sourire étire les lèvres de mon directeur de maison, qui me répond simplement.
«Je l'espère, Miss Mackson.»
Il y a un léger moment de flottement avant qu'il ne poursuive:
«Je vous autoriserai à passer les examens de seconde année en plus de ceux de première année si, et seulement si, vous parvenez à remonter vos notes pour n'avoir que des O et des E dans toutes les matières à partir de maintenant. Si j'en crois vos relevés de notes, ça devrait être dans vos cordes. Il vous reste deux mois avant les examens. Bien sûr, il vous faudra aussi vous renseigner sur le cursus de seconde année si vous souhaitez passer cet examen.»
Il me laisse une chance. Bien sûr, ça fait une grosse charge de travail mais bon… Je sais que je peux y arriver. Je connais déjà tout le programme de première année, et j'ai déjà lu des livres de deuxième et troisième année. Je vais juste devoir sérieusement faire mes devoirs, mais pour le reste… Je sais que mes amis m'aideront, et Ewald est un excellent professeur.
Se méprenant sur la raison de mon silence, Longdubat me dit d'une voix rassurante:
«Je sais que ça fait beaucoup de travail. Ce n'est pas grave si vous n'y arrivez pas cette année, je suis prêt à vous faire la même offre l'année prochaine, vous aurez davantage de temps pour vous préparer. Vous êtes une bonne élève, Miss Mackson. Vous pouvez profiter du temps que vous laisse votre compréhension plus rapide pour approfondir les sujets qui vous intéressent, ou aider vos camarades à faire vos devoirs. Je suis certains que ça pourrait vous aider à tisser davantage de liens avec eux.» sourit-il
«Je vous remercie professeur, mais je pense que j'en suis capable. Je suis juste reconnaissante que vous soyez d'accord pour me laisser cette chance.»
L'air un peu surpris de mon directeur de maison laisse place à un sourire un peu amusé avant qu'il réponde sérieusement.
«Dans ce cas, je vous souhaite bonne chance, miss Mackson. Une dernière chose: si vous parvenez à réussir les examens de seconde année, il vous faudra bien entendu l'accord de vos parents pour vous permettre de passer dans la classe supérieure. Vous n'avez pas besoin de leur autorisation pour passer les examens, mais c'est eux qui auront le dernier mot sur le passage de classe.»
Et juste comme ça, il parvient à plomber mon enthousiasme. La conversation se termine rapidement ensuite, et je le remercie encore, même si je ne ressens plus la moindre joie. À quoi bon faire tous ces efforts, réussir l'examen, si au final mes parents peuvent juste me plomber à nouveau?
Dès que je sors du bureau de Longdubat je descends au banquet. Je n'ai pas vraiment envie de manger, j'ai le ventre un peu noué, mais j'ai besoin de parler à Ewald et aux autres. Alphonse mange avec l'équipe de Quidditch, mais je peux raconter aux septième année l'entrevue que je viens d'avoir. Parler me fait du bien. Sans que j'ai besoin de leur demander, mes deux amis me proposent leur aide pour le programme de seconde année, et le serpentard m'affirme avec un sourire que j'ai déjà le niveau pratique en Défense dans tous les cas, qu'il faudra surtout que je bosse la théorie. Il pense aussi que les Sortilèges ne devraient pas poser de problème, et nous fixons une date pour les travailler, ainsi que les Potions. Arthur, lui, se propose surtout pour la Botanique, vu que pour son parcours de Médicomagie il est obligé d'y être bon. Dans tous les cas, ils sont en septième année, et pourront m'aider dans les autres matières aussi si besoin.
Ils me proposent aussi leur aide pour parler à mes parents si besoin. Pour le coup, je ne sais pas si je l'accepterai, mais ça me fait chaud au cœur de savoir qu'il sont de mon côté. Après le repas, Ewald me raccompagne à ma tour et passe la soirée avec moi, comme si il savait que mon équilibre était vacillant. Sans sa présence, je me serais sans doute coupée. À la place, nous discutons paisiblement et il m'aide à préparer un programme d'études. J'ai jamais fait un truc comme ça, il me fallait bien Ewald pour m'organiser. Avec lui, j'envisage avec sérénité de donner mon maximum et d'aviser ensuite pour mes parents. Nous réfléchissons aussi à comment préparer le terrain, et son esprit de Serpentard est bien utile pour ça. Nous décidons que je devrais commencer à insister dans mes lettres sur mon ennui en classe et mon envie de me lancer un peu dans le programme de seconde année, «pour voir», histoire de tâter le terrain. J'imagine surtout qu'il va falloir que je recommence à leur écrire, du coup. Je ne leur ai pas parlé depuis la réunion avec Madame Pomfresh. Ça m'embête de lâcher du lest à ce sujet, mais peut-être aussi que ça peut jouer en ma faveur, relâcher la pression par rapport à ma poitrine (que je peux mettre de côté pour l'instant, l'échéance des quatre mois est bien après les examens) pour leur faire accepter plus facilement autre chose…
Je recherche pas mal le contact physique pendant notre mini conseil de guerre, mais ça ne semble pas déranger Ewald, et je tire beaucoup de réconfort de pouvoir appuyer ma tête contre son épaule pendant qu'il dessine mon plan d'études, par exemple. Avant de me quitter, il me serre dans ses bras, et je me sens apaisée, respirant à plein poumons. Pour cette poignée d'instants, je parviens à ne plus penser à mes angoisses.
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Suite à ma conversation avec Longdubat, je redouble d'efforts en classe pour la première fois depuis des mois. C'est ingrat, de faire tous ses devoirs, de passer autant de temps à m'assurer que mes copies seront parfaites pour m'assurer les notes dont j'ai besoin. Je recommence à passer davantage de temps avec Scorpius et ses amis, vu qu'on a toujours des projets de groupe, et je crois que le Poufsouffle, au moins, apprécie mon aide pour réviser. Avec les examens de fin d'année qui commencent à se profiler à l'horizon, même Eva semble moins hostile à ma présence. Après tout, tout le monde sait que je suis bonne élève.
De fait, peu à peu, je remarque que presque tout le monde est de plus en plus sur les nerfs dans le château à cause de l'imminence de la fin de l'année. Entre nos séances de soutien, Ewald et Arthur ne quittent presque plus la librairie, étudiant et révisant sans relâche. Ewald n'a sans doute besoin de tout ça qu'à cause de son perfectionnisme. Il veut briller. Je comprends aussi, maintenant que je le connais, qu'il s'est construit en pensant qu'il devait briller. Qu'il devait être parfait pour faire honneur à sa famille, mais aussi qu'on ne puisse rien reprocher à un fils de mangemort. Ces temps-ci, j'ai appris à lui proposer régulièrement des sessions de duels, auxquelles Alphonse se joint parfois, parce que je vois à quel point ça l'aide à relâcher la pression. Les quelques fois où il me rejoint dans ma tour, surtout les week-ends, sont les seuls moments où j'ai l'impression qu'il se détend vraiment.
De son côté, Arthur est angoissé par les examens, mais surtout est plongé dans des bouquins plus ou moins obscurs de médicomagie pour se préparer à l'été. Il a postulé à deux ou trois stages, et surtout il a essayé de contacter Kayns pour lui en demander un. Avant ça, il s'est assuré de potasser quelques livres un peu avancés dans l'espoir d'attirer son attention avec des connaissances très rares chez un élève de septième année. J'ai glissé un œil dans l'un de ces livres, à l'occasion, et une seule phrase a presque provoqué une migraine chez moi, et augmenté d'un cran mon respect pour le Poufsouffle. C'est assez marrant de le voir tout paniqué en permanence, même si ça frôle le point où j'éprouverais presque de la compassion pour lui. Souvent, on peut voir Cian le traîner aux repas, lorsque ce n'est pas Ewald ou moi qui nous en chargeons.
Alphonse, lui, fait partie de ces gens qui y vont «au talent». On peut donc le voir surtout à l'extérieur, à s'entraîner au Quidditch ou à chamailler avec d'autres joueurs de l'équipe sur les rives du lac noir. Si seulement je n'avais pas ce deal avec Longdubat, je serais avec lui. J'appartiens à l'espèce de gens que les autres trouvent insupportablement frustrants qui n'ont pas besoin de réviser avant les examens. Si j'ai écouté en cours, j'ai une bonne note, c'est aussi simple que ça. Dans mon autre vie, il y avait quelques matières qui me posaient problème, comme les mathématiques, mais ici mis à part l'histoire de la magie et ses dates à apprendre par cœur, le reste est facile. Et puis, vu le programme de cette année, je connais déjà beaucoup de dates juste à cause de ma scolarité moldue dans une autre vie.
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Un vendredi matin, à la mi-mai, j'entre dans la bibliothèque de bonne heure pour trouver Scorpius assis seul à une table. Comme Ewald et Arthur sont en cours de toute façon, je vais le rejoindre. C'est rare de le voir sans son groupe habituel. Il se tend un peu lorsque je tire la chaise à côté de lui, avant de lever les yeux vers moi et qu'un sourire sincère éclaire son visage.
«Salut, Scorpius. Tout va bien?
-Ça va. Tu viens réviser?»
Sa réponse me semble un peu forcée, et je me concentre sur mon interlocuteur, vaguement soucieuse. Je n'insiste pas néanmoins, me contentant de répondre à sa question:
«Non, je suis à peu près au point pour la première année… Il faut que je bosse sur les dates importantes en Histoire pour la seconde année.»
Il secoue la tête avec un soupir ironique, et je suis un peu rassurée de le voir avec une expression plus sincère.
«Je me demande de plus en plus comment tu n'as pas fini à Serdaigle, tu le sais ça?
-Tu trouves que je n'ai pas ma place à Gryffondor?
-Touché.» répond Scorpius avec un petit ricanement.
Après m'avoir vu organiser la course d'obstacles et la chasse aux lucioles, et joué avec moi dans les couloirs avec le sortilège de patinage, j'imagine qu'effectivement il lui serait difficile de dire que je n'ai pas ma place chez les rouge et or.
«Comment ça se fait que tu ne sois pas avec les autres, au fait?»
De façon intéressante, ma question ramène la tension dans les épaules de Scorpius, qui me répond d'un ton qu'il tente de garder dégagé:
«Albus et Severus sont à l'infirmerie, Severus s'est cassé le poignet en glissant dans un escalier ce matin… Il avait pris trop d'élan avec un sortilège de patinage. Et Eva devait passer un moment avec des copines à elle.
-Et donc ton premier réflexe est de te rendre à la bibliothèque? Et c'est moi la Serdaigle?»
Le sourire amusé de Scorpius n'est pas totalement sincère, et il détourne un peu les yeux en répondant:
«Il y a toujours du monde ici, c'est plus sûr.»
Je fronce les sourcils.
«Comment ça, c'est plus sûr?»
Le Poufsouffle se tortille nerveusement sur sa chaise. Je pose ma main sur son bras, légèrement, par réflexe. Je la retire presque immédiatement. Je n'ai pas l'habitude d'initier ce genre de contact avec quelqu'un d'autre qu'Ewald, Arthur ou Alphonse. Néanmoins, ça a l'effet escompté car Scorpius me répond, du bout des lèvres:
«Avec le nom de famille que je porte, c'est plus sûr pour moi de rester entouré.
-Est-ce que tu te fais harceler?»
Je continue à parler à voix très basse, mais la colère enfle doucement en moi. À ma question franche, mon ami tressaille légèrement avant de démentir:
«N-Non, je ne me fais pas harceler! C'est juste… C'est stupide, mais il y a certains regards, des fois… Et je n'ai pas envie qu'on m'enferme à nouveau dans un placard. C'est juste… C'est juste plus sûr.
-On t'a enfermé dans un placard?»
Ma colère perce dans ma voix, cette fois, et Scorpius a l'air un peu paniqué.
«Juste une fois, c'était une mauvaise plaisanterie, c'était rien de grave, okay?
-Oui bah la prochaine fois que quelqu'un décide de te faire une mauvaise plaisanterie il comprendra pourquoi on me surnomme Baby Monster, okay?»
Les yeux ronds du jaune et noir sont un peu amusants, mais je n'ai pas envie de rire. J'aurais dû m'apercevoir plutôt qu'il y avait quelque chose. Je n'ai pas été assez attentive à Scorpius. Il a un petit rire soulagé, et je me reconcentre sur lui alors qu'il me répond.
«Merci, Vivian. Mais ça va aller, t'inquiète pas. Il faut juste que je sois prudent.»
Je fronce à nouveau les sourcils.
«Il y autre chose, n'est-ce pas?
-Qu'est-ce que tu veux dire?
-J'ai l'impression que c'est pas à cause de cette blague, comme tu dis, que tu es autant sur tes gardes.»
Scorpius détourne le regard, et c'est une réponse suffisante.
«Tu veux bien m'en parler?»
Il soupire, avant de regarder autour de nous.
«Est-ce qu'on peut aller… Ailleurs?»
Je lui souris avant d'approuver, et nous rangeons nos affaires avant de quitter la bibliothèque.
Nos pas nous conduisent dans le parc, relativement désert à cette heure, et il me raconte. Avec ses mots parfois un peu simples d'enfant, malgré sa maturité, il évoque une enfance à porter le nom de Malfoy dans ce monde où Voldemort a disparu, où on essaye de gommer les anciennes traditions. Il me raconte les murmures dans son dos sur le chemin de traverse, les regards méprisants et les surnoms injurieux adressés à son père. Lui gardait toujours la tête haute, ne répondait jamais à la provocation, sauf pour protéger son fils. Il me raconte aussi le jour où un homme lui a jeté une potion acide au visage.
«Il… Il m'aurait tué, si un auror n'avait pas réagi assez vite. C'était quelqu'un qui avait souffert pendant la guerre à cause de mes grands parents. Je ne sais pas ce qui lui était arrivé exactement, Père n'a pas voulu me dire. Et je ne sais pas ce qu'il est devenu.»
Figée, je l'écoute aussi parler des recommandations de ses parents à son entrée à Poudlard, de la difficulté d'être enfant de professeur, du choix de sa mère de ne pas porter le nom de son père, de sa joie d'avoir pu se faire des amis avant, déjà, qui ne se souciaient pas de son nom de famille. De son malaise aussi de, même si il apprécie sincèrement les jumeaux Potter, se réjouir aussi d'être ami avec eux pour la protection que leur nom lui octroie. Il me raconte son soulagement d'avoir été bien accueilli à Poufsouffle, au sein de sa maison. Il finit par raconter, à demi-mots, l'accueil que certains lui ont réservé à Poudlard. Quelques insultes, une fois ou deux des sortilèges dans des couloirs mal éclairés si il avait commis l'erreur de se promener seul… Des images violentes emplissent mon cerveau quand je pense à ce que je pourrais faire pour le venger. Et une gratitude inattendue m'étreint lorsque je réalise que malgré sa situation il a cherché à me défendre lorsque je me suis fait harceler par les gens que «chut ça pousse» amusait.
Il parle longtemps, et j'ai l'impression que ça lui fait du bien. Il parle longtemps, et je l'écoute sans l'interrompre, à la fois émue et scandalisée par ses confidences. Il parle longtemps, et lorsqu'il a fini de parler je refuse de le laisser regretter de m'avoir dit tout ça. Je le remercie, et je lui serre l'épaule pour le réconforter. Le geste est insignifiant, anodin d'un point de vue extérieur mais il me demande un effort. Néanmoins, je ne regrette pas de l'avoir fait lorsque je vois visiblement les épaules du Poufsouffle se relâcher.
«Si tu as besoin de moi, n'hésite pas, d'accord? Que ça soit pour te tenir compagnie ou si il faut péter les jambes de quelqu'un.» j'ajoute, avec un sourire carnassier.
«Merci, Vivian.»
Lorsque nous nous séparons, j'admets à contre cœur à moi même que Scorpius vient de gagner une place définitive dans ma vie.
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De par mon implication nouvelle dans mon travail scolaire, je commence à m'apercevoir que j'aime vraiment les Sortilèges. J'aime l'aspect spontané de cette matière, la liberté qu'elle offre, et la sensation de ma magie qui parcourt mes veines et ma baguette. Ça me semble si naturel, et presque poétique dans l'expression de la magie qu'elle offre… De fait, faire mes devoirs de Sortilèges, et surtout pratiquer ce que j'apprends, devient presque une récompense pour les moments où je travaille sur des matières pour lesquelles j'ai moins d'affinité, comme l'Histoire de la Magie ou la Botanique. Ce n'est pas que je n'aime pas les plantes, au contraire. Mais elles ne m'aiment pas spécialement, et surtout je ne ressens pas le besoin de tout apprendre sur elles.
J'ai peu de temps pour moi, et ça pèse sur mon humeur. Néanmoins, je tiens le coup, parce que je sais précisément pourquoi je fais ça. Les moments que je partage avec Ewald, certains soirs, m'aident beaucoup à relâcher la pression. Le Serpentard semble très préoccupé ces temps-ci, sans doute par les examens. Je me demande, parfois, si c'est davantage que ça, mais il est en dernière année, après tout. Il espère entrer en apprentissage auprès d'un potioniste compétent après ses ASPICS. Il envisage aussi un cursus de briseurs de sort, mais c'est un second choix, car maître des potions est plus prestigieux, et lui permettrait de se lancer dans une ligue de duel compétitive en parallèle.
Je prends le temps d'écrire à Quentin, lui racontant enfin plus honnêtement ce qu'il s'est passé les derniers mois. Si il n'est pas ravi d'apprendre ma tentative de suicide, il est heureux de voir que je vais mieux. Fidèle à lui même, il me dit avec optimisme qu'il est sûr que mes parents finiront par entendre raison pour ma poitrine, et que je réussirai les examens haut la main. Il me parle un peu de ses projets, de sa vie en Bretagne, et c'est apaisant de renouer ainsi. Passer du temps avec mes autres amis m'aide aussi. Arthur, Scorpius, et Alphonse. Avec ce dernier, surtout, c'est simple de ne pas penser aux examens, et de s'amuser comme des gosses avec nos balais au-dessus du lac noir en essayant d'esquiver le concierge.
C'est après l'une de nos excursions à raz de l'eau, alors qu'on profite de l'ombre d'un arbre près du lac, que nous nous retrouvons à discuter. Je le trouve un peu nerveux ces temps-ci, comme si quelque chose le travaillait. Alors, naturellement, je lui demande ce qui lui arrive une fois que je suis sûre que nous sommes tranquilles. Avec un reniflement résigné, il me répond:
«Je suis toujours aussi transparent, c'est ça?»
Sans attendre de réponse, il enchaîne:
«Je pense de plus en plus à dire la vérité à Azmi.
-Que tu l'aimes, que tu es un sorcier, ou les deux?»
Le sourire d'Alphonse est timide, mais enthousiaste.
«Les deux.»
Je sens bien qu'il doute encore, mais que l'idée de lui dire la vérité le réjouit. Et je peux comprendre, ironiquement. Être enfin sincère, pouvoir s'ouvrir mais sur quelque chose de positif.
«Je ne lui dirai pas que je suis un sorcier si elle ne m'aime pas, bien sûr. Mais si elle m'aime… Si elle veut essayer de construire quelque chose avec moi… Je ne sais toujours pas dans quel monde je veux vivre, mais je sais que j'aimerais qu'elle en fasse partie. Et si je ne lui parle pas, elle ne pourra jamais en être.»
Il s'agite en parlant, il sourit, d'une joie empreinte de retenue et d'attentes.
«C'est sûr.» je réponds, calmement. «Qu'est-ce qui fait que tu y penses maintenant?»
Il s'assoit à côté de moi, alors qu'il était resté debout jusque là, son langage et son ton plus posés soudain.
«J'ai déjà révélé le Secret à un moldu, je ne risque pas beaucoup plus à le révéler à un second.»
Une pointe de culpabilité me traverse en repensant aux risques qu'il a pris pour moi.
«Et aussi, la fin de ma scolarité approche, et je suis obligé de penser à mon avenir.» Ajoute le Gryffondor avec une grimace, passant la main dans ses cheveux d'un air embarrassé «Si elle n'est pas intéressée, je pense que je ressentirai moins le besoin de continuer à exister dans le monde moldu, et je pencherai plutôt pour tenter le Quidditch pro...»
Je hoche la tête avec gravité pour montrer que je l'écoute toujours.
«Tu en penses quoi, Viv'?»
Je me sens honorée de la confiance que sa question trahit, et j'ai la peur sous-jacente de lui conseiller n'importe quoi, mais ça ne m'arrête pas.
«Je pense que tu devrais lui dire. Tu ne pourras pas vraiment avancer tant que tu auras cette question en suspens, non? Et je ne crois pas que tu peux juste l'oublier et passer à autre chose, en tout cas ce n'est pas l'impression que tu donnes… Juste, sois prudent si tu lui parles de la magie, d'accord? J'ai un peu la flemme de combattre le ministère pour te protéger, et ça m'emmerderait d'y être obligée.»
Al' laisse échapper un ricanement avant de secouer la tête avec affection.
«T'inquiète, j'ai pas non plus envie de devoir expliquer à Ewald pourquoi j'ai besoin d'un bon avocat tout d'un coup.»
On échange un sourire complice, puis Alphonse se lève, s'étirant énergiquement avant de proposer de reprendre nos jeux au-dessus du lac. Je le suis sans hésiter, et nous terminons l'après-midi en retenue. Le concierge est terrifiant.
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Comme prévu avec Ewald, j'ai recommencé à communiquer avec mes parents, et je me vois contrainte de réaliser que je vais devoir les revoir cet été. Rien que de penser à passer deux mois chez eux me rebute. Pour être honnête, ça me donne même une pointe d'angoisse. Au moins, j'ai le réconfort de savoir qu'Arthur et Alphonse n'habitent pas très loin, mais selon les stages que va décrocher le Poufsouffle, il y a des chances qu'on ne se voie pas beaucoup. Al', de son côté, m'a dit que je pouvais venir quand je voulais lorsque je me suis plainte de mes perspectives à table, tout en me prenant à part un peu plus tard avec une petite grimace en admettant que l'offre était un peu soumise à la réaction d'Azmi. Il a l'intention de lui parler rapidement, mais il préfère attendre de lui avoir dit pour me voir. J'imagine que si elle dit oui, il aura peut-être d'autres priorités que de me recevoir. Et si elle devait le rejeter… Je ne sais pas si il aura envie de me voir, et quand bien même je ne peux pas lui souhaiter cette issue.
Pour ce qui est d'Ewald, il compte passer au moins deux semaines à se reposer au manoir Émeraude avant de faire quoi que ce soit, mais ensuite il devra rencontrer différents maîtres des potions, assister à des événements mondains, et probablement commencer son apprentissage si un maître le prend comme apprenti. Le temps a filé trop vite, et à nouveau la pression de savoir que dans quelques mois ni lui, ni Arthur ne seront à Poudlard est dure à supporter. J'ai envie de pleurer de plus en plus souvent, et je recommence à me couper un peu plus fréquemment, alors que j'avais bien ralenti.
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Deux semaines avant les examens, Scorpius me transmet une invitation pour passer quelques jours en août dans la propriété de ses parents, à l'occasion de son anniversaire. J'accepte sur le champ, ce qui semble réjouir grandement le Poufsouffle. À part moi, je passe les jours suivant à regretter un peu, tout en restant persuadée que c'est toujours mieux que d'être chez moi. Dans une lettre de mes parents, ils m'annoncent qu'ils ont réservé une semaine de vacances en Croatie à la mi-août et que je peux inviter un ou une ami(e) si je le souhaite. Dès que je lis cette proposition, je pense à Ewald. Il ne pourra pas, sans doute. Pourtant, lorsque je lui propose timidement, il me promet d'essayer de venir. Nous sommes tous les deux dans la grande salle, en tête à tête à la table des Serpentard. Il plonge son regard dans le mien avant d'ajouter doucement:
«Je ne voulais pas t'en parler avant d'avoir l'accord de grand-mère, mais si tu veux tu es la bienvenue au manoir Émeraude cet été, Vivian.»
Je le regarde, prise de court.
«Cet été?
-Je sais que c'est pas toujours agréable avec tes parents. Je ne peux pas te promettre d'être toujours disponible, mais tu as bien vu, c'est plutôt grand et pas très peuplé chez moi.»
Parce que je n'ai pas vraiment les mots, j'utilise notre lien pour lui transmettre mes émotions. Reconnaissance, bien sûr, mais aussi ce sentiment que je n'arrive pas à nommer qui rayonne d'affection et de surprise tout en étant un poil douloureux, parce qu'il en fait trop pour moi. Comme toujours ces derniers temps, je sens qu'il tient soigneusement en bride ses pensées, mais il me transmet simplement une vague d'affection, comme une étreinte mentale, et un sentiment:
«Nous sommes liés.»
Comme une explication, et de fait, je comprends ce qu'il veut dire.
Je m'empresse d'écrire à mes parents pour les informer que je suis invitée chez un ami pour l'été, mais ils insistent pour que je vienne passer au moins une semaine chez eux, arguant que ce n'est pas correct de m'imposer chez les gens, et qu'ils ont envie de me voir. Même si je préférerais passer tout mon temps au manoir Émeraude, je cède sans vraiment protester. Ils n'ont pas vraiment tort, et je comprends leur point de vue, à défaut de particulièrement souhaiter passer du temps avec eux. Ils sont infiniment plus attachés à moi que moi à eux.
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C'est une semaine avant les examens qu'Arthur reçoit une réponse d'Alfred Kayns. Il refuse de lui offrir un stage, mais se dit impressionné par sa détermination et ses hypothèses sur la régénération des tissus cicatriciels. En conséquence de quoi il se dit prêt à lui accorder un entretien autour de la médicomagie le douze juillet. Arthur ressemble à une pile électrique en nous annonçant ça, incrédule et plus stressé que jamais. Dans nôtre groupe, la tension monte en flèche. Comme d'habitude, Ewald prend les choses en main. Il enjoint évidemment Arthur à donner une réponse positive, et l'encourage à tenter de maintenir un contact épistolaire avec l'homme. Il nous promet ensuite une réunion stratégique après les examens, juste avant de quitter Poudlard.
J'ai la curiosité de poser la question au Poufsouffle sur les hypothèses évoquées par Kayns dans sa lettre. À ma grande surprise, il rougit légèrement avant d'admettre que ce grand malade a écrit une thèse entière à forces de recherches spécifiques sur les soins magiques aux cicatrices et les façon de les effacer, de régénérer la peau.
«J'ai été inspiré par… Tu sais, tes coupures et… Je me suis dit que vu ce qu'il t'avait fait, ce serait un sujet qui pourrait l'intéresser.»
J'ai du mal à réaliser le travail de titan qu'Arthur a réalisé, tout en bossant à ses examens. Et dire que j'ai osé me moquer de lui et de son stress! Ne jamais sous-estimer un Poufsouffle. Je le serre dans mes bras, fort et longtemps, et si il est surpris par mon étreinte il me la rend sans hésiter. Je ne mérite pas mes amis. Mais devant le cadeau qu'Arthur vient de me faire, je ne ressens rien d'autre qu'une gratitude immense. Même Alphonse a l'air impressionné. Ewald, lui, se contente d'un regard mi ironique mi empreint de respect en commentant:
«À Poufsouffle déterminé, rien d'impossible.»
Et jamais phrase n'a sonné plus vrai.
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«Parfois j'ai l'impression que je dois m'en aller
Quand y a trop de pression ou que je suis blessée
Ce serait tellement simple de tout recommencer
M'isoler loin de tout où tout est étranger
Parfois j'ai l'impression que je pourrais rester
Les jours peuvent être doux, mes pensées s'apaiser
Je peux me reposer sur des amitiés vraies
Et être moi, heureuse, avec mon cœur entier»
-Poème écrit par Vivian dans son carnet étoilé-
Un chapitre sans drama! Vous y croyez vous?
Qu'est-ce que vous avez pensé de ce timelapse? On approche de la fin... Hésitez pas à balancer des théories sur la suite, sur les persos...
Et on se dit à dans un mois, hopefully!
